Reseña du dimanche 2 septembre 2001

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BAYONNE : LE GRAND QUITE DE « JAQUETONCILLO »...

     3 septembre : La « Victorino Martin family » pouvait presque sourire, hier soir, après à la fin d’une corrida « de haute tension », dont les aficionados et ceux qui l’étaient moins, sortirent bien fatigués, et les toreros, encore plus.  Victorino pouvait  sourire et bénir le ciel, car un toro, un seul, venait de lui faire « un quite » magistral, sauvant une après midi détestable pour le ganadero, l’aficionado de verdad... et ne parlons pas des toreros.

     La corrida est sortie grande, agressive, mais de même, violente et dangereuse pour certains exemplaires, comme le lot de Meca, de mala casta, ou faible, sosa, sans se définir, comme le lot de Ponce et le premier d’Abellan. Danger toujours, et nécessité absolue de « faire les choses bien ».. Sinon « te la pega »... Corrida qui, sous un autre fer, aurait mérité de nombreux sifflets... Corrida qui aurait pu se « mal terminer » si elle n’avait été sauvée par un magnifique sixième, brave « con mucha fijeza » à la pique du  frère Soro, et « noblisimo, de dulce » , à la muleta d’Abellan. Ce toro avait besoin d’un torero artiste. Abellan lui récita cinq séries de bons muletazos, puis se retourna vers le callejon comme demandant « Qu’est ce que je pourrais bien lui faire, maintenant ? », tandis qu’à cinq mètres, le toro l’attendait et le regardait, presque « con cariño », comme lui disant : « Relâche toi, laisse toi aller... tu peux y aller » Mais, sans imagination, sans « Angel », Abellan continuait... « buen muletazo va, buen muletazo viene ! » Dans le callejon, on était un certain nombre à se dire « Bon Dieu, si ce toro « tombe » sur Ponce ! »
    
Un grand toro a fait le quite à Victorino... Un toro « de vuelta al ruedo » qui n’aurait pas manqué de se donner, s’il y avait eu « un autre final ». Au lieu de cela... Abellan entra fort avec  l’épée, laissant une grosse entière trasera et tendida qu’il crut définitive. On le comprend : La faena avait été longue, et le torero était sûr d’obtenir « au moins une ! ». Cependant, le toro ne tomba pas, et « se amorcillo », se ramassa sur lui même, au point de ne plus pouvoir se descabeller... Cela dura un long moment, que le public n’accepta pas, comme culpabilisant d’assister au spectacle du toro qui tremble sur ses pattes, lutte pour le dernier souffle de vie, de force, de race... Le public  qui va à la corrida, mais « veut que le toro tombe vite.. » commença à siffler le torero, et ce qui aurait pu être succès d’une logique oreille, se termina en deux avis et bronca, tandis qu’enfin, dans un ultime tremblement, le brave toro se couchait à jamais. Attitude détestable d’un public qui, en d’autres occasions, aurait salué « la lutte finale » d’un grand toro... Ce qui confirme qu’il y a « grand toro, que quand il y a grande faena... » et cela n’est pas juste.
    
Ce n’est pas le tout de faire grande ovation à Ponce, au point de le faire saluer avant que ne sorte son premier Victorino... il aurait fallu de même apprécier au plus haut, son final de faena au triste cinquième, le torero le règlant par un macheteo par le bas, de piton a piton, un genoux à terre, très technique et très élégant, en un mot très torero, terminant par un desplante « tocandole el piton », comme pour dire « J’ai pu, avec cette carne. Je n’ai pu le toréer comme on le fait aujourd’hui, mais je l’ai dominé. Et maintenant, je vais le tuer... » Bon, il pincha, mais pincha bien ! L’estocade qui suivit lui mouilla les doigts, et fut contraire, pour « atracarse de toro ! ». Pas d’oreille, bien sûr, mais plus qu’une ovation. Le toreo n’est pas que « derechazos y naturales... » Grand moment de toreo que dut apprécier, dans le callejon, Manolo Vazquez, qui savait plier un toro impossible en restant esthétique et artiste. Enrique Ponce n’a coupé qu’une oreille, hier, mais il a été « cumbre » !
    
Stéphane Fernandez Meca a été « en Stéphane ». Batailleur, rageur, puissant, il s’est battu en gladiateur avec le terrible premier, et dut rendre, dignement les armes, devant l’impossible quatrième... C’est la première fois que l’on voit Meca jeter vers le callejon des regards de peur et d’impuissance. On le comprend, on le salue avec le plus grand respect. Ce toro était une saleté, « una caja de misiles », partant dans le bonhomme à peine ébauché  le muletazo, comme s’il avait déjà été toréé. Malo de verdad.

     Corrida de tension, corrida « muy mala » de Victorino, sauvée par un grand toro. « Corrida mala », mais de grand intérêt, que l’on préfère, bien sûr, à certaines « corridetes », où l’on coupe huit oreilles à des sardines qui ne tiennent pas sur leurs piquets... Hier, les toreros ont été « en toreros »... et non « en infirmiers »... Ce qui n’empêche, que la corrida de Victorino est sortie « mauvaise », confirmant ainsi la temporada très moyenne du paleto de Galapagar .

     2 Septembre – Bayonne – No hay billetes – Grand beau temps – Plaza preciosa :  Corrida de Victorino Martin, impeccablement présentée, le premier plus léger, plus bas ; le quatrième, haut comme un immeuble. Corrida qui sort agressive, avec une grosse caste, pas toujours de la meilleure. Violent et court, le premier que le matador laissa « cru », après trois piques chargées de loin, mais peu de châtiment. Faible et retenu, le deuxième, qu’il fallut pousser, tirer. Sans se définir, le troisième, qui s’engouffrait dans le premier muletazo, pour freiner et coincer, dans le suivant. Impossible le quatrième. Malo et faible, avec sourd danger le cinquième... et, extraordinaire le sixième, noble avec une larme de soseria, accentuée par un torero lui-même un peu fade.
    
Stéphane Fernandez Meca, a qui avait été remis le Prix Claude Popelin de la Saison 2000, attaqua fort, d’entrée : Capotazos puissants, rageurs, au nerveux premier. Mise en suerte vibrante, voulant, par trois fois « lucir al toro ». Trois piques de loin, mais de fait, peu de châtiment, Stéphane retrouvant un animal brusque, violent, court dans sa muleta. Sacrée empoignade, le torero se lançant à fond, avec courage et savoir faire. On ne parle, ici, d’esthétique, mais de vrai combat, dont certains « flashs » furent d’une grande beauté  esthétique. Un vrai combat et une grande oreille, dignement coupée, après une entière un poil tombée. Fernandez Meca avait ici fait honneur à son brindis « aux compagnons d’un jour », et on l’espère, d’autres encore... Le quatrième fut un « super dangereux », dès les premiers muletazos, après que le Chano se fut encore illustré en deux paires de banderilles de grosse émotion. Meca essaya de faire face, tandis que le public murmurait sa crainte. A mi trasteo...impossible! « Que  hago yo ? » semblait demander Meca au burladero ? L’estoquer ! Ce fut fait, avec une sale poursuite et quelque regard éperdu. On le comprend, o combien ! Vuelta pour le français... Vuelta de salut au courage et à la dignité, même si « no pudo con el toro ! »
    
Enrique Ponce dut avoir la chair de poule quand, avant que ne sorte son premier, une ovation monta doucement des gradins, tournant à l’unanimité, au point qu’il dut aller saluer l’ovation, avant le premier capotazo. Superbe moment de coeur et d’aficion. L’actuacion du Valenciano fut « cumbre », tant au capote, manié avec douceur, précision, plastique indéniable, qu’avec une muleta, engagée et très technique. De plus, l’épée fut à la hauteur, et l’on ne fera pas reproche des deux pinchazos portés haut, lors du deuxième combat. Ponce a été « en Enrique Ponce 2001 », c’est à dire : « Je ne lâche pas, tant que je n’ai pas réussi « la série », « le moment » qui me satisfont « à moi ».. et, de ce fait, devraient satisfaire les aficionados buenos . Magnifique capeo au deuxième qu’il devina un peu faible. Lançant le capote « loin devant », Ponce dessina trois véroniques suaves, en mettant les reins, terminant en une grande demie. « Ya esta ! » Faena technique, à un toro qui ne se livre jamais, qu’il faut aller chercher, de la voix, de la zapatilla, du toque.. Ponce s’y accrocha jusqu’à en sortir une série de naturelles irréprochables, libérées d’un grand pecho. Le toro ne se livra jamais. Le torero, toujours, et plus encore sur un énorme coup d’épée, qui, à lui seul, valait l’oreille. Le cinquième sortit d’un puyazo en trébuchant, s’explosant le piton dans la caillasse, sous le sable. Ce toro arriva court et pleins de regards en dessous, jouant les faibles, trompant le monde. Ponce « essaya », tandis que le climat changeait, dans les gradins. Voyant qu’il n’y arriverait pas, le torero de Chiva s’embarqua pour un macheteo genoux ployé, très technique, très esthétique, torerisimo, terminant par un desplante de domination. Pinchazo sur une banderille, un autre et grosse entière contraire, en se mouillant les doigts. Ovation pour un torero qui n’avait absolument pas besoin de ce geste, pour être l’indubitable « Numéro Un » actuel.
    
Abellan fit office d’enfant de choeur, auprès de ses deux collègues. Courage et engagement, certes, mais aussi, une impression de limite technique, face au troisième, qu’il ne put dominer, au point de prendre un terrible derrote au menton (imaginez : quelque centimètre plus haut ou plus bas !), et de manque total d’imagination, de « libération artistique » face au sixième. Ce toro lui permettait de « rêver le toreo ».. Il ne lui permit que de longues séries de derechazos bien récitées, et trois naturelles de face, difficilement soupirées en fin de trasteo. Il était parti pour deux oreilles, en perdit une, lors de la faena, et la deuxième, après une entière bien poussée qui tarda, tarda, tarda... à faire son effet. Tarda le temps de deux avis... Le toro devint impossible à descabeller et le bras levé du triomphateur devint « geste d’impuissance et d’excuse » devant la colère des gradins où l’on veut bien voir « mourir » les toros, mais vite.. même si c’est d’un bajonazo. Heureusement, la majorité se rappela que l’estocade, somme toute, avait été bien portée, et l’ovation couvrit enfin les sifflets. Bien... Mais il n’empêche que ce toro était « de dos orejas » et « de vuelta al ruedo ». Le ciel aficionado n’en a pas voulu ainsi... C’est à la fois, très malheureux.... et très juste !