Reseña du Jeudi 17 août

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LE « SYNDROME » JOSE TOMAS

     17 Août – Dax – sixième et dernière de feria : De tous temps, les vedettes, « avec quelque chose en plus » ont provoqué cet espèce d’éblouissement, voire folie collective, qui, quoiqu’elles fassent avec cape, muleta et épée, se sont aussitôt transformés, au compteur, en une avalanche d’oreilles, de rabos, des tonnes de « Aaaaahhhh, Génial ! » et de bisous ! La contagion aidant, des présidents euphoriques en remettaient une pelletée, ajoutant quelque trophée supperflu. Pour peu que certaines choses se passent, le descriptif des trophées tournait, dans une certaine presse « bien huilée », carrément au mirage : « deux oreilles… avec pétition de rabo ». Là donc, où le torero honnête et moins huppé suait sang et eau pour couper une oreille, accordée « du bout du mouchoir », la figura en vogue promenait deux trophées, sans avoir presque à se recoiffer. C’est arrivé à Dominguin, pour faire la nique à Manolete, au Cordobes « père » (sauf que lui ne se coiffait pas), à Palomo, et, plus près de nous, au Juli. Cela arrive aujourd’hui… à Jose Tomas. Tant mieux pour lui, qui, au fond, se moque probablement des trophées, s’il est comme on le dit. Le malheureux, dans l’affaire, est l’injustice, rapport aux autres toreros, mais cela sera toujours ainsi. Non, le malheureux est qu’en éxagérant ainsi, on discrédite une plaza, on trompe un public, on prive un torero d’une vuelta d’apothéose, une oreille en main, pour « l’envoyer au carton » en lui régalant la deuxième. Pour peu qu’un « bien huileux » passe par là… On a, de plus, « con peticion de rabo ». Vaya !      
     Gris et lourd le temps, grise et pesante la tarde. La plaza, pleine, « se la promettait belle », elle dut déchanter. La corrida de Victoriano del Rio sortit , bien présentée, variopinta, avec des cornes et du caractère, pour certains. Seul, le deuxième fit un peu « tâche » (poco trapio, petite tête). De fait, il faisait paire avec le magnifique cinquième, colorado très armé, un des plus beau, sinon « le » toro de la feria. Un tio ! Au moral, pas terrible. Un noblissime un peu tardo, un peu soso, le deuxième. Trois qu’il « fallait toréer », premier, troisième, cinquième. Deux « dur dur », quatrième et sixième. A la pique, de bonnes entrées, pour s’endormir un peu dans le sempiternel et déplorable mono-puyazo carioqué. Mais, qui se préoccupe, aujourd’hui, du premier tiers ?

     Joselito arrivait auréolé de son triomphe nocturne de Malaga. On le vit bien et décidé, face au burraco d’ouverture, haut et boisé. Bien au capote, soignant la lidia, Jose débuta sérieux, mathématique. Pas de grandes envolées, mais les choses bien faites, avec un peu de mal à placer « la série définitive ». Le trastéo partit un peu « en quenouille » et un désarmé le confirma, précédant un bajonazo, « porté avec foi » ! Silence.  Un silence qui tournera à la bronca après la lidia express du quatrième, un nerveux bien armé, qui accrocha d’entrée le capote du maestro, à la réception et dans le quite. Malgré cela, une seule pique qui ne réduisit en rien le nerf du bicho. Joselito, en prenant la muleta, savait qu’il n’en ferait rien… Vous devinez la suite. Otro bajonazo, à la vapeur ! Bronca et coussins, à la sortie.

    Jose Tomas est passé à Dax. Il a coupé deux oreilles. Il est génial. C’est formidable ! ! « Re-atterrissons, Svp ! » Jose Tomas est passé à Dax, vêtu d’un lilas et or passé, qu’il a « étrenné » à Séville en 1999. Un détail .Il a fait le paseo dans la grisaille, ne s’est pas compliqué la vie au capote, a toréé son zapato premier, en roue libre, distribuant beaucoup de passes, en perdant beaucoup de pas entre chaque suerte, le toro tardant, manifestant soseria et faiblesse. Le tout, calme, sérieux, élégant. En fin de trasteo, une série liée et les sempiternelles manoletinas mirent bonne ambiance, précédant une entière de côté, aux effets immédiats.

     Que le public demande une oreille, c’est son droit. Que la présidence l’accorde, c’est son devoir. Que certains hurlent pour la deuxième, pourquoi pas ?  Mais que le président, seul à décider, l’accorde, il y a de quoi s’étonner, et surtout, de se mettre « en boule » (encore !). C’est la meilleure façon de faire siffler le torero. Ca n’a pas manqué, et Tomas abandonna, d’entrée, les deux trophées. Idiot, triste ! On aime à fêter un triomphateur, et on multiplie les ovations quand la récompense nous semble chiche. De toutes façons, la présidence sera sifflée. Ce qui est arrivé. Mais ne vaut-il pas mieux être conspué pour la dureté qui fait applaudir un torero, plutôt que la…. qui le fait huer. ?.  Jose Tomas plaça deux véroniques au guapo cinquième, et réalisa un joli quite par chicuelinas. A la muleta, les choses se compliquèrent. Un peu brutal, le cornu, avec un sale uppercut en fin de chaque muletazo. Après quelque vain essai, et un trincherazo maison, le torero de Galapagar, s’en alla vers d’autres triomphes. José Tomas est passé ! Il doit à Dax un vrai grand triomphe pour le mano a mano avec Ponce, en septembre.

     Sebastien Castella  toréait sa troisième corrida de toros. On le vit sérieux, appliqué, faisant les choses proprement, face à son premier, très bien armé et brave. Faena propre, un peu froide, débutée avant l’heure par trois doblones, muleta d’une main, montera de l’autre, la cuadrilla ayant laissé échapper le bicho à l’heure du brindis. Calme et torero, le garçon ! A la troisième sortie, chapeau ! Le public applaudit gentiment, mais ne s’enthousiasma pas. Pinchazo et bonne épée précédèrent une courte ovation. Le sixième chargea méchamment en début de trasteo, pointant à chaque passage au niveau des mollets, puis, peu à peu, serra les freins. Compliqué, d’autant que la tarde coulait dans l’anthracite, et que la feria préparait déjà son au revoir. Sebastian conclut vite, salua modestement et s’en alla vers Illumbe, qui le vit triompher si fort, en février dernier.

     Corrida grise, corrida à oublier. Deux oreilles qui ne veulent rien dire, mais deux trophées de plus au tableau de marque. Exit la feria 2000…Les boulistes peuvent réinvestir le parc Théodore Denis, et l’on peut maintenant libérer, là-bas,  la statue du toro, de sa prison de grillage. Pobre de mi ! !