Reseña du mercredi 15 août 2001

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BAYONNE :  « ETRE OU NE PAS ETRE... TOLERANT » ...

     16 Août : Comme il est curieux de constater, encore une fois, les réactions d’une foule... d’un public, au demeurant constitués de milliers d’individus honnêtes et tout à fait fréquentables... en fait, « de bons citoyens », probablement, au discours pleins de générosité et de ...tolérance... Mot à la mode.

     Mettez les ensemble dans une plaza, et leurs passions exacerbées les pousseront aux plus grands excès, ce qui, bien entendu, faussera le spectacle et mettra des hommes en danger dans le ruedo.
     A partir de là, « on ne peut plus suivre »... et, au vu de ce qui s’est passé hier en plaza de Bayonne, on ne peut que se dire «  Vous, public, vous vous êtes mal conduit ! » (quelle que soit l’attitude du torero) et... « on a tous, encore,  du boulot au plan éducation taurine... »
    Premièrement, « y en a marre ! ... de ce petit jeu au sujet des concessions d’oreille... 
    Une fois pour toutes, « le premier trophée appartient au public.. ». S’il juge que le torero mérite cette première oreille, le public la demande en agitant un mouchoir, blanc, si possible... et propre, ce qui, normalement, coulerait de source, chez des gens bien éduqués. Point de rugissements, d’invectives ou d’insultes... Au palco, hier, le président et ses assesseurs étaient tout prêts à accorder une oreille à Caballero, en fin de sa première faena... (qu’elle soit méritée ou non, c’est une autre histoire !). Mais si la pétition est majoritaire, il y a oreille et ... on a, peut-être « une autre course ». Hier, le palco a suivi le règlement « à la lettre », et constaté qu’au plan « mouchoirs », la pétition étaient loin d’être majoritaire, malgré les « hauts cris », voire insultes, de certains qui, dans le civil et pendant toute la semaine, semblent des être pondérés et charmants...  Donc, s’il n’y a pas eu d’oreille, hier, c’est exclusivement la faute du public, et de personne d’autre.
     D’autre part... Hier, à Bayonne, il y avait dans le ruedo « des toracos », impressionnants de trapio et de pitones. On ne pouvait prendre cette corrida « à la légère »...  Pour le moins, on se devait d’observer, d’attendre les évènements et, après, en conscience, on pouvait réagir, selon son sentiment sur l’engagement, ou le non engagement, des hommes face à ces toros...
    En aucun cas, l’on ne peut « prendre en grippe » un torero comme on l’a fait hier, d’entrée, avec Eugenio de Mora... Son premier a été trop longuement et trop mal piqué (comme les 80% des toros actuels)... A partir de là, on a tout refusé en bloc, de la part du toledano, qui, il faudrait peut-être quand même en convenir, a touché les plus compliqués.. « Si o no ? »
     Aucun torero ne se présente pour la première fois dans une plaza, avec l’intention de ne rien faire... Donc, laissons lui « crédit ouvert », voyons ce qu’il fait, et à la fin, sanctionnons par de bravos... ou une vraie bronca.. mais « en connaissance de cause »
     Par contre, ne lui laisser aucune chance de se dépêtrer de la charge tordue du sixième, et d’entrée, hurler « au fainéant, à l’escroc, au trouillard... », le tout accompagné de lancement de coussins, pendant la faena, et « à tir réel » (un coussin atteignant le torero tandis qu’il s’apprêtait à lever l’épée... » cela est tout à fait inacceptable, voire « dégueulasse ! »... Las cosas como son !  
     Pas étonnant, du coup, de voir se monter, en Vendée, un cirque romain où, « pour quelques euros », on peut voir quelque Blandine se faire, trois fois par jour, bouffer par des lions édentés, tandis que le public, « pouce en bas », exige la mort du gladiateur vaincu ... Que verguenza !
      Dommage, donc, et  « encore beaucoup de pain sur la planche ». De fait, il vaut mieux, pour certains, continuer à parler « Tolérance », avec beaucoup de verve et de talent... « fuera de la plaza » et les laisser siroter leur culture et citoyenneté devant quelque nouveau « Loft Story ! »...
     Encore une fois... entendons nous bien ! Ici, personne ne détient « La Vérité »... ici, pas de science infuse, mais un sentiment, étayé par quelque connaissance et le respect des hommes qui se jouent la vie dans le ruedo. Hier, à Bayonne, on a presque rejoué le triste épisode de 1976, avec Sebastian Cortes, et cela n’est vraiment pas plaisant. Punto !

     15 Août – Bayonne  6 à 7 000 personnes - Beau temps, lourd :  Les toros de Javier Perez Tabernero sont sortis , remarquablement présentés, charpentés et armés « haut et fin ». De cape différente, ces toracos, provenance Atanasio, ont eu le comportement de vrai toro de combat : Sortant « enterandose », au pas « voyant où on met les pattes », puis fusant fort sur les capes, en y mettant force et férocité. Aux piques, bravoure mitigée, forces relativement limitée (au regard « volume et poids »), le tout difficilement gérable à cause, une fois de plus, d’une écurie déplorable à Bayonne, les malheureux bourrins n’ayant ni force, ni « formation », ce qui a pour résultat que les piqueros bataillent en vain et se retrouvent à pique « à la godille », au prix de quelque batacazo hasardeux. Toros de respect, avec un lot magnifique, celui de Caballero : premier, noble, à qui il manqua « un peu de moteur » et le quatrième, impressionnant de trapio, la tête « à deux mètres de haut », mais noble et fort... Un grand, un magnifique toro. Victor Puerto eut un bon, et un tordu, le cinquième, qui regardait « en torticolo », et se mit gazapon et mansote, au moment où le vent ne permettait plus d’aller vers le centre. Lot difficile pour de Mora, à qui on ne laissa aucune chance : troisième gazapon, violent, miron, qui ne laisse pas le torero se replacer et toréer comme on l’entend aujourd’hui, « templado, ligado... ». Le sixième était « un sacré client », qui se défendait et n’avait aucune intention de charger droit. Certes, pas un toro assassin, mais un « sacré lascar » qui demandait une lidia « en confiance et autorité », de la part du torero... Mais pour cela, faut il encore lui laisser quelque chance de s’exprimer...
     Triomphe de Manolo Caballero, qui sort « a hombros » de Bayonne, avec deux oreilles (presque trois), coupées au meilleur lot. Est ce un triomphe « pour l’Histoire » ?  Non. Manolo Caballero a été bien, parfois très bien, devant deux grands toros. Calme, élégant, l’Albaceteño a déroulé un toreo propre mais sans génie, plein de fermeté, connectant vite avec le gradin. Faena « limpia » mais un peu tiède, à cause de la transmission limitée du premier, abattu d’une entière, à l’habitude « trasera y tendida ». Bonne faena, rendue importante par le trapio du quatrième, « Pitinesco » - 645 Kgs - répétant avec force et noblesse dans la muleta pleine d’autorité de Manuel Caballero, qui signa ici , une de ses meilleures productions. Bien préparée, et avec courage, devant une tête impressionnante et haut levée... une grande estocade qui tue vite. Deux oreilles fort logiques, et une vuelta des plus sympathiques, avec de jolis gestes pour des enfants, aficionados de demain, et un joyeux  abrazo au Padre Codom, aumônier de la plaza, et ami de toujours... « Bien por Manueee ! »
     Victor Puerto fut « le Victor Puerto 2001 », qui semble s’éloigner du maestro lucide, courageux, intègre, qu’il fut l’an passé, au moment « de la reconquête ». Là, il semble « fonctionner », alliant de bons moments, à quelques pacotilles et légèretés qui laissent une impression de demi teinte, d’inachevé, d’incomplet. Son premier est bon, mais faiblard, ne permettant pas « qu’on baisse la main ». Puerto  s’en ira donc sur du toreo à mi hauteur, léger, rapide, mais « bien enveloppé » : passe changée dans le dos, adornos et remates variés... On essaie de bien vendre la marchandise. Cela n’a pas tout à fait marché, puisque le public se cantonna à une ovation, après une bonne demi estocade. On l’aura préféré, curieusement, au cinquième, qui sortit, ne regardant que d’un oeil, et tapant « de l’autre corne », la tête en crabe. Toro qui garda ce défaut et vira au gazapon et mansote, en début de faena. Le vent se mit alors de la partie, et Puerto n’eut d’autre possibilité que l’aller aux planches, où il imposa trois gros muletazos, avant de se faire menacer au quatrième. Effort que le public ne voulut pas voir, et où , pourtant, le torero se l’était « vraiment » jouée. Après, cela tourna à l’impossible et l’épée se fit hésitante... Pinchazo feo et media tombée, conclue au descabello. Déception et courte bronca.
     Eugenio de Mora se présentait à Bayonne. Il en sait l’importance, ainsi que celle de ceux qui la gèrent...(lire : Les Chopera). Pour ces deux raisons, il ne va donc pas sortir « à se saborder », décidé à ne rien faire...  Malheureusement, il va tomber sur le mauvais sorteo, touchant les deux garbanzos, que le public ne voulut pas voir. Le troisième, de magnifique présence fut très mal piqué : gros, lourd, long puyazo charcuté, que le public ne pardonna jamais au maestro. Auraient mieux valu trois puyazos, voire quatre, si nécessaire... Exact. Le toro va tourner au gazapon , collant au torero, jouant du chef dans les demi passes, ne lui laissant ni le temps, ni l’espace, de se replacer. De Mora étendra ses grands bras, et, techniquement dépassé (comme l’auraient été bien d’autres), laissa tomber, tuant mal d’un vilain pinchazo et d’une entière habile...é coutant une courte bronca. Le sixième tourna au manso qui se défend en attaquant, calculant sa demi charge, incurvant sa trajectoire, juste pour mettre le torero en danger, sans que le public s’en aperçoive trop. En un mot « un cabron ! ». Dès les premières hésitations, logiques, le « respectable » se mit en colère, « ne respectant » plus rien. Les cris et insultes fusèrent, et les premiers coussins tombèrent, l’un d’entre eux frappant le torero dans le dos, alors qu’il allait cadrer le toro. « Bien, « anonyme lâche, mas manso que el mismo morlaco !». Bien entendu, cela vira à la déroute et l’épée à bout de bras  n’arrangea rien... Bronca majuscule.
     C’est ainsi...Il faut bien, de temps en temps, « défouler sa tolérance... »