Reseña du Lundi 14 août

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FINITO DE CORDOBA « ENTRE », DEFINITIVEMENT, EN FRANCE

       14 Août – Dax – 3ème de Feria : Cela faisait longtemps que l’on y pensait, et cette année, plus que jamais. Toreo de classe, alliant technique et expression artistique, Finito de Cordoba aurait dû, depuis longtemps, être un des « toreros de la France ». Cependant, son humeur fantasque et une régularité en pointillés, l’ont toujours affublé de qualificatifs du genre: fragile, inconstant… Et c’est en partie vrai. Faisant le yoyo entre les plus hauts sommets, comme en 93, et le « bas du bas-fond », Juan Serrano a souvent fait souffrir ses admirateurs, tandis que sceptiques et francs détracteurs se frottaient le ventre en le voyant « patiner » dans la plaza, mais en pleine forme, sous les caméras de « Gente » Cependant, 1994 nous l’avait montré brillant, à Mont de Marsan et Bayonne. Dax n’avait pas eu cette chance.  Puis, plus rien !

       Après « un gros tunnel », Finito a débuté cette année 2000 en trombe. Equateur, Vénézuela, pour chauffer les moteurs ;  à Huelva, un toro gracié pour ouvrir les débats, en Espagne ; une magnifique feria de Séville ; de bons passages un peu partout, et un autre toro gracié, à Barcelone, cette fois. Souvent, le sorteo sourit aux toreros « embalados ». Finito se sent bien, se sent torero, et le démontre. Idées claires, planta firme, il torée et triomphe. Cela semble si facile…
       Un grand plaisir de voir sortir à hombros le Finito, ce jour, de la plaza de Dax. Son triomphe est entier, sans contestation, même si certains diront que la corrida du Marquis de Domecq était noblisima. Et alors ? La veille, il s’était « envoyé » un Fraile « Fraile », en plaza de Pontevedra. Aujourd’hui, il toréa en accord avec les qualités et défauts des Marquis. On ne fera pas la méchante remarque : Qu’aurait fait Ruiz Manuel avec ses bichos ? Qu’aurions nous vu, avec le Cordobes ?

       Ciel de rêve, lleno, pour cette troisième de feria qui, dit-on, n’a pas décollé. La corrida va, malheureusement, connaître un moment tragique, et se transformer en mano a mano, le Cordobes, un moment distrait, se faisant percuter par le deuxième, sur une oleada, au centre du ruedo, alors qu’il voulait protéger la sortie de ses picadors. Longuement porté, secoué, fracassé au sol, Manuel Diaz se releva, grimaçant et se tenant le bras droit. Après examen et radios, il semble que les dégâts se réduisent heureusement à une luxation du coude droit. Quelle temporada  terrible pour le blond torero !

       Les toros du Marquis de Domecq ont fait plaisir à voir, dans la mesure où le lot fut homogène, bien fait, en général bien armé, sortant avec alegria, un peu abanto, distrait, correton, sin fijeza dans les capes, à part le sixième qui, mala suerte, se démettra l’antérieur  gauche et sera rentré, remplacé par un Nunez del Cuvillo, bas, très armé, brave et noble. Les Marquis ont fait leur devoir aux piques, sans se faire prier, mais sans excès. A la muleta, à part le deuxième qui débuta « en vache », ils montrèrent noblesse, mobilité, avec un poil de soseria, de candeur.

       Juan Serrano « Finito de Cordoba » a justement coupé l’oreille du premier, pour une faena « à mas », toréant con gusto, principalement sur la main droite, terminant ses séries par de longs pechos tournés. Il avait débuté en forçant un peu la figure, pour allonger la charge. Il termina, redressé, serein, parsemant son final d’adornos de classe. Casi entera, un peu ladeada et un premier trophée, sous l’ovation ravie.(Face à ce bicho d’ouverture, deux grandes paires de banderilles de Grégorio Cruz Velez, qui dut saluer). Le Finito aurait du couper sa seconde oreille, ou donner une grosse vuelta que le public demanda (refusée poliment) après le lidia du deuxième, un  nerveux qui venait de prendre le Cordobes.

      Le torero soigna son début de faena, réduisant les velléités du bicho, et poursuivant magnifiquement son trasteo, alliant technique, poderio et esthétique. Hélas, deux pinchazos gâchèrent un peu la fête, mais non la joie des aficionados. Par contre, la faena du quatrième alla crescendo, alternant le toreo fondamental, sur les deux mains, muy asentado, gustandose. Muy torero ! Final par manoletinas et adornos de classe et, après pinchazo sin soltar, une entière qui libère une énorme ovation, avec pétition impérative de deux oreilles. Vuelta rayonnante et le sourire sur tous les visages. Enhorabuena, Senor Torero !
       Ruiz Manuel était triste, comme abasourdi d’avoir laissé passer trois toros. En fait, Ruiz Manuel semble souvent triste et abasourdi… Quelques bons succès, chaque année, en sa plaza d’Almeria, suscitent « re-surprise et re-espoir », mais hélas, des productions telles que celle d’hier, ne sont pas faites pour provoquer une explosion. Ou alors, à retardement, peut-être ! ! ! A son crédit, la réception au capote, du sixième Domecq, enchaînant les véroniques jusqu’au centre. Le Cuvillo qui suivit, et leva piquero plus monture, plus haut que l’estribo, lui permit de répéter son muleteo raide, sans imagination ni saveur, se faisant  gentiment  bousculer par des bichos qui lui offraient « une oreille attentive », sinon deux . Il tua ses trois toros de la même façon, peu orthodoxe, mais efficace. Eteint, Ruiz Manuel. Espérons que les belles d’Alméria « le rallumeront ». Pourtant, à Dax, elles ne sont pas mal non plus…pas vrai, Elise ?
       Grande et belle tarde de toros. Toreo « a lo grande » et un joli sourire, dans les yeux du Finito de Cordoba qui, en ce 14 Août 2000, est définitivement  « entré » en France.