L'ACTUALITÉ TAURINE
(Mars 2002)

 

TEMPORADA 2002 : LES PREMIERS FEUX…

     1er Mars :  C’est parti ! La saison a vraiment débuté, en Espagne.
     Certes, plusieurs mini ferias avaient essuyé les plâtres, comme Valdemorillo qui, malheureusement est presque tombée au rang d’anecdotique. Certes, Nîmes a fêté, un peu tôt, sa Primavera. Mais il reste à « régler le tir ».
     La temporad a débuté, vraiment, hier, « Dia de Andalucia »… Elle ne s’arrêtera pas avant Octobre, avant Jaen.
     Le monde peut bien basculer, les canons tonner, les politiques s’entre dévorer en souriant, les cyclistes continuer à se piquer, les toreros eux, n’auront que leurs armes : Cape, muleta, épée, d’une part…. Technique, courage, « ilusion » et… duende, pour certains d’entre eux, de l’autre.
     Les picadors chemineront au pas lourd de leurs bottes d’acier. Les banderilleros distribueront des bisous, ou plus si affinité, aux aficionadas de rencontre. Une fille dans chaque port ! Une belle dans chaque feria… Le mozo de espada, continuera à « faire la silla », comme on le lui a appris… mais il devra prendre un peu plus de temps pour faire les comptes…Euro oblige ! Le chauffeur continuera inlassablement à nettoyer son pare-brise… C’est ainsi !
     L’apoderado multipliera les abrazos et les coups de fil, en faisant ses calculs… et quelques caprices. Le revistero aura acheté un nouveau calepin, et Cano, le photographe...de nouvelles lunettes ! 
     Et tout ce joli monde déambulera, le portable à l’oreille, en tuant le temps… avant le premier paseo, le premier toro, la première grosse feria…Tous, ils bavarderont, avec un air faussement confiant et tous « muy ilusionados »… Pendant ce temps, dans la semi obscurité de sa chambre d’hôtel, le matador attendra aussi, la tête pleine de questions, du style « Serai-je le même que l’an passé ? » ; « Pourrai je encore faire face aux jeunes qui poussent fort ? » ; « Est-ce que l’épée, la maldita espada, va mieux fonctionner ? », et ils pensent, et ils pensent, et le temps n’avance pas vite…
     Le calendrier est immuable. Tout à l’heure, à Madrid, Olivenza ou Castellon, la porte des cuadrillas, s’ouvrira, et avant d’entrer sur le sable, on en caressera la bois… « Que todo salga bien ! Que haya mucha suerte pa todos ! Surtout pour nous ! » 
     La saison est partie. Rien ne l’arrêtera. Faite de triomphe d’apothéoses et de rudes défaites, elle écrira une nouvelle histoire « d’hommes et de toros », sans se préoccuper des mauvais vents, sauf ceux qui soulèvent les capes… et les jupes des filles.
     Toreros, de toutes classes et catégories, ils mettent un point d’honneur à être là, rasés de frais, magnifiquement habillés de lumières, pleins de superbe et pourtant si fragiles… Que haya suerte, señores ! et « vraiment », para todos ! »

     Début de saison, hier, avec le grand festival du Puerto Santa Maria. Abellan a coupé un rabo, et le Morante a gâché un faenon, avec l’épée. A Cabra, première télévisée, et première corrida « écroulée », ou croulante.
     Ce soir, le festival de Cordoba est télévisé sur la deuxième de Tve. Demain, Olivenza ! Après demain dimanche, Madrid ouvre ses portes et Castellon de la Plana ouvre le bal des grandes ferias… On vous le dit : C’est parti !

     28 Février – Puerto Santa Maria – Festival au profit des familles d’enfants handicapés d’Andalousie – Media plaza, malheureusement : Le festival a été marqué par la grande prestation de Miguel Abellan, en dernière position, coupant tous les trophées à un grand novillo de Guadalest à qui on donna vuelta al ruedo. Autre sommet, la grande faena (que Mundotoro qualifie de « bellisima ») du Morante de la Puebla, hélas gâchée avec l’épée. Au bilan final :
     Fermin Bohorquez coupe les deux oreilles d’un toro de son fer.
     Ortega Cano : Deux oreilles d’un toro de Martelilla
     Enrique Ponce : Deux oreilles d’un Marquis de Domecq
     Vicente Barrera : Ovation, devant un sobrero de Fuente Ymbro
     Javier Conde : Palmas, avec un Manolo Gonzalez
     Morante de la Puebla : Ovation, devant un bon Torrestrella
     Miguel Abellan : Deux oreilles et la queue d’un magnifique novillo de Guadalest (Vuelta al toro)

     28 Février – Cabra (Cordoba) – Corrida du « Dia de Andalucia » - Arène quasi pleine -  Corrida télévisée sur canal Andalucia :  Un public de fête qui s’ébroua gentiment et laissa passer un lot des frères Tornay, bien noble et bien faible. Dire que l’on applaudit follement un desplante à genoux, devant un toro…à genoux, veut tout dire.
     Malgré ce, on retiendra, le bon toreo classique et sobre du Finito de Cordoba. Applaudissements et une oreille – De même la grande vibration retrouvée du Cordobes. Une et deux oreilles – Enfin, la grande facilité technique et une sorte d’envie retrouvée, de Francisco Rivera Ordoñez. Oreille, par deux fois.

    28 Février – Cazalla de la Sierra (Séville) : A noter le très bonne sortie d’un torero qui reste une promesse, attendant son tour : Luis Vilches. Hier, il a essayé de faire regretter à l’Empresa de Séville sa « non inclusion » dans les cartels de la Feria d’Avril. Il y est magnifiquement parvenu, coupant trois oreilles à une corrida bien inégale de Gabriel Rojas. Actuacion « a mas », avec d’excellents moments, en particulier sur main gauche. Un torero à suivre, à découvrir.
     A ses côtés, Pepe Luis Vazquez et Victor Puerto ont un peu patiné. Applaudissements et silence.

 

LA TELE REPREND DU SERVICE…

     1er Mars : Enfin quelques nouvelles, devant l’écran vide de toros.
     Chez nous « Canal plus » veut faire des économies de bout de chandelle en supprimant les toros, mais a du engager huit secrétaires pour ouvrir le courrier de protestation. « Mécier beaucoup, monsieur ! »

     En Espagne, « Tendido Cero » reprend avec nouvelle grille, nouvelle durée, nouvel horaire, nouvelles séquences ! La seule chose qui ne change pas: le présentateur ! Au fond, on s’en plaindra pas trop !
     « Tendido Cero » reprendra le Jeudi 7 Mars. On le retrouvera, tous les jeudis, sur la Deuxième de TVE, de 18 à 19 heures. En principe, ces horaires seront respectés. (On prie les coureurs cyclistes de toutes les épreuves précédant la diffusion de notre programme taurin hebdo préféré, de « doubler la dose », pour arriver à l’heure ! Siouplaît !)

     La Télévision nationale, première chaîne, attaque ses retransmissions en direct, aujourd’hui, 1er Mars, depuis la plaza de Los Califas, à Cordoue, pour le festival en faveur de la lutte contre le Cancer. 17 heures, en principe. (Allumez quand même avant et servez vous un coca ! Patience ! On ne sait jamais ! »). Au Cartel : Finito de Cordoba – Julio Aparicio - Canales Rivera – Jose Luis Moreno – Davila Miura, encadrant les novilleros Jose Luis Dorado et Manolo Martinez. Novillos de ganaderias différentes.
     A priori, il n’y aurait pas de corridas diffusées en direct des Fallas de Valencia. On avait pourtant parlé du 14 Mars.

     Côté « Via Digital », on aura, en direct de San Sebastian, les demi finales et la finale du Vème concours des Novilleros, ainsi que les deux corridas de luxe qui les accompagneront. Tout cela se déroulera les 22, 23, 24 puis 30 et 31 Mars.
     Via Digital ne retransmettra rien de Castellon, ni de Valencia.
     Pour ce qui est de Séville, « wait and see ! » comme on dit à Gibraltar, car, depuis qu’un commando de Marine a débarqué « sur la mauvaise plage », tous les pêcheurs andalous ont appris le British… Ozu !

 

TERTULIA…AVANT OLIVENZA !

     2 Mars : Les aficionados savent ce qu’est une tertulia…
     Debout ou attablés derrière un fino et une assiette de tapas, on écoute, on échange, on discute… Sur quoi ? Sur tout, à condition que ce soit de toros… De la corrida qu’on vient de voir, de la temporada passée, de la future feria. Des fois, on bifurque d’un coup vers le rugby ou le foot, quelquefois la politique, mais si peu… 
     Les échanges peuvent être vifs, mais ils sont toujours corrects, et finissent souvent autour d’un verre, entre deux éclats de rire et un « Tu sais, je ne suis pas loin d’être d’accord avec toi ! »…
     Ce qui frappe, quels que soient les opinions : la convivialité et la bonne éducation. Aussi, quand on regarde ceux qui prétendent vouloir nous gouverner, nous montrer le chemin, et quand on entend les mots qu’ils utilisent, on a envie de leur dire : « Mais venez donc assister à une tertulia, à Bayonne, à Nîmes ; à Dax, Mont de Marsan, Arles ou Béziers. Mais venez donc, et vous verrez qu’on peut se chamailler, « batailler », comme on dit, sans pour cela « parler gras » ou lancer des insultes à l’adversaire du moment, parce qu’il ne pense pas comme vous ».
     A cet ancien ministre qui accuse l’autre bord de « remuer la merde » ; A cette ancienne ministre, toute verte, qui exhorte ses troupes pâlissantes d’un brutal « On se met au boulot, oui ou merde ? »… vient s’ajouter une qualificatif, susurré par le porte parole des grands « Y’a qu’à ! » de droite, au sujet du livre que vient de sortir, hier, le premier « Y’a qu’à ! » de gauche : Ce monsieur au sourire aussi amidonné que le col de sa chemise, a déclaré devant micros et caméras, qu’il a trouvé l’ouvrage « très chiant ! »…
     Pourquoi, encore une fois, se prêter à tant de vulgarité, alors que cette vulgarité est la base même du non respect, premier pas vers la violence qu’on veut soit-disant combattre ? Comment allons nous, ensuite, rabrouer les moutard de neuf ans qui vous sort, tout de go : « La maîtresse, elle est vraiment chiante ! Elle n’arrête pas de remuer la merde ! Maman, tu me donnes mon joint, oui ou merde ? »      Vraiment, le monde politique… « devient t’chiant » !
     Dans les tertulias, on n’est pas d’accord, et on se le dit ! Pourtant, malgré de rudes empoignades verbales, on n’utilise guère les anathèmes et les vulgarités faciles. Tout simplement parce que l’on parle de gens qui se sont joués la peau, ou vont se la jouer…
     Vous, messieurs, mesdames « qu’on nomme grands ! », que vous jouez-vous ? Un peu de gloriole ? votre bon profil à la télé ? un bout de « tapis rouge » ? S’il vous plaît, respectez le monde, et respectez vous… Alors, peut-être voterons nous pour le plus « respectable »…

     Tertulia d’avant feria… d’avant “mini feria” d’Olivenza! Trois spectacles, trois événements qui vont, peut-être, préfigurer ce que sera 2002…
     Allez ! on en parle, en trois phrases ! Sur l’estrade, au micro, un quidam qui ramène sa science, ou un aficionado qui dit franchement ce qu’il pense. (Ici, on est plutôt du « deuxième tonneau » !) Dans la salle, une foule de quidams, aficionados tout aussi respectables, qui écoutent, sourient ou froncent les sourcils, et demandent la parole… (Ici, vous avez notre Email ! allez y franco !). On y va !

     « Olivenza 2002 » est elle importante ? Non, si l’on parle de cette gigantesque aventure pleine de rebondissements qu’est une temporada taurine. Oui, si l’on tient compte du fait qu’en trois spectacles vont se mettre en place, là, sur le sable, les gros défis de la saison… Laissons la « presse du cœur » faire ses minauderies, et restons « en aficionados » ! Deux corridas et une novillada. C’est peu, et cela se passe dans une arène de troisième catégorie. Pas de quoi hisser le grand foc !
     Et pourtant, dans chacun de ses trois spectacles, se joue quelque chose… un espoir d’horizon plus bleu, (ou, à l’inverse, quelques noirs nuages) ; une illusion retrouvée ; quelque promesse (ou, à l’inverse, la confirmation de quelque crainte)… La presse taurine mondiale, ne s’y trompe pas, qui a les yeux fixés sur le week end d’Olivenza, point de départ d’une importante temporada 2002…
     Voyons donc, en une courte tertulia, les points d’interrogation (ou d’exclamation) d’Olivenza :

     Ce samedi 2 Mars : Corrida de Torrealta, pour Paco Ojeda, Finito de Cordoba et le Juli.
     Soyons clairs, tous les toros viendront « a modo », pour vedettes en plaza de troisième… Cependant, on espère qu’il n’y aura pas trop d’exagération (sinon, encore des « admonestations », encore « des blâmes » !). Ce qu’il faudra suivre : race et forces. C’est la grande question 2002.
     Paco Ojeda revient. C’est la grande inconnue, mais on ne peut franchement penser qu’il sera, en Espagne, autre qu’il n’a été, cet hiver au Pérou et au Mexique. Empâté, empoté… La presse a été très dure, à Mexico. Ici, le public va exiger beaucoup, et risque d’être féroce. On espère chanter un grand retour, mais franchement, on peut en douter.
     Finito de Cordoba est fortement grippé. Sera t’il là ? Hier, il s’est abstenu de toréer le Festival de Cordoue, et s’est fait représenter par sa belle épouse, le soir, à la remise du trophée « Manolete » 2001. S’il fait le paseo, Finito devra asseoir définitivement la grande catégorie de son toreo, classique, sobre et techniquement artistique, face au baroque d’Ojeda, et au « toreo champagne », du Juli.
     Julian Lopez ouvre « le feu 2002 ». De fait, il ne l’a jamais éteint. Revenant du Mexique et de Colombie où il  fait un tabac, le jeune a un peu « mal au cou », mais il est affûté et va tout défoncer. A suivre, cette année : de réels progrès à la muleta : Plus d’ampleur, plus de lenteur… presque du toréo artistique.

     Demain matin, dimanche 3 Mars : Novillada de Torrealta, pour Nuno Velasques, David Galan et Jose Mari Manzanares.
     Le jeune portugais pourra t’il jouer sa carte et marquer la corrida de son souvenir ? Si les deux autres se plantent, oui ! David Galan est une espèce de nouveau typhon qui sait parfois se calmer. On veut en faire la vedette 2002. Pour le moment, le moins que l’on puisse dire, c’est que ce nouveau « 100000 volts » devrait viser quelqu’économie d’énergie.
     L’événement sera la présentation en Espagne, en novillada piquée, du Fils de Jose Mari Manzanares. On sait que Nîmes a joué un bon tour à Olivenza, lui piquant « la première piquée », mais on sait également qu’en deux novilladas, le jeune a montré quelques promesses, mais n’a pu les tenir. La presse attend la novillada d’Olivenza, avant de lâcher quelques épithètes. Le jeune le sait, son papa aussi. Petite inquiétude, on espère que les Torrealtas ne seront pas du même tonneau que ceux de Nîmes.

     Demain après-midi, dimanche 3 Mars : Corrida de Juan Pedro Domecq, pour Joselito, Jose Tomas et Morante de la Puebla.
     Trois toreros, trois questions : Joselito revient il avec une ambition retrouvée, et décidé à marquer la saison de son empreinte ? Sa fin de temporada 2001 et Quito, semblent arguer dans ce sens… Cependant, l’hiver est passé, et à la chaleur du doux foyer, peuvent fondre les bonnes résolutions… On le verra très vite : Ou Joselito « erre et  boude », ou « il est à tout », essaye tout, en torero. Alors, on peut penser que l’on va se régaler, cette année.
     Jose Tomas revient, après une saison 2001 très discutable, et très discutée… Pour arranger le tout, « l’Amérique » a été un vrai fracaso… Depuis, on ne l’a plus vu. Que nous réserve t’il ? Suffira t’il de trois muletazos « verticaux », sans bouger un cil, pour relancer la Tomasitis ? A ver lo que pasa ! Ce qui est certain : Jose Tomas est, cette année, face à son destin…
     Morante de la Puebla a fait un caprice, et se retrouve « hors de Séville ». Olivenza est une opportunité de faire regretter à l’aficion et à la presse, de ne pas l’avoir soutenu dans ses prétentions, face à son ennemi de toujours, Eduardo Canorea. Il a monté un faenon, l’autre jour au Puerto, mais à mal tué. Il faut à tout prix qu’il coupe, et « avec la manière », à Olivenza, et Valencia. Sinon… Eduardo avait raison…

     Demain soir, on dansera, ou on se lamentera:  "Olivenza, Olivenza… morne pleine !"
     Mais rassurez-vous… Lundi, la politique sera toujours aussi puante, mais… il y aura d’autres tertulias !   

 

ILLUMBE… LA GRANDE LIGNE DROITE

     2 Mars : Le Vème concours international des Novilleros de San Sebastian n’a pas encore « vraiment débuté »… Des jeunes se sont produits et ont fait leur maximum, mais « l’étincelle » n’a pas eu lieu…
     Cette étincelle devrait se produire sur les deux dernières novilladas « éliminatoires » : celle de ce samedi 2 Mars, et celle de samedi prochain.

     Cruel dilemme, aujourd’hui : rester au chaud et regarder « France Angleterre » à la Télé… ou « aller se peler » à Illumbe, pour faire le point sur Cesar Jimenez, qu’encadreront le mexicain Fabian Barba et cette autre promesse qu’est Ivan Garcia, face à une novillada de Fuente Ymbro, dont on sait la qualité… Difficile, non ! Que feriez vous, vous ?
     Samedi prochain, on suivra Leandro Marcos, Javier Valverde et Julien Lescarret, devant des novillos d’Ana Bohorquez (ref : 14 Juillet, l’an passé, à Bayonne)

     Les novilleros toréent tous bien, maintenant. Bien sûr, « ils s’emmêlent un peu les muletazos », parfois, et c’est bien ainsi. Hier, par exemple, au festival de Cordoue, les deux jeunes ont souffert, mais « la ilusion » était là, et, malgré les difficultés, ils se sont montrés « en toreros »…
     Tous, ils toréent bien. Mais ce que l’on attend, c’est celui qui torée mieux, avec « sello propio », cette personnalité, ce style qui lui est propre, le sentiment qu’il nous transmet… Celui là, on le cherche, et quand on croit l’avoir trouvé, on court derrière pour revivre cette sensation…
     Cesar Jimenez est il « le grand » de demain ? Beaucoup le disent… Lui doit se le répéter tous les jours, devant sa glace… Bueno ! C’est pas le tout, faudra le prouver et essayer de faire l’unanimité.
     Triomphateur d’Arnedo 2001, ayant bien débuté 2002 à Nîmes, Jimenez va devoir ce qualifier pour la finale d’un trophée qui lui est destiné… sur le papier. Il lui a échappé, l’an passé, très clairement. Cette année, les challenges sont lourds, des six novillos en unico espada, à Madrid, à l’alternative, le 9 mai, à Nîmes. Cesar Jimenez doit marquer un gros coup en plaza d’Illumbe, et cela commence… cet après midi. Cela peut être passionnant.
     Donc, « France-Angleterre », au magnétoscope, ce soir… avec un bon grog ! 

     Pour revenir au festival d’hier, télévisé en direct de Cordoba, on dira simplement que les absences du Finito, grippé, et d’Aparicio, pour des raisons plus obscures, n’ont pas empêché un nombreux public d’aller apporter son aide à la lutte contre le Cancer.  Les toreros ont essayé de faire au mieux, mais les toros ne leur ont guère facilité les choses.
     Bon toreo de Juan Carlos Garcia et Jose Luis Moreno, face à deux novillos de La Quinta et Fuente Ymbro, muy buenos. Les épées sont tombées un peu bas, mais on était en festival : Oreille à chacun – Canales Rivera a donné un bon quite par navarras, puis s’est planté, dans tous les sens du terme, devant un faible de Jaralta. Pour arranger le tout, deux épées « traversantes »… Ovation, quand même – Davila Miura s’est fait peur devant un manso violent de Morilla. Rien à faire d’autre qu’à parer les coups et « essayer » de ne pas s’enfuir. Applaudissements – Triomphe d’Anibal Ruiz, qu’on avait appelé en début d’après midi, pour remplacer Aparicio. Face à un Victoriano del Rio de presque six ans, « suraffeité », même pour un festival (admonestation !), le jeune fit feu de tous bois, alternant le sincère et le « gros trompe l’œil ». Pinchazo et une entière « à la vapeur », pour deux oreilles « bien festivalières » - Les deux novilleros du coin, Manuel Martinez et Andres Luis Dorado, ont mis toute leur bonne volonté pour venir à bout d’un Roman Sorando et d’un autre de La Castilleja. Ont encore du travail, mais sont pleins « de ilusion ! »! Et c’est le principal.

     Ahh ! A propos… « Allez, la France ! »

 

OLIVENZA : CE QUE L’ON POUVAIT CRAINDRE…

     3 Mars : En tauromachie, il n’y a pas de miracle. Quelquefois, la rencontre d’un grand toro et d’un homme tout à coup rasséréné et inspiré, provoque une émotion qui peut friser le paroxysme. Exemple : La rencontre d’Espartaco, avec le toro « Facultades », en 85, à Séville. Un toro et une faena qui allaient changer la vision que beaucoup avaient du blond torero d’Espartinas.
     Mais en général, le toro met chacun à sa place. Ceux qui sont « en haut » n’y sont pas par hasard. Y parvenir est très dur ; s’y maintenir l’est encore plus… Y revenir relève du surhumain.
     Paco Ojeda a effectué son retour, hier, dans le grand bain des ruedos espagnols. Il l’a fait  « chez lui », à deux pas de sa finca… et pourtant, il n’a rencontré que le froideur d’un public qui chercha vainement « le Paco » qui, il y a 15 ans, dressait les foules sur le tendido.
     A 46 ans, Ojeda tente un « come back » bien risqué. Sa dernière époque de matador de toros n’avait guère été convaincante, excepté en de rares occasions. Son retour, pour une sortie, à Dax, avait laissé plus d’un aficionado, dubitatif. Le Sanluqueño était alors parti vers les folles galopades du Rejoneo, où il s’était fait une place, tout en puissance. Tout à coup, il s’était arrêté, avait vendu tous ses chevaux, et, de plus en plus, le rumeur prenait corps : « Paco Ojeda va reprendre l’épée ».
     Ceux qui le connaissions et l’aimions, ne pûmes nous empêcher de pâlir un brin… La crainte était double : Premièrement, le torero avait changé, physiquement. Déjà lourd, à sa grande époque, bâti comme un troisième ligne, Ojeda  avait beaucoup « forci », au long de ces années… et le public d’aujourd’hui accepte mal des silhouettes enveloppées, même si elles sont « géniales »… Deuxièmement, et le principal : Le toreo a changé. Le « bout portant » n’est plus de mise, depuis qu’en 1991, un petit indien s’est mis « à vingt mètres », et a donné toutes ses chances au toro… Il s’appelait Cesar Rincon, et il a précipité le départ d’un Ojeda qui, par ailleurs, avait de plus en plus de mal à « rester là »…
     2002 : Ojeda décide de revenir. On respecte cela, mais on frémit. Comment le sanluqueño parviendra t’il à refaire ce qu’il ne pouvait plus faire, avant sa retraite ? Comment y parviendra t’il, dix ans après, alors que le toreo a changé, que l’escalafon est empli de toreros en forme et au sommet de leur art? Comment Paco Ojeda pense t’il convaincre un public qui viendra retrouver les émotions passées ? Ce sera très dur… De plus, il lui faudra retrouver « son toro »… et ce sera « encore » plus dur.
     Hier, Paco Ojeda est revenu. Les jeunes ont coupé les oreilles, et lui s’est démené, laborieusement. La corrida est sortie mauvaise, et l’on a noté les efforts du torero. Le crédit reste donc « entre ouvert ». Cependant, on a senti quelque essoufflement, en fin de première faena, et des gestes trop ostentatoires pour montrer « qu’il n’avait pas changé ! », devant son deuxième adversaire. Un peu comme pour se convaincre lui-même… A part à la cape, le public n’a pas retrouvé l’Ojeda de ses souvenirs… Comme on pouvait le craindre.
     Dans quelques jours, ce sera Castellon ! On sera en feria, et les choses peuvent se compliquer. Il faut attendre et, tout en respectant l’homme et ses courageux efforts, lui dire de rester « en Ojeda », c’est à dire « ne tromper personne, à commencer par soi-même »…

     2 Mars – Olivenza – Plaza pleine – Temps mitigé, très frais : Grosse attente et beaucoup de visages connus dans le public. Au premier rang, Don Jaime de Marichalar, à qui les toreros brindèrent faena. On aperçoit également Jesulin de Ubrique, Cristina Sanchez, Oscar Higares…
     La corrida est sortie mauvaise. Deux des Torrealta sont remplacés par des Guadalest, sortis 1 et 3ème. Corrida moyennement présentée, mais falta de raza, sans grande force, tournant au compliqué. Seul, le deuxième donna un peu de jeu, tant au cheval qu’à la muleta du Finito.
     Vêtu de rouge et or, Paco Ojeda reprit l’épée, devant le toro « Jaradero », de Guadalest. Il le fit trop piquer, et alterna le bon et le très mauvais, dans une ambiance très froide. En fin de faena, le sanluqueño se mit dans son sitio, et s’essouffla quelque peu. Trois pinchazos et une basse. Silence dans les tendidos. Le meilleur de son actuacion : sa réception de cape, au quatrième, par amples véroniques en chargeant la suerte. Puis ce fut une faena en deux temps : première partie, toréant très despatarrado, le compas exagérément ouvert, et en fin de trasteo, un dramatique effort  pour montrer qu’il était resté le même. Pinchazo et deux descabellos. On l’ovationna, et on le respecte, pour le moment. Il faut attendre…
     Finito de Cordoba a été très bien face au bon deuxième. Faena technique et très pure, en particulier sur la main gauche. Pinchazo et une entière. Une oreille. Par contre, le cinquième le fit patiner, le cordouan renonçant à l’attaquer. Mauvais final en deux piqûres, un trois quarts de lame et trois descabellos. Deux avis et palmas.
     El Juli n’a rien pu faire face au mauvais Guadalest, sorti en remplacement d’un Torrealta qui n’y voyait guère. Le torero fit de vains efforts, terminant sous l’ovation. Le sixième ne valait guère mieux. Le Juli sortit la hargne, la caste que le toro n’avait pas, et partit à l’assaut, poussant l'adversaire dans ses derniers retranchements. Grosse estocade, pour une oreille, avec pétition de la deuxième.

     Premier round perdu « aux points », par Paco Ojeda. Il y a des excuses. Les prochains rendez vous seront d’une importance vitale. Ojeda ne peut se permettre d’arriver « mal », à Séville.

     Olivenza, aujourd’hui, 3 mars : Double session, avec la présentation de Manzanares Junior, ce matin, et le début de saison de Jose Tomas, ce soir, encadré de Joselito et Morante de la Puebla.

 

ILLUMBE : UN VRAI NOVILLERO…

     3 Mars : Avant dernière novillada éliminatoire, hier, au concours de San Sebastian. Novillada très intéressante de Fuente Ymbro. Des toros très bien présentés, solides sur leurs pattes, mobiles, nobles sans innocence, pour peu qu’on veuille se mettre devant et faire les choses « bien »… Novillada qui a permis aux hommes de s’exprimer. Encore fallait il qu’ils en soient capables…
     La « vedette » du cartel était Cesar Jimenez. Pour dire les choses clairement, il a connu un fracaso total, pour une raison essentielle, toujours la même : Il « se regarde » toréer, et se trouve très beau. Du coup, il ne s’impose pas au toro, reste sur la marge, et finit par se mettre en danger. Avec l’épée, fatal !Ceci, conséquence de cela. Cependant, comme il semble s’installer une « Jimenitis », on applaudit chacun de ses gestes.
     Ivan Garcia a coupé l’oreille du dernier, un formidable novillo, du nom de « Marques », plein de bravoure et de noblesse. Le novillero n’en profita que partiellement, alternant de bons muletazos, avec d’autres bien plus approximatifs. Une oreille à un novillo qui en offrait deux. Cela dit, Garcia se montra facile au capote, vibrant aux banderilles, et tueur « habile ». A son crédit, l’attention qu’il porte à la lidia de ses compagnons. Il fut très rapide à se lancer au quite sur deux cogidas de ses collègues. Muy bien !
     Reste le troisième homme, le modeste, « l’étranger » ! Il est mexicain, il s’appelle Fabian Barba… et il est le vrai triomphateur de la tarde. Planta torera, courage serein, « pensant » bien, devant le toro, Barba s’est comporté un vrai novillero qui dit : « Je veux être torero ! Je vous montre sincèrement ce que je sais faire et je fais le mieux possible ». Touchant deux novillos différemment compliqués, le Mexicain perdit des trophées à cause de l’épée, quoiqu’attaquant haut et droit. Bien au capote, avec de très bonnes choses à la muleta, en particulier des pechos tournés sur l’épaule contraire, Fabian Barba mérite totalement une qualification pour la suite des débats, et l’on espère que le « politiqueo » ne va pas lui jouer quelque mauvais tour. Enhorabuena, torero !

     2 Mars – San Sebastian (Plaza d’Illumbe) – 4ème Novillada éliminatoire du Vème concours international des Novilleros – 1/3 de plaza : Bonne novillada de Fuente Ymbro, très bien présentée, avec un quatrième qui fut un toraco impressionnant. Les novillos se sont montés mobiles, preste à la pique, et loin d’être des anges à la muleta. Le meilleur, et de loin, fut le sixième, terminant plein de noblesse.
     Dans les cuadrillas, les deux picadors de Jimenez ont été en bons professionnels et le Chano a du saluer, pour deux paires de banderilles « de las suyas ».
     Fabian Barba  reçut le premier, un peu distrait, par deux faroles à genoux, de bonnes véroniques, au centre, et une grande demie. Surprise ! Le quite, « muy mejicano » résulta incomplet, auquel répliqua Jimenez par chicuelinas et tafalleras bien combinées. Le toro arrive un peu tardo, à la muleta. Très bon début du mexicain en deux longues séries de derechazos bien tirés, bien templés, clos de grosses passes de poitrine. Re surprise ! Passant sur main gauche, le torero se fait terriblement serrer dans la première naturelle. Il essaie de rectifier ce défaut, revient à droite et s’impose à nouveau. Retour à gauche et… terrible cogida, le torero étant méchamment chargé au sol. Se relevant sans se regarder, Barba va terminer très sereinement, sur la corne droite, alternant le sérieux et l’adorno de bon goût. Soigneusement préparé, un pase de pecho, en demi cercle, « de cartel ». L’oreille est amplement gagnée. Hélas, il y aura deux pinchazos, dans le haut, et une presque entière, en avant et verticale. Un avis et bonne ovation, respectueusement saluée.
     Le quatrième l’impressionna un peu au capote, et on le comprend. Haut, puissant, bien armé, le novillo se montra un patron brutal en début de lidia. Malmenant le picador, il fut insuffisamment piqué, le président prenant la coupable initiative de sonner trop tôt le changement. Catastrophe aux banderilles, le toro prenant le dessus. Début de faena bien bousculé, le toro se montrant noble, mais terriblement bronco, avec un méchant coup de tête, en fin de muletazo. Fabian Barba va l’affronter très courageusement, parvenant même à tirer plusieurs muletazos de qualité. Valiente ! Un pinchazo hondo, dans le haut, et une entière, faisant bien la suerte, mirent fin à ce vrai combat qui méritait une autre récompense qu’une ovation et un nouveau salut au tiers. Très très bien, le mexicain Fabian Barba.
     Cesar Jimenez se montra brillant au capote, à la réception du deuxième. La demie fut une estampe, mais le désarmé qui suivit en réduit l’effet. Début très spectaculaire et torero, les deux genoux en terre : sept muletazos, soit par le haut, soit toréant vraiment la charge du bicho. On le pense parti vers la grande faena. Celle ci  ne viendra pas. On assistera à une suite de muletazos, parfois bons, parfois courts, parfois accrochés… Il faudra, en fin de trasteo, deux passes inversées et deux pechos enchaînés pour  refaire surface. Trois molinetes et une final à genoux, précédant un abaniqueo trop long et trop théâtral. Pinchazo et un bajonazo très laid traduisent le manque de domination de Jimenez qui se fera prier avant de venir saluer l’ovation.
     Le cinquième, colorado bizco, sera bien toréé de cape. On attend un desquite… on aura... une grosse catastrophe. Jimenez débute au centre par une passe changée dans le dos, doublée. C’est très beau quant le torero reste, vertical, impavide… Ca l’est beaucoup moins quand le torero se tortille pour éviter le toro. Certes on le comprend, mais « queda feo ! ». La faena sera une suite de passes rapides, souvent brouillonnes parce que le torero « ne pèse pas » sur le toro, n’impose rien. Final en débandade, accrochage et catastrophe à l’épée. Un avis et une bordée d’applaudissements percés de quelques sifflets. Grosse déception.
     Ivan Garcia donna de bonnes véroniques au troisième, sur le côté gauche. Bien au quite, par navarras et serpentina. Au banderilles, inégal mais poderoso, face à un toro qui arrive « à fond ». Le muletero sera volontaire, débutant par bons doblones. Faena batailleuse et inégale, face à un toro qui marche et « regarde un peu » le torero. Epée entière, en arrière et tombée, provoquant une mort immédiate, avec deguello. Ovation et salut au tiers.
     Le blond novillero eut le mérite d’aller « a mas », devant le magnifique dernier de Jandilla. Banderilles vibrantes et un début de faena qui aurait, peut-être, eu plus d’effet par le haut, car les doblones  firent un peu fléchir le novillo. Heureusement, le bicho reprit du souffle et se mit à charger droit, humiliant, sans donner un seul coup de tête. Garcia s’en aperçut enfin, donnant de bonnes passes, trop isolées. Coup d’épée « à la vapeur » et longue agonie de bravoure du grand novillo. Oreille fort applaudie, mais un petit regret, car le toro méritait mieux.

     Fin de ce quatrième épisode, avec un grand souvenir, de pureté et de courage : Fabian Barba. 
     "Ah! A propos... Monterazo au XV de France! "

 

DANS LES AUTRES PLAZAS…

     3 Mars : Deux corridas et un festival ont marqué l’actualité, hier, loin derrière Olivenza et San Sebastian. A Leganes, la corrida de bienfaisance à rempli les gradins, mais  pas la boîte aux souvenirs. Du côté de Murcia, les toreros ont coupé un sac d’oreilles , mais  il y avait "moins d’un quart d'entrées". En fin, en plaza d’Algesiras, les toreros se sont régalés, et l’actuacion du Cordobes, « le vrai », a été estompée par l’indulto d’un novillo de Yerbabuena par son patron, Ortega Cano.

     2 Mars – Leganes (Madrid) – Corrida au bénéfice « de los niños de la calle en Argentina » - Plaza pleine : Corrida très discrètement présentée de Fernando Peña. Comportement très inégal, tirant à manso.
     Manuel Diaz « El Cordobes », à la tête de cette bonne œuvre, a eu toutes les faveurs du public. Il fit de tout, et très vite. Ovation et deux oreilles, transformées en deux oreilles et la queue, l’espace d’une photo. Bon cœur, mais coquin ! – Rivera Ordoñez a toréé en professionnel et tué en catastrophe. Multiples pinchazos et descabellos au cinquième. Deux avis étant tombés, le troisième approchant, Fran « péta un cable », et puntilla lui même, le bicho encore debout. Il s’y prit à plusieurs reprises, au milieu du scandale. Rivera Ordoñez recevra une amende, pour cette attitude bien peu réglementaire – Miguel Abellan fit du spectacle au dernier, coupant deux oreilles « de gala ».

    2 Mars – Caravaca de la Cruz (Murcia) – Corrida mixte - Moins d’un quart de plaza : Deux novillos de Julio de la Puerta pour le cavalier Joao Moura, qui coupe quatre oreilles.
     A pied, trois toros d’Alcurrucen et un de Daniel Ruiz, pour Eugenio de Mora (ovation et deux oreilles et rabo), et Alfonso Romero (Deux oreilles et deux oreilles et rabo).

     2 Mars – Algesiras – Festival en hommage à Emilio Mera, ex mozo de espadas de Luis Miguel Dominguin – Demi plaza
     Toros de ganaderias différentes avec en vedette, l’indulto du Yerbabuena par Ortega Cano, son propriétaire et éleveur (Deux oreilles et rabo, symboliques)
     Manuel Benitez « El Cordobes » revient et coupe une oreille à un toro des frères Tornay - Ruiz Miguel en fait de même à un Jose Luis Pereda – Ovation pour Emilio Muñoz, devant un Albarran – De même pour Javier Conde, avec un Jandilla – Morante coupe une oreille à un Gavira – Deux trophées pour le novillero Jose Miguel Montoya. Le cavalier Alvaro Montes, quant à lui coupa une oreille.

     Ce dimanche 3 Mars, on suivra, bien sûr, Olivenza ; la corrida de Mexico où Pepin Liria confirmera l’alternative ; l’ouverture de Las Ventas, à Madrid, avec le festival, hommage à Don Manuel Vidrie…
     Mais l’événement sera, surtout, l’ouverture de la Feria de La Magdalena à Castellon de la Plana, avec des tors d’Alcurrucen, pour Victor Puerto, Eugenio de Mora et Miguel Abellan.
     La feria présentera six corridas, une de rejoneo et une novillada, sans discontinuer, jusqu’à dimanche prochain.

     Voir dans notre rubrique « Carteles »

 

RICARDO ORTIZ : PLUS QUE DE LA POUDRE AUX YEUX !

     3 Mars : Un titre bien triste ! Le matador malagueño, fils de Manolo Ortiz, est, on le sait, un torero de vibration, un peu bastote, qui n’hésite devant aucun recours pour triompher. 
     Hélas, la nouvelle que répercute « La Opinion » de Malaga est bien plus grave : Manolo Ortiz a été arrêté, vendredi à 16 heures, par la brigade antidrogue de la Guardi Civil, alors qu’il circulait en compagnie d’un ami, dans une voiture où l’on a découvert 200 grammes de cocaïne. A priori, on ne parle pas… que de consommation.
     Agé de 27 ans, Ricardo Ortiz rentrait du Venezuela, où il a triomphé, le 24 Février dernier. Probable dernière actuacion de ce torero dont les rêves se sont envolés en fumée, pour avoir suivi…la mauvaise ligne.

 

OLIVENZA : DEJA, UNE PREMIERE IDEE…

     4 Mars : La première étape de la temporada 2002 s’est déroulée ce week end, dans un climat pluvieux et froid qui a renvoyé à l’hôtel nombre de toreros qui s’étaient habillés « con ilusion »… Cependant, la mini feria d’Olivenza s’est déroulée, à peine perturbée par la pluie. L’événement était de taille et le public, au rendez vous : Deux llenazos et trois quarts de plaza pour la novillada matinale.
     Côté toros, il faut attendre les grandes ferias. Olivenza est de troisième catégorie et les toros y sortent de trapio réduit, et donc, peut-être, un mobilité accrue. Il y eut de tout, au cours de ces deux jours, les novillos de Torrealta sortent bien meilleurs qu’à Nîmes.
     Du côté de hommes, les « challenges » étaient importants, surtout pour Paco Ojeda, Joselito, Jose Tomas et Morante de la Puebla, sans oublier le fils de Manzanares.

     Hier soir, 3 mars, on pouvait déjà, apporter quelques précisions, et avoir une première idée de ce qui nous attend, en 2002.
     Juli et Finito ont débuté leur saison, fidèles à eux-mêmes : Batailleur, le premier, qui est « monté sur un toro », pour lui arracher un trophée ; Torero de classe, le second, qui va continuer à parsemer la saison de « moments magnifiques ».
     Paco Ojeda est revenu. On a vu, hier, que ce ne fut pas l’apothéose, loin de là. Le triomphe de ses jeunes compagnons élargit encore le fossé. Il faut attendre. Cependant, Paco Ojeda se doit d’être bien à Castellon, et marquer la feria. Et on ne parle pas d’oreilles coupées… Il doit « être bien », sinon…
     Joselito a commencé sur les pointes des pieds, parsemant ses lidias de bons détails, mais sans pousser ses machines à fond… Petite oreille à Olivenza. Là aussi, il faut attendre.
     Jose Tomas a débuté très tôt, et a triomphé. On pouvait s’y attendre. Cependant, il a triomphé « avec la manière », avançant la main, toréant plus « naturel », montrant un peu de la spontanéité perdue. Même son « détracteur premier », Jose Antonio del Moral l’a trouvé très bien au cinquième toro, qu’il a « fabriqué ». Bienvenu donc au Jose Tomas 2002, en espérant que les vieux démons ne reviendront pas le chatouiller.
     Morante de la Puebla jouait gros. Il a illuminé la tarde d’un toreo d’inspiration, tant à la muleta, que dans sa grande réception au capote, du dernier toro. Deux oreilles, en perdant deux autres à l’épée. On respire mieux, du côté de la Puebla del Rio… et ici aussi. Maintenant, il faut absolument « renverser » Valencia, aux Fallas. Le reste viendra tout seul… mais surtout, il faudra tenir, jour après jour…
     Jose Mari Manzanares Junior s’est présenté en Espagne, après le « coup pour rien » de Nîmes. Il a confirmé être « une tête privilégiée », torero à la fois artiste et vaillant. On aura encore plus d’éléments dans 48 heures, après la novillada de Feria, à Castellon.

     Bilan important, donc, de cette première manche à Olivenza. Cela dit, il ne faut rien exagérer, Olivenza est une petite plaza, avec des toros plus aptes au triomphe que dans les grandes ferias. Mais on sait également que le torero marche au mental, et qu’à la limite, peu importent « le trapio et les pitones »…Asi que…

     3 Mars – Olivenza – Novillada matinale –  ¾ de plaza -  Temps froid et pluvieux : La novillada de Torrealta est sortie bien inégale de présence. Bon comportement général, avec noblesse et un peu de faiblesse. Seul le dernier s’est montré plus compliqué.
     Nuno Velasques (Oreille – 2 oreilles) : Très bons détails de ce jeune portugais, encore un peu vert, mais qui diffère de ses prestigieux compatriotes : Il ne banderilles pas, et il est muletero. A suivre.
     David Galan (Deux oreilles - Oreille) a mis le feu, comme on s’y attendait. De bonnes choses, liant beaucoup les passes, puis le feu d’artifice, en souvenir du papa. Cela peut marcher… au début.
     Jose Mari Manzanares (Deux oreilles – Grande ovation) a conquis la plaza, l’aficion et la presse. Grand muletero, ayant le secret du « temple », et dessinant de formidables pases de pecho. Tua bien son premier. Il alla attendre le sixième « a portagayola », puis dut batailler avec le garbanzo de la matinée. Examen de passage réussi. La suite, mardi à Castellon.

     3 Mars – Olivenza – Deuxième corrida – No hay billetes – Temps pluvieux et froid : On attendait cette corrida, pleine de points d’interrogation. Ce fut un récital, et le public ne s’y trompa guère. Six oreilles coupées (il y aurait pu en avoir neuf), et deux diestros a hombros : Jose Tomas et Morante de la Puebla.
     Toros de Juan Pedro Domecq, justes de présence, de bon comportement, en général. Le quatrième se montra le plus compliqué ; le sixième « tenia sus cosas ». Le deuxième a été remplacé par un Parladé, bueno.
     Joselito (Oreille - Silence) a parsemé sa première faena de grands bons détails. Tua en deux temps. L’oreille, dit on, ne s’imposait pas. Par contre, il laissa vite tomber, face au quatrième, et certains le lui reprochèrent.
     Jose Tomas (Oreille – 2 oreilles) a réussi, avec le sourire, une bonne entrée en temporada. Faena pure au premier, mais sans ligazon. Cependant, une bonne nouvelle : Jose Tomas, comme il y a trois ans, « avance la main », va chercher loin la charge du toro, la temple et la  conduit « loin derrière la hanche ». Grandes naturelles mais épée défectueuse. Perd un des deux trophées mérités. Grande faena, construite peu à peu, face au cinquième. A force de sitio et de temple, Tomas a « fabriqué » un toro, sous les acclamations de tous. Gros coup d’épée et deux oreilles méritées, qu’il promena, tout sourire.

    Morante de la Puebla (2 oreilles – Ovation) a enchanté les plus difficiles. Faena de grande esthétique à son premier, avec des moments inimitables. Naturelles profondes, galbées, « de soie », encore rehaussées par le costume prune et noir d’azabache, à la Paula. Formidables remates et adornos lumineux. Son toreo de cape, à la sortie du sixième sera un des grands moments de la feria : Trois véroniques et deux demies « de cartel ». Bonne faena, également, à un toro moins collaborateur. Hélas, trois pinchazos et quatre descabellos… Dommage ! mais il vaut mieux que cela se passe à Olivenza.

      Jose Tomas et le Morante sont sortis en triomphe d’Olivenza, ayant fait « beaucoup plus » qu’avoir coupé des oreilles.

 

CASTELLON: MADELEINE DEBUTE EN GRIS SOMBRE

     4 Mars: Bon! La « mauvaise » est passée, on va pouvoir penser « aux bonnes » ! Digo yo !
     Catastrophe intégrale, pour cette première de la Feria de la Magdalena, à Castellon. Un ganado infumable, des toreros « qui y vont, mais qui n’y vont pas… », des pinchazos et beaucoup de baîllements. Le public s’est mis en colère a partir de la mi course, tant l’ennui était pesant. Mal comienzo ! 

     3 Mars – CASTELLON DE LA PLANA – 1ère de Feria – Un peu plus de media plaza – Mauvais temps froid : Toros de Alcurrucen, correctement présentés, mais mous, sans race, sans jus, terminant totalement éteints. Seul le premier offrit quelques vains espoirs.
     Victor Puerto (Silence après un avis -  Sifflets, après un avis) : Il devait mettre le paquet, Victor, histoire de dire au gens de la région, combien était injuste son absence de Valencia. Cela débuta fort bien avec la cape : Véroniques et quite par chicuelinas. La faena débute par un changement dans le dos. On note de bonnes naturelles et pffft ! plus de toro. Face au quatrième, ce fut long, long, et le public soupira, d’autant qu’il tua laborieusement. Valencia, sur ce coup, n’a rien à regretter.
     Eugenio de Mora (Silence – Sifflets) Premier toro trop piqué, qui trottine lourdement. Eugène baisse trop la main, et le toro dit « je veux plus ! ». Le cinquième sera plus compliqué, et le matador ne se montrera pas sous son meilleur jour.
     Miguel Abellan (Silence avec un avis – Silence) : Deux largas à genoux à son premier, qu’il brinda à Victorino Martin. Faena de mas a menos, tuant mal. Le sixième offrait peut-être quelque possibilité, mais le public « n’y était plus », après deux heurs de profond ennui.

     Ce lundi 4 Mars, deuxième de Feria: Corrida de Palha, pour Luis Miguel Encabo, Davila Miura et Jesus Millan

 

MAUVAIS TEMPS ET SUSPENSIONS

     4 Mars : Il a fait un temps de chien sur l’Espagne, et plusieurs spectacles ont été « suspendidos », ou renvoyés à date ultérieure. C’est le cas du Festival en hommage à Manuel Vidrie, qui devait ouvrir la saison à Las Ventas, de Madrid. On pense que le festival aura lieu, samedi prochain, 9 mars.
     Ont été suspendues ou renvoyées, les corridas de Sanlucar de Barrameda, de Benalmadena et de Berja, où devaient se produire Juan Bautista.
     Il y eut corridas en d’autres lieux, chaque fois marquées par le froid et la grisaille humide.

    3 Mars – Calahorra – 2/3 de plaza - Temps très froid : Toros Juan Perez Tabernero, faible et sans caste. Fue un toston !
     Finito de Cordoba ( Silence – Ovation) : Donna quelques détails de classe, puis partit soigner sa grippe.
     Manolo Caballero (Silence – Ovation) : Fit les efforts, laborieusement, mais ne put rien tirer « de puits sans eau »
     Rivera Ordoñez (Ovation – Oreille) : Se battit avec le dernier, réchauffant un peu la public transi.
     La nouvelle de la journée, va donner beaucoup de travail à la « Prensa Rosa », dite la presse du cœur (tu parles !) : Divorce confirmé officiellement entre Rivera Ordoñez et son épouse. Cela se sentait venir. 

     3 Mars  - Huercal Overa (Almeria) – Peu de gens dans les gradins – Mauvais temps :  Toros de Ana Romero, qui sont sortis très encastés. Les toreros se sont bien battus.
     Antonio Losada (Oreille – Oreille), rappelant les bons souvenirs
     Anibal Ruiz (Oreille – Oreille), tout feu, tout flammes
     Jose Olivencia (Oreille – Deux oreilles), avec caste et sincérité.

 

MEXICO : PEPIN CONFIRME, ET BARRERA PROMET…

     4 Mars : La 19ème corrida de la saison, à la Monumental de Mexico, a été marquée par trois événements, heureux ou malheureux : Le triomphe de Rafael Ortega ; la confirmation d’alternative de Pepin Liria ; le renvoi au corral de deux toros. Rien de bien spécial dans ce dernier points, sinon que le premier mit 56 minutes pour rentrer, et le second, 16 minutes… seulement. Un record !

     La nouvelle du jour : La Casa Chopera va apoderer Antonio Barrera, ce sévillan qui fait parler de lui, au Mexique, depuis trois ans. On va le voir à Séville, pour la feria, mais il est aussi fort probable que l’on suivra la nouvelle recrue des Chopera, dans les plazas du Sud Ouest. Bueno !

     3 Mars – Mexico (Plaza Monumental) – 19ème corrida de la Saison – 12000 personnes, environ – Beau temps : On attendait les « Atanasio » de Barralva. La corrida est sortie bien présentée, mais mansota, en général. Les 2 et 5èmes ont été renvoyés « pour mansos ». Les manœuvres du retour au corral ont été des plus laborieuses : 56 et 16 minutes, respectivement, pour rentrer les toros, par la porte des picadors. Meilleur toro, le cinquième bis, de la ganaderia titulaire, comme le remplaçant du deuxième.
     Antonio Urrutia (Deux avis – Sifflets) connut une journée noire. Malchance au sorteo et peu d’inspiration. Le torero sort sous les sifflets et « rend » le précédent triomphe.
     Rafael Ortega (Oreille – Deux oreilles) : S’est montré « poderoso », toute l’après midi. Complet face au cinquième bis, auquel il donna une lidia vibrante avec cape et banderilles. Plusieurs séries très templées et une épée, un peu de côté. Bon succès, mérité. 
     Pepin Liria (Ovation – Palmas) confirma l’alternative, face à « Gironcito ». On le vit vaillant et technique, mais les toros ne lui permirent guère de s’exprimer. 

 

PERSONNALITE…

     5 Mars : Le monde taurin est sans pitié. Cependant, à part en de rares exceptions, il est juste, et, qu’on le veuille ou non « Le toro met chacun à sa place ».      Certes, il y a des hommes plus protégés que d’autres, des « toreros mimados » ; certes, ceux qui ont la chance d’entrer dans une « grande maison », n’ont pas à quémander les opportunités, ni payer pour se jouer la peau. Cependant, chaque médaille, fut ce t’elle en or, a son revers, et rare est celui qui échappe au regard des hommes d’affaires… qui sont aussi, et avant tout, aficionados.
     Deux exemples :
     On vient d’annoncer, hier, l’entrée d’Antonio barrera dans la Casa Chopera. On murmure que cette manœuvre fait partie d’une stratégie visant à prendre la gestion de la Monumental de Mexico, que semble vouloir laisser un Rafael Herrerias, las de tant de combats
     Les Choperas et leurs représentants ont suivi Barrera au Mexique et au Venezuela. Ils ont détecté en ce sévillan un « quelque chose » que les autres avaient peut-être moins : il s’arrime, essaie de faire le toreo vrai, en essayant d’utiliser le moins de terrain possible. Son toreo est classique et totalement sincère.  Du coup, après Séville, la confirmation d’alternative est pratiquement sûre, à San Isidro, et « la Grande Maison » annonce déjà qu’il va beaucoup toréer, en particulier « dans nos plazas »… Entre parenthèses, cela va nous donner une idée de « l’indépendance totale » de la plaza de Bayonne… Qu’est ce qu’on parie que Barrera sera au cartel 2002, en bords d’Adour ?  Mais, au fond, pourquoi pas ? D’autant que d’ici Juillet, Antonio Barrera aura eu l’occasion de faire quelques preuves de son talent et de sa personnalité.

     Autre exemple : Les trois toreros d’hier, à Castellon ! La corrida de Palha a été intéressante, moins sauvage que l’an passé. On attendait Luis Miguel Encabo, dont on dit grand bien,depuis plus d’un an. On attendait Davila Miura, qui avait fort bien débuté, à Valdemorillo. Enfin, Jesus Millan, gros triomphateur de l’an passé, devant ces mêmes Palhas, était attendu avec intérêt...
     Ce fut un flop !  Les hommes ont toréé proprement, mais aucun n’a triomphé. Face à une corrida inégale mais toréable, ils ont accumulé les passes, parfois bonnes, mais « n’ont pas passé la rampe »… Du coup, le public, peut-être trop bien habitué, les a regardés sans chaleur, et les a même pris à parti.
     Dénominateur commun chez les trois toreros : Manque total de personnalité. Manque de ce petit plus qui fait que « Tiens, il a quelque chose ! ».
     Luis Miguel Encabo est un « laborieux introverti » qui vend mal ses qualités toreras. Davila Miura est l’exemple même du torero qui a de la qualité, mais qu’on oublie, à peine sorti de la plaza, même quand il coupe deux oreilles sous la pluie, à un vrai brave del Cuvillo, en pleine feria de Séville. Jesus Millan est en survoltage, en sur régime… Faut bien s’attendre à ce que « cela coince », à un moment…
     Les toreros d’hier, en plaza de Castellon, ont perdu une grande opportunité, à la veille de « la grande montée du col 2002 »… non parce qu’ils sont mauvais toreros, non parce qu’ils ont fracassé, mais bien parce qu’ils ne savent pas intéresser… Lastima

    4 Mars – CASTELLON DE LA PLANA– 2ème corrida de la Magdalena – Un peu plus de  media plaza – Temps froid, supportable : On attendait beaucoup de cette corrida, triomphatrice de l’édition 2001. Ce fut une déception, tant au plan « toros », que toreros.
     La corrida de Palha est sortie moins impressionnante, moins « mordante » que l’an passé. Présentation inégale, comme toujours. Corrida de « trois et trois », avec des trapios, des poids et des cornes, en échelle (502, 570, 460, 486, 573, 539 kgs). Pour ce qui est du comportement 1, 3 et 4 donnaient des possibilités, même si ce dernier était un gros brutal. Le lot de Davila Miura était le plus gênant.
     Luis Miguel Encabo (Ovation – Silence avec un avis) avait une chance de marquer un gros point, en début de saison. De fait, il est passé « au travers ». Pas grand chose à reprocher à un toreo sobre, professionnel, face au meilleur lot de la tarde. Le premier était un vilain, playero, mais brave et noble. La faena fut très propre, l’estocade fut engagée, au point de se faire déchirer la taleguilla. Pourtant, elles ne marquèrent pas les esprits. Face au quatrième qui se montra très violent, mais chargeant droit, Encabo a bien failli s’asphyxier. Nombreuses séries, à la limite de la rupture, devant les retours secs du bicho. Echec, pour Encabo, sana pour autant avoir été mal. Rien de pire que laisser les gens indifférents.
     Eduardo Davila Miura (Silence – Petite ovation) a été ferme et très sobre dans son toreo. Le deuxième avait un mauvais calamocheo ; le cinquième ne disait rien. Davila Miura fut « très professionnel »… et ne laissa aucun souvenir.
     Jesus Millan (Vuelta, après un avis – Division des opinions) n’a pas réédité l’étincelante actuacion de l’an passé. Il attaqua fort son premier, à la cape, donna quelques bonnes naturelles, et tomba dans le défaut  généralisé ce jour : la muleta atrasada. Le toro, peu convaincu, tourna court et la faena de même. La vuelta fut diversement applaudie. Le dernier prit plusieurs picotazos et puyazos « topando », percutant plus que poussant vraiment, mais offrit des possibilités à la muleta. Millan se montra mieux sur la main gauche, mais connut un incident avec un spectateur qui l’invectivait, le public, se rangeant bien sûr, du côté du râleur. La corrida se termina donc dans la division et l’ennui. Vaya !

     On apprend que la corrida des Frères Garcia Jimenez ne viendra pas, le 8 Mars. Antonio Matilla a précisé que ses toros n’ont pas pris le poids voulu, cet hiver, et que la corrida ne présente pas le trapio désiré pour Castellon. Du coup, c’est une corrida de Salvador Domecq qui  la remplacera, lidiée par Joselito, Enrique Ponce et Jean Baptiste Jalabert.

     Ce mardi 5 mars, novillada de feria, avec Cesar Jimenez, Ivan Garcia et Jose Mari Manzanares fils. Les novillos seront de Daniel Ruiz. Attention ! Cesar Jimenez ne peut se permettre de répéter la sorti de samedi, à San Sebastian (malgré ce que beaucoup en disent). Quand à Jose Mari Manzanares, il doit confirmer la grande impression donnée à Olivenza. Toute la Presse est à Castellon, et les choses deviennent très sérieuses.
     Voyons si ce jeune… a une réelle personnalité. Il semble bien que oui ! A ver ! 

 

MANZANARES : LANCEMENT REUSSI…

     6 Mars : Souvenez vous… la conquête de l’espace ! Des jours auparavant, on était en direct avec Capa Canaveral… On voyait le pas de tir, au loin. L’image de la fusée, dressée vers le ciel, formait un énorme point d’exclamation : « des hommes vont confier leur vie à ce gros cigare blanc ! »
     Puis, au jour dit, bien avant l’heure H, toutes les télés du monde braquaient leurs objectifs, et des millions de téléspectateurs retenaient leur souffle, aux derniers grains du compte à rebours. Alors, dans un formidable rugissement, la fusée se libérait et décollait, enveloppée d’une nuée incandescente… Lancement réussi ! Bravo, les gars !
     Les caméras levaient leur nez, et suivaient l’objet qui traversait les couches de l’atmosphère et filait vers l’inconnu. Il montait si vite qu’on le devinait à peine… Soudain, une grosse explosion nous faisait sursauter « mon dieu, il y a eu un pépin, ils sont morts ! » Les commentaires nous rassuraient : « La séparation du premier étage vient de se faire, impeccablement. Boulons explosifs… » Ouf ! Vaya susto !
     Et il en fut ainsi pendant des années ! Programmes « Gemini », « Apollo »… Puis arriva ce soir de juillet 1969. On était en pleine feria de la Madeleine, à Mont de Marsan. Vers 4 heures du matin, ceux qui étaient encore lucides purent voir en direct Armstrong poser le pied sur la lune… « Un petit pas pour l’homme, un pas de géant pour l’Humanité ! »
     Ensuite vint la grisaille, la torpeur, la mauvaise routine et la mort… Il y eut Apollo 13, et puis un jour, une fusée monta tout droit, quelques instants et, sous les yeux de tous, se désagrégea en trois secondes. De la jolie petite fiancée du ciel, on ne retrouva qu’un gant, sur un plage de Floride.
     Depuis, des hommes et des femmes traversent le ciel, et presque personne n’y fait plus attention. « Challenger » va et vient, installe des usine entières, là haut, au dessus de nos têtes. Des russes et des américains s’embrassent sur la bouche… et nous, nous ne dressons l’oreille que lorsque depuis Kourou nous parvient l’annonce du prochain lancement d’Ariane V, capital pour l’avenir. « Ouf ! Elle est partie. Bravo ! On est les meilleurs… » Oui, oui ! les Américains disaient aussi cela, jusqu’au jour où… la petite fiancée du ciel…

     Hier, Castellon de la Plana a vécu « un de ces lancements » d’antan. Avant la novillada, la rue, les bars, les abords de la plaza résonnaient de ce « run run », comme disent les espagnols, bien spécifique au grands événements. Toute la presse était là, écrite, télévisée, radiodiffusée. Comme il y a trente cinq ans, les micros et les caméras pointaient vers un ruedo vide, quelques heures avant « el acontecimiento »… Les minutes passaient lentement : que va t’il donc se passer ?
     Trois heures après, les fax crépitaient, les mails fusaient comme l’éclair, les portables crachaient toute une gamme de superlatifs, bien agencés… « Lancement réussi ! ».
     Aujourd’hui, toute la presse taurine parle du fils de Manzanares. Chacun des articles est illustré de photos qui ne mentent pas : Il y a un torero important en ce nouveau « Jose Mari » là.
     Après Nîmes, « où l’on devinait que… » ; après Olivenza, « où l’on pensait vraiment que… », Castellon vient « de confirmer que… ». Hier, 5 mars 2002, Jose Mari Manzanares vient d’être lancé  dans l’Histoire du Toreo. A lui, désormais, d’écrire les pages suivantes en lettres d’or. A lui de faire que… dix, vingt ans plus tard, micros et caméras attendent « le prochain paseo », sans que le public ne lève un œil glauque en murmurant « Tiens, encore un ! », comme il le fit, pour les héros de l’espace.
     Grand lancement du fils de Manzanares, hier à Castellon, chacun chantant ses qualités, et surtout, sa personnalité. Bien entendu, les adversaires du papa soulignent les quelques scories du rejeton : se tord trop !; mieux à droite qu’à gauche !; « et cette estocade bien basse au premier, pouah ! ». C’est de bonne guerre ! Et cela continuera… Mais une chose est sûre : « il s’est passé quelque chose, hier ! » et on en parlera tout au long de la temporada. Jose Mari Manzanares « hijo »… va pa figura del toreo ! », si…

     5 Mars – CASTELLON DE LA PLANA – Novillada – 3ème de Feria – Moins de media plaza : C’est l’unique échec du jour, il y eut peu de monde. No hay aficion al toreo bueno, sino “al morbo”. (Il n’y a pas d’aficion pour la qualité des toreros, mais plutôt à ce qu’ils représentent, dans la rue, dans les medias : Juli, Finito, Jesulin, Cano, Conde… A n’en pas douter, les corridas de Rivera Ordoñez vont faire le plein, ces temps ci. Es asi !)
     Très jolie novillada de Daniel Ruiz, presque cuatreña, frisant les 500 Kgs. Il lui manqua un poil de race pour être une grande novillada. Noblesse générale, avec de multiples scories que les jeunes surent corriger.
     Cesar Jimenez (Ovation – Oreille) a été facile, toréant parfaitement, mais sans passer complètement la rampe. Très bien à la cape, il débuta sa première faena, les deux genoux en terre au centre du ruedo. Les séries qui suivirent furent aisées et toreras, mais ne soulevèrent pas le public. Le madrilène, peut-être trop facile, perdit l’oreille à cause de six descabellos. Le quatrième avait prédilection aux planches. Jimenez essaya de l’en sortir, puis accepta de l’y rejoindre, pour un trasteo vaillant, mettant à profit les retours naturels du manso, vers les barrières. Bonne épée et une oreille. Mais…
     Ivan Garcia (Oreille – Ovation avec un avis) fait tout très bien et très vite. Facile avec la cape et les banderilles, il coupa la première oreille de la journée, à un novillo noble, un peu violent. Le torero fut volontaire, mais ne triompha pas vraiment. Le cinquième arriva très court à la muleta, et le torero ne fut jamais à l’aise.
     Jose Mari Manzanares (Oreille – Oreille, avec pétition de la deuxième). Vêtu de bleu indigo et or, le fils de Manzanares débuta par une larga à genoux, « en offrant le pecho ! ». Bien à la cape, mais sans plus. Par contre, dès les premières passes, le muletero a conquis tout le monde : Rythme, cadence, lenteur, majesté, empaque dans les derechazos, clôturés d’énormes passes de pecho, « tournés » sur l’épaule contraire. A gauche, la réussite fut moindre, mais la faena « entra » fort dans les esprits. L’épée fut bien basse, et une des deux oreilles s’envola. Le sixième novillo se révéla excellent. Manzanares, cette fois, se montra très bon à la cape. Faena à laquelle manqua un peu d’unité. Ce fut la seule petite critique. Par contre, on retrouva la cadence et cette indéniable personnalité qui va peut-être, faire courir les foules, demain. Estocade « dans tout le haut », cette fois, et gros triomphe. Pour son lancement, Jose Mari Manzanares Fils s’est envolé… a hombros.

     Ce mercredi : Corrida de Rejoneo. A suivre, Alvaro Montes qui rentre dans le poker des as. Il sera encadré de Andy Cartagena, Martin Gonzalez Porras, Diego Ventura, Sergio Galan et Rafi Durand, face à un lot de Los Espartales.

 

SEVILLA : TELEVISEE, QUOIQUE…

     6 Mars : Les négociations entre "Dame Télévision" et l’Empresa de Séville se sont heureusement terminées. On sait qu’il y a dix jours, on était presque dans le mur.
     Toutes les corridas de la feria de Séville seront télévisées, sauf... la corrida du Dimanche de Pâques, et celles des 12 et 13 Avril.
     Via Digital retransmettra toutes les courses, à partir du 7 Avril, jusqu’à la Miurada du dimanche 21. Toutes sauf les deux mentionnées plus haut, et deux autres qui seront diffusées par la première chaîne nationale – TVE1 : Les 11 et 16 Avril
     Le 11 : Corrida de Torrestrella pour Manolo Caballero, Victor Puerto et Davila Miura.
     Le 16 : Corrida de Parlade, pour Ortega Cano, Enrique Ponce et Manolo Caballero
     Deux fois Caballero… quelle chance nous avons ! Cela dit, merci quand même, notamment à Ponce, qui se la joue « au grand jour ».

     Les corridas qui ne seront pas transmises du tout :
     12 Avril : Toros de Victoriano del Rio pour Joselito, Finito de Cordoba et El Juli
     13 Avril : Corrida de Garcigrande, pour Finito de Cordoba, Jose Tomas et Eugenio de Mora.
     Sacré Finito… Enchâssé dans deux cartels de capricieux, il en profite pour n’être jamais télévisé… Tant pis pour lui, et tant pis pour nous!

     Un Finito de Cordoba, très sèchement attaqué dans sa bonne ville de Cordoue, suite à cette malheureuse grippe qui l’a cloué au lit, le jour du festival contre le cancer, alors qu’il avait toréé la veille, à Cabra, et qu’il fit paseo le lendemain, à Olivenza. Du coup, les critiques pleuvent, et on retiendra la phrase du président de la Tertulia Larga Cordobesa : « Nunca sera Califa del toreo, porque nacio en Sabadell ». (Jamais il ne sera « Calife du Toreo »… parce qu’il est né à Sabadell).  Sous entendu "Quand il est bon, il est de chez nous. Mais quand il se conduit comme cela, c'est bien un catalan..."Toma ya…
 

CASTELLON : PLACE A « CE JEUNE GALANT »…

     7 Mars :  Vraiment on regrette presque le temps des chevaliers, des belles dames et des intrigues de châteaux. Certes, les chevaliers n’étaient pas tous « blancs-bleus », comme dans les films… Certes, les femmes étaient belles, mais ne se lavaient pas beaucoup, dit on… Certes les manants se traînaient dans quelque basse cour des miracles, assaillis de toutes parts et crevant sous les impôts... la gabelle, le sel…
     Mais… regardons, aujourd’hui : Les princes portent beau, jouent les démocrates et les débonnaires, mais tout le monde sursaute quand ils disent « je veux », et la met en veilleuse quand ils disent « je prends »… Les princesses sont plus propres, oui… enfin presque ! Jouant des cils quand elles ne le peuvent de la croupe, elles mènent le monde, et on aime presque ça. Les chevaliers transportent de valises de billets et jouent du portable. Ils sont, de plus en plus « noirs »… Restent les manants que nous sommes et « la cour des miracles », moderne, dans laquelle nous pataugeons, laborieusement… Et puis, nous avons la TVA, la CSG…en attendant la prochaine.
     « Il exagère encore… » direz-vous. Bon ! Vous avez l’habitude, maintenant !   Pourtant, regardez bien : Le XIXème arrondissement de Paris est envahi d’une horde de chenapans de 13/15 ans qui ne méritent qu’une chose : une bonne fessée. Qui la leur donnera ? 
     Regardez mieux : A Medellin, « Paris a brûlé ». Tout un quartier qu’on appelle « Paris », dont un morceau est parti hier, en fumée. Au bilan, on déplore 80 personnes évacuées et …15 cochons carbonisés. Cela ne vous rappelle t’il pas nos livres d’histoire ? En page « Moyen Age », on voyait la ménagère au grosses épaules, balancer « les eaux usées » dans la rue où les cochons faisaient ripaille. Lorsqu’il y avait le feu… combien de cochons ? 
     La cour des miracles, en Belgique avec les terribles affaires de mœurs… En Espagne, avec le cauchemar qui s’approche : En une semaine, trois jeunes viennent de mourir « d’extase »… Les pilules « qui vous montent à cent » se distribuent comme des malabars et personne ne dit rien… « Tolérance », dit on, d’un air supérieur… « Lâcheté totale », devrions nous dire, devant ce fléau qui menace tout, qui salit tout, qui détruit jusqu’au meilleur de nos enfants… Cauchemar ! Fléau… qui commence « au premier pétard » ! Et vous voulez ouvrir, légalement, cette porte vers l’enfer… Vous êtes des assassins ! La facilité, l’habitude, le laisser aller, le laisser faire, sont plus dangereux que ces trois volutes d’une fumée, soi disant peu nocive…
     2002… pas mieux ! Seigneurs, ou « saigneurs », Princesses ou putains, manants, serfs édentés… nous sommes là, et nous avons inventé d’autres fléaux… l’amiante, les usines Ceveso, le Loft story…

     Restent… les écuyers ! On les aimait bien, au Moyen Age ! Ils étaient souvent beaux, très adroits et très fidèles. Souvent, ils faisaient tout le boulot, parce que leur chevalier était trop bourré pour aller au carton. N’avaient pas le temps de faire grève, les écuyers... Cela donnait de rudes batailles, dont le blondinet sortait souvent vainqueur (dans les films !). Alors venait la récompense, et les jeunes héros pouvaient « grandir d’un coup » avec quelque princesse joliment roulée. Le jeune galant pouvait enfin connaître « le repos du guerrier »… Aaaaah !

     En 2002, on a encore des écuyers : On les trouve dans des arènes, le soir, sur le coup de six heures. Il en est des tous âges. Certains sont déjà des seigneurs ! D’autres, des jeunes, frêles mais fiers cavaliers, qui partent à l’assaut de la gloire, comme leurs anciens à la conquête de leur belle, emprisonnée dans quelque donjon… On les appelle, les Rejoneadores.
     Les seigneurs les regardent, de haut ! Les Mendoza, les Domecq, Moura, Bohorquez… Bien installés dans leurs châteaux, ils vont au trot assuré de leurs belles montures toreras. Des fois, le destrier trébuche, mais c’est rare. Les écuyers, eux, galopent à perdre haleine, multiplient les exploits, tutoient le destin chevauchant de jeunes montures qui, parfois, doivent se dire : « Pas fou, non ? ça passera jamais ! mais, bon, allons-y quand même»
     Ils sont là, les jeunes écuyers… Les Alvaro Montes, les Diego Ventura, les Sergio Galan… Ils arrivent au galop, en font des tonnes, se dressent sur leurs étriers, et lancent loin leur sombrero, le regard planté dans la multitude… Des jeunes héros, fous d’orgueil et de fierté torera. Ils sont… les écuyers d’hier ! Et, dans les gradins, plus d’une voudrait bien devenir leur belle… A que si, señoras ?

     Hier à Castellon, la corrida de Rejoneo  a fait un casi lleno. Le cartel était réservé à des jeunes. Seuls, le balourd Martin Gonzalez Porras (qui se fait appeler maintenant Martin Porras, pour faire « moins lourd »), et le fringant Andy Cartagena, faisaient figure d’anciens… Le reste du cartel était « la vague montante » du rejoneo. Dans les gradins, ces dames de la peña féminine de « La Rebolera » ouvraient grands leurs beaux yeux : «Ayyy ! Que guapos son ! »… Seraient bien reparties faire un tour du côté du Moyen Age…
     Montes a pinché, Ventura a progressé, mais le triomphateur total s’appelle Sergio Galan. Son triomphe de Castellon doit lui ouvrir des portes. Cela faisait un moment qu’il « apuntait »…
     6 Mars 2002 : Pas à dire… « L’écuyer vient d’entrer dans le château des seigneurs… » Sergio Galan vient d’entrer dans la cour des grands. A suivre…pour le futur !

     6 Mars – CASTELLON DE LA PLANA – 4ème de Feria – Corrida de Rejoneo – Casi lleno – Temps gris, frisquet : Corrida de « Los Espartales », sortant distraits, mansurones mais maniables, allant un peu « a menos ».
     Martin Porras (Ovation un peu forcée), en fait des tonnes, et fait accrocher ses montures. Demi rejon qui « descorda al toro », qui se fiche entre deux vertèbres, et le foudroie, vilainement paralysé. C’est considéré comme un défaut. C’est en fait de la malchance.
     Andy Cartagena (Oreille), toréa très vite, posa un joli « Violin » et tua de pinchaezo et rejon.
     Alvaro Montes (Vuelta), reçut le toro avec la garrocha, fit tamponner ses montures, et remonta son actuacion avec les banderilles. En contre ut, une paire « al violin », avec les courtes. Perdit tout avec l’acier : Deux pinchazos, un medio rejon et deux descabellos, pied à terre.
     Sergio Galan (Deux oreilles) a démontré une grande classe dans chacun de ses mouvements. On soulignera des grands quiebros, au dos de son cheval vedette « Montoliu ». Grande actuacion, chantée par tous, terminée d’un rejon de muerte.
     Diego Ventura (Deux oreilles), alterne le classique et le spectaculaire, ce qui porte beaucoup sur le gradin, mais horripile un peu les puristes du rejoneo. Pinchazo et rejon.Doit pouvoir calmer son jeu…
     Rafi Durand (Palmas) s’est montré volontaire, a beaucoup galopé, beaucoup essayé, mais peu réussi. Peut-être encore un peu vert, pour une telle confrontation.

     Ce 7 Mars, Paco Ojeda joue « très gros »… Oubliés Lima, Mexico, même Olivenza. Il doit confirmer aujourd’hui, que son retour mérite le respect. A ses côtés, le Juli et Alfonso Romero ne vont pas lui laisser de facilités. La corrida sera de Las Ramblas. Que haya suerte, Paco !

 

DIMANCHE A DAX : HOMMAGE DE « CEUX QUI SAVENT »…

     7 Mars : Si vous êtes sur le coin, réservez votre dimanche après midi, et filez vers 
     Dax. Dimanche, les Aficions à « la Fiesta Brava », qu’elle soit landaise ou espagnole, vont se réunir pour rendre un hommage à Jean Pierre Rachou, tué dans cette plaza, le 10 Août 2001, par la vache « Marilla », de la ganaderia Lassalle.
     Jean Pierre Guillé était un combattant, porte-drapeau de la course landaise. Champion de France des écarteurs par trois fois, vers les années 88, il était… un torero. A 42 ans, « Rachou » a lutté dix jours contre la camarde. Puis il est parti, vers d’autres plazas…

     Ici, on ne connaît que trop peu, la course landaise. C’est dommage, peut-être. D’autre en parle beaucoup plus, et beaucoup mieux…
     Cependant, on sait que tous ceux qui enfilent « la veste brodée d’or », ressentent, probablement, la même fierté, mais aussi, le même doute, la même peur… Ils sont « Toreros », mais ils sont avant tout des hommes. Peur du toro inconnu, ou de cette vache qu’ils connaissent trop bien ; peur de la responsabilité ; peur de montrer qu’ils ont peur… « Ils savent » ce qu’ils passent, et ce qu’a du passer… leur « Ancien »...
     Aussi, c’est ensemble qu’ils vont rendre hommage à Jean Pierre Rachou, dimanche, à Dax.

     Le festival se déroulera en deux parties : A 15h 30, il débutera en course landaise, avec les compagnons, ténors de la discipline. Puis, on laissera place à trois novillos de Samuel Flores, Nuñez del Cuvillo et Marquis de Domecq, pour Stéphane Fernandez Meca, Swan Soto et Julien Lescarret. Tauromachies réunies pour un grand salut…
     Les toreros, « ceux qui savent », seront au rendez vous. A nous de l’être aussi. « Il » méritait bien cela…

     Hommage à Jean « Rachou » - Dax –  Dimanche 10 Mars – 15h30 -  Renseignements au : 05 58 909 909

 

LA SOLITUDE DU COUREUR DE FOND…

     8 mars : On imagine le soldat de Marathon… Il dut, d’abord, se faire discret et quitter le champ de bataille, éviter les  patrouilles et se mettre en route. Tout au long de son parcours, un espoir le soutenait : arriver vite pour apporter la nouvelle… Certes, il avait troqué son armure et ses bottes de combat, pour des espadrilles sponsorisées Adidas…(cordonnier grec qui a fait quelques bonnes affaires,depuis). Certes, c’était un champion... mais, en quarante deux kilomètres et beaucoup de poussière, « l’a du se sentir bien seul, le fantassin volant »...
     Aujourd’hui, les athlètes sillonnent les rues de Rome, New York, Paris, avalant 42 kms de goudron avec une facilité déconcertante, tandis que derrière se traîne un interminable cortège d’amateurs courageux qui, à chaque foulée, doivent se sentir de plus en plus seuls…

     Pour un torero du haut de l’escalafon, la temporada est une épreuve de fond. Il devra calculer sa course, doser ses efforts, placer ses accélérations aux points stratégiques, ne pas gaspiller son énergie… Ca, c’est la théorie ! Il faut ensuite prendre soin de donner, chaque jour, dans chaque plaza, à chaque public, « l’illusion », qu’on est à fond, que l’on fait tout ce que l’on peut pour le satisfaire. Là est la grande difficulté, qui se répète au fil des temporadas, pour ce qui concerne les plus fameux. Un perpétuel challenge. Un vrai marathon pour chaque torero ! Peu d’appelés, encore moins d’élus… Aucune des courses ne sera similaire à une autre, et les hommes, coulés de bronze dans leur costume de lumières, se sentiront probablement bien seuls, parfois…
     Imaginez-les, hier, dans leur chambre d’hôtel, à Castellon…
     El Juli, qui a déjà « des kilomètres et des kilomètres dans les pattes », sait qu’on l’attend pour ce nouveau parcours qu’il sait plus ardu. La route sera longue et il ne peut plus surprendre. En pensant à ce qui l’attend, le Juli se dit que « qui va piano va sano ! » et que vaut mieux commencer en douceur… Cet après midi, « le minimum syndical », juste comme la veille d’une RTT…
     Paco Ojeda sait qu’il va courir un marathon d’enfer. Il a fait tous les efforts, tous les exercices. Il a bien perdu quelques kilos… mais, pour un marathon !
     Le plus terrible, c’est qu’en fait, ce marathon va se transformer en un 5000 mètres, composé d’une succession de « 100 mètres » au sprint. Il doit convaincre ! Il doit marquer chaque sortie d’une progression, d’un relent d’antan, d’une trouvaille, « de celles du temps où il s’appelait « Paco » ! »
     Alfonso Romero, blond chérubin frisotté, se dit que « les premiers mètres sont importants, s’il veut que la course soit longue ! ». Sinon… trois petits tours de stade, et puis s’en va ! Il connaît ses capacités, son style, sa foulée. Il est inquiet, mais tranquille. On l’attend avec curiosité, et il ne peut surprendre qu’en bien. Alors, il sort ses notes et il révise : « Un, deux, trois, on inspire ! Un, deux, trois, la hanche comme ceci, sur le derechazo ! le bras, comme cela, à la sortie du pecho ! Toujours très torero, comme devant le miroir…Un, deux, trois ! »

     Les trois toreros enfilent leur jogging d’or, et s’en vont se regrouper sur la ligne de départ… Il fait gris, pas chaud… On piétine sur place !
     Au coup de trompette, on s’élance vers l’arrivée, si lointaine, de la temporada… Le torero se trouve tout à coup, bien seul…

     Hier s’est déroulée, à Castellon de la Plana, la première grande corrida du cycle. Surprise, la plaza ne s’est pas remplie, malgré le Juli, malgré Ojeda. Autre surprise : Juli a couru « à l’économie », ne plaçant un démarrage que dans le dernier « cent mètres », histoire de couper une petite oreille. Alfonso Romero a suivi ses note, arrivant détaché, coupant une oreille prometteuse, « mettant la hanche, là » et « le bras, comme cela ! ». Il a surpris le monde, mais la presse lui reproche un certain manque de naturel. Cela dit, il gagne la course du jour, la main… tout en haut !
     Paco Ojeda a débuté comme un bolide, puis s’est essoufflé, terminant « à la ramasse ». Il faut attendre… il a eu quelques bonnes choses, devant un bon toro. Ce sera dur, très dur, mais… au fond !

     7 Mars : CASTELLON DE LA PLANA – 5ème de Feria – Presque plein – Temps gris frais : La corrida de "Las Ramblas" a déçu : Présentation bien moyenne, armures à discuter. Différents degrés de noblesse, mais un dénominateur commun de faiblesse. Les trois et cinquième ont été renvoyé au corral, frisant l’invalidité. Le cinquième fut remplacé par un Fuente Ymbro qui montra du caractère. Pour la muletero : l’excellent premier, et le sixième, hélas trop lourd (594kgs). La corrida a déçu, se déroulant dans une espèce de ouate, qui se dilua un peu, alors que la nuit tombait.
     Paco Ojeda (Ovation – Ovation) Toucha un bon premier qui chargea « fort et clair » dans son premier galop. En deux grosse séries droitières, le Sanluqueño rappela, un peu, « l’Ojeda d’hier », et on applaudit un grand pecho sur place et un profond changement de main. On reprochera, cependant un écart de jambes, disgracieux. Vu la silhouette, devrait toréer « plus réuni », plus naturel. Le panorama changea, sur le côté gauche, et la faena s’essouffla. Deux pinchazos précédèrent une épée en arrière, et une éventuelle oreille s’envola. Le quatrième voulut partir aux barrières. Ojeda essaya bien de le retenir, n’y parvenant pas. Il essaya, alors, de se mettre « dedans », n’y parvenant qu’au prix de quelques pathétiques sursauts. Le moral en avait pris un coup, mais il n’y eut pas de ridicule. Demie, un poil de travers et descabello. Bien seul !
     El Juli (Ovation - Oreille avec avis) : Parut absent, éteint, « en basses eaux »... Vulgaire en tout, face à son premier : cape, banderilles, muletazos par dizaines, mais avec un gros soupir ! Regard vide, sourire figé… N’était pas là. 2pée en arrière, certains demandant une pâle oreille, qui fut refusée. Le cinquième était un client, et le Juli dut forcer ses feux. Mieux au capote, « sin mas » avec les bâtons, il débuta sa faena sans grands espoirs… Puis, au final, le jeune sortit la hargne, et se mit « dans le toro », toréant très court, avec intensité. Cela dura longtemps, mais réveilla un peu le public. Epée très en arrière, et un avis pour être arrivé « après les délais ». Oreille quand même, mais sans plus. Devra rectifier à Valencia.
     Alfonso Romero (Ovation – Oreille) ne commanda jamais devant le troisième bis, qui chargeait sans aucune fixité. Le murciano tua d’une demie un peu de côté. Par contre, sa faena au bon sixième a conquis le public, en surprenant plus d’un. Profondeur et suprême élégance  dans les derechazos et sutout les naturelles. Peut-être un gros soupçon d’affectation, d’attitude forcée (la hanche, comme ceci ! Le bras, comme cela !)… mais, peu importe, pour le moment. Final en aidées par le bas, genou ployé. Très bonne faena, hélas gâchée en deux pinchazos, une épée caida et un descabello. Malgré ce, une oreille et l’attente… de la prochaine course.

     Ce Vendredi 8 Mars, la corrida sera de Salvador Domecq, remplaçant les Garcia Jimenez. Elle sera lidiée par Joselito (adoré, ici) ; Enrique Ponce (qui attaque son marathon 2002, et qui a deux ou trois petites choses à dire à « la Martin Arranz Corporation »), et Juan Bautista (qui débute sa saison espagnole, dans un "cartelazo"). Corrida importante.

 

JEREZ : « LES CHEVAUX SONT AU DEPART… »

     8 Mars : « La feria del Caballo », à Jerez de la Frontera, est presque prête. Deux ou trois petits réglages et on annoncera les cartels, aux alentours du 20 mars.
     Cependant, pour les curieux de naissance, et ceux de « la Peña Taurine Côte Basque », qui se préparent à un nouveau voyage, on peut dire que la feria 2002 présentera, probablement, les affiches suivantes :
     7 Mai : Novillada piquée, avec David Galan et Jose Maria Manzanares. Le troisième sera un jeune du coin : Alvaro Marquez, possiblement.
     8 Mai : Corrida de Rejoneo - Toros de Bohorquez, pour Luis Domecq, Fermin Bohorquez et Pablo Hermoso de Mendoza.
     9 Mai : Toros de Jandilla ou Juan Pedro Domecq, pour Joselito – Enrique Ponce – Rivera Ordoñez
     10 Mai : Toros de Juan Pedro Domecq ou Jandilla, pour Finito de Cordoba, Juan Jose Padilla et Juli.
     11 Mai : Toros de Nuñez del Cuvillo, pour Paco Ojeda, Jose Tomas – Morante de la Puebla.
     12 Mai : Novillada non piquée – Ecole de Jerez. 

 

LA « SIESTA » NACIONAL…

     9 Mars : Ca va mal et ça dure ! Les temps ont vraiment changé… et « c’est pas cool ! », comme disent quelques jeunes vautrés dans un coin, grignotant quelque pastille « extasique ». L’Espagne constate avec horreur le mal qu’elle s’est fait, avec « la tolérance 100% », et aujourd’hui, elle lance des immenses SOS, en première page de ses quotidiens, essayant de refréner, bien trop tard, les incroyables bacchanales qui hantent ses soirées, au vu et au su de tout le monde. L’opération « Botellon » aura du mal à laver toute les saletés qui hantent les rues, les jardins publics et les cimetières de la péninsule. Quant à la drogue…ça ?
     Nous ferions bien d’en prendre quelque leçon, nous, les « Liberté, Egalité, Fraternité » ! Les adultes, cravatés et autres, n’ont pas eu le courage de dire « non ! »… Certains ont même voté pour que la fessée soit considérée comme « châtiment corporel »…  Qu’ils ne s’étonnent donc pas, aujourd’hui, « de se faire cracher dessus » par des mômes de dix ans, qu’on ne peut surtout pas appeler « gavroches »…

     Sur notre pauvre planète taurine, la « Fiesta Nationale » est bien malade… Aussi, il ne faut guère s’étonner que les plus vils, ou les plus désespérés de ses acteurs, aillent chercher « ailleurs » les ressources que ne leur rapportent pas leur talent, ou leur courage… Du côté de Malaga, le fils de Manolo Ortiz est à l’ombre pour un bon moment. Arrêté sur la route, près de Torremolinos alors qu’il allait livrer de la coke, il est tombé dans les mailles d’un filet qui n’a pas fini de se resserrer…  En effet, la police est allée perquisitionner dans une finca qui lui appartenait, du côté de Coin, et a trouvé « plus de 200 grammes…. ». Avis donc à tous ceux qui veulent jouer « les vendeurs de mort », qu’ils soient vêtus d’or ou d’argent, de chaque côté d’une frontière qui n’existe plus… Al final, cascan !

     La « Fiesta Nationale » est bien malade, elle aussi gangrenée par le fric facile, la magouille, le « Système »… Installés en haut, bien à l’abri de leurs « grandes maisons », les vedettes monopolisent les postes dans les cartels, trustent les contrats… Se faufiler dans ce bataillon doré (une escouade, tout au plus) relève de l’exploit… Certains en profitent, et déambulent, toute honte bue. D’autres y signent chaque jour de nouvelles pages de gloire, ou « de verguenza torera ! ». Histoire de mentalité !
     Hélas, pendant ce temps, la ganaderia brava s’enfonce dans le labyrinthe de la sélection « chimico informatique » qui a pour but de vendre en 25 corridas par an, ce qui pourrait ressembler à du toro de combat, mais n’est plus qu’un mastodonte fatigué, balourd, qui ne demande qu’une chose : « qu’on le laisse faire sa sieste, tranquille, au soleil d’Andalousie, du centre, de Salamanque ou d’ailleurs… »

     En attendant les résultats de Castellon, je tombais hier, sur une photo d’archive dans « Aplausos » : Feria de Séville 1965 - La corrida de Benitez Cubero est formidablement sortie, et le public, debout, applaudit la vuelta générale : Le ganadero, son mayoral, et les trois diestros : Curro Romero, Diego Puerta et Paco Camino… L’image dit tout ! Les cinq hommes marchent, altiers, fiers de la page qu’ils viennent d’écrire au grand livre de la Fiesta Nationale… Diego Puerta a le menton barré d’un pansement, séquelle d’une récente rouste…
     Pundonor torero y ganadero ! Gloria ! Alegria ! Quand donc retrouverons nous une telle image ?
     Quelle page va donc écrire la feria de Castellon 2002 ? Et, combien d’autres, comme elles, ne pourrons que soupirer quelques heures de « Sieste Nationale » ?

     La sixième corrida s’est déroulée, hier, au gré des charges hésitantes d’un ganado pourtant « finement sélectionné », tandis que les toreros, chacun selon sa nature ou sa mentalité, tentaient ou s’abstenaient d’aller chercher la gloire… Seul, Enrique Ponce alla en conquérir quelques rameaux.
     La feria de Castellon 2002 est une grande déception pour le public. Elle doit l’être encore plus pour ceux qui l’ont préparée… Restent deux courses ! Jose Tomas arrive aujourd’hui. Victorino débarque demain. On se demande « avec quels toros ? ». Le grand « Don Jose » a besoin « du sien »… et Victorino veut placer « les siens » ! On apprend que l’embarquement « a été costaud », puisqu’un toro a été changé, s’étant éclaté un piton, et un autre a été refusé, pour ne pas faire le poids. Du coup, Victorino (73 ans et en rogne !) envoie un lot de plus de 530 kgs de moyenne. Qui donc récupérera « los de 460 » ?
     Que Castellon ait un peu de chance, ces deux derniers jours… histoire de ne pas rentrer bredouille, en baillant… histoire de ne pas prêter le flanc aux « antis » qui vont manifester, aujourd’hui, et qui ne dorment pas, eux…

     8 Mars : CASTELLON DE LA PLANA – 6ème de Feria – Presque plein – Beau temps frais : Corrida désespérante de Salvador Domecq « El torero ». Bien présentée, peut-être, mais sans aucune race, sans aucune force, sans aucun souffle. Seul, le cinquième, un grand manso imbécile, eut la chance de tomber sur Ponce, qui lui apprit les bonnes manières. Les autres se répandirent en plates allées et venues, au gré des muletas fatiguées… et fatigantes.
     Joselito (Silence – Silence) débute bien mal sa saison. A Olivenza, il a ennuyé ; à Castellon il a carrément « emm… » tout le monde. Visage fermé, boudeur, distribuant ça et là des muletazos informes, il est passé, réglant les affaires d’une épée rageuse, pas toujours droite. Les mésaventures mexicaines de son apoderado et l’apparente résurrection de son collègue et néanmoins ennemi Jose Tomas, lui auraient elles déjà mis un gros coup au moral ? Réponse à Valencia, les 16 et 17 Mars. Jusqu’à présent, Joselito : «Zzzzzz ! »
     Enrique Ponce (Ovation après un avis – Vuelta avec pétition majoritaire d’oreille et broncazo al usia, le tout, après un autre avis) : Ponce s’est comporté, une fois de plus, en figura del Toreo. Son premier s’est vite éteint. Le diestro de Chiva l’a soutenu, avec ce toreo élégant, technique et terriblement efficace que certains lui reprochent tant. (Préfèrent sûrement « la mandanga » de Joselito »). Il tarda a descabeller, et perdit là quelques bravos de plus. Le cinquième s’appelait « Ruiseñor ». Un vrai « rossignol », qui a passé son temps à sortir n’importe comment du moindre capotazo, fuyant le moindre cite. Personne ne donnait un peso pour une faena devant ce gros balourd imbécile. Ponce le laissa aller, sortant tête en haut de chaque muletazo, puis, doucement, resserra son étreinte, régla sa charge fantasque, et lui imposa sa loi. C’est là que s’exprime la technique, le talent, le courage certes, du torero, mais surtout… son pundonor. Tout le monde l’a compris ainsi, ovationnant trois naturelles liées au pecho final, et les élégants doblones de clôture, genou ployé, muleta caresse. Seul, le señor présidente ne l’entendit pas de cette oreille, et refusa celle du toro, malgré pétition assourdissante…  Es igual ! Ponce a fait sa rentrée, et il tient fort la barre.
     Juan Bautista (Silence – Palmas) était vêtu « de dulce » : Blanc et argent, avec cravate et ceinture de soie bleu pâle… Pues bien ! Pas très guerrier, tout cela. A part au capote où il brilla par deux fois, le français toréa « de dulce », ne « rentra pas dedans », et se fit emporter dans la triste fadeur de ses adversaires. Zzzzzz ! Il tua bien le sixième. Algo es algo.

     Ce samedi 9 Mars: 7ème et avant dernière de Feria. On attend Jose Tomas devant les toros de Jandilla. Avec lui défileront Finito de Cordoba et Alberto Ramirez. Espoir !

 

ILLUMBE : LA DERNIERE, ET ON ELIMINE…

     9 Mars : Dernière novillada éliminatoire du concours international des novilleros, ce soir en plaza de San Sebastian. Il y aura plus de monde dans les gradins parce que le cartel intéresse au plus haut point, chacun des toreros amenant ses espoirs…et ses partisans.
     Face à une novillada de Anna Bohorquez, dont on espère qu’elle tiendra debout, Leandro Marcos, de Valladolid, joli et bon torero, lorsqu’il oublie un instant son miroir ; Javier Valverde, un solide à l’aficion et au pundonor bien trempés, de Salamanca ; et Julien Lescarret… « de chez nous », petit lutin torero, capable de coups de superbe, et devant marquer des points dans la presse espagnole, avant sa prochaine alternative.

     Puis, après la novillada… papier et crayons!
     Qui passera aux demi finales ? Six postes, pour deux manches, les 22 et 23 mars, à un toro chacun.
     Les novilleros de ce jour ont une chance de plus : on se rappelle mieux des dernières émotions, des dernières impressions, des dernières images. Certes ! Cependant, quatre novilladas se sont déjà déroulées, trois novilleros ont « oreille coupé » et trois autres ont « vuelta donné »… Restent les mérites de quelqu’autre, et puis… « le puchero », la négociation musclée, les petites promesses « échangistes »…bref, le « magouille blues ! »
     A la demi finale devraient être présents, d’office : Raul Cano (il a coupé une oreille, et en plus… il est de Baracaldo !) et les deux autres qui ont coupé un trophée : Miguel Angel Perera et Ivan Garcia, même si…
     Viennent ensuite, un mexicain (on pense à Arturo Macias) ; Salvador Vega, qui a été bien, sans couper ; Jarocho, qui peut revendiquer… Enfin, il reste le cas Cesar Jimenez, qui va hanter quelques esprits, dans un sens, ou dans un autre…
     La meilleure façon de régler les choses, pour « ceux d’aujourd’hui », c’est de faire « double nœud de marin » à leurs machos et… à l’abordage !

     Pendant ce temps, on surveillera d’un œil : Castellon, bien sûr, mais aussi Moron de la Frontera, près de Séville, où Ojeda torée sa troisième. S’il ne coupe pas, là, un sac d’oreilles…pues ! 
     A suivre également la corrida d’Estepona, où Luis Vilches doit encore « être bien », guettant une éventuelle substitution à Séville, et Javier Castaño, qui fait sa rentrée dans la temporada, après un hiver que l’on espère « de saine réflexion »…  Suerte pa todos !

 

DIA DE TOREO GRANDE…

     10 Mars : Journée de grands moments d’inspiration torera, en plusieurs endroits de notre planète  «à nous », la planète taurine, la seule aujourd’hui, qui respire paix, convivialité, amitié…
     Cette journée du 9 mars 2002 est marquée par l’inquiétude et l’horreur. Le Moyen Orient est "en armes et en larmes". Les Kamikaze modernes, filles et garçons fanatisés, se ceignent de dynamite et vont se faire exploser dans un bar, une discothèque ou un bus « d’en face »… Alors, irrémédiablement, « tournez, les hélicos ! ». Les gros frelons arrivent, tandis qu’au sol, les scarabées rampent et crachent le feu... Adieu la Paix ! « Adieu…Dieu ! » Consternant. Révoltant… et pourtant ... elle tourne!

     « Chez nous… bien, merci ! » La journée du 9 mars est à marquer de la pierre blanche de l’Aficion, et du plaisir, même s’il fut incomplet.
     A Castellon, Jose Tomas a électrisé le monde, en trois naturelles, mais a bien failli revivre le cauchemar de Madrid… en 13 descabellos. Finito a toréé comme un ange, l’espace de trois minutes.
     A Moron de la Frontera, Paco Ojeda a retrouvé ses sensations, et marque un gros point, aux portes de Séville. Le Juli est « mieux que jamais »… et coupe son premier « rabo 2002 ».
     A Madrid, zéro pointé à l’aficion qui a boudé l’hommage à Manuel Vidrié. N’avaient pas le droit, d’autant que les bénéfices allaient « aux Ancianos »… Cependant, on a vécu des « rafales » de grands moments, en particulier avec Julito Aparicio.
     A San Sebastian, enfin, c’est un Salmantino qui remporte haut la main le maillot jaune de toutes les novilladas éliminatoires du concours 2002. Javier Valverde, « muy puesto » a démontré technique, poder y arte devant un novillo qui n’en méritait pas tant. De son côté, Lescarret a démontré d’énormes progrès. Les demi finalistes sont connus. On se pose quelques questions : y sont ceux qui ont le plus de mérite, ou ceux qui peuvent amener du monde à la plaza ? Pero bueno…

     9 Mars : CASTELLON DE LA PLANA – 7ème de Feria – No hay billetes – Beau temps : La corrida a été plus intéressante que ne l’indique le tableau de marque : Une seule oreille, du premier toro, pour Finito de Cordoba. La corrida de Jandilla est sortie bien inégalement présentée et armée. On a bruyamment protesté  la sortie du cinquième. Deux toros excellents, mais faibles : les deux premiers. Un « qui devient bon » : le cinquième. Le plus rétif sera le quatrième. Corrida dont les toreros auraient pu tirer davantage, s’ils avaient voulu, comme Finito, ou « pu », comme le petit Ramirez, qui a voulu  aller « trop vite ».
     Finito de Cordoba (Oreille – Sifflets) a été bien au capote face au grand premier. Il tarda un peu à se centrer, en début de faena, et tout à coup, se libéra en trois séries de naturelles, dont l’une fut un monument de rythme, de douceur majestueuse. On ne sait pourquoi il revint sur main droite, la faena baissant aussitôt d’intensité artistique. Epée tombée et un trophée qui fera moins date, que les deux naturelles et le pecho. Le quatrième fut un toro compliqué, mais pas impossible, devant lequel le Finito ne voulut pas se compliquer la vie, tuant mal , en deux pinchazos et quatre descabellos. Dans ABC, Zabala le traite de « cabron », en lui demandant aussitôt pardon : insulte de sincère admiration et de franche tristesse : « Si Finito voulait vraiment… on ne parlerait que de lui. Mais voilà…. »

     Jose Tomas (Ovation, avec avis – Ovation au centre, après deux avis) a connu une journée déroutante : Extraordinaire, par moments ; pitoyable, la seconde d’après. On le vit « enorme » avec la cape, face à son premier. Longue faena avec beaucoup de poses, citant au coup par coup, très droit, la muleta derrière… comme l’an passé. Il tua mal en trois pinchazos et une bonne entière. Le cinquième protestait beaucoup, au début. Sa charge était courte et on le pensait bien décidé à continuer ainsi. Peu à peu, Jose Tomas l’entraîna dans la ronde, lui donna confiance, en douceur, jusqu’à le réduire à un bon toutou. 

     Longue faena, avec des passages de rêve, en particulier sur trois naturelles magnifiques, le torero avançant la main, tirant le toro à lui, pour le conduire majestueusement vers la sortie de sa muleta. Superbe. Pour faire encore monter la pression, les manoletinas, au cordeau. Public en feu. Le oreilles étaient là, et l’on ouvrait déjà « la porte grande »… mais il fallut déchanter : Une horrible atravesada, qui ressort et… un calvaire de 13 descabellos. Deux avis, la tristesse, mais un grand souvenir, fortement ovationné.
     Alberto Ramirez (Division, après un avis – Silence) a laissé passé une occasion. Très bien au capote, il se précipita à la muleta, se mit trop « sur » les toros et en étouffa les quelques charges. A retenir : Deux largas à genoux, pour recevoir de cape, son premier. De même, le quite par navarras. Il mit le feu à la plaza en toréant le sixième par une nouvelle larga de rodillas et dix véroniques en tablier, pieds joints, sans bouger un orteil…  Ce fut « le pied ! Hélas, il ne continua pas.
     Ce dimanche 10 Mars, la Magdalena de Castellon se termine, avec la corrida de Victorino Martin, pour Manolo Caballero, Juan Jose Padilla et Antonio Ferrera.

     9 Mars – Moron de la Frontera (Sevilla) – Arènes pleines (5000) et beau temps : Corrida des Frères Sanpedro, acceptables de présentation, et maniables dans l’ensemble. Le meilleur fut le 4ème.
     Paco Ojeda (Oreille – Oreille) a fit un gros pas en avant, même si cela s’est passé dans une plaza de moindre catégorie, devant des toros « adéquat »…L’important est « qu’il ait retrouvé ses sensations », et que le public, les siennes. Cela s’est passé au quatrième. Le diestro avait coupé une petite oreille au premier très codicioso, qui l’avait méchamment poursuivi, au moment du brindis. Ojeda s’était montré bien peu à l’aise, changeant beaucoup de terrain, rompant le combat à plusieurs reprises. Par contre, on le vit « très bien » avec le quatrième, dès les premiers capotazos : véroniques amples, sans forcer la figure. Faena « crescendo », dont les sommet furent deux séries de droitières de grande intensité, très profondes, le toreo liant sur place, bien campé au sol. Muletazos de grand temple, liés au pecho, levant le public. En fin de trasteo, le sanluqueño se mit dans le terrain du toro, le corne frôlant le jabot de la chemise. Série qui hypnotise le toro… et le public. Dire si Ojeda a été bien sur ce toro : on lui concéda une oreille après six pinchazos. Autre bon point, qui dit que le mental revient : il refusa la sortie a hombros, à laquelle il avait droit. Bien ! A suivre ! Un pas important, aux portes de Séville.
     El Cordobes (Deux oreilles – Ovation) a fait tout le bruit qu’il pouvait, alternant le bon et le moins bon. On le vit bien avec la cape, puis en quelques muletazos tirés correctement. Après, ce fut le traditionnel festival : sauts de grenouille et « coups d’boule ! ». Bon !
     El Juli (Deux oreilles et rabo – Applaudissements). A été « monumental » en toréant à la véronique. Un de ceux qui toréent le mieux, actuellement, avec la cape. Mucho arte ! Faena torerisima, pleine de rythme, parfaitement liée, terminant « dans le terrain d’Ojeda ». Grosse épée et tous les trophées, en toute logique. Le juli se montrera « important », également, face au sixième, peu commode, qui lui mit une terrible colada, sur le côté gauche. Le garçon se joua la peau, démontrant que, pour lui, « peu importe le lieu, pourvu qu’on ait l’ivresse de se sentir torero ». Hélas, il tua mal, pero…. Muy bien, Juli.

    9 Mars – Madrid (Las Ventas) – Festival hommage a Manuel Vidrie – ¼ de plaza : « No habia derecho ! » Madrid n’avait pas le droit de venir en si petit nombre au festival en honneur de celui qui a marqué le Rejoneo des années 70, et qui est le « parrain » du rejoneo moderne : Manolo Vidrié. De plus, outre d’être le grand prédécesseur des Mendoza , Cartagena et autres, Vidrié est un homme de cœur, qui organise , depuis des années le célèbre festival de Chinchon, en faveur « de los Ancianitos », et tout cela méritait d’être salué « en masse ». Une mauvaise chute, en plaza de Salamanca ; une sale lésion, et d’un coup, un grand cavalier en plaza, un grand torero, perdus pour l’Histoire du Rejoneo.
     Hier, Manolo Vidrié a fait le paseo, à cheval, aidé d’une selle orthopédique, mais plus « chevalier castillan » que jamais. Ceus qui étaient là lui ont fait ovation, et n’ont pas regretté d’être venus.
     Deux cavaliers lui rendirent hommage : Joao Moura, accompagné de son fils, et Leonardo Hernandez.
     A pied, face à quatre novillos de fers différents, trois matadors ont montré d’excellentes choses : Ruiz Miguel, torero de caste et de hargne, mais qui sut templer ses ardeurs – Curro Vazquez, qui donna un quite d’anthologie, et « trois détails » de rêve, à la muleta – Julio Aparicio, qui coupa la seule oreille du festival, démontrant que tant avec cape que muleta, il est un torero de pure inspiration, sublime quand « le moment sonne »…Enorme, Aparicio, qui peut revenir à Las Ventas quand il veut. Mais voilà ! Le veut il ? Et « le moment » sera t’il au rendez vous ? – De son côté, Pepe Luis Vazquez a continué de flotter entre les trois eaux du toreo artistique, du toreo campero et… de la franche débandade.
     La saison 2002 en Plaza Monumental de Madrid débute officiellement, aujourd’hui, avec une novillada de Felix Hernandez, pour Martin Quintana, Jarocho et Luis Rubias.

     Dans les autres plazas :

     9 Mars – Estepona (Malaga) – ¼ de plaza : Toros de Jaralta, potables.
Miguel Angel : Oreille à chaque toro. Javier Castaño : Même bilan.  Luis Vilches : Oreille et applaudissements.

     9 Mars – Zalamea la Real (Huelva) – Corrida de Bienfaisance – Moins d’un quart de plaza (oh !) : Quatre toros de Gabriel Rojas, mauvais, et deux del Romeral
     Rafi Camino : Ovationné sans trop se fouler. Victor Puerto qui triomphe à l’aise : Oreille – Deux oreilles. Canales Rivera, qui gâche tout avec l’acier : Ovation par deux fois.

    9 Mars – Los Barrios (Cadiz) – Première novillada du concours organisé par la mairie et le matador Pedro Castillo – Media plaza : Novillos de Mari Carmen Camacho, faibles et sosos.
     Martin Quintana : Vuelta et oreille. Cesar Jimenez : Oreille et vuelta.  Ivan Garcia se qualifie pour la finale : Oreille de chaque novillo.
     Deuxième éliminatoire, ce jour – Finale, le 16 Mars.

 

SAN SEBASTIAN : JAVIER VALVERDE, MAILLOT JAUNE…

     10 Mars : Les cinq novilladas éliminatoires du Vème concours international des novilleros sont terminées, comme autant d’étapes du grand "Tour" de la novilleria actuelle »…Bien entendu, des noms manquent, en particulier celui de Manzanares Hijo... Peu importe, le concours 2002 a démontré que le courage et le talent n’ont pas de frontière et que « Torero » se conjugue parfaitement en Espagnol, en Mexicain, en Portugais et en Français.
     Maintenant, on va passer aux demi finales. Si on laisse les petites magouilleries de côté, on constate une chose qui inquiète : Quatre des demi finalistes 2002, l’étaient aussi, l’an passé. Ils ont pour noms : Javier Valverde, Salvador Vega, Cesar Jimenez et Julien Lescarret. Les deux débutants seront le basque Raul Cano et le mexicain Arturo Macias.
     S’il ne peut y avoir de doute sur la qualification de Valverde, et même de Salvador Vega... Si l’on ne peut que se satisfaire de la nomination de Macias et de Julien, voire même de Raul Cano qui, outre d’être de Baracaldo, a donné quelques bonnes naturelles à un toro de sucre… on peut s’étonner, voire plus, du repêchage de Cesar Jimenez qui, sur cette seule éliminatoire, ne méritait pas tel honneur. Jimenez, à n’en pas douter, est un surdoué qui « va pa figura »… mais il faut attendre, et sur San Sebastian…no lo demostro ! On se demande ce qu’auront pensé les autres novilleros qui eux, ont coupé des oreilles, mais n’avaient pas la chance d’être du coin, ni « copains des copains »… Toujours est il qu’avec la qualification de Lescarret et de Cano, l’Empresa est sûre de faire de bonnes entrées pour les demi finales. « Entre le tendido et la buvette, avec quelques cameras de télé bien disposées autour… par ici la monnaie ! »

     Cela dit, « Salamanca tiene un torero ! », et il s’appelle Javier Valverde. Grosse démonstration du salmantino, hier, en plaza d’Illumbe. Solide comme un chêne, clair dans sa tête, « muy muy puesto! », Javier Valverde a fait une démonstration de toreria, hier, face à un manso fuyard de Loreto Charro. Pas forcément méchant, mais totalement indiscipliné, filant "aux quatre coins du cercle" pour revenir en bramant, dans une furieuse oleada. Un vrai tordu ! Pas méchant, mais qui peut vous faire mal, ou vous faire prendre trois avis. Valverde le regarda, le laissa faire deux secondes, puis lui dit : Ok, maintenant, c’est par là que cela se passe ! et tu vas me suivre. » En quatre passes de tiron, vers le centre ; en trois derechazos, fermes, cités d’une voix de stentor, laissant la muleta sous le mufle en fin de passe, le torero a convaincu le bicho, et celui ci « se acojono! »… Muselé, cadenacé, le novillo accepta les cites suivants, poursuivant avec envie cette muleta qui fuyait, mais « qui restait là », n’ouvrant jamais la porte vers les barrières. Sur un essai main gauche, le novillo profita d’un entrebaîllement, et fila aux tablas. Valverde le laissa faire, deux secondes, et le ramena au centre pour finir le dressage en deux derechazos inversés, à tour complet, très propres et très liés. Sur cette faena, Javier Valverde a démontré la qualité, technique et esthétique, de son toreo, cimentée de courage et de sobre communication avec le tendido. Oreille a ley ! Qualification pour la suite et un grand rendez vous pour Salamanca : 12 Juin, l’alternative de Javier Valverde, digne successeur des grands toreros de la Tierra Charra.
     Du côté de Julien Lescarret, on aura remarqué les gros progrès accomplis, le désir de toréer « asentado », de donner de la lenteur et du rythme à ses passes. Beaucoup de monde était venu le voir. Peu, on l’espère, seront repartis déçus. Son lot ne fut pas des meilleurs, et il lui a fallu veiller à ne pas mettre par terre, à la fois ses toros et ses chances. Aussi, devant soigner force et hauteur de muleta, le jeune ne put « aller à fond ». Cependant, il y eut des séquences très propres et non dépourvues d’un certain cachet. Les aficionados fraçais ont paru très lucides et très justes, ne demandant pas l’oreille, mais réclamant une très bonne vuelta que toute la plaza applaudit de concert.
     Leandro Marcos est superbe torero, au paseo. Cela se complique un peu, lorsque le toro « s’appuie un peu ». Cependant, lorsqu’il s’y met, il torée magnifiquement. Mais, deux naturelles dans l’après midi, c’est trop peu !

     9 Mars : San Sebastian (Illumbe) – 5ème et dernière novillada éliminatoire du Concours 2002 – Presque demi plaza : Cinq novillos de Ana Bohorquez, de présentation diverse, armés astifinos, sortant comme des bolides, et faiblissant des pattes, terriblement pour les deux premiers. Le sixième perdit une pezuña de l’antérieur droit… L’ensemble fut bravucon, noblote, mais faible. Quatrième et cinquième montrèrent de la qualité. Le deuxième fut changé par un Loreto Charro, haut, armé plus réduit, mais solide en diable, qui mit la panique en sortant, percutant dans le callejon le picador qui faisait son entrée en plaza. S’étant échappé des cuadrillas, le novillo bouscula tout le monde, sans mal heureusement, fit un tour du couloir, et ressortit fermement décidé à ne pas abandonner ces barrières qu’il avait senties de près. Il se montra manso, très mobile, très indiscipliné.
     Dans les cuadrillas, Morenito de Arles dut saluer, après une deuxième paire de banderilles en décomposant magnifiquement les temps, au troisième novillo. Bien, également, à la brega du sixième. Prometteur. De son côté, Mario Herrero mit un gros puyazo, lourd mais buenisimo, au cinquième toro, qui le supporta bravement.
     Leandro Marcos (Palmas – Vuelta un peu forcée) eut le tort de prolonger la faena devant le total invalide que fut le premier. Aucun sens. De plus, il alla quêter quelques bravos pour saluer au tercio. Indigne. Deux bonnes véroniques, en mettant la hanche, avant que le toro ne roule au sol. Le quatrième promettait plus, et le torero de Valladolid le cita, de loin, au centre du platillo. La faena promettait, mais ne tint que sur deux naturelles tirées à fond, tournant le toro sur la jambe, avancée. Pour le reste, de l’élégance, mais des muletazos un peu rapides, souvent accrochés. Rien de bien net, et le tout traînant en longueur par manque d’unité. Demie de côté et deux descabellos. Salut qu’on transforme en vuelta, mais…bof !
     Leandro Marcos prend l’alternative en Mai, pour la San Pedro Regalado, à Valldolid. Attendons ! « Des qualités il a… », comme dit le basque… 
 

     Javier Valverde (Oreille – Vuelta) sut garder la tête froide après les cinq premières minutes, pour le moins houleuses, de son actuacion. Le deuxième novillo sort, et galope à pleins tuyaux, tout autour du ruedo. Difficile à retenir. Puis, une grosse chute, après demi vuelta de campana. Invalide total. Mouchoir vert. Sort le Loreto Charro, voisin de Salamanca. Un costaud et un bourru. On sait la suite. 

     Valverde, les idées extrêmement claires, la voix bien chauffée et le courage affuté, va dresser ce fuyard, au point de s’en faire un copain. Chapeau ! Epée entière, un poil en arrière et tendue. Oreille forte. Oreille « de maestro ». Le cinquième le verra très bien à la cape, par véroniques, genou fléchi et double remate, très torero. Valverde, avec pundonor, ira répliquer à un quite de Lescarret, voulant démontrer que « le patron, ici, c’est moi ! ».Muy bien ! Faena un peu décousue, le toro manquant de fond et de race, mais, encore une fois, les choses très bien faites, avec technique, talent et sans esbrouffe. Il aurait peut-être coupé une petite oreille, s’il ne s’était énervé au descabello, après une entière contraire et tendue, encore en arrière. Vuelta et grosse ovation à la sortie. Indéniablement, le meilleur des éliminatoires.
     Julien Lescarret (Vuelta – Ovation) donna un joli quite à son castaño premier : Chicuelinas au millimètre, liées au « puente tragico », joliment rematés. Le toro sembla se faire mal à la sortie de la deuxième pique, devenant faible et berreon. Début suave, et malgré ce, le novillo flanche à la deuxième passe. Lescarret va donc devoir « cuidar al novillo », le laisser respirer, torée par courtes séries, à mi hauteur, essayant de baisser la main, progressivement. Cela marcha en fin de trasteo, le français tirant de bonnes naturelles. Entrant rapidement, une « presque trois quarts de lame » un peu desprendida. Vuelta fêtée. Le sixième lui permit de « mettre les reins », en trois débuts de bonnes véroniques, le tout clos d’une jolie demie. Brindis à Oscar Chopera, et faena de bonne volonté, à un toro faible, qui s’est lourdement affalé sur un cite au quite de Leandro Marcos. Séries courtes, à mi hauteur, devant un toro qui ne transmet rien. Bonne volonté, mais la soirée « se esfumo ! ».

     En fin de ces « poules qualificatives », le Jury s’est réuni et a retenu pour les demi finales des 22 et 23 Mars : Javier Valverde (de Salamanca) – Salvador Vega (de Malaga) – Cesar Jimenez (de Madrid) – Raul Cano (de Baracaldo) – Arturo Macias (du Mexique) - Julien Lescarret… de chez nous !
     Espérons que les membres du Jury ont voté « en conscience », et non… pour d’autres raisons ! Il est bien évident que Cano et Lescarret vont amener beaucoup de monde, ce qui n’est pas le moindre de leur mérite.
     Rien à dire sur cinq des six qualifiés…mais, Cesar Jimenez s’en sort vraiment bien.

 

  RACHOU, DANS LE BLEU DU CIEL ...

 
  10 Mars : Il fera beau, aujourd’hui, à Dax, et cette bénédiction du ciel est juste récompense pour ceux qui ont décidé de rendre hommage à Jean Pierre Rachou, tragiquement disparu, en Août dernier.
     Cet après midi, à partir de 15h30, les deux tauromachies, landaise et espagnole, se donneront la main pour un dernier salut d’honneur à celui qui fut un « maestro des écarteurs ».
     Toreros landais, et toreros tout court, apporteront le meilleur de leur vocation et de leur talent, dans cet hommage à celui qui ne fut que « vocation et talent », tout au long de sa carrière.

      Aussi, il n’est que justice d’apporter sa contribution à cet événement qui, au travers du souvenir de Jean Pierre Rachou, sera un grand coup de chapeau, et un grand merci, à tous ceux « qui se mettent devant »…et qui y restent, laissant venir à eux, la charge du fauve, qu’il soit de coursière, ou de macho de cinco hierbas.
     Festival en deux parties : Tauromachie landaise, tout d’abord. Pour ce qui est de la phase « espagnole », trois novillos seront toréés par Stéphane Fernandez Meca, Swan Soto et Julien Lescarret. Tout un programme, tout un « merci ».
     15 h30, ce dimanche, à Dax, pour « Rachou », du haut du ciel bleu….

 

FERIAS DU LEVANT : DE VILLE EN VILLE…
     Antonio Ferrera triomphe à Castellon, en clôture de la Magdalena
     Raul Blazquez coupe un trophée à l’ouverture des Fallas de Valencia

     11 Mars : Les belles levantines ne savent où donner de leur regard noir. Castellon s’éteint, Valencia s’allume.
     Une Castellon  triste, grise, qui sort d’une feria de la Magdalena terne, sans autres sursauts que quelques bons moments signés Jose Maria Manzanares Hijo et Jose Tomas. Manquait le « ho ! » de peur, qui se termine en « ha ! » de contentement. Il a fallu attendre le dernier jour pour enfin « se lâcher »…  La corrida de Victorino n’a pourtant pas été « del otro mundo », mais il a suffi de deux toros pour que des hommes, enfin, transmettent au public ce sentiment de danger permanent qui consiste à rester dans un rond de sable de quarante mètres de diamètre, seul avec un toro, même s’il est faible, même s’il est « demochado »…
     Hier, les toros de Victorino ont permis de mettre les choses à leur place, et le cœur des hommes à fait le reste. Le combat d’Antonio Ferrera face au sixième, seul digne successeur des « alimañas » d’antan, est d’ores et déjà inscrit au livre de la Temporada 2002. Les filles de Castellon peuvent faire sourire leurs grands yeux…

     A Valencia, les Falleras, grandes et petites, vont sourire tant que les fumées des mascletas ne les font pas pleurer… Pour le moment, tout va bien : La feria a bien débuté, hier, par une bonne corrida de Martelilla, devant une bonne demi entrée. Malgré la politique d’augmentation de certaines places, afin d’en baisser d’autres, on s’aperçoit que la nouvelle empresa a mis dans le mille : Il n’y a plus de billets pour les courses du 15 au 19 mars.
     Castellon qui s’endort en soupirant, Valencia qui écarquille ses yeux « con mucha ilusion ! » La temporada 2002  a vraiment démarré…

     10 Mars – CASTELLON DE LA PLANA – 8ème et dernière de Feria – Llenazo : La corrida de Victorino Martin ne passera pas à l’histoire. Moyennement présentée (474, 536, (557 sobrero), 500, 484 et 517 Kgs) et armée, le lot manqua de caste et de forces, à part les 1 et 6èmes. Le quatrième fut un invalide et le troisième le fut, au point d’être remplacé par un gros bêta manso de Jose Vazquez. Le lot de Padilla manqua de caste. Malgré tout cela, la corrida de Victorino a créé l’émotion du vrai combat, permettant aux hommes de rendre tout prestige au costume du « guerrier d’or ». Antonio Ferrera, en vrai gladiateur, est le seul matador a sortir a hombros de Castellon.
     Manolo Caballero (Oreille – Palmas) se retrouva devant un premier toro, du nom de « Boticario », très encasté, miron et pegajoso,  qui regardait beaucoup et collait au torero, sans arrêt. Caballero dut se battre pour dompter cette charge nerveuse, la corne cherchant les mollets, le toro se retournant sec, à chaque passe. Gros mérite de l’Albaceteño, en particulier pour trois choses : « ne pas perdre les papiers » ; un bonne série de naturelles ; une bonne estocade. Il coupa ainsi la première oreille d’une corrida où l’on voulait voir triompher les hommes. Le quatrième était « un faible faible », qui paraissait malade. Pas grand chose à en tirer.
     Juan Jose Padillla (Oreille – Vuelta) semble en bonne forme. Avec le lot le moins propice, il alterna le spectaculaire avec du toreo de grande qualité, en particulier dans des  naturelles très bien tirées, très templées, qui en ont surpris plus d’un. Le Jerezano signa, face au deuxième, "le" coup d’épée de la feria. On nota sa capacité technique face à ce toro qu’il obligea a humiliar, à baisser la tête. Bonne journée de Padilla, qui semble s’être assagi et penser mieux, devant le toro

     Antonio Ferrera (Oreille – Oreille) a triomphé à grands coups de dents. Du mérite, face au sobrero de Vazquez qu’il reçut bien à la cape. Début de faena par un cambio dans le dos, au milieu, et… à la troisième passe, le toro file aux barrières. Ferrera ira lui arracher un premier trophée. Son combat, face au sixième qui portait un nom qu’on souhaite prémonitoire, « Millonario », relèvera de « l’épique »… Bien, encore une fois, au capote. Suicidaire aux banderilles, face à un toro violent, prêt à décocher un coup de corne, de griffe, de dents. 

A la muleta, bagarre intégrale, se jouant les fémorales pour arracher le moindre demi muletazo, jusqu’au point de tirer quelques passes complète et un trincherazo, royal, en fin de trasteo. Ouf ! Pour conclure, seul au centre du ruedo, une folle demi estocade, tandis que le public hurle son émotion. Gros triomphe de Ferrera, qui s’ouvre là, les portes « mieux huilées », des grandes ferias. 

     10 Mars – VALENCIA – 1ère de feria des Fallas – ½ plaza : Très bonne ambiance pour cette ouverture.
     Toros de Martelilla (provenant de Marquis de Domecq), très bien présentés (507, 498, 492, 508, 495, 564 kgs)  et astifinos. La corrida est sortie noble, mais falta de fuerzas. Le premier de la lidia « à pied » se cassa un piton, et fut changé par un sobrero du même fer.
     Le cavalier Martin Porras (Oreille) s’est montré, à l’habitude, balourd et vulgaire. Beaucoup de cavalcades, de grands gestes… loin du toro. Il connut plusieurs échecs aux cours de la lidia, mais son rejon de muerte  fut d’un effet immédiat. Oreille et des photos pour la pub. Mais, bon…
     Angel de la Rosa (Ovation – Vuelta après avis) fut celui qui donna les moments de qualité de la tarde : Au capote, face à son premier qui se démolit dans un vuelta de campana; à la muleta, dans de très bonnes naturelles, au quatrième. Hélas, il fut un peu long et tua mal.
     Raul Blazquez (Ovation – Oreille) confirma le succès de l’an passé. Larga à genoux, face au deuxième, où il ne trouva pas la distance ni le tempo. Longue faena pleine d’enganchones. Par contre, il se montra très à son avantage, face au  noble cinquième, tirant deux bonnes séries de naturelles.  
     Alberto Ramirez (Palmas – Silence après avis) a touché un lot peu propice, devant lequel il montra une vaine bonne volonté. Mais, c'est insuffisant. Encore une fois, Ramirez passe « au travers » de grandes opportunités : Mexico, Castellon, Valencia… Ca fait beaucoup.

     Ce lundi 11 Mars : Novillada de Fuente Ymbro, pour Matias Tejela, Cesar Jimenez et Oscar Sanz.

 

LE DIMANCHE, DANS LES RUEDOS

     11 Mars : La saison « attaque » fort… De toutes parts se montent  des corridas qui permettent aux matadors « du premier groupe » de régler le tir, avant les grandes ferias, et de marquer des buts au classement, en coupant des oreilles plus « faciles » que dans les grosses épreuves qui les attendent. Ces corridas permettent également à des plus modestes, de démontrer que.. si on leur donne l’opportunité, ils peuvent également briller. Malheureusement, au vu des entrées, on ne peut que se poser quelques questions sur l’aficion espagnole, qui semble bien malade…

     Corridas :

     10 Mars – Antequera (Malaga) – ¾ de plaza :
     Toros de Castilblanco de bon jeu. Vuelta au sixième
     El Cordobes (Oreille – Deux oreilles)
     Sanchez Parada (Oreille – Vuelta, après deux avis)
     El Fandi (Deux oreilles – Deux oreilles), mit le feu à la plaza, donnant vuelta après quatre paires de banderilles, toréant superbement le sixième.

     10 Mars – Cehegin (Murcia) – 1/3 de plaza. Toros de Martin Lorca, de bon jeu.
     Finito de Cordoba (Oreille – Deux oreilles)
     Pepin Liria (Ovation après avis – Deux oreilles)
     Victor Puerto (Oreille après avis – Ovation)

     10 Mars - Mejanes (France) – Grand beau temps, mais petite entrée.Toros de Gilbert Mroz, de présence inégale, un peu faibles, mais de bon jeu
     Curro Diaz (Vuelta – Oreille)
     Antonio Losada (Oreille – Deux oreilles)
     Jose Gabriel Olivenza (Oreille – Vuelta)

     Novilladas :

     10 Mars – Madrid (Las Ventas) – Le quart de plaza, habituel. Novillada de Felix Hernandez Barrera, bien présentée, mais mauvaise, empreinte d’une mansedumbre distraite. Mauvais à la pique, les novillos n'ont rien donné, à la muleta, excepté, peut-être, le quatrième, au début. A noter les poids : 478, 461, 479, 453, 520, 516 Kgs. Una barbaridad !
     Martin Quintana (Silence – Applaudissements, après un avis, chaque fois), correct sans plus. Il déçut beaucoup en laissant passer le quatrième, qui semblait promettre.
     Jarocho (Ovation – Ovation), très volontaire, désirant faire les choses correctement. De bons détails face au cinquième, et deux bonnes épées.
     Luis Rubias (Palmas – Silence) faisait sa présentation à Las Ventas. Pas grand chose à son actif, face à deux novillos « de cuidado ». De plus, le sixième s'appelait « Avispado », ce qui n’était pas fait pour rassurer. (Avispado est le nom du toro qui tua Paquirri, à Pozoblanco)

     10 Mars – Los Barrios (Cadiz) – Deuxième novillada concours – Media plaza. Novillada de Salvador Domecq  « El Torero », excellente. Très bonne tarde des toreros, en particulier Salvador Vega.
     Leandro Marcos (Ovation – Deux oreilles)
     Matias Tejela (Oreille – Ovation)
     Salvador Vega (Deux Oreilles – Deux oreilles)

 

DAX : LE CŒUR Y ETAIT…

     11 Mars : Trop peu de monde, peut-être, pour ce festival hommage à Jean Rachou, hier en plaza de Dax. Cependant, les présents, s’il n’eurent pas l’occasion de s’enthousiasmer, ont passé un bon moment, en particulier grâce aux toreros landais, écarteurs et sauteurs, qui ont mis tout leur « point d’honneur » à se montrer à la hauteur de leur aîné disparu. De grands moments, les toreros multipliant les trouvailles, à la grande joie d’un public ami.
     A cette occasion, Didier Goueytes sortit de sa retraite pour, lui aussi, saluer son ami. Il se montra excellent en plusieurs écarts très serrés. Un très gros succès de tous les toreros landais.
     Pour ce qui est de la tauromachie espagnole, il fallut déchanter, à cause du ganado qui, malheureusement, se mit sur la réserve, lorsqu’il ne tourna pas à l’impossible. Seul le petit Nuñez del Cuvillo permit à Swan Soto de bons passages avec cape et muleta. A lui  la seule oreille de l’après midi.
     Stéphane Fernandez Meca a joué de malchance : Il toréa une espèce de bison sorti tout droit de « Danse avec les loups », pourtant marqué du fer de Samuel Flores. Gros balourd difforme, qui passa son temps à le regarder par dessus le leurre, coupant sa charge sournoisement. On annonça que le ganadero d’Occitania offrait un dernier toro à Fernandez Meca. De fait, le cadeau « burraco » était un vrai « regalo », manso de haut vol, impossible à toréer. Par deux fois, le français entra a matar « avec circonspection ».
     De son côté, Julien Lescarret eut à faire à un Marquis de Domecq sin fijeza, au capote, tournant au maniable à la muleta. Malheureusement, il dura peu de temps, raccourcit la charge et « se mit à penser », accrochant Lescarret, sans mal. Epée rapide et une vuelta fort applaudie.
    Restent les brindis (très beau, celui de Meca, à l'épouse du disparu) et les yeux qui montent au ciel, pour un dernier salut. La haut, un grand rayon de soleil, comme un dernier adieu… 
     Il s’appelait Jean-Pierre Rachou. Il est entré dans l’Histoire de « la France Torera »…

 

VALENCIA : DEPART « EN FEU D'ARTIFICE »

     12 Mars : En tauromachie, les jours se suivent et ne se ressemblent pas. C’est aussi pour cette raison que nous sommes aficionados.
     Ailleurs, dans d’autres planètes, on entend les mêmes rengaines, les mêmes slogans, les mêmes promesses… aujourd’hui, plus que jamais. Ailleurs, ce sont les mêmes drames, répétés, les mêmes crimes, récidivés… On assassine, on viole impunément, on s’indigne, l’espace de quelques secondes, puis on libère… et on s’étonne. Honte à nous ! Honte à eux qui disent gouverner… « Parolé, parolé, parolé ! disait la chanteuse..
     Restons donc « chez nous », tout y est plus clair !
     Castellon de la Plana a été un désastre, et Magdalena est inconsolable. Mais… « Otro dia sera ! », demain est un nouveau jour ! A quelques encablures plus au sud, Valencia ouvre ses Fallas 2002. Cela a commencé dimanche, par une bonne corrida  de Martelilla, et allez donc savoir pourquoi… ça continue !
     Hier, en deuxième de feria, est sortie une « immense » novillada de Fuente Ymbro, bien présentée, solide, très encastée qui, d’un coup, a rendu à la tauromachie ses lettres de noblesse. Une « presque corrida », très sérieuse, qui ne permet aucun écart, mais qui se livre, noblement au moindre cite… Le grand banderillero « El Chano » en a fait la cruelle expérience, qui s’est fait rudement secouer, sans trop de mal, heureusement.
     Grand spectacle des jeunes hommes qui poursuivent leurs chimères vêtues d’ors et de lumières, face à ce tourbillon cornu. Ils ont été les héros que nous voudrions tous voir, en entrant dans une plaza. Des héros ! pas des infirmiers… De nobles combattants ! pas des aide soignants…
     En deux jours, Valencia a vu « plus » que durant toute la saison dernière… Que bueno ! Pourvou qué ça doure !
     Dans les rues, les roulements de tambours et les pétarades des mascletas se disputent le silence et la tranquilité… Mais, c’est dans la plaza, pour le moment qu’a éclaté le grand feu d’artifice.

     11 Mars – VALENCIA – 2ème des Fallas – Novillada – 1/3 de plaza – Temps frais : Formidable novillada de Fuente Ymbro (Jandilla) – Remarquablement présentés (les trois derniers, surtout), les novillos sont sortis avec une grande présence, chargeant les capotes avec codicia, prenant chacun deux puyazos, sans grand style, mais avec force et bravoure encastée. A la muleta, la novillada entière a servi, avec quelques bémols chez les trois et quatrième. Au top, le deuxième de la tarde, qui fut un ouragan de noblesse et de force. Novillo qui répéta infatigablement sa charge, voulant dévorer tout cru son torero. Mais celui ci répondit avec courage et talent. Un formidable moment ! Exemplaire aussi, l’attitude du président qui refusa l’indulto qu’on entrevit, un moment, mais qui, à peine le toro tombé, sortit d’un coup les deux mouchoirs blancs pour le diestro, et le bleu de la vuelta d’honneur. Là aussi, pourvu que cela dure ! Valencia a connu trop de scandales « présidentiels », pour mériter enfin, un acte « aficionado »…
     Le novillo s’appelle « Volante », N°105 – de 419 Kgs. Il est le fils de « Bienvenido », toro qui fut grâcié par Enrique Ponce, en 1992, à Murcia. Bon sang ne saurait mentir.
     Oscar Sanz (Vuelta – Silence après un avis) avait triomphé, l’an passé. Cette fois, hélas, il n’a pu que montrer ses limites techniques, et on le comprend. Début par larga "a portagayola", devant le premier qui va vite montrer du caractère. Aspero, con genio… en un mot : un vrai cabochard, un mauvais garçon, sans pour autant être impossible. Le Valenciano se montrera décidé, mais « en dessous ». Grande épée, cependant. Il y eut petite pétition d’oreille. Le quatrième se mit une méchante vuelta de campana en début de faena. Il s’en ressentit, chargeant « en demi teinte », sur une muleta qui parut hésiter. Sanz fut correct à droite, mais se fit déborder sur le côté gauche, prenant deux volteretas, sans mal. Feana « a menos », les deux protagonistes ne transmettant plus rien.   
     Matias Tejela (Deux oreilles – Ovation, après un avis) a été « enorme » à l’un, mais un peu moins bien, à l’autre. Formidable mérite que le sien d’avoir su aguanter, canaliser, dompter la charge du fameux deuxième « Volante ». Après un bon début à la cape, par véroniques et media à genoux ; après un bon quite par chicuelinas et talaveranas, Tejela se retrouva face à un « typhon » qui aurait très bien pu le faire exploser. Au contraire, le torero fit face, très calmement, avec vista et courage. Faena « a mas », en majeure partie sur main droite. Faena vibrante, face à un toro qui ne permet aucune erreur. Final par aidées par le haut et bas, et un énorme coup d épée, en décomposant les temps, dont le novillo sort « rodao ». Formidable moment. « Eso si, es la Fiesta Nacional ! ». Deux oreilles et le mouchoir bleu. Magnifique. Par contre, cela se passa moins bien avec le cinquième, peut-être trop piqué, devant lequel Tejela se montra plus dubitatif, et dont il ne vit pas le bon piton gauche. Lorsqu’il voulut rectifier et commencer « une seconde faena », le public ne suivit pas.
     Cesar Jimenez (Oreille – Oreille) s’est montré torero, prêt pour de plus amples entreprises. Elégant, intelligent, décidé, il fut à la hauteur de deux novillos distincts qu’il sut exploiter, à sa manière. Cependant, on aurait pu attendre un « crescendo », en particulier face au grand sixième. Jimenez débuta fort, toréant beaucoup à genoux, donna de magnifiques naturelles au troisième, de bonnes choses sur la droite, au dernier… mais ne poussa pas le contre ut que l’on aurait pu espérer de ce surdoué que l’on voit déjà « figura ». Grand passage, cependant, de Cesar Jimenez, à Valencia. Son prochain paseo, en Juillet, sera « de matador de toros ».
     A la fin de la course Matias Tejela, Cesar Jimenez et le Mayoral de Fuente Ymbro sont sortis « a hombros ». Pourvou qué ça doure !

     Ce 12 Mars, deuxième novillada de Feria : Des Guadalest, lidiés par Leandro Marcos, Javier Valverde et Jose Luis Miñarro.

 

VALENCIA : PAS TOUS LES JOURS « LUNDI »…

     13 Mars : Les jours se suivent et ne se ressemblent pas, du moins sur le planète « Toros », parce qu’ailleurs, les images du monde, même à cent mètres de chez nous, rivalisent de cruauté et de folie.
     Tandis que dans le ciel de New York, deux gigantesques pinceaux de lumière bleue montent, verticaux, vers le ciel, pour que l’on oublie pas le fatidique « Nine Eleven » (11 septembre), des images encore plus horribles nous parviennent, qui ne peuvent laisser personne insensible, même le plus vil, même le plus aguerri des guerriers. Les seuls à ne pas se prononcer sur ces faits… les antis taurins ! A croire que dans leur combat « contre les assassins de toros », ils en oublient de regarder… du côté des humains.
     En Palestine, un homme est mort… Il y en a, aujourd’hui, des dizaines par jour. La mort n’est jamais belle ! Mais celle là est « pire encore »… Allez donc voir, si je mens ! En première page de l’ABC, aujourd’hui, 13 mars 2002, (www.abc.es), une petite photo, et toute l’horreur du monde : Celle du cadavre d’un palestinien, à demi nu, pendu par les pieds. Convaincu de collaboration avec l’ennemi juré, Israel, le mort est poignardé par un des ses propres compatriotes… Allez donc parler de paix, après cela.
     Mais, pas la peine d’aller si loin : A Evreux, un père de famille, honnête artisan et bon citoyen, veut défendre son fils d’un racket, à la sortie du lycée. On apprend qu’il a été massacré par une vingtaine de jeunes, à coups de pieds, de bouts de bois, jusqu’au coup de brique « définitif ». Où sommes nous donc, ici ? Où allons nous ? Vers quel chaos, la France d’aujourd’hui, se laisse t’elle entraîner ? Quand donc, ceux qui la mènent continueront ils à « accepter cela » ? Oh, ils ne l’acceptent pas, disent ils, l’air faussement abattu. Prisonniers de leur démagogie, de leur lâcheté, ils condamnent énergiquement, bien sûr… et rentrent chez eux. Mais que font ils, vraiment ? Que faisons nous, maintenant ?
     Dans notre pauvre pays, écrasé d’inculture, le fossé s’agrandit et personne n’en arrêtera plus la sinistre progression… Asi, las cosas!

     A Valencia, “c’est pas toujours lundi!” La novillada d’hier a fortement déçu. Elle divise l’Aficion et la presse. Certains mettent en cause les novillos de Guadalest et leur manque de race ; d’autres stigmatisent les hommes et leur manque d’ambition, pour au moins deux d’entre eux. Il est évident qu’après la formidable novillada de Fuente Ymbro, la suite ne pouvait que sembler plus terne… un peu comme quand, après avoir essayé une Ferrari, vous reprenez votre Clio… Et pourtant, la Clio est une bonne voiture ! Si o no ?
     Du coup, les revisteros parlent du « troisième homme » (eux aussi !)… Il s’appelle Jose Luis Miñarro, et il est du coin. Vêtu de ciel et or, il toréait sa deuxième novillada piquée, en un an. C’est dire son inexpérience… Accumulant les imprécisions et les fautes, le débutant a manifesté une envie, un courage, dignes d’éloges, même s’il gâcha deux novillos, même s’il fit sursauter de peur, même s’il ne fut pas « bon »… Huit « largas à genoux », aujourd’hui, ne suffisent plus à faire un triomphe, mais … « tiene huevos, la cosa ! No ? »…
     La tauromachie est la seule à révéler le fol espoir d’un jeune homme, devant un destin des plus aléatoires… La muleta dans la main gauche ; l’épée dans la main droite ; et au milieu… le cœur, l’œil qui regarde droit, la voix qui vibre. Humain et sincère, tout simplement ! Certains en pourraient tirer leçon… Non ?

     12 Mars – VALENCIA – 3ème des Fallas – Novillada – Media plaza – Temps froid : La novillada de Guadalest est sortie magnifiquement présentée, très homogène (459, 447, 462, 431, 440, 480 Kgs) et « variopinta » (d’une grande diversité de couleurs dans les pelages). Hélas, les superlatifs s’arrêtent là. Aucune bravoure sous la pique « qu’ils protestèrent », tous. Les Guadalest manquèrent de race et de forces. Ils avaient une espèce de noblesse endormie, qui annihile tous les efforts des hommes. Imaginez, même leurs noms appelaient à la somnolence : « Dormidito », « Atolondrado », « Despistado »…Que voulez vous tirer de ces zombies ? Et, comme pour se moquer de ceux qui avaient bataillé en vain, le dernier s’appelait  « Buenasuerte » ! Vaya cara ! En un mot, les novilleros ont souffert, en tous points, de la comparaison avec la novillada de la veille… Pas tous les jours Lundi !  Heureusement, d’ailleurs…
     Leandro Marcos (Ovation, après un avis – Silence) a laissé passer le seul vraiment potable du jour, le premier. Elégant, mais froid, raide, inexpressif… son habituel défaut. Cependant, on lui doit trois grandes naturelles, liées au pecho. Le novillo, par faute d’engagement, le menaça plusieurs fois et le prit vilainement, par le ventre, au moment du premier pinchazo. Longues secondes d’angoisse, le torero restant accroché au piton. Pas de mal, Dieu merci. Face au quatrième, très court de charge, ses vains essais suscitèrent l’indifférence.
     Javier Valverde (Silence – Silence) aurait mérité mieux que cette froide récompense, après son premier combat. Il fut volontaire et très propre, peut être trop sobre et académique, face à son premier, qui manquait par trop de forces. On l’a vu très « puesto », bien préparé, avançant la main, tirant ses passes avec grande sécurité... mais sans rien transmettre à des gradins qui se relevaient doucement de la gueule de bois de la veille. Face au cinquième, ce fut pire, et là, le torero se désespéra devant tant de tristesse, allant jusqu’à se faire désarmer par trois fois, consécutivement. Mauvaise journée pour le Salmantino, qui a besoin d’une autre opposition, et qui doit rectifier, dimanche, à Madrid.
     Jose Luis Miñarro (Ovation, après avis – Silence) a donné un farol suivi de deux largas à genoux, à son premier. A la réception du sixième, mieux encore : Cinq largas afaroladas de rodillas, à la suite ! Il fit un bon quite au deuxième, et tira quelques passe isolées, sur le voyage, avec une certaine allure. A côté de cela, toute une suite d’essais frustrés, de coups, de « Ayyy ! », en un mot, de verte inexpérience. Mais tant d’envie, comparée à la froide académie des collègues, lui attira la sympathie de tous. C’est normal, « c’est le petit dernier, et il est du coin… ! » Normal ! Bravo !

     Ce mercredi 13 Mars, on entre dans le cycle des corridas « à vedettes ». Ce jour, Toros de Ana Romero, pour Luis Francisco Espla, El Cordobes et Javier Castaño. Pas grand chose à en attendre, à priori. Mais… en tauromachie, allez donc savoir ! 

 

VALENCIA : PLUIES, SUIVIES D’AVERSES…

     14 Mars : En bords de Méditerranée, quand il pleut… il pleut ! Valencia, en été, peut vivre de véritables déluges qui transforment souvent les villes champignons qui poussent dur ses plages, en véritables lagunes exotiques. Manquent plus que les caïmans qui regardent passer les pirogues… En hiver, c’est autre chose : la pluie vient « glacer le froid »… et s’il fait du vent, peor todavia !
    C’est ce qu’à vécu, hier, la cité du Turia, à l’occasion de sa quatrième de Feria de las Fallas ! Dans les rues, les filles ont rangé leurs attributs folkloriques, et les statues de carton pâte ont continué de sourire, mais avec quelque inquiétude…Le rimmel de peinture noire a commencé à couler sur les gros seins cramoisis… euh, pardon, « carmesi » ! 
     Les traditionnelles Fallas n’aiment pas la pluie. Se moquant de tout, elles se savent promises au feu, donc elles sont là pour « allumer » le passant. Aussi, le « que d’eau ! que d’eau ! » n’est que peu apprécié… Et hier, c’était « pluies, suivies d’averses ! »
    Chez nous, quelques douches froides, également ! La princesse n’aime plus les éléphants ! Elle laisse donc tomber son dompteur, et repart en chasse… A la Télé, on sélectionne pour le prochain Loft Story. La journaliste d’une célèbre revue Télévisuelle se fait passer pour candidate, "parcourt" toutes les épreuves, et sort enfin sa carte professionnelle au nez d’un « malotrou » qui lui donnait cinq minutes pour le convaincre de coucher avec elle ! C’était là une des phases de la sélection… Señores ! « Jusque z’à quand ? »…  Pas étonnant que l’on voit certaines bacchanales envahir nos rues, quand on fait l’apologie de la vulgarité et du vice, devant des millions de téléspectateurs "et tateuses"… Le « Loft Story 1 » fut un summum de mauvais goût et de plate vulgarité… On n’a encore rien vu, paraît il… Enfin ! Pluies, suivies d’averses !

    Dans le ruedo de la plaza de la Calle Jativa, la deuxième corrida s’est déroulée sous la pluie, et s’est traduite par un « plouf ! ». Les Santacoloma de Ana Romero  ne se sont pas bien conduits et, de leur côté, les hommes ont sortis tous leurs artifices. A ce jeu, on le sait, Espla est imbattable. A côté de trois derechazos et un bon pecho, l’alicantino a en poche une batterie de « detalles » toreros, qui vont d’un costume torero, plus surchargé que jamais, style « los de y’a longtemps ! », au desplante assis sur l’estribo, après l’estocade, le temps de la photo… En un mot : toujours aussi malin ! 
     El Cordobes a fait la grenouille, surnageant sous la pluie, comme un poisson dans l'eau, et Castaño semble avoir retrouvé quelques repères… Nada ! Il faut attendre des jours meilleurs !

     13 Mars – VALENCIA – 4ème des Fallas – Media plaza – Temps épouvantable : A cinq heures, il faisait presque nuit. Le vent ravivait le froid, et la pluie se transforma en déluge, au deuxième toro. Les hommes se sont méfiés du sol et du vent. Le public aguanta, mais ne put apprécier tous les efforts, en particulier du Cordobes, au deuxième.
    Les toros de Ana Romero ont fortement déçu. Ils sont sortis, bien présentés, très en Santacoloma, mais sans homogénéité (544, 581, 489, 508, (526, sobrero) – 527 kgs. Le deuxième a été remplacé. On a « couru le tour », et en cinquième est sorti un gros méchant de « La Dehesilla ». Les Ana Romero ont démontré beaucoup de mauvais caractère et des idées tordues. Seul le quatrième peut être qualifié de « bon », méritant plus que le cirque « Esplaïen »…
    Luis Francisco Espla (Applaudissements – Oreille) a "forci"… Aurait intérêt à "alléger" ses costumes, car  on va friser…« le bombero torero ». Malin, quand même agile, l’alicantino sait lidier sur les jambes, et faire facilement passer « ses grosses ficelles », surtout quand il pleut des cordes… Il se méfia élégamment du premier, avec quelques raisons. Par contre, il usa de tous les artifices pour vendre sa pacotille, face au bon quatrième. Il alla jusqu’à inviter à banderiller avec lui, son péon Domingo Navarro. Applaudissements pour le geste si sympathique… mais une pose de moins à tenter en sol glissant. Le toro venait fort et franc. Espla eut de bonnes choses, isolées, mais fit aussi parler le métier, face à la galerie. Desplantes, sourires entendus, gros clins d’yeux, style « Ca va,chez vous ? Fait pas chaud, hein ! ». Une épée « en bas », le desplante assis à l’estribo, le temps de la photo, et … une oreille, quand le toro offrait les deux. Le meilleur d’Espla, outre son intelligence, fut un bon quite, tout « à une main », face au sixième.
    El Cordobes (Ovation, après avis – Ovation) s’est montré, à son habitude, sympa, souriant sous des trombes d’eau. Sa première faena, qu’avait précédé un bon quite par chicuelinas, débuta fort bien, mais tourna vite à « la grenouillade » sous le déluge, le blond torero sautant allègrement dans la moindre flaque… Il entra bien « a matar », mais le toro tarda un peu trop à choir. Le cinquième, un gros vilain sobrero de Pereda, était d’un autre calibre, de ceux qui tirent dans les coins, ou vous explose à la figure. Rien à faire : se défendre proprement, et plier les cannes…
    Javier Castaño (Ovation – Ovation), jouait gros. Son nom au cartel ne se justifiait nullement, au vu de ses précédentes productions, et de sa temporada 2001 toute entière… Mais… le tapis vert ! Castaño a été très correct, très volontaire, et semble avoir retrouvé quelques sensations, de celles qui, de novillero… avaient fait sensation ! On le vit très ferme, très décidé, même quand le troisième lui sauta dessus, lors de la larga à genoux, l’obligeant à sauter la barrière. Un peu comme un gardien qui prend un but à dix secondes du début du match. Cueilli à froid! Le torero se remit de ses émotions, se planta là, et donna de bons derechazos, face à un toro « qui regardait beaucoup ». Castaño toréa sans génie, un peu retorcido, et n’utilisa jamais la gauche. Bon ! Mais, pour le moins, il transmit « une envie de remonter », et l’aficionado aime cela. Reste encore beaucoup de chemin à faire, pour retrouver le Castaño qui avait levé tant d’espoirs, dont on ne saura si, à l’époque, ils étaient déjà justifiés.

     Ce mercredi 14 Mars : Toros de Jandilla,  pour Manolo Caballero, Javier Conde et Rivera Ordoñez.

 

LESCARRET : ALTERNATIVE « SUI GENERIS »

    14 Mars : Julien Lescarret prendra l’alternative, comme on le murmurait depuis longtemps, à Eauze. Bien ! Cela se passera le 7 Juillet. Perfecto… On aurait pu souhaiter meilleure date et meilleur lieu, pero bueno…
     Le cartel est un cartel « sui generis ! »… o sea « made in Chopera »
      Stéphane Fernandez Meca sera le parrain, et Antonio Barrera, le témoin, face à des toros de Salvador Domecq. C’est bien pensé, et... c’est bien pratique : Julien doit faire la taquilla, et les deux autres toreros, apodérés par la Casa Chopera, assurent l’intérêt… Meca est toujours à son avantage, chez nous. Quant à Antonio Barrera, que personne ne connaît en France, il aura l’occasion de présenter ainsi ses lettres de créances, en vue d’autres prestations dans les plazas « indépendantes », mais ô combien « Chopériennes », du Sud Ouest. No problem !
     No problem ? Enfin presque… Faudrait pas pousser trop loin le bouchon… parce que « l’on peut faire encore mieux » ! On peut faire : Fernandez Meca, Antonio Barrera, Javier Castaño, face à des Toros de Martinez Elizondo… Oui ! Oui !
    Cela dit, un jour d’alternative est, pour un torero, le plus beau de sa vie… Donc, Julito, « profites en pleinement… te lo mereces ! »

 

UNE OREILLE POUR « UN DEMI GRAND TRIOMPHE »

     15 Mars : Francisco Rivera Ordoñez a coupé une oreille, hier, à Valencia. Certains diront que c’est bien payé, pour une demi faena. De fait, il semble bien que le Fils de Paquirri, dont tous nous connaissons les déboires, soit en train de « remonter dans le train » du succès, et surtout du pundonor torero.
     Depuis des années, celui que l’on souhaite voir porter dignement le fanion de bataille de son père parcourt les ruedos avec une moue parfois méprisante, et un toreo approximatif, presque routinier, donnant l’impression de pouvoir ou vouloir aller au delà d’une vulgarité musclée. Si l’on ajoute à cela, une réelle inconstance avec l’épée, il ne reste plus grand chose.
     Et pourtant, des indices, des signaux, « des indicateurs qui clignotent », comme disent nos chers politiciens économistes… Une faena, par ci, par là ; un gros coup d’épée ; une bonne actuacion, en automne, à Madrid ; une volonté de fer, face à quatre carnes, cet hiver, au Venezuela. Entre temps, Fran a changé d’apoderado, et va bientôt changer de femme… Cela ne nous regarde pas, mais…
     Toujours est-il que l’on a vu, hier, un Rivera Ordoñez confirmer, dans une grosse feria, les impressions que l’on avait. A n’en pas douter, il va falloir surveiller de près ses sorties à Séville. Tout le public le regardera « à la loupe » : Les filles, pour voir s’il est toujours aussi « guapo », au point qu’elles iraient bien le consoler ; la « Gentry » sévillane, pour voir comment s’en sort le « Duque » félon ; les aficionados et les professionnels, enfin, pour voir si Fran Rivera Ordoñez se décide, après des années d’errance, à être le torero que ses gènes impliquent. Mais, ce qui est certain, Fran arrivera à la Maestranza, « avec le fusil chargé »…
     Une oreille « d’importance »donc, hier à Valencia. Pas de quoi faire un ragoût, certes, mais le premier amuse gueule, peut-être, d’un nouveau banquet. A suivre et… à table, à Séville !

     14 Mars – VALENCIA – 5ème des Fallas – Un peu plus de media plaza – Temps exécrable : Le grand public est sorti déçu : Il a fait un temps de chien, entre pluie et vent froid, et il n’y a eu qu’une oreille…
     De fait, il y eut « plus » que cela. Les Jandilla, tout d’abord, qui sont sortis solides et encastés. Trois d’entre eux ont été braves au cheval, et la majorité aurait mérité plus d’engagement de la part des toreros. Présentation inégale (571, 618, 501, 559, 470 et 598 kgs), mais des toros bien faits, bien armés, irréprochables, pour la plupart. On comprend pourquoi il y a eu bataille… pour ne pas les toréer, à l’heure de monter les cartels. Premier aurait mérité mieux, le cinquième fut réellement bon ; le troisième se montrant à son avantage, mais ressentit rapidement les effet d’une méchante cabriole, en début de trasteo. Quatrième : un malin qui se retourne directement dans la poitrine du torero. Le colorado sixième, enfin, un violent bien armé qui ne méritait guère les efforts que fit son matador.
     Manolo Caballero (Ovation, après avis – Ovation) a été froidement technique, bien en dessous de ses deux toros. Le Caballero « poderoso » d’hier, est en train de mal tourner. « Pega muchos pases », mais rien de très clair, ni de très beau. Pas de profondeur, pas d’harmonie. Sa première faena fut longue et fournie, mais ne laissa aucun souvenir. Face au quatrième, il dut se défendre, mais essuya un échec, pour ne pas s’engager « à fond ». Attention, Manolo Caballero est en train de flirter avec les démons qui lui ont fait si mal à plusieurs reprises, en particulier dans sa dernière année de novillero : La facilité, le « trop technique », le transparent…
     Javier Conde (Bronca après avis – Bronca, après deux avis) a été le fantasque que l’on connaît. Le président coup trop vite le châtiment au deuxième ; les banderilleros sonnèrent la débandade, et Conde se retrouva face à « un tonton » de 618 kgs, dont il ne sut que faire, et qu’il massacra avec épée et descabellos. Il y eut un gros espoir, devant le bon cinquième : deux véroniques inspirées, trois derechazos et un pecho, au ralenti, « de cartel », puis… retour aux hésitations, et bis repetita avec l’acier. Deux avis et… pas prêt de revenir à Valencia, monsieur le Comte…

   Rivera Ordoñez (Oreille – Palmas) a été très bien au capote, avançant la jambe, jouant bien des bras, gagnant du terrain, ne se limitant pas aux habituels delantales, pieds joints. Déjà un indice. Début de faena remarquable, par doblones et trinchera, supérieurs. Le toro « se met une costalada » qui va lui faire mal, par la suite. Deux très bonnes séries de derechazos, puissants, liés, templés, le torero montrant réelle autorité et toreria. Hélas, le toro changea quand River changea de main, et la faena baissa d’un coup. Une grosse épée, en entrant bien, mais qui tombe un peu bas, et l’oreille est fortement demandée. Le torero sortira fort décidé à ratifier son succès, s’accrochera un long moment face au dernier, et fracassa avec l’épée…

      La feria entre aujourd’hui dans sa phase «de luxe », avec l’entrée d’Enrique Ponce et du Juli, qui donneront l’alternative à Anton Cortes, face aux toros du Capea. Normalement, la plaza est pleine, tous les jours, jusqu’à mardi soir,  19 mars, San Jose, jour de « la cremà »…

 

ZOTOLUCO DEBARQUE…

     15 Mars : Le matador N°1 du Mexique, Eulalio Lopez « Zotoluco » est arrivé en Espagne, où il va se préparer intensément pour sa troisième temporada complète en Europe. Cela débutera en Arles, le 31, avec une première Miurada, qui précèdera celles de Séville, Nîmes, Pamplona Béziers…
     Bonne saison mexicaine du Zotoluco, qui a ratifié son statut, toréant 26 corridas, coupant 6 oreilles à Mexico, et y graciant un toro de Mimiahuapan.
     La temporada européenne s’annonce importante, même s’il semble, aux dernières nouvelles, que les Lozano ne comptent pas l’engager à la San Isidro… « Pas de place, pour lui… » paraît il… D’autres sources parlent de problèmes « économiques ». On peut comprendre ce dernier motif ; on sera plus dubitatif sur le premier, d’autant que le Juli imposera probablement son copain Casasola…
     Zotoluco devrait toréer plus de trente courses en Espagne et en France, où la presse mexicaine l’annonce partout…même à Toulouse.
     A priori, Zotoluco serait à Orthez, le 28 Juillet, en compagnie de Juan Bautista et Julien Lescarret, face à une corrida de Ramon Flores.

 

EL JULI : COMME UN SOLEIL REVENU…

    16 Mars : Il avait sombré dans la grisaille de Castellon. On avait dit de lui, mille choses : Qu’il n’avait déjà plus la fraîcheur ; que les dernières frasques mexicaines pouvaient avoir changé son image. Ajouter à cela quelques affaires de famille peu reluisantes, probablement révélées par un ex-proche, et du coup, les amalgames sont vite faits, une réputation vite bouclée… El Juli devait, encore une fois, tout reprendre à zéro…

     Mais voilà ! Ce garçon-là a de la caste à revendre, et les « faut qu’on » et autres « faux culs », réunis ces jours ci à Barcelone, feraient bien d’en prendre leçon, s’ils veulent régenter l’Europe…
     Juli est arrivé, hier, à Valencia… et le soleil est revenu ! A plaza pleine, en terres d’Enrique Ponce, le madrilène à mis le turbo et, alliant force, courage, vista, technique et toreria, s’est arrangé pour couper « presque » trois oreilles, et sortir a hombros. Toute la critique emploie un adjectif : « Tremendo ! » terrible…
     Un bruit circule, révélé par Juan Posada, qui dit encore plus la fierté torera du Juli : Madrid prépare sa corrida de Bienfaisance, en juin. Depuis quelques années, c’est un fiasco total, et les organisateurs, (la commission des affaires Taurines de la Ville de Madrid, avec son président Gomez Ballesteros) se creusent la tête pour éviter un autre tollé. N’ont rien trouvé de mieux que de confier, en sous main, leurs intérêts à Martin Arranz, pour monter un « gros truc ». Aussitôt, la grosse artillerie : Joselito et Jose Tomas seront au cartel, avec une corrida du Pilar. Bieeeeenn ! Mais, pour que l’événement soit encore « plus, plus », on va proposer au Juli de compléter le cartel. Superbe ! Et le Juli répond : « D’accord, mais avec des Victorino ! » On ne parle pas de la tête des autres...
     On ne sait pas si c’est vrai, mais ça le mériterait. Par ailleurs, Posada n’est pas du genre à raconter des bobards, et le quotidien « La Razon » ne peut s’embarquer sur des balivernes. Donc, pas de fumée sans feu ! Sacré gamin ! Sacré torero !

     Enrique Ponce a donc du se contenter d’une oreille, et de rentrer à pied. Les choses s’améliorent un peu : Il n’avait pas coupé la moindre oreille à Valencia depuis Mars 2000, et n’a pas ouvert la grande porte depuis 1999. 
     Toujours pas de sortie à hombros vers la calle de Jativa, mais bon, ça va presque mieux. Qu’arrive t’il donc à Enrique Ponce, dans « sa » plaza de Valencia? Outre le fait qu’il ne touche pas un toro, on le voit comme emprunté, engoncé dans sa responsabilité de rester le roi, chez lui. Du coup, il se montre moins impérial dans son toreo, moins sûr dans ses décisions. Ainsi hier, son premier est très faible et le public proteste bruyamment. Ponce va attendre que les cris soient au plus haut, pour demander… le changement de tiers, faisant ainsi le quite au président, qui avait déjà renvoyé au corral le toro précédent… La décision fut mal reçue, et Ponce se retrouva  devant « un gros chamalo ». Le public ne tint pas compte de ses vains efforts.
     Nul n’est prophète en son pays. C’est encore bien vrai ! A la fin de ce premier round, Juli est en tête et Ponce devra souquer dur, mardi, pour enfin récupérer le royaume de Valence. Joselito et Jose Tomas entrent aujourd’hui dans la bagarre… Que va t’il se passer ? Réponse demain ! En tous cas, pour le moment … Soleil d’Austerlitz pour le Juli !

     15 Mars – VALENCIA – 6ème des Fallas – No hay billetes – Beau temps, avec un peu de vent : Grosse ambiance et une corrida qui débute mal. Il faut dire tout de suite que les toros du Capea sont sortis correctement présentés, mais sans grand trapio ni beaucoup de tête. A la bascule : 539, 552, 532, 532, 500 et 527 kgs. Marqués de deux fers (Veronica et Pedro Gutierrez, les deux premiers ; et Carmen Lorenzo, les quatre suivants), les Murube du Capea sont sortis nobles mais faibles, sans bravoure ni caste. Des toros qu’il fallait soutenir, plus que plier. Le premier se mit une grosse vuelta de campana et dut être renvoyé. Le deuxième en méritait tout autant. Seul, le cinquième donna vraiment une réplique « de toro ». Les autres durèrent peu, et chargèrent gentiment, sans transmission.
    Anton Cortes (Silence – Applaudissements) prenait l’alternative. Le fils de Sebastian Cortes reçut les trastos d’Enrique Ponce, en présence du Juli, face au toro « Mentecillo » - N°9, 539 kgs – de Veronica y Pedro Gutierrez. De fait,  ce sobrero qui remplaçait « Banderillero », devuelto al corral, se montra très faible, également, et le nouveau matador ne put que jouer les infirmiers. Face au sixième, de très bons détails et un public qui le poussait. Hélas, il tua mal.
     Enrique Ponce (Ovation – Oreille, après un avis) voulut qu’on garde son premier, dans le ruedo. Le toro tenait à peine sur ses pattes, et Ponce réussit à le maintenir, mais le public n’en tint pas compte. Bons muletazos isolés et une épée entière. Il y eut ovation, mais aussi quelques palmas de tango. Le quatrième, noble mais sortant de la passe, la tête en haut, permit à Ponce une faena de bonne facture, en particulier sur la main droite, mais irrégulière. Pressé de triompher, Ponce se mit « trop dessus », et beaucoup de passes furent accrochées. Il n’y avait pas la fluidité habituelle. « Agarrotado », Enrique Ponce, dans sa plaza… Le toro se coucha après une épée « comme ça », et un descabello chanceux. Une oreille qui ne pèse pas lourd, mais qui rompt, enfin, la mala racha.
     El Juli (Oreille – Oreille, avec pétition de la deuxième). Un vrai tourbillon ! Son premier sauta deux fois au callejon. Toro mobile, mansote. Juli fut brillant dans un quite par chicuelinas et vibrant aux banderilles. Faena intelligente, gardant au centre un toro qui veut partir aux barrières. Le toro finira rajado, mais le Juli aura réussi de bonnes choses, en particulier, à droite. Epée « coup de canon », un poil de côté, et un juste trophée. Faena a mas, face au cinquième, qu’il brinda à Curro Romero, assis à une contra barrera d’ombre. Le madrilène exprima tout ce que le toro pouvait donner, et finit, littéralement, entre les cornes. A nouveau un coup d’épée « terrible », un peu en arrière, et deux descabellos qui lui coûtèrent, probablement, la deuxième oreille. Gros triomphe avec sortie a hombros tandis que Ponce rentrait à pied.

     Ce samedi 16 mars : Corrida del Pilar, pour Joselito, qui doit se réveiller ; Jose Tomas, qui a beaucoup de choses à se faire pardonner, ici ; Miguel Abellan, dans son rôle de « poil à gratter ».

 

CORDOBA : UNE FERIA SPECTACULAIRE.

     16 Mars : Paco Dorado annoncera officiellement, mardi, les cartels de la prochaine Feria de Cordoue. Se déroulant du 26  Mai au 2 Juin, la feria présentera cinq corridas de toros, une de rejoneo et deux novilladas piquées.
     Les novilladas ouvriront feria, les 26 et 27 Mai. La corrida de rejoneo en sera le point final.
     Côté matadors, on notera les trois contrats, en cinq courses, pour Finito de Cordoba, et deux pour le Morante. Toutes les figuras seront là, et l’un des gros événements sera la présence, et peut-être, enfin, les adieux officiels, de Manuel Benitez « El Cordobes », le 1er Juin, pour donner l’alternative à Reyes Mendoza. A noter également, Juan Mora, à qui  Paco Dorado fait une place, pour lui rendre hommage, suite à la terrible cornada reçue en octobre, dans sa plaza de Jaen, au cours d’une corrida qui n’aurait jamais du commencer (Voir archives « Temporada 2001 – 20 octobre).

     La feria se présente ainsi (source : Mundotoro.com) :
     26 et 27 Mai : Novilladas piquées.
     28 Mai : Toros de Daniel Ruiz ou Jose Luis Marca, pour Enrique Ponce, Finito de Cordoba, El Juli
     29 Mai : Toros de Jose Luis Marca ou Daniel Ruiz, pour Paco Ojeda, Joselito, Finito de Cordoba
     30 Mai : Toros de Buenavista, en mixte, pour Pablo Hermoso de Mendoza, Jose Luis Moreno et Morante de la Puebla
     31 Mai : Toros des frères Tornay, pour Finito de Cordoba, Jose Tomas, Morante de la Puebla
     1er Juin : Toros de Joaquin Barral, pour M.B « El Cordobes », Juan Mora et Reyes Mendoza, qui recevra l’alternative.
     2 Juin : Corrida de Rejoneo, avec des toros de Benitez Cubero.

 

VALENCIA : CA S’EN VA, ET CA REVIENT….

     17 Mars : Avec l’arrivée des vedettes, on pouvait bien penser que les choses allaient se compliquer… Les Fallas avaient commencé par une corrida remarquablement présentée, et une novillada, encore plus belle… Ce début de la Feria ne souffrait aucun reproche… Hélas, à partir de vendredi, il fallut revenir à la dure réalité : Corrida pour vedette signifie aussitôt corrida « fofa », noblota, faible… On sait ce qu’il en est. Ne pas oublier, cependant, que cela reste des toros…
     Mais quand d’entrée de jeu, en tout début de temporada, on annonce une corrida de deux fers distincts, alors que le campo est plein… il y a quelque chose qui ne va pas. Si de plus, pour faire passer trois toros à l’approbation des vétérinaires, il faut en amener onze… là, on passe la ligne blanche. Hier, Valencia « est tombée dans le trou », et d’un coup, la feria 2002 va perdre quelque crédit.
     Miguel Abellan a coupé l’oreille que l’on a refusée à Joselito, mais le triomphateur « virtuel » s’appelle Jose Tomas. Virtuel, parce qu’encore une fois, il a tout gâché au descabello. Cinq, cette fois-ci, d’un air toujours aussi dégoûté. Vous direz : « C’est mieux que les treize de Castellon ! » Certes! Cependant, au lieu de jouer les « Ah que je suis belle en ce miroir ! », comme on l’a vu, il y a peu, dans un reportage télé… au lieu d’aller au campo, choisir lui-même ses corridas, Jose Tomas ferait bien de prendre le chemin qu’ont pris, avant lui, toutes les figures du toreo… celui du matadero. Rien de plus idiot de perdre tant de trophées, à cause du descabello. Donc, rendez vous à l’abattoir du coin, et « a practicar »… Bien sûr, c’est fastidieux, ça pue, il y a peut-être des mouches… mais c’est ainsi.
     On sait que le descabello n’a pas d’importance…du moins, certains le prétendent. Cependant, il traduit surtout une chose : l’estocade est défectueuse et tarde à faire son effet. Donc, le descabello a sa raison d’être, et le bien manier fait également partie du mot « Matador de toros ». Certains en avaient fait une spécialité, tel Roberto Dominguez, au point que l’on souhaitait presque des épées « discutables », et il ne s’en privait pas, rien que pour le voir préparer et exécuter la suerte du descabello. Le vallisoletano coupa de nombreux trophées grâce à sa toreria à « l’épée de cruceta ». A l’inverse, où en serait Emilio Oliva, sans les trente six descabellos, après un faenon, un jour de San Isidro à Madrid ? Peut-être « tout en haut »… Asi que… 
     Deux corridas pour figuras… et cela sent déjà le souffre ! Hier, on parle de pitons « sospechosos de manipulacion »…Bien entendu, on ne prononce pas le mot afeitado. C’est comme chez nous : Le gars qui est pris en flagrant délit, le couteau sanglant à la main, le rictus aux lèvres… n’est que « présumé » assassin, jusqu’à ce que, deux ans plus tard, des avocats dont le grand talent est inversement proportionnel à la conscience, vont obtenir quelque sursis, quelque circonstance atténuante, avec l’aide de « psy-choses », qui vont, eux, savoir utiliser le descabello… celui qui en finit avec la Justice !

     La feria de Valencia entame sa dernière ligne droite. Pour le moment, un clair triomphateur : El Juli. Il mène « aux points », mais rien n’est fait. Cet après midi, le jeune lion revient, entouré de Joselito et Caballero. Qui va manger qui ? Vous devez avoir votre petite idée… Reste à sa voir comment sortiront les Daniel Ruiz. Et, là aussi, on en a quelqu’idée… Nobles, pero flojos…

    16 Mars – VALENCIA – 7ème des Fallas – No hay billetes – Temps menaçant à la pluie, avec de fortes rafales de vent: Déjà sur le programme, la corrida était composées de deux ganaderias : El Pilar et Garcigrande. Inacceptable, en début de saison. De plus, il y a eu “baile de corrales”! Il a été difficile de composer un lot du deuxième fer, au point qu’il a fallu voir onze toros de Domingo Hernandez, pour en trouver trois « potables ». A la fin, il sortit trois toros del Pilar (2, 3ème bis et 4) balourds, vilains, mal armés ; et trois de Domingo Hernandez (1,5 et 6èmes), mieux constituée, mais dont les cornes étaient sujettes à caution. Au moral, une corrida très « juste » en tout : présentation, forces, cornes, sans race. Le meilleur fut le cinquième.
     Joselito (Pétition d’oreille et grande ovation, après un avis – Silence) est sorti décidé. Son premier, bien vilain, termina gazapon et pegajoso. Le madrilène le reçut par larga à genoux, et donna un grand quite par chicuelinas. Faena débutée genoux en terre. Le toro trotte beaucoup, colle au torero, gênant l’unité du trasteo. Joselito va, cepandant, connaître de bons moments sur le côté gauche. Grosse estocade, un peu contraire, atracandose de toro (entrant comme un mort de faim) et pétition d’oreille, que le président Miguel Asensio refusa, écoutant une grande bronca. Comme on le sait, Joselito ne donne jamais de vuelta (ce que l’on respecte, mais qui n’est pas bien !). Du coup, Joselito se ferma, et bouda devant un quatrième qui ne valait pas grand chose et le mit sur la défensive, le faisant même sursauter par deux fois. Il fut mal avec l’épée. Joselito revient aujourd’hui, la rogne passée. Avec un peu de chance, on aura changé le président…
    Jose Tomas (Silence – Grande ovation) revenait à Valencia, après trois ans d’absence. Il rendit « page blanche » devant son premier, un vilain petit triste du Pilar, qui remplaçait un pauvre invalide. Tomas patina, et fit même murmurer ses plus farouches partisans. Par contre, on le vit « en Jose Tomas », face au cinquième, le plus beau du lot. Majestueux au capote, le diestro de Galapagar envoûta un moment la plaza, le temps de deux séries de naturelles lentes, templées, très serrées, liées au pecho, grandiose. Toreo très personnel, prenant son temps, donnant beaucoup de distance au toro. Bien ! « Malheureusement » presque, au moment de « rematar » sa faena, Tomas s’en va vers les applaudissements faciles en donnant cinq manoletinas, au millimètre. Le public est en feu. L’oreille est là, pratiquement coupée… Hélas, une épée tendida et cinq descabellos, l’air ailleurs… Adieu triomphe, un nouvelle fois !

   Miguel Abellan (Oreille – Silence) ne s’est pas posé de question : Deux largas à genoux, pour recevoir le troisième. Quite par tafalleras et remates à une main. Muy torero. Pour ouvrir la faena, une passe changée dans le dos, au cordeau, en plein centre du ruedo. Ouf ! Le madrilène va toréer parfaitement sur la main droite, avec grande sincérité. Entière qui tue, et une oreille que certains trouvèrent moins méritée que celle refusée à Joselito. Le sixième se montrera très brusque dans ses attaques. Visant la salida a hombros, Abellan l’attaquera fort,  mais ne pourra rien en tirer de bon, tuant très proprement.

       Ce dimanche 17 Mars : Toros de Daniel Ruiz , pour Joselito, Manolo Caballero et El Juli. Ca va chauffer… à condition que les toros...

 

LE MAUVAIS TEMPS CONTINUE…

     17 Mars : La journée d’hier s’est montrée bien peu « aficionada » : pluies sur l’Espagne taurine, « la palme », si l’on ose dire, revenant à la plaza d’Ubrique, noyée sous cinquante centimètres d’eau. Ortega Cano, el Cordobes et le Morante devront attendre le 6 ou 7 avril, pour faire le paseo, « en terres de Jesulin ».
     De même, près de Cadix, la finale du concours de novilladas à Los Barrios, est repoussée au 6 Avril. Au cartel : Leandro Marcos, Salvador Vega et Ivan Garcia, face à des Fuente Ymbro.

     Deux corridas, cependant, se sont déroulées, qui retiennent l’attention :

     16 Mars – Arnedo (Rioja) – Casi lleno – Mauvais temps : Cinq toros de Los Recitales, mauvais, mansos, sans caste. Seul se sauve le cinquième. Andy Cartagena, à cheval, coupe deux oreilles.
     Diego Urdiales prend seul quatre toros. Au bilan : Silence – Oreille – Deux oreilles, après un avis – Oreille. Du mérite, en de telles circonstances. 

     16 Mars – Fitero (Navarre) – Casi lleno – Mauvais temps : Toros de Jaralta. Compliqués les 1 et 6ème. Les autres, potables.
     Rivera Ordoñez  (Silence – Deux oreilles) confirme grande forme et ambition  - Uceda Leal coupe une oreille de son second – Francisco Marcos, avec une oreille de chaque adversaire, sort a hombros, en compagnie de Fran Rivera Ordoñez.

     Espérons une meilleure climatologie, aujourd’hui, notamment à Madrid où la novillada devrait rassembler plus du quart d’entrée, habituel. En effet, ce 17 mars marquera la présentation à Madrid de la ganaderia de Fuente Ymbro. Après Valencia, on espère de grandes choses des triomphateurs de la saison, jusqu’à présent. Pour ce qui est des hommes, « cartel de lujo » : Leandro Marcos, qui doit absolument être « bien » à Madrid, avant son alternative. Javier Valverde doit confirmer son triomphe de San Isidro, et sa personnalité torera. Le troisième sera Andres Palacios, qui a tout à prouver.
     Avec Valencia, cette novillada de Las Ventas sera le centre d’intérêt de cette journée. Bon dimanche à tous!

 

PACO OJEDA FAIT BIEN DE REVENIR…

     18 Mars : Entre le désastre ganadero et le manque total d’ambition de la majorité des «figuras », on peut penser que Paco Ojeda a bien pensé son coup…
     Vu les toros qui sortent, une grande partie d’entre eux, comme de vrais borregos qu’ils sont, va le laisser « faire son toreo », ou du moins, en ébaucher une bonne réplique.
     Par ailleurs, vu le conformisme de ses jeunes collègues, le sanluqueño suscitera toujours l’intérêt, soit parce qu’on suivra avec un triste amusement ses efforts désespérés pour refaire surface, soit parce que, tout à coup, Ojeda sera redevenu le magicien qu’il fut, et qui dressa le public sur les gradins. Ou la grande Bronca, ou le grand triomphe… mais surtout pas cette horrible somnolence, cette sieste payée si cher, cette majuscule séance d’ennui, ce « charter » de médiocrité…
     Paco Ojeda revient, et ne laisse personne indifférent… surtout pas ces dames de la Peña « La Rebolera » de Castellon de la Plana, qui, traditionnellement, couronnent le torero qui a donné la plus belle rebolera de toute la Feria de La Magdalena. Entre tous… ce fut Paco Ojeda. Rien que pour cela, il a bien fait de revenir. Bien joué, Paco !

     Catastrophe, hier, en plaza de Valencia. Un peu plus, le grand vent aurait suffi à faire tomber les toros de Daniel Ruiz. Tous ont été sifflés à l’arrastre, sauf le cinquième… qui a reçu une grande bronca. A la fin de la corrida, les ramasseurs de coussins n’ont pas eu à parcourir les gradins… toutes les almohadillas étaient dans le ruedo. Désastre total, encore accentué par le manque d’ambition du trio : Joselito, long long, long… ; Caballero, loin, loin, loin… Même le Juli fut en demi teinte. Zzzzzz ! Dodoooo….
     La feria vire au fiasco. En fait, c’est bon pour le Morante, qui arrive aujourd’hui, et pourrait bien sortir un as de sa poche. Il doit triompher, et avec la manière, histoire de faire râler les sévillans… Jose Tomas peut aussi résoudre quelques problèmes, d’un seul coup… Pour le moment, il n’y a pas de triomphateur « clair » de la feria. Cela doit se passer entre aujourd’hui avec Tomas et Morante, ou demain, avec Ponce et le Califa… Les toros seront de Nuñez del Cuvillo et Torrestrella… Les paris sont ouverts ! Ici, on parie sur Morante de la Puebla ! Et vous ?

     17 Mars – VALENCIA – 8ème des Fallas – No hay Billetes – Temps clair, froid avec beaucoup de vent. La corrida de Daniel Ruiz a été un vrai désastre. Bien présentés et très armés, les toros ont fait un concours de faiblesse et de mansedumbre. Sans aucune caste, sans aucune force, à peine « para solomillos ! » : 552, 477, 518, 493, 518, 567 Kgs. Tous par terre ! Un vrai concours de gamelles ! Le cinquième paraissait malade, et le sixième, invalide, fut remplacé par un « encore plus faible ». Le lot de Joselito pouvait offrir quelque chose, mais…
    Joselito (Silence – Silence) a été « long comme un jour sans pain ! ». Larga à genoux, pour recevoir ses deux toros. Quelques véroniques. Un début de faena « al estribo », devant son premier, le meilleur, et une longues suite de passes, informes. Même schéma au quatrième, qu’il avait pourtant brindé au public… Pour le moment, Joselito est encore plus efficace que le Lexomil !
    Manolo Caballero (Petite ovation – Silence) donne des passes, des monceaux de passes, mais ne salit son costume, ni de sang, ni de sueur. Toreo sans émotion, réitératif, à une distance considérable du toro, mettant beaucoup de pico… Le Jose Fuentes des mauvais jours, dans les années 67/68. Ennui total. S’il ne lui met pas une épée, le cinquième serait sûrement mort tout seul, là…
     El Juli (Silence – Silence) se laissa gagner par l’ennui, et en ajouta une couche, lui aussi. Quelque envie à la cape, beaucoup de vulgarité aux banderilles, de vains efforts à la muleta… et c’est tout !

     Ce lundi 18, les choses s’amélioreront elles ? Corrida de Nuñez del Cuvillo, pour Vicente Barrera, Jose Tomas et Morante de la Puebla.

 

MADRID : JAVIER VALVERDE A BIEN FAILLI « ROUVRIR LA CRANDE PORTE »…

     18 Mars : En voilà un qui a « de la tête, et un cœur « gros comme ça ! » Javier Valverde a connu un gros triomphe, hier, à Las Ventas, confirmant ainsi l’apothéose vécue lors de la dernière San Isidro. Si le président Muñoz Infante avait été moins radin, le salmantino ouvrait la grande porte de la Monumental, avec trois oreilles en poche. Au lieu de cela, un seul trophée et une vuelta « que sabe a gloria ». Hier soir, le torero était fou de joie, et très lucide : Il expliquait à ses amis que, peut-être, le président lui avait il fait « une grande faveur » en étant si dur avec lui : la sortie « a hombros » aurait peut-être soulevé quelque polémique… mais là, non ! De fait, il a tout à fait raison : l’aficion est sortie de la plaza en ne parlant que de lui, et ce matin, la presse est… « unanimement unanime ». Les qualificatifs se multiplient et l’un des meilleurs devrait lui faire grand plaisir. Il vient de Suarez Guanes : « Valverde me rappelle Jaime Ostos, en pleine maturité : toreo solide, sobre, très ferme devant le toro… ». Hombre ! Pas si mal, comme piropo ! Non ?
     La novillada était de Fuente Ymbro, qui se présentait à Madrid. Ce fut une corrida de toros, avec six exemplaires de mauvais caractère, et solides sur leurs pattes. En un mot, tout le contraire de Valencia…

    17 Mars – MADRID (Las Ventas) – Très mauvais temps, pluvieux et très froid – Un quart de plaza : Il n’y a pas d’aficion à Madrid, hors des trois ferias… Certes le vent, certes la pluie et le froid… Mais le cartel d’hier était un cartel « pour aficionados de verdad », avec de l’intérêt à chaque coin de l’affiche : Les Fuente Ymbro, après Valencia ; Valverde, Marcos et la présentation du petit Palacios. Madrid, qui aime se moquer de Séville, lui ressemble beaucoup : Aficion « de clavel », les jours de grande feria. Y despues, que ? Pour venir se faire voir et s’ennuyer ensemble, « con coñac y puro », vingt cinq jours sur trente, à la San Isidro, là, on va se bousculer ! Vaya !
     Novillada impeccablement présentée de Fuente Ymbro. A la bascule : 486, 477, 479, 538, 493, 539 kgs (allez donc voir Valencia ! 18 Kgs de plus, de moyenne). L’important : La caste, la solidité, le caractère… la mala leche ! Pas de grande bravoure, ni de grand style, mais des toros de combat, qui donnent de l’importance à chaque geste torero, jusqu’à celui du moindre subalterne. 2et 3ème furent braves, avec des nuances. Le 4ème fut le meilleur. Dans son ensemble, la novillada provoqua l’émotion, et donc, l’intérêt soutenu des spectateurs.
    Javier Valverde (Oreille avec pétition de la seconde – Forte pétition d’oreille, grosse vuelta et bronca au président) a complètement confirmé son triomphe de San Isidro. Torero solide, clair dans sa tête, le Salmantino a démontré une technique lidiadora, une qualité torera et un courage, que les madrilènes ont applaudis à tout rompre. Cela avait pourtant commencé par une voltereta, à la sortie d’un quite par tafalleras, à son premier. Faena de poder, à un toro compliqué. Faena méritoire, terminée par de grandes naturelles de face, templées, liées au double pecho. Un exploit, clos d’une grosse épée, sin puntilla. On ne fut pas loin de deux oreilles.

  Le cinquième était encore plus difficile, mais avait de la mobilité. Valverde s’imposa à lui, clairement et tua « a ley » ! L’oreille fut réclamée unanimement, sauf par le président, qui garda son mouchoir bien plié. Malo ! Grand succès de Javier Valverde… Attention ! Madrid pourrait bien devenir « sa » plaza.
     Le reste de la terna fut distancé...
     Leandro Marcos (Silence, après avis – Silence) ouvrait le cartel, toréant, avec « quelques rafales » d’inspiration artistique. Mais, face à de tels adversaires, il resta « un peu court », oubliant qu’avant tout, il faut « poder con el toro », lui imposer sa loi. Vilaine cogida, encore une fois, lors du cinquième pinchazo, à son second. Seul le costume « très artiste », noir… et noir, en prit un coup. Menos mal !
     Andres Palacios (Silence après avis – Silence) se montra un peu tendre, et bien vert, face à une telle adversité. Cependant, de très bonnes choses avec la cape, et quelques muletazos, avec un certain empaque.  

 

LA DOUBLE INCONSTANCE…

     19 Mars : Pas le droit ! Non vraiment, pas le droit, monsieur Morante, de toréer d’une telle façon que vous lèveriez une plaza  emplie d’esquimaux et de tibétains, pour mettre tout par terre en salopant l’estocade au point que « même eux » arriveraient à s’écrier, dans un andalou approximatif : « ezo no pue sé ! »
     Maldita sea ! Morante de la Puebla a illuminé la feria de vingt muletazos de rêve, les plus beaux, les plus « sentis » de la feria. Tout le monde est d’accord là-dessus. Même les critiques les pus durs, les plus exigeants, le voient ainsi. Il n’est que de lire la reseña de Juan Posada, dans « la Razon », ou de Jose Antonio del Moral, en direct, dans « sa page ». Mais, toréer ainsi, et entrer si mal a matar… no hay derecho, torero ! Entrer « droit et fort », et que l’épée tombe mal… cela arrive. Mais entrer « en sortant », au point que la lame part atravesada et ressort de l’autre côté… no hay derecho.
     Mais bon ! C’est l’inconstance des artistes. Morante est en train de récupérer des places à vitesse grand V, et, après ce début « de début de saison », il est le torero le plus intéressant, le plus cher, le plus émouvant. Séville peut se mordre les doigts, et nous avec elle… On ne souhaite d’accident à personne, mais, s’il arrive un problème à un des ténors de l’escalafon, avant Séville, Morante doit revenir dans la Feria… et il en sera le triomphateur.
     Certes, il est fragile ! Peut-être pas autant qu’on le pense, parce que pour toréer ainsi (Allez voir le photos de Berho dans Mundotoro.com (deux redondos, une naturelle et un pecho), il faut « en avoir », de la tête, du cœur et… d’autres choses ! Pieds ancrés dans le sable, suerte à fond chargée, passe tirée lentement, avec la panse de la muleta, au point que la photo elle même traduit douceur, profondeur, rythme… Des muletazos parfaits et des clichés « muy toreros ». Bravo Morante, chapeau, Maurice !  Certes le torero de la Puebla est inconstant, mais il est aussi, le plus « près » de ce que doit être un torero : Quelqu’un « qui fait » de l’Art, avec la violence et la mort…

     Une autre « inconstance » consiste à essayer de faire passer des vessies pour des lanternes, et jouer les mazettes en refusant de parler aux journalistes, en refusant les photos… sans pour autant avoir l’impudeur d’aller saluer une ovation, après deux avis et une nouvelle déroute… Cette inconstance « de l’honneur » commence à peser un peu dans la balance de Jose Tomas, et tout en louant ses efforts pour revenir au Tomas d’il y a trois ans, on se pose toujours un bon kilo de questions. Où est il ? D’où vient il ? Où va t’il ? Ca fait un peu beaucoup…
     Hier, à Valencia, Tomas s’est fait balader, bousculer, jusqu’à la « cogida obligée ». Il se releva alors, comme un zombie, et donna deux séries de derechazos « énormes », pour à nouveau sombrer dans son désert blanc…Un avis avant l’épée, un deuxième après une nouvelle catastrophe avec l’acier… Et il s’en va saluer. Certes, on l’ovationnait, mais l’honneur des toreros s’appelle aussi : La pudeur.
     Jose Tomas, en quatre courses a entendu un monton d’avis et multiplié pinchazos et descabellos… Cela arrive, mais malheureusement, on a l’impression qu’il s’en fout comme de sa première paire de bas… « Il vient d’ailleurs », et, la faena terminée, il y repart ! Mais, comme «le maestro ne fait pas de déclaration »… on ne saura jamais « où » !

     Le toreo est hasard, chance, destin… Il est aussi courage des hommes, âme des artistes, inspiration du moment… Un toro, même faible, sort pour tuer. Brave ou manso, il sait d’instinct donner le mauvais coup… Aussi, quel que soit le résultat, on ne peut que saluer le talent et même « l’inconstance » de ces toreros qui, quoiqu’on en dise, sortent de l’hôtel, et ne savent jamais s’ils vont y revenir… Ne jamais l’oublier !

     Ce soir, dia de San Jose, Valencia s’embrasera toute entière… Ce sera « la nit del foc »… Sur la grande place, les pompiers arroseront les immeubles pour ne pas que le feu qui détruit la gigantesque Falla, aillent en lécher les façades.. De loin, sur les hauteurs de Monte Picayo, on aura l’impression que la ville entière est en flammes… Valence a un tempérament de feu… et ses filles également.
     En parlant de filles, petite note d’information, parce que « la beauté » fait aussi partie de toreo et du monde taurin : C’est Miss Almeria qui a été couronnée hier, Miss Espagne. « Tiene buen trapio »: 1m70 – 88/64/94... et on ne parle pas du numéro complémentaire. Cependant, le fait marquant du concours : On a viré la Miss Alicante, parce qu’elle disait avoir 24 ans, quand elle en avait, de fait, 31. Hombre ! Injuste, non ! Qu’une femme de 31 ans puisse rivaliser en beauté avec ces jeunettes, méritait bien une couronne !
     Ayyyyyy ! « l’inconstance » des hommes…

     18 Mars – VALENCIA – 9ème de Fallas – No hay billetes – Tarde de gros vent : La corrida de Nuñez del Cuvillo est sortie sans grande race, très inégalement présentée et faible, en général. A la bascule : 486, 512, 552, 518, 528, 475 kgs. On a remplacé le quatrième, faible, par un sobrero qui l’était encore plus. Le troisième fut un grand toro, encasté, mais qui n’allait pas au bout du muletazo et tourna court. En gros, Morante touche le meilleur lot ; Tomas, le plus compliqué, l’inconstance de Tomas n’arrangeant pas les choses.
     Vicente Barrera (Ovation – Silence) n’est plus dans la course. D’ailleurs, il ne se met même plus en frais de bien s’habiller… Vêtu d’un vieux costume aux lumières passées, Barrera navigua « à vue », devant  un premier toro tout blanc, ensabanao. Quelques derechazos et un trasteo qui traîne « en langueur ». Face au quatrième, très faible, le torero ne put éteindre le feu des protestations. Si Vicente Barrera ne fait rien aujourd’hui, sa carrière est finie… (C’est un peu « brusque », mais on n’est pas loin !)
    Jose Tomas (Palmitas – Deux avis et ovation) a tenté une faena impossible devant son premier qui se collait des deux côtés, avec de mauvaises intentions, en particulier à gauche. Le torero s’entêta de ce côté : longue faena, souvent accrochée, mais pleine de volonté. Le cinquième le promena sur la première partie du trasteo. Toro difficile, qu’il aurait plié, en d’autres temps. Trasteo peu sûr, accéléré jusqu’à l’accrochage, très sec, mais sans mal. Tomas se fâcha silencieusement, sourdement, et se mit à toréer, vraiment : Deux grosses séries de derechazos, à fond, le toro suivant comme mouton. Le temps, hélas, avait passé. Un avis avant de lever l’épée, et on patauge à nouveau : quatre vilaines entrées a matar et un deuxième avis. L’ovation éclate, et la presse ne pardonne pas à Jose Tomas d’être sorti au tiers, la saluer. Parce que, selon elle, Jose Tomas a vécu, hier, un double fracaso : avant, et après la cogida.
     Morante de la Puebla (Petite pétition d’oreille et grande ovation – Palmas) ne s’est pas illustré au capote, hier, à Valencia. Par contre, les vingt passes qui ouvrirent sa faena, au troisième, furent « de revolucion ». Toreo profond, lent, majestueux en deux séries de main droite, bien closes de grands pases de pecho. Le morante que tout aficionado ne peut qu’aimer… Le tout parsemé de ces remates, de ces recortes « made in Sevilla », qui transforment le torero en bailarin visité par un bataillon de duendes.Sur le côté gauche, le panorama changea un peu, et la faena baissa de ton, tout comme le toro. Trois fois hélas, attaquant mal, le Morante laissa une affreuse atravesada basse qui ressortait. Ayyyy ! il en fut le premier déçu, et ne donna pas la vuelta qu’on réclamait, dans les gradins. Le sixième fut trop piqué, et le torero finit de l’affaiblir en commençant par doblones un peu trop appuyés. Le temps de tirer trois derchazos… A la deuxième série, plus de toro ! Ainsi finit l’histoire, ainsi se termina le demi rêve… Otra vez sera !

     19 Mars: Fin de Feria. En matinale, corrida de Rejoneo. Ce soir, la corrida de Torrestrella, triomphatrice en 2001, pour Enrique Ponce, Vicente Barrera et "El Califa" .Trois Valencianos... pour sauver Valence.

 

« CAGANCHO » PART A LA RETRAITE…

     19 Mars : Et on la lui souhaite « pleine de soleil, de douceur, et de bonne avoine… » Le cheval mythique, le plus grand torero à quatre pattes de l’histoire du Rejoneo, (avec « Esplendida », de Domecq) va se retirer. « Cagancho » part à la retraite. Pablo Hermoso de Mendoza l’a annoncé hier, dans une conférence de presse qui dressait le bilan de sa saison Mexicaine. Gros succès, constant, sur une terre qui est devenue sa seconde patrie : 65 corridas – 168 oreilles – 22 rabos. Qui dit mieux ?
     Le cavalier a parlé avec émotion et « cariño » du Cagancho, déclarant qu’après tout ce qui lui avait demandé en douze ans de toreo, le génial destrier méritait tous les égards. On en est heureux, mais quelle tristesse pour tous !
     Le rejoneador a beaucoup parlé de ses chevaux, en particulier de « Labrit », avec qui il est le plus « a gusto », puis de « Chicuelo », un malin, coquin, caractériel, revoltoso… « Si je me réincarnais, ce serait en lui », disait le navarrais.
     Pablo Hermoso de Mendoza rentre en Espagne avec quinze chevaux, dont six nouveaux. Ils ont pour noms : Labrit, Mariachi, Fusilero, Danubio, Campo Grande, Monterrey, Cagancho, Ebano, Mazantini, Albaicin, Chicuelo, Robles, Batista, Beduino et Roncal. 
     Début en Arles, fin du mois, pour une nouvelle page de l’Histoire du Rejoneo…sans "Cagancho"  

 

VALENCIA : LES OREILLES DE BARRERA…

     20 Mars : Vicente Barrera est valenciano « por los cuatro costados » ; il est cultivé, extrêmement sympathique… et il a des oreilles tout à fait « normales ». Donc, pas de quoi en faire un titre…
     Mais voilà, Vicente Barrera, hier, au terme d’une feria de Fallas bien triste, a coupé deux oreilles, sortant a hombros, vers la calle de Jativa. Du coup… titre !
     Grosse ambiance pour la corrida du Dia de San Jose, la Saint Joseph, et un triomphe qui devrait lui rapporter… 
     Malheureusement, les oreilles de Barrera, hier, furent très « valencianas », très chauvines, très « ché » et, la corrida étant télévisée pour « les ceuxxx » qui avaient le satellite, on a pu se rendre compte que le torero valenciano est tombé sur deux grands toros, et qu’il leur a fait ce qu’il a toujours fait, même si l’on doit souligner sa décision et de grandes passes, isolées. Un succès mérité, mais un triomphe exagéré, et des oreilles qui ne vont pas lui ouvrir le paradis…
     Cela dit, Barrera, cette fois impeccablement vêtu d’azur, a montré une espèce d’alegria qui n’était pas de son apanage, tout au long des dernières années. Ne pas oublier non plus la temporada 2000, complètement « en blanc », suite à sa fracture, et une 2001, pratiquement noyée dans le doute. Barrera arrivait à Valencia avec un crédit de sympathie locale, certes, mais également l’épithète peu agréable de « pistonné », les empresas actuels étant aussi ses apoderados.
     Après une première sortie bien triste, Vicente Barrera a retrouvé le sourire, et les valenciens de même. Cependant, un peu partout… on sourit un peu...

     Corrida très intéressante de Torrestrella, avec un grand toro, le deuxième,« Chileno », qui devrait concourir pour le prix d’excellence. Ponce a joué de malchance, mais s’est montré honnête et torero. Le Califa a eu des bonnes choses, mais torée d’instinct et n’a pas le temps, techniquement, de monter ses faenas lorsque les toros ne tiennent pas la distance…
     Final de Fallas, et bilan déconcertant, après les deux Ferias de Castellon et Valencia : Manque de race, manque de force, chez les toros et… chez les toreros. Beaucoup trop de conformisme, d’élégants efforts, mais… personne ne « rentre dedans ». Si on peut triompher, mejor ! Sinon, on attendra la feria suivante… Y eso no es !
     Pour le souvenir : Le Juli, qui a sorti les griffes ; les arabesques magnifiques du Morante ; le permanent point d’interrogation appelé Jose Tomas ; un intéressant coup de rein de Rivera Ordoñez.  Y que mas ? Ah, oui… Vicente Barrera  a coupé deux oreilles…
     Au rang des déceptions : Joselito ; Manolo Caballero, et… Jose Tomas !
     Le seul « vrai » souvenir : la novillada de Fuente Ymbro, et ceux qui l’ont affrontée.

    19 Mars – VALENCIA – Dernière corrida des Fallas – No hay billetes – Beau temps : La corrida a débuté avec beaucoup de retard, les chevaux de l’arrastre ayant organisé une grosse débandade en fin de paseo. Bilan : un arenero qui a failli se faire écharper, et surtout, une porte abîmée qu’il a fallu rafistoler.
     Au début de la course, un hommage à Curro Romero, pour le 43ème anniversaire de son alternative. Plus tard, Barrera brindera son toro à celui qui fut son « parrain ».
    La corrida de Torrestrella est sortie moins charpentée que l’an passée, moins armée, mais bien faite et astifina. Aux balances : 600, 520, 558, 513, 501, 520 kgs. Très faible, le premier a été remplacé. La corrida a manqué un peu de force et « de moteur », en particulier les deux du Califa. Meilleur lot, et de loin, pour Barrera. Les deux pires, et de loin, pour Ponce. Ayyy !
     Enrique Ponce (Ovation, après avis – Applaudissements, après avis) a du batailler ferme avec le sobrero premier. Toro bronco, qui protestait beaucoup, au début. Le maestro de Chiva débuta fort bien sur main droite et la faena monta rapidement de ton. Hélas, un désarmé bien inopportun sur la première naturelle, mit tout par terre. Vains efforts pour récupérer terrain et public. Le quatrième était un méchant qui voulait lui arracher la tête. Ponce s’accrocha, essaya de lui imposer la main basse, mais, après un dangereux crochet au menton, le toro décida que « stop ! », et aussitôt, fila aux barrières où Ponce dut se résoudre à l’abattre d’une épée vaillante, après pinchazo. Impossible.
     Vicente Barrera (Oreille avec petite pétition de la deuxième – Oreille) a triomphé « en Vicente Barrera » ! Toreo vertical ; séries à répétition. Quand le toro s’y prête, cela a un certain cachet. Son premier adversaire « Chileno », fut un grand toro, brave aux piques, répétant sa charge, longue et noble. Un toro « de revolucion ! ». Barrera fut très bien. Sans grande originalité, mais très bien ! Séries à répétition, main droite, main gauche, et jolies passes de poitrine. Il y eut des derechazos plus longs que de coutume et trois grandes naturelles. Epée rapidement portée, un poil de côté et grand succès qui fait plaisir à voir, car l’homme est très sympa. L’oreille coupée au cinquième est plus discutable, mais le toro est tout autre. Barrera va essayer d’imposer une série « définitive » à ce colorado, qui va essayer, chaque fois, de lui gâcher le plaisir, en faiblissant ou en plantant les cornes dans le sable. Faena décousue, volontaire, mais sans grand impact. Epée basse, deux descabellos, et une oreille « pour ouvrir la porte ».
     « El Califa » (Applaudissements, après un avis – Palmas) a progressé avec le capote. Quelques bonnes véroniques et un quite, limpio, par chicuelinas. Son premier toro semble « servir ». Début au centre, par un cambio dans le dos, « de terreur », et premières séries où le toro se défend, annonçant déjà qu’il va couper l’admission d’essence. Trois derechazos après, c’est fini… Pinchazo profond et quatre descabellos.  Face au sixième, tardo, sans grande force, Califa aura de bons moments, mais sans succès possible. La rage au ventre, il dut en finir. Problème : Deux toros qui servent, mais que le torero ne sait pas les « soutenir », par que c’est un batailleur, (presque « un bruto »), et non un infirmier. Il faut attendre. Après une saison américaine calamiteuse, on aurait pu s’attendre à pire.

    19 Mars – VALENCIA – Corrida de Rejoneo, matinale – Lleno total – Grand beau : Les toros de Bohorquez ont donné bon jeu. Quand on ne les « oblige pas » par le bas, beaucoup de toros « servent »...
    Joao Moura (Ovation) a été superbe, en particulier sur son cheval « Campopequeño »… mais il a tué « comme un cochon » !
     Leonardo Hernandez (Deux oreilles) : Carré, enlevé, parfait. Très brillant, en particulier avec son cheval « Capote ». Il sortit a hombros.
     Fermin Bohorquez (Applaudissements) a touché le plus mauvais. A fait ce qu’il a pu, dans le style très classique qu’est le sien.
     Luis Domecq (Oreille), très classique, lui aussi. A signaler qu’il sortit le cheval « Airoso », rescapé de l’attentat de juin dernier. (Que bien ! Enhorabuena, caballo !)
     Andy Cartagena (Oreille) a mis le feu, sur « Guitarra », mais a bafouillé son descabello.
     Alvaro Montes (Ovation) a été magnifique, en particulier sur « Coreano » et « Nocturno », jusqu’au moment du rejon de muerte. Et là…

 

SAN JOSE… DANS LES RUEDOS.

     20 Mars : La Saint Joseph est, traditionnellement, une date très taurine. Cependant, il y a moins de spectacles depuis quelques années, et ce « 19 mars 2002 » ne laissera que peu de souvenirs, à part celui, amer, de la grave cornada du novillero Roque Garijo, en plaza de Ontur. Ailleurs, quelques bons moments et  beaucoup de pinchazos.

     19 Mars – Lorca (Murcia) : Toros de Martin Lorca, inégaux. Les deux premiers, faibles ; les autres, potables. Les toreros ont eu de bonnes choses, mais ont beaucoup pinché : Pepin Jimenez (Ovation et palmas) – Finito de Cordoba (Ovation, après avis – Ovation) – Morante de la Puebla (Petite pétition et ovation – Silence, après un avis)

     19 Mars – Madrid (Las Ventas) – Novillada – 1/3 de plaza : Quatre novillos de Peñajara, de jeu bien inégal, et faibles. Deux de Navalrosal, qui remplacèrent les 1 et 5èmes. Excellent le premier. Manso « aquerenciado en toriles », le cinquième.
     Reyes Mendoza (Ovation - Silence)  a gâché, à l’épée, une bonne faena au premier.
     Sergio Aguilar (Silence - Ovation) s’est battu très vaillamment avec le cinquième, muy manso.
     Matias Tejela (Applaudissements - Silence) faisait sa présentation à Madrid. Bien au capote, et de bons détails avec la muleta, mais pas de continuité possible. Le novillo de sa présentation à Madrid s’appelait : « Altanero » - 432 kgs – de Peñajara.

     19 Mars – Ontur (Albacete) : Novillada de Juan Ruiz Palomares (apoderado de Ponce), mansa et dangereuse.
     Très grave blessure de Roque Garijo, (novillero d’Alicante, apodéré par Angela), en entrant a matar au cinquième. 25 cms dans la cuisse droite, la fémorale étant sectionnée. Premier secours dans l’unité mobile, et évacuation immédiate.
     Jose Manuel Samos (Deux oreilles – Ovation) – Roque Garijo avait coupé une oreille de son premier – Javier Serranito (Ovation – Une oreille) .

 

VALENCIA : BILAN, ET… « TROPHEES EN TROP »…

     21 Mars : Les Fallas se sont évanouies dans le souvenir, comme chacune de ses statues de carton pâte, qui, dans la nuit d’une Valencia incendiée, ont rejoint les étoiles. Là-bas, on ne chante pas le « Pobre de mi … », mais le cœur y est, et de grosses larmes coulent sur le doux visage des Falleras de tous âges. Se acabo la fiesta ! Bouaaahhh !
     La Feria de Valencia 2002 ne restera pas dans les annales… Plutôt décevante, même si le public est venu en masse… Déception au plan « ganadero »… Déception au plan « torero »… Et donc, quelques inquiétudes pour la suite de la temporada… Que va donner Séville ? (C’est dans quinze jours !). Que donnera Madrid ? Bonjour les « tostones ! » Z’avez intérêt à apporter votre tricot à la plaza, ou un bon bouquin… ou les deux !

     Enfin… Qui vivra verra ! C’est un peu comme lorsque l’on écoute la campagne électorale de ces beaux messieurs qui sont vraiment les seuls à faire semblant de croire à leurs promesses… Vaya pandilla de mansos acorralados ! Vous savez, comme lorsqu’un toro est remplacé, et qu’il sort un sobrero gigantesque, poussiéreux, qui a passé huit mois dans le corral… Il sort au pas, atontado par la lumière. Il souffle un peu, hume le sable et… explose à la figure du premier qui lui tend un capote !  Vaya !
     Regardez les bien… Ils sortent…à l’écran. Des géants de la communication artificielle ! Le nez en l’air, ils « sentent » d’où vient le vent… et ils chargent, et ils chargent ! Ils « surchargent », même ! et en font des tonnes… Là aussi, « Qui vivra, verra ! ». De fait, c’est tout vu !
     Pendant ce temps, on monte encore d’un cran dans l’horreur : Une jeune collégienne a été torturée, saignée à mort… par deux de ses « camarades » de classe, d’une quinzaine d’années. Super ! Continuons ainsi ! A peine a t’on vécu une horreur, qu’une autre, « pire encore », vient effacer l’effarement et les larmes provoquées par la première. 
     Au fait, messieurs de la Presse… faudrait peut-être faire attention à ce que vous dites, en ces temps où tout le monde a perdu la boule, ou du moins, « un bon kilo de repères »… Entendu hier sur un grande station radio qui se vante d’être « la Numero Uno ! » : « Pour un simple vol d’auto radio, un homme à tiré un coup de fusil et a tué le voleur ! »
     Soyons très clair : La mort d’un homme est toujours un drame. Toujours ! L’auto défense ouvre la porte à tous les excès, et peut devenir criminelle. Donc, à bannir ! Il n’en n’est pas moins vrai que, « à priori », le vol est interdit… ou non ? Il n’y a pas de « simple » vol… Il y a vol, et « c’est pas bien ! ». Punto !
     A force de banaliser le « c’est pas bien ! », on s’en va vers d’incroyables et terribles demains… Et la presse aura une grande part de responsabilité dans ce fait… Si on dit, aujourd’hui « Pour un simple vol ! », on dira demain « Pour un simple viol ! » ou « Pour un simple assassinat ! »… Attention ! Nous sommes tous responsables de ce qui se passe dans nos rues… mais en tout premier lieu, ceux qui gouvernent, « les mansos acoralados ! » et ceux qui répercutent leurs fuites, leur honte en disant : « Certes, c’est pas bien, ce qui est arrivé… mais ailleurs, c’est pire… » Pues no, señores !
    
Bon ! C’est fini, pour aujourd’hui… mais, qu’en pensez vous, vous qui êtes aficionados, pères et mères de famille, vous qui travaillez « pa salir palante ! », vous qui êtes des citoyens « normaux », comme nous ?

     Valencia en a donc terminé avec une feria que tout le monde attendait… Elle s’est crue obligée d’attribuer des trophées, et donc, le jury s’est réuni hier soir, pour récompenser les meilleurs … ou les moins mauvais. Un palmarès qui fleure bon « la Albufera », mais on le comprend…
     A signaler, quand même, que le Jury a déclaré « desierto », le trophée à la meilleure corrida, et au meilleur toro… Semblait pourtant que le « Chileno » de Torrestrella, méritait un petit quelque chose… por « bravo, noble y fuerte »…

     PALMARES DES FALLAS 2002 :
     Matador triomphateur de la Feria : Vicente Barrera
     Meilleur Novillero : Matias Tejela
     Meilleur Rejoneador : Leonardo Hernandez

     Meilleur « lot de Toros » et « meilleur Toro » : Non attribué
     Meilleur « lot de Novillos » : Fuente Ymbro
     Meilleur Novillo : « Volante », de Fuente Ymbro

     Meilleur toreo à la cape : Joselito
     Meilleure estocade : El Juli

     Meilleur picador : Antonio Saavedra
     Meilleure paire de Banderilles : Jose Manuel Montoliu
     Meilleure brega : Jocho II

 

« VIA DIGITAL » FAIT SON MARCHE...

     21 Mars : Il a tardé à venir, mais le voilà ! « Via Digital », la chaîne satellite des Aficionados, vient de révéler, hier, sa programmation pour la temporada 2002. Il y a quelques changements, avec, en particulier, la disparition de Pamplona ! Pobre de nosotros !
     La saison 2002 se présentera donc comme suit, sur les écrans de ceux qui ont la chance d’être abonnés… et on les salue !

     Via Digital va donc téléviser, en direct :
     Les demi finales et finale du concours de San Sebastian, ainsi que les deux corridas qui les accompagnent (Voir  rubrique « Cartels)
     Onze corridas de la Feria d’Avril, à Séville
     De Madrid, on pourra suivre, intégralement :  La Feria de La Comunidad ; Toute la Feria de San Isidro ; Toute la Feria de Otoño ; Les novilladas nocturnes de l’été
     Seront également retransmises en direct, les ferias d’Alicante, de Bilbao, de Logroño, ainsi que la San Miguel de Sevilla.

     A vos magnétos… Mais, chttt ! messieurs Joselito et Jose Tomas ne veulent pas… Chttt !

 

PENAS ET CLUBS…A VOTRE SERVICE !

      21 Mars : Ceci est un appel, une offre amicale ! Toros 2000 est en train de préparer une rubrique de "liens automatiques" avec les Peñas Taurines,  Clubs et autres Cercles « Taurinos ». Si votre association a monté un site, c’est avec plaisir que nous en donnerons l’adresse, et que nous ouvrirons une porte vers votre amicale passion.
     Donc, n’hésitez pas et contactez nous… en donnant l’adresse exacte de votre site! Bien amicalement, merci !

 

ILLUMBE : DUEL A SIX…

     22 Mars : Vous souvenez vous… « Le bon, la brute et le truand » ? Les westerns italiens ? Ca, c’était du suspens ! Ce n’était pas comme une campagne électorale « que yo me sé »…
     Soleil de plomb… A la potence, une corde se balance doucement au dernier soupir du vent du désert… Un silence de mort, déjà… Même les coyotes se sont tus ! Une espèce de clairière de poussière, entourée de cactus… Une scène qui ne manque pas de piquant !
     Un cheval hennit ! Tout près, un vieux wagon pourri, dont les parois ont été percées de centaines de balles… La « civilisation » est donc arrivée jusqu’ici… Tout cela respire une atmosphère lourde, malsaine… Dans le ciel, noir à force d’être bleu, des charognards tournoient, qui ont réservé leur tour au futur banquet. Une hyène, qui s’est trompée de film, passe en riant, silencieusement. Deux « Cadets de Gascogne » sont planqués derrière un cactus… Dès qu’il y a de la bagarre en perspective, ils déboulent, quelle que soit l’époque, quel que soit le lieu : « Ce qui va se passer ici, j’en tremble d’effroi ! »… « Quelque chose d’épouvantable ! » (Cyrano de Bergerac – Acte II – scène 9)
     Enfin bref, on sent que ça va cogner ! Aux quatre coins du cercle, ils sont six ! Leur chapeau bien enfoncé sur la tête, au ras des sourcils, ils s’épient, s’espionnent, dans un silence pesant. Même la seule mouche qui reste, n’ose pas voler… 
     Il s’épient. Chacun connaît sa valeur, son talent de tireur… Mais, en face, ils sont cinq. Il faudra en abattre au moins trois…
     Il y a là « un du sud ! », de Malaga. Malgré son costume immaculé, c’est un dur !
     Il y a « un de la capitale »… un petit minet au doux regard. Ne pas s’y fier, c’est un méchant !
     Il y a aussi un grand brun au nez cassé. Ce «Charro-là », c’est du solide… Méfiance ! 
     Puis, les deux « du nord »… L’un fait un peu « bruto » ! L’autre paraît premier communiant… Ils vivent de part et d’autre de la fontière… S’ils sont arrivés là, ce n’est pas pour rien…
     Et puis, le dernier… Lui, c’est un vrai mexicain ! (non, non, je ne vous ferai pas le coup du « basané !)
   
     Il se regardent… Leurs lèvres murmurent toutes, la même prière : « Pourvu qu’ils pinchent ! » Sous entendu : « Que leurs armes s’enraillent !».
     Dans le soir qui tombe, le silence est terrible… Ils sont là, et l’on sent qu’ils vont tirer. Déjà, Moricone prépare ses trémolos…Mais, une seule trompette sonne… et, tout à coup, surgit le taureau !

     Allons bon ! Le grand Sergio Leone n’avait pas prévu ce scénario… Mais au fond, pourquoi pas ?

     Le cercle de sable est là, mais, en fait, il y a beaucoup d’ombre. Le ruedo est couvert (gros budget !). Tout autour, la forêt de cactus a été remplacée par des nuées de braves gens, qui « montent » vers le ciel. On les appelle « les Aficionados… ». (« Ma ! - dit Sergio – ils sont là, on va les garder. Faites leur un contrat, et qu’ils se préparent. On tourne ! »). Quelque part, un cheval hennit. Bien ! Planqués derrière des barrières fraîchement repeintes (vraiment gros budget !) des hommes se regardent, s’épient…Il y a le Malagueño, le Madrilène, le Salmantino, les deux du nord : un de Baracaldo, l’autre des terres de Landes. Et puis, il y a le mexicain, le seul qui pourrait vraiment tourner avec le grand Sergio…   
    
Moricone fait la gueule ! On a remplacé violons et guitares, par… deux clarines de rien du tout ! Mais bon ! On fera avec…Une sonnerie, une porte qui s’ouvre … et le toro sort de l’écran ! 

     Pardonnez moi ! Cette ballade au pays des westerns de notre enfance m’est inspirée par le regard des toreros, au ras de la montera… Parfois inquiet, parfois fiévreux, il ressemble à celui de ces héros de celluloïd, qui savent que dans deux secondes… « ils seront tout, ou ne seront rien ! ». Je ne vais pas vous faire le coup du « Bon, la Brute et le Truand », mais avouez qu’aujourd’hui, à San Sebastian… « La Concha va sentir la poudre ! »

     Ce soir, en plaza d’Illumbe, se déroule la première demi finale du « Vème concours international des Novilleros ». Un sacré duel « à six »… Et, comme on aime le suspens, on jouera la revanche, demain, au soleil !
     Pas de brutes ! Pas de truands ! en principe… Tous des bons !
     Il y a là Salvador Vega, le Malagueño, un novillero brillant, batailleur, technicien, excellent avec le capote, qui sait aussi s’abandonner au muletazos artistiques.
     Il y là Javier Valverde, le Salmantino, fort comme un chêne, gonflé à bloc, après son triomphe de Madrid… Technicien puissant, torero de pundonor, il a une des meilleures mains gauches de l’escalafon novilleril.
     Il y a là Cesar Jimenez. Malgré tout ce que disent ceux qui « ont quelque intérêt à le dire », il est entré par la petite porte, et doit confirmer que son « repêchage » n’est pas usurpé. Pourri de talent, élégantissime, il est une des promesses du Toreo de demain. A lui de confirmer !
     Il y a là « ceux du Nord »: Raul Cano et Julien Lescarret. Cano doit sa place au fait qu’il est de Baracaldo, et qu’il a su donner trois grandes naturelles à un bon novillo. Donc, il va amener du monde, et on ne sait jamais… De son côté, « le petit Julien » a fait de gros progrès… et va amener beaucoup de monde ! Donc, l’un dans l’autre, le français mérite sa place. Et puis, on a dit : concours « international » !
     Reste le dernier. Il est mexicain, et il s’appelle Arturo Macias. Torero solide et brillant, qui amène en terre hispana, le soleil du toreo mexicain, plein de pundonor et de fulgurences… C’est le toreo de « là-bas », chaud comme le désert, bleu comme le ciel de Tijuana…

     Les six novilleros, à n’en pas douter, vont donner le meilleur d’eux mêmes, soit pour confirmer leur rang de vedette, soit pour ouvrir la porte du succès. Pour cela, ils auront deux toros chacun : Un de Miranda de Pericalvo, ce soir ; un de Martinez Elizondo, demain… Deux coups… pas un de plus !
     La première demi finale débutera  ce vendredi, à 19h30 ; La seconde, demain samedi, à 17h.
     Les deux rencontres seront télévisées en direct. A la  réalisation de ce grand suspens: Sergio Leone… pardon, « Via Digital » !
     A la fin de cette double rencontre, resteront trois vainqueurs, qui se retrouveront pour le duel final, le 30 mars. Ce sera le remake du film « le Bon, le Très Bon, et… le Meilleur »
     Bonne chance à tous, et bon western !

     Vendredi 22 Mars – Plaza de San Sebastian (Illumbe) – 19h30 : Première demi finale du concours des novilleros – 6 Novillos de Miranda de Pericalvo, pour, dans l’ordre : Raul Cano – Javier Valverde – Julien Lescarret – Salvador Vega - Cesar Jimenez - Arturo Macias. 

 

ILLUMBE : JAVIER VALVERDE MENE « AUX POINTS »…

     23 Mars : Première demi finale du « Concours des Novilleros », à San Sebastian. Premier « duel à six »…
     Il y a peu de monde, malheureusement. L’heure est trop tardive (19h30) pour certains. D’autres travaillent encore, on n’ont pas le temps d’arriver. La Télévision est là, avec ses présentateurs vedettes… et sa présentatrice. Haaaaaaa !
     La novillada est sortie avec la grande qualité de la mobilité. Beaucoup de novillos allèrent « a mas », avec une tendance à la mansedumbre et la « poca fijeza ». Cependant, à part le troisième  qui vira à « dangereux, à droite », les Miranda de Pericalvo ont donné grande réplique à ceux qui voulaient montrer de quel bois ils étaient faits.
     A ce petit jeu, celui qui a gagné est un chêne, « un roble de Salamanca » ! Javier Valverde a fait un grand pas vers la finale, toréant « solide » et démontrant une vraie personnalité… Certains murmurent quelques similitudes avec le toreo du Viti. Hombre ! Ce ne serait pas si mal ! A Valverde, la seule oreille du festejo.
     Celui qui le suit de près, est un jonc. Il est de Malaga. Son nom : Salvador Vega. Vuelta seulement, d’une part, à cause de l’épée ; d’autre part à cause d’un public un poil chauvin et « ajimenezado ». On ne peut se montrer froid avec ce que fait Vega, parce que l’on « garde ses applaudissements » pour Cesar Jimenez. Vega, avec le toro qu’il a, un « mansote desordonné avec tendance aux barrières », s’est montré très torero. Il méritait une oreille et, « si mata », la deuxième n’était pas loin.
     La surprise : Raul Cano, le bilbaino de Baracaldo, qui toréait sa huitième novillada piquée, depuis sa présentation avec chevaux, en… 1999. Touchant le meilleur de la soirée, il toréa très joliment, avec temple, et donna une vuelta. Manque seulement un peu de personnalité.
     Le reste des duellistes a déçu. Circonstances atténuantes pour Julien Lescarret qui touche le « malo de la pelicula », le dangereux du lot. Toro fort, peut-être pas assez piqué, qui va révéler un côté droit, style « Mike Tyson », c’est à dire « de muy mala leche »… Cornes, griffes, dents… tout ! Ce toro « remonta » très durement, et malgré ses efforts, Julien se fit manger, sans toutefois perdre la tête, ni les bonnes manières. Malgré ce, le français a réellement progressé.
     Chapitre à part pour Cesar Jimenez. Il est « au dessus du panier », paraît il ! Il va prendre, seul, six Fuente Ymbro, le 28 avril à Las Ventas. Bon ! Désolé de dire que s’il se comporte comme hier, à San Sebastian, (et comme lors des sélections), il va vers de grosses désillusions. Début tonitruant avec cape et muleta. Savoir, élégance, courage… Puis, les problèmes de toujours : « De mas a menos ! » On ne pèse pas sur le toro, et on arrive sans confiance à l’épée, parce que l’on sait qu’on ne l’a pas dominé. Résultat : Pinchazos feos, en arrivant même à faire n’importe quoi. Ca, Madrid ne le pardonnera pas ! Cesar prend les six novillos, le 28 avril. Il reçoit l’alternative, le 9 Mai. Peut-être la confirmera t’il à la San Isidro ? Espérons que non ! Espérons que ses mentors auront la sagesse d’attendre. Mais on en douter, d’autant que s’il triomphe, « face aux six », il faut profiter de l’occasion. On le lui souhaite, mais, pour le moment… algo no va ! A voir comment Jimenez rectifie le tir, aujourd’hui.
     Le jeune mexicain Arturo Macias, s’est montré bien vert, bien timide. Face à un novillo sosote…il s’est montré encore plus fade. Dommage. On regrette vraiment l’absence de « l’autre Aztèque », Fabian Barba.

     Donc, pour le moment, « à mi course », deux noms émergent : Javier Valverde et Salvador Vega. Ce samedi, dernière ligne droite avec les Santa Coloma de Martinez Elizondo. Attention ! Là, il faut vraiment « commander » ! A ver lo que pasa !
     Ce soir, trois toreros auront leur billet pour la finale du 30 Mars. Les autres maudiront le sort. Pourtant, tous seront « Toreros »…

     22 Mars – San Sebastian (Plaza d’Illumbe) – Première demi finale du Vème concours International des Novilleros – Petite entrée – Novillada télévisée en direct sur Via Digital.
     Magnifique novillada de Miranda de Pericalvo. Les six novillos sont sortis bien présentés, armés très correctement. Tous montrèrent une grande mobilité, après des premiers tiers désordonnés où la mansedumbre fut dénominateur commun. Il y eut quelque faiblesse, en particulier chez les deux premiers, mais les toros « remontèrent », et pesèrent fort, parfois, sur les toreros. A ce jeu, le troisième fut un méchant, déclenchant la charge « a destiempo », explosant au visage du novillero, avec un côté droit, interdit. Tous eurent des défauts, mais tous « bougèrent beaucoup », donnant donc l’occasion aux toreros d’exprimer courage, technique et expression artistique. Meilleur novillo : sans conteste, le premier.
     Raul Cano (Vuelta) ouvrait le cartel. Il fut propre, sans plus, avec la cape. Au quite, Javier Valverde révèle un toro faible, mais très noble. Raul Cano va confirmer le bien fondé de sa présence, dans une faena très propre, très templée, avec un certain cachet, mais manquant un peu de personnalité. Il « aguanta » sans sourciller deux arrêts du toro, au niveau des fémorales, et montra beaucoup de sincérité. Très bonne prestation pour celui qui toréait sa huitième novillada, en trois ans. Faisant très bien la suerte, Cano mit une entière tendida, un poil de côté. Le novillo résista bravement, recevant une grande ovation, et le barcaldes Raul Cano, donna une vuelta méritée.

  Javier Valverde (Oreille) se montra torero, de bout en bout de sa prestation. Le deuxième sort abanto, et le torero n’a que peu de possibilité de briller au capote. Le premier tiers est mouvementé, et le toro paraît très faible. Du coup, Lescarret renonce, ostensiblement, au quite. (Bien, le compañerismo, Julien ! Mais, ceci est un concours, et tu peux donner un quite sans abîmer le toro, et sans « piquer » des passes au torero ami. Référence : le quite de Valverde, au premier, qui était encore plus faible). Faena solide, débutée en doblones et deux gros pechos. 

 Première partie un peu accrochée, le toro reprenant des forces et du rythme. Grosse série à gauche, avec deux naturelles « muy buenas ». A partir de ce moment, la faena se déroulera sans problème, le torero terminant en trois « trincherazos-molinetes » et un desplante torero. Solidité ! Maturité totale ! Savoir et pouvoir ! Entrant fort, une épée un peu desprendida, qui tue, immédiatement. Oreille, incontestable et vuelta très fêtée.
     Julien Lescarret (Applaudissements) a touché le garbanzo. Toro fort, armé, très solide, que le torero n’a pas convaincu avec le capote. Pas assez piqué, semble t’il. Lescarret, et surtout Salvador Vega, s’illustrent aux quites. Cependant, dès les premières passes, le novillo met de gros uppercuts à droite, et restera menaçant tout au long du trasteo, sur ce côté. Ajoutons à cela, un moteur « de formule un », et l’on peut féliciter le torero de n’avoir pas perdu les papiers. Le toro hume le sol, gratte un peu. Le torero le cite, toque, se replace et… au moment où la muleta repart en arrière pour préparer un nouveau cite, le bicho « déclenche » et surprend le garçon. Vaya un…! Cela ne se passera pas bien avec l’épée, et Julien se montrera sincère devant les micros de Via Digital… Il y a occasion du desquite, ce soir. Suerte !
     Salvador Vega (Vuelta) a été brillant au capote, même si le toro, dur à fixer, ne lui a pas permis de lier ses véroniques, genoux en terre. Cependant, il y eut deux véroniques et deux demies, lumineuses. De même, le quite par gaoneras, à un manso désordonné qui n’a qu’une envie : filer aux planches. Vega va débuter « enorme ! », par doblones bien appuyés, grand pecho et firma. Le toro peut penser ce qu’il veut, il sait déjà qui est le patron ! Se succèderont des séries sur deux mains, le diestro réussissant parfois à « s’abandonner » sur certaines attitudes très artistiques. Faena très torera, à un novillo « un peu fou-fou », qui finit par s’en aller au planches, sur une dernière série, peut-être superflue. Il dut tuer « aux barrières », et le toro se défendit, dans le premier pinchazo. Puis, une énorme entrée à matar, pour une épée contraire, qui tue. Méritait une oreille.
     Cesar Jimenez (Palmas, après un avis) a débuté magnifiquement avec le capote : Delantales, chicuelinas, demies. Superbe ! En début de faena, les deux genoux au sol, plein centre. Vaya ! Valiente y torero ! Trois gros derechazos à genoux, limpios. Sur le quatrième, le toro plante la corne et la muleta, au sol. Jimenez se relève, et entame sa faena, toujours « très torero ». Cependant, au fil des passes, ou le toro ne prend pas la passe entière, ou la torero n’appuie pas assez son muletazo. Du coup, des séries de passes « en ligne », chacun faisant ce qu’il veut, clôturées de passes de poitrine, certaines « bien tournées », certaines autres « un peu chahutées ». Au total, une faena de beaucoup de passes, de beaucoup de « difficile facilité », mais laissant une impression de « ne pas peser beaucoup » sur le toro. Du coup, manque de confiance et précipitation avec l’épée, et une très vilaine conclusion. Dommage, une fois de plus.
     Arturo Macias (Silence, après un avis) faillit se faire arracher la tête dans son farol de rodillas. La suite de son actuacion fut hésitante, sans donner l’impression « qu’il pouvait » avec le toro. Séries de passes en reprenant du terrain, en déchargeant la suerte, en patinant beaucoup. Des six, Macias parut hier, le plus vert. Attendons ce soir. Trois verres de tequila et « hauts les cœurs ! »

     Ce samedi – 17 Heures – Deuxième demi finale : Les « six mêmes », face à un lot de Martinez Elizondo. C’est là que cela se décide. Suerte !

 

« LA BATAILLE DE MADRID »…

     23 Mars :  Comme il fallait s’y attendre, la préparation de la San Isidro ne se fait pas toute seule… Ou plutôt, « Ca bagarre dur, autour de Madrid ! ». Le principal écueil se situe au 13 Juin, une date, pourtant « hors de la feria »…
     Pour cette corrida de Bienfaisance 2002, les coups de fusils partent de tous les côtés.
     On sait que les organisateurs, écoeurés de leurs précédentes mésaventures, ont presque confié l’organisation de la  Beneficencia 2002  à « la Martin Arranz Corporation », qui aussitôt, a inscrit Jose Tomas en tête d’affiche, avec une corrida... normale.
     Mais ne voilà t’il pas que ce coquin de Juli a fait une contre-proposition, s’offrant à toréer, « avec qui on veut »… mais devant des Victorinos ! Et pour bien montrer que ce n’était pas des paroles en l’air, il a écrit une lettre aux organisateurs madrilènes, « en recommandé et avec accusé de réception », s’il vous plaît !
     Les autres ont accusé le coup, et se sentent bien penauds : « Juli avec les Victorino, ce serait super ! Mais, on a laissé les rênes à Martin Arranz… Maintenant, on a l’air de c…, forcément ! Jamais Tomas acceptera ce défi : Des Victorinos, à Madrid, avec le Juli ! Autant se faire hara kiri tout de suite… en vrai samouraï ! Bon ! On va dire au Juli que : Merci, mais… »
     Aux derniers bruits, la corrida de Bienfaisance 2002 rassemblera Joselito, Jose Tomas et Morante de la Puebla, face à une corrida de Nuñez del Cuvillo. Mais on parle également de Caballero, en place de Joselito.
     Pendant ce temps… Juli sourit !

     Pour ce qui est de la San Isidro, les « grosses pointures » semblent déjà bien en place :
     El Juli va toréer « la corrida de la Presse », hors abono, en fin de feria. Par ailleurs, il prendra la corrida du Pilar, le 22 mai, en compagnie de Finito et Eugenio de Mora. Deuxième paseo, le 2 juin, devant les Garcigrande, avec le Morante, que précèderaient Rivera Ordoñez ou le Califa.
     Jose Tomas doit absolument redresser la barre à Las Ventas. Pour la San Isidro, il prendra la corrida de Martelilla, puis celle d’Alcurrucen, aux côtés de Joselito et Eugenio de Mora.
     Joselito, outre les Alcurrucen, prendrait le corrida de Manolo Gonzalez.
     Enrique Ponce ne paraîtra qu’une fois, devant la corrida de Javier Perez Tabernero. A ses côtés, Curro Vazquez et Anton Cortes, qui confirmera alternative.
     Morante de la Puebla prendrait les Garcigrande, (avec le Juli), et les Puerto San Lorenzo avec Finito et Alfonso Romero. Puis, on le retrouverait « à la Bienfaisance ».
     Du coup, on sait que Finito prendra El Pilar et Puerto San Lorenzo, faisant ainsi une grosse infidélité à la cabaña andalouse.

     Il va y avoir quelques problèmes avec le Mexique. Zotoluco, actuellement, n’est pas invité. Cela va se sceller, mardi prochain. Du côté de Mexico, on râle et on murmure de vilains lendemains pour le convenio « d’échange » entre Espagne et Mexique. Peut-être les Lozano veulent ils parer le coup avec le jeune Casasola, probablement poussé par son ami Juli ? Toujours est il que l’absence du Zotoluco serait un non sens et un coup de canif dans le contrat d’amitié hipano-aztèque… Faudrait il voir, là aussi, l’influence de monsieur Martin Arranz, suite à ses « déboires hivernaux », avec le Mexique ?

     Côté Rejoneadores, il y aura trois corridas, dont un mano a mano entre Joao Moura et Pablo Hermoso de Mendoza.

     La Feria de Madrid se terminera par les trois corridas de : Jose Escolar, Adolfo Martin et Victorino Martin… Curieux: Il reste des places au cartel !

 

« BRAVO… LES ENFANTS ! »

     24 Mars : Quel plaisir de voir des gosses de douze ans, faire mille efforts de concentration, de volonté, d’envie de gagner, sous le feu roulant des mille questions de culture générale, posées en direct sous le regard des caméras de télévision, et donc, de milliers de spectateurs. Bravo, les enfants ! Ils étaient 40000, au départ. Puis, 24, pour « les demi finales », et trois, pour le dernier duel… Bien sûr, il fallut un gagnant… une toute mignonne gamine, en l’occurrence. Mais peu importe… ce qui compte, ce fut la fraîcheur, la volonté de bien faire, la bonne éducation et le fair play. Important également, la fierté, légitime, des parents et la convivialité au travers du savoir…

      Reste quand même un scandale ! On sait qu’il ne faut pas toujours, parler de fric ! Mais quand même, récompenser ces gamins magnifiques par « trois médailles en chocolat », quand on sait les millions que vont s’emporter les gagnants du futur Loft Story à force de platitudes malsaines, de vulgarité et de gymnastique « plus ou moins rythmée » (si vous voyez ce que je veux dire), voilà qui est un peu… raide ! Imaginons un instant que les questions d’hier soient posées aux ex vainqueurs de Loft, ou à quelque autre Jean Pascal « à la godille », du Star Academy… On imagine le résultat ! Ces gosses méritaient un joli livret de Caisse d’Epargne, pour leur 18 ans, ou un super voyage du style « Tour du Monde » pendant les prochaines vacances… Au lieu de cela, la médaille, le bravo, et le bisou de la présentatrice… Bueno !

     Vous me direz « Rien à voir avec les toros ! » A la fois non… et oui ! On verra tout à l’heure. Mais, à une époque où l’on ne parle que du vil, du scandaleux, voir du satanique, cela fait du bien de voir des gosses magnifiques, de toutes provenances, de toutes races, de toutes confessions, qui sont des enfants normaux, nés dans des familles normales et qui vont simplement leur chemin « en ligne droite »…
     Je ne sais pas quel score aura fait TF1, hier soir, avec son « Grand concours des Enfants »… moins probablement que celui que fera M6 avec son prochain « Loft » (puisque l’on annonce déjà qu’ils ont été jusqu’à installer une caméra au fond de la piscine, « au cas où on louperait un épisode »…), mais bravo pour l’avoir fait, et surtout, « Bravo… les enfants ! »

     Roger Couderc les appelaient « Mes petits ! », même s’ils le dépassaient tous de trois têtes… Le grand Roger baptiserait probablement de la même façon, les rugbymen d’aujourd’hui… Et c’est bien ainsi, parce que dit avec respect, admiration et une immense affection…
     Donc, nous, tout simplement et dans le même esprit, on dira « Bravo… les enfants ! » aux six jeunes toreros de la seconde novillada d’hier, à San Sebastian, en demi finale du grand concours 2002. Ce n’est pas leur faire insulte, bien au contraire !
     Bravo… et aux six ! Bien entendu, il fallait trois vainqueurs, c’est la vie ! Mais ce qui a gagné, hier, en plaza d’Illumbe… c’est l’honneur, la fierté d’être habillé de torero. Aussi, après cette grande leçon de pundonor, on peut rentre chez soi, « avec les accus rechargés »…

     Face à une novillada inégale de Martinez Elizondo, les six novilleros ont joué crânement leur chance, du bilbaino Raul Cano, bien mal servi au sorteo, au petit mexicain Arturo Macias, dont la verdeur n’a d’égal que la folle volonté de bien faire… De Julien Lescarret, magnifique à certains moments, même s’il laisse échapper, à ce Cesar Jimenez, prince du « mas a menos »… De Javier Valverde, dont le triomphe, cette fois, fut celui d’un torero « macho », face à une carne « de mucho cuidado », à ce Salvador Vega, auteur d’un faenon face à un grand toro. Tous, sans exception, ont fait preuve d’un grand courage, donnant le meilleur d’eux-mêmes, lors d’une tarde d’émotion et de grande aficion. Vibrer ensemble, partager les sursauts de peur ou les élans de joie, d’admiration… c’est cela, être aficionados. Et hier, on en a repris pour quinze ans ! Rien que pour ça, oui vraiment… Bravo, les enfants !

     23 Mars – San Sebastian (Plaza d’Illumbe) – Deuxième demi finale du Vème Concours international des novilleros – Petite media plaza – La Télévision est présente, en direct.
     Grande ambiance, sans chauvinismes exacerbés. Beaucoup de français dans les gradins, et beaucoup de commentaires sur Julien Lescarret, après sa « contre performance » de la veille. Faudrait quand même pas pousser : le novillo de vendredi « en aurait planté » plus d’un, et dans tous les sens du terme. Donc, un respeto ! et les choses à leur place : Julien Lescarret est un bon petit novillero, qui a encore beaucoup de choses à apprendre, et qu’on va envoyer dans le mur, par une alternative prématurée et mal programmée… Cependant, « le marché » est ainsi, et malgré ce, on ne soulignera jamais assez les progrès qu’il a fait, son courage et ce désir de bien faire qu’il a magnifiquement exprimé hier… même si tout ne sort pas « redondo ».
    Six novillos de Martinez Elizondo, de présentation diverse, allant du premier, au trapio imposant, au dernier, plus novillote. A part le premier, tous armés « normal ». La novillada a montré tout un éventail de comportements, digne d’un catalogue consacré à la Fiesta Brava : Un premier, sans aucune charge, balourd mais pas trop méchant. Un troisième remarquable, au début ; Un quatrième, idéal, parce que le torero lui a donné tous les avantages ; un cinquième, qui changea tout à coup, et obligea son matador à pousser « à fond, les manettes » ; Un sixième, enfin qui fut gâché par un torero « aussi vert » que la Voynet… et même plus, probablement. Reste le deuxième, dont les terribles hachazos ont partout semé la panique, sauf dans l’esprit d’un Javier Valverde, superbe de courage et d’orgueil torero.
     Raul Cano (Ovation) ne put s’exprimer, sauf en un bon coup d’épée. Toro quedado, bloqué par son physique et ses idées aussi courte que son souffle. Le Bilbaino essaya de faire honneur au brindis adressé à ses cinq camarades de duel, mais dut renoncer, dans la compréhension générale, et des sifflets unanimes au toro.
     Javier Valverde (Oreille) a triomphé « à coups de canons » ! Ah, l’animal ! Le toro s’était déjà révélé « court », lors de la bonne réception au capote, du salmantino. Mais à la muleta, ce fut un terrible, chargeant « à coup sûr », tirant des hachazos jusqu’au toit d’Illumbe. Malheur à celui qui se trouve sur la trajectoire. Valverde va s’y mettre, et à plusieurs reprises, le toro va faire mouche. Une première fois, sans bobo. Puis, un direct à l’estomac, arrachant la ceinture, ouvrant le chaleco ! Vaya susto ! Arrivera ce qui devait arriver : une très vilaine cogida, le torero retombant sur les cervicales, dans l’angoisse générale. Toro manso total, très violent, très puissant. Javier Valverde va longtemps rester à droite, essayant de faire « le toreo d’aujourd’hui », ce qu’on pourra lui reprocher, amicalement. Il essaiera de tromper l’adversaire, sur main gauche, mais cela ne fonctionnera qu’un court instant. Vouloir lier derechazos et naturelles, ici, n’est pas de mise. Ces toros-là, il faut les vaincre, leur mettre une raclée, les plier et leur dire "toi, tu restes là, sinon je t’en mets une autre !" Ne pas oublier que Domingo Ortega a coupé les oreilles à un manso, après une faena de 18 doblones, un desplante et une estocade. Ya ! L’aficion actuelle n’accepterait pas cela ! Autres temps, autres mœurs !Mais les mansos restent parfois les mêmes…con muy mala leche ! Javier Valverde, en torero macho, solide, a coupé une oreille « de plomb et d’airain », après une grosse épée follement poussée. « Bravo, petit ! » comme aurait dit Roger Couderc.
     Julien Lescarret (Vuelta, après forte pétition d’oreille) a été « for..mi..dable » sur les deux tiers de sa prestation. Extra au capote en cinq véroniques dont deux à gauche, en « mettant les reins », et deux demi véroniques, les mains à la hanche, style Morante de la Pueble. Muy Bien ! Toro brave et bien piqué. Quite par chicuelinas, au cordeau, de Salvador Vega, terminé d’un desplante torero. Réplique immédiate de Lescarret, cape autour des épaules, comme lorsque les toreros veulent se protéger de la pluie. Toro à quinze mètres ! Cite en faisant voleter chaque côté de la cape. Cela fait un peu « chauve souris », mais cela suscite l’intérêt ! (Attention : la suerte du  « Murcielago » existe déjà). Le toro charge, Julien s’emmêle un peu dans ses trouvailles. Reprenant de la distance, il donne son quite « sui generis », dont la principal suerte pourrait s’apparenter, semble t’il, à la tijerilla… Joli remate et grande ovation, le tout, sous les caméras de Via Digital. La faena va débuter à un niveau très élevé. Le toro vient de loin, et le torero l’embarque sur d’intenses séries, bien conclues en grands pases de pecho. Puis, cela s’effiloche un peu, les passes s’enchaînant, plus accrochées, moins limpias. Le toro a baissé, mais le muletero, aussi. Une voix tombe du tendido « Se le escapo ! ». Peut-être un peu. Après de bons adornos, Lescarret attaque fort avec l’épée, sortant « rebotado » de la rencontre. Salut endolori ! Pétition d’oreille, refusée par la présidence et vuelta chaleureuse. Julien Lescarret ne sera pas qualifié pour la finale. Dommage ! mais il est loin d’avoir démérité. Asi que « Bravo, petit ! »
     Salvador Vega (Une oreille, avec forte pétition de la deuxième) a enfin eut de la chance, de bout en bout, quoique… Chance d’avoir touché un grand toro « Invencible » ; chance qu’il tienne jusqu’au bout… mais, malchance que le toro, toute race dehors, résistât longuement à la mort, malgré une énorme estocade dans le corps. De longues minutes, il s’accrocha à la vie, faisant mine de se coucher, pour à nouveau s’arque bouter aux dernières lueurs de la Terre. Cela dura longtemps, et lorsqu’il se coucha enfin, monsieur le Président décida qu’il ne devait pas accorder la deuxième oreilles, qui relève de son seul verdict. On respecte sa décision… mais on n’en pense pas moins. Formidable, Vega, tout au long de sa faena : Longues passes, templées, liées, en douceur, sans à coups. Au milieu de cette symphonie muletera, un pecho extraordinaire, qui dura des siècles… Remarquable, Salvador Vega, toréant « à l’inspiration », mêlant quelques trouvailles artistiques, au toreo fondamental… Grande faena et formidable estocade, rentrant comme un bolide. Quel dommage que ce toro ne roule pas immédiatement... Mais, en même temps, quel image que celle d’un toro brave !  Salvador Vega signe là, la meilleure faena du concours 2002.
    Cesar Jimenez (Ovation, après un avis) a été remarquable avec la cape. Le toro vient fort et droit. Jimenez, limpide, le reçoit par delantales et chicuelinas, terminant par une demie « de cartel ». Le toro sera mal piqué, sortant manso et mettant Jimenez en échec sur un quite mal choisi. Deuxième rencontre et gaoneras du mexicain Macias. Après le brindis à tous, trop théatral, Jimenez va se mettre à genoux, au tiers, et mettre dix passes enchaînées, toréant dans cette posture, très limpio. A la fin de cette longue série, les avis étaient un peu partagés : Un mérite indubitable, mais cela devient presque lassant… Il va y avoir deux grandes séries à droite, où le torere tire « à fond » ses muletazos. Puis, le toro change soudain et Jimenez va alterner les bon et le très moyen. La faena va perdre de l’intensité, et malgré ses efforts (deux grandes naturells), il ne pourra « la remonter ». Pinchazo, « poussé en passant », transformé en une entière. Le toro va résister ; le torero va vouloir assurer le descabello ; tout cela va traîner en longueur et, encore une fois, Jimenez rentrera en maugréant, tandis que l’ovation remplace la sonnerie d’un avis. Trois prestations de Cesar Jimenez, qui promet beaucoup, mais « ne tient pas souvent »… Cependant, allez donc savoir pourquoi… Il est en finale.
     Arturo Macias (Ovation) nous a levé d’admiration en deux occasions : D’abord, en allant recevoir le toro a portagayola. Toujours un moment de crainte « en commun ». Le toro sort mal, et charge « de raccroc ». Le garçon reste en place, et se jette dehors, au passage. Il fait bien ! Mais, là où le mot « pundonor torero » prend tout son sens, c’est quand Arturo Macias, fou de rage et de toreria, se plante cinq fois de suite, les deux genoux en terre, en plein ruedo, tirant cinq largas afaroladas d’enfer. Grande ovation !  La deuxième occasion d’applaudir fort, c’est lorsque son picador se fait culbuter et reste au sol, en grand danger. Le toro est tout près, hésite, va le charger. Macias, par un quite coleando, va lui sauver la mise, et cela mérite une ovation, debout. On a grand espoir. Après toutes ces émotions, peut-être une dernière, d’apothéose. Hélas, ce ne sera que faena de « Ouille ! » et de « Aïe ! », le torero, vraiment trop vert, se montrant incapable de conduire le toro jusqu’au bout du muletazo, se mettant en danger sur chaque passe, se faisant soulever, mais sortant indemne de ce duel désespéré. Comme on se jette à la piscine, une estocade entière, chanceuse, et le cauchemar s’est enfin terminé pour ce mexicain, encore trop tendre pour de telles entreprises.

     Tous les toreros ont été ovationnés à la sortie, et le jury a désigné pour la finale du 30 Mars : Javier Valverde et Salvador Vega, en toute logique, qu’accompagnera Cesar Jimenez. Bon !

     San Sebastian, ce soir, 24 Mars : Corrida de Salvador Domecq, pour Enrique Ponce, Finito de Cordoba et « El Juli ». 17 heures, en direct sur Via Digital.

 

NOUVELLES DU FRONT… EN VRAC !

     24 Mars: Luis Francisco Espla a reçu un gros coup à une jambe, hier, 23 mars, lors d’un festival  en plaza de Jumilla. On attend les résultats des différents examens médicaux. Les toros étaient de Gabriel Rojas, et la faena du jour fut celle de… Vicente Barrera.

     23 Mars: A Cartagène, près de Murcia, les toreros ont coupé un sac d’oreilles, à des toros de Santiago Domecq, mal présentés, faible. A peine plus d’une demi plaza, dans une « portative » de 2000 places. Rivera Ordoñez a été le meilleur, toréant remarquablement, et sortant indemne d’une méchante voltereta. (Trois oreilles et un rabo) – Antonio Mondejar a été serein, toréant avec métier et toreria (Trois oreilles) – El Juli coupe quatre et une queue, mais la critique l’éreinte, soulignant le tape à l’œil et le vulgaire du madrilène. A suivre  le Juli, cet après midi, à San Sebastian. Son début de saison inquiète un peu.

     A signaler que Julian Lopez, père, confirme les cartels du Juli, à la San Isidro :
          22 Mai : toros de Garcigrande, avec Morante et Eugenio de Mora
          3 Juin : Toros del Pilar, avec Finito et Califa.

     23 Mars: A Baeza, Fernando Camara coupe la seule oreille de la journée, à une corrida de Gabriel Rojas, très terne. Manolo Sanchez et Anibal Ruiz donnent une vuelta, chacun.

     23 Mars: Le Fils de Manzanares a triomphé en plaza de Sanlucar de Barrameda. Très bien, à la muleta, face à une novillada de Mari Carmen Camacho, excellente. Quatre oreilles et un rabo pour Manzanares hijo ; Trois oreilles et une queue pour le fils Galan qui a bien vendu sa marchandise (on ne dit pas « pacotille », mais…). Le troisième était Jose Antonio « Chipiona », venu en voisin. Vuelta et une oreille.

     23 Mars: Au festival de Algar (Cadiz), Paco Ojeda, Pepin Liria et Davila Miura se sont régalés, devant de bons novillos de diverses ganaderias. Ojeda coupe trois oreilles et un rabo. Pepin Liria fait "une de plus"!

 

UNE JOURNEE DE « CORNUS »…

     25 Mars : Traditionnel "Dimanche des Rameaux "! Partout, on prépare la Semaine Sainte. A Séville, comme dans le moindre village d’Andalousie, on fait briller les ors des statues, et les cuivres des chandeliers...  Dans quelques jours, d’interminables processions s’écouleront, parfois lugubres, dans toutes les rues d’Espagne. Tantôt riches, tantôt modestes, elles résumeront cette traditionnelle dévotion, frisant parfois le païen, ne laissant jamais indifférent.
     Dans l’âcre fumée des flambeaux, perdus dans la forêt des confréries habillées des couleurs sacrées, on regardera, parfois abasourdis, et l’on écoutera s’élever ces chants de douleur, mais aussi d’espoir que sont les saetas… La peau se hérisse quand le cortège s’arrête, que les trompettes lugubres se taisent, et que de quelque balcon s’élève cette mélopée, comme un cri vers le ciel, en attente d’un lendemain que l’on sait déjà, encore plus dur… « Seigneur ! Pourquoi m’avez vous abandonné ? »

     La Semaine Sainte est aussi, par tradition, l’un des points chauds de la temporada taurine. Cette année, tout le monde attend Séville, avec le choc Jose Tomas – El Juli, dont Paco Ojeda sera le témoin. Ce choc a pris encore plus d’intérêt depuis quelques jours, suite à la polémique soulevée autour de la Corrida de Bienfaisance de Madrid… El Juli a lancé un défi à José Tomas. Celui ci, bien planqué derrière ses mentors et quelque politique « bien politicien », ne répond pas. C’est donc sur le sable de la Maestranza qu’ils vont s’expliquer, dimanche. Mais il faudra suivre ce qui se passe également à Malaga et Madrid… On a le temps.
     Hier, il est sorti, à San Sebastian, une corrida dite « pour vedettes »… Devant les ténors de l’escalafon, on s’attendait à voir débouler un lot un peu plus charpenté que les novillos du concours, et commode de tête… On s’est tous plantés : Les Salvador Domecq sont  sortis superbement armés, large, long et pointu. En voilà un bon coup dans les idées reçues ! Tous astifinos, et très fins ! Pas de corne éclatée, malgré chocs, malgré vueltas de campana dans le sable donostierra…
    Que paso ? Les figuras se sont elles décidées, tout à coup, de revendiquer bien haut leur rang ? Toujours est il que hier, à San Sebastian, personne ne pourra les appeler « figuritas de papel ». Bien sûr, il y en aura toujours un pour dire que l’on peut afeiter « en plus aigu »… Ouais !  mais pas en plus long !  Du coup, hier, Ponce, Finito et Juli se sont appuyés des vrais « cornus »… et certains d’entre nous se sont retrouvés « c… ! » (A vous ! faut que cela rime !)
     Bien sûr, question moral et comportement, ce fut autre chose, la faiblesse étant encore « au paseo »… Mais, si l’on regarde le résultat de Madrid, on reste aussi déçus : Des toracos impressionnants, de près de 700 kgs, armés jusqu’au ciel, mais… totalement mansos !
     Hier, il n’y avait pas que le rameaux qui pointaient vers l’azur. Pourtant, il ne reste à certains que les yeux pour pleurer, et quand même, l’espoir de quelque lendemain meilleur.

    24 Mars – San Sebastian (Plaza d’Illumbe) – 2/3 de plaza – Corrida télévisée : Du beau monde dans les gradins. Le réalisateur de Via Digital a bon goût, et ses cameramen, aussi. Un peu partout, des tailles fines et des jolis minois. Hombre ! cela « meuble », pendant les temps morts, et bien agréablement, ma foi ! Bravo, les filles ! Venez aux toros, et faites vous belles ! Ainsi, on célèbre votre beauté, avec beaucoup de respect… et on s’ennuie moins.
     Non que la corrida ait suscité l’ennui, mais, à part deux ou trois instants, ce fut « une de plus ! »
     Par contre, surprise totale, avec les cornes du lot de Salvador Domecq « El Torero » : Les six toros sont sortis, armés long et très pointu. Grande présentation, en général, en particulier le dernier. A la bascule : 545, 511, 537, 506, 526, 564 kgs. Au moral, un peu de tout, avec pour dénominateur commun, le manque de force, à divers degré. Mansedumbre en demi teinte, peu de fixité au cheval, tendance à partir aux barrières… Le meilleur, parce que noble, fut le premier. Intéressant, le cinquième. Difficile le lot du Juli, en particulier le dernier, un dur de dur.
     Enrique Ponce (Oreille – Silence) a « réglé son lot », sans se décoiffer. Bonne faena, en douceur, face au premier, le valenciano baissant peu à peu la main dans de bonnes séries de droitières. En fin de trasteo, un « tres en uno » et trois naturelles, citées « muleta pliée ». Muy torero ! Estocade, presque entière, qui tue immédiatement. Et voilà ! Le quatrième était un super armé, large et veleto. Pourtant, ce fut le toro qui rompit le combat. Ponce essaya d’aller le chercher, mais dut y renoncer. Demie estocade, bien portée. Enrique Ponce, « en figura ». Le pire d’Enrique Ponce : ces deux apoderados ! Tandis que Juan Ruiz Palomares est aux côtés du torero , comme depuis toujours, monsieur Victoriano Valencia vient « faire le beau » à la télé. Il y a quelque chose de dissonant, de malsain, là dedans…
     Finito de Cordoba (Silence - Oreille) ne se cassa pas trop la tête à la cape. Celui-là, s’il voulait vraiment ! Faena « a menos » face au deuxième qu’il faut soutenir, au point qu’il « remonte », et fait patiner le torero. Le tout, réglé d’un bajonazo. Face au cinquième, de très beaux détails d’élégance et de toreria. Il n’y a pas de grandes et longues séries, liées, mais plutôt un ensemble de suertes où le torero prend la pose, au coup par coup, marchant avec le toro, parsemant le trasteo de remates qui valent, chacun, une bonne photo. Grande faena ? Non. Toreria ? Si... Celui là, s’il voulait vraiment…Estocade caidita, à la vapeur, et… une oreille bien plus facilement accordée que lors de tout le concours des novilleros. C’est que… le président ne peut résister aux jolies femmes. On le comprend !
     El Juli (Ovation – Oreille) s’est montré technique face au troisième qui voulut filer aux tablas, dès les premiers derechazos. Le torero le ramena au centre et réussit à le retenir, en le trompant sur main gauche, la muleta laissée sous le nez, en fin de chaque passe. Superbe, mais peu fêté par le public. En fin de trasteo, torero et taureau se retrouvèrent « aux planches », et le Juli en termina d’une entière habile. Il banderilla le sixième, sur les deux côtés, avant de clore le tiers par une grande paire « por fuera », en partant de l’estribo. Ce toro, fort et puissant, dès sa sortie, se révéla « un gros client », pas toujours bien intentionné. A mi faena, le bicho proteste, refuse d’aller plus loin. Le Juli, qui n’a rien coupé, va « lui monter dessus », se mettre dans les cornes, et lui arracher des muletazos de grand mérite, au prix d’un accrochage qui aurait pu être sérieux, vu le pointu du piton. A l’épée, un coup de canon qui roule la bête et une oreille méritée. Casta !

 

DANS LES AUTRES PLAZAS…

     25 Mars : On avait grande espoir, avec la corrida d’ouverture de Las Ventas. Un grand cartel, avec des artistes, e,n particulier Uceda Leal, et surtout Alfonso Romero, qui s’était révélé ici, l’an dernier, et y avait reçu une grave blessure, lors de la Feria d’Automne. Hélas, il fallut déchanter. La corrida fut … une montagne de mansedumbre, et tout le monde repartit « en silence ».
     Par ailleurs, Paco Ojeda continue sa « mise au point », et il faut souligner un joli geste : Très grièvement blessé à la tête, l’an passé en recevant un toro « a portagayola », le jeune matador Alberto  Manuel s’est offert à prendre seul six toros, en plaza de Plasencia, au bénéfice du Centre pour paraplégiques de Tolède. Il a été très bien, toréant les six, plus deux sobreros, et coupant sept oreilles et une queue.
     Une inquiétude, cependant : Dans tous ces festejos, l’entrée de dépassa pas « la demi plaza ».

     24 Mars – Madrid (Las Ventas) – Media plaza – Grand beau temps : Corrida infecte, composée de quatre toros de Martinez Elizondo, et deux sobreros de Navalrosal, sortis 2 et 4èmes. Montagnes de viandes (557, 513, 632, 589, 695, 666 kgs) surmontés de cornes démesurées, et pétris de mauvaises intentions. Seul, le troisième permit quelques petites choses, mais pas longtemps. Les autres : désastreux.
     Les trois toreros sont repartis sous un silence qui récompensait bien mal leurs vains efforts : Manolito Sanchez a essayé, devant le premier – Uceda Leal a eu un début prometteur, face au genio du deuxième – Alfonso Romero aurait peut-être pu faire mieux que ces deux bonnes séries et les trincherazos, au troisième.
     Corrida oubliée, sitôt passée la buvette…

     24 Mars – Los Barrios (Cadiz) – Media Plaza : Toros de Gavira, correctement présentés, mais mansos et dangereux, excepté le dernier. Le cinquième se cassa une corne, remplacé par un sobrero du même fer.
     Ortega Cano écouta ovation et silence – Paco Ojeda coupa la seule oreille du jour, avec pétition de la deuxième, au sobrero – Javier Vazquez donna une vuelta, en fin de corrida.

     24 Mars – Plasencia – Corrida de Bienfaisance, au profit du Centre des paraplégiques de Toledo – Media plaza : Albero Manuel toréa huit toros (six titulaires et deux sobreros), coupant sept oreilles et un rabo. L’ensemble de la corrida fut mal présenté. Seul, le sixième, de Zalduendo, mérita les ovations du public, lors de la vuelta posthume. Le lot des huit toros se composa de : Quatre d’Aldeanueva, deux Zalduendo et deux de Arribas Sancho.
     Bel exploit de Albero Manuel qui connaîtra le bilan suivant : Deux oreilles – Oreille – Oreille – Vuelta – Oreille – Deux oreilles et la queue (vuelta au toro) – Vuelta – Ovation.
     Cela lui servira t’il ? On l’espère, mais…

 

TEMPORADA 2002 : MOTEURS BRIDES…

      26 Mars :  Contrairement à ce que l’on pensait, ou conformément à ce que l’on craignait, la temporada a débuté « cool » ! Les deux premières grandes ferias ont confirmé deux ou trois faits qui ne manquent pas d’inquiéter, si l’un des protagonistes ne vient pas au plus tôt, mettre un gros coup de pied dans la fourmilière.
      Premièrement, la ganaderia brava se porte mal, en ce début de saison. Les trois quarts des corridas de Castellon et Valencia, sont sorties faibles et sans grande race. Même Victorino qui se sauve par son nom, et toujours, par quelque « coup de rogne » d’un de ses toros… même Victorino ! Pour le reste, voyez « aburrimiento », et appelez les infirmiers…
     Deuxièmement, des vedettes « conformistes » et des « espoirs » qui ne veulent pas « se la jouer ». Olivenza, Castellon, Valencia devaient être le théâtre de grands duels, de batailles rangées. Loin de là ! Les vedettes sont venues, ont vu, ont fait la moue… et ont maquillé, derrière quelques vains efforts, le dégoût que leur inspiraient des toros « qui ne servaient pas ! »… Les « espoirs » sont restés corrects, mais « ne sont pas montés » sur les toros.
      Quand on revoit « la pelée » que se sont mis les six novilleros, samedi, à San Sebastian, pour la deuxième demi finale du grand concours… alors oui, on sait ce que veut dire le mot « competencia »… Chacun dans son style, chacun avec son courage et son orgueil, chacun avec sa technique, les six novilleros ont donné tout ce qu’ils avaient, faisant que cette course est à revoir, tranquillement, dans les peñas et les clubs, ou tranquillement, chez soi. Rien que pour cela, les six sont finalistes ! De Javier Valverde, féroce, à Salvador Vega, grandiose… De Julien Lescarret, superbe, à Cesar Jimenez, magnifiquement énigmatique… Du bilbaino Raul Cano, fier dans la tempête, au petit mexicain Macias, affreusement baloté… tous toreros ! 
     Quand on passe « au rang au dessus »… pues ! On fait le paseo, et l’on essaie de ne pas perdre la face… Si on coupe, bien ! Si on peut sortir a hombros, et que les collègues rentrent à pied… mejor ! Mais si le moindre grain de poussière vient gripper la machine, comme un derrote plus méchant, une mauvaise colada, ou un soudain regard bien tordu… « on plie les cannes » ! C’est joliment fait, mais on plie quand même… sous vos applaudissements.
     A Valencia, le résultat est très moyen, d’une part, à cause des toros ; et surtout parce que personne n’a voulu faire de mal aux autres. Du coup, chacun est reparti vers d’autres duels « à fleurets mouchetés », laissant le triomphe de la feria à…. Vicente Barrera !

     Aujourd’hui, on nous fait un feuilleton du style « Dallas », avec le défi lancé à Jose Tomas par El Juli, au sujet du cartel de la Bienfaisance. Bon ! Mais ce n’est pas dans les despachos que l’on est « Numero Uno », mais bien dans la plaza, et en chaque occasion.
     Le Juli n’a pas été « comme d’hab », à Castellon… Il passe « juste », à Valencia… A San Sebastian, il y avait trop peu de monde dans la plaza (La télévision n’explique pas tout.) Peut-être, et c’est son droit, sent-il « une espèce de fatigue », après ses trois années « à fond » et au plus haut. Peut-être a t’il envie de marquer un gros coup, bien médiatique… en sachant très bien que José Tomas n’acceptera jamais la grosse confrontation, à Madrid, face à des Victorino… Peut-être…
     De son côté, Jose Tomas erre joliment dans ses nuées, arrivant tranquillement, repartant sans mot dire, le temps de vingt pinchazos et quarante descabellos... En escorte, Joselito plaque quelques largas à genoux ; Ponce reste « politiquement correct » ; Finito ne met pas la pression… Que mas ? Le coup de rein de Rivera Ordoñez ? Les prodigieux  éclairs du Morante ? Le douloureux (pour ses admirateurs)  retour de Paco Ojeda, et ses efforts pour redevenir ce qu’il fut ? Bien ! A suivre…

     Dans quelques jours, la France ! Arles ! Il va falloir s’accrocher « autrement ». Le public français, « avec son air c… et sa vue basse », est de plus en plus exigent. Plus on va, moins il a l’air c…, et plus sa vue s’améliore. Certes, tout le monde ne rentrera pas dans la farandole, mais les présents devront s’accrocher… Et ils le savent.

     Que se passera t’il à Séville ? La Feria est à nos portes, et déjà, de longues files d’aficionados réservent leur places pour dimanche, pour « la grande confrontation »…
      On attend beaucoup de cette corrida. Trop, peut-être ! Ojeda, Tomas, Juli, face à des Torrealta. Bigre ! cela devrait valoir le déplacement ! Surtout dans le contexte actuel…
      « Si les toros servent », il y aura bagarre, et c’est bien ! Mais c’est surtout « s’ils ne servent pas », que devrait surgir cette envie de « planter les autres », de faire qu’à la sortie, on ne parle « que du quite, des trois naturelles, ou du coup d’épée de la tarde », laissant loin derrière les efforts des copains… Comme Valverde, l’autre jour, à Illumbe…
     Beaucoup de bruit, mais… on ne veut pas se rencontrer « directement », à Séville, et on ne le fera pas, non plus, à Madrid. Les premiers cartels de la San Isidro en témoignent (voir Mundotoro.com). Jose Tomas vient, « agréablement » entouré (sans aucun mépris pour les toreros qui l’accompagnent) ; El Juli fait de même. Ponce ne vient qu’une fois… Duels à distance, chacun mettant le paquet, pendant que l’autre le regarde à la télé, croisant les doigts pour qu’il fracasse… Eso no es ! 
    
Le dimanche de Pâques peut nous valoir « une résurrection! »… Celle de la « competencia », de la bagarre, « les yeux dans les yeux », devant tout le monde… Alors, la saison prendra, peut-être, un nouveau cap… Sinon ! mal lo tenemos !

     Ah, au fait, paraît que Madrid essaie de monter un cartel banderillero… revenant ainsi à la tradition des années 80, quand les Mendes, Soro, Morenito, Nimeño, mettaient le feu aux ferias…
     « Il y a » un cartel de banderilleros. Un cartel de feu, de bagarre, de fous furieux… de « Fiesta Brava » ! Ce cartel : Juan Jose Padilla, Antonio Ferrera et El Fandi. Certes, « on ne fera pas dans la dentelle »… mais il y aura du spectacle, de l’émotion, de la compétition, et cela, quelque soit le ganado. On peut imaginer sans beaucoup se tromper l’ambiance, dans la plaza… et les répercutions que cela aurait. « Alors », peut-être, les autres s’accrocheraient ils, un peu ?

     On peut toujours tirer quelques plans sur une inaccessible comète… C’est aussi cela, être aficionado !

 

LA DESESPERANCE… ET LE DESESPERANT !

     27 Mars : Encore une fois, la France se réveille, les yeux écarquillés d’horreur :  Hier soir, à la Mairie de Nanterre, le Conseil Municipal se terminait. Madame le Maire levait la main pour clore la session. C’est alors qu’un homme s’est levé, a sorti deux armes et a commencé à tirer, droit devant lui. Parmi les élus, déjà huit morts, et plus de vingt cinq blessés dont plusieurs ne survivront peut-être pas…  Désespérant, même s’il s’agit d’un acte de démence, isolé.
     Moins tragique, mais tout aussi écoeurant… Un commissariat de Police, du côté de Mulhouse, est attaqué par « une horde de jeunes et glorieux guerriers », qui voulaient libérer des copains… Superbe ! L’autorité bafouée à chaque coin de rue ! Voilà maintenant que l’on transforme les commissariats en Fort Alamo… Désespérant !
     Pendant ce temps, à des milliers de kilomètres de nos petites préoccupations (il n’y a pas de « petites » préoccupations), l’Afghanistan qui essaie de se relever, dans la dignité, est frappé par un tremblement de terre : près de 2000 morts, dans la région de Baglan… Désespérant ! La nature se venge. Peut-être certains feront ils un parallèle  entre ce séisme et les chocs, depuis des mois répétés, ces affreux coups de marteau venus du ciel, signés « B.52 »… Alors reviennent en mémoire des visages, des espoirs, des regards, tels celui de la petit fille aux yeux verts, dans le « National Geographic ». Quinze ans plus tard, elle a toujours les mêmes yeux, mais son silence est toujours aussi douloureux. Désespérant !

     Le désespoir, également, pousse à de folles « épopées d’honneur ». Juan de Dios de la Rosa, obscur novillero cordouan, vient de parcourir, à pied et vêtu de torero, les 400 kms qui le séparaient des grilles de la plaza de Madrid. Seize jours de chaleur ou de froid, de poussière ou de pluie. Seize jours de cris à la Justice, enfin !
     L’an dernier, il avait passé 96 jours à la porte de Las Ventas, suppliant pour « une opportunité »… Les responsables ne pouvaient le satisfaire, craignant de créer un fâcheux précédent…
     On relève régulièrement ces anecdotes qui font quatre lignes, dans la rubrique « faits divers » : « Un maletilla s’enchaîne aux grilles de Las Ventas », « Trois novilleros, vêtus de lumières, cheminent vers Madrid « pidiendo una oportunidad ! » (Il étaient valencianos. L’un d’entre eux s’appelait el Melenas)… Ces anecdotes étaient pourtant autant de drames humains, d’héroïques actes de désespérance, où le courage était en tête de mât…
     Juan de Dios de la Rosa a déjà prévenu… Cela fait dix ans qu’il bataille, et il n’a plus rien à perdre. Si l’empresa ne l’écoute pas et ne lui donne pas une chance de toréer, il pense déjà à faire quelque chose « qui aura un plus gros impact ». Et là… on peut tout craindre. Désespérant !

 

PAQUES AU BALCON… MANZANA A MUGRON !

     27 Mars: Programme chargé pour les jours qui viennent. Selon que vous êtes casaniers, ou que les kilomètres ne vous effraient pas ; Selon que vous êtes du Sud Est ou « de l’autre bord de mer », vous aurez le choix.

     En Arles, la Feria de Pâques 2002, démarre vendredi. Ses cartels en sont connus, de longue date, et l’on ne souhaite qu’une chose : Qu’il n’y ait pas trop de vent, et que la feria, au plan « toros », soit au niveau de l’an passé. (Voir rubrique « Cartels »
     A priori… il doit faire beau. Mais, comme on se méfie un peut de ces scientifiques de la Météo, qui sont souvent excellents pour prévoir le temps qu’il faisait la veille, emportez quand même une petite laine imperméabilisée.

     Dans le Sud Ouest, embarras du choix ! Mais si vous vous y prenez « como Dios manda ! », vous n’aurez pas le temps de vous ennuyer… et votre épouse, si elle n’est pas aficionada, risque de ne pas vous voir beaucoup. (Ca lui fera peut-être des vacances… et à vous aussi !). Faites le plein d’essence, et suivez  le guide :
     Samedi, vous passez « la frontière qui n’existe plus », et vous allez voir la finale du Concours des Novilleros à San Sebastian : Valverde, Vega, Jimenez face à six novillos du Capea, (en espérant qu’ils tiendront debout). A ne pas louper.
     Dimanche, vous filez à Aignan, (dans le Gerssss!), pour une journée complète et torista : Novilladita sin picar, le matin ; Un repas « bien gersois », histoire de se caler les futures émotions, et… corrida de Fraile, pour le Colombien Cesar Camacho, un torero « todo terreno » qui a lidié des zébus dans des endroits innommables des Andes, mais qui a également triomphé dans toutes les grandes ferias colombiennes. A ses côtés, Denis Loré qui pourra confirmer, chez nous, qu’il est l’un des meilleurs tueurs de l’escalafon ; et Javier Vazquez, à la reconquête des lauriers fanés.
     Maintenant, si votre épouse vous manque, vous restez à la maison, et, après une sieste pascale illustrée, vous vous installez devant votre télé, ou celle de la Peña la plus proche, et vous suivez la corrida de San Sebastian, où  Manolo Caballero, Victor Puerto et Javier Castaño, fermeront le « Cycle 2002 », face à des Guadalest. Le tout, une oreille collée à la radio, et un œil sur internet, histoire de savoir « al minuto », ce qui se passe à Séville, où Ojeda, Tomas et Juli devraient « s’en mettre un bonne ! »
     Débrouillez vous comme vous voulez, mais… soyez en forme, lundi ! Rendez vous à Mugron, pour la traditionnelle journée d’aficion et de convivialité. Le matin, on pourra découvrir le petit Ekaiz Rodriguez, novillerito donostierra, mené par l’ex picador de grand renom « Matias Hijo », et dont on dit le plus grand bien.
     L’après midi, ce sera l’événement du week end : la présentation, dans le Sud Ouest, du fils de Manzanares… Depuis Nîmes, où l’on n’a pu qu’entrevoir ses possibilités, i la fait des pas de géants. Olivenza, Castellon et Sanlucar en ont été les témoins privilégiés. Jose Maria Manzanares Hijo va faire sa percée dans cette zone taurine où son père a semé tant de grandioses souvenirs. Asi que…
     A ses côtés, on va lui chercher des noises ! Ivan Garcia, mettra le turbo, c’est sûr. Quant au troisième, suivez le bien. Vous le connaissez, l’avez vu à Mont de Marsan, Dax, Bayonne, principalement… C’est un tout bon ! Il vient de se présenter « con caballos » : Fernando Cruz. Un vaillant qui torée superbement. A suivre, sa réplique à la vedette du jour. Les novillos seront de la ganaderia « Marques de Domecq ». Une tarde à ne pas manquer !
     Attention, dépêchez vous ! la taquilla marche bien !
     Ainsi donc, allez faire un tour vers la rubrique « Carteles ». Vous y trouverez les diverses affiches et les cordonnées pour vos réservations…

     Maintenant, faites bien attention… Trois jours libres, c’est une bonne occasion pour votre épouse de vous proposer d’aller voir sa mère, au fin fond du Berry. On va voir, alors… « si vous savez lidier ! » Suerte !

 

NAVALON EST REVENU…

     27 Mars : Et cela se voit… « Que mala leche tiene ese tio ! », mais bon Dieu qu’il est passionnant à lire ! Après quelques semaines de vacances, Alfonso Navalon est revenu, et la « Tribune de Salamanca » résonne à nouveau de ses coups de griffes, coups de gueule et coups d’aficion. Comme un cuirassé de la dernière guerre, il navigue tout droit (mais aussi, parfois, bien en zig zag), faisant feu de toutes ses pièces. Le style est simple, percutant. Les mots sifflent comme des balles. Gare à celui qui est dans le collimateur…

     Cette fois, (voir www.tribuna.net du 27 mars), il s’embarque sur trois chroniques « de las buenas » :
     Tout d’abord, un méchant portrait du concours des novilleros de San Sebastian, dont il a suivi les demi finales… Tout y passe, de l’organisation à certain portrait de torero, pour le moins gratiné…
     Puis, un long article sur l’hommage fait, il y a quelques jours, à Vicente Zabala, le chroniqueur d’ABC, dont certains disent qu’il fut le meilleur des années 70/80…  Cette commémoration a eu lieu dans le cadre du club des amis de la dinastie torera des « Bienvenida », dont l’unique survivant est Angel Luis… Navalon, qui démolit totalement l’image de Zabala, en profite pour égratigner le torero qui n’avait qu’un seul mérite Etre le frère d’Antonio Bienvenida. A lire.
     La troisième charge va percuter de plein fouet Sancho Davila, ex torero, ganadero sans grand renom, qui va gagner « quelques dollars de plus », en signant quelques lignes dans Mundotoro, sous le pseudonyme de « Bayoneta ». Pour le moment, c’est lui qui en prend un bon coup, Navalon révélant le prix qu’ils fait payer aux maletillas pour pouvoir toréer une becerra, en fin de tienta ; et, de même, à ceux qui veulent visiter sa ganaderias…

     Bien sûr, il y a toujours quelque conflit, quelque vengeance personnelle, la dessous… Mais, Navalon ou pas, il ne peut s’embarquer sur de tels arguments, s’il n’y avait pas fond de vérité. C’était vrai, à l’époque de sa gloire, quand il faisait trembler Madrid. C’est également vrai, aujourd’hui. Aussi, tout en sachant raison garder… allez donc lire Navalon. C’est un bon !

 

NOUVELLES « MEXICAINES »…

     27 Mars : On est de plus en plus inquiet sur les futures relations hispano mexicaines. En effet, les nouvelles concernant l’inscription ou non du Zotoluco aux cartels de la San Isidro, ne sont pas très bonnes. Son apoderado, Jose Manuel Espinosa s’est envolé hier pour Madrid, tentant de décrocher un rendez vous avec les Lozano. Rendez vous qu’il n’a pas, actuellement. Ses déclarations sont un peu désabusées : « Si je dois faire « salle d’attente », je le ferai… mais il faut que je les voie et puisse faire valoir les droits du torero N°1 actuel, du Mexique ».
      Pendant ce temps, on apprend que  le Morante de la Puebla va toréer cinq corridas, du 25 avril, au 4 mai, en terres mexicaines : Feria d’Aguascalientes, deux fois ; puis Apizaco, Puebla et Juriquilla. On imagine facilement l’accueil qui lui sera réservé, si le Zotoluco est barré de la San Isidro… Que mal !

 

CLUBS, PENAS…ET TOROS !

     27 Mars : Vous trouverez dans notre rubrique « Autres Liens », la nouvelle page concernant les adresses internet des Peñas que nous avons pu repérer, çà et là. Bien entendu, la liste doit s’agrandir, et vous êtes cordialement invités à nous communiquer votre site, de façon à ce que les aficionados aillent vous faire une petite visite.
     Par ailleurs, ne loupez pas, ce jour, le reportage photographique de Maurice Berho, dans www.mundotoro.com Les toros du Partido de Resina « al campo ». Les Pablo Romero, plus beaux que jamais. De formidables taureaux… de formidables photos ! Enhorabuena ! 

 

SEVILLE : Y AURA T’IL « TOMASITIS » ?

     28 Mars : La corrida de Pâques, à Séville, va sûrement donner « le ton » de la temporada. Y aura t’il « Tomasitis », ou pas ? On l’appelle aussi « Tomasotis », cette maladie qui a contaminé une grande partie du public, en particulier en 2001. Très contagieuse, elle s’est répandue partout, et a fait de vrais ravages. Quels en sont ses symptômes ? Elle rend aveugle et hystérique, à la simple apparition d’un torero appelé Jose Tomas.
     Bien entendu, c’est déjà arrivé, dans l’Histoire du Toreo, en particulier dans les années 70, avec le Cordobes (le seul, le vrai !). Mais, celui là avait, vraiment, révolutionné la planète : Le jour où Jose Tomas coupera un rabo en pleine Feria de Séville ; Le jour où Jose Tomas coupera huit oreilles en deux corridas de San Isidro, comme « le Benitez » en 1970… alors on verra.

     Séville, l’an passé, a eu les yeux de Chimène  pour Jose Tomas. Du coup, les résultats ne se sont pas fait attendre : Deux sorties par la Porte du Prince, en deux corridas (15 te 28 avril) et une par la porte… de l’infirmerie, ce qui est aussi « une page d’honneur »… (30 avril). Pendant ce temps, les autres, en particulier Juli, se battaient devant un public exigent, ne leur pardonnant guère « de Despeñaperros parriba »…
     Jose Tomas ne méritaient il pas ses triomphes 2001 à la Maestranza ? Nous le saurons… cette année. Certes, il apporta un style, une personnalité, une « majestuosité » qui allaient bien au cadre Sévillan et à un public qui avait perdu « son Curro »…
     Depuis, certains aficionados ont « atterri », se repentant d’avoir fait une telle fête à ce torero qui, quelques temps plus tard, rendit les armes, par deux fois, à la San Isidro de Madrid, se faisant baloter le premier jour, et refusant honteusement d’estoque un toro, la fois suivante. Puis, les caprices de Jose Tomas, son mutisme, sa fuite devant les ferias d’importance, comme Pamplona, Bilbao, Zaragoza… Tout cela a de quoi faire gamberger… même un Sévillan.
     2001 n’a pas été une bonne temporada, pour Jose Tomas. « L’hiver américain » a été désastreux, tant sur le sable des plazas que sur le tapis vert « des despachos ». La saison 2002 commence « comme ci, comme ça ! », avec les questionnements  qui  font suite à Castellon et Valencia : Jose Tomas a t’il retrouvé le Nord ? Ou erre t’il encore dans quelque nuée, où lui seul se trouve beau et grand ? Il semble, pour le moment, plus hermétique que jamais.
     Ajoutez à cela, la polémique qui entoure la Corrida de la Bienfaisance ; le défi que lui lance le Juli, face à des Victorino et… comme réponse, le silence assourdissant de Jose Tomas… et vous avez le scénario parfait d’un gros duel qui va se jouer dimanche sur l’albero de la Maestranza Sevillana.
     Certes, il suffit que Tomas ouvre sa cape, pour qu’un frémissement parcoure la plaza…
     Certes, il suffit que le Juli patine un peu dans quelques vulgarité pour qu’on le traite de présomptueux…
     Ce qui est certain, c’est qu’en fin de corrida, si les toros et le temps le permettent, on aura un panorama plus clair de la situation : Ou Jose Tomas confirme l’impact qu’il a causé à Séville en 2001, sa saison sera lancée, et la « Tomasitis » reprendra son vol… Ou il reste en demi teinte, et Séville lui fera payer cher « le hold up » de l’an passé. Le torero le sait, et va probablement tout faire. La question : Peut il encore avoir une actuacion complète, du premier capotazo au descabello définitif ?
     De son côté, le Juli le sait aussi. Donc, il sortira à la plaza, les sabre d’abordage entre les dents… Pendant ce temps, Ojeda, en soufflant un peu, pourrais bien tirer quelques marrons de ce feu…

     Habra « Tomasitis » ? Réponse, dimanche soir ! Joyeuses Pâques !

 

« TERRE DE TOROS »…

     28 Mars : A vous qui êtes aficionados, une recommandation en urgence : Allez faire un tour sur un nouveau site qui vient de paraître www.terredetoros.com , et dont on vous fera plus ample portrait, sous peu.
     C’est un site « Torista », extrêmement complet,  très bien fait, facile d’accès, qui suit, pas à pas, le déroulement des temporadas 2001 et 2002 (en souhaitant « bon vent » pour de nombreuses autres), vues du côté « Toros ».
     Des dizaines de ganaderias sont passées au crible, tant dans leur historique que dans leur progression. Les statistiques, souvent rébarbatives, sont  ici claires, rapidement exploitables.
     On doit « Terre de Toros » à Thomas Thuriés… Enhorabuena, pues ! Un gran trabajo !
     Je ne vous en dis pas plus… Allez le voir, et jugez vous-mêmes !

 

ARLES ET SES CHALLENGES…

     29 Mars : La Feria d’Arles débute ce jour. Ce sera la plus « volumineuse » de son histoire : Six corridas de toros, une de Rejoneo et une novillada piquée ; un aller et retour permanent entre la plaza et le boulevard des Lices. On espère que le vent se fera aficionado, que le soleil sera de la fête et que… les arlésiennes seront belles… Mais ça, c’est bien la seule chose dont on peut être sûr… « en priant pour qu’il fît du vent »  comme disait Brassens.
     Pour le reste, des challenges, pratiquement chaque jour.

     Tout d’abord, pour l’empresa. La feria est longue, fournie, intense. Elle va se baser sur un triple pari : Que les toros soient aussi importants que l’an passé ; Que les figuras soient au rendez vous ; Que les nouveaux et les jeunes saisissent leur chance. Un sacré défi !
     Pour ce qui est des toros, il est probable que « les amis » de l’UVTF vont sortir « leurs loupes », en maugréant un peu lorsque sortiront « les Victorianos de la discorde ». Vaudrait mieux pas qu’ils paraissent cornicortos, astigordos, ni qu’ils aillent s’exploser un piton au moindre coup de mistral… Par ailleurs, après des ferias de Castellon et Valencia qui ne sont pas faites pour rassurer le monde, on surveillera la sempiternelle équation : trapio, force, caste, noblesse… Dure alchimie.

     Du côté des hommes, aujourd’hui, El Juli sera couvé par un public qui n’a pas oublié ses triomphes 2001, et qui sait très bien que « ce gamin là » est aujourd’hui « en capilla »… c’est à dire, en phase de concentration pour le gros rendez vous de dimanche, à Séville : La bagarre, à visage découvert, avec Jose Tomas, dans le dur contexte de la polémique qui entoure la Bienfaisance de Madrid.  Cela dit, on sait la superbe du Juli, et sa volonté de triompher, partout. Aussi, gageons qu’il ne fera pas dans la demi teinte, même si quelques voix murmurent déjà « qu’il n’est plus comme avant »… Nous non plus !
     On n’attend pas grand chose d’Eugenio de Mora. Il torée bien. On le sait. Mais… vaut mieux le voir à Madrid. Par contre, on suivra de près Joselito. Il revient, et doit « regagner » la France. On espérait de lui un gros « coup de canon », en ce début de temporada, du style « Coucou, c’est moi ! Vous m’aviez oublié un peu trop vite ! ». De fait, il y a eu quelques bons moments, à Valencia, mais dans l’ensemble, il n’a pas enclenché la vitesse supérieure. Joselito fait dans la larga à genoux, systématique, débute bien au capote, puis semble s’ennuyer, au fur et à mesure de longs trasteos irréguliers. Voyons si Arles nous le ramène « entier ».
     Les Victoriano del Rio seront chargés, face à ce trio, de donner une réplique « limpia », histoire de laver l’affront de l’hiver, et donner « presque raison » à ceux qui ont passé outre les recommandations syndicales… « Grrrrr ! » dit l’UVTF. "Manquerait plus qu'on ait un nouvel indulto !"

     Samedi matin, les Tardieu, en point d’interrogation, et trois jeunes : Swan Soto, qui revient en France et tente de confirmer ici, l’expérience péruvienne. Anibal Ruiz, qui va allumer la plaza « como sea »…  et le « Renco » qui, pour boiteux qu’on le surnomme, est loin d’être manchot.
     Samedi soir : Valdefresno… A surveiller ! Pourvu que la corrida ait du recorrido, car ce peut être une course importante, une débauches de fulgurances, une palette multicolore tenue par des artistes aussi fragiles que talentueux : Toni Losada, en reconquête ; Sebastian Castella, en consolidation ; et Alfonso Romero, en « présentation confirmation ». Messieurs les photographes, achetez de la pellicule !

     Dimanche de Pâques ! « Vaya un domingo de guerra » ! Les Yonnet, le matin (Pourvu qu’ils tiennent debout ! Un comble que d’arriver à devoir formuler ce souhait), et les Miuras, le soir. Que dire de plus ? Les Miura, en Arles… Souvenir des épopées passées, avec les Fundi, Richard…
     Miguel Rodriguez, le matin, mettra de l’ordre. A t’il définitivement laissé passer le train ? Jose Ignacio Ramos… mettra l’épée ! Quant au Lobo, pues… El Lobo ! Wouaooouu ! (Enfin, ici on dit plutôt : Yahooouu ! »)
     Le soir, gros cartel, devant les toros de Zahariche ! Le Zotoluco débute sa temporada. Numéro Un au Mexique, il débarque en Europe, pour sa troisième saison. Là-bas, il torée « lo mejor ! lo dulce ! ». Ici, il s’envoie les monstres… et il est bon ! Allez donc savoir pourquoi, Madrid lui tourne les dos, et veut le laisser « out of San Isidro »… Le Zotoluco tiendra à marquer un but, d’entrée. Fernandez Meca, plus serein quant au nombre de contrats, devra confirmer le choix des Chopera… On ne s’inquiète pas, et, Chopera ou pas, Meca sera toujours « al pie del cañon » ! Juan Jose Padilla débute 2002… un peu plus calmement. On en est heureux pour lui. Grosse estocade à Castellon, après une prestation où des naturelles, longues et templées, face à un Victorino, ont surpris ceux qui attendaient la grosse bagarre.

     Lundi matin, « Caballitos », et la première sortie du « Navarrais Aztèque », Pablo Hermoso de Mendoza, qui revient du Mexique armes, bagages, femme, enfants et … nouveaux chevaux. Entouré d’un classique et d’un jeunot, on peut déjà lui ouvrir la « porte grande ».
Le soir, les Salvador Domecq se feront ils « le quite » ? Une des meilleures ganaderias de l’an passé, débute la saison « en sourdine, et à genoux »… Mystère du Toro ! Mystère de l’élevage ! Mystère, tout court…
     Enrique Ponce, Finito de Cordoba… à l’aise, ici. Il se savent appréciés, mais à condition de se donner. A ver !
     Le gros challenge sera pour Juan Bautista : Il faut confirmer la grosse faena des Vendanges, et « rentrer dedans »… chose qu’il n’a pas faite, (ou qu’il n’a pu faire), à Castellon. Attention ! Barcelone, dimanche ; Arles, lundi… Juan Bautista est l’un des toreros sur lequel « pèsera » le plus cette Pâques 2002…  A ver si es capaz !

     Les deux premières ferias ont laissé un goût amer ! Faisant le lien avec Séville, qui débute cette semaine, Arles sera le point de mire de tous les professionnels, empresas, ganaderos, apoderados, revisteros…
     On ne peut rêver mieux… pour les Aficionados ! On parie ?

 

ARLES : PREMIER COUP DE CANON DU JULI

     30 Mars : « Este sigue siendo un fenomeno ! »… Déclinée sous toutes les formes, sous toutes les langues, que l’on soit candidat à la présidentielle ou star du football à la retraite, cette phrase roule sur toutes les lèvres… « C’est vraiment un phénomène ! »
     Hier, en plaza d’Arles, à la veille d’un intense défi pascal, Julian Lopez « El Juli » a fait taire, d’un coup, les murmures qui ont suivi Castellon et même Valencia.
     A la Magdalena, on lui reprocha une actuacion en demi teinte ; Aux Fallas, il ne put triompher… Alors, vous savez… la rumeur qui rampe, se faufile et enfle !  On alla même prétendre à coup de bluff, concernant la Bienfaisance de Madrid : Lancer un défi, en sachant d’avance qu’il ne serait pas accepté… Bref, ajoutez à cela une contexte familial avec les petites histoires « de famille », et une virée un peu trop bruyante du côté d’un monument mexicain, et il n’en fallait pas plus pour mettre le Juli sur le fil du rasoir.

     Hier, dans l’oval Arlésien, Juli a démenti tout cela « d’un terrible coup de canon »… Enorme estocade, les deux pieds à quarante centimètres du sol, après une faena  de poder… Deux oreilles ! Bendita espada ! La faena au sixième fut encore meilleure, plus douce, plus coulée. Deux nouvelles oreilles pointaient à l’horizon. Mais… deux pinchazos. Maldita espada !
     Peu importe, à la veille de sa grande rencontre de Séville, Julian Lopez a ratifié, en plaza d’Arles, qu’il reste bien le phénomène des tauromachies de l’An 2000. Et il l’a fait avec superbe, technique et courage. Premier « gros coup de canon » du Juli, cette temporada. Voyons si les autres se réveillent…

     Première « double jornada », en Arles: Hubo casta ! Le matin, le mayoral de Blohorn dut saluer, car la novillada a offert plus de possibilités que prévu. L’après midi, les Victoriano n’ont pas déçus, tenant debout et bougeant bien, en particulier le cinquième, qui a offert un gros triomphe à son matador. Ayyyy, Eugène ! Noblesse, mais sans aucune innocence, certains se révélant un peut bourrus. Cependant, « querer es poder »… El Juli « a pu », parce que… Joselito a t’il voulu ?

    29 Mars – ARLES – 1ère de Feria - Novillada matinale – Un quart de plaza – Temps mitigé et vent : (De notre correspondante)  Très intéressante novillada de Blohorn, qui eut beaucoup de cette mobilité qui gêne ceux qui sont « trop courts », mais dont profitent ceux qui mettent « la tête et le cœur ». Caste générale, un peu épineuse, parfois. Le Mayoral dut saluer en fin de course.
     Julio Pedro Saavedra (Silence, après avis – Ovation) ne progresse pas. Il fut bien, devant le mauvais lot. Mais il ne transmet que trop peu, à la majorité. Du coup, on admire sa décision et sa technique… mais on ne tire pas son mouchoir. Or ici, ce qui compte… « los goles » ! Le quatrième lui mit une grosse rouste.
     Leandro Marcos (Ovation – Oreille) toucha le bon lot. On le connaît sur toutes les coutures : Artiste un peu « trop étudié », Marcos se regarda un peu toréer, devant le premier. Par contre, il fut seigneurial devant le quatrième, et aurait pu couper plus s’il avait tué « plus haut ». A suivre, Leandro Marcos, après sa prochaine alternative. Les taureaux peuvent donner plus d’importance à son toreo. Il suffit alors qu’il monte un faenon dans une grosse plaza et tout le monde partira d’un grand « Je vous l’avais dit… »
     Jeremy Banti (Applaudissements – Palmitas) se présentait en novillada piquée. Vaya ! Il fut « un peu juste » pour une telle entreprise. Il faut attendre… mais pas trop longtemps. Applaudissements à « la verte bonne volonté ».

    30 Mars – ARLES – 2ème de Feria – Casi lleno – Grisaille, vent et froidure: (De notre correspondante)  Corrida bien faite ; petites têtes, mais pointues, de Victoriano del Rio. A la bascule : 520, 540, 505, 480, 510, 525 Kgs). Comportement inégal avec, parfois, du mauvais caractère, comme dans le lot de Joselito. De la caste, chez le troisième, et de la grande noblesse, pour ce qui est du cinquième. Rien de très reluisant au cheval.
     Joselito (Ovation – Silence) revenait ici après presque quatre ans d’absence. Y reviendra t’il jamais ? Il toucha le mauvais lot, certes. Son premier avait le frein à main bloqué; son second était « un tordu ». Joselito regarda, mesura, plaqua quelques détails de classe et de facilité… et voilà ! S’accrocha un peu, face au premier. Ne risqua pas de prendre le moindre avis, devant le quatrième… Brinder à Cantona, c’est sympa, mais « un peu juste » !
     Eugenio de Mora (Silence – Oreille) ne reviendra pas. On sait que le longiligne est un torero « de Madrid », dont la froideur et le manque d’imagination laissent beaucoup d’aficionados sur leur faim. (Et pourtant, il passe fort bien à Séville, où il est tout autre).  On lui pardonnera  quelque distance, face à son premier… mais l’oreille accordée au cinquième aura un goût amer. Ce fut le toro de la tarde, et Mora se montra, seulement, « politiquement  correct », quand il aurait du mettre le feu à la plaza. Très bon début, puis une faena qui part et s’effiloche. Dommage.
     El Juli (Deux oreilles – Grande Ovation) a bien failli « en couper quatre ». Face au troisième, qui en aurait mangé plus d’un, le madrilène se montra intraitable, domptant peu à peu la charge du toro, jusqu’à lui imposer sa trajectoire et son rythme. Faena droitière, en puissance. Et, pour montrer qu’il était sûr de sa domination, un monumental coup d’épée, montant sur le garrot, les pieds décollant du sol, et sortant « limplio ». Gros triomphe, incontestable. Le dernier avait une charge plus suave et la faena fut plus reposée, le jeune faisant fonctionner à merveille « la tête et le poignet ». Autre triomphe en vue… mais allez donc savoir pourquoi (peut-être, parce que les toros « ont des os », tout simplement) Juli va pincher deux fois avant une demi estocade. Adieu l’apothéose totale, mais… Es un fenomeno !

     Aujourd’hui, en matinale, corrida de Tardieu, pour Swan Soto, Anibal Ruiz et El Renco – Ce soir : Corrida de Valdefresno, pour Toni Losada, Alfonso Romero et Sebastian Castella.

 

SAN SEBASTIAN : MATCH NUL INTERDIT !

    30 Mars : Un peu comme en fin de saison, quand le classement fait peur, et que chaque équipe scrute le goal average. Chaque point compte ! Chaque but vaut de l’or.
     L’an passé, la finale du « IVème concours des Novilleros », en plaza d’Illumbe, avait donné lieu à un match nul, dont tout le monde s’était satisfait, le jury cachant son manque d’engagement derrière une générosité de bon aloi. Tutti contenti ! De fait, l’on ne voulait pas donner la victoire à un novillero qui avait été « très bien », mais n’avait pas tué son toro, suite à une grosse raclée, en fin de faena. Total : Vainqueurs « ex aquo » : Javier Valverde, Salvador Vega et Cesar Jimenez. Bueno !

     Une année a passé… et nous avec. Des centaines de novilladas se sont données, des milliers de novillos se sont écroulés, avec au garrot, une fleur de sang. Le regard perdu dans les étoiles, des dizaines de novilleros ont donné la vuelta, saluant les bravos, accrochant quelques doux regards, au passage de leur triomphe. Un année a passé… et l’on s’est retrouvé « à Illumbe »…

     Allez donc savoir pourquoi, la finale « de cette année », de ce « Vème concours des novilleros » rassemble les trois mêmes noms que l’an passé : Javier Valverde, Salvador Vega, Cesar Jimenez… Avouez que le destin (et les despachos !) font bien les choses…
     Aussi, on espère que, cette fois, quels que soient les mérites de chacun des toreros, le Jury se montrera un peu plus « courageux », et mettra « medio pecho palante ».
     Javier Valverde, de Salamanca, est actuellement en pleine maturité torera : Valor, poder, toreria et une grande main gauche. Sa présence est ici totalement justifiée, après trois prestations de puissance, et trois oreilles gagnées « a ley ».
     Salvador Vega, de Malaga, est un finaliste « en toute justice » : Sa faena, lors de la deuxième demi finale, est la meilleure de l’édition 2002. Technique et grande expression artistique. Grand capeador, très volontaire, avec l’épée, il sera l’un des favoris… (Il y en a trois !)
     Cesar Jimenez, de Madrid, voit sa sélection en finale, un peu plus « tirée par les cheveux »… Personnalité et des qualités indéniables… mais, une inconstance, un manque de dominio, chaque fois sanctionné par des gros échecs à l’épée… Il ne coupe aucun trophée, s’en sort avec des ovations d’un public conquis d’avance. Cependant… on murmure : « C’est un surdoué, mais… ». A lui de démontrer, cet après midi, qu’il est bien « ce qu’on en dit »…
     Face au « trio vedette », des novillos du Capea… Pourvu qu’ils tiennent debout ! La novillada sera télévisée sur Via Digital, mais vaut mieux aller passer la tarde à San Sebastian. Il va faire beau ; la Concha est un bijou et la plaza est vraiment une réussite... Donc, à tout à l’heure, pour une grande finale !!!

     San Sebastian (Plaza d’Illumbe) – 17 Heures – Finale du « Vème concours des Novilleros 2002 » : Six du Capea, pour Javier Valverde, Salvador Vega et Cesar Jimenez. Suerte, Toreros!

 

SAN SEBASTIAN : IL N’Y A PAS EU « MATCH NUL »
Javier Valverde, grand vainqueur du « Vème Concours International des Novilleros »

     31 Mars : « Presidenteeeeee, sinverguenzaaaaaa ! » hurlait un terrible donostierra, avec la voix de stentor que rendait encore plus rauque la fumée d’un énorme cigare, qui empestait tout le voisinage. Pouah ! D’un côté comme de l’autre, on ne pouvait que « macou » et approuver, en toussotant. Un vrai titan dont il valait mieux se faire un copain… Comme, de plus, il avait raison, allons-y gaiement : « Presidenteeee, sinverguenzaaa ! »

     On le sait : Un toro qui rentre dans le ruedo, dans toute son intégrité physique, n’a pas à être changé, même s’il s’abîme par la suite. Bien ! Pero, señor ! Combien de règles, de normes et de lois, nos politiques et dirigeants de tous poils, sautent-ils « à la torera » quand le vent ne tourne comme ils le désirent ? Ici, nous étions dans la finale d’un concours, et un toro, sorti déjà très faible, se fracassa en voulant sauter au callejon. Le mufle en sang, les cuartos traseros en arrêt maladie, les pattes avant en marmelade, le novillo chancela le temps d’un simulacre de premier tiers et se répandit lamentablement en début de faena, pour ne plus vouloir se relever. Pendant ce temps, le public, qui s’était époumoné à demander le changement, se mit à abreuver le président de moult noms, et pas seulement d’oiseaux… En un mot, ce monsieur, plus royaliste que le Roi, (ici on dit « mas papista que el Papa ») a volé à Salvador Vega, la possibilité de disputer ses chances sur la finale du concours. Et çà… c’est une honte. A coup sûr, on aurait changé le toro s’il y avait eu dans le ruedo une de ces figuras de relumbre, mais qui ne se jouent pas l’avenir, comme le jeune malagueño, hier… « Presidenteeeee, Ud es un sinverguenzaaaaa ! »

     Un autre détail lamentable : Fin de corrida ; fin de finale ; fin de concours… Après s’être « serré les pognes », les trois novilleros sont sortis, à pied, l’un après l’autre, par ordre d’ancienneté, sous les ovations. Javier Valverde, triomphateur de la finale, vainqueur du concours est sorti le premier… comme s’il s’était agi d’un bon torero qui avait coupé deux oreilles, mais qu’on ne sort pas a hombros, parce qu’ici… il en faut trois !
     Hombre ! Il s’agit de la finale d’un concours qui a duré un mois et demi. On sait qu’il y a un Jury, mais on sait également, vu la tournure des événements, « qu’il n’y avait pas photo »…. Le jury pouvait délibérer là, et l’on pouvait donner « en direct », son verdict. Alors, le vainqueur pouvait être fêté comme il se doit ; les finalistes pouvaient donner une vuelta ensemble, peut-être, et tout le monde en aurait été heureux. Là, on apprend, par la presse, que le vainqueur du grand concours 2002, est Javier Valverde, à cinq votes, contre deux à Salvador Vega… Bien, mais il n’y aura, nulle part, la photo du vainqueur, escorté de ses preux adversaires et néanmoins amis. Et cela, oui, messieurs les organisateurs « Es una verguenzaaaaaaa ! » Mais, au fait… le vainqueur n’était peut-être pas celui que l’on aurait souhaité !!!

     Cela dit, dans nos cœurs et celui de beaucoup, un torero est sorti « a hombros ! » : Javier Valverde. Auteur d’un parcours remarquable (Oreille dans les éliminatoires ; deux oreilles, lors des demi finales), le Salmantino a coupé deux trophées, hier, lors de la finale, pour deux faenas distinctes, face à deux novillos très différents. Triomphe « de la tête et du cœur », triomphe de la décision, du courage serein, et surtout de la vérité.
     Ici, pas de minauderies et autres fanfreluches, qu’on laisse aux mazettes. Ici, « toreo macho », solide, puissant. Ici, le toro sait qu’il a en face, un combattant à sa mesure qui, de la voix et du poignet, impose, réduit, conduit… Alors, les deux belligérants finissent par s’entendre, et le toro se rend. Asi es !
     Importante leçon ! Importante victoire, lors de ce Vème Concours : Ont gagné la vérité et l’honneur, la simplicité et la force, la sincérité et le talent. Avec la victoire de Valverde, c’est tout le Toreo, qui a gagné, hier, à San Sebastian, un peu comme en 91, après les deux corridas de Rincon à la San Isidro.
     Salvador Vega s’est bien battu, sur son « demi concours »… Il a l’inspiration et la plastique. Moins solide que Valverde, il a le courage et le sens artistique. Il est une promesse de l’escalafon, à suivre de très près.
     Cesar Jimenez laisse, encore une fois, plein de questions dans la tête des aficionados lucides et honnêtes. Pourri de classe, porté par un public qui va applaudir jusqu’au moindre désarmé, il va systématiquement gâcher ses chances, en voulant faire un toreo qu’il rêve devant son miroir, mais qui ne s’adapte pas au toro qu’il a en face. Si le bicho n’a pas lu le scénario, ça part dans tous les sens, et cela finit souvent mal. Franchement, on a quelques difficultés à le voir passer le cap de Las Ventas, seul face à six novillos, le 28 Avril. Madrid risque de ronchonner : « Biennnnn… pero no ! »  Le concours était « fait » pour lui. Cesar Jimenez en est le grand vaincu.

     30 Mars – SAN SEBASTIAN (Plaza d’Illumbe) – Novillada finale du « Vème concours international des Novilleros » - Un gros tiers de plaza - Bonne ambiance – Novillada télévisée sur Via Digital.
     La novillada de Pedro et Veronica Gutierrez, en un mot « du Capea » est sortie « régulièrement présentée » et, dans son ensemble, faible et sans classe. Têtes réduites, chez la plupart des bichos ; sorties distraites, sans fixité ; tendance aux planches avec velléités de saut au callejon ; absence totale au premier tiers et … faiblesse lamentable, en particulier chez les deux et troisième, le sixième ne valant guère mieux. Seuls, et parce qu’ils avaient quelques défauts, les quatre et cinq, tinrent debout.
    Javier Valverde (Oreille – Oreille) a triomphé totalement, parce qu’il s’est adapté à deux toros différents, les a toréés avec intelligence et poderio, et les a estoqués remarquablement. Y punto !
     Son premier, qui fit une grosse vuelta de campana, avant les piques, avait de la qualité. Le novillero sut en profiter, toréant, suave, sur main droite. Valverde ne put exploiter à fond sa gauche, le novillo se défendant par un calamocheo, plus gênant que dangereux. Faena propre, claire, nette, le torero finissant par imposer une courte série de naturelles. Grosse épée qui tue et une oreille, en toute logique.
     Le quatrième sortit « toronton », et tout à coup, mit un terrible coup d’accélérateur dans le capote de Valverde qui répondit, du tac au tac. Grosse empoignade, et première victoire du torero sur un bicho qui va se révéler compliqué, parce que court de charge, regardant de travers, le frontal baladeur, le tout sur un fond de faiblesse et manque de race. Valverde va s’imposer, en se montrant très ferme, l’amenant peu à peu à réguler ses élans, et suivre le chemin dicté par une muleta poderosa, ne s’encombrant pas de fioritures. La faena débuta par une grosse colada, à gauche, sur le premier muletazo. A la première série de naturelles, le toro, à nouveau, se fit menaçant. Valverde revint à droite, appuyant ses muletazos, corrigeant les défauts, pour s’imposer finalement sur une courte séries de naturelles et double pecho. Grosse entrée a matar pour une entière tendue et contraire, « atracandose de toro », ratifiée d’un descabello un peu chanceux. Grande ovation et une nouvelle oreille, le public ayant bien fait la différence entre les deux toros, entre les deux faenas. Oreille à la toreria. Oreille au poder. En un mot : le triomphe d’un torero.
     Salvador Vega (Silence et bronca au président – Oreille) se signala, d’entrée, par un grand quite par chicuelinas, au novillo de Valverde. Son premier sort fort, mais très distrait. Le jeune malagueño le reçoit par une première larga à genoux. Le toro s’échappe, fait le tour et revient. Deuxième larga, le bicho allant se fracasser le museau sur la barrière qu’il voulait sauter. La suite sera lamentable. Chancelant, le museau en sang, ce novillo, qui d’entrée était faible, va se traîner, en trébuchant constamment, tandis que le président reste de glace sous les invectives du public. Vega ne pourra que constater les dégâts, malgré toute la douceur imprimée à sa muleta. Longue chute de la pauvre bête que le torero doit se contraindre à abattre d’une bonne demie. « Monsieur le président, vous êtes un voleur et un sans cœur ! »
     Le cinquième ne lui permettra pas de s’exprimer, au capote. Novillo compliqué, un peu gazapon, pegajoso, qui oblige à rompre de trois pas et se replacer, sans cesse. Bon début par vrais doblones réducteurs et une grande trinchera, sous les caméras de la télé. Muy torero. Les séries vont se succéder, le torero devant faire face à cette charge désordonnée, essayant de l’allonger, de la canaliser. Grands bons passages sur main droite, mais des pechos un peu accrochés. Après un petit passage à vide, une bonne série de naturelles, close d’un pecho et d’une firma, con toreria. Estocade « à fond », tendida. Oreille méritée, en partie pour la faena, en partie pour l’injustice subie, en partie pour tout ce qu’a montré ce torero, tout au long du concours.
    Cesar Jimenez (Petite ovation, au tiers – Ovation, après un avis) a connu un appui inconditionnel du public, tout au long de l’après midi. Son premier adversaire est « un très faible » qu’il va devoir soutenir tout au long de la faena. Passes suaves, bonitas, d’infirmier. Le toro finit par ne plus tomber, et Jimenez continue longuement, trop longuement, terminant « pesado ». Estocade basse. Sifflets pour l’invalide et petit salut pour le madrilène.
     Piqué au vif par le succès des copains, Cesar Jimenez s’en va attendre le dernier, au centre. On pense à un portagayola… De fait, c’est à la chicuelina que le torero recevra le toro, en alignant sept, sous de ovations qui, la surprise passée, se réduisent, parce que le torero « en fait trop ». Tout y passera pour triompher, à la faveur d’un public inconditionnel. On fait saluer le Chano, on part au centre, pour trois changées dans le dos, gâchées par la chute du bicho. On veut faire « sa » faena, sans se préoccuper de la faiblesse du toro. De très jolis moments, avec beaucoup d’affectation, mais également beaucoup de passes accrochées, le toro ne pouvant plus suivre. Cela se terminera par une très mauvaise cogida et un mauvaise chute, sans trop de mal, heureusement. Le jeune revient à l’assaut, plaque quelques bonnes passes, et finit mal à l’épée. Deux pinchazos, avec une nouvelle bousculade, entière tendue et un avis à la clef. Au descabello libérateur, la plaza ovationne, mais Cesar Jimenez, tout au long de ce concours… s’est vaincu lui même.

     Au soir de cette finale « en catimini », on apprendra que Javier Valverde est désigné vainqueur du « Vème Concours International des Novilleros », par cinq voix du jury, contre deux à Salvador Vega. C’est juste, et il n’y avait pas besoin de tout ce temps pour donner ce verdict. On a volé son triomphe à un torero. Et cela… c’est une verguenzaaaaaa !

 

ARLES : TARDIEU ET CASTELLA TRIOMPHENT

     31 Mars : Le Samedi de Pâques fut, en Arles, peint de « Bleu, blanc rouge ». Gros triomphe des frères Tardieu, le matin, avec une corrida bien présentée, solide et « con mobilidad ». Le soir, les Valdefresno ont montré de la noblesse, mais également des forces limitées. Bon triomphe de Sebastian Castella qui, pour la deuxième année, ouvre la grande porte.

     30 Mars – ARLES – 3ème de Feria – Corrida matinale – ¼ de plaza : (De notre correspondante) : Les absents ont eu tort. La corrida des frères Tardieu a mis de l’ambiance, parce qu’elle fut « une vraie corrida de toros ». Présence, force, bravoure, la corrida a montré de grandes qualités, que les toreros n’ont pas toujours su, ou voulu, mettre à profit. Pour une fois, les toros furent les principaux protagonistes, et la récompense ne se fit pas attendre : Vuelta d’honneur au sixième « Ebanista », excellent, devant lequel le Renco se montra torero, mais tua mal. Très bon triomphe ganadero des frères Tardieu, qui durent saluer les ovations du public aficionado.
     Swan Soto (Oreille – Ovation) a été peut-être « un peu juste », devant le premier, le plus compliqué. Une estocade, à fond, lui vaut l’oreille de la journée. Vaillant, honnête, mais limité, face au quatrième.
     Anibal Ruiz (Silence après avis – Ovation) a été la déception de la corrida. Vulgaire et damago. Ca n’est pas passé, ici.
     « El Renco » (Silence – Vuelta) est le vainqueur moral de la funcion, honnête, voulant faire le toreo de qualité, mais manquant ses conclusions : trois entrées a matar, chaque fois. Auteur de la faena du jour, au toro du jour.

     30 Mars – ARLES – 4ème de Feria – ¾ de plaza : (De notre correspondante) Bonne corrida de Valdefresno, bien présentée et noble, sans innocence. L’ensemble fut mobile, agressif et spectaculaire à la pique. Les toreros ont été « un peu au-dessous », semble t’il.
     Toni Losada (Ovation – Silence) tua mal le premier qui termina court. Le quatrième se révélera un peu soso, et le jeune ne pourra réveiller l’intérêt du toro et du public.
     Alfonso Romero  (Palmas – Sifflets) se retrouvera vite devant un toro court et éteint, qui s’était illustré au premier tiers. Face au cinquième, tardo, Romero montra quelques limites.

    Sebastien Castella (Oreille – Deux oreilles) est en pleine maturité torera. Décidé, solide et adroit, il donna une première faena essentiellement droitière, conclue de redondos inversés et pechos « rodilla en tierra ». Faena très engagée, devant le sixième, qui va le prendre par deux fois. Courage serein, émotion et deux oreilles pour Castella qui doit, maintenant, confirmer, et ne pas laisser filer la temporada.

      Ce dimanche de Pâques : Corrida matinale de Yonnet, pour Miguel Rodriguez, Jose Ignacio Ramos et El Lobo.
     Ce soir, la Miurada, lidiée par : Zotoluco, Fernandez Meca et Juan Jose Padilla

 

SAMEDI DE PAQUES : CATASTROPHE ECONOMIQUE.
Ortega Cano prend trois avis, à Cabra

     31 Mars : Le samedi de Pâques a été le théâtre d’un grand nombre de corridas, sur l’ensemble de la péninsule. Pourtant favorisées par le grand beau temps, ces courses ont connu des résultats artistiques mitigés, mais ont eu pour dénominateur commun, un bilan économique désastreux.
     Pour la petit histoire, on retiendra que Jose Ortega Cano, désastreux, a écouté les trois avis, à côté de Cordoba. Il avait terminé 2001, de même façon, en plaza de Séville. A quelques jours de la Feria d’Avril, le maestro que l’on respecte, mais qui ne peut plus, « à divers niveaux », ferai mieux de passer la main, de  dire qu’il a encore mal au genoux, et de laisser la place… je ne sais pas, moi : Au Morante, par exemple. On aurait moins peur, et peut-être que l’on ne verrait pas gâcher quatre toros.
     Grimace de douleur pour le rejoneador Alvaro Montes, en plaza de Barcarrota : gros traumatisme à l’épaule droite. De son côté, le novillero Luis Rubio se fait prendre à Almaden de la Plata (Séville) : On craint une fracture de l’épaule.
     Au rayon « sourires », on note que l’on a failli gracier un grand novillo de Miranda de Pericalvo, lors du festival de Tarazon de la Mancha, près d’Albacete. Vuelta au novillo, auquel Abraham Barragan a coupé les deux oreilles et le rabo.

     Le samedi de Pâques 2002 a donc donné les résultats suivants :

     30 Mars – Malaga – 1/3 de plaza (sur 12000) : Corrida de Jose Ortega. Peu de jeu, sauf le cinquième.
     Joselito est ovationné, mais fait juste ce qu’il faut – Enrique Ponce coupe, au cinquième, l’oreille de la journée – Vert de peur, Javier Conde ne donne « même pas » un capotazo.

     30 Mars – Marbella – un peu plus de ½ plaza (sur 9500) : Et pourtant, le cartel était là ! Toros de Sancho Davila, médiocres.
     Paco Ojeda enbtendit quelques bravos à son premier – Finito de Cordoba toréa en artiste, sans grande opposition, coupant l’oreille de son premier. Aurait pu récidiver s’il avait bien tué le cinquième – El Juli a mis la jeunesse et la caste : Oreille du troisième

     30 Mars – Alicante – 1/3 de plaza (sur 12000) : Les Roman Sorando ont été refusés par les vétérinaires. Sortent trois Navalrosas, très bien présentés et solides, et trois Julio de la Puerta « réguliers »…
     Espla est ovationné, chaque fois – Califa s’accroche comme il  peut, mais voit son second se casser un piton. La présidence refuse de changer. Bronca. Silence partout pour le torero – Encabo est en paln « rapide et vulgaire ». Ovation.

     30 Mars – Jaen – ¼ de plaza (sur 10500) : Toros de Martelilla, très bien présentés, buenos. 1,2 et 4, supérieurs.
     Pepin Jimenez coupe l’oreille du premier – Juan Carlos Garcia triomphe et sort a hombros (deux oreilles et ovation) – El Cid torée bien et tue mal, face au plus mauvais.

     30 Mars – Hellin (Albacete)  - Plus de ½ plaza (sur 7777) : Bonne, mais faible, corrida de Nazario Ibañez.
     Le Valenciano Angel de la Rosa coupe trois oreilles – Victor Puerto obtient un trophée du cinquième – Rivera Ordoñez collectionne les avis : Un et deux, respectivement.

     30 Mars – Cabra (Cordoba) – ½ plaza : Corrida de Soto de la Fuente, sans classe ni forces. Le sixième est remplacé par un Algarra.
     Ortega Cano, lamentable et en déroute physique : Trois avis et bronca. Il essaya, face au quatrième, mais… - Caballero fonctionna bien : Oreille, par deux fois – Le morante de la Puebla ne put rien, face à son premier, au sol. Grosse faena, au dernier, mais… maldita espada !

    30 Mars – Priego de Cordoba – Casi lleno : Bonne corrida de Lora Sangran. Tout le monde sort a hombros :
     Luis Domecq : une oreille – El Cordobes, le jeune : Trois oreilles, comme le Fandi, tandis que Jose Luis Moreno  fait le toreo sérieux, et coupe une de chaque toro.

    30 Mars - Velez Rubio (Almeria) – Lleno : Bonne corrida de Martin Lorca
     Ovations pour Antonio Mondejar et Mario Coelho, le triomphateur étant Jose Antonio Canales Rivera, qui coupe trois oreilles.

 

SEVILLE : LE GRAND DEFI…

     31 Mars : C’est parti ! De longues queues s’étiraient, ces jours-ci, devant les taquillas de Séville, mais hier, il n’y avait plus de billets. La revente avait fait « su agosto », (et même septembre !) : 500% d’augmentation !
     Pendant ce temps, les vétérinaires refusaient  quatre des neuf toros de Torrealta que le ganadero avait amenés avec beaucoup d’espoir, parce qu’ils étaient dans le type du toro « pour Séville ». Ce matin, on en verra d’autres. Le campo n’est pas loin ! Gros espoir pour l’éleveur qui signale que plusieurs des toros sont frères de « Zafiro » et « Inglesito », respectivement graciés à Barcelone et Jerez de la Frontera.
     Dans la pénombre des chambres du Colon… trois hommes se reposent et gambergent sûrement, avant « le grand défi »… Leurs noms : Paco Ojeda, Jose Tomas et Julian Lopez « El Juli ».

     Tout le monde attend cette corrida. Les toros serviront ils ? La météo sera t’elle au rendez vous ? On attend beaucoup trop de cette course. Attention au vieux dicton : « Corrida de expectacion, corrida de… ». Cherchez la rime, et à demain ! Bonne chance, quand même.

 

CORRIDA D’EXCEPTION… CORRIDA SANS SATISFACTION !
Fiasco de la Corrida de Pâques, à Séville.

     1er Avril : Comme souvent, on attendait trop de cette corrida…
     Depuis plusieurs mois, on en parlait comme du grand duel « au sommet » : Jose Tomas et le Juli, sous le regard du grand maître revenu, Paco Ojeda. Depuis plusieurs jours, les billets se faisaient rares et, en pesetas ou en euros « cela faisait cher du centimètre de tendido ! »
     De leur côté, les ganaderos faisaient leur maximum pour amener une corrida « digne de Séville »… mais, patatras ! Trois heures après le paseo, il ne restait plus que les yeux pour pleurer : La corrida avait été un désastre ganadero ; Paco Ojeda ne dominait plus, ni les toros ni ses jambes ; Jose Tomas avait ennuyé, élégamment ; El juli, quant à lui, avait fait le maximum, mais, encore une fois, le public Sévillan ne l’avait pas récompensé…
     La Fiesta Brava est vraiment « en de basses eaux », mais le show « must go on »… Pour combien de temps encore ?

     31 Mars – SEVILLA – Corrida du Dimanche de Pâques – No hay billetes – Grand beau temps : La corrida de Torrealta a fortement déçu. Présentation très irrégulière, du petit rond au gigantesque sobrero. A la bascule : 522, 521, 505, 592, 626, 546 kgs. Manque de race général, allant du faible et soso, jusqu’au très violent qui, tête en haut, jauge le torero et lui promet les pires ennuis.
     Paco Ojeda (Applaudissements – Sifflets) ne put rien faire, face au premier qui finit par se coucher, avant l’estocade. Le quatrième était un toro très haut, que le sanluqueño s’entêta à vouloir toréer à droite, quand le piton gauche était le meilleur. Lorsqu’il s’en aperçut, le public lui en fit reproche, et cela se termina très mal à l’épée. Il reste une corrida à Paco Ojeda pour convaincre Séville, mais hier, il a « presque » repris le chemin de sa finca…
     Jose Tomas (Applaudissements – Silence) s’est illustré en deux quites, aux toros d’Ojeda : L’un par chicuelinas ; l’autre, au quatrième, par gaoneras ultra serrées. Malgré le soutien inconditionnel d’un partie du public, Jose Tomas a passé beaucoup de temps en pauses et « moments de réflexion », devant des toros sans relief ou « a contre style », comme le cinquième, qu’il ne sut par quel bout accrocher. On retiendra quelques muletazos pieds joints, isolés, en fin de son premier trasteo. Partie du public voulut y croire, mais la déception n’en fut que plus forte. Long comme un jour sans pain, Jose Tomas a élégamment ennuyé Séville. Mais, encore abasourdie de s’être fait berner l’an passé, elle ne le reconnaîtra pas.
     « El Juli » (Ovation – Silence) s’est conduit « en figura », mais Séville ne lui a pas permis de donner une vuelta méritée, en fin de son premier combat. Ce fut un vrai combat, face à un toro violent, dangereux, qui ne baissa jamais la tête et s’appuya constamment sur le torero. Le Juli fut très ferme, dans un trasteo plein d’ardeur. Une vraie bagarre, débutée par de vrais doblones. Très clair dans ses idées et son courage, le Juli mit la muleta en avant, imposant d’impossibles muletazos à la grosse brute. Il se joua la vie, mais Séville ne voulut pas le reconnaître. Grosse entrée a matar, pour une entière trasera. Le toro ne veut pas se coucher, et menace même Sevillita. Deux descabellos finiront de l’achever et le Juli ne pourra même pas donner une vuelta,  pourtant amplement méritée. (Si Jose Tomas avait réalisé cet exploit, on parlerait aujourd’hui de deux oreilles). Le sixième s’asphyxia aussitôt, et, après un bon tiers de banderilles, Julian Lopez fut rappelé à l’ordre, chacun sachant très bien qu’il ne pourrait rien tirer de ce « puit à sec ! »
     Nada ! Nada! « Corrida de expectacion… Corrida de decepcion »… une fois de plus !

 

CORRIDAS DE PAQUES… PAS DE MIRACLE !

     1er Avril : Où que l’on se tourne, ((à part, peut-être à Grenade), les corridas du dimanche de Pâques 2002  ont généré l’ennui ou la déception. De plus, et cela devient très préoccupant, les entrées ont été « catastrophiques »…
     Seuls vainqueurs de la journée : Enrique Ponce et El Fandi : d’un côté, la toreria et la finesse ; de l’autre, l’abattage et le spectacle à tout prix. Satisfaction aussi pour Manolo Caballero : triomphe à San Sebastian. Mais « la quantité » a toujours été l’ennemie de la…!
     Chapitre "à part" mérite le Zotoluco, qui s’envoie deux Miuras en plaza d’Arles, donne deux vueltas, et déclare ainsi aux Lozano que… ne pas lui donner de toros, à la San Isidro… serait une belle vacherie!
     En résumé, le dimanche de Pâques a donné les résultats suivants :

     31 Mars : Madrid (Las Ventas) – Media Plaza : Quatre toros de Manuel Angel Millares -   faibles et décevants – et deux de Criado Holgado, sortis 4 et 6èmes. Seul, le cinquième a permis quelque lucidité.
     Fernando Cepeda plaque deux bonnes véroniques et une demie, au quatrième. Et c’est tout ! (Silence et applaudissements discrets) – Eduardo Davila Miura s’étire un peu, en quelques muletzaos, face au cinquième. (Silence et ovation) – Jesus Millan se montre très vaillant devant le troisième. En vain ! ( Ovation après un avis, et silence). Les trois toreros sont sortis applaudis. Maigre consolation.

     31 Mars : Barcelone – 1/4ème de plaza : Ciment vide, pour la première corrida de la saison. Dans le ruedo, un lot compliqué de Angel Sanchez. Beaucoup de poids, mais sans aucune race.
     Manolito Sanchez a traîné en longueur. (Silence, partout) – Juan Bautista a vainement essayé, puis a finalement laissé tomber, écoeuré. (Ovation et silence, chaque fois après un avis) – Le vainqueur de la tarde s’appelle Jose Antonio Canales Rivera, qui met la pression à ses toros (largas à genoux) et coupe l’oreille du cinquième, pour un gros coup d’épée.

     31 Mars – San Sebastian – 1/5ème de plaza – Télévisée en direct su Via Digital : Les tors de Guadalest avaient de l’allure, mais, en général le ramage ne fut pas à la hauteur du plumage. 
     Le premier trébucha, près d’un burladero et alla s’y fracasser, se cassant net le piton droit. Le président essaya de « respecter le règlement », comme il le fit si bien la veille, à l’encontre de Salvador Vega. Mais là… allez donc savoir pourquoi, il se dégonfla, et changea le toro. ! Deux poids, deux mesures! Cqfd ! (“Presidenteeee, Sinverguenzaaaa” !) – Voir chronique d’hier, en finale du concours des novilleros.
     Manolo Caballero se montre puissant, abondant, irréprochable mais ennuyeux, parce que sans surprise. Il coupe une oreille chaque fois. A noter un président beaucoup plus « généreux » que pendant tout le concours des novilleros – Victor Puerto a été intéressant avec cape et muleta, face à son premier. Bon début de faena et quelques éclairs « très toreros », tout au long de la tarde. Oreille et Applaudissements – Javier Castaño n’a pas changé. Vulgaire et sans idées, il s’accroche lourdement. De son premier combat, on ne retiendra… que le brindis à Javier Valverde, cet autre salmantino, collègue et ami, qui risque bien d’effacer son nom de l’actualité. (Ovation et applaudissements)

     31 Mars – Grenade – ¾ de plaza : On rendit un émouvant hommage à Miguel Montenegro, récemment disparu. Toros de Jose Luis Pereda, bien présentés, inégaux de comportement.
     Enrique Ponce est ovationné face au premier. Le quatrième « Manchego » est un gros dur, très encasté. Ponce va se battre et s’imposer à lui sur ce qui constitue, déjà, une des faenas du Valenciano, pour 2002. Il y en aura d’autres. Deux oreilles pour un Ponce, « a gusto, en Granada » - Javier Conde fut désastreux : Pitos et division – El Fandi sort a hombros pour la 6ème fois consécutive de « sa » plaza de Grenade : Trois oreilles, sortant tout le répertoire avec cape, banderilles et muleta. Gros abattage, devant son public.

     31 Mars – Murcia – Media Plaza : Corrida compliquée de Lagunajanda – Pepin Liria et Alfonso Romero coupent une oreille à leur second adversaire – El Cordobes  patine.

     31 Mars - Tordesillas (Valladolid) – Le désert, dans les gradins : Mauvaise corrida de Loreto Charro – David Luguillano sort de bons muletazos au quatrième. Deux oreilles -  Juan Diego donne trois grandes véroniques. Oreille au cinquième – Le mexicain Ignacio Garibay est ovationné.

     31 Mars – Aignan (France) – Casi lleno : Corrida de Fraile, sans grand fond et faible – Denis Loré coupe, au quatrième, la seule oreille du jour, toréant juste, tuant net – Cesar Camacho et Javier Vazquez ne brillent guère.

     31 Mars – Malaga : Novillos de La Plata -  Reyes Mendoza et Salvador Vega sortent « a hombros », ayant coupé une oreille à chacun de leurs adversaires. Joselito Ortega coupe un trophée au troisième de la tarde. Dans les rangs des subalternes, on note la présence de Juan Jose Trujillo, qui était, l’an passé « matador de toros »

 

ARLES : LES MIURAS, AU RENDEZ-VOUS… LE ZOTOLUCO, EGALEMENT !

     1er Avril : Dimanche de Pâques des plus intéressants en Arles, puisque la corrida de Yonnet a donné quelque satisfaction, le matin, malgré des forces mesurées, et que la Miurada a confirmé « ce climat différent » qui se crée avant, pendant et après la corrida, à chaque fois que sortent les pensionnaires de Zahariche. Corrida dure, intense, pleine de détails passionnants et déroutants, chacun selon son aficion et sa sensibilité se fixant sur la beauté sauvage des toros, leur comportement inégalable, ou les efforts des hommes, face à ces montagnes cornues.
     Hier, la Miurada a tenu ses promesses, et il est un torero qui en a fait de même : Eulalio Lopez « Zotoluco », vous savez… celui de Azcapotzalco ! Le mexicain faisait son entrée dans « la tournée européenne 2002 », et tenait à y marquer des points, d’autant que, du côté de Madrid, on ne veut pas de lui, pour la San Isidro, ce qui pourrait déclencher un petit conflit entre Espagne et Mexique. Toréant avec le cœur et la Tête, le Zotoluco a été « bien, bien ! » hier, devant les Miura, donnant deux vueltas méritées.

     31 Mars – ARLES – 5ème de Feria – Media plaza – Beau temps : (De notre correspondante) Toros d’Hubert Yonnet, bien présentés, pleins de mobilité, encastés. Le premier se casse un piton, étant remplacé par un dur, de Ramon Flores. Le troisième mit deux batacazos au piquero.
     Miguel Rodriguez se montra professionnel, mais la flamme est presque éteinte. Il tua mal. Ovation et Silence, après un avis.
     Jose Ignacio Ramos coupe, au cinquième, l’oreille de la matinée,  pour une faena aseada et un gros coup d’épée.
     El Lobo se montra vaillant et électrique. Cependant, le public l’ovationna en fin de corrida. Aficion y deseos, si que tiene.

    31 Mars – ARLES – 6ème de Feria – No Hay Billetes – Beau temps : (De notre correspondante) Grande corrida de Miura, pour ce qui est de l’intensité.   Le troisième avait été remplacé, le matin, par un Sanchez Flores. Malheureusement, le sobrero sortit boiteux, et fut à son tour remplacé par un  frère de camada, brave, mais par la suite un peu limité de forces.
     Le poids des Miuras : 640, 550, (520, le sobrero), 580, 635, 660 kgs. Toros variopintos qui chargèrent de loin pour des piques « à la Miura », à mi hauteur en essayant de désarmer. Quelques points de faiblesse. A la muleta,  le quatrième fut le meilleur, suivi des premier et sixième, un cardeno qui provoqua batacazo. Le lot de Fernandez Meca fut compliqué.
     Zotoluco donna deux vueltas qui valent presque pour deux oreilles. Il toréa gaillardement, donnant beaucoup de distance aux toros qui vinrent de loin dans des séries de vaillance et plastique, très appréciées par le public. Heals, le mexicain tua mal, et perdit l’oreille du quatrième, pour quatre descabellos.
     Fernandez Meca passa une sale après midi. Touchant les deux compliqués, il se montrera bref, face au deuxième, qui tardera beaucoup à s’écrouler. Silence. Le cinquième est « un garbanzo de cuidado » très difficile, sur côté droit. En infériorité physique, Meca patine et doit baisser pavillon. Pitos.
     Juan Jose Padilla a "fonctionné", avec le sobrero, mais s’est accroché fort, devant le sixième, donnant de bons muletazos et entrant fort, a matar. Il y eut pétition d’oreille, mais pas majoritaire. Vuelta al ruedo.

     Ce Lundi de Pâques: Dernière "double session": Corrida de Rejoneo, ce matin.
Cette après midi: Toros de Salvador Domecq, pour Enrique Ponce, Finito de Cordoba et Juan Bautista