DAX… EN
SU SALSA !
9 Septembre : On pouvait craindre,
malgré les nouvelles réconfortantes, que la pénurie de carburant allait
réduire à presque néant la feria de la Salsa. Et de fait, en déambulant,
vers 16 heures, dans les allées du parc Théodore Denis, on ne retrouvait
guère la foule des années passées. Certes, la forte chaleur
incitait les passants à s’asseoir dans l’herbe, mais les
quelques silhouettes qui se déhanchaient, parfois fort agréablement à
l’œil, au son des musiques latines, paraissaient bien seules.
Qu’allait il se passer, à l’heure du paseo ? |
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Dax est ainsi. On travaille l’événement, on imagine,
on tente… Monter une corrida-concours en septembre, à notre époque,
relève du coup de poker. La bien préparer ; imaginer « le référendum
avant l’heure » en demandant au public de voter pour le meilleur
toro ; mettre pour cela, à sa disposition, une plaquette
d’information très bien faite avec bulletins-réponse détachables, méritent
un grand coup de chapeau et
un peu de chance à l’heure du clarinazo. Et il y en eut. On imagine ce
qu’aurait été l’entrée si la pluie s’y était mise, comme en de
précédentes sessions.
Grand ciel bleu, une bonne entrée, et une
corrida que l’on a suivi avec intérêt, même si elle fut parfois un
peu lourde, du fait de
l’insistance a vouloir faire venir les toros de loin, au cheval. Cela
nous paraît une erreur .
Corrida-concours. Concours de quoi ?
Concours de bravoure démontrée, concours du « toro le plus complet » ?
ou concours de « charges de loin » ? Cinq toros sur six vont charger de loin, surtout si, à sept
reprises, le picador bouge sa monture en faisant concurrence à Pavarotti.
On l’a souvent vu, notamment à la « resaca » de Séville.
Mais après ? Quelle pique, quelle bravoure, quelle fijeza,
quelle puissance ? Pourquoi cette première pique, de si loin. La
concours ne demande t’elle pas, au contraire, une première pique à
distance moyenne, puis, au vu du résultat, une deuxième citée de plus
loin ; une troisième, d’encore plus loin, etc… Et ainsi, on peut
calibrer la fijeza, la caste, l’alegria du toro. Puis, si on a la chance
que le fauve fixe sa tête au peto, met les reins et pousse droit devant,
alors, pour peu qu’il y ait sur le percheron, « un torero »
qui joue honnêtement et des jambes et du bras, alors… on lève la plaza.
Par ailleurs, les piques étant courtes et bien calibrées, on peut en
voir quatre, cinq, ou utiliser le regaton. Il ne s’agit pas de « concours
de trois entrées au cheval » . On est tellement étonné, de nos
jours, de voir un toro prendre trois piques, qu’on en oublie qu’il lui
en faudrait, peut-être, une quatrième. Référence : le Cebada.
A cette réserve près, qui nous semble
avoir un peu faussé le jeu, il y a eu de bons moments, dus aux toros,
mais moins aux hommes. Luis Francisco Espla joua les scientifiques
cyniques. Stéphane Fernandez Meca ne parut pas dans son meilleur jour.
Antonio Ferrera a donné ce qu ‘il avait, face au mauvais lot.
Côté toros, deux ont survolé le lot, de
par leur présence et leur jeu. Etaient-ils dans votre tiercé ? Le
Cebada Gago a montré une présence extraordinaire. Guapissimo !
Magnifiquement présenté, il a mit du temps à se fixer, est parti de
loin au cheval, mais « escarbo » !,
il gratta le sol entre deux piques. Vilain !
Violent, brave et encasté, au cheval, « il remonta »
au cours le la lidia, et… la caste se teinta de sentido à la muleta.
Meca ne put totalement le dominer. Comme l’estocade recibiendo fut de côté
et longue d’effet, les opinions se sont divisées, et le toro, malgré
une belle ovation, ne va pas
rassembler tous les suffrages. Mais ce fut
« un Toro ». |
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Le torero Français toucha également l’Albaserrada,
sorti cinquième. Fin, très armé, il fit une belle sortie, chargea avec
une pointe de faiblesse, et entra de loin, avec alegria, au cheval. La
première pique fut bonne, mais après, il fallut « cuidarlo ».
On donna le prix au picador qui, pourtant, manqua son toro à la troisième
entrée. Bon ! La plus belle voix, peut-être ?
El Chano banderilla « supérieur », sa première paire.
Meca se retrouva en présence d’un toro noble, auquel il ne pouvait
baisser la main, à cause de cette pointe de faiblesse que cachait l’alegria
du bicho. Faena de nombreuses passes, mais sans grande émotion. Il fallut
que Meca attaque fort à l’épée pour lever la bonne ovation. Entière
trasera, à la vapeur, mais qui couche l’Albaserrada et une oreille, la
seule du jour. Cebada Gago ? Albaserrada ? C’est probablement
entre ces deux que cela se jouera.
Le Miura sortit en Miura, dans les enganos.
Violent, freinant au milieu de la suerte, il chargea de loin , mais poussa
sans style, sous le fer. Espla dansa une faenita, en souriant, goguenard.
Le bajonazo suscita le silence. Le Cuadri, quatrième, se montra vilain,
armé court, et triste au premier tiers, même s’il fut celui qui prit
un puyazo « campaneando al caballo ». Il fut très noble, et
Espla, qui l’avait banderillé tranquille, lui donna « sa »
faena, avec quelques bons enchaînements à gauche. Entière en arrière,
le toro l’attendant à mi-hauteur. Le torero d’Alicante salua,
« de toute la sienne », au centre de la plaza.
Antonio Ferrera n’a pas eu de chance au
« non-sorteo ». Le Maria Luisa sortit allègre au capote, mais
montra vite sa faiblesse. Deux piques, sans pousser … sans piquer… A
la muleta, une passe, une deuxième et …pfttt ! se acabo !
Ferrera fut joli et calme au capote, bondissant aux banderilles, put
sortir une naturelle très calme et galbée, tua d’une bonne entière,
après pinchazo . Le sixième d’Adolfo Martin, sortit vivace,
chargea trois fois de loin, mais pas en brave. Ferrera ne fut pas à
l’aise aux banderilles et mit, à la muleta, ce que le toro n’avait
pas. Toro très court de charge, sans grandes options. Ferrera insista…
on le lui reprocha.
Que dire de plus ?
Les dacquois « avaient mis toute la sauce », mais les
toros « como los melones son »… Décidément, on finit
toujours par parler « cuisine » . Et au fond, c’est très
bien ainsi.
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