Reseña du samedi 4 août 2001

retour galerie

BAYONNE : UNE NOUVELLE HISTOIRE D’AMOUR....

      5 Août : Il ne faut jurer de rien, mais on peut penser que Bayonne a vécu, hier, un de ces moments privilégiés où la connexion entre le torero et le public est telle, l’émotion si profonde, que tout à coup, on dépasse le toreo, et l’on rentre dans cette espèce de béatitude où tout n’est que réussite et sourire.

     Bayonne  a jadis connu ces moments avec Carlos Arruza,  Conchita Cintron, et, plus près de nous, avec Cesar Rincon. Elle en a fait ses « chouchous  »
    
Hier, c’est un jeune rejoneador de Jaen qui est entré dans son coeur. Il se nomme Alvaro Montes. Il a dix neuf ans. Au delà des quatre oreilles et du rabo qu’il a coupés, c’est la manière qui a séduit : superbe cavalier, doué d’un grand sens du spectacle, évoluant « con arte », avec la grâce et l’inspiration esthétique des danseurs flamencos, Montes a conquis le public, séduit son coeur, apportant une grande émotion de bonheur à ceux qui, quelques instants auparavant, avaient hurlé de peine et de rage, lorsque sur un moment d’inattention, Leonardo Hernandez avait laissé son cheval « Nilo », sous la corne du terrible quatrième toro.
    
Alvaro Montes avait déjà bien accroché les Bayonnais, l’an passé, au cours du spectacle de Tavora. Cette fois, en corrida formelle, entouré d’un grand professionnel comme Leonardo Hernandez, et de ce génie qu’est Pablo Hermoso de Mendoza, le jeune reoneador a mis « le plus » qui fait battre les coeurs, à l’unisson.
    
Grandeur du toreo à cheval, hier, en plaza de Bayonne. Magnifiques montures que le public applaudit, presque autant que leurs cavaliers. Présidence « un peu embrumée » dans la distribution des trophées, et l’accord d’une vuelta au troisième toro, qui ne s’imposait nullement. 
    
Bayonne a connu une grande tarde « en blanc et rouge », avec des moments d’intense silence, tout à fait surprenants lorsqu’on se souvient des outrances de certaines « corridas des fêtes » passées. « Superbe, Bayonne ! Seguir asi ! ».
    
Côté « négatif »... l’espèce « d’hystérie » du cavalier Leonardo Hernandez, d’une part, et surtout de son mozo et ayuda, dans le callejon, qui ont transformé la rage de vaincre, « l’envie de triompher », en une espèce de duel à mort, dont les victimes furent... les chevaux. Le public n’a pas apprécié et il a eu raison...
    
Pablo Hermoso de Mendoza n’a pas eu beaucoup de chance au sorteo, touchant le cinquième, qui vira au « bloc de marbre ». Mais son impact, son génie sont tels qu’il coupa trois oreilles, sans avoir pu montrer le quart de ce qu’il peut faire devant un toro. « Otra vez sera, Torero ! ». Otra vez...peut-être  en mano a mano avec le jeune Alvaro Montes, qui, espérons le, deviendra la nouvelle « coqueluche » de la plaza bayonnaise. Il le mérite... et elle aussi !

     4 Août : Bayonne – Corrida de Rejoneo – Grande entrée – Grande ambiance – Beau temps : Corrida très bien présentée de Benitez Cubero, renforcée d’un quatrième d’Aldeanueva. Toros d’imposant trapio (plusieurs dépassant les 600 kilos) sortant fort, pour s’éteindre un peu, par la suite, le cinquième terminant totalement arrêté. La présidence accorda la vuelta au troisième, qui certes, montra grande collaboration, mais ne fut en rien exceptionnel .
    
Le quatrième, un castaño très violent, surprit Leonardo Hernandez  dans la préparation de son deuxième rejon de castigo. Le hurlement d’effroi du public, l’impuissance du cavalier à dégager sa monture, le cri d’horreur en voyant ce pauvre cheval, le ventre ouvert par la corne, perdant ses tripes, les toreros sautant dans le ruedo pour sauver le cheval, alors que son cavalier, tout à sa rage de vaincre, ne semblait pas s’être aperçu de la blessure... tout cela fut un bien  mauvais moment... qui fait partie, aussi, de la corrida.
    
C’est ce qui « coince un peu » dans le rejoneo. « A pied », quand un torero est pris, voir blessé, c’est lui qui, neuf fois sur dix, a fait une faute. Dans le rejoneo, c’est l’homme qui se trompe, et c’est le cheval qui prend.... Bayonne a vécu ce terrible moment, hier. Le cheval « Nilo » a été opéré sur place, par Jean Michel Gouffrant, chirurgien taurin, et ses magnifiques adjoints... Professionalisme et « cariño », pour un cheval torero, comme pour un homme vêtu de lumières. « Enhorabuena, medico ! Suerte « Nilo », caballo bravo ! ».

     Quant au cavalier, dont on aura apprécié le classicisme sans génie, on lui demandera un peu plus de sagesse, moins de rage frôlant l’hystérie, qui met ses montures en danger. On demandera aussi à son ayuda d’aller faire un tour chez un psy, ou de moins « fumer la moquette »... Ce sera mieux pour tout le monde ! Leonardo Hernandez fut ovationné au premier, et coupa une oreille du quatrième, après avoir divisé les opinions.
    
Pablo Hermoso de Mendoza a coupé une oreille au premier, transportant le public par ses coups de génie, formidablement secondé par ses chevaux vedettes : « Cagancho », bien sûr, mais aussi le blanc « Danubio » et le doré « Mariachi ». Triomphe « en blanc et or » du cavalier Navarrais. On sera beaucoup plus dubitatif devant les deux oreilles accordées au cinquième. Le toro tourna vite au marmolillo, et Pablo ne put le convaincre de participer à ses pirouettes. Final en posant trois roses « a toro totalement arrêté », suivi du desplante du téléphone, dans les mêmes conditions. La mort fut rapide certes, mais le rejon, « tombé ». La duexième oreille ne s’imposait nullement.. On ne cloue pas « a toro parado ! ».
   Gros impact causé par Alvaro Montes. Surprise du public en le voyant accueillir son premier, avec la garrocha. Comme Moreno Pidal, jadis, ou, plus près de nous, Javier Buendia, Montes ajoute une magnifique touche de toreo campero, recevant le toro avec « la lance », lui faisant suivre le sillon qu’elle dessine en crissant dans le sable, réduisant peu à peu ses cercles et sortant de la suerte, très torero. Superbe ! 
  Toute l’actuacion sera « de surprise », mêlant l’esthétique, les trouvailles, les virevoltes et superbes « caracolades » de son cheval « Alzareño », jaillissant vers le ciel, à l’efficacité torera, préparant, clouant et sortant de la suerte avec précision et toreria. Que bonito ! La jeunesse et « el Arte ! ». Deux oreilles que certains protestèrent  et vuelta au toro. Cependant, le jeune cavalier allait totalement « se lâcher » devant le sixième. 

  A l’unisson du toro, le public totalement conquis, le cavalier joua des virevoltes, préparant ses poses avec le duende d’un danseur flamenco, et  sortant des suertes comme un matador dans un desplante glorieux, après huit naturelles de rêve. Muy torero ! Points culminants, une banderille « al violin », formidable, et quatre courtes, bien enchaînées. Un pinchazo et un rejonazo... Deux oreilles et le public qui « appuie encore », pour le rabo. Ultime concession et vuelta de totale communion, avant la sortie a hombros, en compagnie de Mendoza, « parrain » de son triomphe.
    
Ce 4 Août 2001, un torero est entré dans le coeur de Bayonne ! Il a dix neuf ans, il s’appelle Alvaro Montes. Bienvenu !