Reseña du Dimanche 10 Septembre

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DAX : TRIOMPHE DU « GITANILLO RUBIO… »

     10 Septembre : Corrida de luxe en plaza de Dax, pour la clôture de cette saison 2000. Ciel bleu, le soleil « de salsa » et les gradins, jusqu’en haut. Le mano a mano  EnriquePonce /José Tomas  ne pouvait qu’attirer la grande attente, les grands espoirs d’une tarde historique. Les toros de Zalduendo sortant bien partout, il y eut des pages et des pages de bon toreo, Il y eut des trophées à la pelle. Il y eut sortie a hombros pour les deux diestros… Il y eut tout, et pourtant, la tarde est allée de mas a menos, peut-être parce qu’on l’avait faite débuter trop haut.

     La corrida, c’est avant tout l’émotion. Dax sait capter cela, sait aussi provoquer cela. Du salut des deux diestros à la fin du paseo, au solo de trompette de la Néhe dans un silence de cathédrale, tandis que le torero passe dans un rayon de soleil en marchant, cérémonieux, vers le toro…il y eut de ces moments qui hérissent un peu la peau, qui « poussent » le cœur. Et s’il faut parler de triomphe, de triomphe d’émotion, qui amène presque la larme à l’œil, c’est à un torero « de plata » qu’on le doit. 

     Il s’appelle « Gitanillo Rubio ». Les aficionados des années 60/70 connaissent sa silhouette, sa calvitie, et sa vaillance. Hier, il fermait définitivement une page de sa vie. Il se coupait la coleta et rangeait définitivement le costume de lumières. Très actif toute l’après midi, il dut saluer l’ovation, et Enrique Ponce lui brinda le cinquième. Un vrai brindis, où les mots et les yeux disent l’intensité et la tendresse. Mais le vrai moment, le vrai triomphe d’émotion, c’est celui du banderillero qui s’avance en piste, tandis que le maestro change l’épée pour une paire de ciseaux et lui coupe la coleta. Il lui enlève « un peu de vie ». Aussi tous les toreros l’entourent, et chacun va lui donner un abrazo de respect et d’amitié vraie, tandis qu’émue et admirative, la plaza explose en une longue ovation. Ce fut le moment de la tarde, parce que spontané, parce qu’humain, tout simplement. Enhorabuena, Gitanillo, et bonne retraite.

     La corrida de Zalduendo fut inégalement, mais « précieusement » présentée et armée. Lot de deux, deux et deux, avec en dernier, du sérieux. A noter des cornes astifinas et qui tinrent toutes, malgré divers chocs. Des toros fins, bas pour les deux premiers, tous bien faits, sortant applaudis. La corrida est sortie noblissime, un peu limitée en force, bravita selon ses moyens, avec deux  puyazos  « de concours », pris par les quatrième et sixième. Les meilleures piques du week-end. A la cape, ils sortirent sans grande fixité, ne permettant pas de longues dissertations. A la muleta, quatre d’entre eux furent de véritables carretones, répétant leurs charges au gré de l’inspiration torera. Cependant, manquaient le piquant, le sel et le poivre qui accompagnent les bons mets. Plus sérieux et plus retords, les deux derniers provoquèrent la torpeur, chez  les diestros et dans le public, trop gavés jusque là.
     Enrique Ponce est ici chez lui. On le vit a gusto, totalement relâché face à son premier. Capotazos en mettant la hanche, magnifique faena, parfaite du début à la fin, la muleta caressant le toro en de longues allées et venues, tout en douceur. La faena parfaite. S’il tente, et réussit, un recibir, il coupe tout. Allez savoir pourquoi, le valenciano partit droit…pour un bajonazo, sûrement involontaire, qui provoqua la plus belle hémorragie que l’on puisse craindre. Seul point noir : Au lieu de faire part ostensiblement de ses regrets, Enrique salua triomphant. Il eut raison, puisque le public ovationna, demanda les oreilles, et que le président les accorda.  La corrida était lancée, mal lancée. Mais, une grande faena à un « petit grand toro ». Le troisième semblait manifester un problème de vue, à la sortie. Ponce lui coupa une oreille, toréant parfaitement un toro noble, qui manqua de transmission. Plus haut, plus court de charge, le cinquième ne permit pas la faena liée. Devant perdre quelques pas entre chaque passe, le diestro de Chiva fut un peu long et, cette fois, la sauce ne prit pas.
     Jose Tomas a donné quelques moments d’émotion. Il a tiré des dizaines de passes, souvent parfaites. Il a coupé trois oreilles, tout comme Ponce. Mais nous n’avons pas encore vu le Tomas « sur un nuage », hors du temps, qui fait hurler de peur et d’admiration. A la cape, le toros ne lui ont pas permis un total relâchement. Moment inspiré que le remate, cape sur l’épaule en sortant d’un quite par gaoneras, au quatrième. Faenas longues, posées, toréant souvent « pour lui ». Son premier toro, après une énorme culbute en sortant de la première statuaire, lui permit un trasteo en douceur, liant et variant ses passes, terminant par de bons pechos. A la fin, pieds joints, erguida la planta, le toque du poignet, la muleta à peine sortie du corps, pour trois naturelles de cartel. Entière tendue. Deux oreilles fortement applaudies… et un peu contestées. Paradoxe. Il toréa longuement le quatrième, dont la mort, un peu longue, gâcha le succès final . Oreille. Le sixième, un vrai costaud, ne voulut pas jouer longtemps et le trasteo s’en alla mourir, un  genou en terre, au pied des barrières.
     Apothéose, dira t’on. Peut-être ! En fait, on est jamais content. Six toros corrects et  nobles, des toreros qui se sont saoulés de toréo, et pourtant… Pourtant, on n’a pas trouvé de costalero pour porter a hombros le mayoral de la ganaderia. Il ne fallut pas longtemps pour en trouver un, en cette même plaza, pour l’historique de Samuel Flores, en 99; encore moins pour la Victorinade 2000 de Mont de Marsan. C’est un signe.
     Le « référendum » de la corrida concours a donné verdict. Le quinquennat a perdu… Non ! Plaisanterie douteuse. Le cinquième,  d’Albaserrada, a perdu. Le public, dans sa majorité a voté pour le Cebada Gago, sorti deuxième : « Camillerito »  - N°39 – à la robe multicolore – 510 Kgs. Il ne fut pas un toro complet. Mais il fut un vrai toro de combat.