Reseña du samedi 1 septembre 2001

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BAYONNE : JULI ET LE GRAND BAIN !

     2 Septembre : Que dire après la démonstration de « vouloir et de pouvoir » de ce phénomène que l’on surnomme « El Juli », hier, en plaza de Bayonne ? Que nous sommes bien en présence d’un phénomène qui, lorsqu’il y a « grande occasion », s’en va loin, nager dans le grand bain, tandis que les autres batifolent dans la pataugeoire.

     En parlant de « grand bain », on peut aussi s’attarder un instant sur « le bain » qu’a mis Julian Lopez à un Jose Tomas, perdu dans ses pensées, emprunté, toréant de la pointe de la muleta, foulant le sable de Lachepaillet sans en vouloir déplacer un grain. Les areneros lui en surent gré, alors qu’ils eurent « double ration » de travail avec le Juli, qui lui, « lorsqu’il plante les pieds... »
    
Les toros d’Algarra, bien présentés et sérieux de tête, sont sortis bizarrement, sans la grosse faiblesse qu’on pouvait craindre. Il n’y eut pas de meilleurs et de pires. Il y eut des toros qu’il fallait convaincre... qu’il fallait mater, dès le début. Un torero l’a fait, El Juli. Il l’aurait peut être fait avec chacun des six. Un torero n’a pas pu, avec des excuses, et un autre s’est carrément moqué du bon peuple qui, pas rancunier pour un sou, lui en a même fait ovation.
    
Juli a montré une autorité, une intelligence, un dynamisme tels, que les toros « se sont mis au garde à vous » et on filé « presque doux ». Curro Vazquez s’est ménagé quelques garanties. Les ans et les coups en sont la raison. Cependant, on lui doit de gros détails, en particulier « La » demi véronique de la tarde... et de plusieurs. Jose Tomas  a joué « les mazettes », gêné par des toros qu’il aurait, il y a peu, « pliés en dix huit ». Estuvo mal ! Sans sitio, sans idées, sans recours... et donc sans réussite.
    
Pour ce qui est du « duel », valait mieux, hier, aller voir « du côté des Verts ». Noël est reparti « chez sa mère », Alain essaie de rassembler « lipietz » manquantes (pardon !), et Dominique, (nique nique!)... ne sait plus où donner de la démagogie. Enfin un duel qui promet ! Il va y avoir du monde au balconcillo... et en plus, c’est gratuit. Pauvre France !
    
Bayonne brillait de mille soleils et la plaza était une merveille, pleine comme un oeuf, avec, de ci de là, au détour de quelque tendido, des gloires du toreo que l’on prétend « vieilles », mais qui sont, tout simplement, éternelles : Manolo Vazquez, Antoñete... Et puis, la jeunesse... aux côté de son père, bronzé et détendu... le fils d’Emilio Muñoz. Qui sait ?

     1er Septembre  - Bayonne – No hay (vraiment) billetes ! : Six toros de Luis Algarra, très bien charpentés et sérieux de tête. Tous sortirent fort, rematant violemment, dans les burladeros, chargeant avec violence dans leurs premiers assauts. Il y eut plusieurs toros au comportement bizarre, comme ce premier, un véritable chat, bondissant sur tout, avec des yeux partout ; comme ce deuxième qu’on pouvait craindre affublé de quelque défaut de vue ; comme ce cinquième qui se fracassa dans un burladero, sans que personne n’en porta responsabilité. Choc d’une violence extrême dont le pauvre toro sortit les naseaux en sang. Les deux toros du Juli ont paru les meilleurs...Bon ! Ils ont paru les meilleurs ! De fait... le Juli les a faits probablement meilleurs qu’ils n’étaient.
    
Curro Vazquez (légers sifflets et bronca) n’a pas pu, avec le premier, N°77, qui, déjà dans les corrales, le matin, « veillait à tout », inquiet, voulait en découdre. Le toro sortit violent, et se trouva devant un maestro « dubitatif » pendant la lidia.  Mobilité « molesta » de ce toro... Toro qui, après deux piques, arriva un poil descompuesto, prenant bien le muletazo, mais tirant aussitôt un gros hachazo en bondissant, et ne laissant pas le torero « tranquille ». Il ne fallait pas cela au vétéran qui souffla court et rendit feuille presque blanche après un pinchazo feo et une atravesada. Le quatrième sortit fort, rematant dans les planches. Curro Vazquez le reçut par d’amples lances clôturés d’une demi véronique extra, qui reste un des gros moments de la tarde. Cette fois encore, le maestro « manquera de présence » dans la lidia, mais essaiera, ébauchera des choses, à la muleta, que le public ne voulut pas voir. Début de faena « d’espoir », avec deux ayudados et une série de droite, décidée. Mais il fallut déchanter. Le toreo fondamental, lié sur chaque main, lui échappant, Curro Vazquez « essora » les dernières charges du toro, en adornos « marca de la casa », qui sont aussi « le toreo ! » Certes, il n’y eut pas quatre séries de derechazos et trois de naturelles (le toro ne les avaient pas) mais le public aurait pu mieux recevoir ces remates et ces adornos « andandole al toro » sur les dernières demi charges. A l’épée, un petit calvaire, et personne ne voulut entendre parler de celui qui coupa un jour, ici, quatre oreilles et un rabo. Certes, c’était en...1969.
    
Jose Tomas (ovation et applaudissements chaleureux) est venu, a fait deux tours du quartier, l’air songeur et le nez en trompette, puis s’en est allé vers ses pensées, qui semblent de plus en plus noires. Son premier semblait ne pas voir de près, fusant de loin sur le cheval ou un banderillero, laissant le maestro les sourcils en point d’interrogation. Cependant, il arriva à la muleta, certes tardo, mais pas impossible pour qui voulait s’y mettre, et surtout « s’y croiser »... Tomas essaya en douceur, sur les deux mains, tirant deux ou trois muletazos  qui promettaient, puis s’enlisant dans le doute et l’élégant ennui. Pinchazo hondo en bonne place, et le public qui applaudit... « parce que c’est Jose Tomas ». Quel aurait été, par exemple, le sort réservé à Eugenio de Mora après semblable prestation ? Hein, Bayonne ? « Tres cuartos de lo mismo » devant le cinquième qui percuta si violemment les planches qu’il s’en ressentit forcément au cours de la lidia. Un demi vuelta de campana n’arrangea pas les affaires. Toro qui tomba et fléchit plusieurs fois, mais toros bravo et toro de faena. Jose Tomas va distribuer des demi muletazos, avec une obsession : arriver au moment où il pourra se situer « en corto », dans ce terrain et cette attitude qui sont les siens, pieds joints, de profil, le corps cambré, citant, la muleta « à peine sortie », pour de muletazos courts, mais de gros impact. Ce fut, là aussi, là aussi, un fiasco, le toro « ne pouvant plus », et le torero ne s’y arrimant pas. A son actif, un demi estocade engagée, restant un peu sur la face. Mais vraiment, quelques lumières se sont éteintes chez ce torero qui ne pouvait, hier, se présenter à ce duel, avec si peu d’ambition. Les lumières se sont éteintes... restent les clignottants !
    
« Llego, vio... y la monto ! » Assailli de toutes parts, avant le paseo (Il va falloir, vraiment, songer à faire « quelque chose », dans ce patio de caballos, avant la corrida ), le visage mi-caché par un léger pansement, le nez et la lèvre que l’on devine tuméfiés, mais l’oeil clair et le verbe haut, Julian Lopez « El Juli » est venu, a vu, et... a conquis tout le monde, coupant deux oreilles fortes, malgré des épées un peu douteuses, mais follement poussées. « Este es un fenomeno ! y ya esta » Le Juli venait chercher le triomphe qui lui manquait, dans le sud ouest. Il l’a, et le mano a mano de dimanche prochain, avec Enrique Ponce, à Dax, promet beaucoup. On suppose qu’il a touché « les deux meilleurs ! ». A voir. Des toros nobles, certes, mais parce qu’il les a libérés, mais des toros qui se sont vite éteints (le sixième durant un peu plus) mais qu’il a pressés comme des citrons, mettant la verve, le panache qu’ils n’avaient pas, après les avoir, auparavant « passés sur les deux mains » en longs muletazos templés à fond, liés, et clos de monumentaux pases de pecho. Quand le toro ne veut plus, « on se met dedans », littéralement « dedans »... et, forcément, ça marche. Qui résisterait à un tel engagement, à une telle rage de vaincre. Ajoutons à cela une cape autoritaire et chatoyante, qui dans les véroniques et la demie pieds joints « de cartel », qui dans les quites par chicuelinas du premier, ou par caleserinas au second.... Ajoutez à cela des banderilles « tous terrains », avec un monumental « por dentro » et des poursuites musclées. Tout le monde debout ! Saluez ! La muleta tire le toro, le mène où elle veut. Puis, quand le toro ne peut plus, elle pendule vaillamment derrière le corps offert, à deux doigts des cornes, comme au troisième... ou elle embarque le toro pour de dernières virevoltes à tour complet, comme dans les trois roblesinas, au sixième. Torero de passion, d’Aficion. On pousse tous derrière lui, avec l’épée. Il y aura, chaque fois, pinchazo, mais la deuxième attaque sera « terrible », et, même si l’épée est partie un peu de côté, mettant du temps à faire effet, on ne peut s’empêcher d’admirer, de sortir son mouchoir et de tirer son chapeau ! Un fenomeno ! Un torerazo !

     Bayonne de passion, Bayonne d’Aficion... Deuxième manche, aujourd’hui, avec les Victorino, et un cartel « de luxe » : Fernandez Meca, Enrique Ponce, Miguel Abellan. « Suerte... para nosotros, y, claro , para todos ! » - Attention : paseo à 17h30., et, ce matin, finale des non piquées, à 11h