L'ACTUALITÉ TAURINE
(Aout 2002)

AZPEITIA : L’EMOTION DUNE VRAIE CORRIDA DE TOROS
Les Cebada Gago ont mené grande bataille.

     1er Août : Un fidèle lecteur me faisait reproche, hier, de ne pas avoir chargé, sabre au clair, contre la Miurada de Tyrosse, sa présentation, ses cornes, son comportement… et de ne pas avoir dénoncé cette claire escroquerie…

      Hombre ! Je le comprends. Mais il faut, également, qu’une chose soit claire : Je ne peux m’engager que sur ce que je vois, moi-même, et si, pour une raison ou autre, je ne peux assister à la course, je suis obligé d’observer une logique réserve, m’appuyant sur les témoignages d’un ou plusieurs amis considérés comme des aficionados. Or, chacun voyant la corrida avec sa propre sensibilité, on a du mal, quelquefois, à faire une synthèse qui satisfera tout le monde.
     Par ailleurs, il est « typiquement » français, de râler « après coup», et charger les autres de pousser le coup de gueule à sa place… Les Aficionados ont leur mot à dire, soit avant, soit pendant, soit après une corrida. Attendre que trois couillons se la jouent « par écrit », pour brandir le drapeau de la révolte me semble un tantinet facile … et « un poil » manso ! Si o no ?  Nous ne sommes pas, ici, José Bové ! (Et « on s’en félicite », comme dirait l’autre…On en n'a, ni le prétention... ni les moyens! ). Les peñas et les clubs taurins ont leur mot à dire. Et s’ils n’étaient pas muselés par une pseudo responsabilité aux CTEM, chacun aurait les mains libres, et pourrait manifester son humeur…
     Il semble que l’on soit ici, relativement clair, sur ce que nous voyons, chez nous, ou plus principalement dans les grandes ferias, qui sont les « têtes de gondole » de la temporada. Par ailleurs, ne pas compter sur nous pour « certifier » qu’un toro est afeité, ou artificiellement « desmochado »… On bataille depuis des années, à ce sujet. Miura, particulièrement, est un des sujets les plus controversés. Asi que… merci de ne pas nous faire de mauvais procès, et restons bons amis !

     Pour en revenir aux toros, on a toujours plaisir à suivre une corrida de Cebada Gago. Ce ganado est un perpétuel « point d’interrogation ». Parfois, il déçoit totalement, sortant manso, faible, comme en certaines ferias où le fer se jouait la réputation. Mais en général, il y a toujours un ou deux toros qui « font donner la caste », et mettent de l’ambiance dans le ruedo, obligeant les toreros à mettre au clou leur blouse d’infirmier, et revêtir l’armure d’or des vrais combattants d’honneur.
     Hier, en Azpeitia, il n’y en eut pas deux ou trois… mais six ! Une corrida de Cebada Gago qui a livré une bataille, en six épisodes, et là, croyez moi… ce n’était pas « Les feux de l’Amour »… Ce fut une vraie corrida, très dure, tendue. Le danger était palpable, et les deux heures du spectacle, passèrent comme un zéphyr, malgré la pluie…
     Corrida, normalement présentée, variopinta, pas forcément très lourde, mais bien faite et armée parfois « très pointu », comme le quatrième, engatillado, astifino…
     Aucun toro ne fut complet. Aucun ne fut réellement brave, réellement noble… Mais, señores, le lot entier réserva des surprises, par sa mobilité, par son agressivité, par sa force de caractère. A partir de là, peu importe les oreilles que l’on coupe ou pas… on éprouve un immense respect pour les hommes qui se mettent devant, qu’ils soient vêtus d’or ou d’argent, et s’il n’y a pas eu de trophées coupés, hier, Azpeitia peut s’enorgueillir d’avoir donné une des corridas les plus intéressantes de la temporada, dans le nord de la péninsule. Nous fumes tous « de enhorabuena »..

    31 Juillet – AZPEITIA – 1ère de Feria – Plaza llena – Temps pluvieux et terrain lourd : Six toros de Cebada Gago, très bien présentés, pour une plaza de troisième et très encastés. Fijeza, mobilité et grande codicia, d’entrée. Les deux premiers provoquèrent des batacazos d’importance, et aucun picador ne fut à la fête. Les banderilleros eurent un énorme mérite, certains toros « remontant », après un premier tiers musclé. A la muleta, des charges violentes, parfois féroces, comme le quatrième. Deux toros n’on pas beaucoup « servi » : premier et troisième, le seul faible. Les cinq et sixième furent les plus exploitables, à condition de montrer « qui était le patron ».

    Jose Ignacio Ramos (Ovacion – Vuelta) a fait preuve de grande dignité, tout au long de la tarde. Il n’est pas un muletero « de dentelle », on le sait. Son toreo et « massif », carré, sans fioritures. On le vit banderillero athlétique, en particulier dans les sorties de poses, ses deux toros « apretanto mucho », le poursuivant férocement. Et surtout, Ramos porta deusx gros coups d’épée, entrant lentement, en faisant bien la suerte. Son premier toro prit le cheval, par le pecho, et bascula tout le monde sur un derribo « fracassant ». Du coup, il fut longuement piqué, revenant à la charge et terminant, très court de charge, à la muleta. Ramos essaya de lui tirer les passes qu’il n’avait pas, et cela traîna un peu, mais en toute dignité.
     Le quatrième, magnifique castaño, armé de deux dagues, manifesta un grand sentido, tout au long d’un vrai combat. Ramos le doubla par le bas, mais fut surpris par une des premières charge, sur un derechazo. On entendit le choc, la corne qui fend la taleguilla, comme un coup de ciseaux… Varetazo corrido ! La chance du siècle ! la cuisse à l’air, zébrée par la corne, Ramos revint au combat et se joua la peau à chaque passe, le toro distribuant derrotes et tornillazos à chaque voyage, se retournant sec au niveau du pecho… Gros danger ! Ramos ne put le dominer, mais son estocade, très engagée lui valut de grandes ovations, tout au long de la vuelta. Chapeau !
     El Cid (Vuelta un peu contestée – Ovation) eut du mal a bloquer son premier adversaire, qui prit un puyazo monumental, fixant la tête au peto, s’arqueboutant sur ses quatre fers, poussant droit, à fond, sur huit mètres et basculant tout le monde, le picador, coincé entre monture et palissade continuant à pique, pour se défendre. Enorme ! Ayant vu le précédent « trop piqué », le matador coupa le châtiment… et le toro « remonta », dès les banderilles. Ce fut un peu la panique « aux palos ». Le sévillan débuta fort, et sa première série de droite promettait beaucoup. Hélas, le toro prit le dessus et dès la mi faena, il devint le patron, d’autant qu’il accrocha le torero, le levant haut, et le cherchant furieusement au sol. Le Cid revint au combat, très secoué, se plaignant l’arrière du crâne. Pinchazo hondo et une entière caida, précédèrent une forte ovation que le torero transforma en vuelta. Face au cinquième, le plus noble, semble t’il, El Cid donna de nombreuses passes, dont certaines empreintes d’un réel cachet. Cependant, il n’y eut jamais impression de dominio total, et le public n’entra pas dans la faena. Pinchazo et une entière, chanceuse, « aguantant » la furieuse charge du toro « qui monta » vers le matador. Ovation de gala. Chapeau !
     Fernando Robleño (Silence – Silence) est un torero, court de taille, très actif… et très malin. Son premier se donna une lourde vuelta de campana, et fut le seul à fléchir, d’autant que Robleño le fit charger de très loin, essayant de placer son numéro d’aguante, qui fit mouche, à la San Isidro. Il y eut deux bonnes séquences à la naturelle, avec, quand même, tendance à « lancer le toro », et composer la figure, quand le piton est passé. Face au sixième, c’est le toro qui imposa son rythme, et le diestro multiplia les passes, sous la pluie, dans un trasteo sans unité, sans reposo. Par deux fois, faute d’avoir dominé, Robleño pincha beaucoup, avant de terminer en demi-estocades, restant devant. Le public apprécia la bonne volonté, un certain vibrato, mais Robleño n’a guère convaincu. Respect, cependant et… à revoir.

     Ce jeudi, les toros seront de Martelilla, pour Manolo Caballero, Antonio Ferrera et Alfonso Romero. Pour demain, on murmure que le Fandi sera présent, et qu’Antonio Barrera, quant à lui, serait remplacé par Castaño ou Valverde.

 

PONCE : « LA GRANDE QUESTION »…

     1er Août : Enrique Ponce réapparaît demain, en plaza de Huelva. Le valenciano s’était essayé, mardi, devant quelque vaquilla, et le bilan avait été « mitigé ». Hier, ce fut plus sérieux, devant deux toros, et cela s’est beaucoup mieux passé. De ce fait, Enrique Ponce a décidé « de reprendre la route » et réapparaître, vendredi, à Huelva.
     La question est, maintenant, dans tous les esprits. Enrique Ponce, en plus de dix ans, n’avait subi que très peu de blessures, et aucune de la gravité de celle du 23 Juin, en plaza de Leon. Cet accident, qui a mis sa vie au bord « du grand ravin », arrivait un gros mois après la cornada de Séville. Cela fait beaucoup pour un homme normal, et pour un immense torero, que chacun sait « dans sa dernière ligne droite »…
     Comment Enrique Ponce va t’il "revenir" ? Aura t’il cette même facilité lidiadora ? Comment supportera t’il le regard lourd de certain toro ? Le poignet, les jambes, le cœur auront ils la même force, la même rigueur, la même vigueur ? autant de questions qui se posent, logiquement, et que le torero, lui même doit se poser.
     Les réponses arriveront vite : Huelva, vendredi ; Le Puerto Santa Maria, samedi ; Pontevedra, dimanche…
     Que haya suerte, Enrique ! Y enhorabuena por volver, Torero ! 

 

AZPEITIA : « LA PISTE AUX ETOILES »
Antonio Ferrera "a failli" gracier un toro de Martelilla

     2 Août : « Ladies and gentlemen… here is the Ferreras’s Show !  Franchement, si l’industrie cinématographique manque de candidats pour les prochains Oscars d’Hollywood, elle a en Antonio Ferrera une superstar en puissance, capable de lever les foules et de changer les données d’une corrida, en quelques instants, au point de se faire accompagner du mayoral, au cours de la salida a hombros finale…
     Au début, cette chronique était titrée « Le grand cirque ». Mais, par respect pour Azpeitia, pour les toreros en général, et surtout, par respect pour le cirque, on a préféré « La piste aux étoiles ! » Ainsi, chacun y lit ce qu’il veut, y todos en paz !

     Vraiment, hier, beaucoup d’aficionados se regardaient, abasourdis… Comment peut on à ce point retourner un public, au point de « presque obtenir » l’indulto, la grâce d’un toro, à force de gesticulations, de trépignements divers, de mimiques tragicomiques du plus bel effet ?

     Antonio Ferrera, par son dynamisme, sa verve et son "toreo 100000 volts", a conquis le public d’Azpeitia. Avait il besoin, pour autant, de monter ce show, tout simplement parce qu’un toro répétait noblement sa charge? Avait il besoin d’insister ainsi, au point de presque provoquer un incident entre public et présidence, tout simplement parce que ce toro chargeait aussi vite que « courait » sa muleta ? Nous ne le croyons pas et pensons qu’une fois de plus, Antonio Ferrera se trompe de chemin. De tels débordements fonctionneront un, voire deux ans… puis, un jour, viendra la grande sanction, et certains s’étonneront de voir siffler ce que la masse ovationne, aujourd’hui : le toreo rapide, par en haut, en marchant souvent vers la queue du toro, les yeux dans les tendidos.

     Ferrera a démontré savoir et pouvoir toréer sérieux, calme et profond… Ce qui n’empêche absolument pas les vibrants exploits tels que les banderilles « à trajets changés », le torero partant des barrières pour un sesgo por fuera, et renversant tout à coup sa trajectoire, pour clouer, por dentro, contre les barrières. Autant on aura plaisir à chanter de tels exploits, autant on soulignera d’un gros trait rouge, la démagogie et la vulgarité, que ce soit chez ce torero ou un autre. Hier… deux gros très rouges !
     Hier, Antonio Ferrera est sorti a hombros d’Azpeitia, coupant trois oreilles et à deux doigts de provoquer un événement historique : la grâce d’un toro. Pues bien ! Bravo, puisque cela marche. Cependant, on ne pourra nous empêcher de penser qu’à l’heure où elle est déjà malade, la Fiesta Brava n’a vraiment pas besoin de ces débordements…

     1er Août – AZPEITIA – 2ème de Feria – Casi lleno – Tarde très agréable : Corrida de Martelilla, très « éloignée » du lot de Cebada Gago, d’hier : Petits, bas, sans trapio, armés courts et discutables, les Martelilla sont sortis sans grande caste, manifestant beaucoup de faiblesse, pour trois d’entre eux. Certes, ils allèrent au cheval, certes, ils voulurent charger… mais ce fut un lot qu’il fallut « mimar », alors qu’hier, il fallait vraiment « combattre ». Premier, très faible, et quatrième, qui se blessa à l’antérieur droit au sortir de la pique, furent  à l’origine d’un spectacle affligeant, dégradant. Pour le reste, noblesse et forces limitées, excepté chez le cinquième qui répéta sa charge avec grande alegria, malgré une vuelta de campana en début de trasteo.
    Manolo Caballero (Silence partout) est venu, a pris deux poses devant des faibles et invalides, puis s’en est retourné, sans que le mozo de espada  n’ait à mettre « a remojo », son sempiternel costume rouge et or. Plus que jamais, Caballero s’ennuie, et ennuie.
     Antonio Ferrera (Oreille – Deux oreilles) a bien failli se faire emporter par le deuxième, lors de sa réception au capote. Le sol était lourd, à cet endroit. Peut-être aussi la jambe blessé a t’elle un instant flanché. Toujours est il que « la béquille » dut être douloureuse. Le torero se reprit immédiatement remportant grand succès en trois poses de banderilles, plus spectaculaires que de grande exposition. La faena sera vibrante, enlevée, le torero mêlant le baroque à de bons enchaînements. Faena pueblerina, pour la grande joie… du pueblo. Gros coup de rapière, d’effet immédiat, et une oreille, tout à fait logique. 
     Le cinquième recevra un bon puyazo et viendra avec grande noblesse au moindre appel du muletero. Auparavant, Ferrera se sera illustré en trois poses, dont un por dentro très méritoire, et un quiebro, spectaculairement cité à genoux. Faena copieuse, sans grand reposo, enchaînant les suertes à mi hauteur, ou sorties par le haut… intercalant du sérieux, appuyé, presque profond, avec de la pacotille virevoltante. Et tout à coup, comme pris d’une soudaine lubie, le matador se mit à « vouloir provoquer l’indulto du bicho ». Avec force gestes, il s’adressa à la présidence, au public, au bon Dieu et tous ses saints, faisant semblant de se cadrer pour entrer a matar, et renonçant soudain, comme disant « Ah, non vraiment, je ne peux pas… ce serait trop injuste ! Mais vous ne voyez donc pas ? »… Le cirque dura un peu trop, et le président ayant signifié que la réponse était négative, un avis aurait du être sonné, rappelant le diestro à ses responsabilités. Enfin, contrit d’une telle injustice, Ferrera abattit le noble animal, d’un vil estoconazo atravesado. Ferveur populaire, aveuglement collectif… Les deux oreilles, la vuelta (bien tardive) au « Desencajado » et triomphe total d’Antonio Ferrera : deux oreilles. Cependant, on espère voir prochainement « l’autre Antonio Ferrera… le bon ! » 
     Alfonso Romero (Ovation – Palmas) essaie de faire le bon toreo, le classique, le profond. Hélas, une apparente froideur, un total manque de connexion avec le gradin, et un maniement plutôt désastreux de l’épée, réduit à zéro tous ses mérites.      Après un gros susto consécutif à une larga à genoux mal préparée, Romero donna « les » grande véroniques de la soirée, chargeant la suerte, mettant les reins. A la muleta, une envie de toréer profond, allongeant la charge, templant avec application, mais sans grande flamme. Toreo de classe, mais non de flamme. Ces deux faenas furent similaires, et de même, ses laborieuses conclusions avec l’épée : Pinchazos sin soltar, attaquant sans y croire. Adieu succès, mais une envie de le voir un jour, avec un toro de grande noblesse… comme celui de Ferrera.

     Ce vendredi 2, Toros de San Martin, pour Luis Miguel Encabo – El Fandi, qui reprend l’épée – et Cesar Jimenez, appelé en remplacement d’Antonio Barrera.  

 

LA FRANCE "SANS LE FANDI" : UNE INJUSTE PUNITION…
Triomphale réapparition de David Fandila, à Azpeitia.

     3 Août : Où donc est la pseudo indépendance de la France, en matière taurine ? Qui peut croire que la majorité des organisateurs n’est pas sujette aux manœuvres et diverses simagrées du mundillo espagnol, qui règle ses comptes aux dépens du public français?
     Qui peut croire qu’un torero « qui renverse tout sur son passage », ne peut entrer en France, parce que « révélé trop tard », dans la temporada ?
     Qui peut expliquer que David Fandila « El Fandi », n’est dans aucune grande  plaza française, cette année, alors qu’on en parle depuis deux ans, et qu’il a explosé, non à Madrid, pour la San Isidro, mais bien avant, et en particulier, à Séville?

     Qui peut croire qu’il n’y avait pas possibilité de l’engager, pour des questions de dates, alors qu’une placita, comme La Brède l’a fait venir, sans apparente difficulté ?
     Qui peut croire qu’il n’y avait pas de possibilité… sinon pour la toute autre raison d’un pâle règlement de comptes envers Emilio Miranda, qui mène la carrière du granadino, via Santiago Lopez. 

     La France n’a que faire des joutes affairistes de ces multimillionnaires du toro, bien cachés derrière leur gros cigare ou leur double wisky. La France, si elle est aussi « indépendante » qu’elle veut bien le dire, se doit de présenter au public, un des toreros les plus intéressants de la décade, qui s’appelle Davis Fandila « El Fandi »…
     Un torero qui, forcément, créera la polémique, divisera les opinions, déchaînera les passions… C’est exactement cela, la tauromachie. Le jour où tous les toreros « feront pareil ! », toréant « en mettant la hanche, le petit doigt en l’air, tous en même temps… », on pourra tous aller à la pêche, parce que là au moins, on a de l’imprévu, surtout lorsque cela ne mord pas…
     Un torero qui pourrait faire merveille dans les corridas de feria, où l’ambiance est chaude. Par sa totale entrega, par son abattage, par sa formidable alegria communicative, par son formidable registre torero, El Fandi pourrait faire exploser les plazas, et rendre la joie de vivre à tous, sans exception.
     Un torero qui, et ce n’est pas la moindre surprise, pourrait également surprendre les puristes et amoureux du bon toreo. Certes, on l’attend à la cape et surtout, aux banderilles. Là, il est « un monument », multipliant les exploits, « trouvant » le toro dans tous les terrains, dans toutes les positions… Mais, attention ! El Fandi est devenu un vrai muletero, qui a assimilé la technique, et trouvé le secret « du temple ». Ce « vibrant » est capable de toréé long, très près, très quieto. Il sait "se gagner" le toro, dès les premières passes, et enchaîner les muletazos avec fermeté et grande quiétude. Séries liées, closes de longs pechos, en ligne ou tournés sur l’épaule contraire. Ses adornos sont multiples, debout ou à genoux, mais surveillez également ses naturelles, pieds joints, où le toro « rase » les jambes du diestro…
     Ajoutez à cela une ferme volonté de tuer « dans les formes » et en total engagement… et vous avez un formidable spectacle qui vous redonne des tonnes d’aficion…
     Un torero hyper intéressant, actuellement « embalado », et qui va gâcher la sieste à plus d’un… Un torero qui mérite d’être à l’affiche de chacune de nos plazas…
     Un torero… que nous ne verrons pas ! C’est une grave erreur ! Pire que cela… c’est une faute.

     Azpeitia recevait le Fandi, hier, pour sa réapparition, après l’accident de Santander. La veille, la petite plaza basque avait été divisée par l’actuacion d’Antonio Ferrera. Hier, face à deux Santacoloma de San Martin, nobles et puissants, le Fandi l’a faite exploser, de joie et d’admiration. Il n’était que de voir les visages, à la sortie… tous « enfandilados » ! Et n’allez surtout pas croire qu’il en était ainsi, parce que nous étions dans une plaza de pueblo… Il en aurait été de même dans n’importe quelle grande arène… D’ailleurs, les statistiques sont là pour le prouver : au 28 Juillet, El Fandi avait toréé 33 corridas, coupé 82 oreilles et 6 rabos. Et, parmi ces trophées, Madrid, Pamplona, Valencia, Granada, Santander… and so on !
     David Fandila, « El Fandi » aura triomphé partout… sauf en France, parce que l’on ne l’y a pas laissé entrer ! C’est « vraiment » dommage, et malheureusement… très significatif.

     2 Août – AZPEITIA – 3ème et dernière de Feria – Casi lleno – Temps gris, agréable, percé d’un peu de vent frisquet : Six toros de San Martin, les Santacoloma de Pepe Chafik. On regrettera la présentation trop réduite de certaines têtes, aux pitons courts, brochos mais engatillados, ou très abîmés, comme ceux du dernier. Par contre, ouverts et astifinas les cornes du cinquième, à qui l’on donna vuelta al ruedo. Côté « moral », la corrida « alla a mas », tant en présentation, qu’en bravoure et en caste. Des toros qui, sans niaiserie, permirent le toreo, et firent la joie des aficionados, d’autant que chacun des diestros donna la meilleur de lui-même pour triompher. En fin de corrida, le Fandi et le mayoral de San Martin sortirent a hombros, sous l’ovation générale.
    Luis Miguel Encabo (Silence – Ovation après avis) ne put supporter la comparaison, banderilles en main, avec le Fandi. Classique, un peu balourd, Encabo posa un bon quiebro, à l’invitation du granadino, mais subit un gros échec, en trois assauts au quatrième.
     Muleta en main, Encabo fait les choses avec classicisme et grande technique… mais ne transmet que peu au gradin. Dommage. Ajoutons à cela un gros problème au descabello, et l’on a un résultat terne, traduisant une actuacion pourtant intéressante à la muleta. Son premier, tardito, « cartonnait » à droite… le madrilène lui donna une faena gauchère, qui baissa rapidement de ton, pour tuer d’une demie ladeada, suivie d’une kyrielle de descabellos. Par contre, trasteo « a mas » au quatrième, après un gros susto à la cape et l’échec relaté, aux banderilles. Faena qui va aller crescendo, le torero « se laissant aller » sur quelques derechazos très applaudis, mais sans totalement connecter avec le gradin. Grosse épée, bien portée, mais qui ne tue pas. Encore une fois, Encabo bafouillera son descabello et prendra un avis, au lieu d’une oreille.
     « El Fandi » (Oreille – Deux oreilles) a enthousiasmé le public, par son abattage, par la sympathie qu’il dégage, et par la qualité de son toreo. Son premier est un cardeno « très Buendia », à petite tête. Fandi va mettre le feu, d’entrée, avec le capote. Après un bon quite par navarras, premier feu d’artifice aux banderilles avec une paire « de la moviola », courant à reculons et « un violin », millimétré. Grosse ovation, le Fandi félicitant Encabo pour son quiebro. Toro vibrant, et faena étincelante, débutée par quatre muletazos à la fois doux, autoritaires et longs, qui indiquent le chemin. Abondante faena, comportant de très importantes séries, à gauche, le diestro tirant longuement la charge du bicho, et clôturant par de formidables pechos. Final par adornos à genoux et une surprenante série de naturelles, pieds joints, le toro passant au ras des chevilles. Le tout, très limpio, très propre, très calme et  souriant. Entrant fort, une entière, un poil de côté, le toro roulant rapidement. Une oreille, en toute logique.
     Le cinquième, sérieusement armé, allait donner au Fandi l’occasion de démontrer à tous l’étendue et la qualité de son registre, dans les trois tiers : A la cape, dans les largas et véroniques à genoux ; dans le quite par lopecinas. Aux banderilles, par un immense tercio, dont deux paires sont monumentales : Le « violin », bien sûr, mais cette deuxième où le torero part pour un poder à poder, fait une feinte au moment de la réunion, inversant le terrain, repartant à reculons, plantant en toute puissance et gagnant de vitesse la poursuite du toro…. toujours à reculons. Le tout d’un seul trait, laissant le public et le toro, sur le… ! »
     A la muleta: faena complète, extrêmement liée, templée de longues séries sur deux mains, la muleta loin devant, et loin derrière. Grands pechos et adornos variés, explosant de joie, sans aucune vulgarité. (C’est fou comme les choses peuvent changer en 24 heures !). Semblant ne jamais se fatiguer devant les cornes, Fandi poursuit son trasteo, en toute complicité avec un toro totalement conquis. Faisant la suerte « à fond », une entière al encuentro qui déchaîne la joie du public : Deux oreilles, vuelta au toro « Campanillero » et un long abrazo avec un mayoral de San Martin, impeccablement vêtu, fou de joie.  Un grand moment pour tous.
     Cesar Jimenez (Ovation, après avis – Oreille) remplaçait Antonio Barrera. Bien sûr, son style est différent, plus étudié, plus classique, mais le public sut s’y adapter, soutenant le jeune madrilène, face à deux toros aux conditions différentes : Un premier, sérieux, bizco qui lui mena la vie dure au premier tiers, grattant le sol et le serrant beaucoup, à la cape, avant de prendre un puyazo très lourd. Le sixième sortit en bolide, et ne le laissa pas respirer, cape en main. Puissant, pegajoso, le toro poursuivit la cape qui sortit vers le centre et eut bien du mal à l’arrêter. Après deux magnifiques paires de banderilles du Chano, qui dut saluer, Jimenez entama une première par sept muletazos à genoux, avançant vers le centre. Toro tardo, que le jeune diestro va « presser comme un citron », alternant les positions debout et agenouillées. Deux pinchazos et une entière tendida donneront lieu à un avis et une ovation.
     Face au sixième, également noble, Jimenez donnera une faena en deux parties, tirant de calmes séries sur les deux mains, après avoir débuté par trois cambios dans le dos, au centre de la plaza. Puis, le toro se retenant un peu, le torero se mit « à bout portant » et arracha les passes, une à une. Faena technique, valeureuse, qui lui valut un accrochage sans conséquences. Très décidé, Jimenez mit une bonne épée, un peu ladeadita, et coupa une oreille.

     En ouverture, le jeune cavalier Igor Etxaniz « Kintela » s’en était relativement bien sorti, devant un gros novillo de Martelilla. Un challenge relativement ardu pour ce jeune, qui en est à ses tout débuts. Un peu long à fixer son adversaire, quelques passages à faux et de logiques difficultés à la mort, ne peuvent gommer une grande bonne volonté, que le public salua affectueusement, pendant la vuelta al ruedo.

     Ainsi se termine « Azpeitia, et sa feria 2002… » : Trois corridas où il se passa chaque jour, « quelque chose »... Trois jours d’amitié, de convivialité et d’aficion. Trois corridas où le public a vibré, a la caste des Cebada Gago, ou à celle du Fandi ! Trois jours où les gradins se sont tous levés, d’un même cœur, au moment où résonnait « le Zortziko », hymne magnifique, joué par un orchestre remarquable, en souvenir d’un banderillero tué en Azpeitia, il y a tant d’années, mais jamais oublié. Moment de musique et de respect, qui réunit le public et les toreros, dans un même hommage à la Fiesta brava. Enhorabuena, Azpeitia !

 

PONCE REVIENT, RINCON SALUE…

     3 Août : La journée du 2 Août 2002 a été marquée par de grandes ovations qui font que le monde taurin reste avant tout « humain », marqué de cette sensibilité, et cette convivialité dans l’émotion, qui font que l’on se respecte, peut-être bien plus qu’ailleurs, quels que soient les statuts de chacun, et les intérêts engagés.
     Hier, un torero a repris l’épée, après une cornada « où il a vu la mort ». Hier, Enrique Ponce réapparaissait, en plaza de Huelva, et tout le monde l’a salué, debout. La montera au niveau du cœur, le diestro ne put cacher son émotion.
     « Après », cela s’est plutôt bien passé, sauf à l’épée. Ponce a donné un bonne faena, mais… « pincho mucho… » Chaud ! Il faut attendre !
     Paco Ojeda, également, revenait, après sa légère mais douloureuse blessure de Burgos. Ce fut plus difficile. Son retour aux ruedos était déjà laborieux, avant la blessure… alors imaginez, après.
     Autre ovation, autre plaza, autre émotion : La Coruña a salué un « matador ganadero » : Cesar Rincon. Elle l’avait beaucoup aimé comme matador, elle continue à ovationner le ganadero. Pourtant, les nobles toros du Torreon étaient un peu « inégaux de trapio et de forces ». Mais, quand on aime, on ne compte pas !
     Pour revenir à des choses plus terre à terre, du genre « negocios », on dira simplement : Finito, Jose Tomas et Morante, à La Coruña… une demi arène !

     2 Août – HUELVA – 2ème de Feria – Plus de ¾ de plaza : Toros de Salvador Domecq, El Torero, inégaux, justes de présence et de forces, sauf le quatrième ;Noblotes et sans castre, la majeure partie manifestant de la soseria. Le meilleur fut le cinquième. Très faible, le sixième fut remplacé par le sobrero du même fer.
     Paco Ojeda (Ovation – Silence) connut quelques difficultés dans une faena sans grande émotion, face à un premier distrait, noble mais fade. Le quatrième, par contre, imposait plus, et demandait la bagarre… Ojeda débuta très fort, en une première série droitière despatarrada, mais il ne tint pas la distance, et malgré une gestuelle excessive, ne trompa personne. La fin de faena le vit débordé. Bajonazo et nouvelle déception. 
     Enrique Ponce (Silence – Vuelta, après un avis) ne put s’exprimer, devant un premier toro difficile, qui garda la tête en haut. Bien avec la cape, Ponce essaya de le réduire, et tua mal, de quatre pinchazos. Par contre, bonne faena, essentiellement gauchère, face au bon cinquième, débutée « liée », et finissant au coup par coup, le valenciano, citant à la naturelle, muleta pliée au bras. Malheureusement, ce beau passage  qui avait rassuré tout le monde, se termina mal, le toro reculant, descuadrandose, chaque fois que Ponce se profilait pour tuer. Ce fut un peu laborieux : trois pinchazos, un dernier, hondo, et deux descabellos. Adieu trophées, mais... bienvenue à nouveau, monsieur Ponce.
     El Juli (Ovation – Une oreille), s’est accroché fort devant le troisième, un « soso mou », puis a mis tout la vapeur devant le remplaçant sixième, coupant une oreille pour de bons passages à gauche et une demi épée, volontaire mais caidita.

     2 Août – LA CORUÑA – 2ème de feria – ½ plaza : Cinq Toros du Torreon, inégaux de présence, un peu courts de forces, mais nobles. Le sixième fut le mauvais numéro. Le sobrero de Garcigrande, sorti cinquième, « juste en tout ».
     Finito de Cordoba (Oreille – Ovation) eut quelques bons moments « a mas », face au premier. Mais actuellement, Finito n’a pas la tête à bousculer les choses. Actuacion professionnelle d’un torero « pourri de classe », mais qui fonctionne, sans se donner à fond. Comme cela, il peut durer vingt ans.
     Jose Tomas (Oreille – Ovation) eut le mérite d’intéresser un premier toro qui fit une première partie de distrait, presque manso. Long trasteo où le diestro, peu à peu, intéresse le toro, et reserre son emprise. Le cinquième était un toro aspero, sans aucune classe. La faena coula, doucement.
     Morante de la Puebla (Oreille – Bronca) a eu d’excellents passages devant son premier : muletazos « se sentant torero », longs, totalement relâchés, et grands enchaînements en toute esthétique… Une bonne oreille, après une bonne estocade. Par contre, changement de tableau, au dernier, un « dur dur » que le torero de La Puebla ne voulut pas voir.

     Hier, les démons d’Internet nous ont joué de mauvais tours, empêchant toute « reconnexion »… (Cela vous arrive il, aussi ?). Du coup, on n’a pu vous raconter les deux premières de Huelva et La Coruña.

     En bref, on dira qu’à Huelva est sortie une très intéressante corrida de Celestino Cuadri, très bien présentée, solide et difficile. Des toros « qui regardaient » beaucoup.
     Pepin Liria, qui remplaçait le Fandi, est sorti « a hombros », après avoir coupé une oreille à chcun de ses toros. Batailleur et torero, Liria remporte là un des meilleurs succès de sa difficile saison – Padilla coupa l’oreille du cinquième : Vibrant au capote, volontaire et gros tueur – Francisco Barroso s’est battu comme un beau diable, se faisant vilainement accrocher à deux reprises. Tua bien son premier, mais pincha le dernier. Oreille à l’un, et grande ovation, à la sortie.

     A La Corogne, la corrida du Puerto San Lorenzo n’a rien cassé : Juste de forces, inégale de comportement. Le premier fut le pire.
     El Cordobes coupe au quatrième, une oreille avec pétition de la seconde : faena en deux temps… du sérieux et du cirque – Victor Puerto se montra torero : Une oreille et vuelta, parce que tua mal le cinquième – Juli sort a hombros, ayant obtenu un trophée chaque fois : entrega et variété, confirmées à l’épée.

 

BAYONNE : QUAND DANSENT LES CHEVAUX
De Mendoza triomphe – Alvaro Montes séduit

     4 Août : Quelle beauté ! La plaza est pratiquement pleine, ensoleillée, peuplée « de blanc et rouge ». Dans la rue, le bruit, la sueur, l’âcre odeur de la fête embrumée d’alcool… Dans l’arène, la convivialité, le respect et la joie… Chapeau, Bayonne !

     De l’autre côté de la piste, face au toril, Pablo Hermoso attend la sortie de son toro, en caressant doucement les oreilles de son cheval, comme pour lui dire « Allez, sois tranquille, cela va bien se passer, et on va bien s’amuser, tous les deux ». Commence alors un ballet magique, fait de galopades et de feintes, de virevoltes et de coups de frein à main. Au centre de ce tourbillon, le toro est devenu complice, courant après le vent, regardant voler les anges. Alors, le cheval se met à danser et le public hurle, enthousiasmé. Là-haut, comme Dieu dans son paradis, Pablo Hermoso de Mendoza le prend à témoin : « Je vous avais bien dit qu’on allait s’amuser ! ». Quatre oreilles et une queue, et partout la joyeuse admiration.

     Dans le callejon, un jeune homme le regarde, perdu dans ses pensées. Lui aussi a chevauché comme un ange. Egalement, il a fait danser son cheval, et a joué du violon… Loin d’avoir les facilités et la formidable « cuadra » du navarrais, il a pourtant donné le moment le plus intense de la tarde, au sixième : Un « violin » avec une courte, suivi d’un desplante, penché vers le toro, caressant son frontal, des deux mains. Pourtant, le sort n’a pas voulu… Un sort qui s’acharne et assombrit son regard : Le cheval sauteur de l’an dernier, qui est parti vers d’autres pâturages… Cette tendinite à l’épaule droite, qui lui gâche la vie, depuis des mois, et l’empêche d’appuyer, au moment de la mort… Et ce maudit descabello qui ne veut pas faire son office de rapidité… Maldita sea !
     Dans le callejon, le jeune homme regarde le collègue triomphant. On sent presque ses larmes ! On en pleurerait avec lui ! Alvaro Montes a perdu quatre oreilles, à cause du descabello. Mais les ovations du public tout entier lui ont dit, doucement : « No pasa nada ! Tu es « un grand », et on te reverra, ici, avec un immense plaisir ! Continue, et à l’an prochain ! »

     Pendant ce temps, un autre homme regarde le ciel bleu. L’an dernier, le crépuscule était de feu, d’horreur. De l’odieux attentat, seuls deux chevaux se sont sauvés, à jamais mutilés par la haine des hommes… Aujourd’hui, la paix est retrouvée, peut-être, mais le cœur n’y est plus. Malgré la gloire et la richesse, Luis Domecq  a perdu… la flamme.

     Reste Bayonne, la blanche et rouge ! Reste Pablo, plus « hermoso » que jamais ! Restent « les yeux des chevaux qui dansent »…

    3 Août –BAYONNE – Corrida de Rejoneo des Fêtes – Casi lleno – Grand beau et belle ambiance:
     Six toros de Benitez Cubero et Maria Pallares, imposants de poids, trapus et, en général, bons collaborateurs. Le premier manifesta une grosse tendance aux barrière. Il y eut également un petit manque de codicia, d’agressivité et de continuité, dans la charge.
     Luis Domecq fit preuve d’un grand classicisme, calme et sans imagination. Les rejones et banderilles tombèrent, bien ou moins bien, au cours de deux prestations qui suscitèrent murmures et applaudissements de politesse. Il tua mal le premier, et attendit lourdement la mort du quatrième, s’octroyant une rapide vuelta que le public accueillit avec bonne éducation.
     Pablo Hermoso de Mendoza « a tout emporté »… Quatre oreilles, et la queue du cinquième. Peut-être un peu excessive, cette dernière, plus due à une fausse manœuvre présidentielle qu’à une réelle apothéose, qui vous transporte eu ciel. Peu importe ! Le cavalier navarrais a construit deux actuaciones « a mas », alliant la rigueur géométrique à l’indicible beauté d’une grande inspiration artistique, en toute complicité avec ses chevaux. Ils n’ont pas la géniale personnalité de « Cagancho », mais ils en sont les dignes successeurs, et Bayonne leur a fait grande fête, en particulier à « Batista », le cheval qui danse ; à « Danubio » ou « Mariachi » ;à « Chicuelo », « Albaicin » ou « Monterrey »…
     Ajoutons à cela une réelle faculté de communication avec un public d’avance conquis, et une grande promptitude à l’heure du rejon final… Pablo Hermoso de Mendoza est « différent ». On retiendra un final de gros impact sur le public, au cinquième toro : Le cheval qui danse, les virevoltes à tour complet, au mufle du toro et, en point d’orgue, la pose des banderilles courtes, à deux mains. De Mendoza triompha totalement, en toute justice, sortant a hombros avec en main, « le Makila d’honneur » offert au vainqueur de la journée par la Peña Campera.
     Alvaro Montes n’a pas à rougir de ses prestations. Elles ont séduit le public, et l’ont souvent mené au plus haut degré de l’enthousiasme et de l’affection. Hélas, et cette maudite tendinite persistante en est peut-être la cause, le jeune cavalier fut catastrophique avec les armes tauricides, que ce soit le rejon ou, surtout le descabello. Malgré sept coups de verduguillo, le public lui demanda une vuelta, au troisième. Par contre, on perdit le compte, au sixième, et là, les tendidos le grondèrent, comme on dispute un enfant qui met des miettes partout sur la nappe. « Autant de descabellos que de miettes », et un avis à la clef. Quel dommage… mais quelle ovation, tandis que le jeune s’excusait, totalement désolé de sa maladresse. Grand torero et grand public !
     D’Alvaro Montes, on retiendra la réception de son premier, à la garrocha, hélas un peu gâchée par le peu d’agressivité du bicho. Et puis ces deux formidables banderilles « al violin », qui levèrent les gradins. D’Alvaro Montes, on retiendra surtout le moment de total enthousiasme de la tarde, au sixième : Les deux banderilles courtes, au cordeau, et dans un moment de frénésie artistique, la troisième courte, al violin », suivie d’un desplante, le cavalier « lâchant tout », et posant ses deux mais sur le frontal du toro. Y olé, Torero ! A l’année prochaine, à tout prix !

     Grands moments de Rejoneo, hier, à Bayonne ! Grands moments de tauromachie, tout simplement et, dans les yeux, la plus grande joie… tandis que dansent les chevaux !

    Ce 4 Août, « la fête continue », avec une corrida d’Atanasio Fernandez, pour Stéphane Fernandez Meca, Juan Jose Padilla et Antonio Ferrera.
     En plaza d’Hagetmau, première novillada de Feria : Ganado de Adelaida Rodriguez, pour Emilio Laserna, qui remplace Tejela, Manolo Escribano et Fernando Cruz.

 

HUELVA : LE REVEIL DE FINITO !

     4 Août : Enfin… il était temps ! Mais attendons un peu, il pourrait bien reprendre sa sieste… Finito de Cordoba a monté « un faenon », hier, en plaza de Huelva, face à un toro de Nuñez del Cuvillo, pour qui certains ont demandé l’indulto. Cependant, le président a clairement indiqué que « pas question ! », le toro ayant fait mine de « rajarse », à deux reprises. Noble et encasté, certes, mais rien de plus ! On ne lui accorda même pas la vuelta. Pendant ce temps, Jose Tomas poursuit sa longue errance…

     3 Août – HUELVA – 3ème de Feria – ¾ de Plaza : Corrida de Nuñez del Cuvillo, très discutable de présence, les premier et troisième n’ayant pas l’âge pour être lidiés en corrida : Nés en Août 98. Le lot a été sauvé par le quatrième, « Aguaclara », 521 kgs, un toro de grande codicia, de grande fijeza. Les 3 et 6èmes furent les plus mauvais.
     Finito de Cordoba (Ovation – Deux oreilles) s’est montré « élégamment apathique » devant son premier, presque comme tous les jours. Par contre, il trouva la lumière, face au grand quatrième, et se laissa aller, tant à la cape qu’à la muleta. Faena de pure esthétique et de douceur, le toreo fondamental, au ralenti, se mêlant à de grands moments d’empaque dans les adornos et remates de séries. Le cordouan tarda un peu à prendre la main gauche, mais dessina de grandes naturelles, tandis qu’une partie du public réclamait la grâce du toro. La présidence refusa tout net, et le Finito tua rapidement, obtenant un triomphe qui, on l’espère, en appelle d’autres.
     Jose Tomas (Oreille avec pétition de la deuxième – Sifflets) semble errer dans un autre monde. Longue faena au premier, multipliant les séries « sans jus », mais permettant d’enchaîner des séries que le toro n’avait pas, au départ. Estocade efficace, et un bon succès. Mais ce n’est pas là « le » Jose Tomas que l’on attend. Cette triste impression se confirme devant le cinquième, que le torero de Galapagar, ex Samouraï, ne voulut pas voir.
     Morante de la Puebla (Palmas aux deux) toucha le mauvais lot, comme souvent. Cependant, àaprès de bonnes véroniques, il patina beaucoup, en divers terrains, face au troisième qui chargeait au pas, tête en haut. Le dernier était une vraie carne, qui de blessa à un antérieur, au sortir de la pique. Pas grand chose à faire… et Morante ne fit rien !

 

DANS LES AUTRES PLAZAS : BEAUCOUP D’OREILLES, EN BOUCLE !
Infâme corrida de Jose Luis Marca, au Puerto !

     4 Août : La journée a été marquée par de nombreux triomphes, comme ceux de Caballero et De Mora, à la Coruña ; de Padilla et Ferrera, près de Valladolid ; ou du Fandi, en Navarre. Par contre, on surveillait du coin de l’œil, la 5ème corrida de la grande saison, au Puerto Santa Maria. Ponce y continuait « son retour »… Hélas, les toros de Jose Luis Marca ont gâché la fête, et seul le Juli a pu leur arracher une sortie a hombros. Divine jeunesse !

     3 Août – La CORUÑA – 3ème de Feria – Media plaza : Toros de Varela Crujo, issus de Torrestrella et Sampedro Hermanos, de bonne présence et de grand jeu, malgré un petit manque de forces.
     Ortega Cano est très aimé, ici. Le public se montra donc respectueux de son total manque de facultés physiques, de recours et d’envie. Très généreux aussi, puisque lui accordant l’oreille du quatrième – Journée complète de Manolo Caballero, devant des toros de classe. Longues faenas, très templées, chaque fois conclues de grands estocades : quatre oreilles – Eugenio de Mora remplaçait Rivera Ordoñez. Il donna la meilleure faena de l’après midi, au troisième, toréant très long, et très relâché. Deux oreilles. Le toledano « inventa » le sixième toro, mais ne coupa qu’une oreille, au grand dam de tous.
     Caballero, De Mora et le mayoral sont sortis en triomphe par la grande porte du Coliseum.

     3 Août – PUERTO SANTA MARIA - 5ème corrida de la Temporada grande – Casi lleno : corrida détestable, mal présentée, laide et de « mala leche », de Jose Luis Marca. Una mansada !
     Enrique Ponce toucha le mauvais lot, et ne put que se comporter en torero qui sait ce qu’il doit faire en de telles circonstances… et il le fit bien. Applaudi, chaque fois – Javier Conde ne voulut pas voir ses adversaires. Sifflé à chacun – El juli s’est battu comme un chien, donnant de bonnes passes au troisième et se bagarrant avec le dangereux sixième, qu’il tua d’un gros coup d’épée. Oreille de chaque toro, et deuxième sortie a hombros du « Puerto 2002 », pour Julian Lopez « El juli ».

    3 Août- ISCAR (Valladolid) – ¾ de plaza : Corrida, grande et difficile, de Castillejo de Huebra.
     Espla « écoute » deux silences, avec avis au premier – Juan Jose Padilla coupe les deux oreilles de son premier, mais rencontre de grosses difficultés au cinquième : deux avis – Antonio Ferrera écoute une ovation, au troisième, et met le feu à la plaza, face au dernier : Deux oreilles.
     Triomphe et un voyage court… De bonne augure, pour Bayonne, avec Padilla et Ferrera, cet après midi.

     3 Août – ESTELLA (Navarre) – 1ère de Feria – lleno : Corrida de Branco Hato, difficile.
     El Califa coupe l’oreille du premier – Dans sa « lignée » d’Azpeitia, El Fandi renverse tout et emporte quatre oreilles – Francisco Marco, le navarrais, récent triomphateur de Santander, accompagne le granadino « a hombros », ayant coupé une oreille de chaque adversaire.

    3 Août – VALDEPEÑAS – ¾ de plaza : Bonne corrida de Los Guateles. On a donné vuelta posthume, au troisième toro.
     Vicente Barrera et Uceda Leal coupent chacun deux oreilles de leur premier adversaire. Mais c’est Victor Puerto, complet et inspiré, qui triomphe totalement : Deux oreilles et deux oreilles et rabo.  

 

BAYONNE : « CE FERRERA-LA… OUI ! »

     5 Août : On se souvient de la rogne qui était la nôtre, au sortir de la corrida d’Azpeitia. Antonio Ferrera avait monté un cirque « de mil demonios », voulant absolument faire gracier le cinquième et « passant la ligne jaune », ensuite, en lui mettant une épée, pour le moins « discutable ». D’où la conversation, bien amicale, avec Don Luis Alvarez, son apoderado, au moment du sorteo, hier matin à Bayonne. « La qualité d’Antonio, est d’être très malin, mais aussi d’écouter. Lorsqu’il faut couper les oreilles « à tout prix, ben… mais lorsqu’il faut être « sérieux », il m’écoute » - « Ah, bon ! Et aujourd’hui, Don Luis, que lui avez vous dit, pour Bayonne ? » - « Sérieux ! ».

     Et, bon Dieu ! pour sûr qu’il a été sérieux, concentré, calme, muy torero toute la tarde ! Autant on pouvait rager, l’autre jour, autant il faut saluer bien bas, devant l’actuacion d’Antonio Ferrera, hier, en plaza de Bayonne : Formidable, au capote, avec de grands moments purement artistiques (demi véroniques et remate à une main, devant le troisième) ; « Enorme! » aux banderilles, au sixième, dans un por dentro ultra serré face à une brute « incertaine », sur l’espace d’un timbre poste, contre les barrières ; très sérieux muletero, face au bon troisième, toréant templé, « la mano dormida ». Un malheureux « metisaca », au sixième, l’empêcha de couper une deuxième oreille qui lui aurait ouvert la grande porte. Dommage ! Cependant, un gros bravo, sans réserve aucune, et la confirmation de ce qui était dit, ici, vendredi matin : Antonio Ferrera n’a pas besoin de ces « coups de stromboli », pour couper les oreilles. Ce qu’il a fait, hier à Bayonne, lui vaudrait grand succès partout, que ce soit à Madrid, ou à Laguian-Mazous ! Certes, la pression est là, et il faut couper autant que le Fandi, avec qui Ferrera mène un amical, mais terrible duel. Hier, avant que ne sorte le sixième, Don Luis savait déjà que le Fandi avait coupé « les deux de son premier », à Santander. Ferrera est sorti "comme un lion", face au dernier Atanasio. Hélas, il trouva… une mule, et le tua… comme une mule ! Maudit metisaca ! Ca ne fait rien !

     Par contre… « il ne faudrait pas trop attendre pour voir ces deux toreros à la même affiche… » Vous ne croyez pas ? Et, à ceux qui disent « Facile à dire, aujourd’hui… », un tout petit conseil : allez voir certains de nos éditos… l’an dernier !

     Pour le reste, la corrida d’Atanasio n’a donné que peu de facilité, et les toreros n’ont pu répondre qu’avec de piètres arguments : Fernandez Meca, avec une vaillance « bien gigotée », et Padilla, horriblement vêtu de son « costume pyjama » rose tendre à peine effleuré d’or, (qu’aurait probablement bien porté Luis Miguel Dominguin), qui s’est comporté « en bûcheron » : de l’abattage, mais beaucoup de bruit, pour un piètre résultat, alors qu’il toucha « un des bons », de la journée.
     Pour le reste… plaza pleine (casi !) et grande ambiance. Certes, il y eut bien quelques coups de gueule intempestifs, quelque chanson malvenue, mais… allez savoir pourquoi, ce manège  se tut lorsque Ferrera s’avança vers ses toros. « Sérieux, aujourd’hui ! » avait dit Don Luis… Et tout le monde a obéi ! Jo !

     4 Août – BAYONNE – Casi lleno  - Grand beau temps :
     Cinq toros d’Atanasio Fernandez et un de Aguirre Fernandez Cobaleda, sorti cinquième. Des « grandes carcasses », volumineuses, hautes, sérieusement mais inégalement armées, sans grande beauté. Au moral, bien peu de qualité, si ce n’est que la corrida « a tenu debout », et que deux toros, au moins, ont servi, les trois et cinquièmes. Pour le reste, des moruchos, qui ne se définissent pas, ne rematent pas, vont et viennent sin fijeza, percutent lourdement les cavaliers, et s’en vont vers d’autres aventures. Le premier permettait il plus ? On peut avoir un doute, car il chargea fort et bien dans la seule série « bien appuyée » que Meca lui imposa. Le sixième chargeait, mais à contre cœur, « descolocando al torero ». La            plupart ne prenait pas le muletazo entièrement, obligeant les diestros à marcher beaucoup et rectifier la position. Corrida incommode, peu spectaculaire, pour la grand public, sans grandes possibilités, pour les toreros.
     Stéphane Fernandez Meca (Vuelta – Ovation) s’est appliqué, mais a caché une certaine fébrilité, derrière des artifices qui ne sont pas « Meca ». Certes, il faut animer le public ! Certes, il faut lui en donner pour son billet… mais on attend de Fernandez Meca, de la fermeté, de la technique et de la sobriété, adaptées au toro. Le français a fait illusion avec la cape, s’est montré précieux dans toutes les lidias, faisant de très utiles « quites de secours », mais se montrant très « movido » à la muleta, en particulier face à un premier qu’il aurait mangé tout cru, il y a peu de temps encore, nous semble t’il. Ce toro prenait « medio muletazo » et se retournait court… mais lorsque Meca se planta, et tira « à fond », le toro prit quatre gros derechazos, suivi d’un vibrant pecho. Mais voilà…
     Face au quatrième, qui s’éteignit rapidement, le français ne put que porfiar, vainement. Heureusement, Fernandez Meca tua vite, donnant une vuelta un peu généreuse, à la fin de son premier combat. 
     A noter deux curiosités : Le quatrième, que le français abat d’un descabello… et qui se relève, quelques instants plus tard, au coup de puntilla. Et l’autre : Un quite « al alimon », à deux, face au premier de la tarde, Meca et Padilla  « chicuelinant de concert », sous les yeux d’un Ferrera impavide.
     Juan Jose Padilla (Division – Ovation) avait les faveurs du public… au début. Mais un très lourd puyazo, carioqué par le picador de réserve, à son premier adversaire qui avait basculé le titulaire, a fait rugir les gradins d’une juste colère. Ajoutons à cela un tiers de banderilles voué à l’échec, le toro allant et venant, distrait, tête haute… Padilla eut beau multiplier quelques fausses bravades, il subit un échec, ratifié par une mise à mort hasardeuse (« Lo cazo » sur une arrancada, tête en haut !). On espérait plus du Jerezano, face au cinquième, qu’il toréa correctement de cape, et qu’il banderilla spectaculairement, en particulier dans un « violin » musclé. Bon début à genoux, puis un fatras de passes plus ou moins coordonnées, plus ou moins templées, plus ou moins esthétiques. Tout fut « plus ou moins… » 
     A la fin, la mort fut « plus ou moins » efficace, en trois épisodes, et le public marcha… plus ou moins. Ce toro, cependant, méritait… plus !
    Antonio Ferrera (Une oreille – Ovation) a été « énorme » dans son capeo de réception au troisième de la tarde : Longues véroniques, une grande demie, qui fait rugir, et un formidable remate à une main, faisant la joie des photographes qui ne se sont pas laissés surprendre. Olé ! Grande mise en suerte, très bien rematée d’une demie. Après la pique, mesurée, Ferrera garde le toro entier, pour des banderilles partagées avec Padilla. On retiendra un vibrant quiebro, suivi d’une virevolte, pour sortir de la suerte, sous les ovations. Faena très sérieuse, débutée en torero, par doblones d’efficacité et de grande esthétique. Vint alors un toreo reposé, sur main droite, les passes se succédant lentement, sans violence, la main « s’endormant », à plusieurs reprises. Longues séries, bien terminées par de grands pechos. A gauche, le toro protesta un peu, et Ferrera termina par le haut, en manoletinas et banderas impavides, closes d’un remate par le bas, en marchant. Muy bueno ! Pinchazo, hélas, et grosse épée, qui libère une oreille qu’il aurait coupée en toutes plazas. Très bien, Ferrera.
     A n’en pas douter, "il voulait", face au dernier. Hélas, le toro ne le laissa pas toréer de cape, et ne donna pas trois charges suivies, au cours de la faena. Ferrera s’accrocha comme un perdu, réussissant à lui arracher deux séries de droitières de grand mérite. L’oreille était peut-âtre gagnée, mais un malencontreux metisaca, bien vilain, blessa mortellement le morucho. Adieu l’oreille, mais reste le souvenir d’un fabuleux tercio de banderilles, à ce toro : Quatre paires, dans l’enthousiasme général, et en particulier, la deuxième, partant des barrières, vers l’extérieur, et changeant le trajet, pour clouer «pa dentro». Terrible ! Il n’y avait pas un mètre, entre les cornes et le bois… Ah, l’animal ! Superbe ! Furieusement sauvage et grandiose. En un mot… Torero !

     Ce dimanche à Bayonne… « Ce Ferrera-là… oui, bien sûr ! »

 

DIMANCHE DANS LES RUEDOS : TOMAS ET PONCE... POUR DIFFERENTES RAISONS.

     5 Août : Ce premier dimanche du mois d’Août aura été marqué par deux évènements qui feront date, dans  "la trajectoire 2002" de deux diestros les plus attendus de l'escalafon, pour des raisons différentes :
     Jose Tomas semble avoir ressuscité, au Puerto Santa Maria, donnant une importante faena à un toro de Torrestrella.
     Par ailleurs, et plus malheureux, Enrique Ponce a du s’arrêter à nouveau, pour une raison bêtement « intestinale », deux jours après sa rentrée. On savait que le Valenciano avait été fortement anémié, après la blessure de Léon, le 23 Juin, et son organisme a peut-être abandonné quelques résistances à d’autres ennemis, bien plus petits que les toros, mais beaucoup plus tordus…

    4 Août – MADRID (Las Ventas)  - 1/3 de plaza : Toros de Hernandez Pla, inégalement présentés et de peu de jeu, en général. Seul le 2eme « dura » et permit le toreo.
    Frascuelo (Oreille – Division) est le véritable chouchou d’un certain secteur de Las Ventas. Dès le paseo, on le fait saluer, fait rarissime à Madrid. Le vétéran a encore une fois justifié cette cote d’amour, en se montrant très torero avec cape et muleta, devant le seul toro valable de la journée. Tuant vite, Frascuelo coupa une oreille qui lui laisse les portes ouvertes « pour 20 ans de plus ». Par contre, le quatrième était d’un autre tonneau, et Frascuelo resta sur une digne réserve.
     Miguel Martin (Ovation – Silence) s’accrocha devant le troisième, un vilain de type, pas commode. Des hauts et de bas, sans se désunir, toutefois. Le cinquième était très compliqué, et Martin ne put que vainement s’arrimer. Il banderilla correctement ses deux toros.
     Curro Vivas (Ovation – Applaudissements), d’Almeria, confirma son alternative devant le toro « Confitero », un cardeno de 471 kgs. Ce sera le seul souvenir de cette tarde où il toucha les deux plus mauvais, l’un dangereux, l’autre complètement arrêté. Vivas se montra en tout instant, calme et décidé. Il tua bien le toro de la cérémonie, et banderilla le sixième avec brio.

    4 Août – BARCELONA – 1/3 de plaza : Corrida de Villamarta, bien présentée, en général, mais qui ne donna que bien peu de jeu
     El Califa (Silence partout) toucha le mauvais lot, et ne put que s’accrocher en vain
     Alfonso Romero (Vuelta et Ovation, après un avis) se montra remarquable capotero, chargeant la suerte en de longues véroniques, très templées. Bonne faena, bien construite, face au cinquième, avec, à chaque toro de bons moments, de grande esthétique. Hélas, l’épée, encore une fois…
     Serafin Marin (Oreille – Oreille et sortie a hombros) recevait l’alternative. Il connut une grande journée, se montrant « puesto », dans tous les compartiments de la lidia. Oreille, devant « Previsor », le toro d’alternative, un castaño de 549 kgs. Et un nouveau trophée, au dangereux sixième.

     4 Août – PUERTO SANTA MARIA - ¾ de Plaza – Grande ambiance : Corrida de Torrestrella dont les trois premiers ont donné grand jeu, en particulier le deuxième « Flor de Gamon », qui ne cessa de galoper, avec grande alegria.
     Paco Ojeda (Ovation – Sifflets)  revenait au Puerto, depuis le 21 Août 1994. Ce jour là, le public était sorti de la corrida, « en toréant dans la rue ». Huit ans plus tard, ce ne fut pas la même chanson. Son premier lui permit une formidable série de derechazos, mais le toro baissa un peu, et le diestro se mit à douter. Face au quatrième, Ojeda resta sur une prudente réserve, devant un toro qui « regardait » beaucoup.
    Jose Tomas (Deux oreilles – Ovation) a, enfin, connu une grande journée, toréant magnifiquement le bon deuxième, tant avec cape que muleta. Faena courte mais intense, surtout gauchère, douce, très templée, entrecoupée de trincherillas et remates de grand impact sur le public. Tuant bien, Jose Tomas put enfin regarder le public « dans les yeux ». Le cinquième était dangereux, court et vicieux. Jose Tomas s’accrocha très courageusement, ratifiant là, un coup d’éclat que l’on espère prémisse « du grand réveil ». Triomphe indiscutable.
     Jose Antonio Canales Rivera (Oreille – Oreille) ne laissa pas passer l’occasion de briller, entre deux figuras. Faenas brillantes, vibrantes, appuyées sur la technique, le courage et la variété. Il pincha son premier, mais mit un énorme coup d’épée au sixième, avant de sortit a hombros, en compagnie de Jose Tomas. Grand bonheur, pour le vrai successeur « artistique » de Paquirri.
     A noter une corrida télévisée en direct du Puerto, sur Tve1, Vendredi prochain – 18h30.

     4 Août – SANTANDER – Corrida de la Bienfaisance –  Presque plein : La corrida de Carriquiri est sortie bien présentée, mais « bien inégale ».
     Luis Francisco Espla (Ovation aux deux) ne s’est pas compliqué la vie, devant le premier. Il banderilla très inégalement le quatrième, et toréa « léger », jouant beaucoup avec un public qui  le suivit gentiment.
    El Fandi (Deux oreilles – Oreille) « trouve le toro », dans tous les terrains. Encore une formidable prestation du granadino, actuellement « emballé » : Capote, banderilles, bien sûr, mais également de très bons moments, muleta en main, comme dans la première partie de sa faena au deuxième Carriquiri : longues passes, main droite, très templées, très liées, avant de terminer par molinetes à genoux. Présent dans tous les quites, monumental aux banderilles, face au cinquième, Fandi remporta son troisième triomphe en trois jours : 10 oreilles en six toros.
     Javier Castaño (Ovation à chaque toro, avec un avis, chaque fois) Le salmantino s’accrocha beaucoup, templa souvent, mais fracassa avec l’acier : Epée au troisième, et descabello, au dernier.

     4 Août – PONTEVEDRA – Arènes pleines : Victime d’une soudaine grippe intestinale, au soir de la corrida du Puerto, Enrique Ponce a du suspendre son retour aux ruedos, étant remplacé, hier, par Eugenio de Mora, tandis que Cesar Jimenez occupera son poste, ce lundi, à la première de La Virgen Blanca, à Vitoria.
     Toros de Alcurrucen, correctement présentés et de bon jeu, en général.
     Manolo Caballero sort a hombros, coupant une oreille de chaque toro. La machine semble repartie – Bonne tarde de Eugenio de Mora, qui donne les grandes passes de la journée : Ovation et oreille – Le Juli s’est formidablement accroché, face au dernier Alcurrucen, lui arrachant un trophée, avec pétition « supplémentaire »

     4 Août – MARBELLA – Entrée catastrophique : 1/3 de plaza : Toros de Badia Hermanos, de jeu irrégulier.
     Finito de Cordoba, sur sa lancée de Huelva, a connu une grande journée, coupant les deux oreilles du quatrième et sortant en triomphe. Pourvu que ça dure - Victor Puerto s’est montré professionnel et sobre, devant un lot contraire. Ovation au deux – Morante de la Puebla a eu quelques geste au capote, puis a laissé tomber, devant un sixième, qui alla se fracasser dans un burladero.

     4 Août – ESTELLA – Casi lleno : Bonne corrida de Martelilla
     Miguel Abellan coupe l’oreille du quatrième – Francisco Marco n’entend que deux silences – Triomphe total de Cesar Jimenez, avec trois oreilles.

    4 Août – PALAVAS – ¾ de plaza : Toros de Soto de la Fuente, faibles et de peu de jeu. Seul le 3ème donna quelque jeu. Le 4ème se blessa à une patte, et fut remplacé.
     Denis Loré donna la seule vuelta du jour – Marcos Sanchez Mejias et Ruiz Manuel entendent une ovation, à leur premier adversaire.

    4 Août – HUELVA – Dernière corrida de la Feria – Rejoneo – ¾ de plaza : Corrida qui donna très peu de jeu, de Viento Verde.
     Leonardo Hernandez coupe l’oreille du quatrième, tandis que Fermin Bohorquez donne vuelta au deuxième. Mais c’est Pablo Hermoso de Mendoza qui triomphe, coupant une oreille à chacun de ses adversaires. A signaler que le Navarrais et ses formidables chevaux toréaient, la veille… à Bayonne.(Et là, on ne peut prendre l'avion, ni l'AVE (le TGV espagnol)

     4 Août – LA CORUÑA – Dernière de Feria – Rejoneo – Moins de ½ plaza : Toros Pontes Dias, d’inégale présentation, et de comportement moyen.
     Joao Moura et Luis Domecq, très classiques, coupent une oreille à leur premier adversaire. Le triomphateur total de la tarde est Sergio Galan, qui enlève quatre oreilles, avec forte pétition de rabo, au dernier.

    4 Août – SEVILLA – Novillada – Presque ¼ de plaza : Novillada interminable : plus de trois heures. Les Conde de la Maza sont sortis bien présentés, mais de peu de jeu. Les toreros se sont accrochés longuement, pour leur arracher quelques passes.
     Ivan Romero s’est montré excellent au capote, et vaillant à la muleta. Deux grosses  cogidas. Ovation au premier, et vuelta avec pétition – Jesuli de Torrecera, en vrai novillero, « essaya tout », dans tous les terrains. Peu de réussite et mal à l’épée. Silence partout, avec deux avis au cinquième – Luis Vital Procuna donna un tour d’honneur en fin de corrida, après avoir également été fortement secoué.

    4 Août – ALICANTE - Novillada – 1/3 de plaza : Les pensionnaires des Frères Sampedro n’ont pas brillé. Seul le premier a permis de vraiment s’exprimer.
     Confirmation du talent de Francisco Jose Palazon, qui avait déjà brillé lors de la feria de Juin. Oreille et applaudissements – David Galan saoule le toro autant que le public, par un toreo à cent à l’heure qui ne soulève que peu d’enthousiasme. Oreille au cinquième – Manzanares fils est fortement secoué par le troisième, et revient couper les deux oreilles au dernier. Coup, douloureux, au bas ventre.

     4 Août – HAGETMAU – 1ère novillada de Feria – Casi lleno : Le novillos de Adelaïda Rodriguez sont sortis compliqués, très irréguliers de comportement, distraits et têtes hautes. Il n’y a pas eu d’oreilles, et le silence a régné tout au long de cette incommode tarde.
     Emilio Laserna fut le seul à pouvoir se tirer de ce traquenard salmantino – Manolo Escribano n’a trompé personne, malgré un vaillance brouillonne, et un mauvais coup au bas ventre – Fernando Cruz a connu un véritable calvaire : Très vaillant, il s’est fait accrocher à plusieurs reprises. Complètement épuisé, il n’eut plus de forces, pour attaquer à l’épée. Au bilan, deux et trois avis, respectivement, le public se mettant en colère, pour la forme. Terrible après midi pour celui qui « veut » être torero, même au prix de mille coups.

 

L’ETE DE TOUS LES DANGERS…

     7 Août : Cela fait bien longtemps que l’on n’a pas vu cela : « l’été qui arrive », celui des toreros, avec son cortège de corridas toréées et de voyages sans fin, est  probablement un des plus incertains, des plus disputé des dix dernières années
     Cet été 2002 sera un vrai marathon de combat pour deux groupes de toreros, bien distincts : D’un côté : « Les figuras, bien installées », avec en tête « El Juli » et l’énigmatique Jose Tomas, sans oublier Enrique Ponce, très malchanceux cette année, et Finito, irrégulier et lymphatique, mais relancé par la faena de Huelva.
     De l’autre, deux pirates, deux corsaires, pleins de verve et de hargne, qui prennent à l’abordage tous les toros, toutes les plazas, tous le publics, et sont en train de « chauffer les oreilles » à ceux qui voulaient dormir une sieste, presque tranquille, sur leurs lauriers. Ces deux fous furieux magnifiques s’appellent Antonio Ferrera et El Fandi.

     Se respectant et s’aimant bien, « hors du toro », ils ne se pardonnent rien, dans la plaza, et ce faisant, ils montent sur des sommets de gloire où les autres ont du mal à les suivre.
     "Toreros de spectacle", certes, mais ayant fait de remarquables progrès à la muleta, Ferrera et Fandi, ou Fandi et Ferrera, sont entrés dans la cour des grands, et y mettent un bazar indescriptible, triomphant « en pueblerino », dans les pueblos, mais également, en faisant le toreo de qualité, dans les ferias sérieuses…
     A chaque fois que l’un d’eux torée, l’apoderado de l’autre à son oreille collée au portable, pour savoir « lo que paso ». Ce fut flagrant à Bayonne où, malgré les recommandations de l’homme-orchestre, speaker officiel de la plaza, le portable de « Don Luis » resta allumé (mais lui ne le laisse pas sonner huit fois…) et lui annonça que le Fandi venait de couper deux oreilles à son premier, en plaza de Santander. Du coup, Antonio Ferrera serra les dents et encore un peu plus « los machos », avant de partir à l’assaut du sixième toro…

     Dimanche, ce fut le Fandi qui gagna : 3 à 1. Hier, à Vitoria, Ferrera réplique : 2 à 1, sortant a hombros, à la barbe de son ami concurrent.
     Secrètement, l’un jubilera, et l’autre râlera… Normal, c’est la compétition… ce qui ne les empêche pas d’avoir des gestes de grande noblesse : On se souvient de la paire de banderilles offerte par Ferrera au Fandi, après un échec et une cogida, en plaza de Pamplona. On se souvient du Fandi, qui refuse de sortir a hombros, par la porte grande de Valencia, parce que Ferrera, gravement blessé, ne peut l’accompagner, lui qui avait également coupé deux oreilles…
     Pendant ce temps, les autres « comptent les points »… et lisent les chroniques.

     Ce mois d’Août, et septembre qui vient, vont être parsemés de grandes ferias : Malaga, San Sebastian, Bilbao, Almeria… puis Murcia, Albacete, Salamanca, Valladolid, Logroño, entre autres… Faisant le lien entre ces grands cols, de première ou « hors catégorie », une multitude de petites ferias, où le populaire et le triomphe « facile » se mêlent au danger toujours présent… Puis, il y a la France. Les plazas y sont toujours pleines, et les toros y sont bien plus sérieux (eh oui !) que dans la plus grande partie des arènes espagnoles…
     Cette année,  « les figuras » pourront y "toréer tranquillement", puisque « le duo de choc » n’est engagé nulle part…  Qu’elles en profitent bien, parce qu’en Espagne… l’été sera chaud !

     Au 28 Juillet, le Juli menait au classement : 57 corridas, 81 oreilles et 3 queues. Qu’on le veuille ou non, le rendement 2002 est moindre, et le Juli a du mal. Il est toujours présent, mais « arrache » les oreilles, à grands coups de caste et de rage torera.
     Derrière, le Finito navigue, avec 38 oreilles, en 50 corridas. Il a 29 corridas programmées au mois d’Août ! Attendons ! La faena de Huelva lui a peut-être rendu « l’envie »… 
     Le Cordobes fait illusion avec 101 trophées, obtenus en 48 contrats, dont la grande majorité, en faisant le zouave dans des pueblos…
     En sixième rang : El Fandi, avec 33 corridas, 82 oreilles et 6 rabos. Des triomphes importants, à partir de Madrid. Une lésion au pied, qui le laisse une semaine sans toréer.
     En dixième : Antonio Ferrera, avec 26 contrats, 41 oreilles et 4 rabos. Résultat moyen, au plan statistique, à cause de deux graves blessures, à Vic et Valencia. Cependant, un torero intelligent, qui sait être sérieux quand il le faut, et toréer avec une énorme qualité, tout en pouvant se montrer horripilant, dans les rendez vous de moindre catégorie…ceux où l’on fait tout (mais alors… tout !) pour couper les oreilles et soigner le goal average…

     Que va t’il donc se passer ? Suivez les ! Suivez nous ! A n’en pas douter, ces deux mois taurins vont être des plus intéressants.
     Jean Cau écrivait qu’être aficionado, c’était « croire au Père Noël, tous les jours à cinq heures du soir »…  
     «Noël, au mois d’Août… » ce n’est pas si mal ! (surtout avec le temps qu’il fait !) Allez…Bonne chance à tous ! 

     6 Août – VITORIA – 2ème de la Virgen Blanca – Plus de ½ plaza : Cinq toros de Castillejos d Huebra (souche Murube) et un sobrero de Andres Ramos, sorti premier. Les titulaires ont été bien présentés et relativement « maniables », quoiqu’un peu faibles et un peu sositos. Au tableau d’honneur : le quatrième. Par contre, le sixième fut le sacripant de la bande. Le sobrero fut un gros mou, manso.
     Jose Ignacio Ramos (Ovation – Oreille) s’est comporté en honnête professionnel, qui fait ce qu’il sait faire, tout en sachant que le public est venu « pour les autres ». Battu aux banderilles ; sans grand relief, mais correct, à la muleta ; tuant bien, mais un peu de côté, Jose Ignacio Ramos a tenu son rang, celui de « telonero qui ne gêne pas ».
     Antonio Ferrera (Oreille – Oreille) s’est montré intraitable, dans les trois tiers : Largas, avec la cape ; banderilles dans tous les terrains, avec, encore un gros « pafuerapordentro ! » ; a la muleta, avec grande fermeté. Il tua chaque fois, un peu « caidito », mais en entrant bien. Sortie a hombros, tout seul !
    « El Fandi » (Vuelta – Oreille) a touché les deux mauvais numéros : Un troisième, du nom de « Desertor » qui s’est arrêté, et « le » garbanzo du jour, appelé « Pimenton » (le bien nommé), un malin, à tête haute chercheuse… Fandi s’accrocha, devant l’un comme l’autre, se fit prendre par le premier, sans mal, et se comporta en torero, tuant remarquablement : bonne demie, en haut et une estocade « a ley », respectivement. Fandi ne triomphe pas, mais laisse le public satisfait devant son abattage, dans tous les tercios.

     Ce mercredi, la corrida sera de Sanchez Arjona, pour El Cordobes, El Juli et Miguel Abellan

 

EN FRANCE: TRIOMPHE ET CORNADA

     7 Août : Tandis que l’Espagne « soufflait un peu », en attendant les prochaines ferias, la France entame sa pleine temporada, dont les sommets prochains seront Dax, Béziers et Bayonne.

     Hier, Juan Bautista a coupé trois oreilles, en plaza de Châteaurenard, tandis que Manuel Diaz était applaudi et Alfonso Romero, torero d’une indéniable qualité mais bien timide, recevait un trophée. La corrida de Montalvo, correcte de présence, était renforcée d’un Mari Carmen Camacho, dur, et d’un Salustiano Galache, bonito.

     Mais la journée a surtout été marquée par la très grave blessure, en novillada non piquée, du jeune Camille Juan, en plaza d’Hagetmau. C’est en entrant a matar que le garçon se fit prendre et longtemps secouer par la corne du novillo de Gallon. Le diagnostic est grave : Cornada à la cuisse droite, de trois trajectoires de 20, 10 et 25 centimètres, qui traversent la cuisse, font de très gros dégâts musculaires, et laissent à nu le nerf sciatique.
     Comme quoi, « à tous les étages », le toro est là… et celui qui se met devant, quel que soient son âge, son statut, « se la joue », vraiment…
     On souhaite un prompt rétablissement au jeune Camille Juan, qui vient d’apprendre, bien tôt, un de mauvais côtés de la profession. Animo, Torero !

 

ENRIQUE PONCE NE REAPPARAÎT PAS…

     8 Août : Malheureusement, ce que l’on craignait se confirme aujourd’hui : Enrique Ponce ne  pourra pas réapparaître à Malaga, demain. Il est même à craindre que nous ne puissions le voir pendant une longue période, puisque après des examens poussés, à la clinique de La Zarzuela de Madrid, les médecins ont recommandé un mois de repos.
     On sait que le diestro de Chiva, fortement anémié, à la suite de sa cornada du 23 Juin, à Leon, est réapparu le 2 Août, à Huelva. Le lendemain, il toréait au Puerto, mais, ses défenses naturelles étant restées faibles, il attrapait une grippe intestinale qui l’affaiblissait davantage. Alors qu’en temps normal, pour un torero en forme, ce genre d’inconvénient se guérit en une semaine, cela a pris une tournure bien différente pour Enrique Ponce, le laissant à nouveau « sans forces ».
     Le « Diario Sur », de Malaga, annonce, ce matin, le retrait du valenciano, par la voix de ses apoderados, et précise le problème qui se pose à l’Empresa. En effet, On pensait à récupérer Javier Conde, pour le remplacement. Malheureusement, les prétentions du fantasque torero ont fait capoter les négociations, et Javier Conde, déjà « auto exclu » de la Malagueta, n’y reviendra pas par la petite porte des substitutions.

     Il faut attendre, car on sait les revirements du Monde Taurin… Cependant, il semble que cela soit vraiment sérieux et que les empresas des prochaines ferias de Bayonne, Dax, Béziers, , où Enrique Ponce devait se produire les 15, 16 et 17 Août, doivent d’ores et déjà plancher sur la question…
     Una lastima… pour le torero, et pour nous !

 

LES YEUX ROUGIS…

     8 Août : Il était là, don Juan, dans le callejon de Bayonne. Derrière ses lunettes d’écaille, les yeux rougissaient de larmes contenues.
     Là-bas, de l’autre côté du ruedo, les 20 ans de « son torero » souffraient le martyre : Alvaro Montes en était à son quinzième descabello, et le triomphe magnifiquement obtenu, s’écroulait d’un coup… Les avis prenaient sa place…quelques sifflets, également. On le comprend.
     Dans le callejon, don Juan Hidalgo Serrano maudissait le sort… Apoderado « à l’ancienne », il mène la destinée du jeune rejoneador, lutte pour lui, souffre avec lui, presque comme un père..

     Quelques instants avant le paseo, quelques mots avec le jeune rejoneador : Alors, Alvaro, cette épaule ? – « Alli anda… » laissa t’il tomber, avec un pauvre sourire. Depuis trois mois, le rejoneador de Jaen souffre d’une grave tendinite qui lui prend tout le côté droit, épaule et bras… Du coup, « no tiene pulso », il n’a pas de force pour « appuyer, fort et sec »… Aussi, imaginez le calvaire, au moment de la mort : rejon et descabello…
     Bien sûr, vous direz : « S’il n’est pas en conditions, qu’il ne torée pas ! ». Vous avez raison… presque !  Et le vieil apoderado explique : "Le problème d’Alvaro, c’est qu’il n’a pas de chevaux. Nous sommes donc obligés de toréer, pour pouvoir monter une bonne « cuadra ». Alvaro est « un grand », et il sera « figura, en esto del Rejoneo ! », mais il faut qu’il ait des chevaux, et pour cela, il faut qu’il torée…"

     A Bayonne, Alvaro Montes perdit tous les trophées (peut-être trois oreilles) au descabello… Quand il prit la poignée de sable, saluant ce public aussi déçu, aussi triste que lui, mais dont l’ovation disait : « Allez ! On ne t’en veut pas ! Courage ! A l’an prochain ! », les larmes embrumaient son regard. A deux pas, le vieil hidalgo n’était pas très loin de pleurer, lui non plus. C’est aussi cela, la grandeur de la Fiesta…

     Hier… les deux hommes ont peut-être essuyé quelque larme…Mais de joie, cette fois… A Châteaurenard, petite plaza, dans la planète « Toros », mais hier, « la plus grande du monde », Alvaro Montes, jeune caballero de Jaen, a coupé trois oreilles. Oubliée la tristesse ! Oubliés, les maudits descabellos de Bayonne…
     Dans le callejon, Don Juan pouvait continuer son rêve… « des chevaux pour Alvaro ! », car un jour… « Sera figura, en esto del Rejoneo ». Et il a raison !

    7 Août - CHATEAURENARD – Rejoneo – ¾ de plaza : Toros de Salustiano Galache qui ne donnèrent guère de jeu, excepté les trois et surtout quatrième, à qui l’on donna vuelta.
     Alvaro Montes a coupé trois oreilles – Sergio Galan obtient un trophée de son premier – Rafi Durand est applaudi.

 

VITORIA : NI FU, NI FA…

     8 Août : La troisième corrida de La Blanca a confirmé le mauvais moment du Juli, qui semble « atorado », et ne doit de s’en sortir qu’à un terrible coup de reins, coup de caste, à son deuxième toro.
     Autre constatation : Le Cordobes, lui aussi en chute libre, pour ce qui est des grandes ferias, a encore du recours et met de l’ambiance… Hier, il a sauvé la corrida d’un naufrage certain. Pendant ce temps, Miguel Abellan s’est battu sans réserve… mais sans classe. Total : Un toston !

    7 Août – VITORIA – 3 ème de Feria de la Virgen Blanca – Casi lleno – Temps nuageux et frais : Grisaille totale, due aux toros de Sanchez Arjona, mansos et sans forces. Le deuxième se donna une terrible vuelta de campana, au tiers de banderilles. On décida de le rentrer. Les cabestros sortirent, et l’un d’entre eux alla mettre une terrible raclée au pauvre « toro de combat », le mettant au tapis, complètement sonné… Humiliant !  Seul, le sixième eut de bonnes charges, dont profita le Juli.
    El Cordobes (Oreille, après un avis – Oreille) a bien toréé son premier. Vaillant, quieto, il attendit la fin du trasteo pour placer quelque desplante  « bien à lui ». Trophée logique, après une épée « dans le haut ». Par contre, il monta un show « de mil demonios », devant le quatrième, court de charge : faena « électrique », pour le pueblo, faisant de tout, y compris la grenouille…(vu la météo, normal !). Tuant vite, il obtint un nouveau trophée, et sortit a hombros, à la barbe naissante du Juli.
     Miguel Abellan (Silence, après avis – Ovation) se multiplia toute la tarde, avec le capote : beaucoup de lances « pieds joints », en tirant beaucoup de toile. Son premier fut rentré, et Abellan  dut s’appliquer devant un sobrero du même fer, tardo et mou. Le cinquième ne valait pas mieux, et le torero ne put que « se mettre dessus », suant et criant beaucoup. Que faire d’autre ? Tuer mieux, peut-être !
    El Juli (Silence – Oreille avec petite pétition de la seconde) a fortement déçu, face au troisième. Certes, le toro ne valait rien, mais le Juli d’hier lui aurait monté un tabac. Là, le jeune madrilène laissa flotter les rubans, dans les trois tiers.                 Heureusement, le dernier lui permit un de ses fameux « coups de caste », et Julian Lopez  sauva sa tarde, en particulier grâce à de bonnes naturelles. Tuant vite, quoique de côté, Juli coupa une oreille et sortit « lavé de tout soupçons »…Cependant, « le cuesta »… 

 

15 AOÛT : CELUI QUI NE TOREE PAS…

     9 Août : « Celui qui ne torée pas le 15 Août…c’est que, vraiment, il peut commencer à penser à autre chose ! ». 
     Traditionnellement, la date du 15 Août est celle où « toutes les plazas » ouvrent leurs portes. Des plus petites à celles des grandes ferias, les arènes retentissent des mille bruits qui annoncent, dès le matin, que le journée sera taurine… 
     Dans les corrales, les lourdes portes, rouillées ou bien huilées, vont glisser bruyamment, ouvrant le passage à quelque « flèche noire », ou , au contraire, au regard soupçonneux de quelque « futur manso ». 
     Dans les couloirs, on amasse les coussins, tandis qu’au soleil, les employés d’un jour, essaient de tracer « droit », les deux cercles, en principe parallèles, qui délimiteront le combat… en théorie. Dans les grandes arènes, cela se fait en un tour de main : la technique est là, et les machines suppléent aux hésitations des hommes. Dans les «plazas d’un jour », certains se grattent la tête en se demandant comment on va s’arranger pour que ces maudits ronds ne finissent pas par s’entrecroiser. Il y a du Dubout dans l’air !
     Cependant, que ce soit « en plaza de primera », ou au fin fond « d’une de tercera »… tous ont cette espèce de fièvre qui ne les quittera que lorsque se sera éteint le dernier projecteur, pour les uns, ou que l’on aura été, la lampe torche à la main, tirer le dernier verrou, pour les autres… jusqu’au prochain 15 Août.

     Cette année ne faillira pas à la règle… Plus de cent matadors et novilleros feront le paseo, le 15 Août, pratiquement à la même heure…
     Bien sûr, les ferias de Malaga et San Sebastian en seront les vedettes, mais d’autres corridas, isolées leur tiendront tête : Le Puerto Santa Maria, avec les six toros, pour le Morante… Sevilla, Madrid…et combien d’autres. Et bien évidemment, la France... Le 15 Août sera celui de Bayonne, Dax, Béziers, mais également de Fréjus, Roquefort, des chevaux des Saintes Maries.
     « Le 15 Août… celui qui ne torée pas, pueeeeess ! ».

     Mais, d’un autre côté, gare à l’empresa qui doit chercher un remplaçant, pour le 15 Août ! Si la malchance veut qu’un torero soit blessé la veille, ou déclare forfait, quelques jours avant… le casse tête commence ! Et si le torero hésite, demande « un compas de espera », un moment de dernière réflexion, genre « j’y vais, j’y vais pas ! », l’empresario, dans son bureau, a toutes les chances de « bouffer son cigare », et la secrétaire a intérêt à ce que le café soit bon…
     Au fur et à mesure que les heures défilent, la tension est de plus en plus palpable, et l’empresario a beau lire le classement, de haut en bas, il ne voit pas qui mettre… ou voit trop bien qui il lui reste. « Horreur ! Je ne peux pas faire cela ! Ils vont me brûler la plaza ! Il va falloir rendre l’argent ! Pas possible ! ».
     Son regard perdu erre sur les murs où trônent les affiches des triomphes passés. Désespérant ! Son moral coule à pic... jusqu’au moment où il tombe sur les jambes de sa secrétaire… « Ah ! se dit-il, la nature fait vraiment bien les choses ! Vamos palante ! Demain sera un autre jour ! » (Eh oui, on dit le monde taurin, un peu « macho »! Peut-être, mais beaucoup plus galant et respectueux que d’autres, n’est il pas ?) Et, regonflé à bloc, le responsable attaque une nouvelle série d’appels sur son portable…« Alors, ton torero vient ou ne vient pas ? »

     Cette mésaventure risque bien d’arriver à San Sebastian et Bayonne, qui attendent la décision d’Enrique Ponce, pour les 14 et 15 Août.
     Le torero essaie de se remettre, et veut toréer… mais sa faiblesse est patente, et les médecins font les gros yeux.
     Comme nous vous l’annoncions hier, Enrique vient de se faire remplacer à Malaga (Ce jour, par Cesar Jimenez, et le 13, par El Fandi !). Il désire revenir, pour San Sebastian, le 14. Que ce souhait soit sincère, il n’y a aucun doute là-dessus. Mais, le pourra t’il ? Et que ce passera t’il si Ponce doit renoncer, au dernier moment ?
     Il faut attendre. Certes, ce ne sera pas facile, ni dans un sens ni dans un autre : Voir Ponce « en demi teinte », malgré tous ses efforts… ou accueillir un remplaçant qui, de toutes façons, ne supportera pas la comparaison…Où est la solution?
     Il faut attendre ! Il faut croire au miracle ! Demain sera un autre jour ! Et puis… de toutes façons, "elle a vraiment de jolies jambes, cette secrétaire. Mérite qu’on lui fasse un bon café !"

 

VITORIA : « LA BLANCHE…EN GRIS ! »

     9 Août : Le Feria de la Virgen Blanca 2002, en plaza de Vitoria, annonce d’ores et déjà, un bien triste bilan : Bien gris, presque noir !
     Gris dans le ciel ! Anthracite, dans les tendidos ! Carrément noir, dans les chiffres ! Pocos millones en taquilla ! Des entrées catastrophiques, et des spectacles qui se sont mis au diapason : Seul le Juli a presque rempli, et encore ! Et heureusement que Ferrera et Fandi sont venus mettre de l’ambiance. Sinon… à en pleurer !

     Hier, la « quatrième » a sombré dans la tristesse « d’un jour de l’été 2002 »… Pas vu cela depuis l’été 1931 ! Pourtant, elle en a vu des étés : La plaza de Vitoria s’est construite en 1884. On lui a refait une beauté en 1941 ! Mais jamais elle n'avait vécu un été aussi pourri ! Une feria aussi mauvaise ? Peut-être, mais elle ne s’en souvient plus ! 

     8 Août – VITORIA – 4ème de la Feria de la Virgen Blanca – 1/3 de plaza – temps gris et froid : Cinq toros de las Monjas, dont seul le quatrième donna du jeu. Présentation inégale, un peu de cornes, mais mansada sans grande force. Le sixième, de Castillejo de Huebra les a rejoints dans la soseria. Grisaille générale.
     Jose Ignacio Ramos remplaçait Juan Mora. On le vit, à l’habitude, très appliqué, très volontaire… mais très raide et sans surprise. Bien à la cape et aux banderilles, il mit une grosse estocade, après pinchazo, au quatrième, dont il coupa l’oreille, seul trophée du jour…
     Victor Puerto (Ovation et silence) et Eugenio de Mora (Palmas et silence) ont fait, longuement et professionnellement, ce qu’il fallait pour rester dignes, et arracher quelques bravos, devant des adversaires sans jus et des gradins sans illusion !

     La feria se termine aujourd’hui :  Toros de Cebada Gago, pour Padilla, Encabo et Robleño. Voyons si « la Vierge Blanche » fait un quite ?

 

AUJOURD’HUI : TELEPUERTO !!!!!

     9 Août : Allez ! Ne râlez pas ! On va vous augmenter la redevance… C’est normal ! Avez vous entendu parler du systèmes des vases communiquant ?
     En cherchant bien, on devrait trouver « un truc » dont tout le monde (absolument tout le monde) se sert… et sur lequel on pourrait mettre une taxe… Cherchez bien ! Là, au fond du couloir, la petite porte… Bien sûr ! Le PQ ! Une taxe sur chaque rouleau, et d’un autre côté, vous baissez les impôts de 10%… 
     Personne, absolument personne, n’osera dire qu’on est dans la m… ! 
     Non, soyez sérieux, un moment ! Vous êtes bien dissipés, ce matin !
     Allez, la redevance télé qui augmente… c’est normal ! Ainsi… on aura encore plus de rediffusions, plus de "Loftstory", plus d’"Iles de la Tentation", toutes ces "basuras", bien nauséabondes, tandis que, la bouche en cul de poule, quelque député dépité continuera ses effets de manches pour supprimer les pornos à la Télé…

     Nous, on est beaucoup plus sages (hum !). « Côté toros, jamais de redif ! Si o no ? » Et puis, les décors ne sont jamais de Roger Hart, ni les costumes, de Donald Cardwell ! Quant aux scripts… avouez que, c’est autre chose !
     Tenez… Aujourd’hui, à 18h30, sur la première Espagnole (eh oui !), corrida en direct du Puerto Santa Maria… une des plus belles plazas de toros de la planète taurine. Un site incomparable. (Il y fait souvent beau, mais il y a du vent. Couvrez vous bien !).
     Un matador célèbre a dit : « Qui n’a pas vu une corrida au Puerto Santa Maria… ferait mieux de parler d’autre chose ! ». Ce soir, vous pourrez "parler de toros", car vous allez voir une corrida, télévisée en direct du Puerto. Bien sûr, il manquera quelque chose, quelque souffle d’Andalousie, quelque parfum secret, quelque regard mystérieux… Mais, quand même !
     Et puis… il y a Ortega Cano !
     Non, non ! On ne dira pas qu’il ne peut plus, qu’il ferait vraiment bien de raccrocher. On ne le dira pas, parce qu’il est fichu de nous mettre « un faenon ». Alors, motus !
     Ensuite, le beau Rivera Ordoñez, spécialement pour vous, mesdames. (Nous, franchement, on se contente des jambes de la secrétaire de l’empresa qui n’a toujours pas trouvé, pour le 15 Août). Non ! plus sérieusement, Fran a repris l’épée, hier soir, à Palma de Mallorca. Cela s’est bien passé, sous les yeux de "su Majestad, el Rey". La plaza était pleine; Rivera a coupé une oreille, mais c’est le Juli qui triomphe, avec trois trophées.
     Enfin… Davila Miura ! Le jeune Edouard ! (Ou Edward, pour les « English Aficionados ! »). Il est triomphateur de la Séville toute proche, et fut vraiment bien, également, à Jerez. Face à ce trio torero, une corrida de Carlos Nuñez. Gloire passée…

     En parlant de gloire passée, au Puerto Santa Maria, on rendra un hommage, sur l’heure du déjeuner, à Jose Luis Galloso, torero « de la Terre »…torero du Port ! Excusez du peu : Galloso a fait 86 paseos, en la plaza du Puerto Santa Maria. Il y a coupé 124 oreilles et 8 rabos, sortant 42 fois « a hombros, por la puerta grande ». Cela méritait bien un azulejo, non ?

     Ce soir, 18h30, sur Tve1 : Corrida télévisée en direct, depuis le Puerto Santa Maria – Toros de Carlos Nuñez, pour Jose Ortega Cano, Francisco Rivera Ordoñez et Eduardo Davila Miura.

 

LES INFIRMIERS « DE LUMIERES »…

     10 Août : Jusqu’où ne pas aller ? A deux reprises au moins, Eduardo Davila Miura nous a littéralement assommés avec « une faena sans fin », à un toro invalide, ou tout comme… souvenez vous de son deuxième, à Mont-de-Marsan, et voyez, hier, au Puerto… Pero, que pesado, el tio !
     Le toro veut charger. Il fait d’indicibles efforts pour suivre la muleta. Il est noble, met la tête, mais à la troisième charge, il s’écroule lamentablement. Alors, redressé, « gustandose », le matador va insister, tirer la muleta « douuuuceeeemeeeent », sans à coups, et mener à bout la charge brinquebalante. Bravo ! Quel exploit ! Tiens, il en tire une autre… bon ! On salue l’exploit technique, la bonne volonté. Mais lorsque le torero, transformé en « infirmier de lumières » se prend à ce triste jeu et en fait des tonnes, accumulant les tristes séries… on se demande : « Conscience professionnelle ? ou… peu d’intelligence ?
     Hier, Eduardo Davila Miura a ennuyé « jusques aux clarines » du Puerto Santa Maria. Le public a commencé à ronchonner, tandis que ce fils de bonne famille s’échinait à tenir debout un pauvre toro qui ne demandait « qu’un peu de repos, por favor ! » Et de prendre des airs de matamore, jusqu’au moment où, quand même, un quolibet plus aigu que les autres l’a ramené à la réalité. Sinon, il y serait encore…

     Le respect du toro, du public… et du costume de lumières, implique que le torero se comporte « en torero », et non en infirmier de luxe. Marre des « como lo mantuvo de pie » ! Assez des « lo ha mimado ! »
     Un toro est un combattant. Il est brave, noble, ou c’est un manso « de mucho cuidado ». Bien ! Mais il doit être « un combattant ». Sinon, encore une fois, nous sommes tous complices d’assassinat, et "les infirmiers de lumières" deviennent des menteurs et des voleurs. Ni plus, ni moins !
     On respectera plus un Ortega Cano qui fait passer « la tête à Cadiz, et le cul à Cartagena » (et encore… celle « de Indias » !) un quatrième toro, armé, encasté et molesto « jusque ce qu’il fallait », que cette lamentable pantomime « Davilesque ». Cano eut peur du toro ! Bien. On respecte ! Mais… supporter les poses théâtrales et les sourires vainqueurs, quand il n’y a pas d’adversaire… pues no !
     Alors, si d’aventure, au cours des jours prochains, dans nos plazas de France, arrive un de ces mauvais moments, demandons avec respect, mais fermement, que les choses soient faites avec intelligence et pudeur.

     Hier, la corrida Télévisée, en direct du Puerto s’est pratiquement arrêtée « au premier toro ». Certes, ce n’était pas un Satanas, armé pour l’enfer. Mais il chargea, tint debout et poussa au cheval, pour le moins décemment. Et comme Ortega Cano connut « un très bon début », on a tous eu le billet remboursé… d’autant que l’on n’avait rien payé !

     9 Août – PUERTO SANTA MARIA – Corrida télévisée – Presque ¾ de plaza – Bonne tarde sans vent.
     Toros de Carlos Nuñez, venant de différentes « ramas », moyennement présentés, allant du petit gros bas, armé très brocho, comme le premier… au « plus élancé », armé pointu et vers le haut, comme quatre et cinquièmes. Au moral, un peu de tout, le meilleur étant le premier, à peu près complet en tout. Le quatrième demandait plus de décision. Le dernier « se laissa ». Plus compliqué le deuxième qui débuta avec une très méchante tendance à « torpiller, à gauche ». Le cinquième déboula comme un fou, et termina sur les rotules. Le troisième, petit, feo et invalide, n’aurait jamais du rester dans la plaza. En fait, il n’aurait jamais du y rentrer.
     Jose Ortega Cano (Une oreille – Division), vêtu d’un costume « de peon », fit grande illusion dans sa première réception au capote : véroniques hautaines, medio pecho et jambes avancés. Le toro fit grand devoir au cheval, et Cano brinda au piquero, un quite… qui ne vint pas, ou « à moitié ». Faena brindée au public, très bien débutée. Le toro, berreon, noble et un peu tardo, laissa Ortega se replacer, prendre quelques poses pour la photo, et donner, un à un, de bons muletazos, dont il sembla le premier surpris. « Ayy ! Que bien estoy! » Faena courte, hautaine, vite et bien conclue à l’épée. Oreille, logique.
     Cela se compliqua un peu, face au quatrième, qui avait… d’autres arguments. Rien au capote, et toute la brega par Curro Cruz. Longue pique, un peu endormie, et quite du maestro, par chicuelinas « hésitantes ». Le meilleur de la lidia, à ce toro : Une grande paire de banderilles de Julio Lopez, troisième de la cuadrilla. Après… semblant de faena, criant beaucoup, gesticulant un peu, « destoréant un max ! ». No pudo con el toro, ni con el miedo. Par contre, il laissa une entière desprendida, d’effet immédiat, ce qui lui évita de plus sévères critiques. Un respeto al viejo Maestro !
     Francisco Rivera Ordoñez (Ovation – silence) est sorti, le coude « infiltré » ; arrivant très tard au Puerto, après avoir toréé la nuit précédente, à Palma de Mallorca ; et touchant le mauvais lot. Cela fait un peu beaucoup pour un seul homme. Son premier tira de très dures flèches, à gauche, et termina court et tête en haut. Rivera aguanta et tua, de travers. Le cinquième, bien présenté, sortit en voulant tout dévorer. Mérite de Fran, au capote. Par contre, il y eut un puyazo assassin, et les toro perdit autant d’allant que de sang. Fin sans gloire, en trois voyages.
     Eduardo Davila Miura (Palmas – Une Oreille) montra peu d’intelligence en essayant longtemps de faire passer, verticalement, un troisième toro, « champion de l’horizontale ». Ce fut pesant et pathétique, d’autant que le torero semblait penser réaliser un exploit. Le public se mit à râler, gentiment. Le sixième lui permit d’aligner quelques séries, dont certaines passe isolées furent bien tirées. Oreille « pour l’abondance », après une demie peu convaincante, le puntillero relevant le bicho, par deux fois. « Sont gentils, les gens du Puerto ! »

 

MALAGA ET HUESCA DEBUTENT : UNE OREILLE PARTOUT…

     10 Août : Cesar Jimenez, qui remplaçait Enrique Ponce, a fait une bonne présentation à la première de la Feria de Malaga. Peu de monde dans les gradins, mais du vibrato, de la part du jeune madrilène, qui pourtant, abuse un peu du toreo « à genoux ».
     A Huesca, Justo Ojeda attaque sa 24ème feria, dont l’invité d’honneur est Juan Antonio Ruiz « Espartaco », très aimé ici. La corrida n’a pas été bonne, et le Juli a coupé une toute petite oreille. Et en plus… il pleuvait.

     A propos de mauvais temps, la Vierge blanche a fait un drôle de quite à la feria de Vitoria. N’a tien trouvé de mieux, pour éviter un nouveau toston, que de leur envoyer de gros nuages bien mouillés, bien froids. Du coup : Suspension, peut-être définitive. Dommage, c’était les Cebada !

     9 Août – MALAGA – 1ère de Feria – 1/3 de plaza : Toros de San Miguel (Manolo Gonzalez) inégaux de présence, mansos et pénibles.
     Manolo Caballero (Ovation et Palmas) toucha un premier « à la défensive », qui finit par s’arrêter complètement. Le quatrième, tête haute, se mit à montrer du sentido, et malgré sa volonté, Caballero dut laisser tomber.
     Morante de la Puebla (Ovation et Sifflets) donna de grands muletazos, pleins de chispa artistique, au deuxième. Le toro chargeait avec brusquerie, et la faena baissa de ton. De plus, le Morante tua « bas », perdant un probable trophée. Le cinquième était un manso « de catégorie », escarbant beaucoup. Rien à en tirer.
     Cesar Jimenez (Ovation et Une oreille) montra la plus grande volonté, toute la tarde. Bien au capote, templé et élégant, Jimenez débuta ses deux faenas, genoux en terre. Il se mit « trop dessus » le troisième, qui finit par dire : « Bon ! puisque c’est ainsi, j’arrête ». Le sixième n’avait pas plus de qualité, mais le jeune joua « la vibration », attaquant beaucoup, et finissant par se faire accrocher vilainement. Tuant vite, Cesar Jimenez « gagne » une plaza, un public de plus : Malaga.
     Aujourd'hui: Deuxième de feria, qui commence par un incident : La corrida de Victoriano del Rio a été refusée par les vétérinaires. Au cartel : Victor Puerto, Rivera Ordoñez et El Juli.

     9 Août – HUESCA – 1ère de Feria – Casi lleno – Très mauvais temps, pluvieux et froid : La corrida de Mari Carmen Camacho est sortie « mal présentée » et faible. Huesca n’y était pas habituée, la ganadera ayant beaucoup triomphé, ici.
     Finito de Cordoba « est passé », très vite. Silence et silence.
     Vicente Barrera s’est montré très volontaire, donnant de grandes bonnes naturelles au cinquième. Faena « a mas », qui aurait pu avoir « double récompense », si l’acier n’en avait décidé autrement. Ayyyy !
     « El Juli » a fait tous les efforts pour animer tout ça… Cependant, l’oreille coupée au troisième, ne fera pas date. Le sixième lui laissa le temps de trois bonnes naturelles… y se paro !
     Ce 10 Août, Curro Vazquez remplacera Enrique Ponce, face aux toros de Teofilo Segura. Les compagnons de Cartel seront : Jose Tomas et Tomas Luna, le diestro local.

    Dans les autres plazas, on note:
     La mauvaise corrida, en plaza d’Alicante, où cinq toros de Hato Blanco et un de Criado Holgado, tristes et décastés, n’ont pas permis le moindre succès à Zotoluco, Ferrera et Fandi. Seul, ce dernier a pu donner quelques bons détails. Le cinquième était si « réduit », que le public n’a pas laisser Ferrera le banderiller, ni le toréer de muleta. Corrida totalement décevante et…1/3 de plaza. Ca va mal, en Espagne.

     A Vic Fezensac, la novillada nocturne a souffert du froid et de la pluie. Une demi plaza a suivi la dure novillada de Yonnet, très bien présentée, très armée, très solide. Pas du gâteau ! Jesuli de Torrecera et Julien Miletto ont été applaudis pour la dignité et la volonté torera, tandis qu’Escribano montrait ses limites : Sifflets et silence. Fallait bien que cela arrive un jour !

 

VALLADOLID ET LOGROÑO 2002

     10 Août : Elles ne sont pas loin, l’une de l’autre. La première est ancienne, traditionnelle, balayée par vents et pluies. La seconde est ultra moderne, « multi-usos », désormais bien à l’abri des ondées qui ont accompagné nos jeunes années d’Aficion…
     Valladolid et Logroño… deux ferias de Septembre ! Deux identités « propres ». A Valladolid, on tend plus vers « le Toreo ». A Logroño, c’est plutôt « le Toro » qui mène les débats.

     Logroño vient de présenter ses cartels de la San Miguel 2002, par la voix de son responsable  Oscar Chopera : six corridas, à partir du 21 septembre:
     Samedi 21 Septembre : Toros de Victorino Martin, pour Manolo Caballero Juan Jose Padilla et Diego Urdiales.
     Dimanche 22 septembre : Toros d’Atanasio Fernandez, pour Juan Jose Padilla, El Fandi et Javier Valverde.
     Lundi 23 Septembre : Corrida mixte, avec deux toros du Capea, pour Pablo Hermoso de Mendoza, et quatre Marquis de Domecq, pour Rivera Ordoñez et Miguel Abellan.
    Mardi 24 Septembre : Toros de Torreralta, pour Finito de Cordoba, El Juli et Cesar Jimenez.
    Mercredi 25 Septembre : Toros de Zalduendo, pour Enrique Ponce, El Juli et Antonio Barrera.
    Jeudi 26 Septembre : Toros de Carriquiri, pour un mano a mano entre Antonio Ferrera et El Fandi.

     On notera que la Casa Chopera, qui n’a « suggéré » El Fandi, dans aucune des plazas françaises « qu’elle conseille », le met deux fois en six jours, dans sa plaza de Logroño. Bof !
     A signaler, d’autre part, que le feria entière sera télévisée sur Via Digital, ce qui donne à Jose Tomas, l’excuse pour ne pas venir se frotter au « Toro de Logroño ». Et ça continue !

     A Valladolid, la feria débutera plus tôt, comptant une novillada, sept corridas formelles et une de rejoneo, du 7 au 15 Septembre. Les cartels en sont les suivants :
     Samedi 7 Septembre : Novillada de « Toros de Plata », pour Joselillo, Jose Maria Manzanares et Francisco Javier
     Dimanche 8 Septembre : Toros de Maria Lourdes Martin de Perez Tabernero, pour Juan Jose Padilla, Antonio Ferrera et El Fandi
     Lundi 9 Septembre : Toros de Castillejo de Huebra, pour Antonio Barrera, Javier Castaño et Cesar Jimenez.
     Mardi 10 Septembre : Toros de Alcurrucen, pour Manuel Caballero, Eugenio De Mora et Leandro Marcos.
     Mercredi 11 Septembre : Toros de Victoriano del Rio, pour Enrique Ponce, David Luguillano et El Juli.
     Jeudi 12 Septembre : Toros de Torrealta, pour Finito de Cordoba, Jose Tomas et El Juli.
     Vendredi 13 Septembre : Toros du Torreon (Cesar Rincon) pour Enrique Ponce, Jose Tomas et Leandro Marcos.
    Samedi 14 Septembre : Toros de Domingo Hernandez, pour Finito de Cordoba, Manolito Sanchez et Francisco Rivera Ordoñez.
     Dimanche 15 Septembre : Toros de Sanchez Cobaleda, pour les rejoneadores Fermin Bohorquez, Pablo Hermoso de Mendoza et Sergio Vegas.

     Par ailleurs, à signaler (on y reviendra), que Javier Valverde sera au cartel du 29 Septembre, à Floirac, en compagnie de David Luguillano et Sebastien Castella.

 

EL JULI : MALAGA – BAYONNE - MALAGA…

     11 Août : Préoccupation ! Depuis deux jours, Bayonne et le Pays Basque, plus vert que jamais, tempêtent sous la pluie et le presque froidure. (« Oh, ne souriez pas, fait pas plus beau chez vous ! »). Avec un air contrit, les locaux regardent passer l’incessant cortège des touristes qui tuent le temps comme il peuvent « à l’ombre d’un parapluie »…

     Préoccupation : Dimanche, pour la corrida, tout « le papel » est vendu, et on a vraiment espoir en ce cartel de jeunes, face aux Jandilla. Bon Dieu, s’il pouvait s’arrêter de pleuvoir, ne serait ce que 24 heures. « Saint Dangou, priez pour nous ! ». « Monsieur Dangou » était le grand patron de Bayonne, dans les années 50/60. Les arènes lui appartenaient. Un grand monsieur ! A maintes reprises, la chance lui a souri, les soleil venant lui faire le quite, à quelques heures du paseo. On appelait ce miracle « La Saint Dangou ! ». Depuis, il semble que l’homme au chapeau ait aussi laissé cela en héritage. Depuis qu’il est parti, plusieurs corridas se sont sauvées, ainsi, à la dernière minute. Et il semble bien que cela soit le cas, en ce 11 août

     Préoccupation : Malaga, samedi ; Bayonne, dimanche; et re-Malaga, lundi. Le Juli est sa cuadrilla vont se payer (dans tous les sens du terme) une sacré trotte, du bas en haut de l’Espagne (et vice versa), que personne ne ferait, même pour se mettre les doigts de pied à un éventuel soleil… Bon ! Ce n’est pas comme « avant » ! Il est probable que l’avion jouera un rôle important, dans cette épopée… On en reparlera. Il est possible que le matador et son staff, se soient envolés vers la France, via Madrid, tandis que cuadrilla, ayudas et matériel, eux… « con el coche ! » Et, en passant à Baïlen, Madrid, Burgos… « Ne bougez pas, on repasse… ce soir ! » Quel métier de dingues ! Et à 18 heures, ils sont là, impeccablement vêtus. Deux toros hier, deux toros aujourd’hui, et deux autres, demain. Il en sera ainsi, tous les jours du mois d’Août… sauf, le 20…

     Préoccupation : Hier, à Malaga, la corrida de Victoriano del Rio a été refusée. On a monté un cirque de tous les diables, et les remplaçants de Pereda et Gabriel Rojas sont aussi passés à la trappe des vétérinaires. A trois heures de l’après midi, enfin, on a tiré au sort… les toros de lundi ! Juli est vraiment le patron. « Puisque la corrida de samedi « ne sert pas »… prenons donc la corrida de Daniel Ruiz, que j’amenais pour lundi ! » (L’histoire ne dit pas si l’on a demandé leur avis aux deux collègues « de lundi », Ortega Cano et Finito, qui avaient signé, pour des Daniel Ruiz…)

     Préoccupation : Avec ce Ferrera et ce Fandi qui mettent la pression, le Juli a monté deux gros tiers de banderilles, hier, à Malaga. Hélas, c’est l’épée, cette fois, qui a flanché… Et tandis qu’il attrape, ça et là, quelques bribes de sommeil, le Juli pense et son jeune front se creuse d’une nouvelle ride : « Les toros, les banderilles, l’épée ! Décidément ! Et puis Malaga – Bayonne – Malaga… manquerait plus qu’il pleuve ! »

     10 Août – MALAGA – 2ème de Feria – Lleno – Chaleur : La corrida débute par le scandale que l’on sait : La corrida de Victoriano del Rio est refusée en bloc pour manque de trapio et de substance cornée… De même quatre Pereda et autant de Gabriel Rojas. A deux heures de l’après midi, on décide de lidier la corrida de Daniel Ruiz, prévue pour lundi, et qui a été débarquée le matin même. Là, le Juli commande ! De fait, la corrida aurait du être suspendue.
     Les toros de Daniel Ruiz n’ont pas donné le jeu escompté, probablement parce que pas assez reposés, après le stress du voyage. La corrida se déroula dans un climat, à la fois joyeux et tendu, le public fêtant les toreros, et le président refusant les oreilles demandées.
     Victor Puerto (Ovation, après pétition – Oreille et pétition de la deuxième) s’est montré très volontaire, brillant et excellent estoqueador. Bien au capote devant son premier, il débuta sa faena, par redondos, les deux genoux en terre. Mais le toro se mit à se défendre, à réduire sa charge, et le trasteo manqua de continuité. Bonne estocade et une première pétition, refusée par le palco.
     Face au quatrième, le manchego se paya « un arrimon »,dans le terrain de barrières où le toro était aussitôt parti se réfugier. Grosse bagarre, dans l’enthousiasme général, et grande estocade. Oreille, mais bronca au président, qui a refusé la seconde.
     Rivera Ordoñez (Ovation – Silence) reçut à genoux, un premier toro qui lui mit la pression, à la cape et dans les premières passes de la faena. Début d’émotion, le toro chargeant violemment et se retournant très sèchement. Danger. Rivera fit face, mais resta « muleta en arrière », ne commandant jamais. Peut-être fatigué par le voyage, le cinquième s’arrêta aussitôt et Rivera lui assena quelques muletazos isolés. Demie et trois descabellos. Na ! (dans les sens… « Na que hacer ! »)
     El Juli (Ovation – Palmas) portait tout le poids de la tarde. A signaler deux énormes tiers de banderilles, donnant tous les avantages à ses toros. On le vit « supérieur », à la muleta, devant le troisième : serein, liant les passes, sur les deux côtés ; toréant « erguido » et templando, malgré un vent très gênant. Cela partait pour un gros triomphe, mais le toro fit un écart, au moment de la rencontre finale, et l’estocade tomba perpendiculaire et basse. Pour arranger le tout… trois descabellos.
     Le sixième s’est rapidement éteint, après un tiers de banderilles étincelant. Le Juli s’accrocha, essaya de lui tirer la moindre passe, mais tua mal, en cinq assauts… Ayyy !
     Cela ira mieux lundi… mais on ne sait avec quels toros.

     Ce dimanche, la corrida sera du Viento Verde (Peralta), pour les cavaliers : Luis Domecq, Hermoso de Mendoza et Sergio Galan.

 

JOSE TOMAS : TROISIEME INFIRMERIE !

     11 Août : Cette saison 2002 est vraiment maudite… De nombreuses cornadas et lésions graves ont décimé « le haut du tableau », et pour le moment, seul le Juli est passé au travers.

     Enrique Ponce essaie de se remettre vite de sa rechute. On murmure un retour pour le 14, à San Sebastian, mais d’autres bruits sont colportés, murmurant un arrêt de la temporada. Il faut attendre… Enrique Ponce est torero, et « Primera Figura del Toreo ». On connaît son aficion et sa conscience professionnelle. Il voudra revenir, mais ne reviendra qu’en possession de tout ses moyens et de son talent. Il faut attendre. Pour le moment… 14 Août !

     Jose Tomas, également, a connu une noire malchance… à Granada, à Badajoz. Deux terribles voltiges ; deux cornes qui passent tout près. Et hier, à Huesca, ce fut la troisième : Après un pinchazo, le torero met une estocade, mais prend un coup de corne dans la main. Résultats : grosse coupure, de quatre centimètre, en transversal, au dos de la main gauche, qui fait exploser plusieurs veines. L’hémorragie est intense. Heureusement, « à priori », aucun tendon n’est touché. On a ligaturé les veines blessées, installé un drain, et Jose Tomas est parti sur Madrid où un nouvel examen plus approfondi sera pratiqué, ce matin. On pense que le diestro de Galapagar sera « hors jeu », pendant une semaine.
     Si rien ne vient aggraver le tableau, il sera à Dax. Mais, tout cela n’est pas fait pour lui rendre le sitio…que l’on commençait à entrevoir, après la corrida du Puerto.

     10 Août – HUESCA – 2ème de Feria – Casi lleno – Mauvais temps : La corrida de Teofilo Segura n’a rien cassé, ni en présentation, ni en comportement… et surtout pas en « pitones ». Les toros ont servi, en général, exception faite du cinquième. Le troisième se tua, d’entrée, en percutant un burladero. Son remplaçant, du même fer, fut un invalide « total ».
     Curro Vazquez (remplaçant Enrique Ponce) dut lidier trois toros, du fait de la blessure de Jose Tomas. Court « en tout », le blond vétéran plaça quelques infimes détails de classe, au milieu d’un océan de doutes. Huesca « n’a pas aimé » : Bronca, silence, bronca.
    Jose Tomas a été très bien, avec le capote, malgré le vent. Véroniques en chargeant la suerte, accompagnant de tout le corps. La faena débuta au centre, le torero donnant plusieurs séries sur deux mains, claires, très techniques. Hélas, le trasteo se termina par l’accident relaté plus haut. Oreille, mais le sang qui coule, encore une fois. Il n’y a pas de corrida ou de feria « peu importantes »…
     Tomas Luna, le diestro local, bénéficia du total soutien populaire. Il lui fallut « lutter » pour tenir debout l’invalide sobrero. (Quelle expression honteuse ! Quelle honte, tout court ! ). Quand au sixième, ce fut un bloc de marbre que le modeste essaya de bouger, vaillamment. Il coupa une oreilles, chaque fois, et sortit a hombros. Efforts récompensés, mais…

     Ce dimanche, la troisième : Toros de Javier Perez Tabernero, pour Ortega Cano, Rivera Ordoñez et Javier Conde. Tout ou rien !

 

DANS LES AUTRES RUEDOS: TRIOMPHES!

     11 Août : Le samedi a vu se dérouler plusieurs corridas dont les résultats « télégraphiques » suivent. A retenir : Une bonne corrida de Victorino, à Pontevedra – Ferrera et Fandi qui ont mis le feu, à La Roda – Alfonso Romero qui sort enfin  « a hombros », du côté de Cadiz – - Cesar Jimenez fait une démonstration, à Vinaroz - Enfin, la très forte novillada de Barcial, pour la première de Parentis.

     10 Août – PONTEVEDRA – ¾ de plaza : corrida, inégale mais bonne, de Victorino Martin.  Seul le troisième posa de gros problèmes.
     Luis Francisco Espla, en torero vétéran, savant, technique et malin, coupa les deux oreilles du quatrième, mais prit un coup – Luis Miguel Encabo  s’est montré très torero, toute la tarde, mais cafouilla ses conclusions avec l’acier. Ovation et oreille – Eugenio de Mora patina devant le dur troisième, et donna de longues passes au dernier. Sifflets et ovation.

     10 Août – LA RODA (Albacete)  - ¾ de plaza : Bonne corrida d’Alcurrucen, sauf le lot de Ferrera.
     Vicente Barrera coupe deux et une oreilles, avec « son » toreo et « sa » personnalité – Mal servi, Ferrera se bat comme un chien, mais pinche quatre fois son premier. Face au cinquième, énorme aux banderilles, devant donner vuelta en fin du tercio. Grosse faena, enthousiasmant le public, à tel point qu’il coupera une oreille, après une estocade et… huit descabellos – El Fandi a été colossal d’entrega et de talent, dans les trois tiers. Grosse faena au sixième. Deux oreilles et deux oreilles et la queue !
     (A signaler que le Fandi pourrait bien être à San Sebastian, demain 12 Août. En effet, l’empresa Chopera l’avait pressenti, pour remplacer Enrique Ponce. Mais le contrat avec Jose Tomas, stipulant « un torero devant, un torero derrière »… l’engagement était impossible. Jose Tomas étant blessé…)

     10 Août – SAN ROQUE (Cadiz) – Presque plein : Bonne corrida de Gavira.
     Julio Aparicio coupa l’oreille du premier, et mit tout par terre avec l’épée, au quatrième – Gros et bon triomphe d’Alfonso Romero, coupant trois oreilles et pouvant enfin exprimer le toreo de classe qui est en lui – Javier Conde, « ne précipita pas les choses ». Ovation et silence.

     10 Août – VINAROZ (Castellon) – Plus de ½ plaza : Mauvaise corrida de Jaime Brujo.
     Davila Miura entend deux ovations, avec pétition, au quatrième – Juan Bautista coupe une oreille à son premier, recueillant une ovation au cinquième – Cesar Jimenez fait un carton, coupant quatre oreilles : « Savoir et pouvoir », le tout avec grande élégance.

     10 Août – PARENTIS – 1ère de Feria des novilladas – Casi lleno : (Correspondance) Grande et grosse novillada de Barcial, très armée et très solide. Il y eut plusieurs moments d’émotion, en particulier avec la lidia du quatrième, à qui fut concédée la vuelta posthume.
     Triomphe de Jarocho, novillero solide, bon technicien et courageux. Deux actuaciones de fermeté, auxquelles il ajouta le brillo, face au grand quatrième. Vuelta et une oreille, avec pétition de la deuxième – Le mexicain Jorge Arellano, vaillant et loin d’être maladroit, coupa une oreille de son premier. Ce fut plus difficile, face au cinquième – Quant à Luis Rubias, il resta en dedans, et le public ne marcha pas.
     Ce dimanche, la deuxième, avec un lot de Jesus Tabernero Hernandez, pour Luis Gonzalez, Raul Cano et Reyes Ramon.

 

BAYONNE : «LES BONS » SONT RESTES AU PORT…

     12 Août : Allez donc savoir pourquoi ? Il y avait deux corridas de Jandilla, hier, dimanche 11 août : Une, à Bayonne, et l’autre, au Puerto Santa Maria. Toutes deux de la même camada, probablement de la même année, de la même reata. Et que croyez vous qu’il arriva ? La corrida de Bayona est sortie « Mala »… tandis qu’au Puerto, on torée encore dans les rues.
     Damned ! Terrible incertitude du monde du toro…

     A Bayonne, la corrida est sortie « très sérieuse », dure, con poca raza. Au Puerto, trois des six toros ont permis l’harmonie, à tel point que l’on a grâcié le cinquième, noblissime, très bien toréé par Caballero.
     A Bayonne, ce fut une bataille,sourde... Au Puerto, une symphonie… Que vamos hacer ? On va lire les reseñas et souligner, quand même, que le toro « indultado » n’a pris qu’un puyazo,  court  mais avec fijeza, qu’il gratta le sable au cours de la faena, et que ses forces n’avaient rien d’herculéennes. Cela dit, un toro qui alla « a mas », et fut mis en grande évidence par un grand toreo de Manolo Caballero qui laissa, enfin, parler ses sentiments…
     Toro de indulto? Probablement pas… mais on reviendra plus tard, encore une fois, sur ces « faux indultos », uniquement parce que le toro est noble et « artiste »…

     A Bayonne, les toreros ne furent pas à la fête. On ne retiendra que peu de choses, en fait : Le capote du Juli ; des muletazos de Sebastien Castella et une estocade d’Abellan. Pour le reste, de la bagarre, pour peu de résultats.
     C’est un détail, mais… vilain ! Abellan s’est fait dangereusement prendre, d’entrée, par le premier. Cogida dangereuse, dont il sortit indemne, mais le visage totalement baigné du sang du toro. Etait il sonné, dans un état second ? Ou joua t’il de la corde sensible, et voulut il profiter de cette sanguinolente dramaturgie pour récolter quelques bravos faciles ? Toujours est il qu’Abellan ne se nettoya pas le visage, y compris lorsqu’il alla changer l’épée, alors que son mozo arborait à l’épaule, une blanche serviette, lavée avec Woolitt…
     Que feo ! Cela ne se fait pas ! On se souvient que Currillo en fit de même, un soir de feria d’avril 74, à Séville. Il n’y remit plus le pieds !

     Un "coup de casquette", par contre, aux trois monosabios qui sont partis, à découvert, au centre de la plaza, relever le cheval torpillé par un très dur batacazo, provoqué par le sixième. Le toro était tout près, et tournait, virait sin fijeza… Certes il y avait pléthore de capes, mais un arreon mal contrôlé, et bonjour la catastrophe. Muy bien, señores ! 

     Pour le reste, des détails, perdus dans la grisaille d’un ciel de mars. Le Juli toréa fort bien de cape, se dépensa, banderilles en mains, même si beaucoup de rencontres furent « dépassées »… Il s’accrocha comme un pendu », face au deuxième, aquerenciado en tables, et l’obligea à charger. Hélas, l’épée « tomba bas ! ». Quant à Sebastien, il sait allier force et finesse, et paraît chaque jour plus solide, même s’il ne voulut, ou ne put, mettre « la muleta delante », face au troisième. Cependant, le français se montra digne, et, touchant le meilleur de la tarde moribonde, il coupa une oreille qui récompense l’ensemble de sa prestation.
     Corrida « plumbea », pesante, sans envol. Cela arrive. Dommage ! « Les beaux jours reviendront », nous dit la météo. Oui ! mais quand ?
     Pendant ce temps, « au Puerto », il faisait beau… y salio « muy buena », la de Jandilla !

     11 Août – BAYONNE – Plein total – Temps gris chargé : Corrida de Jandilla, inégalement présentée, mais très sérieuse, faisant d’imposantes sorties. On aura noté certains pitons qui posent question, mais les toros ont beaucoup tapé, durement rematé. Asi que ! Sorties souvent imposantes, galopées et puissantes. La corrida ne tomba pas, excepté le troisième qui ne se remit que partiellement de la dure vuelta de campana, avant d’entrer à la pique. Les passes trop sèches de Castella, en début de faena, n’arrangèrent pas les choses.

     Le deuxième, boule de muscle, promettait beaucoup, mais serra le frein à main, dès le quatrième muletazo. Quatrième et cinquième ne valaient pas le déplacement. Seul le sixième, magnifique, qui provoqua un gros derribo, se mit à charger noblement, permettant à Castella la seule faena du jour.
     Miguel Abellan (Ovation – Ovation) est en baisse. Sa cogida, par le premier, aurait pu lui coûter cher. Pour le reste, hésitations dans le choix des stratégies et des terrains, manque de fermeté, devant des toros qui, eux aussi hésitent ou marchent… Du coup, rien de bien concret, et beaucoup de sursauts, chez le spectateur. On l’ovationna pour un bajonazo au premier. Hombre ! Par contre, il signa l’estocade de la tarde, face au quatrième. A l’heure où des Ferrera, Fandi, Cesar Jimenez entrent dans la danse, Miguel Abellan doit se faire du souci, car on ne le voit pas progresser.
     El Juli (Ovation forte – Silence) voulait triompher. Il vient deux fois, « fait » l’affiche et connaît le sérieux et le poids de Bayonne. Il voulait triompher ! Mais, il ne le put pas. Pourtant, on ne lui reprochera rien, bien au contraire, face à son premier, formidablement reçu au capote, banderillé avec métier. Peut-être que le deuxième puyazo était de trop ! Allez donc savoir… Toujours est il que ce toro qui semblait promettre, se bloqua d’entrée de faena, et s’en fut aux tablas. Suant, crachant, vitupérant, Le Juli alla l’y chercher, le forçant à charger sa muleta, jusqu’à lui sortir trois derechazos et double pecho, liés. Valiente y torero! A n’en pas douter, il y avait « une oreille », mais l’épée, bien attaquée, tomba « du côté bas », et le public lui signifia que : « On demande l’oreille, mais juste avec assez de force pour que tu ne l’aies pas ! » Juli accepta et salua dignement. Il aurait pu donner vuelta, car il fut « bien », avec ce toro.
     Face au cinquième, Julian Lopez voulut encore, mais là, le toro se définit rapidement comme un manso, grattant le sol, chargeant «a regañadientes ». Juli insista un peu, tua en évitant un dernier gañafon et cafouilla son descabello. Il s était montré puissant au capote, et avait banderillé spectaculairement, donnant beaucoup d’avantages au toro. Deux vrais poder à poder, même si la corne fut un peu passée. Muy torero, le Juli ! A la prochaine fois !
    Sebastien Castella (Ovation – Une oreille) se montra facile capeador. Son premier fit une méchante cabriole dans le sable, en sortant sonné. Peu piqué, il débuta la faena, en flageolant. Le français n’arrangea pas le tableau, en donnant des tirones et des passes trop sèches, qui firent tomber le bicho. Puis Sebastien trouva le tempo, la hauteur de muleta, et le toro ne tomba plus. Faena « a mas », mais au coup par coup, muleta en arrière… Le toro méritait mieux, peut-être. De bonnes choses, dans une faena hachée, manquant d’unité.
     Le sixième, qui poussa fort et provoqua une très dure chute du piquero, blessant le cheval, semble t’il,  lui permit de construire un trasteo lié, à la fois solide et délicat. Séries bien enchaînées, clôturées avec chic. Final par manoletinas et desplantes souriants. Castella porta une « presque entière », un poil de côté, et un descabello, qui donnèrent lieu à l’octroi d’une oreille, la seul d’un sac que l’on rêvait d’ouvrir… Vuelta très chaude, tandis que certains se disaient tout bas : « Ah, si le Juli avait pu toucher les deux de Castella… »

 

MANOLO CABALLERO GRACIE UN JANDILLA, AU PUERTO SANTA MARIA

     12 Août : Corrida triomphale, au Puerto, les trois matadors, le ganadero et son mayoral sortant « a hombros », tandis que le public sortait enchanté.
     La corrida de Jandilla est sortie très noble, trois toros permettant de grandes choses. Les diestros ne s’en privèrent point et, si Paco Ojeda sut enfin retrouver quelque génie, si Eugenio de Mora se montra « très torero », c’est Manolo Caballero qui tutoya le sublime, abandonnant sa rigueur mathématique, pour enfin laisser parler ses sentiments. Le cinquième de Jandilla, du nom de « Frutero », N°74 -  535 Kgs, negro mulato, lui permit de dérouler un long ruban de toreo profond et artiste, au point que le noble animal en eut la vie sauvée.
     C’est le deuxième toro, indulté au Puerto. Bien sûr, il y aura polémique : Un seul puyazo, court ; des forces limités, un toro qui gratte un peu… mais un toro qui alla « a mas », répétant noblement ses charges.
     Cependant, ne dit on pas que l’on donne vuelta à un toro « parce qu’il a été complet, au trois tiers » ? Alors, l’indulto ????

     11 Août – PUERTO SANTA MARIA – Casi lleno – Beau temps : Manolo Caballero remplace Jose Tomas, blessé la veille, à Huesca.
     Corrida importante de Jandilla, inégalement présentée et armée. La corrida est sortie noble, à part le premier, mauvais en tout. Le lot a montré de la race, mais des forces limitées, sans toutefois trébucher. Trois toros ont été magnifiques : le troisième, avec du piquant ; lre quatrième, noble à souhait ; et le cinquième, « de rêve », au point que le président n’hésita pas à décréter sa grâce.
     Paco Ojeda (Sifflets – Deux Oreilles) fut baladé par le méchant premier. Par contre, on retrouva, par moments, du « très grand Paco », dans la faena au quatrième : Longues séries très templées, enchaînements « sui generis », naturelles profondes ou à tour complet. Tuant vite, Paco Ojeda coupa deux oreilles, un peu généreuses, peut-être, mais n’oubliera pas ce toro « Pinzon », qui lui sauve une partie de la saison.
     Manolo Caballero (Grande ovation – Deux oreilles et la queue, symboliquement) a donné deux grandes séries de droitières à son premier, s’adorant par d’élégants ayudados. Hélas, le demi lame fut très tendida, et ne fit pas l’effet escompté.
     Par contre, le torero d’Albacete abandonna sa raideur et son toreo stéréotypé, face à « Frutero », le noble cinquième. Séries sur les deux mains, lentes, profondes, abandonnées. Remates précieux, soit en pecho, soit en changements de mains et adornos de classe. Le tout, au ralenti, dans un même terrain. Ovations tonitruantes et… l’événement : Manolo Caballero a indulté un toro de Jandilla, au Puerto Santa Maria.
     Eugenio de Mora (Oreille – Oreille) a lui aussi été très bien, avec deux toros différents : Un troisième, « enrazado », qu’il fallait dompter, avant de s’exprimer, artistiquement ; Un sixième, faible, qu’il fallait soutenir, jusqu à ce que le race reprenne le dessus, et que le toro charge sans hésitation. Toreo très technique, mais très esthétique, dans la longueur et le lié des passes : Mains basses, en force, devant le premier ; « Templadisimo », devant le dernier. Un triomphe mérité, pour Eugenio de Mora, dans cette Andalousie où il est toujours « bien ». 

 

DIMANCHE DANS LES RUEDOS : DE BONNES CHOSES, EN PROVINCE

     12 Août : Le dimanche a été prolixe en spectacles : Les corridas de Rejoneo des Ferias de Malaga et San Sebastian n’ont pas donné grand chose, par la faute d’un ganado de peu de race.

     A Malaga, pour la 3ème de Feria, Luis Domecq, Pablo Hermoso de Mendoza et Sergio Galan eurent toutes les peines du monde à couper une oreille, chacun, à des toros de Jodar y Ruchena, arrêtés

     San Sebastian ouvrait sa feria sur une corrida de Rejones. Devant une plaza presque pleine, les cavaliers durent batailler ferme, pour briller devant une mauvaise corrida d’Arucci. Fermin Bohorquez donna une vuelta ; Andy Cartagena et Diego Ventura coupèrent un trophée. Corrida pesante, à dure peine réveillée par les exploits personnels des trois grands cavaliers.

     A Madrid, la corrida de Monteviejo est sortie, plus « en Victorino », qu’en « Barcial ». Difficile, mais pas impossible. Le Fundi, très vilainement pris par le deuxième, s’est montré héroïque, sortant de l’infirmerie, pour toréer le dernier, et donner une grande vuelta. Confirmait son alternative, le « Cuqui de Utrera » qui a la particularité d’être totalement chauve, rasé, boule à zéro. Quelques problèmes pour accrocher la coleta ! A côté de cela, de bons détails, au toro de la cérémonie : « Cidron », 517 kgs. Par contre, le Cuqui  plia vite bagage, face au quatrième, (On inversa les tours, de façon à permettre au Fundi de se soigner et reposer, à l’infirmerie). Miguel Rodriguez eut chance nulle, au sorteo. Le Fundi souffre d’une blessure « coupante », de 10 cms, à la cuisse droite. De plus, des coups terribles, au niveau menton et oreilles droite. –

     A Barcelone, Le Cid a coupé une "bonne oreille", tandis que Vilches « forçait » un peu, deux vueltas. Les toros étaient de Loreto Charro. Le cavalier, Leonardo Hernandez, donna vuelta à son second.

     A Huesca, Ortega Cano a fait « le beau », et Conde s’est laissé aller à quelques « genialidades electricas ». La plaza était presque pleine, et les toros de Javier Perez Tabernero ont manqué de tout… surtout de cornes. La seule oreille pour Javier Conde, qui se laissa aller à des chorégraphies, gracieuses, mais un peu « électriques ». Rivera Ordoñez s’accrocha, mais, au final se montra aussi « inégal », que ses adversaires

      Du côté de Baeza, on a toréé « a gusto », Finito, Victor Puerto et Morante coupant un sac d’oreilles à une bonne corrida 3 Parladé et 3 Juan Pedro Domecq. Finito coupa le rabo du quatrième. Victor Puerto ne fit pas de détails : quatre oreilles. Quant au Morante, c’est avec trois oreilles qu’il quitté la plaza « a hombros ».

     A Pontevedra, la corrida d’Alcurrucen sortant mal, c’est Ferrera et Fandi qui ont fait le spectacle Deux oreilles, chacun, dont les deux du sixième pour un Fandi qui multiplia les exploits, aux banderilles, devant donner vuelta après avoir posé quatre paires, au sixième. Padilla a été ovationné, mais fut dépassé par les deux sympathiques "chenapans 2002"…

     Manuel Diaz « El Cordobes » semble se refaire une santé. Triomphe à Marbella, devant un lot de Villamarta, bueno. Quatre oreilles pour Manuel Diaz. Trois trophées pour Juan de Pura, tandis que Julio Aparicio cherchait vainement la gloire passée.

     En France, Juan Bautista triomphe, aux Saintes Maries, et c’est le novillo de «Gaditero » de Jesus Tabernero, qui sort vainqueur de l’intéressante novillada concours de Soustons - A Parentis, les Valdefresno ont dépassé les toreros - A Millas, Escribano triomphe, mais Fernando Cruz prend le trophée à la meilleure faena.

 

ILLUMBE, SUR LE… TOIT !
Oreille pour El Fandi et Cesar Jimenez

     13 Août : « Il les a laissés, sur le… ! » C’est là une expression bien connue, un peu triviale et légèrement vulgaire, mais qui dit bien ce qu’elle veut dire.

     Paraphrasant cette exclamation admirative, on dira simplement qu’hier, à San Sebastian, David Fandila « El Fandi », a laissé la plaza d’Illumbe, sur le...toit ! Et encore, certains « pisse froid », venus applaudir Jose Tomas, n’ont guère accepté le remplacement, et tardé à frapper entre elles « leurs menottes bagouzées », aux exploits du Granadino.

     Il faut vraiment voir ce torero, et le voir…maintenant. Encore une fois, il ne faut surtout pas s’arrêter qu’aux banderilles, où il vous renverse. Sa cape est vibrante, inventive, tourbillonnante. Des fois, cela part un peu dans tous les sens, mais la grande bonne volonté et le vibrato sont là. 
   Mais la grande surprise du Fandi, c’est sa muleta, et son intelligence, sa façon de « penser, devant le toro ». Hier, il touche le mauvais lot, mais il s’en sort magnifiquement, adaptant ses deux faenas aux qualités et défauts de l’adversaire. Toreo limpio, par séries courtes, serrées et intenses, face à son faible premier. Toreo de guerre, de bagarre, face au cinquième, court et rebrincado. Quand le toro ne charge pas… il lui rentre dedans. Mais il le fait…de verdad ! De même, les desplantes. Il n’y a pas plus moche que ces mazettes qui, à la sortie d’un pecho, font trois pas, regardent dans le rétroviseur, se refont une beauté, et quatre bonnes secondes après la passe, « plaquent » le desplante modèle 48, rectifié 69, qu’ils ont longuement étudié devant le miroir. Pas un poil ne dépasse. Que boniiiitooo !
     Rien de tout cela : A la fin d’un pecho vibrant, le toro se retourne et se retrouve devant un Fandi qui le toise, un genou à terre. Face à face ! Pile ou face ! De escalofrio !
     A suivre sa façon de toréer, avançant la muleta, tirant « de haut en bas », le faisant passer très près. Ce n’est pas « un esquisito »… c’est « un puissant », qui torée très bien. Ajoutez à cela des entrées a matar, ou à mourir, et vous avez un torero complet, terriblement sympathique, extrêmement valeureux, admirablement servi par des facultés physiques étonnantes, et une intelligence du toro, peu commune. 
     Le Fandi va révolutionner le mundillo, qu’on le veuille ou non. Il aura ses détracteurs, et ses fanatiques aveugles. Pues bien ! Pour une fois qu’il y en a un qui nous tire du ronron quotidien et des temporadas « de transition », Deo gracias ! Mais, surtout… ne vous arrêtez pas aux banderilles.
     Et tant qu’on y est, ajoutons y clairvoyance et bon « compañerismo ». Deux exemples : Cesar Jimenez va recevoir son premier, par chicuelinas au centre, a portagayola. Fandi a été se poster au burladero le plus proche, et quand Jimenez trébuche et se retrouve au sol, à découvert, qui est le premier au quite ? Un vrai quite de secours. Cela valait bien un brindis, monsieur Jimenez.
     Autre « detalle » : Au sixième, un banderillero, surpris par une violente charge du bicho, se précipite au burladero, y plonge en de donnant un gros tampon. Le Fandi l’a vu, et va prendre sa place, faisant le quite au compagnon, à la sortie des banderilles.
     Fandi est actuellement « embalado ». Il « voit » tout, réussit tout, se gagne le public, naturellement, sans esbroufe. Des défauts ? Il en aura « plein un sac » ! Bien ! Mais, à côté de ce qu’il provoque en émotion, admiration, joie de vivre… Peanuts !!!!! (ou, si vous préférez : « Des clous ! »)

     Cesar Jimenez a aussi triomphé. En fait, on a vu hier « deux » Cesar Jimenez. Et entre les deux, le cœur ne balance pas... 
     Le premier s’est montré « détestable », sorte de mignon précieux qui ne comprend pas qu’on applaudisse pas sa torchonnade au premier. Muy mal ! 
     Le second Jimenez, plus sérieux, plus classique, s’est montré grand torero, face à l’excellent dernier. Sa faena alla « a mas », et il y eut deux séries de naturelles, remarquables. Pas besoin, donc, de tous ces artifices tournicotés pour triompher. Cesar Jimenez a démontré hier, que sa voie est le Toreo classique, le toreo de toujours. Bien sûr, c’est plus difficile et plus risqué… Il faut « mandar », commander, peser, s’imposer au toro. Ainsi, on peut ensuite bien l’estoquer, presque en toute confiance. Pour le moment, on n’y est pas, et Jimenez tua fort mal, hier, à Illumbe. Cela s’arrangera. 
     Les différentes blessures et lésions des vedettes ont permis à Cesar Jimenez d’accrocher moult substitutions. Tant qu’il torée comme, hier, le sixième… qu’il soit le bienvenu !

     Cesar Rincon était là, accompagné de Felipe Lafita. Le nouveau et l’ancien propriétaires du Torreon. 
     Il était sérieux, écrivait beaucoup sur son carnet, Cesar ! Sa corrida est sortie inégale. Trois qualificatifs : Bravucona et noble ; Hélas, très limitée de forces ; Des cornes douteuses, qui « éclatèrent » beaucoup… Certes, ses toros ont tapé comme des brutes, au point que le cinquième se cassa le piton « por la cepa », mais…
     Cela doit être très dur d’être « matador-ganadero » ! Comment pense t’on ? En torero, ou en éleveur, fier et intègre ? Il aura passé une dure après midi, le maestro colombien. Discrètement installé à un burladero de callejon, « le ganadero » devait écrire ce que « le torero » aurait pu faire, avec ces toros…  Une drôle d’équation à résoudre ! Une équation qui ne pose pas de problème au "Fandi 2002"...

     12 Août – SAN SEBASTIAN (Illumbe) – 2ème de Feria – Casi lleno – Arène « heureusement » couverte. Enrique Ponce et Jose Tomas sont respectivement remplacés par Vicente Barrera et El Fandi.
    Corrida du Torreon, de Cesar Rincon, inégalement présentée, noble mais très limitée de forces. On trouvera que trop de pitones ont éclaté, soit au bois des burladeros, soit au sol. A chacun ses conclusions ! Le cinquième sortit en bolide et percuta le burladero des matadors, se cassant net la corne gauche, dans un craquement sinistre. Spectacle détestable de ce magnifique animal mutilé, tressautant sa douleur. Le toro fut remplacé par un Juan Manuel Criado, qui termina très court de charge. Dans l’ensemble, les Torreon ont poussé au cheval, tant que leurs forces le permettaient, et se sont montrés nobles, à la muleta, tant que les toreros faisaient les choses correctement. 
     Une question demeure : Le troisième était il un mauvais ? ou son matador l’a t’il rendu mauvais, en se faisant sans cesse accrocher les engaños, ne commandant rien, et gâchant ainsi sa charge ? La question aura fait l’argument de plusieurs tertulias, à n’en pas douter. Par contre, tout le monde sera d’accord sur la grande qualité du sixième. Un gran toro « de Cesar… para Cesar ! »
     Vicente Barrera (Vuelta, après pétition – Ovation) s’est monté « comme d’habitude ». Pas de surprise dans son toreo vertical, lié, sans originalité et encore moins d’émotion. Cependant, le valenciano a retrouvé le sitio et sa joie de toréer (une façon de parler!). Il tua bien le noble premier, et le public demanda l’oreille, à grands cris. Le président refusa, imposant « anti règlementairement » son logique critère à celui de la majorité. No merecia oreja Barrera ! Mais il devait la donner!
     Face au quatrième, plus haut et surtout, très armé, Barrera commença par le bas sa faena, à un toro faible et… au troisième doblon : le toro par terre. Hombre ! La suite fut une kyrielle de passes, sur les deux côtés, dont des naturelles, mécaniques, que le bon peuple applaudit… mécaniquement ! Après un final tarabiscoté, mais lié, Barrera tua très vite, et salua une ovation de gala. Bueno !
     El Fandi (Vuelta, après un avis – Oreille) a fait une grande présentation, en plaza d’Illumbe. On ne comprend pas bien pourquoi le public n’a pas demandé l’oreille de son premier. Peut-être à cause du vomito que provoqua une grosse épée contraire, après un pinchazo, applaudi. Peut-être le public lui faisait il payer la faiblesse du toro ? Peut-être… parce que ceux qui venaient pour Tomas, ne s’y retrouvaient pas, et lui refusaient « pan y sal »…Toujours est il que le Fandi fut irréprochable devant ce colorado qui se mit une méchante vuelta de campana, au sortir du lourd puyazo reçu. Le président imposa une deuxième entrée, et le toro mit du temps à se remettre. Fandi avait donné deux largas à genoux, de vibrantes véroniques, « fermant » le tout, d’une demie, les deux genoux en terre.
     Aux banderilles, un tiers « énorme » : une première paire, "de la moviola", en courant à reculons, jusqu’à la rencontre. Boum ! Toma ya ! La deuxième paire, en « double moviola », le torero partant à reculons, passant à faux, et continuant son arc de cercle dans l’autre sens, toujours à reculons, jusqu’à la rencontre finale. Net ! « Mention bien », au bac de mathématiques. Mention « génial », pour ce qui est du physique, de la vista et du courage! (Si vous ne le croyez pas, essayez de le faire, « sans toro » ! Ya !). Pour terminer, une paire « al violin », limpia, presque classique. Monterazo, Fandi !
     La faena sera au diapason du toro : Séries courtes, baissant la main, peu à peu ; toréant de très près, finissant par de grands pechos, parfois en ligne, parfois tournés sur l’épaule contraire. Au sortir d’une grande passe de poitrine, un desplante, un genou en terre, sous l’œil du toro. Terrible ! Faena terminée en allègrant le toro de deux molinetes, quatre manoletinas et un abaniqueo, sobres. Enorme pinchazo, arriba, et une entière, contraire, qui roule immédiatement le toro, avec vomito. "Incompréhensiblement", il n’y a pas de pétition, mais la vuelta sera très applaudie.
     Le cinquième, sobrero de Juan Manuel Criado, donnera lieu à un monumental tiers de banderilles. Auparavant, Fandi aura toréé par véroniques à genoux, et « quité », par lopecinas, movidas. Banderilles en mains, un gros cuarteo, bondissant sur le morrillo. Puis, un deuxième « poder à poder », avec une virevolte en pleine course, sortant de la rencontre, comme propulsé vers le ciel. Pas très beau, mais impressionnant. Enfin, la troisième, comme Ferrera : On part de l’estribo, pour un sesgo por fuera, puis, on inverse la course, on rentre por dentro, on cloue « hyper serré », « hyper réuni », et on sort en jugueteo, gagnant « à reculons » la poursuite du toro ! Tout le monde debout ! On se lève tous pour Fandi ! Chapeau bas !
    Faena de bagarre à un toro court, violent, qui décoche par en haut. Fandi essaya d’allonger la charge et faillit bien y arriver. Puis, devant les refus réitérés de l’animal… « se pego un arrimon », il se livra à un intense exercice de passes courtes, précédées de longs défis, entre les cornes. Ce ne fut jamais vulgaire, et il fit peur… au toro lui-même. Courage pur et serein, « pensant »  beaucoup devant le toro. Pinchazo, encore une fois reconnu, et une entière tendida, d’effet immédiat. Une oreille, comme un maison ! 
     A la fin de la vuelta, le torero prit une poignée du sable d’Illumbe. El Fandi est « vraiment » entré à San Sebastian, et on ne parlait plus de Jose Tomas. Pour le moment, du moins!  Asi las cosas !
    
Cesar Jimenez (Silence – Oreille, après avis) voulut recevoir son premier, par chicuelinas au centre, dès la sortie de l’animal. Résultat : deux passes, logiquement bougées et, à la troisième, le toro lui accroche la cape et le fait tomber, à découvert. Le torero « fait le mort », se sentant déjà pris au sol. Un « fou furieux » arrive , qui détourne la brute… El Fandi. 
     Cet accrochage conditionnera t’il toro et torero ? Nul ne le sait, mais la faena sera un récital de demi passes accrochées, « torchonnées », tirebouchonnées, parce sans aucun mando, rendant le toro impossible. Mal, Cesar, qui avait commencé à genoux, devant rectifier la position. Comme il n’avait rien imposé, il tua « fatal » : Pinchazo feo, un tiers de lame bas et tendido, suivi d’une entière caida et atravesada. Normal !
     Le sixième fit une sortie mesurée, ne rematant pas aux planches. Jimenez se compliqua les choses, dans un quite « multi suertes », puis le Chano banderilla « pour saluer ». La faena débuta au centre, les deux genoux en terre. Faut le faire ! Première séries de derechazos et firma, où l’on voit que le toro est « un grand toro », à la muleta. Après une autre série droitière où cette fois, Jimenez prend le toro « devant », tire en commandant sa charge et le rejette "loin derrière", le madrilène passe sur la main gauche, et va, très sérieusement, très classiquement, donner deux séries de grandes naturelles, liées au pecho. Superbe ! Là, on ne peut qu’applaudir, et très fort. Faena « a mas », du goût de tous, close d’adornos de classe, sans trop en faire. L’épée est entière, très desprendida, mais le toro tombe, tandis que sonne un avis. Pétition générale et une oreille, logiquement méritée..

 

HUESCA QUI SOURIT…MALAGA QUI GRIMACE !

     13 Août : Les ferias de Malaga et Huesca se poursuivent, et si l’une a débuté, avec un petit air de scandale, l’autre se termine enfin, dans l’euphorie.
     A Malaga, personne n’a avalé les problèmes de la corrida du samedi, les changements de corrida et les diktats du Juli. Personne, sauf Ortega Cano et Finito de Cordoba, qui ont accepté sans rechigner (certains disent « sans même être consultés ») le lot du Torero, remplaçant celui de Daniel Ruiz qu’on leur avait soustrait, samedi. Bon !  « Figuras ! », dicen ? » Le sort se chargea de faire justice, et Finito toucha le bon numéro, tandis que Juli prenait deux carnes, et finissait sous les coussins.
     A Huesca, on a pu enfin respirer. Deux toreros sont sortis a hombros, en compagnie du mayoral. S’il n’avait autant pinché, le troisième matador en aurait fait de même. Ce troisième : Sebastien Castella.

     12 Août – HUESCA – 4ème et avant dernière de Feria – ¾ de plaza : Bonne corrida de Javier Arauz de Robles, correctement présentée et de bon jeu, en général. Le meilleur fut, de loin, le quatrième, qui, en compagnie de son matador, eut le mérite de distraire le public de sa pantagruelique merienda…
     Victor Puerto (Une et deux oreilles) a fait de tout, parfois très bien. Des deux largas à genoux au premier, jusqu’à la grosse estocade portée au quatrième, le manchego s’est montré torero d’animation et de bonne  technique..
     Miguel Abellan (Ovation – Deux oreilles) a fait dans la quantité. Faena très abondante et dans tous les terrains, laborieusement. Face à son premier, s’était fait beaucoup accrocher la muleta. Un triomphe qui ne doit pas tromper.
     Sebastian Castella (Ovation- Vuelta, après un avis) se montra trop froid, devant son premier. Par contre, il toréa bien le dernier, mais trop technique, en séries courtes, qui « n’entrèrent » pas assez dans le public. Le français se fit méchamment accrocher, en fin de trasteo, ce qui le laissa en difficulté à la mort. Pincho… et dix descabellos.
     Victor Puerto, Abellan et le Mayoral sortirent a hombros.
     La feria se termine aujourd’hui, avec la corrida des cavaliers.

     12 Août – MALAGA – 4ème de Feria – Lleno : Corrida du Torero, de Salvador Domecq. Bien présentée, avec cependant, des cornes « à soupçonner ». Les 1,2 et 4ème furent les meilleurs. Le lot du Juli : impossible !
     Ortega Cano (Ovation – Sifflets) a touché les deux bons. (Si l’on regarde la carrière du cartagenero, on s’aperçoit qu’il a toujours eu une chance incroyable au sorteo). Cano fit illusion en prenant des pauses, et en donnant quelques derechazos « bien galbés » au premier. Après, cela se compliqua un peu, face au quatrième, et se termina par des pinchazos, « à la Curro ».
     Finito de Cordoba (Une oreille – Silence) toréa très bien de capote, toute la tarde. Bonne faena au toro « Hojaldrero », de 594 kgs, qui fut le plus lourd, mais très enracé et mobile. Faena « a gusto » enchaînant de grandes et pures suertes, sur les deux mains. Il insista, devant le cinquième qui s’est arrêté, et le tua mal.
     El Juli (Ovation – Ovation et sifflets) a fait tout ce qu’il a pu, pour bouger une carne mansa, et un bloc de marbre. Tant au capote qu’aux banderilles, le madrilène multiplia ses efforts, applaudis de tous. Hélas, les choses se gâtèrent au troisième tiers, et il dut renoncer, très en colère. Pour arranger le tout, il tua mal.
     Mala suerte, à Malaga, pour El Juli. Pourtant, ce ne fut pas faute de vouloir… forcer le destin !

 

MADRID : DEJA L’AUTOMNE !

     13 Août: Brrrrr! Comme s’il ne faisait pas assez froid comme cela! L’Empresa Toresma, de Madrid, vient d’annoncer les ganaderias que sortiront, bien emmitouflées, pour la prochaine feria d’Automne : Puerto San Lorenzo, Adolfo Martin et Victorino Martin. Là, cela se réchauffe d’un coup !
     Côté toreros… on ne sait presque rien, à part que Frascuelo, le vétéran chéri des madrilènes, a déjà signé son billet. Pour le reste, on peut penser qu’il doit y avoir de grosses négociations du côté « Ferrera-Fandi »…
     On verra. En attendant, couvrez-vous bien, parce que, pour le moment… c’est l’hiver !

 

DAX : « VIVA LA PEÑA PUM-PUM !!!! »
La Feria 2002 ouvre, « au soleil ».

    14 Août : C’est « la » nouvelle du jour : Enfin, le soleil ! Enfin, un bout de ciel bleu… On commençait à oublier que c’était si beau, si chaud !
     Jusqu’à quand cela va t’il durer ? Nul ne le sait, surtout pas « los de la meteo »… Donc, prenons vite notre plaisir, nos canotiers… et remontons l’Adour!

     La Feria de Dax ouvre, aujourd’hui : Une boule de feux de joie et de musique. Partout,  classiquement vêtus de blanc et rouge, ou beaucoup plus « bigarrés », les Dacquois vont vivre leurs fêtes, à fond… Oh, bien sûr, il y aura toujours quelques excès, mais, à n’en pas douter, on saura se bien tenir et fêter la grande convivialité que tout « étranger du dehors », y compris Bayonnais, ressent  à l’accueil de Dax. Ici, on est « a gusto » !
     Dans les rues, quelques curistes sursauteront parfois : Pendant six jours, le calme sera un mot « rayé du vocabulaire », mais, pour peu que le soleil accompagne, eux aussi viendront chauffer leurs bobos à la chaleur de la fiesta… Que lo pasen bien !

     Et puis… les Peñas ! On en parle beaucoup, en ce moment ! Une « grande émission populaire » (c’est ainsi que l’on dit ?) a révélé l’essence même de « l’esprit Peña », et maintenant, tout le monde rêve d’entrer dans la ronde… Cela fait « bien » ! Cela fait « In » ! 
     « Vous connaissez la Peña Pum-Pum ? Non ? Ah, mon cher, vous ne savez pas ce que vous perdez. C’est le dernier salon où l’on cause… Et... il a vraiment du chien, ce Felix ! Non, vraiment, vous ne le connaissez pas ? Il est trop !!! » Eh oui ! Les temps changent, là aussi !
     Cependant, non loin de là, les « Peñas de toujours » continuent, simplement, et vous reçoivent avec un verre, et un bon sourire. Una gozada ! Loin des sunlights et des embrassades « après castings », les Peñas de toujours chantent et boivent à l’amitié et à la fête, noble, « bien de chez nous ». Qu’elles continuent longtemps ainsi ! Quant aux autres, les téléguidées parisiennes… Poum ! Poum !! 

     Et puis, on va « parler toro, vivre toro », cinq jours durant ! Cette année encore, le Parc Théodore Denis résonnera de mille exclamations, de joie ou de rage rentrée… La vie, tout simplement. La passion, aussi, bien sûr ! « On est Dacquois, et l’on veut être les meilleurs ! » Au moins, ils le disent ouvertement, et « se le montent, seuls »…

     La Feria est toujours un grand pari ! Quelle dose de toros ? Quelle dose de « Trapio, avant tout » ? Quelle dose de « Grand cartel, avant tout » ? Dure alchimie…
     Chaque année, Dax fait le pari : Celui du toro « normal », qui permette le toreo bueno ! Ce qui n’empêche absolument pas le sérieux et l’exigence…
     A quoi sert de sortir des « montagnes de toros », si « leur type, pour charger », est beaucoup plus réduit, beaucoup plus léger ? Une récente expérience est là pour nous le rappeler. 11 Août.
     Encore une fois, cela n’empêche, ni le sérieux, ni l’exigence que l’on doit avoir… que l’on soit d’un côté ou de l’autre du tendido. C’est une dure équation à résoudre, une expérience chaque fois renouvelée, un essai qu’on tente de transformer, chaque année. Asi que… Mucha Suerte !

     Cette année, Dax vivra sa Feria Taurine, sans celui qui l’a tant de fois illuminée, et parfois sauvée : Enrique Ponce.  La torero s’est entraîné, hier, mais la fatigue est toujours là, et il vaut mieux attendre encore…Aussi, pour la corrida du 16, c’est « un styliste qui rejoindra deux stylistes »… Cesar Jimenez remplacera Ponce, et marchera entre Javier Conde, styliste baroque, et Sebastian Castella, styliste classique et délicat.
     Chaque jour, un attrait spécial : Sans aller plus loin, on attend « la grande bagarre », aujourd’hui, entre un Ferrera « ravageur », et un Juli « N°1 contesté ». A côté, Julien Lescarret devra serrer les dents, « y los machos », pour marquer son territoire. Tout cela, face aux Samuel Flores, ganaderia fétiche, qui doit un desquite à ses hôtes de toujours.
     Demain, c’est la corrida de Doña Dolores… Dire cela, c’est avoir déjà tout dit : Una corrida « seria », pour toreros en tenue de combat N°1 : Pepin Liria, Davila Miura et Rafael de Julia. Suerte !
     Le 16, corrida et toreo-champagne ! Conde, Castella, Cesar Jimenez… Si les Manolo Gonzalez le permettent… Bonjour les arabesques ! Les photographes devront prévoir de la pellicule. Mais… attention ! Seulement si les Manolo Gonzalez le permettent. On en a connus qui avaient du « picante ».
     17 Août, corrida « especial » ! Vous avez tous traduit : Qui dit « corrida spéciale » dit Victorino Martin, dont c’est le retour à Dax, en grandes pompes. Fernandez Meca, Manolo Caballero, en pleine bourre actuellement, et Juan Bautista seront au rendez vous. Très important, pour tous !
     Entre temps, on aura galopé avec les rejoneadores, le 15 au matin. Et puis, on aura rêvé d’avenir, avec le concours des novilladas non piquées, les 16, 17, et 18 au matin. Tous l’espoir de huit gosses, que suivront respectueusement, de milliers d’aficionados, et leurs enfants. El Futuro de la Fiesta.
     Et Dimanche, « la Ultima », le feu d’artifice, avant l’heure… Finito, Jose Tomas et le Morante ! Attention, ce sera « tout ou rien » : Ou ils sortent tous a hombros, et nous avec… ou Jeanne d’Arc aura des copains ! Il n’y aura pas de juste milieu… Certes, les Juan Pedro Domecq feront figure d’arbitres… mais, le challenge est « ailleurs » : dans l’esprit tortueux de ces trois indiscutables artistes du toreo d’art et de plastique.
     Vous avez dit « plastic » ? N’allez pas faire sauter la plaza pour autant ! On en a encore besoin, pour de longues années, pour de nombreuses autres ferias de Dax ! Donc… pas de « Poum! Poum ! », y…que lo pasen bien!

 

MALAGA : « HAPPY BIRTHDAY, FANDI ! 

     14 Août: Appelé pour remplacer Enrique Ponce, David Fandila est venu à Malaga, hier, fêter son 21ème anniversaire, en sortant « a hombros », une fois de plus. Tout ne fut pas parfait, d’autant que la corrida de Salvador Domecq ne valait pas un euro ! Mais le garçon a levé la plaza, avec les banderilles, et s’est accroché comme un damné, avec la muleta, au point de prendre un puntazo  dans la jambe.
     Pendant ce temps, à San Sebastian, le Juli toréait laborieusement sa troisième corrida consécutive, sans couper d’oreille. Et il n’aime pas cela… (C’est bon pour Dax !). De son côté, Manolo Caballero a coupé une oreille, sans pour autant atteindre la qualité d’un grand sobrero de Javier Perez Tabernero.

     13 Août – MALAGA – 5ème de Feria – 2/3 de plaza : La corrida du Torero, de Salvador Domecq est sortie désastreuse. Totalement décastée, et presque invalide. Seul le troisième « demanda la guerre ». Le quatrième fut noble, mais sans moteur. Pour le reste, peu d’options, même « en montant sur les toros ».
     Finito de Cordoba (Silence – Petite ovation)  a pu dessiner « de grands passages », dans sa deuxième faena : toreo de douceur et d’esthétique, mais sans continuité. Il aurait pu, peut-être, couper une oreille… pero mato mal. Son premier était un invalide « total ».
     Eugenio de Mora (Silence aux deux) se présentait à Malaga. Il se souviendra de tout ce… qu’il n’a pas pu faire. Aucune possibilité. « Desolation row ! » dirait Dylan.
     El Fandi (Une oreille, avec pétition de la seconde – Une oreille) a mis le feu aux gradins, sur deux tiers de banderilles où il a démontré qu’on peut courir en arrière, plus vite qu’en avant. Enorme banderillero. A la muleta, il batailla dur avec le troisième, compliqué. Valeur et sincérité, même si tout ne sort pas comme on le souhaiterait. Dans une naturelle, le torero prend un puntazo dans le mollet droit. Il continue, et tue comme un chef. Gros succès, avant l’infirmerie. Au retour, le Fandi arrachera une oreille au sixième, un faible, manso, détestable. Fandi mettra le vibrato que le toro n’avait pas, dans une faena un peu bousculée. Quand le toro ne charge pas, il faut « lui monter dessus », como sea !  Nouvelle sortie a hombros, et Joyeux anniversaire !

     13 Août – SAN SEBASTIAN – 3ème de Feria – Lleno – On a ouvert la verrière : La corrida n’a pas donné grande chose, car les quatre titulaires de Garcia Jimenez Hermanos sont sortis compliqués, et le sixième, franchement dangereux. Le deuxième étit un sobrero de Peña de Francia, maniable. Le quatrième s’abîma, et fut remplacé par un magnifique sobrero de Javier Perez Tabernero, qui donna un jeu excellent.
     Manolo Caballero (Silence – Une oreille) tua mal le premier, court de charge, et donnant de la tête, en tous sens. Cascade de passes vertigineuses, précédant une demie et cinq descabellos. L’Albaceteño, actuellement en forme, et « en moral », après son triomphe au Puerto, monta une « bonne faena » à l’excellent sobrero de Perez Tabernero, qui méritait… une « grande faena ». Séries templées, toreras certes, mais répétitives, raides, sans envol artistique, sans âme. Estocade tendida, bien sûr et une oreille sur les deux qu’offrait le bicho.
     Rivera Ordoñez (Silence aux deux) brilla au capote, face à son premier. Il ne trouva pas la solution, et ne se compliqua pas la vie. Larga et véroniques, un genou en terre, face au cinquième, précédent une interminable faena droitière, sans étincelle. Il tua mal. Etre « beau mec », cela aide, mais ne suffit pas.
     El Juli (Silence – Ovation) « laissa flotter les rubans », face au troisième, un playero qui cherchait la bagarre, vicieusement. Le torero porfia, sans conviction. Par contre, il attaqua fort, au sixième, posant une grande troisième paire de banderilles. Toro gazapon, sin fijeza, trottant sur le torero, regardant de tous côtés. Le Juli essaya de le bloquer, en vain. Estocade en arrière, et… troisième coup de rogne, en trois jours.
     Ce 14 Août, Caballero et Cesar Jimenez prennent les remplacements respectifs d’Enrique Ponce et Antonio Barrera, non remis de sa cornada de Barcelone. A leur côté, Pablo Hermoso de Mendoza.

 

DAX : « FERRERA ET JULI… L’AMOUR VACHE ! »
Triomphes toreros, pour la première de Feria. Ferrera "a hombros"!

     15 Août : Visages et regards satisfaits, en fin de cette première dacquoise… On avait coupé des oreilles ; Un torero était sorti a hombros, un autre « à pied », mais très applaudi ; Et enfin, « le petit jeune », avait fait mieux que se défendre. Le ciel était bleu… Donc, la vie et les femmes sont toujours aussi belles…

     Pourtant, il s’en est passé, des choses, dans et hors de la piste… et de lourd nuages d’orage ont du survoler le callejon, en plusieurs occasions.
     C’était « les retrouvailles » d’Antonio Ferrera et du Juli, depuis l’incident de Badajoz. Déjà, au patio, la poignée de mains entre les deux diestros avait été glaciale, malgré la chaleur. Il semble que le Juli avait fait dire à Ferrera, avant la corrida, de ne pas lui offrir les banderilles. Le souvenir de Badajoz trottait encore dans son esprit. Ferrera, malin et un poil cynique, passa outre et se dirigea vers le mozo du Juli, lui demandant une paire des banderilles « perso », du madrilène. Regard effaré du mozo de espadas, genre « On lui a pourtant bien dit que… ». Ferrera, avec ostentation, va vers le Juli, et l’invite, sachant très bien qu’il va refuser, et que cela déclenchera les sifflets d’une bonne partie de la plaza, ignorante de l’incident de Badajoz… « extrêmement dur ! ».

     Ferrera savait qu’il mettrait un bain au Juli, banderilles en mains, ce qui s’est vérifié, par la suite… Le refus du Madrilène fut une motivation supplémentaire, et la première faena fut un tourbillon de passes dont certaines, soudain reposées, causèrent un gros impact, sur le public. Dax faillit déborder, et tuer sa Feria, certains réclamant, d’entrée, deux oreilles, hors de propos ! Ferrera, histoire d’en mettre « une de plus » dans les dents du Juli, se paya une deuxième vuelta, au petit trop. Dans le callejon, c’était d’un sinistre… « Vaya cara ! »
     Par contre… le triomphe d’Antonio Ferrera au quatrième ne souffre d’aucune contestation : Deux oreilles qui récompensent une actuacion étincelante… dans les « quatre tiers » : Capote, en intéressant, peu à peu, un toro abanto, sin fijeza, plus intéressé par la banderolle de Ricard que par les appels des toreros. Alli estuvo sensacional, Ferrera ! – Aux banderilles, en particulier avec une paire, citée « en marchant » - A la muleta, notamment dans des naturelles monumentales, incontestables – Enfin, avec l’épée, « atracandose de toro » ! (Et ça fait « quatre tiers » !). Grand triomphe su toreo sérieux, le secret étant qu’il n’a jamais douté, et donc « donné confiance au toro », le faisant « rompre a muy bueno ! »

     Cela fut bien plus rude, pour le Juli. Le public le regardait « comme çà ! », mi admiratif, mi méprisant… Le torero ne put contrer cette indifférence que par le sérieux et la sobre technique. Cela fut bien plus laborieux, plus terne, mais il y parvint presque, parvenant à couper deux oreilles au cinquième, rattrapant presque son adversaire d’un jour, qui, pour une fois, n’était pas forcément le toro.
     Loin de son rayonnement habituel, Juli piétina, cria, multiplia les efforts et jurant, crachant, pestant contre tous, contre tout… Mais il y parvint, et son estocade, même si elle n’eut pas d’effet immédiat, a valeur de « coup de canon ». Deux oreilles pour le Juli, mais… l’orgueil, la fierté torera, « la raza »…Il y a eu quelques sifflets, et « l’autre » a coupé trois oreilles… « hors de question que je sorte « a hombros » avec lui ! » Et le Juli s’en fut, très applaudi, mais un petit sourire triste au bord des yeux…

     Entre ces deux « monstres », Julien Lescarret faisait "petit collégien qui demande s’il peut jouer aussi…"  Eh bien, Lescarret a fait beaucoup mieux que se défendre, « buscando las cosquillas » à un premier qui en aurait asphyxié plus d’un, et réussissant de grandes choses au sixième, avec intelligence et toreria. Le toro venait de quinze mètres, noble, mais au pas… (Faisait penser au toro de Rincon, en 1993). Lescarret se planta, loin, aguanta sa charge mesurée, et donna de grzandes séries, parfaitement limpias et bien rematées. Helas, l’épée fut une croix, et son puntillero, un compagnon de calvaire… Deux avis, au lieu d’une grosse oreille, pour le moins. Bien pour Julien…

     Cela ne pouvait commencer mieux : Devant des toros, corrects de présence, mais par trop brochos, qui furent bien compliqués à lidier, trois toreros ont fait assaut de verguenza et de talent… que demander de plus ?

     14 Août – DAX – 1ère de Feria – Lleno – Grand bleu : Toros de la famille Flores : Tois de Don Samuel (1,2,6èmes) et trois de Doña Agustina (3,4,5ème). Présentation volumineuse, musculeuse, avec des armures très développées, mais par dedans. Muy brochos ! Demasiado brochos ! (Faut pas croire, il y en a aussi des « ouverts, et par en haut, desarollados y astifinos, chez Samuel Flores. A que si ?). Côté comportement, la corrida est sorti traditionnellement « abanta », trottant sin fijeza, dans tout le ruedo, s’arrêtant ici, repartant par là-bas, jetant un regard au callejon (comme le quatrième). Toros difficiles à toréer de capes, difficiles à fixer, sans grandes envolées de bravoure à la pique. Des premiers tiers « de tramite », où les toreros doivent faire « précis et ferme ». (A ce sujet, le Juli a un « confianza » dont le volume des rouflaquettes est inversement proportionnel à la capacité lidiadora et à un minimum de verguenza profesional ! Eso, que es ?)
     A la muleta, les toros ont fini par « rompre », à condition de mêler « confiance et fermeté », à condition de les convaincre et leur montrer le chemin… Ce fut patent chez les quatre et cinquièmes, même si ce dernier ne se laissa jamais aller, complètement. Le premier eut de bonnes arrancadas à droite ; le sixième vint de loin, avec noblesse extrême, mais sans étincelle. Côté « carnes » : le deuxième, soso éteint, et surtout, le trois, un gazapon violent, qui voulait tout manger.

     Antonio Ferrera (Oreille et pétition de la deuxième, avec deux vueltas – Deux oreilles) a débuté en « provocateur électrique ». Après le show aux banderilles, et le défi au Juli, Ferrera toréa le premier « à cent à l’heure », mêlant à des suertes rapides, enlevées, de soudains ralentissements du plus bel effet. Faena baroque, de torero « listo », capable de bien vendre à la fois « le précieux et la pacotille ». Faena bariolée, conclue d’une entière à fond, mais desprendida. Oreille méritée, mais supplément un peu exagéré…
     Par contre, nul ne pourra contester la capacité lidiadora, l’entrain et le talent torero d’Antonio Ferrera, face au quatrième. Un toro qui sort distrait, correton, fuyard, regardant au callejon, impossible à fixer… Ferrera alla le chercher au soleil et, par petites passes par devant, très compactes, très liées, lui donna confiance et presque « le goût de charger »… Aux banderilles, une première paire extra, démarrant en marchant, simplement, n’accélérant son élan qu’au moment de la réunion. Muy torero ! La deuxième fut plus spectaculaire, avec un passage à faux volontaire, où le torero faillit glisser. Pour finir, un bon quiebro, aux barrières. Explosion dans les tendidos. La faena fut aussi une explosion, de talent, de temple, de lenteur et de lié. Bon toro, définitivement convaincu, en totale confiance, que Ferrera va bien toréer, à droite, et « formidablement toréer », à gauche : longues naturelles, profondes, la muleta enveloppant, caressant  le mufle du toro… Secondes d’éternelle toreria. Superbe ! Ferrera « se saoule » de toreo, et les gradins exultent, à l’unisson. Entrant droit et fort, une estocade, définitive, et deux oreilles qui ne souffrent d’aucune contestation. Enhorabuena, Torero !

    El Juli (Silence – Deux oreilles, après un avis et quelques protestations) a passé une dure journée. Il le savait, d’entrée. Dur journée, et dur moment pour le Juli, qui paraît « atorado », enchaînant les corridas et les voyages, les défis et les duels… En plus, si le tirage au sort s’y met aussi !
     Hier, Juli toucha un premier qui erra un moment dans le ruedo, au pas, sans but. Puis, tout à coup, un arreon, d’un bout à l’autre de la plaza, ignorant les capotes, allant prendre un refilonazo  au picador qui ne lui demandait rien… Aux banderilles et à la muleta « amago », il fit semblant de charger, déclenchant puis marquant un imperceptible temps d’arrêt, avant de réattaquer brutalement. Mélange de soseria et de vice. Le juli essaya en vain de mettre un peu d’ordre dans ce fatras, et il s’y cassa les dents. Le public suivit avec dédain une triste conclusion, en épée très verticale.
     Le cinquième lui permit le rachat, aux trois quarts… Un toro « super brocho », qui mit un temps fou à rentrer dans le jeu, ne permettant aucune réplique à Ferrera, banderilles en main. Il y eut même une première paire… dans le sable. Juli était près de sombrer. Alors, le madrilène fit parler la race, et il partit « à l’assaut ». Ce fut laborieux, peu spectaculaire au début, le torero amoncelant les suertes sur les deux côtés, sans possibilités apparentes de succès. Derechazos et naturelles se succédaient, les passes se multipliaient, les unes « limpias », les autres, accrochées, et l’on pensait que la faena allait couler, doucement. Mais… voilà le talent, la force et la technique du Juli : Le toro, peu à peu, va mettre le tête, et suivre la muleta, presque sans à coups. Des derechazos « à facettes », hâchés, tressautés, du début, on passa à des suertes beaucoup plus longues et plus coulées. Le Juli avait réussi à fabriquer une charge à ce toro. Un exploit, ratifié par une immense entrée à matar, qui aurait mérité un toro « rodao »… Hélas, cela tarda un peu, et les gradins se refroidirent un tantinet. Deux oreilles que certains protestèrent, mais une faena difficile, « loin de la dentelle », qui permet au Juli de sortir avec tous les honneurs et grande fierté torera.

     Julien Lescarret (Division, après avis – Ovation, après avis) a été bien mieux que le stipule le bilan statistique. Son premier « n’arrêtait pas », et mettait grande pression sur le torero. Le jeune français ne se désunit jamais, et le harcela, plaçant ça et là quelques bonnes passes, sur le voyage. Hélas, la conclusion fut très laborieuse, le puntillero se chargeant de rajouter moult épisodes vainement descabellés, à deux entrées a matar, compromises. Avis et la colère de certains, tandis que la majorité applaudissait, en consolation.
     Par contre, Lescarret mit tout le monde d’accord, devant le sixième. Tout le monde, dans les gradins, mais surtout dans le callejon, où maints professionnels le félicitèrent et l’encouragèrent, reconnaissant la qualité de son travail. Ce sixième venait de très loin, noblement, mais lentement… Lescarret manifesta une grande intelligence, une grande vaillance, car il fallait aguanter, rester là, et un magnifique concept du toreo classique, esthétique, sans concession à la galerie. Sa faena fut un peu longue, peut-être, et le final fut moins net. Hélas, encore une fois, l’acier fut en crise, et les efforts, réduits en cendres. Peu importe ! On sait qu’il faut couper les oreilles, « marquer des buts », mais tout aussi important est « d’avoir été « bien ! », aux yeux de tous.
     A ce sujet, Dax aurait du permettre une vuelta au jeune torero. On le sait : « Qui aime bien, châtie bien ! ». Certains doivent vraiment « aimer beaucoup » Julien Lescarret. Alla ellos!  Palante, torero !

     Ce 15 Août : La corrida de Dolores Aguirre, pour Pepin Liria – Eduardo Davila Miura et Rafael de Julia.

 

DAX : « PURO ARTE TAURINO ! »

     15 Août : Si vous avez le temps… allez donc faire un tour dans le hall de « l’Hôtel des Termes », à côté du Splendid. Vous ne pouvez pas vous tromper, c’est une immense « caisse », en verre et tubulures, dont l’intérieur ressemble « à l’idée qu’on se faisait d’Alcatraz ». (Cela dit, c’est du confort « moderne » et le personnel, en particulier du restaurant est adorable)

     Mais le propos n’est pas là : Connaissez vous la peinture de Jose Puente ? Un des plus grands à rendre la magie des « toros au campo ». Eh bien ! parmi les nombreuses expositions « d’art taurin » que la feria de Dax 2002 propose au visiteur, il en est une qui vaut vraiment, le déplacement
     C’est du Jose Puente… mais en sculpture ! Allez donc vous rendre compte, par vous mêmes. Là, le toro ressemble « vraiment » à un toro ! Là, la rigueur artistique n’a qu’un seul but : montrer le toro dans toute sa majesté, dans toute sa fiereza, dans toute sa grandeur…

     Il s’appelle JUAN CARLOS ESTRADA, il a 42 ans et il est Colombien, de Medellin. Il jouit déjà d’une certaine réputation, dans son pays. Ses œuvres sont parfaites, pour des trophées taurins.
     Il se définit Sculpteur « ambiental », c’est à dire qu’il ne veut pas que la nature souffre de son art, ou de sa technique. « Pour sculpter sur bois, il faut abattre un arbre… et ça, c’est hors de question ! »
     Aussi a t’il trouvé une technique, qui, alliée à son art et à son aficion al toro, donne des résultats stupéfiants : On dirait du bronze, on dirait du bois précieux… On se prépare à un effort surhumain, pour soulever un de ces « toros de rêve », dont plusieurs ont déjà récompensé des toreros, triomphateurs de grandes ferias, en Colombie. En fait, cela pèse « une plume », tout en ayant la solidité de l’acier.
     La technique de Juan Carlos Estrada est simple, stupéfiante, mais le résultat est au niveau de son talent : Magique !

     Du papier ! tout ce qu’il trouve : du journal, de vieilles lettres, vos prochaines déclarations d’impôts… On trempe, on fait macérer, on fait un savant mélange avec de la colle, et on laisse sécher, quinze à vingt jours. A la fin, on a …un vrai bloc, comme de la pierre, comme du bois !  Alors, parlent le talent et l’Aficion… Alors naissent les toros au campo, qui trottent ensemble, tranquillement, ou vous défient, seuls, encampanados…

     Au milieu de tant de vulgarité et de snobisme du style « mais vous n’y comprenez rien ! », les sculptures de Juan Carlos Estrada méritent un vrai détour.      Vous qui dites aimer le toro… allez donc le voir… Il est là, réduit, en papier mâché, au milieu d’un hall d’hôtel… Et pourtant, il est « toute la magie, tout le mystère, toute la beauté du toro de combat » !

Sculptures de Juan Carlos Estrada - Résidence des Thermes - Dax. A voir!

 

DANS LES AUTRES FERIAS : TOMAS EST REVENU…

     15 Août : Il faudra se rendre compte par soi-même, et Dax nous le dira, mais il semble que Jose Tomas soit revenu, totalement inspiré, totalement relâché, plus mystérieux que jamais. Hier, à Malaga, ses naturelles ont levé le public, et son retour s’est soldé par une grosse « sortie a hombros ».
     A San Sebastian, Cesar Jimenez à confirmé sa progression, et ses difficultés avec l’épée. Pablo Hermoso de Mendoza a mordu la poussière, et son cheval « Fusilero » a été blessé. Peu grave, on l’espère.
     A Gijon, Rivera Ordoñez a tout donné, coupant trois oreilles, mais c’est le Morante qui a dessiné le toreo. Malheureusement, l’épée, une fois de plus…
     Pendant ce temps, El Fandi ne se pose pas de questions, et coupe trois oreilles, près de Jaen…

    14 Août – MALAGA – 6ème de Feria – Casi lleno : Cinq toros de Nuñez del Cuvillo, inégalement présentés, mais qui ont eu, pour trois d’entre eux, de la mobilité, de la transmission. En premier lieu, un horrible manso fuyard et boiteux de La Palmosilla…
     Victor Puerto (Ovation aux deux) ne put rien faire devant le tordu, et se montra très torero, face au décasté quatrième. Hélas, il pincha trois fois.
     Jose Tomas (Une oreille et terrible bronca au président pour refuser la deuxième – Une oreille) a laissé le public, pantois d’admiration devant une première faena parfaite, où les naturelles, lentes, cadencées, données de face ou trois quarts, se sont succédées « comme à l’infini ». Sentiment et technique, réunis en un même monument. Moment émouvant de toreo parfait, d’inspiration totale. Le président fut peut-être le seul à rien ressentir, dit on ! Sa faena au cinquième fut plus laborieuse, également parsemée d’éclairs de grande classe. Il tua vite.
     Miguel Abellan (Ovation et silence) donna une longue faena « a menos », devant un troisième qui avait gardé du moteur, et de la noblesse. Par contre, le sixième était un manso, feo et gazapon, (un vilain qui marchait tout le temps, et même pas droit). Pour aranger le tout, Abellan lui mit huit pinchazos. Bufff !

     14 Août : SAN SEBASTIAN (Illumbe) – 4ème de Feria – Lleno : Corrida mixte et cartel « recomposé » : Aux côtés de Pablo Hermoso de Mendoza, Caballero et  Cesar Jimenez remplacent Enrique Ponce et Antonio Barrera.
     Pour le cavalier, deux toros du Capea, en un et quatre : compliqué, le premier ; bien meilleur le quatrième.
    Pablo Hermoso de Mendoza commença mal, passant plusieurs fois, à faux, et se faisant rouler au sol, son cheval « Fusilero » recevant une cornada interne, au ventre (On pense que ce n’est pas grave, mais il faut attendre). Hermoso revint à la charge et coupa une oreille. Par contre, il fut bien meilleur, au quatrième, dans une prestation qui alla « a mas », mais il échoua à la mort.

     Pour les toreros « à pied », quatre toros de Luis Algarra, bien présentés mais sans grand jus, excepté le troisième
    Manolo Caballero (Silence partout) resta « en dedans », devant deux toros sans classe. Faenas sans grand relief. On retiendra de bonnes véroniques, mais aussi un gros bajonazo…
    Cesar Jimenez (Une oreille, et pétition de la seconde – Ovation) débuta sa première faena par quatre changées, dans le dos, la montera posée sur les pieds (suerte ancienne). Après, ce fut une faena « de jeune », pleine d’enthousiasme et de valeur. Malheureusement, l’épée a compliqué les choses.Il fut cent fois mieux, face au dernier, qui lui avait fait un dangereux croche pattes, sur un quite « à la tafallera chicuelinée ». Faena « a mas », calme, très torera, dont le sommet se composa de deux grandes séries de naturelles, limpias, très templées. Hélas, un vilain pinchazo très bas et une épée « al rincon » mirent tout par terre…

    14 Août – GIJON – 1ère de Feria – ¾ de Plaza : Toros de Luis Algarra, nobles, mais justes de forces.
     Finito de Cordoba ne s’est pas compliqué la vie. Silence aux deux toros – Rivera Ordoñez, très aimé ici, a multiplié les efforts pour satisfaire son public : Trois largas au premier, de bonnes véroniques en tablier, et une faena très limpia. Deux oreilles. Face au cinquième, tout pour la galerie. Une oreille – Morante de la Puebla a touché le sixième, devant lequel il fut réellement majestueux. Hélas, il ne le tua pas. Silence et grande ovation.

     14 Août- BAEZA (Jaen) – Casi lleno : Bonne corrida de Guadiamar – El Cordobes et Juan Jose Padilla coupent chacun une oreille à leur premier adversaire, mais c’est, encore une fois, « El Fandi » qui met le feu à la plaza : Une et deux oreilles.

 

ET…S’ILS SORTAIENT « MOUS » A BAYONNE… ET « DURS », AU PUERTO !!!

     15 Août : On sait que le 15 Août est, traditionnellement, la date où l’on torée le plus, avec le premier dimanche de Septembre.
     Bien entendu, les grandes ferias continuent, à la tête desquelles San Sebastian, Malaga et Gijon mènent le peloton, tandis que Bilbao se prépare. En France, Dax entame sa deuxième manche, bien chauffée par les deux enfants terribles que sont Ferrera et Juli, tandis que Béziers attaque sa grande feria (Vous trouverez tous les programmes dans la rubriques « Cartels »)

     Cependant, cette année, soit par le jeu des circonstances, soit parce que mûrement préparées, deux corridas retiendront l’attention : Au Puerto Santa Maria, le Morante de la Puebla prend, seul, six toros de différents élevages. De son côté, Bayonne offre à Manolo Cabaellero de lui faire le quite, et l’Albaceteño a accepté : Six toros de Javier Perez Tabernero, tout seul, en unico espada. Ponce et Barrera indisponible, on a voulu jouer la carte du "Solo, face au danger!"
     « Ca bataille, à Bayonne ! » Vos mails et réactions l'attestent. Il y a les « pour ! »… il y a les « contre ! »… et l’immense majorité des « Bof !! ».
     "Six toros, tout seul", c’est un dur challenge. A vrai dire, c’est une corrida très « spéciale ». On va demander au torero d’avoir assez de fond et assez de registre artistique, pour aller « a mas », c’est à dire crescendo, et maintenir l’intérêt, deux heures durant. Mais il devra aussi « gérer ses efforts », de façon à « arriver au bout » ! Pas simple !
     A Bayonne… ça bataille ! Manolo Caballero n’est pas un torero de six toros. Non ! Il est torero « de douze ». C’est à dire qu’il a assez de technique et de puissance « pour s’en envoyer douze » ! Maintenant… que cela soit passionnant ? C’est une autre question…
     Loin des polémiques tournant autour de certain matador local qu’on ne trouve pas assez costaud, pour le mettre au cartel officiel, mais assez pour un remplacement…(c’est à dire, avec autant de chance de prendre un mauvais coup), on dira simplement que l’on ne peut souhaiter qu’une chose, à Bayonne et à Manolo Caballero : C’est que la corrida de Javier Perez Tabernero sorte « grande » et « dure ». Car c’est à ce prix que s’exprimeront la puissance et les autres qualités toreras du diestro d’Albacete. Parce que… si la corrida sort « sosa » ou « fofa » ! Madre mia...

     Au Puerto, c’est le contraire. Morante de la Puebla est un artiste, jusqu’au bout des ongles. Il a besoin d’un toro « normal », qui charge « normalement », et si possible « répétant, long et droit »… Alors, le sévillan pourra ouvrir le flacon des essences rares, dont Caballero a oublié jusqu’à l’existence…
     Six toros de six élevages différents… cela peut être une arme à double tranchant : Imaginons que les six se soient envoyés des mails en se mettant d’accord pour « le faire courir »…

     Alors, de tous côtés, le Señor Toro » sortira, et dictera sa loi, au début… Alors, on verra les hommes, leur valeur, et leur technique, leur talent…
     Quoiqu’il en soit… "Un respeto !"  pour ces deux hommes qui, dans quelques heures, « vont se la jouer », et plus de six fois ! Rien que cela vaut un grand coup de chapeau, cordouan ou autre ! Que haya suerte, toreros !!!

 

SUIVRE EKAITZ…

     15 Août : Vous pouvez découvrir, aujourd’hui, une nouvelle rubrique… Elle s’intitule « En suivant Ekaitz »

     Voilà ! Tout simplement, « toros 2000.com » a décidé de suivre un jeune torero, « depuis ses tout débuts » et de vivre avec lui, chacun de ses pas… chez lui, en Pays Basque, ou plus loin, à l’école Taurine de Madrid.

     Ekaitz Rodriguez a 16 ans. C’est "un gosse de chez nous", un jeune comme tous les autres, qui va au collège et bataille avec ses copains. Mais il a quelque chose de très spécial : « Il veut être torero ! » « Il va être torero ! » ou plutôt… « Il est torero ! ».

      La page vient d’ouvrir, on doit encore en faire les plâtres et la peinture… Mais si vous le voulez, entrez et allez faire la connaissance du propriétaire : Il a 16 ans… et il est torero.
     Bientôt, nous connaîtrons son quotidien, à l’Ecole taurine de Madrid... Dans quelque temps, si tout va bien, on parlera de lui, d’une autre façon, en d’autres lieux, en d’autres sites, en d’autres médias…
     Mais vous… vous saurez "pourquoi et comment" il en est arrivé là.
     Mais chttt ! Ne lui portons pas la poisse. Ouvrez donc la porte et bonne chance à vous… « en suivant Ekaitz ! »

     (Voir et cliquer, à gauche, dans la rubrique « En suivant Ekaitz »

 

MANOLO CABALLERO GAGNE « LE PARI BAYONNAIS »
L’albaceteño, en grand torero, toute la tarde.

     16 Août : Il est arrivé aux arènes, très concentré, loin de ce Caballero jovial, plaisantin, un peu « pasota » que l’on voit quelquefois, dans les « petites » occasions. Manolo Caballero savait l’importance de ce double challenge : Celui de Bayonne, et le sien.

     A Bayonne, certains râlaient franchement, d’autres haussaient les épaules, abattus ; les derniers levaient les sourcils et disaient : « Attendons ! » Et nous en étions.
     On sait que Manolo Caballero n’est pas torero de notre dévotion… sauf quand il se trouve face à un toro devant lequel il doit démontrer son « poder ». Voir Manuel Caballero faire le dandy devant des chèvres rampantes a de quoi « se couper le coleta ». Par contre, lorsqu’il y a de la race, de la force, et qu’il faut vaincre par la technique et la fermeté, alors Caballero est aux premiers rangs. La corrida d’hier était pour lui, celle de tous les dangers. La presse espagnole et le mundillo étaient aux aguets. Certes, il avait gracié un toro au Puerto, dimanche, certes, il avait coupé une grosse oreille, à San Sebastian, mais beaucoup disaient qu’il avait « laissé passer » un grand toro de Javier Perez Tabernero. Et hier, à Bayonne, il en avait six, face à lui. Par ailleurs, beaucoup commentaient le manque de « registre artistique de l’Albaceteño » : trop court pour maintenir l’intérêt du public, et aller « à mas », sur six toros. Toutes ces questions avaient de quoi faire gamberger le plus insouciant et Caballero pouvait se montrer « un peu tendu ». « Pouvoir, avec six toros ! », aucun doute la dessus. La question était de savoir : Comment ?

     Pour l’organisation Bayonnaise, c’était également un gros pari. Il y avait « la pression locale » et certaines déclarations imprudentes d’avant saison, quant à d’éventuels remplacements. Il y avait la nécéssité de maintenir le niveau du cartel décapité par l’absence de Ponce, et le retrait forcé de Barrera, qui se remet difficilement de la cornada de Barcelone. Monter un cartel « de grande classe », comme il sied à cette plaza, un 15 Août où tout le monde torée ou presque, était un gros challenge. D’où le choix de « l’événement ». Un dur pari ! Un gros challenge ! Une corrida de six toros pour un seul diestro peut être « muy pesada ». Alors, Caballero, avec six, dans une plaza où plus de 50% du public est « touriste, ou tout comme », on pouvait se poser quelques questions…

     La réponse est éclatante : Manolo Caballero, très concentré, très sérieux, et très torero, a pris les six toros de Javier Perez Tabernero, une corrida très sérieuse en tous domaines, et a triomphé, de façon incontestable. Peu importent les cinq oreilles, dont trois nous semblent seulement justifiées. Seule importe « la façon » ! Et, même s’il avait fracassé à l’épée, perdu tous les trophées au descabello, en un mot, « même s’il n’avait rien coupé », nous soutiendrions que Manolo Caballero a été « Enorme » de sérieux et de toreria, hier, 15 Août 2002, en plaza de Bayonne.
     Le plus beau est que tout le monde s’en est aperçu. Même le public a eu du talent! A preuve, l’ovation formidable, lorsque Caballero s’en vint au centre, brinder à tous le dernier toro. Une ovation d’admiration et de totale reconnaissance. Une ovation qui disait : « Chapeau, monsieur ! »
     Pas un instant d’ennui ! Pas un moment de doute : le torero donnait des ordres, rassuraient ses gens, faisant preuve d’un calme total, même quand les toros lui mirent deux terribles coladas, d’entrée de jeu. Caballero fut très bon, au capote, plaçant des quites discrets, mais impeccables, par chicuelinas ou tafalleras. A garder dans la mémoire, ses débuts de faenas, soit par le haut, soit par doblones, efficaces et élégants, très calmes. Dans le toreo fondamental, il n’abusa pas « des séries sans fin ». Il toréa toujours « juste », jouant sobriété et qualité. Muy bien ! A l’épée, toujours tendido et trasero… mais il tua très bien le troisième, et le dernier, d’un recibir « a un tiempo ».
     Seules petites concessions au public… un petit geste coquin pour demander à la présidence « alors, il n’y a pas de musique ? ».  Et la faena au dernier où, ne pouvant totalement convaincre dans le fondamental, et devant à tout prix couper les trophées, Manolo Caballero fit un peu monter la pression par des enchaînements inversés, un peu brouillons, un peu électriques. On lui pardonne bien volontiers.
     Encore une fois, le torero d’Albacete a été « vraiment bien », et tout le monde en est très heureux.

     15 Août – BAYONNE – Plaza llena – Temps ensoleillé, très agréable :
    Six toros de Javier Perez Tabernero, de présentation inégale, mais tous sérieux, soient par leur gabarit et hauteur, soit par les cornes qui « compensaient » une corpulence plus réduite. Au moral, du sérieux et de la race, à plusieurs reprises. Corrida importante, quatre toros « rompant a bueno », parce que le torero avait fait les choses correctement. Au cheval, ils poussèrent inégalement, le quatrième seul se déclarant manso. Grand tiers de piques du dernier qui poussa longuement et fort. Seul le quatrième, manso, andarin, court et « cabécéant », ne permettait rien. Au contraire, les 2, 3 et 6èmes permirent le toreo sérieux, répétant avec noblesse et force.

     Impeccablement vêtu de bleu roi et or, Manuel Caballero prit les six, sans tension, sans cette grande tâche de sueur qui change souvent la couleur du traje, au creux des reins… Pourtant, Dieu sait que l’effort fut intense et soutenu. Il se montra remarquable, au capote, toute la tarde, recevant les toros par d’amples véroniques, remarquablement rematées. A la muleta, rigueur, parsemée d’adornos du meilleur goût, sans décomposer le figure, ni entrer « dans le registre d’un autre ».

     Premier toro tardo, hésitant, court. Caballero tue d’un pinchazo hondo tendido, mais a déjà démontré qu’il vient, très concentre, très décidé. Ovation
     Le deuxième lui met une méchante colada, sur la première passe de cape. Caballero le reprit et le dompta, montrant qui était le patron. Faena très torera, avec une première série droitière, de grande classe. Final par un superbe tres en uno et une épée trasera un poil de côté. Une oreille, très méritée.
     Le troisième n’a pas la même classe. Très remuant au capote, il permettra au diestro de montrer son poder et sa technique. Faena de torero complet, sérieux et professionnel. Bonne estocade et descabello. Deux oreilles, un peu surprenantes, la deuxième étant respectueusement protestée.
     Le quatrième est le mauvais garçon, manso qui marche et cherche le sale coup. Caballero le démontra en de brefs essais sur les deux côtés, et s’en défit, dans la compréhension quasi générale. Silence.
     Le cinquième est un toro très armé, très sérieux, qui met une terrible colada au diestro, sur la première passe de cape. Caballero est obligé de tout lâcher et sauter au callejon. Bonne intervention du Niño de Belen. Ce toro était il vraiment dangereux ? Peut-être. Difficile, certainement. Caballero l’entreprit avec calme et courage, mais ne réussit pas à trouver la solution, à gauche. Dans le callejon, certain ganadero salmantino soutenait que « là était la solution ». Grande ovation après avoir un peu coincé avec l’acier.
     Manolo Caballero « devait », à tout prix, couper les oreilles du dernier, un toro sérieux, très armé, brillant au premier tiers, et venant de loin, à la muleta. On attendait une grande faena, et l’ovation au brindis général soulignait ce désir. Ce ne fut pas une grande faena ! Pourtant, elle débuta par quatre passes de grande classe, doblandose con el toro. Après une première partie sérieuse et très torera, Manolo Caballero « préféra assurer » en prenant le toro par muletazos inversés, qui chauffèrent les gradins. On aurait préféré des cites à quinze mètres, auxquels le toro aurait sûrement répondu. Final spectaculaire et un recibir, rapidement préparé et éxécuté », qui libèrent l’enthousiasme général, avec deux oreilles, logiquement généreuses.

     Grand triomphe, belle salida « a hombros », et « double pari » remporté : « celui » de Bayonne, et « celui » de Manolo Caballero. Todo bien ! Enhorabuena !

 

LES CORRIDAS DU 15 AOÛT… ABONDANCE ET TORERIA !

16 Août : Ce 15 août n’a pas dérogé à la tradition… on a toréé, pratiquement partout. Aussi c’est sous forme de Flash, plus ou moins abondants, que nous arrivent les principales noticias…

     A DAX, tout d’abord, pour la deuxième de feria, la corrida de Dolores Aguirre est sortie remarquable de présentation, brave au cheval, en général, et permettant le toréo, à condition que l’on veuille y aller… ou qu’on en soit capable. Au témoignage de plusieurs compagnons, les toreros ont été « très en-dessous » de la corrida, et le public est sorti déçu, bien convaincu que le résultat aurait pu en être tout autre, avec des diestros plus poderosos. Erreur de casting ?
     Pepin Liria ne passe plus la rampe. Certes son premier était peu clair, et le quatrième « pegaba tornillazos », mais le Liria « d’avant » les aurait pliés en quatre. Le public bouda – Davila Miura coupa la seule oreille du jour, qui fut contestée, au deuxième, un grand toro qui méritait plus qu’une seule bonne série. Manquait peut-être une pique au cinquième – Rafael de Julia n’y est plus. La corrida lui est venue « trop grande », et… comme la flamme semble éteinte, depuis un bon moment…

     A BEZIERS, devant ¾ de plaza, la première de feria a vu sortir une imposante corrida de Peralta, très bien présentée, mais qui donna un jeu fort inégal.
     Vicente Barrera n’a pas connu une bonne journée, écoutant plus d’avis que de bravos. Un et deux, respectivement – Juan Jose Padilla a mis autant d’ambiance que de bonne volonté, donnant une vuelta, à la mort de son second – C’est Victor Puerto qui coupe, au troisième, la seule oreille du jour. Actuacion de torero en pleine maturité, à la fois sérieux et « brillant ».

     A FREJUS, les toros de Villamarta sont sortis, compliqués. Denis Loré et Sebastian Castella ont chacun coupé les deux oreiles de leur second, tandis que Ruiz Manuel, le torero d’Almeria était applaudi.

     AU PUERTO SANTA MARIA, « l’autre challenge » du jour voyait le Morante de la Puebla, prendre seul six toros d’élevages différents. Devant trois quarts de plaza, le Morante fit le paseo, vêtu d’un costume vert très foncé, brodé de noir. Habillé « à l’ancienne », chaussé « de charol », portant bas blancs, le sévillan fit le paseo avec un capote « de lujo », à l’éfigie du Christ du Gran poder…      Son actuacion a été très torera, parsemée de multiples gestes d’une immense toreria. Mais le ganado « n’accompagna pas ». Seul, les deux de Santiago Domecq, lui ont permis de se relâcher, et de lier, avec profondeur et « arte ». Pour le reste, il fallut se forcer. Cependant, d’immenses détails, avec cape et muleta, et des suertes inusitées, comme largas à genoux, banderilles al quiebro. Il tua le troisième d’une bonne estocade, al encuentro, mais au troisième voyage. Le cinquième fut estoqué au recibir, un peus bas.
     En général, le Morante tua mal, ce qui n’arrangea pas le bilan général : oreille – Silence – Pétition avec grande ovation – Silence – Oreille – Applaudissements

    A SAN SEBASTIAN, on donnait la 5ème de Feria. Devant une plaza quasi pleine, et « à ciel ouvert », Jose Tomas a connu un échec retentissant, patinant devant la corrida de Garcigrance qu’il avait imposée. Totalement désorienté et un poil provocateur, Tomas tua mal et entendit deux broncas. Cela va vraiment se compliquer pour le torero de Galapagar, qui a encore reçu un léger puntazo à l’arrière du cou, au moment de tuer le cinquième – Finito a été bien, simplement, à son premier, sans passer la surmultipliée. Par contre, franchement « bien », devant le manso quatrième, qu’il a soumis et toréé fort élégamment, coupant la seule oreille du juor – Bonne tarde, sans couper, de Javier Valverde, dont le concept, très sérieux, très sobre du toreo, a du mal a rentrer dans le grand public. Cependant, la critique le reconnaît, et l’encourage. Cela viendra. Ovation aux deux, avec un avis à son premier.
     La situation de Jose Tomas devient préoccupante. Rarement un torero a suscité autant de passion, que ce soit en éloges disproportionnées, ou en haines, des plus profondes…

    A MALAGA, c’était la 7ème de feria. La corrida d’Astolfi a été vilaine et mauvaise. On a noté la grande nervosité d’Antonio Ferrera (Ovation et silence) – La volonté de Rivera, mal rematée avec l’épée (Silence et ovation) – Miguel Abellan touche le seul bon, le torée « a placer », mais manque son final, en pinchant « recibiendo » (Vuelta et silence) .

     A GIJON – 2ème de Feria – C’es encore une fois El Fandi qui fait des siennes, coupant trois oreilles et sortant a hombros, tandis qu’Espla obtient un trophée du quatrième, et Miguel Rodriguez passe, en silence. Le Rejoneador Diego Ventura coupe une oreilles. Corrida de Juan Albarran, correctement présentée et bonne, à part les deux premiers.

    A MADRID, il y avait bien peu de monde. La corrida du Sierro est sortie bien inégale. En troisième, un sobrero d’Espartaco – Fernando Robleño aurait pu couper une oreille de chacun. Le président refusa la première, l’épée fit s’évanouir la dernière. Estuvo bien – Le mexicain Ignacio Garibay entendit deux silences et prit une sérieuse voltereta, sans mal apparent – Ivan Vicente a été apprécié, pero no mato. Ovation aux deux, avec un avis au troisième.

     A SEVILLA, la corrida du Conde de la Maza, récemment disparu, est sortie très bien présentée et... très mauvaise. Seul, le troisième a permis une bonne actuacion du Cid, toréant juste et profond, classiquement, et avec personnalité. Il coupe la seule oreille du jour – Canales Rivera se bat comme un chien, se faisant applaudir –  Jose Borrero est un peu juste, devant un lot infâme. Faillit se faire écharper, en tuant son premier.

     En plaza de EL ESPINAR, près de Segovia, le Juli, qui n’a pas rempli, a coupé une oreille de chaque adversaire, mais c’est Cesar Jimenez qui triomphe fort, coupant les deux de son dernier. Paco Ojeda écoute deux silences. Les toros étaient du Pilar, et ils étaient…faibles.

 

DAX: « MAIS DONNEZ DONC UNE OREILLE « DIFFERENTE » !!!!

     17 Août : Si l’on part du principe que toréer, c’est conduire la charge d’un toro ; c’est le mener « où il ne veut pas forcément » ; c’est imposer à lui un ensemble de trajectoires curvilignes, poursuivant un leurre qu’il n’atteint jamais… Si l’on part du principe que toréer est traduire avec « sentiment », cette force, ce courage, cette technique…on peut se demander pourquoi monsieur le président et ses assesseurs n’ont pas daigné laissé tomber un mouchoir, hier, en faveur de Javier Conde. On peut également se demander pourquoi certains ont cru bon de les applaudir, pour ce refus qui rompait l’instant magique.
     Alors, bien sûr, on ne peut s’étonner qu’une oreille, parce qu’il en fallait une, ait été accordée à Cesar Jimenez, après une faena « a menos », un pinchazo et deux descabellos. Bravo, monsieur le président. Continuez donc à être bien coiffé, bien habillé, bien cravaté…Restez bien « dans la norme », continuez donc « à ne pas rêver », gardez bien votre règlement, et vos articles 18, rectifié 19 alinéa 3… No pasa nada ! Seulement, permettez nous…
     Permettez nous de vous dire que si Dax a engagé Javier Conde, c’est parce qu’il est un torero « différent » et qu’il fait un toreo « différent ». Lui qui a mis le feu à deux ferias de Malaga, pour de semblables arabesques, vous le sanctionnez, alors qu’il vient les dessiner à Dax… Hors, c’est exactement ce que l’on attendait de lui… Avouez qu’il y à de quoi se poser des questions. Avait il donc été à ce point ridicule ? N’avait il pas dominé son toro, en faisant « son toreo » ? Avait il multiplié les pinchazos, tué d’un bajonazo ?
     C’est vrai, il ne figurait pas à l’article 18, rectifié 19, alinéa 3 du code du bon président… Una lastima, no ?
    
Peut-être avez vous préféré les interminables séries assenées par un Castella sans âme ? Peut-être prépariez vous votre mouchoir, lorsqu’il brinda le cinquième au public, bien décidé… à faire la même faena qu'au deuxième ? Certes, des toros sosos… mais, peut-être fallait il un grain de folie, pour arrêter la sieste, non ? Peut-être et certainement, vous avez préféré les faenas de Cesar Jimenez, exactement les mêmes qu’hier et avant-hier… Ces mêmes faenas qu’on lui sifflera, demain. Pues bien !
     Enfin !!!  On gardera le souvenir d’un moment magique, qui retint l’attention de tous, avec des expressions du style « Mais qu’est ce qu’il nous fait ? » à « Génial, il est en train de danser le toreo ! », en passant par « Il a fumé la moquette ou quoi ? ». Et dans le callejon, un ami photographe, féru de flamenco, de déclarer, catégorique : « Si c’est cela, vive le cannabis ! »
     Formidable, inoubliable moment, que ces sept minutes de « danse avec le toro » ! Ceux qui n’ont rien ressenti peuvent  retourner au Macdo…. Con perdon !

     Conde a « dansé le toreo », a soupiré de lentes arabesques, faisant d’un toro de 506 kgs, normalement monté, un véritable complice, qui entra totalement dans sa dramaturgie, lui laissant le temps de préparer ses suertes, et de les clore, en arcs en ciel de génie… Le toro a vraiment eu du talent, lui aussi ! 
     La bonne demie, après pinchazo, n’interdisait aucun trophée, de même que la scénographie accompagnant la longue agonie du bicho. On a vu bien pire, bien plus fade, bien plus long… Si o no ?
     Faena « différente », d’un torero « différent », qui méritait une oreille « différente », ou peut-être… un président « différent » ! Dommage !

     Autre satisfaction : la présentation des « Manolo Gonzalez and Co » :  robes précieuses, cornes de respect, sorties majestueuses. Pourtant, ce n’était pas des autobus, mais de vraies Cadillac. Après, les moteurs ont eu quelques ratés, d’accord ! Mais on pardonne tout… à des Cadillac ! Tout simplement parce qu’elles sont « différentes ». Pas vrai, monsieur le président ?

     16 Août – DAX – 3ème de Feria – Lleno et grand beau temps – Plaza preciosa :
     Quatre toros de Socorro Sanchez Dalp et deux Manolo Gonzalez (5 et 6èmes). Le deuxième, un petit mais bien armé colorado, précieux, de San Miguel (3ème fer de la casa) a été protesté pour une blessure au bas du flanc gauche, puis rentré, pour faiblesse, (sans savoir si cette cause avait fait cet effet).  
     Les toros de Gonzalez ont fait de spectaculaires sorties, faisant apprécier de belles robes allant du chorreado au castaño oscuro, passant par un burraco foncé, pour terminer par un « noir de geai », magnifique. Côté pitones, c’était plutôt du sérieux, virant à « très pointu », comme l’astifinisimo quatrième. Deux aiguilles ! Corrida qui a fait son boulot au cheval, la plupart attaquant fort, et poussant, fijos, sous la trop longue première et seule pique administrée. On n’en sortira pas ! A la muleta, un peu de faiblesse, un peu de soseria, pas assez de piquant, pas assez de moteur. Le lot de Castella méritait qu’on le secoue un peu. Seul le quatrième a dit « non ! »
    Javier Conde (Grosse pétition et deux vueltas – Division) n’a pu toréer de cape un premier qui sortit « suelto » de chaque essai…Un toro qui changea à la muleta, partant noble, et terminant noblissimme ! Il faut dire qu’entre temps, ce toro fut subjugué par la faena de Javier Conde. Et cette faena, véritable ode à l’inspiration « taurino flamenca », débuta par trois passes dont un « pecho caresse », qui dominèrent la bête, et ouvrirent le flacon de tous les parfums d’Andalousie. Alors, le regard noir, le menton perdu dans le jabot de la chemise torera, Javier Conde  va entonner le « Cante Jondo » du toreo… Peu importe le temps qui passe, peu importent les kleenex du président… le torero est seul, il avance et creuse les reins, son bras s’élève, pour attirer l’attention des dieux « Silence, là haut! on torée, en bas ! » Après une longue préparation, la muleta embrasse le toro, l’enveloppe et le guide jusqu’au bout du voyage parfumé. De longs muletazos, compas très ouvert (trop ouvert), puis des passes plus courtes, plus marchées, comme murmurées, le temps prenant la pause. On est ailleurs, essayant de rejoindre cet artiste « différent »… Faena courte, mais d’une totale intensité artistique. Un pinchazo nous ramène à terre, suivi d’une demi lame, très honorable. Le toro mettra du temps à tomber, mais loin de permettre la terrible « ronde de peones », Javier Conde improvisa un dernier ballet, celui de « la mort del toro bueno ». Cela lui valut un avis. Pues bien ! Le triste vint ensuite : Beaucoup ont ressenti « algo », dans l’échine, au cours de cette faena... D’autres, non ! Parmi eux, le président et ses acolytes ! Article 18, rectifié 19, alinéa 3…. Pas d’oreille ! Du coup, les deux vueltas de Conde furent, à elles seules, tout un spectacle…
     Le quatrième était très armé et « de mala uva » : court, la tête à mi hauteur… Conde essaya, un peu, de lui construire une charge. Mais, rapidement on sut que l’entreprise serait veine, d’autant que la conviction semblait boiteuse. Oublié, les reins cambrés et les regards de braise. Pour arranger le tout, quelques « olé » moqueurs tombèrent des gradins. Se acabo ! Vilain metisaca, vilain pinchazo et vilain bajonazo. Ya !
     Sebastian Castella (silence – silence) a semblé « flotter » toute la tarde. Certes, il touche deux toros sosos, sans définition: un sobrero de Sanchez Dalp, guapisimo, brave sous la pique, et un cinquième, castaño de Manolo Gonzalez, qui, lui aussi démarra bien. Allez donc savoir pourquoi ? Pas un quite ! Un toreo mécanique, répétitif, comme sans âme, sans feu… Pas d’inspiration, pas de « transpiration » !  Una siesta !
     Cesar Jimenez (Ovation – Une oreille, avec avis) a été formidable avec la cape : réceptions qui accrochent le toro, le fixent, le ramènent à soi, et un festival de véroniques, chargeant la suerte, sans forcer, laissant tomber les bras, jouant des poignets… superbe ! Et, pour la bonne bouche, des demies « sculpturales », doublées d’aériennes reboleras. De grand luxe !  Au quite, on chicueline au troisième, et on farolise à l’envers, au sixième. Très, très bien. Première faena, débutée par six derechazos à genoux, plein centre. Olé ! Ensuite, cela va partir un peu dans tous les sens, au gré de la soseria et faiblesse du toro. On retiendra quelques passes de face, et surtout, un gros volapié, le meilleur de la tarde, et peut-être, de la feria.
     Jimenez ouvrit sa dernière faena par trois passes changées, dans le dos, en forçant beaucoup la position, puis continua, liant plusieurs séries de droitières inégales, closes de bons pechos. Impression de suprême facilité, de grande toreria. Pourtant, un faena qui alla « a menos », et se termina d’un pinchazo, une bonne entière et deux descabellos. Comme il fallait une oreille pour sortir de la douce léthargie, ce fut Cesar qui la coupa… Pues bien !
     L’article 18, rectifié 19, alinéa 3… sans doute !

 

LES « FERIAS » DU 16 AOÛT…

     17 Août : Les ferias ont continué, du côté de Malaga, San Sebastian et Béziers. A noter la corrida très encastée, de Chafik, en plaza d’Illumbe, tandis que Jose Tomas tuait très mal, en plaza de Malaga. Du côté de Béziers, le Juli toucha un bon Parladé, à l’inverse de Juan Bautista, maudit au sorteo.

     16 Août – SANS SEBASTIAN – 6ème de Feria – Près de ¾ de plaza : Corrida très intéressante, parce que très enracée de San Martin. Un lot de présentation moyenne et de cornamenta réduite, mais pointue. Santacolomeños, avec du moteur et des idées. Corrida dure pour les toreros, et passionnante, pour l’aficionado.
     Fernandez Meca (Silence – Ovation)  a pâti du peu de connaissance du public, face à ces « toros poison ». Son premier semblait petit, mais fit un  combat de hargne et de caste, « remontant » au troisième tiers, obligeant le torero a combattre « en force », le corps courbé, la muleta « en avant », sans le douter un instant. Pas beau, peut-être, mais de grand mérite. Le quatrième n’avait pas grand chose à offrir, et le trasteo alla « a menos ».
    Davila Miura (Oreille – Ovation) donna des séries très templées au deuxième, dont la charge suavona, lui permit une faena très liée. Le cinquième fut très brave au cheval. Faena droitière, liée, jusqu’à un malencontreux désarmé. Davila Miura tua mal, sans cacher quelque crainte.
     Javier Castaño (Ovation, après avis – Une oreille) semble remonter la pente. On lui trouve plus de fermeté dans son toréo, et une tête « plus claire ». Alliés à son courage naturel, ces deux éléments ont eu pour résultats des faenas plus compactes, mieux construites. Le troisième transmettait beaucoup, le mufle au ras du sable. Castaño fut très bien, jusqu’à un désarmé qui coupa un peu son élan. Le sixième baissa de ton, et le salmantino lui « monta dessus », arrachant les passes, une à une, mais sans ennuyer le monde. Oreille et actuacion importantes.

     16 Août – MALAGA – 8ème de Feria – Plein : Quatre toros de Zalduendo et deux de Martelilla (4 et 5èmes), terciados et maniables, à divers degrés.
    Fernando Camara (Deux vueltas, après intense pétition – Une Oreille) remplaçait Paco Ojeda, qui avait envoyé un certificat médical (Poignet blessé ? ou toros changés). Il s’est montré grand torero classique, très sérieux, liant de grandes passes, en séries très templées, mains basses. Il y eut d’excellents naturelles à son premier, dont le président refusa d’accorder l’oreille, malgré une grosse pétition du public. Le quatrième était manso, mais le malagueño s’imposa, dessinant encore une fois de grandes passes, main gauche.
     Jose Tomas (2 avis, et ovation – Ovation) a reçu, en fin de paseo, le trophée de « l’Estoque de Oro », récompensant le triomphateur de la Feria 2000 (absent en 2001, pour cause de blessure). Il fit peu d’honneur à ce symbole, car toréant bien, quoique irrégulièrement, son premier, mais tuant vraiment, en catastrophe. Faillit entendre les trois avis. Par contre, de bons détails, face au cinquième, mais une faena qui partit « a menos » et se termina mal, encore une fois, épée en main.
     Morante de la Puebla (Silence – Silence) toucha deux carnes, mais ne se motiva guère, se contentant de quelques détails au sixième.

     16 Août – BEZIERS – 2ème corrida de Feria – Plein : Cinq toros de Parladé, inégaux de présentation, noble, mais faibles. En sixième, un sobrero de Peralta, violent
    Manolo Caballero (Oreille - Ovation, après un avis) toréa bien son premier, un toro noble, très justes de forces. Faena à mi hauteur, en douceur, donnant du champ, laissant respirer le toro . Estocade desprendida et un trophée, logique. Le quatrième, faible, lui aussi, permit à l’albaceteño une faena templée, avec de bonnes naturelles et des fioritures inhabituelles, tel ce desplante « en jetant tout ». Hélas, Caballero tua mal et perdit un possible trophée, à cause de cinq descabellos.
     El Juli (Ovation – Deux oreilles) ne put faire grand chose avec le deuxième qui s’affala lorsque le torero « l’obligea » un peu. Juli avait été correct avec cape et banderilles. Le cinquième, par contre, lui permit une bonne faena, très calme, très liée, coupant deux oreilles après un pinchazo et une demi épée.
     Juan Bautista (Palmas – Silence) a connu la poisse au sorteo : Rien à faire devant le troisième bis, qu’il avait bien reçu en véroniques, pieds joints. Il l’estoqua d’un demie, caidilla. Le sixième se révéla manso, court, tobillero. Bautista ne put rien, et tua mal. A voir si « on rectifie », et si la chance sourit, ce samedi, avec les Victorinos de Dax

 

DAX : DES ROSES... POUR VICTORINO!
Corrida triomphale, avec des « mais ! » et des « pourtant ! »

    18 Août : Un peu caché par le public, debout, et les copains du callejon, je ne peux jurer avoir bien vu un geste très torero, très « chevaleresque » et spontané, de Victorino Martin père, ganadero triomphateur de cette feria de Dax, comme il l’est de presque toutes les ferias où il affiche ses toros : A la fin de sa vuelta triomphale, au quatrième, Fernandez Meca, qui sait y faire, fit saluer le ganadero et son fils, sagement assis à une delantera, et leur lança un bouquet de roses (à moins que ce fut des œillets) que don Victorino se mit à distribuer à la cantonade.

 Je ne jurerais pas, mais il me semble que cela s’est passé ainsi. Et si cela ne fut pas, ça aurait mérité de l’être. Y olé ! Comme quoi, on peut être du fin fond de l’extrémadure, et être galant homme et grand seigneur. Y "re olé !"

     Pour le reste, les yeux grands ouverts, bien aidés par le zoom photographique, et le champ bien dégagé, je vais me lancer dans une reseña « muy dificil », pleine de « il me semble que », qui n’engage que moi, mais qui aura l’avantage de faire réfléchir... peut-être.
     Elle se résume en quatre « sentiments », très personnels, très respectueux, et…très aficionados !     
     Un : J’ai vu, hier, une grande corrida de Victorino Martin, qui à su compenser par une grande noblesse, encastée ou plus « douce », une présentation réduite, et une bravoure plus spectaculaire que réelle.
     Deux : J’ai vu un Fernandez Meca, qui «vend » très bien ses actuaciones face aux Victorinos, surtout au premier tiers, et qui en fait même un peu trop. Stéphane, qui avait cruel besoin d’un triomphe, a mis « deux grosses faenas », en puissance, baissant beaucoup la main, tirant fort… mais sans cette grande variété que méritaient ces toros, une fois réduits. Par contre, on soulignera le total mérite de ses estocades recibiendo, y compris avec pinchazos et metisaca.
     Trois : « Il m’a semblé » que les deux faenas du jour, l’une parce que très technique et très courageuse ; l’autre parce que monumentale d’esthétique, de lenteur et de grande toreria, ont porté la signature de Manolo Caballero. Malheureusement, le public ne l’a pas vu ainsi, ou, amoureux de Meca… n’a pas voulu le voir ainsi.
     Quatre : Juan Bautista, vilainement cueilli d’entrée, a parfaitement joué sa carte, tuant bien le plus fade, et toréant superbement le dernier.

     Allons-y donc, « con el Point N° 1 » :  Victorino Martin sort, cette année, des toros beaucoup plus bas, beaucoup plus réduits, que par le passé. Cela s’est vu à Mont de Marsan, cela s’est vérifié, hier. "Con perdon", la corrida d’hier avait moins « de caisse », que les novilladas de Juillet, à Bayonne et Mont de Marsan. Pero bueno ! Les toros sortent fins, agalgados, mais sérieux et toujours intéressants. Des toros « spéciaux »… qui reçoivent, de la part du tendido, un traitement « autre », plus admiratif, plus tolérant… Je ne suis pas sûr que « sous un autre nom », la corrida d’hier eût connu un tel triomphe.
     On a donné vuelta à deux toros. Bien ! Mais pour nobles et encastés qu’ont été « Misivo » et « Montonero », on ne peut pas dire qu’ils ont été « complètement complets »… Le premier doit son succès au fait qu’il vient facilement, mais au petit trot, de loin et de très loin, au cheval, mais « dans le puyazo », on ne peut pas dire qu’il fixe, met les reins et pousse longuement. Quant au quatrième, il vient aussi de loin, mais pour deux puyacitos très courts, et à la troisième charge, « de très très loin », escarba (il gratte le sol), hume le sable, et s’arrête en chemin… Mais, comme ces lointaines envolées sont « bien vendues » et suscitent de grandes ovations d’un public qui n’attend que ça, on regarde moins le toro « dans le puyazo ».
     Alors, bien sûr, on dira :  « Vous n’êtes jamais content, vous râlez sur les monopiques interminables, et vous râlez contre quatre piques données « dans les règles »... Non ! Je dis que dans un puyazo, on doit quand même donner le temps au toro de démontrer qu’il est vraiment brave, et non pas le porter au nues, seulement parce qu’il est venu de dix mètres.

     Point Deux : Stéphane Fernandez Meca est vraiment un spécialiste des Victorinos. Il avait dramatiquement besoin de ce triomphe, et on en est vraiment heureux pour lui. Reste un doute : Cette propension à faire briller exagérément et systématiquement les premiers tiers, par ce que l’on sait que l’on se gagne ainsi le public, et parce que l’on sait que l’on est « un peu court » (de registre, mais non de valeur), à la muleta. No sé ! Face à deux toros, très encastés, le français à tiré des dizaines et des dizaines de passes, intenses, longues, tirées « main basse ». Muy bueno ! Mais ces toros méritaient peut-être, en fin de trasteo, plus de  variété, qui « aussi » pouvait traduire domination et toreria. Quand on voit la faena de Caballero au cinquième, un tout autre toro, on se prend à penser que Meca l’aurait toréé exactement de la même façon que les premier et quatrième… Mais je me trompe sûrement… 
     Donner au public « ce qu’il veut » est aussi « être torero » ! Meca, qui l’aurait fait de toutes façons, répondit à la demande du tendido « a recibir ! » Cette façon de tuer, on le sait est très risquée, puisque le toro vient sur le matador qui l’attend. Sa tête, et donc ses cornes, ont eu le temps d’arriver à hauteur de poitrine. (Le toro arme son coup de corne, de bas en haut, en démarrant. Al volapié, on lui gagne un temps, et la tête est « en bas. Al recibir, la tête est « en haut »). Enorme mérite de Fernandez Meca de répéter la suerte, jusqu’à la consommer parfaitement. Toreria  y cojones !
     Maintenant, je n’ai pas aimé le fait de « remettre un quite », au premier toro, pour « effacer » celui de Bautista, qui venait de se faire sérieusement accrocher (ce qui lui a valu un rafistolage de la taleguilla, sponsorisé par « Pampers »). Ce « pique » au quite était superflu, même s’il s’est inquiété de la santé de son jeune concurrent, avant d’y aller par chicuelinas. Mais, dans le feu de l’action…bueno !

     Point trois : « Il m’a semblé » que Dax et une partie de son public, n’ont pas voulu apprécier les deux faenas de Caballero. Pourtant, l’albaceteño a été colossal, hier, face à deux toros différents. Et Dieu sait qu’il n’est pas torero de notre dévotion ! Sa première faena a été longue, interminable. Mais ce toro, qui débuta « chat griffeur », termina « presque toutou », parce qu’un torero se l’est jouée, malgré l’impatience hostile des gradins, et a fini par « rester là », quand le toro avait passé son temps a essayer de l’en déloger… Caballero a été technique et vaillantissimme ! Très torero ! Dax ne l’a pas vu ainsi, tout comme elle a poliment applaudi de formidables passages, face au cinquième : Faena remarquable de lenteur, de toreria, de plastique, et parfois de total abandon… face à un Victorino, « noble mais Victorino ». Alli estuvo cumbre ! Tuant vite et sincère, Caballero méritait deux oreilles « como una casa » ! Ce n’est « que » mon sentiment…

     Point quatre : Souligner le grand mérite de Juan Bautista, que l’on sait « en heures un peu basses », comme c’est arrivé à tous le toreros… Jalabert prenait les Victorino, pour la première fois, et il a passé avec brio cet examen. Le sort n’a pas été juste avec lui, en dirigeant de travers, la grosse estocade portée au sixième. Nous parlerions aujourd’hui d’une seconde sortie a hombros…

     En fait, dans la rétine, j’ai quatre sorties a hombros : Celle de Meca, indiscutable ; celle de Caballero, pour les raisons exposées ; celle de Juan Bautista, s’il n’y avait pas eu ce « coquiiiin de sort ! » ; et celle du ganadero, plus pour la noblesse et la caste de ses toros, que pour leur réelle bravoure et leur présentation.
     « Alors - me direz vous- pourquoi tu râles ? » Hombre...

    17 Août – DAX – 4ème corrida de Feria – Casi lleno – Grand bleu :
     Toros de Victorino Martin, très inégaux de présentation et de « romana » : 484, 468, 513, 490, 482 et 496 kgs. Bas et armés diversement. Le plus beau : le quatrième, cardeno claro. Sorties avec beaucoup de tonus, sauf le troisième, au pas, sans se presser. Ce toro fit illusion en prenant un gros puyazo, poussant fort et droit, sur cinq mètres. En fait, codicia et bravoure « de défense », car à la deuxième… salio suelto. Très spectaculaires tiers de piques des deux toros de Fernandez Meca, plus intenses dans leurs préparations, que leur réelle exécution (voir point un). Deux toros d’une caste incontestable, d’une noblesse enracée, qui répétaient et pouvaient asphyxier le muletero. Tous ces éléments ajoutés firent que le public demanda et obtint les vueltas daux dépouilles de « Misivo », le premier, et de son compagnon quatrième, « Montonero ». Dangereux parce que court et avisé, le deuxième. Noble mais « muy soso », le trois. Nobles terminant pastueños, les deux derniers. A la fin de la corrida, le Mayoral de Victorino, Modesto Baile, sortit a hombros, en compagnie du triomphateur de la journée.

     Stéphane Fernandez Meca (Deux oreilles – Oreille, après un vis) a remporté un énorme triomphe, sortant « a volandas » par la grande porte, et continuant ainsi, jusqu’à l’hôtel) Deux faenas sur le même patron, répondant à la caste, par la caste, tirant à fond, main très basse, de longs muletazos, fermant ses séries par de gros pechos, souvent doublés, voire triplés. Poderoso, prenant la charge « loin devant », et la tirant, « loin derrière ». La silhouette est un peu  « forcée » et ce n’est pas de la dentelle, mais cela soulève de gros olés, aussi longs que chaque passe. Il y eut d’intenses moments, tant à droite que sur main gauche. Estocade recibiendo,  après pinchazo, pour tuer le premier. Après longue et belle préparation, il portera trois récibir au quatrième : Un vilain metisaca ; une demie atravesada « contraire » ; et une casi entera, parfaite. La longue et noble agonie de l’animal mit la chair de poule. Elle fut une des clefs de l’apothéose.

     Manolo Caballero (Division, après avis – Une oreille, après avis) a été discret et facile capotero. Son premier toro avait « plus que peligro sordo » : regardant beaucoup, calculant sa charge, passant sèchement, mais tirant des coups « à mi mollet », se retournant sec, ou s’arrêtant dans le troisième charge… Un vrai chat qui griffe ! Caballero s’attela à le dompter, à lui faire accepter la muleta et la présence de son corps. Ce fut long, interminable, et des quolibets injurieux le firent hocher de la tête, d’un air navré. Mais ils eurent aussi pour effet de lui faire gagner son propre challenge : « réussir à le faire passer, et lui donner une série complète, sur chaque côté ». Ce fut difficile, fastidieux. Il faillit renoncer, mais à la fin y parvint : Une grande série de naturelles, taille enfin redressée, suivie de « la même », à droite, clôturée de grands pechos, libérateurs. Estocade entière et mort spectaculaire, enrazada, du toro enfin vaincu. Tout le monde ne le vit pas ainsi.
     Face au noble cinquième, Manolo Caballero débuta sous quelques lazzis, style « v’la qu’il recommence ! » De fait, la faena va vite prendre un côté « grand seigneur », le torero finissant par toréer, totalement vertical, la main et la muleta tombant, parfaitement relachées, tirant le bicho en de longues passes parfaitement templées, au ralenti. Enorme faena de Manuel Caballero, close d’une bonne entière, trasera, moins tendida que de coutume. Une seule oreille. Oooh ! Grande actuacion qui remate ainsi une formidable semaine : Un toro grâcié au Puerto ; six, muy bien, à Bayonne ; et cette actuacion de Dax, face à deux Victorinos différents. Actuellement « embalado », Caballero va faire une grande fin de saison. En dépit d’un manque d’appui de partie de la plaza, Manolo Caballero a été « en grand torero », hier, à Dax.

     Juan Bautista (Ovation – Une oreille, après un avis) a, d’entrée, senti la différence de charge des Victorinos, puisqu’il les affrontait pour la première fois : vilaine cogida, pris et repris au sol, en voulant prendre son quite, face au premier toro. On a craint, un instant, une cornada. Jalabert reviendra, le costume drôlement rafistolé, et se montrera très torero, très appliqué, toute la tarde.
     Son premier fut « le triste » de la corrida : soso, sans aucune transmission. La faena fut correcte, mais un peu grise, du fait du bicho. Par contre, l’estoconazo fut  « de categoria » et tua immédiatement.
     Bonne faena « a mas », devant le sixième, brindé au peintre Loren et son épouse. Faena débutée classiquement, sans grands éclats. Puis, un « pico ! » tombé du gradin « hérissa » le torero. Pico ? Tiens, tu vas voir… Et tombèrent alors trois naturelles, de face, muy buenas… La faena, ensuite, devint un récital, Jalabert oubliant sa naturelle froideur, toréant magnifiquement à gauche, et rematant par de grandes passes de poitrine. Voulant bien conclure le tout, et couper les oreilles dont il avait besoin, Jalabert rentra comme un fou, avec l’épée, pour une entière…atravesada et transperçante. Geste de désespoir, que le public sut consoler, bien convaincu qu’il n’y avait là aucune préméditation. L’épée qui suivit fut nette et sans bavure… mais Juan Bautista avait perdu dans l’affaire, une oreille sur deux, et la salida « a hombros ».

     La corrida de Victorino Martin s’est terminée en une apothéose, que l’on souhaite voir se répéter ce soir, pour la dernière de feria : Toros de Juan Pedro Domecq, pour Finito de Cordoba, Jose Tomas et Morante de la Puebla. Tout ou rien ! « Pinceladas », ou monument « del arte torero » ! Bonne chance à tous !  

 

DANS LES AUTRES PLAZAS : GRANDES « ACTUACIONES TORERAS ! »

     18 Août : Les ferias se poursuivent, certaines atteignant leurs derniers élans, comme Malaga, d’autre allumant leurs premiers feux, comme Bilbao. La temporada se poursuit, semée de ses sourires de triomphe, et des ses larmes, de tristesse  ou de colère. Asi es la vida ! Asi es el Toreo ! 
     Hier, à San Sebastian, le Juli a donné son « énième coup de rein », aiguillonné par un Abellan ambitieux - A Malaga, les toreros se sont joués la peau devant une « demi corrida » d’Ana Romero – Castella est sorti a hombros de sa plaza de Béziers, et Fandi en fit de même, à Ciudad Real – A Gijon, les Zalduendo sont sortis minuscules, mais pleins de verve, et du côté de Huelva, on a gracié un toro de Cuadri.

     17 Août – SAN SEBASTIAN (Illumbe) – 7ème de Feria – Casi lleno :
     Corrida de Santiago Domecq. Le premier, magnifique burraco, est rentré, à cause de sa faiblesse. Remplacé par un Jevier Perez Tabernero. Corrida très inégale de présence : trois bas et râblés, et trois, plus cuajados. Malheureusement, le dénominateur commun en fut le manque de forces. La corrida se traîna lamentablement jusqu’au cinquième, où il y eut "un pique" entre Abellan et Juli. Aux chicuelinas de son collègue, Juli alla s'opposer par des gaoneras très serrées. Piqué au vif, Abellan vint répliquer par d’autres gaoneras, moins serrées, mais plus « limpias ». La guerre était déclarée…
     Eugenio de Mora entendit deux silences. Rien à faire devant un premier sobrero, sans fond. Quant au quatrième, il s’arrêta, d’entrée. Malchance !
     Miguel Abellan (Vuelta un peu forcée – Une oreille) s’appliqua devant un premier toro qu’il ne fallait pas bousculer. Faena propre, toréant sur les deux mains, profitant intelligemment des quelques ressources du bicho. Face au cinquième, trois séries droitières, bien dessinées, et quelques naturelles, tirées main très basse, transmettant beaucoup. Le public étant « avec lui », Abellan coupa « une grande oreille », ne serait-ce que pour enfoncer un peu plus « la vedette ».
     El Juli (Silence – Deux oreilles) avait supporté le gros scandale provoqué par l’invalide troisième. Le toro ne fut pas changé et le diestro le toréa, d’un air las. « Il n’était pas là ! ».
     Par contre, le duel au quites et la victoire provisoire d’Abellan, le réveillèrent tout à fait face au sixième, du nom de « Melopea » : Juli alla s’agenouiller « a porta gayola », et ne lâcha plus le public. Il banderilla « à fond », et « rentra dans le toro », muleta en main. Faena importante, en deux phases : séries larges, au début, puis, le toro s’arrêtant, il se mit dessus et fit peur à tout le monde, en sortant, une à une, d’invraisemblables passes. Pour terminer, une estocade, en force, un peu tombée… et voilà ! 

    17 Août – MALAGA – 8ème de Feria – ½ Arène :
    Corrida de Ana Romero, clairement définie en « trois bons », et « trois carnes ». Les trois premiers, en Santacoloma, bas, encastés, très mobiles, ont permis de grandes chose. Les trois restants, bastos et décastés, ont fait peur à tout le monde, surtout au public.
     Fernando Camara (Ovation et Silence) a encore séduit le public par la pureté sde son toreo classique, profond, sans fioritures. Grandes naturelles au premier dont il perdit une oreille, à cause de l’épée. Face au quatrième, rajado… a matarlo !
     Pepin Liria (Oreille – Silence) reçut son premier par deux largas. On le vit « a gusto », devant un toro de classe, qui lui permit de toréer « relâché », accompagnant bien la charge du noble animal. Par contre, le cinquième était un « buey » de 636 kgs, dangereux, donnant des coups de tête partout, surtout où il ne faut pas !  Il s’en défit rapidement. Non, mais…
     Jose Luis Moreno (Ovation et silence) a, encore une fois, été « énorme », face au troisième : Grandes véroniques et une faena de grande profondeur, liant des muletazos sans fin. Hélas, pour changer, il perdit tout, à l’épée.
     Par contre, le public suivit, complètement effrayé, son combat devant le sixième : Très haut, très grand, très long… du toro, partout ! Armé très pointu, et très méchant. "Una prenda", qui portait le nom de « Coronel ». Jose Luis Moreno l’affronta, bravement, mais sans espoir de succès.

     17 Août – BEZIERS – 3ème corrida de Feria – Plaza Llena : En l’absence d’Enrique Ponce, on a décidé de rester en mano a mano, entre Ferrera et Sebastien Castella.
     Corrida de Torrestrella, inégale de présence et de comportement.
     Antonio Ferrera (Silence – Ovation – Oreille et pétition de la seconde) toucha le mauvais lot. Quite par navarras et une bonne paire « por dentro » à son premier. Faena sans grand brillo, pour une épée en avant. Face au troisième : Banderilles avec ce saut spectaculaire, mais inutile et disgracieux. Toro qui charge, rebrincado. Ferrera mit toute la vapeur, face au cinquième qui ne valait guère mieux. Danger, sur la première paire de banderilles ; quiebro compromis. Faena difficile, devant un toro qui coupe ses élans et cherche l’homme. Corrida dure, pour un Ferrera qui fit le maximum.
     Sebastian Castella (Vuelta – Oreille après avis – Oreille) sortit « a hombros » après une tarde où il démontra un courage froid et une grande toreria. Chicuelinas et faena templada, au deuxième, qu’il tua mal. Début de faena par le haut, devant le quatrième, qui le prit sans mal. Manoletinas, pour terminer, et demie un peu tendue. Le dernier l’accrocha aussi, pendant le premier tiers, et Castella démontra beaucoup de courage, coupant une dernière oreille, et sortant a hombros, moulu mais heureux.

     17 Août – GIJON – 4ème de Feria – Casi lleno : Corrida de Zalduendo, « chiquita », mais donnant un jeu formidable, 2,4 et 6ème étant de bons toros.
     Le premier, du nom de « Olidor », était un « grand » toro, que laissa passer, malheureusement, un Juan Mora, encore « moralement convalescent » de sa cornada de Burgos. Il donna vuelta, là où il devait couper deux oreilles. Oreille du quatrième, après une faena « professionnelle », à un toro qui chargeait la tête un peu haute.
    Jose Tomas (Oreille – Ovation, après un avis) fit longuement passer son premier, sur les deux côtés, en séries répétées. Peu à peu, la qualité alla crescendo, jusqu’à dessiner deus séries, définitives. Tuant vite, il coupa un trophée. Son trasteo au cinquième connut des hauts et des bas…comme sa saison. Bon début, naturelles en « se le passant tout près »… et cela s’enlisa un peu.
     Davila Miura (Deux avis – Oreille, après un avis) faillit bien voir son premier rentrer au corral, par la faute d’innombrables échecs au descabello. Du coup, il se défonça, face au dernier, et voulant à tout prix triompher, se livra à des effets « destinés au bon peuple », qu’on ne lui connaissait pas.

     17 Août – VALVERDE DEL CAMPO (Huelva) – Plaza llena : On a pu assister à une grande corrida de Celestino Cuadri, bien présentée, mais un peu « juste » de forces. La corrida est allées « a mas », terminant par la vuelta au cinquième, et surtotu, l’indulto du sixième, par Rafael de Julia.
     Ce toro, très brillant dans les trois tiers, porte le nom de « Revisor » - N°9 – 593 kgs.
     Vicente Bejarano coupe une oreille du quatrième – Triomphe d’Uceda Leal, avec une et deux oreilles - Apothéose de Rafael de Julia qui gracie le dernier, et lui coupe, symboliquement, tous les trophées.

    17 Août – CIUDAD REAL – ¾ de plaza : Toros de Sancho Davila, bien présentés et inégaux de jeu.
     Finito de Cordoba coupe une oreille du premier, mais sort sous les sifflets – El Cordobes coupe aussi un trophée de son premier qui l’a méchamment secoué : quatre points de suture de plus, au cuir chevelu – El Fandi met la vapeur, dans tous les tiers. Oreille, chaque fois, et sortie a hombros « quotidienne ».

     17 Août – ALFARO (Rioja) 2/3 de plaza : Toros du Marquis de Domecq, faibles et arrêtés.
     Vicente Barrera et Morante de la Puebla coupent une oreille de leur premier adversaire. Francisco Rivera Ordoñez ne peut que recueillir… deux silences.

     17 Août – CALATAYUD – 2/3 de plaza : corrida de Cebada Gago, inégale, mais avec deux « bons » : 5et 6èmes.
     Ramos s’en sort discrètement (Silences) – Padilla coupe une de chacun – Le triomphateur de la corrida est  Jesus Millan et sa cuadrilla. Deux oreilles du sixième, bien lidié, bien toréé.

 

DAX: "LA MUSICA CALLADA DEL TOREO"...
Le Morante de la Puebla vaut toujours la peine qu’on l’attende

     19 Août : « La musique silencieuse du Toreo », un grand classique de la littérature taurine, qui a pris hier toute sa dimension, tandis qu’un ciel de plomb envahissait la plaza dacquoise.
     C’était la fin de la Feria. Le soleil était déjà parti, et le public, tombé amoureux de Fernandez Meca et des Victorino de la veille, avait du mal à voir « d’autres choses », d’autres bravoures, d’autres formes de toréer.
     Bien dommage que ce public, dont on disait qu’il était, ou voulait être, « la Séville Française », ait à ce point manqué de sensibilité et d’aficion, pour ne pas avoir fait semblable succès à Javier Conde et au Morante, les seuls à mettre un grain de majesté, dans ce permanent déballage de derechazos et naturales.
     « Oui ! Chante ! chante !- diront certains - quand Conde et Morante feront cela « à des Victorino », on lèvera peut-être un œil ! ». 
     La réponse est simple… et double : On aurait voulu voir Conde ou Morante devant les cinq ou sixième Victorino. Ensuite… pas la peine de parler « toros », si une plaza n’est pas capable de voir deux toros « vraiment braves » à la pique, au point que les picadors « se pasaron un kilo ! », ont vraiment exagéré, probablement aux ordres des matadors. On parle ici des deux premiers de Juan Pedro Domecq, qui ont poussé, fort et clair, droit dans le peto, mettant les reins et « romaneando ». C’est bien de protester l’excès du châtiment, mais il faudrait aussi reconnaître la bravoure « réelle » du toro, surtout s’il est noble, par la suite, et qu’il ne tombe pas, comme le premier de Finito.

     La corrida a connu de grands moments de somnolence, secoués de soubresauts violents, comme un soir de gueule de bois. Les Victorino ont ils à ce point troublé les esprits, pour que le public ne veuille plus voir « autre chose » ? Fernandez Meca a t’il donc à ce point révolutionné le Toreo, pour que l’on n’apprécie pas, à sa juste valeur… la musica callada del Toreo? Les deux approches, l’une de force et de hargne ; l’autre de soupir et d’abandon, font partie de la Tauromachie… et le toro reste le toro.
     Hier, Dax n’a pas voulu voir la bonne faena du Finito, au premier, parce qu’elle lui en voulait d’avoir mal fait piquer son toro. Quand elle s’aperçut que le toro avait été « mal » piqué, mais pas « trop » piqué, elle se retrancha dans un mutisme boudeur, alors que de belles choses se dessinaient sur le sable.
     Hier, Dax attendait, espérait Jose Tomas… à tel point qu’elle ne se mit pas, ou trop peu, en colère, devant sa scandaleuse première « non prestation ». Heureusement, le cinquième, bas et joliet, fit sourire Jose, qui soupira quelques mesures de cette musique silencieuse du Toreo.

     Hier, Dax a vu d’énormes choses du Morante de la Puebla… à ses deux toros. « Rapidillo » et traversant « verticalement » son premier qui avait l’air d’une coursière landaise… d’accord ! Mais haute, longue et pointue, la vache ! (Hombre ! era un toro !). Par contre, on a du mal à entendre le peu de réaction devant l’actuacion du Morante, à partir du quite, au sixième, qui fut un grand toro, bien fait, et sérieux, même si étroit d’arboladura. Un gran toro !

     Faena d’inspiration, de profondeur… et de vrai toreo : bien planté sur le sable, erguida la figura, la muleta qui va chercher loin et tire la charge du toro, de haut en bas, lentement, profondément, rematant sous la pala du piton… Ainsi, main droite et main gauche, le tout parsemé d’adornos légers et variés. La faena valait une oreille… si o no ?
     Vint alors la surprise du chef : Une estocade al recibir (un vrai, bien préparé et marquant les temps) qui, à elle seule, valait aussi une oreille. Ca fait deux !!!
     Hier, le Morante de la Puebla a dessiné, en silence , « la musica callada del Toreo », mais Dax ne l’a pas complètement entendu. Seul, dans un tendido sol, un aficionado, (muy torista él !) s’était levé, et demandait au président… « Musica ! » Este si que lo entendio!

     18 Août – DAX – Dernière corrida de Feria – Plein – Ciel virant au gris plomb :
    Six toros de Juan Pedro Domecq, de couleur et de charpentes variées. Il y eut du petit toro bas, ramassé, armé court mais sec. Il y eut un troisième, haut, long, efflanqué, cariavacado. Sa couleur de sable roux et son galop effréné lui valurent moqueries et protestations. Il y eut un toro magnifique, le sixième, montado et seigneurial dans sa façon de défier le torero. Seul « mais ! »: il y eut beaucoup de cornes éclatées, astillées, après de gros chocs aux burladeros. Côté comportement: deux toros très braves, « vraiment braves », à la pique : les deux premiers. Les autres firent leur devoir, mais manifestèrent de la faiblesse, et moins de race. Un grand toro, complet : le premier. Deux toros nobles pour le torero : les cinq et sixième. Un doute : le deuxième… On n’eut pas le temps de le voir, puisque Jose Tomas… ne voulut pas le voir.

Finito de Cordoba (Silence – Courte bronca) fit surtout « mal » piquer le premier. On s’aperçut que le brave avait très bien supporté le dur châtiment. Finito donna une très simple et bonne faena, tirant de lents derechazos, « regustandose »  sur certains pechos, tournés sur l’épaule contraire. En d’autres circonstances, cette faena lui aurait valu un trophée, d’autant que l’estocade, un peu tendida, et le descabello n’eurent rien de scandaleux.
     Le quatrième ne l’inspira pas. Un toro castaño, basto, qui avait provoqué un derribo. Un toro un peu faible qui n’allait pas au bout du muletazo, parce que le torero ne fit rien pour. Il le tua mal. C’est Finito de Cordoba !

Jose Tomas (Sifflets – Grande ovation) s’est tristement, « grisement » moqué du monde entier, face au deuxième, qui prit très bravement une trop longue ration de pique, en secouant et soulevant l’attelage (romaneando). Deux ou trois essais, du bout de la canne ; deux ou trois « ehhhh ! », la bouche en cul de poule, et « Adios, muy buenas ! ». Très mal, monsieur Tomas ! Faut le voir pour le croire !
     Le cinquième lui a plu. Petit effort à la cape : allez ! une véronique et demi, en mettant les reins. Par contre, la faena faillit prendre « grand vol », en plusieurs moments. Le toro était noble, et Tomas le fit aller et venir à sa guise, se centrant rapidement, donnant des séries irrégulières, avec de très bons passages que le public accompagna de longs soupirs de plaisir. Tomas ralentit sa muleta, à plusieurs reprises, improvisa  un passe changée dans le dos, sculpta trois derechazos pieds joints, deux grandes naturelles, de face. On se dirigeait à grands pas vers une oreille, mais l’estocade, presque entière, ressortit rapidement démontrant une trajectoire atravesada. Deux descabellos dictèrent la sentence : Grande ovation, pas plus.

Morante de la Puebla (Silence – Une oreille, forte) portait le costume « du Puerto Santa Maria ». Il n’a sûrement pas compris le traitement qu’on lui a infligé à la fin de sa première prestation. Le toro fut accueilli par quelques quolibets, galopa beaucoup, un peu "fou fou", un peu "cum cum", et termina un peu faible. Morante lui donna trois grandes véroniques, lançant le capote loin devant, accompagnant le voyage, taille de jonc et menton dans le jabot. Grande demi véronique. Y olé ! La faena sera un peu rapidilla, mais comportant de magnifiques séquences, soit profondes, soit « enlevées », en particulier dans les remates de séries. Peut-être le public n’accepta t’il pas l’épée verticale, d’effet immédiat, mais qui sortait « en dessous »… Vu les largesses de la veille (oui, mais c’était des Victorino… Alors !) on aurait pu se fendre d’une bonne ovation, voir plus.
     Le sixième fit une sortie magnifique, et lui plut d’entrée. Morante plaqua trois véroniques de velours, mais c’est dans le quite que le ton s’éleva : Delantales et tabliers de dentelle « mu sevillanos », fleurant bon le Barrio Santa Cruz, un soir de printemps. (Grande photo… s’il y avait eu de la lumière !). Faena brindée à tous, et faena de soie… Le Morante, à la fois « ferme et doux » se lança dans une farandole de muletazos plus profonds et plus galbés, les uns que les autres. Hélas, le toro ne prenait pas plus de trois muletazos, et le torero ne pouvait totalement de relâcher. Naturelles et derechazos, erguida la planta, la taille totalement redressée, chargeant la suerte à fond, le toro "tournant autour" de la jambe avancée, rematant la passe, « par dessous »…Que bueno ! Peu importe la musique ! Alli esta el Toreo !
     Jose Antonio del Moral était à Bilbao ! Se lo perdio ! Dommage ! il nous l’aurait mieux raconté. A chaque série, des adornos précieux, inspirés… andalous ! A côté de moi, un ami photographe s’envole : « Ce n’est pas Ponce – Tomas, qu’il faut monter en mano a mano… c’est Conde – Morante ! mais ailleurs ! » Et il a bien raison ! La faena soulève quelques bonnes ovations, mais pas aussi intenses que « lo de Meca, ayer ! »
     Puis, la surprise : bien préparé, bien campé, le Morante frappa du pied en lançant la muleta devant, tira à lui la charge du toro et le tua d’un grand recibir, un poil de côté. Grand moment qui surprit le public. S’il avait pu mettre cette épée au toro de Mexico, cet hiver…
     Le toro est tombé. Morante lève les yeux au ciel, heureux comme un enfant ! Il sait ce qu’il a fait ! Il sait où il s’est envolé ! A priori, le public le sent moins et se contente de réclamer une oreille… Et je me demande : "Qu’aurait il exigé, si au lieu du torero de la Puebla, c’est Fernandez Meca qui avait ainsi toréé et estoqué ce toro ? Dos, rabo, patas ???"

     Le Morante de la Puebla n’est pas sorti  a hombros… Conde, non plus. Pas à dire, la Musique du Toreo a bien fait de se taire. Sur ces deux coups là, Dax ne la méritait pas !

 

BILBAO : LES CEBADA DECOIVENT… ET PONCE NE VIENT PAS !

     19 Août : La Feria de Bilbao a commencé, samedi, par une terne corrida de Rejoneo, où seul Pablo Hermoso de Mendoza a coupé une petite oreille. Hier, on attendait la corrida de Cebada Gago ! Hélas, elle est sortie faible, triste… Ca commence mal !
     Pour arranger le tout : Enrique Ponce ne vient pas. On s’en doutait un peu, mais quand même ! Pour le remplacer, aujourd’hui et demain, l’empresa a fait appel à Anton Cortes, que renforcera Pablo Hermoso de Mendoza. On a essayé, du côté de l’organisation d’offrir la place à Cesar Jimenez, mais… « il n’y a pas eu d’accord » !
     A propos, on se dirige vers un nouveau  feuilleton qui va transformer « Les feux de l’Amour » en un banal flirt entre deux gamins : Il y aurait veto de Simon Casas à Antonio Ferrera, dans ses plazas, parce que celui ci se serait opposé à ce que Jimenez remplace Ponce, à Béziers. Acte un : Cela part dans tous les sens, et tout le monde y va de ses déclarations… Vaya pues !
     Demain mardi, c’est El Fandi qui a été sollicité, et Barrera étant toujours convalescent, on aura droit à un mano a mano « Ferrera – Fandi », devant des Torrealta. Attention, voilà qui va valoir le détour par une de ces peñas abonnées a Via Digital.

     Attention, la Feria est faite pour El Juli. Elle repose sur lui, puisqu’il y est engagé trois fois, dont une, mercredi, télévisée en direct, devant le Victorino Martin ! Mais… attention au Fandi!!! S'’il peut faire au « toro de Bilbao », ce qu’il a fait ailleurs, on peut déjà penser à reconstruire la plaza… A suivre de très près !

     Hier, hélas, la corrida de Cebada  a déçu… Faut en garder pour les autres années…

     18 Août – BILBAO – 2ème de Feria – ¾ de Plaza : La corrida de Cebada Gago est sortie très inégale, et surtout, faible. Peu de choses à dire, sinon que des toros, parfois vilains, « se cachant » derrière leurs grandes cornes, n’ont pas fait honneur au fer, démontrant un total manque de cette caste qui fait sa réputation.
     En face, Jose Luis Ramos s’est battu, avec ses moyens, démontrant force et qualités physiques. Il tua bien le premier, mais beaucoup moins, le quatrième. Ovation après un avis, par deux fois.
     Pepin Liria s’efforça de donner le change, tout en sachant très bien qu’il partait dans le mur. Bien sûr, les largas à genoux, la vaillance un peu brouillonne… mais au bout : Silence avec un avis, et Silence.
     Fernando Robleño se présentait. On lui reconnut de bonnes qualités, en particulier celle d’estoqueador. Gros coup d’épée, au troisième. Pour le reste, des efforts et beaucoup de sueur pour rien. Toros faibles ou parados. Vuelta et ovation.

 

VICTORINO, A SAN SEBASTIAN !  MECA, A BEZIERS !

     18 Août: Dans les autres plazas, ce dimanche a été marqué par le succès  des deux grands protagonistes de la Feria de Dax: Les toros de Victorino Martin, très intéressants, mais encore une fois, plus nobles que braves, en plaza de San Sebastian ; Et un Stéphane Fernandez Meca, pléthorique, devant la dure miurada qui fermait la feria de Béziers.
     « Ailleurs… » Julio Aparicio a incendié le Puerto, le temps de quatre véroniques et une demie A Malaga, le Cid gâche encore à l’épée une grande faena – Caballero continue sa chevauchée, en plaza de Gijon – Javier Castaño ouvre enfin la grande porte d’une plaza de première, Barcelone.

     18 Août – SAN SEBASTIAN – 8ème de Feria – ¾ de plaza : Toros de Victorino Martin, « de poca caja »,de présence réduite, les trois premiers (cela rappelle quelque chose), plus spectaculaires que braves, au cheval, mais pleins de caste et de noblesse, au troisième tiers. Seul le sixième se montra un client très hargneux.
     Juan Jose Padilla coupe l’oreille du premier, et entend une ovation et un avis, au quatrième. Alliant le vibrant et le plus sérieux.
     Luis Miguel Encabo s’est montré excellent au capote, et aurait du couper une oreille au cinquième. Le président s’y refusa, et prit une bronca « maison ». Encabo donna grande vuelta, après avoir été ovationné à son premier.
     Antonio Ferrera est le triomphateur de cette corrida qui ne fut pas une corrida « de banderilleros ». Ce fut une course pour toreros professionnels et techniciens, Ferrera y ajoutant la note de folie torera, qui lui valut de couper une oreilles à chaque toro, la dernière arrachée au malo malo !

     18 Août – BEZIERS – Dernière corrida de la Feria – Casi lleno : (correspondance)  Corrida de Miura, de 630 kgs de moyenne. Tout est dit ! Corrida très dure, où les toreros, avec succès ou non, se la sont jouée. A signaler les gros tiers de piques, signés Efren Acosta au difficile quatrième, et Fritero, au dernier toro, auquel on donna vuelta.
    Zotoluco se présentait à Béziers. Volontaire et professionnel dans une courte faena au premier, il fracassa devant le difficile quatrième, un gazapon qui cherchait le mauvais coup. Ovation et Bronca.
     Fernandez Meca se coltina avec un premier, dangereux des deux côtés, et fit parler le métier. Pinchazo et media, coupant une première oreille. Le cinquième ne passait pas « la demi passe ». Meca lui apprit presque à charger, lui arrachant un deuxième trophée, et sortant à hombros. Sacré week end !
    
Denis Loré toréa très bien au capote. Son premier montrait grand sentido et Loré le tordit par en bas, avant de tuer… aussi, par en bas !  Ayant brindé à Richard Milian, il se battit avec le sixième qui accumulait arreones et hachazos. Toro spectaculaire que Loré  traversa, avec l’épée. Ovation à l’un et oreille de ce dernier. Valiente !

     18 Août- MALAGA – 9ème de Feria – ½ plaza : Bonne corrida de la Famille Guardiola. Noblesse à peu près générale, mais manque de forces..
     Jose Luis Moreno a bien toréé, mais n’a pu passer outre la noblesse un peu sosa de ses adversaires. Ovation aux deux.
     Eduardo Davila Miura s’est montré bon technicien, un peu répétitif. Par contre, il tua mal, en particulier bredouillant son descabello. Ovation et silence au cinquième, qu’avait très bien piqué Manuel Montiel.
     El Cid essaya de guider le noble troisième qui s’éteint rapidement. Par contre, grande faena au dernier, alternant des séries très profondes, sur deux mains… Mais, encore une fois, la mort fut un calvaire : quatre pinchazos hondos ! Pas le droit ! Quelle tristesse !

     18 Août – GIJON – Dernière de Feria – Casi lleno : Bonne corrida de Laurentino Carrascosa, noble, mais un peu faible.
    Manolo Caballero fit donner la technique, s’adaptant totalement à deux toros différents. Il fallait soutenir » le premier, et le quatrième s’arrêta un peu trop tôt. Le public demanda les deux oreilles du premier, n’en obtenant qu’une. Par contre, triomphe total et deux oreilles du quatrième.
     Victor Puerto est ici « chez lui ». Il y a des plazas, comme cela (Ruiz Miguel, à Vic !). On le vit « à fond » et très décontracté, devant son premier : à genoux, debout, sérieux, vibrant, spectaculaire, souriant.. tout ! Deux oreilles. Le cinquième permit moins, et il pincha. Ovation
     Eugenio de Mora coupa l’oreille de son premier, grâce à de bonnes naturelles, et un gros estoconazo.  Il se battit avec le dernier, qui distribuait de tous côtés, mais le tua mal, perdant la dernière « porte grande ».

 

VICTOR MENDES, GRAVEMENT BLESSE

     19 Août : Alors qu’il recevait de capote, un novillo, lors du festival non piqué, en plaza de Pedro Bernardo, en province d’Avila, Victor Mendes, matador portugais retiré, idole de la France des années 80, s’est fait renverser, et remontant le corps, à partir des jambes, le novillo « lui mit le piton » sur une longueur de 60 cms.
     Opéré sur place, le blessé a préféré se faire transporter au plus vite vers Madrid.
     Pour le moment, le parte facultativo dit ceci : Cornada à la cuisse droite, de quarante centimètres, qui déchire la peau, les tissus subcutanés et tissus musculaires. Pronostic grave.
     A la description de la blessure, on peut penser à la très spectaculaire cornada du Jesulin, toute en longueur, mais peu profonde. Pour le moment, il faut attendre. On lui a posé cinquante points de suture.
     Une cornada de plus, à l’actif du sympathique torero portugais, qui nous racontera cela, un jour, en finissant son récit, par son inévitable « Tu comprends ? »
     « Que te pongas bien, rapi…Victor ! »

 

BILBAO : OU L’ON REPARLE DU « NOIR FANTÔME »
Finito de Cordoba monte un scandale, à Vista Alegre.

     20 Août : Comme la rumeur qui flotte dans l’air, va et vient doucement, enfle tout à coup, comme une vague assassine, pour s’endormir un temps… la suspicion d’utilisation de la drogue, dans « la Fiesta de los Toros » a encore gravi quelques échelons, suite aux déclarations télévisées de Finito de Cordoba, hier, à Bilbao.
     Ce scandale médiatique venant à la suite d’un scandale « tout court », en plein ruedo de Bilbao, on pourra l’attribuer à un torero blessé, à l’esprit échauffé par les monceaux d’injures qu’a suscité son attitude. Cependant, il n’est pas le seul à faire allusion « au noir fantôme », et ses allégations seront à porter à un dossier, chaque jour plus épais.
     « Les toros sont de plus en plus durs à descabeller, nous en avons parlé avec des collègues, qui ont fait la même constatation. Il se passe quelque chose, et nous ne pouvons continuer de nous taire. Et cela n'a rien à voir avec la façon de porter le descabello !"
      Cela venant après le triste spectacle de certains toros « descordinados » qui se relèvent d’une chute ou d’un choc, titubant comme des festayres « qui ont enchaîné Bayonne et Dax »… Cela venant après les déclaration à mi voix de certains subalternes, responsables syndicaux, qui eux aussi murmurent : « Cela ne peut plus durer ! »

     Drogue t’on les toros ? Non pour les réduire, ou les rendre moins agressifs, mais au contraire, "pour qu’ils tiennent", l’espace d’une lidia complète? Les ganaderos, les organisateurs, totalement paniqués par la crainte de voir leur corrida « rouler au sol », se répandre sur le sable, ont ils trouvé la parade par quelque potion magique qui donnerait au toro « un bon coup de fouet », l’espace de vingt minutes ? Qui lo sa ? Qui peut le dire ?
     Toujours est il que trop de regards apeurés, se croisent. Trop de déclarations du genre : « Estos no son toros, son tigres ! » vont s’accumulant… Va bien falloir, un jour, y regarder de plus près…

     En attendant, la deuxième corrida de Bilbao a connu un de ces sales moments de la Fiesta, un de ces moments où l’on a honte d’être Aficionados. Deux puyazos assassins, ont massacré un toro, volontairement, tandis que son matador attendait, laissait faire… Finito de Cordoba à perpétré un deuxième forfait en l’espace de deux jours : Dax et Bilbao…L’Espagne lui fera t’elle subir des sanctions que la France n’a pas prévues ? Un dossier à suivre… mais rien de comparable avec l’ombre « du noir fantôme… »

     19 Août – BILBAO – 3ème de Feria – Plus de ¾ de plaza : La corrida d’Alcurrucen est sortie, magnifiquement présentée, avec du trapio et des têtes, des plus sérieuses… A la bascule : 570, 509, 568, 552, 595, 508 kgs. Côté moral, on soulignera la qualité des deux premiers toros, ainsi que du cinquième. Seul doute : le quatrième, massacré à la pique, et qu’on ne put voir, à la muleta. A mi course, sortit un Murube pour le cavalier, qui s’arrêta, rapidement…
     Finito de Cordoba (Ovation – Bronca, après un avis) débuta fort bien, devant son noble et suave premier : bonnes véroniques et, surtout, un grand début de faena, par doblones, Les séries se succédèrent, élégantes, inégales, sans « appuyer à fond ». Toreo « léché », mais sans toute l’ambition qui sied à une figura qui veut « être bien, à Bilbao ». Il a été bien, mais ce toro offrait deux oreilles, sur le platillo de Vista Alegre.
     Par contre, le quatrième, très bien présenté et violent ne l’inspira pas du tout, et Finito envoya son picador en faire de la charpie, en deux puyazos interminables. Puis, sou un ouragan d’injures et de menaces, le cordouan donna deux trapazos de lise en place, porta une estocade courte, trois pinchazos et… 14 descabellos. Cela a fait du vilain !
     Anton Cortes (Ovation – Silence, après un avis) était « une partie » du remplacement d’Enrique Ponce. Le jeune albaceteño n’a que peu toréé, depuis son alternative, aux Fallas de Valencia, et sa brillante confirmation, à Madrid. D’où la surprise générale, devant le toreo très calme, le courage très serein, de ce jeune, qui affronta un lot qui alla « a menos », mais lui permit de dessiner de grands détails, muleta en main. On retiendra, en particulier, trincherazos et firmas qui ouvrirent la faena au mansote sixième. Hélas, et l’inexpérience est, là, patente, Anton Cortes connut un clavaire avec le descabello, l’utilisant douze fois, après une entière sans effet.
     Iker Javier Lara (Ovation – Ovation, après un avis) était la vedette, locale, de la journée. Ce n’est pas tous les jours qu’un torero basque reçoit l’alternative. Le jeune  affronta dignement, mais un peu timide (c’est logique !) le toro de la cérémonie, « Cornete »- 570 kgs, très brave et peut-être trop piqué, qui s’éteint trop rapidement. Bonnes séries à droite, une estocade en arrière et deux descabellos. On retrouva la même bonne volonté, mais aussi beaucoup de verdeur, face à son second toro, qui lui mit une vilaine voltereta, en portant le quatrième pinchazo. Une alternative digne, mais qui aura du mal à connaître des lendemains qui chantent. Etre de la proche famille du Lehendakari ne suffit pas…
     A mi corrida, Pablo Hermoso de Mendoza, qui complétait le cartel, se montra discret et professionnel, face à un Murube de 562 kgs, qui s’arrêta rapidement.

     Ce mardi, corrida importante : Ponce et Barrera étant toujours absents, on a fait appel au Fandi, qui se retrouve, mano a mano, avec… Antonio Ferrera, son principal concurrent, face à une corrida de Torrealta. Les deux toreros sont actuellement « en pleine racha » de triomphes, et viennent, hier, de mettre le feu à la plaza de Malaga.

     19 Août – MALAGA – Dernière de Feria – Plus de ¾ de plaza : Grande, forte, brave et noble corrida de Peñajara, qui a permis un récital de la terna de banderilleros et a donné grand jeu, par la suite, en particulier le cinquième « Provechoso » - 509 kgs, devant lequel Antonio Ferrera a fait « la » faeana de la Feria.
     Juan Jose Padilla (Oreille – Oreille) s’est montré actif, spectaculaire, un peu démago. Longues passes dessinées devant le quatrième, avant qu’il ne devienne plus court de charge, ce qui valut une voltige de plus, pour le jerezano.
     Antonio Ferrera (Silence – Deux oreilles) s’accrocha dans une faena intermittente, devant le deuxième, un toro plein de race. Il tua mal, de deux pinchazos et une demie. Par contre, il monta une formidable faena, accompagnant les grandes charges du cinquième, liant de magnifiques naturelles et tuant d’une grande estocade. Pas la peine de chercher plus loin le trophée à la meilleure faena de la Feria.
    « El Fandi » (Oreille – Oreille) remporta les divers « duels à trois », banderilles en mains. Très brillant, le vibrato à fond, Fandi donna de bonnes naturelles au troisième, mais sa faena fut inégale. Le sixième débuta « très encasté, mais s’arrêta. Ne voulant pas laisser échapper « la grande porte », David Fandila « lui monta dessus » et le tua d’une estocade fulminante.
     Les trois diestros sont sortis « a hombros ». De loin, la meilleure corrida de la Feria.

 

BREVES … DE CHEZ BREF

     20 Août : Victor Mendes se remet, chez lui, à Madrid, de la spectaculaire cornada reçue dimanche, près d’ »Avila : Cornada « toute en surface », qui remonte sur la cuisse droite, sur 60 cms. En exagérant un peu, appelons cela « une énorme estafilade ».

     Enrique Ponce annonce son retour aux ruedos, soit le 24, à Antequera ; soit le 25, au Puerto Santa Maria. Le valenciano a un peu toréé, et estoqué un toro, chez lui, dans sa finca de Jaen. Ce n’est pas encore « le top », mais, on peut penser que…

     Cible de tous les projecteurs, suite au conflit entre les représentants de Cesar Jimenez et Antonio Ferrera, Simon Casas, apoderado de ce dernier, a fait des déclarations qui, pour rassurantes qu’elles soient quant aux relations entre les deux toreros et leurs « poderdantes », déplacent le conflit, vers l’Empresa bittéroise, qui n’aurait pas été assez claire dans  l’annonce de sa décision quant au remplacement de Ponce… D’où malentendu, etc….
     « Vont être contents, à Béziers ! » On attend la réplique ! Un collègue titre « Cachondeo ! »…on ne peut lui donner tort !

 

BILBAO : EL JULI, A LA DEFENSE DE SON TRÔNE…
Hier, Fandi et Ferrera lui ont encore compliqué la tâche…

     21 Août : Le jour se lève sur Bilbao, gris, sale, embrumé de suie et de relents d’alcool… Dans le ciel, quelques rares mouettes piaillent que l’on est dans un grand port, une ville d’industrie, une cité d’argent, d’affaires, de peu de sentiment.
     La plaza est comme la ville, massive, impressionnante. Son ruedo, gris sombre, est lourd de menaces…
     Bilbao fait peur ! Non à l’étranger qui en parcourt ses rues impersonnelles… En général, il y est bien accueilli, même si le premier abord peut paraître froid, un peu ruude. Bilbao fait peur… aux toreros ! C’est une feria dure, qui, même si elle a mis un peu d’eau dans son vin, reste une feria où l’on sait que le toro y est « le double d’ailleurs » et qu'une oreille comme celle, concédée hier à Ferrera ou au Fandi,  vaut bien le double des quatre oreilles et un rabo coupés à la même heure, par Juan Jose Padilla, en plaza d’Astorga ou autre arène "du circuit". Bilbao est "autre chose".
     Bilbao fait peur, parce qu’elle pèse, dans la temporada. On peut « surprendre », à Séville ou Madrid… mais c’est à Bilbao qu’il faut confirmer. Là, on va voir…
     Bilbao est aussi plaza où les figuras se lancent des défis personnels, font ce que l’on appelle « des gestes », soit parce qu’elles se sentent au mieux, soit parce que leur trône vacille un peu, et qu’un grand exploit peut à nouveau le sceller, pour plusieurs mois… Ainsi, telle vedette « prend » une corrida dure. Ainsi, telle autre devient « base » de la Feria, en faisant trois paseos…

     El Juli, cette année, semble en légère difficulté. Le début de saison lui fut contraire, et Madrid, surtout, lui a valu de vivre un cauchemar. Atorado ? Déjà trop vu ? Victime du caprice du public, qui en veut toujours plus ? Il y a, probablement un peu de tout ça. L’a t’il senti, dès le début de la temporada ? allez donc savoir ? Toujours est il que très tôt, on savait que le Juli « s’apuntait » à trois corridas pour Bilbao, dont les Victorino… Chapeau !
     A priori, le jeune madrilène partait donc avec un immense crédit ouvert : Trois corridas, les Victorino d’abord, des compagnons de cartel qui ne pouvaient lui faire trop d’ombre… todo bien !
     Seulement voilà … tout cela, c’était « avant » Madrid ! La San Isidro fut pour lui désastreuse, mais le pire était à venir, avec les triomphales révélations au grand public de ces deux tigres qui avaient pour nom : Ferrera et Fandi.
     A partir de Juin, les deux jeunes loups s’entendirent comme larrons en foire, pour faire la vie impossible au Juli, tout en bataillant entre eux.
     Pamplona devait permettre au Juli de mettre les choses au point. Effectivement, il y fut impeccable, sortant par deux fois « a hombros », en milieu de Feria. Malheureusement pour lui, les deux compères arrivèrent, en fin de feria, et mirent le feu à la plaza. Alors qu’il était triomphateur du cycle, le jeudi…le Juli n’était plus rien, le samedi soir ! Mince alors !
     Depuis, Juli « force la machine », se bat contre lui même autant que les toros, mais transmet moins au gradin… Pendant ce temps, « les autres » amassent les performances…la dernière revenant à Ferrera qui le plante en direct, à Dax, et sort triomphateur de Malaga, alors que le Juli prend deux fracasos…

     « Cela ne fait rien… vous allez voir, à Bilbao ! »
     Oui ! Sauf qu’hier, le panorama de Bilbao a changé. Contrairement à Pamplona, où le duo Ferrera – Fandi est arrivé « après ! », Bilbao vient de les voir, remarquables de toreria, devant une grosse corrida de Torrealta, et cela, « avant » l’entrée en lisse du Juli !
     Julian Lopez entame aujourd’hui un marathon Bilbaino qui peut, d’un coup, le remettre totalement en selle, laissant quelques miettes à « ces petits chenapans »… ou bien le faire glisser dans « le monton doré » du groupe de tête, où justement, pas une tête ne dépasse…
     Hier, Antonio Ferrera et surtout David Fandila « El Fandi » ont placé haut la barre… et, au lieu d’aller chercher les précieux conseils d’un torero honorable, mais pour tout dire, un peu basto, comme le fut El Tato, Julian Lopez El Juli aurait du s’adresser à Bubbka, ou…à la femme de Rumsas…

     Hier, Ferrera a encore démontré qu’il sait toréer lentement, totalement redresser, calme et majestueux. Revenir comme il l’a fait, après la terrible cogida que lui a infligée son premier toro, est un geste à saluer. Mais, moulu, ensanglanté, le costume en charpie, déclarer : « je banderille le deuxième avec mon compagnon, et je pars à l’infirmerie, après »… ça ! Monterazo !
     Quant au Fandi, il a confirmé totalement, et devant le toro « de Bilbao », qu’il est une grande figure, en phase de construction. Il se présentait devant les bilbainos, et « les a laissés sur le … flanc ! » Certes, il se montra spectaculaire avec capote et banderilles, mais c’est à la muleta qu’il a confirmé une énorme progression. Les trois séries de naturelles au cinquième, vont peser lourd dans la feria.
     Deux oreilles pour le Fandi (et l’on était pas loin de trois !) et une, très importante, pour Ferrera. Décidément, le Juli va devoir jouer serré, d’autant que la corrida est aujourd’hui télévisée, pour tout le monde…
     Et avec les Victorino, encore ! Comment vont ils sortir ? Petits et nerveux, comme « chez nous », ou « en toro de Bilbao ». La comparaison va être intéressante, histoire de voir « où sont les vessies, et où sont les lanternes ! ».
     Julian Lopez « El Juli » entame, aujourd’hui la reconquête d’un trône qu’il n’a pas perdu. Et pourtant…

     20 Août – BILBAO – 4ème de Feria – Plus de ¾ de plaza – Temps gris lourd – Ruedo plus noir que jamais : La corrida commence par un hommage au grand photographe taurin « Cano », et une minute de silence pour honorer la mémoire du grand maître Eduardo Chillida, décédé la veille. Longues minutes pour les toreros qui attendent, avec la tension de ce qui va suivre. « Hasta las trancas ! », comme ils disent !
    Six toros de Torrealta, impressionnants de sérieux. La corrida n’est pas « super lourde » (524, 545, 551, 556, 535, 586kgs) mais elle a de la caisse, du coffre et de la tête. Même s’ils ont parfois fait mine de fléchir ou de tomber, les Torrealta sont tous "remontés" au troisième tiers, après avoir méchamment galopé aux deux premiers. A la pique, rien de spécial, la plupart faisant leur devoir discrètement, mais « con fijeza ». A la muleta, premier et cinquième furent les bons numéros. Les autres, à part le deuxième, aspero, se laissèrent aborder, mais ne firent que peu de concessions.

     Antonio Ferrera (Oreille – Ovation – Grande ovation) s’est comporté en grand torero, face à son premier. Enorme de calme et d’empaque, à la cape, il comprit à la perfection ce toro un peu faible, qu’il fallait convaincre, à mi hauteur. Très bonne faena, par courtes séries, très élégantes, très léchées, et grandes passes de poitrine où le torero se montre « a gusto ». Le public marche à fond et prépare ses mouchoirs. Ferrera se profile a matar, devant un toro très sérieux « por delante », part à l’assaut, met l’épée entière, mais la corne remonte et le prend de plein fouet, en haut de la cuisse droite. Classique cogida au moment de l’estocade. Le torero monte avec la corne, qui en remet un coup, traversant le costume, le réduisant en haillons. On peut tout craindre… et on se frotte les yeux quand le torero de relève, sonné, dépenaillé, mais apparemment intact. Cogida terrible, qui laissa l’impression d’une très grave blessure. Heureusement il n’en n’est rien, et Ferrera donne vuelta, une oreille à la main.
     Le torero ne reviendra de l’infirmerie qu’au quatrième toro. Sans faire d’esbroufe, alors qu’il doit être laminé, alors qu’on le voit boiter un peu (sa jambe droite est bandée, sous le bas rose), Ferrera va lidier, banderiller les quatre et sixièmes toros, moins commodes parce que tardo et tête haute, celui ci ; et de peu de forces, celui là. Ferrera va se comporter en torero « de tête », sachant placer les quelques bonnes choses que lui permettent ses toros et son état général. On note une énorme paire de banderilles « por dentro », au quatrième, et une grande série de naturelles, paraphée d’un long pecho. Un quiebro au sixième qu’il doit templer à mi hauteur, à cause de sa faiblesse, et qui s’arrêta. Tuant vite, mais un peu « caidito », Ferrera quittera la plaza sous une grande ovation.

« El Fandi » (Ovation – Oreille – Oreille, avec pétition de la deuxième) a fait une grande présentation à Bilbao. Bien sûr, le public l’attendait aux banderilles, et bien sûr, il y brilla fortement, même si les réunions ne furent pas aussi cadrées qu’il l’aurait désiré, d’autant que ses toros arrivaient comme de bolides. A la cape, une grande partie du répertoire y passa, soit debout, soit à genoux. Sa réception au troisième a de quoi sidérer le monde : deux largas, et cinq véroniques, « vraiment toréées », les deux genoux en terre. En face, à fond, « un immeuble de cinq étages, avec des moteurs de boeing ! » Vaya por Dios !
     Mais c’est à la muleta que le Fandi a en surpris plus d’un : Il fallut bagarrer ferme avec le deuxième, un mauvais élève, aspero, court de charge, s’appuyant sur le torero et regardant beaucoup (toro miron, acostandose). Fandi se montra courageux et honnête, mettant un pinchazo et une demie très vaillante.
     Ferrera étant toujours « à la révision médicale », Fandi embraya sur le troisième, l’entreprenant à genoux et banderillant de façon musclée, ce colorado ojo de perdiz, qui déboulait à cent à l’heure. Grande paire « al violin », extrêmement précise. Faena entamé par cinq redondos à genoux, bien conduits et grand pecho. Après un échec, à gauche, le torero va surprendre le monde dans une impressionnante  série droitière et un pecho où il attend, impavide, la dernière charge incertaine du bicho. Sentant que le toro « ne peut plus », Fandi va donner quatre manoletinas, bien serrées, et tuer d’une bonne entière, desprendida, alors que le toro ne l’aide aucunement.
     Ce n’était rien, à côté de ce que nous allions voir, face au cinquième « Ropavieja », toro « très sérieux », qui sortit au galop, un peu suelto, et qui manifesta pourtant des signes inquiétants de faiblesse. Cependant, la race étant là, le toro se remit et « remonta », permettant au Fandi une grande paire de banderilles « por dentro », mais le mettant en échec sur le quiebro final.
     Faena « a mas », dont le sommet sera composé de deux séries, presque trois, de longues naturelles, très propres, très templées, la muleta allant chercher le toro "loin devant", et le sortant «loin derrière ». Enorme ! Muy bien, le Fandi. Incroyable, de la part de celui que l’on dit « basto » ou « pueblerino ». Des naturelles « définitives » qui ont surpris et conquis. Maintenant, il faudra attendre le Fandi, à la muleta. Estocade « totale », un peu trasera, et un grand triomphe que gâchera monsieur le président en tardant beaucoup à concéder la première oreille. Après, la pétition manque de force. Mais… on n’était pas loin des deux !

     Oui, décidément… El Juli a du souci à se faire !

     Ce soir, 21 Août – 18 heures – en direct sur Tve 1 : Corrida de Victorino Martin, pour Fernandez Meca – Eugenio de Mora et El Juli.

 

BILBAO : EL JULI : 1 – VICTORINO : 0

     22 Août : Tandis que la France patinait lamentablement, en courant derrière les Tunisiens… tandis que le Brésil, champion du Monde, se faisait battre par le Paraguay… que les Italiens et les Espagnols bredouillaient leur rentrée, Bilbao vivait « une autre partie de foot » : L’équipe de Victorino Martin, (maillot gris chiné et culotte noire), contre l’équipe du Juli, composée de plusieurs personnalités et bons joueurs.
     Julian Lopez, le capitaine (maillot rouge, short rouge) est un champion, un crack ! Il mène ses troupes, les encourage et les place, en fin stratège. Il peut compter sur deux « demis », l’un très efficace, Angel Majano, l’autre, un peu plus irrégulier et fantaisiste, qu’on surnomme « Sevillita ». En « arrières », deux vieux cavaliers, des chevaux sur le retour, qui allient la force de l’expérience et la sagesse : Salvador Herrero et Antonio Ladron de Guevara. En « gardien », dernier rempart, Manolo Belmez. Une bonne formation ! Quand ces six-là déboulent sur le terrain, l’équipe d’en face, qu’elle soit noire, grise ou rousse, n’a qu’a bien se tenir.

     Hier, l’équipe des « cardenos » de Victorino Martin, a bien essayé de faire opposition, a changé plusieurs fois sa tactique, mais n’a pas fait rentrer de remplaçant, parce que cela ne servait de rien. Ceux du Juli étaient les plus forts. Victoire logique : 1 à 0
     Hier, on aura trouvé l’équipe de Victorino, un peu trop sûre d’elle… Il est vrai que ses grandes victoires, de Madrid, Mont de Marsan, Dax et San Sebastian, pouvaient lui permettre quelque logique prétention… Cela faisait penser à une autre équipe, qui partit vers l’Orient, fière et conquérante, mais en revint, toute penaude…on ne dira pas "la queue entre les jambes", mais presque...
     A Bilbao, l’équipe de Victorino a fait preuve d’une surprenante baisse de forme, à moins qu’elle n’ait été « surestimée » lors de ces dernières prestations…"como una que me sé !" 
     A Bilbao, l’équipe entière à douté, manqué de bravoure et d’abnégation. Certes, elle s’est battue avec hargne, mais accumulant les talonnades et les passes en retrait, jouant mal de la tête, pratiquant le takle glissé et à mi hauteur. Au lieu de prendre « en face », ses brillants opposants, elle a joué le coup dur, le coup en douce, le coup bas... le coup en vache! Elle a joué les « fiers à bras », mais a fait un très mauvais match. Dans les tribunes, les entraîneurs faisaient la gueule ! 
    
En face, les l’équipe Juli joua la rigueur et la technique, et son capitaine, le jeune Julian, n’eut guère de peine à marquer le but de la victoire, dès la première mi-temps.

     Tandis que le team du Juli faisait la java, mais sagement, car elle joue, aujourd’hui son deuxième match, contre une formation de Salamanque, l’entraîneur des Victorino a décidé de changer tout son fond de jeu : A Bayonne, il fera rentrer « six nouveaux » !

     21 Août – BILBAO – 5ème de Feria – Plein total – Ciel gris plomb :  
    
La corrida de Victorino Martin est sortie très sérieusement présentée, beaucoup plus charpentée que dans nos régions, mais sans kilos superflus (576, 567, 528, 557, 575, 576 kgs). Certains ont paru efflanqués. Tous portaient le type « de la casa », cardenos, pour la plupart, armés « corrnipasos », les cornes vers le haut et en arrière. Des toros impressionnants, mais dont on ne peut pas dire qu'ils sont "beaux".
     Elle aurait porté un autre fer, cette corrida aurait été qualifiée de "mansada". Mais, comme elle fut de Victorino, on dira, pudiquement, qu’elle fut un peu faible, qu’elle tarda beaucoup, gratta beaucoup le sol, recula beaucoup, chargea court, pour s’arrêter lorsqu’on l’obligeait trop, et tira de mauvais gañafones lorsque le torero se découvrait. En un mot… une mansada ! Mais comme c’est une corrida de Victorino, on dira pudiquement qu’elle fut sérieuse, mais donna peu de jeu.

     Stéphane Fernandez Meca (Ovation – Ovation) s’est battu, avec ses moyens, avec son expérience. Il essaya de faire le coup de la mise en suerte « de loin », mais cela ne marcha pas, et les Victorino le trahirent. Son premier, tardo, violent et dangereux sur main droite, passa son temps à gratter le sol et rouler des regards  mauvais. Meca tenta des choses, à gauche, mais dut se désister dignement, d’un pinchazo, une lame tendida et un descabello, sans bavure. Le quatrième, reçu par une larga à genoux, mentit beaucoup. Meca débuta très confiant, mais se retrouva très vite en danger devant un toro « tobillero », très violent, se retournant très durement dans chaque passe. De fait, les « petites piques », servies en France, pour faire briller « la bravoure » des Victorino, n’ont pas servi, ici … et Fernandez Meca s’est retrouvé avec un toro crudo, « tout cru », pas assez châtié. Vaillant et technique, le Français s’accrocha et conclut d’une entière un peu desprendida et un descabello, préparé seul. Respect du public, mais pas plus. En France, deux à trois oreilles! 

     Eugenio de Mora (Palmas – Ovation, après un avis) prenait les Victorino pour la première fois. Il apprit vite, à ses dépens, qu’il ne faut pas se découvrir et que les « retours » des toros de Galapagar sont plus secs et précis que tous les autres : le deuxième lui pointa méchamment la cuisse droite, sans autre dégât, heureusement, que la taleguilla déchirée. Autre toro qui recule et gratte le sol, comme pratiquement tous ses copains. Le toledano donna de longues passes, bien templées, au cinquième. On crut un instant à une possible faena. Hélas, cela traîna en longueur, sans jamais pouvoir passer à la carburation supérieure. Comme il tua très mal, très en arrière et de travers, le public resta de marbre.

     El Juli (Oreille – Ovation) a gagné son premier pari. Trois corridas consécutives à Bilbao, dont les Victorino! Beaucoup l’attendaient au virage. D’entrée, le madrilène se signala dans un quite par navarras, très propre, au premier de Mora. Très torero ! Son premier fut le meilleur, bien que sans grande qualité. Juli le lidia, sans autre fioriture qu’un quite par chicuelinas. Côté banderilles, ce ne fut guère fameux, bien qu’il soit parti « sur les deux cornes ». Faena de maestro sûr de sa technique, claire, précise, courageuse. Le Juli tira trois derechazos et un pecho, qu’il aurait donné à un « Domecq artiste ». A gauche, les naturelles eurent aussi de la profondeur, mais le toro raccourcit et décida que « c’était fini ! » Juli ne manqua pas de tirer un de ses habituels coups de canon, avec l’épée, et l’oreille tomba, en toute justice. Le sixième, impressionnant de carrure, fut une alimaña qui s’appuya beaucoup sur le torero, s’arrêta dans la passe, et gratta les sol. Nada ! Juli s’en défit prestement, et sortit sous les ovations d’un public rassuré : «Hay Juli para rato !!!! » 

     Ce jeudi 22 Août: Deuxième sortie du Juli, deuxième partie du "Défi Bilbaino", encadré de Manolo Caballero et Javier Valverde, face à des Javier Perez Tabernero

 

MONSIEUR LE PRESIDENT, JE VOUS FAIS UNE LETTRE...
A Bilbao, le toros ne sont pas le plus grand danger… hay un tal Matias!!!!

     23 Août : « Monsieur le Président, Don Matias Gonzalez, je vous fais une lettre, que vous lirez peut-être, si vous avez le temps… Je m’appelle Julian, on m’a baptisé « El Juli », et il paraît qu'à mes presque vingt ans, je suis Figure du Toreo. Ca vous en bouche un coin, hein ?
     Partout, j’ai triomphé, à Madrid, à la Monumental de Mexico... J’ai même coupé des rabos, là-bas…Et pourtant, le "Juez de plaza" n'est pas commode!

     J’aime bien Bilbao et les Bilbainos, moins… une personne ! Au bord du Nervion, je me sens bien. Les Basque sont durs, mais ont du sentiment, de la fierté, et savent reconnaître quand on est sincère, ou quand on se moque d’eux…

     Cette année, je rame un peu ! Non que j’aie perdu l’Aficion, ou le respect au public ; Non que j’aie pris soudain peur du toro… rien de tout cela ! J’en ai un peu « ras la coleta », c’est tout !
     Tous les jours, se réveiller « dans un autre lit »… Tous les jours, se dire qu’il y en a « encore deux » à  combattre et à estoquer !
     Tous les jours, faire entrer « Sevi », et entendre ses balivernes qui veulent me rassurer : « Les deux notres sont « comme ça », chiquititos, très fermés de cornes… on dirait des bonnes sœurs ! » Se fout de moi ! Après, quand j’arrive à la plaza, je me retrouve avec deux autobus, qui avancent plus vite que le tramway de Nancy, avec « deux perches », à rendre jalouse la cathédrale de Notre Dame… Il est fou, ce Sevillita! Un jour, je vais lui raser ses rouflaquettes… il va courir partout, nu comme un poulet !
     Tous les jours, penser à faire les choses « de mieux en mieux ! ».  Je me demande si je ne vais pas arrêter de banderiller, parce qu’avec les deux saltimbanques, là, j’ai l’air d’un plouc ! Le Ferrera, avec ses sauts de cabris ! Et le Fandi, avec ses diableries ! Avec lui, on ne sait jamais si on voit le film à l’endroit ou à l’envers ! J’ai bien essayé, l’autre jour à l’entraînement, de courir et « réunir » en arrière. J’ai fini dans un cactus ! Et puis ses paires « al violin » ! M’énerve ! Mais le Fandi, je l’aime bien… Ferrera, pueeeeees !

   Mais bon… j’aime Bilbao, et j’ai décidé, cette année, d’y faire un gros effort : Trois corridas, d’affilée. Avant hier, les Victorino ! Hier, les Santa Coloma de don Javier. Aujourd’hui, les Torrestrella. Admettez que je fais le maxi… Vraiment, je compte sur Bilbao, pour mettre les choses au point. Dur, dur !mais cela vaut la peine...
     Mercredi, vous m’avez donné une oreille d’un Victorino ! Avouez que je l’avais bien gagnée ! Si o no ?
    
Hier, le deuxième était le classique sobrero qui s’est comporté comme s’il avait passé des mois dans un corral, à renauder sa solitude. Il était manso, fuyait son ombre (même si à Bilbao, de l’ombre, il n’y en a pas beaucoup !) Je crois que j’ai fait le maxi, et que je l’ai bien lidié et bien estoqué. D’ailleurs, le public aussi l’a vu de cette façon… Avouez que la pétition était majoritaire ! Non ! non… elle était majoritaire ! Alors, bon dieu de bois ! pourquoi vous n’avez pas sorti le mouchoir ? Vous l’aviez oublié ? Vous vous en étiez servi pour autre chose ? Ou simplement, « vous estimiez » que je ne méritais pas cette oreille ?
     « Y ud quien es para desentender la peticion mayoritaria del publico bilbaino ? »
     Qui êtes vous donc, pour ainsi faire « fi » de la pétition majoritaire du public de Bilbao ? En vérité, j’hésite ! Soit vous êtes plus royaliste que le Roi, lui-même ; soit vous êtes le fils de la « mismisima gran p… ! » Con perdon ! J’en avais besoin, moi, de cette oreille ! Et puis, je la méritais !

     Enfin, je vous fais cette lettre, monsieur le Président, en espérant qu’elle vous parviendra avant six heures, ce soir ! Mes compagnons et moi-même, serions heureux que vous appliquiez le règlement…tout simplement, et sans faire le beau ! L’autre jour, vous avez volé la deuxième  à mon copain et non moins adversaire Fandi… C’était votre droit, paraît-il. Hier, une à moi ! une à Caballero ! Cela fait un peu beaucoup !
     Puisque c’est ainsi… je vais vous en faire cracher trois, cet après-midi…

     Avec tout mon respect, je vous prie d’agréer… etc ! »

     22 Août – BILBAO – 6ème de Feria – Lleno frisant le « No hay billetes » - Temps gris :
     La corrida de Javier Perez Tabernero a déçu. Présentation inégale, mais sérieuse (553, 567, 571, 599, 582, 576 kgs). On a du changer deux toros : Le deuxième se cassa « una pezuña », et sortit à sa place un sobrero manso du même fer, mais de « procédance » Atanasio, alors que les autres étaient de Santa Coloma. Le troisième alla se fracasser dans un burladero. On le remplaça par un sobrero de Juan Manuel Criado, noble, mais faible. Pour ce qui est des cinq titulaires, on gardera le lot de Caballero, et on rayera les deux derniers qui ne donnèrent aucune option.

    Manolo Caballero (Ovation, après avis – Ovation, avec forte pétition d’oreille) a été « en professionnel brillant », tout la tarde. Faena un peu trop longue, à son premier, comme il est de coutume chez lui. Mais, vers la fin, de très bonnes choses, très templées, relâchées, et des passes inversées, un peu superflues. Epée tendida. Le quatrième était bon, mais n’humiliait pas, ne baissait pas la tête, comme la majorité du lot, du reste. Caballero le toréa très sobre et technique, sans effets, sans zapatillazos. Bonne faena, bien adaptée au conditions du toro, et estocade qui déclencha une forte pétition. Le président refusa, et Caballero resta au tiers, sous une grande ovation.

    « El Juli » (Grande ovation, après forte pétition, avec bronca au Président – Palmas) toréait « la deuxième ». On l’a vu brillant lidiador et torero face au remplaçant deuxième, un manso fuyard, haut et fort, brusque dans ses réactions, violent dans ses rares attaques. Il le laissa faire, dans les deux premiers tiers, et commença à l’attaquer, muleta en main. Le double grand mérite du Juli a été « de le garder au centre », alors que le toro ne pensait qu’aux planches, et de le toréer, lié, malgré tous les mauvais coups et les charges désordonnées du manso. Ce fut tendu, mais Juli se fit "aussi fauve que le fauve", aussi malin que le malin. Pour conclure, une estocade « à un temps », sur un arreon du manso. Pétition majoritaire, mais qui laisse le président, de marbre. Ecoeuré, Juli ne voulut même pas donner vuelta.
     Le cinquième était « une mule impossible ! » Julian Lopez le banderilla bien, mieux que de coutume, mais ne put qu’essayer, vainement. Demie et quatre descabellos. Cette "deuxième manche" fut amère, pour celui qui misait beaucoup sur « les trois de Bilbao » !

     Javier Valverde (Ovation – Ovation après un avis) a démontré le sérieux, la sobriété de son toreo, mais n’a pu aller au bout, par la faute de ses deux adversaires. De très bonnes choses sur main droite, en trois séries, face au sobrero de Criado. Hélas, cela se passa moins bien à gauche, et le torero dut en terminer, par manoletinas, tuant d’une épée qui tarda beaucoup à faire son effet. Dommage, car le public aurait pu lui demander de donner une vuelta.
     Le sixième était « un fadasse », un soso sans la moindre étincelle… Valverde essaya, jusqu’à un désarmé qui sonna le glas de toute illusion. Pour arranger le tout : Deux pinchazos et trois descabellos.
     Valverde ne triomphe pas, mais laisse l’impression d’un diestro d’avenir, qu’il faut attendre. La Feria de Salamanque sera pour lui, très importante. Presque vitale.

     Ce soir, « la troisième » du Juli, avec Davila Miura et Miguel Abellan, face aux Torrestrella. Le président aura t’il apporté son mouchoir ?

 

ENRIQUE PONCE : EN THEORIE, DEMAIN A ANTEQUERA…

   23 Août : La petite plaza d’Antequera, entre Séville et Grenade, va devenir, l’espace d’un samedi, le centre du Monde… En effet, Enrique Ponce a décidé y faire sa réapparition, après la longue convalescence, avec rechute, qui a suivi sa grave blessure du 23 Juin, à Leon.

     Le Valenciano sait qu’il n’est pas « à 100% ». Il a toréé et estoqué plusieurs toros « a puerta cerrada », ces jours ci. Ce n’est pas « le top », mais il faut avancer. Près de trente contrats ont été déjà perdus, faisant la joie des jeunes remplaçants… 
     Enrique Ponce veut donc réapparaître, samedi 24 Août, en plaza d’Antequera, où l’on sait le public affable et torerista. C’est après que les choses se corseront, puisque le maestro devra toréer, quasiment tous les jours, jusqu’au 5 Septembre : Puerto Santa Maria, dimanche ; Cuenca, lundi ; Deux corridas en Almeria ; Linares, le 29 Août ; Calahorra, le 31 ; Puis, Medina de Campo, Palencia, l’anniversaire de Huelva… Et il faudra penser au mano a mano, avec Jose Tomas, le 8 septembre, à Dax.
     Dur programme, pour un convalescent…

     Hier, Antequera a vécu un grand moment, avec la novillada de Barral, qui a donné grand jeu, excepté le premier. Tout le monde est sorti a hombros : Les trois novilleros et le mayoral.
     Gros triomphe de Salvador Vega, qui coupe trois oreilles ; Octavio Chacon, sobre et un peu vert, obtient une oreille de chaque novillo, tandis que David Galan met le feu, mais tue mal son premier. Deux oreilles du dernier… et la grande Fête.

     Aujourd’hui, Antequera reçoit le Finito, Fran Rivera et Jose Luis Moreno, devant des toros « del Toril ». Mais… tous les yeux sont fixés sur…Demain !

 

LE FANDI : AUTOMNE A MADRID !

     23 Août : C’est confirmé, El Fandi sera présent aux cartels de la Feria de Otoño, à Madrid.
     On sait qu’il y aura trois corridas : Puerto San Lorenzo, Adolfo et Victorino Martin. Côté toreros, sont déjà « fijos » : Frascuelo et Luis Francisco Espla. On peut penser à Robleño, au Cid et à quelque autre diestro ayant suscité l’intérêt, au cours de la saison madrilène… 
     Par contre, les figures se font toujours tirer l’oreille. Seul El Fandi a répondu « présent », ce qui est tout à son honneur, vu la saison qu’il est en train de mener. Au 20 Août, David Fandila avait toréé 46 corridas, obtenant 112 oreilles et 7 rabos. Impressionnant, d’autant qu’il y a là des trophées « très importants », comme cette oreille « qui en vaut deux », l’autre jour à Bilbao.

     Fandi est actuellement « torero embalado ». Tout lui réussit. Madrid peut avoir deux effets : Soit il triomphe (ce qui est possible, et même probable), et « il double la mise »… Soit il « coince un peu »… et a tout l’hiver pour se refaire !  Dans les deux cas, il aura le respect des Aficionados, pour venir se frotter à Las Ventas, pendant que les autres sont déjà dans leurs pantoufles d’hiver.
     On se souvient du respect qu’avait inspiré Cesar Rincon, en 1991, en venant à Madrid en Automne, alors qu’il était sorti a hombros, par trois fois, au cours du printemps. Le colombien joua… et gagna : Faenon au toro de Moura et quatrième Puerta Grande ! Le Fandi doit avoir cela, au coin de sa jeune mémoire. Chapeau !

     En attendant, le granadino torée tous les jours, et triomphe… presque tous les jours. Hier, c’était une nocturne, à Marbella. Les toros d’Astolfi n’ont pas valu le déplacement. Une vraie mansada.
     Padilla a écouté deux ovations ; Ferrera et Fandi ont coupé une oreille. Mais bof !

     Ce vendredi, il torée près de Séville, à Constantina. Mais c’est demain que les choses seront très sérieuses : Bilbao, avec Ferrera, devant les toros de « Doña Dolores ». Fandi mettra le turbo, car il est, actuellement, triomphateur de la Feria…
     Suerte, torero. Te lo mereces!

 

BILBAO : « IL » LUI EN A FAIT CRACHER TROIS !
El Juli triomphe superbement, coupant trois oreilles !

     24 Août :  Je ne sais pas si vous avez lu, hier matin, la lettre du Juli à don Matias Gonzalez, le président « tacaño » de Bilbao, un vrai radin, mais en tous cas… « il » a fait ce qu’il a dit. Souvenez vous, la dernière phrase : « Puisque c’est ainsi… cet après midi, je vais vous en faire cracher trois ! » Toma ya ! Ben… il l’a fait !

     Trois oreilles pour El Juli, hier, au cours d’une corrida où il y a eu beaucoup de travail pour les médecins et les couturiers. En effet, les trois diestros se sont faits prendre, et seul le Juli a rejoint la terre, sans mal. Ce ne fut pas le cas d’Abellan, blessé à la cuisse gauche par le deuxième, et encore moins d’un Davila Miura méconnaissable, dont la blessure au mollet droit est plus grave.

     Pari gagné pour Julian Lopez, qui regagne son trône, et peut savourer une coupe de champagne, bien gagnée. Cet après midi, Ferrera et Fandi peuvent s’accrocher, devant les Dolores Aguirre. Lui, El Juli, a remporté le terrible challenge qu’il s’était fixé : Trois corridas à la feria de Bilbao 2002, dont les Victorino. Pari gagné : Quatre oreilles en sept toros (à Bilbao), plus celle que le président lui a « torpillée », le deuxième jour. Quatre oreilles, dont une à un Victorino.
    Sept toros, sept coups d’épée et un pinchazo ! Bon !

     La tête et les jambes ! Le cœur et les tripes ! Chapeau, Juli ! Et pour finir, "le" geste : Alors qu’il venait d’ouvrir enfin la grande porte de Bilbao, après un nombre d’années tel que l’on pensait en avoir perdu la clef, Juli demanda à ce qu’on le pose à terre, et repartit aussitôt vers l’intérieur de la plaza, pour aller aux nouvelles de ses collègues blessés, encore soignés à l’infirmerie.
     Après toutes ces émotions et ces fatigues; après avoir lidié trois toros, coupé trois oreilles, changé la pluie en lumière, ce jeune homme pouvait se donner tout entier à son triomphe et doux regards des Bilbainas (que las hay muyyyy guapas !) Au lieu de cela, il dit « posez moi là, j’ai des copains qui se sont fait mal ! » Superbe, non ?
     Voilà pourquoi, le Juli est « figura », aussi, de ce côté là !

     La corrida de Torrestrella a été inégale, dure, aspera. Abellan s’est montré torero digne du plus grand respect. Davila Miura, quant à lui, était dans un jour noir ! Noir comme le ciel, noir comme la cendre du ruedo ! Noir comme la malchance ! Et cela s’est terminée avec une cornada qui pourrait bien signer sa fin de saison. Pour le moment, on ne sait pas qui prendra sa place, demain, face aux Miura…
     Le Juli y aurait bien été, mais il torée à Almagro… Ca, cela aurait été un geste de Figura ! Triompher, et remettre tout dans la balance, et avec des Miura ! Et, je vais vous dire… Il aurait triomphé !!!

     23 Août – BILBAO – 7ème de Feria – No hay billetes – Pluie, suivie d’averses !: 
    Corrida de Trorrestrella, bien, mais inégalement présentée, passant du noir au traditionnel Burraco (le deuxième est magnifique). Corrida lourde qui est sortie « aspera », rude, avec des cabochards, comme les 1, 2 et 4èmes, qui ont montré du « genio », mais aussi avec le 5ème, toro noble et mobile. Toro de classe. A la bascule : 562, 589, 617, 545, 554, 584 kgs.

     Eduardo Davila Miura (Silence, après deux avis – Silence – Cornada par le sixième qu’il allait lidier en remplacement d’Abellan, blessé) est sorti à la plaza, « agarrotado », figé par la responsabilité, paralysé par… ! On le vit peu à l’aise devant son premier, un toro ardu, qui accrochait partout, secouait la tête dans tous les sens et de plus, se serrait, des deux côtés. Davila ne sut comment s’en dépêtrer et connut un calvaire au descabello : 10, après pinchazo et une presque entière.
     Ce ne fut pas mieux, devant le quatrième, qui ne baissa jamais la tête. Le faena «vogua » au gré de la pluie qui tombait, et quatre désarmés successifs lui firent perdre tout cap. Pour conclure, une estocade « sous la ligne de flottaison ».
     Pour arranger le tout, il faut prendre le sixième, à la place d’Abellan. Davila Miura va recevoir le toro, glisse, trébuche, et se fait méchamment cueillir. Tous se précipitent. Juli est là qui aide à le porter vers l’infirmerie. Davila Miura, grimace sa douleur et son sort maudit. Au bilan médical : Cornada de 25 cms au mollet droit, au niveau des muscles jumeaux. Intenses dégâts musculaires et grosse hémorragie. Pronostic grave. Sale journée !

     Miguel Abellan (Une oreille, après cornada) s’est montré très décidé, très responsable et torero, face à « Barbillero », un toro burraco, magnifique, mais de comportement réservé, calculateur. Le toro avait été bravucon à la pique, et Abellan, en absolu besoin de triompher, le cita de loin, pour deux grosses séries de droite, bien rematées au pecho. C’est sur la première gauchère que le toro le serra, le prit de plein fouet, et le fit monter sur la corne, le torero baignant son visage dans le garrot ensanglanté, comme à Bayonne. Grosse émotion dans la plaza : visage en sang, mais également, le costume blanc et argent, déchiré à la cuisse gauche. Le torero se sait blessé. Oubliant sa douleur, Abellan  attaque à nouveau, donne deux molinetes à genoux et met un gros volapié. Secoué, le public exige une oreille. Abellan salue et part vers les chirurgiens. Diagnostic : Blessure de 14 cms, en cornada « envainada » (interne, sans rompre la peau) à la cuisse gauche. Pronostic « réservé ».

     « El Juli » (Une oreille – Deux oreilles – Ovation, au sixième, lidié à la suite de la blessure de Davila Miura) a terminé la corrida, seul et totalement triomphant. D’entrée, il avait dit ses intentions : Trois largas à genoux, suivies de delantales vibrants, face au troisième. Ce fut un toro lourd (617 kgs), qui baissa rapidement de pied, et auquel  Juli donna une faena courte mais très intense, en particulier sur deux séries de naturelles, où c’est le torero qui a « tout fait ». Avec le public dans sa poche, le Juli partit pour une énorme estocade, mais se fit accrocher par la taleguilla, s’envolant haut, mais sans mal. Quand il repris contact avec le sol, le toro était mort…
     Le cinquième, « Arqueno », fut un bon toro, un peu limité en forces. Le Juli le vit aussitôt, le lidia très bien, et commença à construire son triomphe : quite par lopecinas (ou zapopinas) et bon tercio de banderilles, particulièrement brillant sur… la corne gauche (tout arrive !). Faena solide, de maestro. Faena liée, torerisima ! Deux séries de droitières , longues, bien liées. Vinrent alors des naturelles, très templées, cousues entre elles. Retour à droite pour des redondos, dont un, à l’envers, qui fit rugir la plaza. Faena classique, brillante, « définitive »… Entrant « comme un mort de faim », Juli mit une entière et Don Matias (qui avait bien reçu la lettre…) ne se fit pas prier pour larguer les deux mouchoirs. Triomphe indiscutable.
     Davila Miura blessé, Julian Lopez dut reprendre les armes, et monter à l’assaut du sixième. Il fit le maximum, alla même jusqu’à le banderiller, « essaya », de toutes les façons, mais ne put rien construire devant le plus arrêté du lot. C’est à ce toro qu’il mit le seul pinchazo de sa feria.
     Grand succès du Juli qui gagne son pari Bilbaino, et… « reprend la main » !

     Ce samedi : Les toros de Dolores Aguirre, pour Padilla, Ferrera et Fandi. On attend « la réplique » !

 

DANS LES AUTRES PLAZAS : TRIOMPHES « BON MARCHE » !

     24 Août : Rien n’est facile, dans les toros. Cependant, l’on sait très bien que les oreilles coupées dans les plazas de moindre importance n’ont pas le même « calibre », le même poids, qu’un trophée à Madrid ou Bilbao. Asi que...
     Hier, se sont déroulées trois corridas qui ont donné les résultats suivants :

     23 Août – ANTEQUERA – 2ème de Feria – Plus de ½ plaza : La corrida du Toril (Ex Martin Berrocal) est sortie « vilaine et mauvaise ». Seul, le cinquième a donné du jeu.
     Finito de Cordoba a donné quelques détails de classe, mais n’a pas tué. Ovation aux deux, avec avis au quatrième – Rivera Ordoñez a regardé le triste premier avec une moue de dédain. Silence. Par contre, il a sorti tout ce qu’il avait en boutique, devant le cinquième. Comme, en plus, « il est beau » ! Deux oreilles ! – Jose Luis Moreno toréa bien deux mansos, coupa l’oreille de son premier, mais « ne tua pas » le dernier. Palmas, après une sonnerie.
     Aujourd’hui, on attend le retour d’Enrique Ponce, et tout le monde a « plein de questions dans la tête » ! Surtout lui…

     23 Août – CONSTANTINA (Sevilla) – ¾ de plaza : Corrida bien inégale de Jose Luis Pereda : Inégale en présentation et armures. Inégale en comportement. Bref, «inégale ! »…
     Marcos Sanchez Mejias a fait le toreo classique, du bout des lèvres, devant un public qui était venu voir « deux furieux ». On l’applaudit gentiment, pas plus. Avis, au quatrième – Antonio Ferrera et El Fandi se sont multipliés, tant au capote qu’à la muleta, banderillant, bien sûr, très spectaculairement. Pour les deux, le résultat identique : Deux oreilles et une oreille.
     A n’en pas douter, cependant, leur esprit était déjà, à Bilbao, devant les Dolores Aguirre. Une autre paire de… (comme vous le sentez !)

     23 Août – INIESTA (Cuenca) – Bonne entrée : La corrida d’Ortigao Costa a donné un jeu varié, permettant aux toreros de s’exprimer. Seul, le cinquième s’est arrêté.
     Grande tarde de Manolo Caballero, coupant trois oreilles et continuant sur sa lancée triomphale – Morante a de bons détails, mais touche le mauvais lot. Une oreille et silence – Jose Antonio Iniesta « picote » son premier, mais torée fort bien le sixième. Ovation et deux oreilles.
     Manuel Caballero revient, demain dimanche, au Puerto Santa Maria, la plaza de son exploit du 11 Août, où il obtint la grâce du Jandilla. Cette corrida fut le point de départ de son euphorique trajectoire actuelle.

 

BILBAO : IL FALLAIT BIEN QUE CELA ARRIVE UN JOUR…
Horrible cogida du Fandi

     24 Août : S’il y a un dieu pour les toreros, il faut bien reconnaître qu’il a eu du travail, cette année. Plus encore, hier, sur le coup de 20 h15, quand sortit le sixième toro de Dolores Aguirre, sur le sable gris plomb de Vista Alegre, à Bilbao.

     La corrida était sortie mauvaise, décastée, sans une once de classe. Les toreros avaient fait ce qu’ils avaient pu, avec des fortunes diverses.
     David Fandila « El Fandi » avait donné la seule vuelta du jour. Ce sixième était pour lui, l’occasion de triompher, et « remater la Feria ». Il partit donc à l’assaut de la montagne de fureur, et enchaîna trois largas à genoux, deux faroles, dans la même position, puis, debout, trois lances qu’il voulut clore d’une demie, les deux genoux en terre. Le toro, alors, fit un soudain crochet, lui infligeant une cornada à la cuisse gauche, puis, sûr de sa prise, s’acharna sur lui, glissant sa corne sous la chaquetilla, la faisant exploser dans un de ses multiples hachazos, tandis que le corps montait et descendait, comme un pantin désarticulé et à moitié déshabillé. Impression tragique de « la mort en direct ».
     Tous se précipitent et le toro lâche prise, s’enfuyant avec un bout de chaleco doré, accroché à la corne gauche. Fandi se relève, fait un pas, se sent blessé, complètement cassé, et s’abandonne au bras de son père et de ses sauveteurs. Christian Romero est là, qui le porte vers l’infirmerie. La plaza a hurlé de peur. Elle a maintenant le sang glacé. On craint la terrible blessure, l’issue fatale…

     Il y a cinq minutes, il était « tout ». Maintenant, un pauvre jeune homme qui se débat contre la camarde. Hier, à la lumière des brûlantes sorties à hombros! Aujourd’hui, dans la pénombre feutrée d’un chambre de clinique…
     A priori, les nouvelles sont rassurantes : Blessure propre, sans gros dégâts, à la cuisse ; Un méchant varetazo, au niveau de la poitrine ; et, plus ennuyeux, une probable luxation de la clavicule droite. On a pensé « fracture », mais il faut attendre les examens radio complémentaires.

     Ce n’est pas la première « rouste » qu’il prend… mais celle-ci a fait vraiment peur, car elle a duré longtemps, et la corne a frôlé, à plusieurs reprises, la poitrine, le cou, la tête… Bref, de quoi cauchemarder un bon moment.
     Que voulez vous… Le Fandi montrait une telle force, une telle intensité émotionnelle dans son toreo, que la blessure, qui forcément devait arriver un jour, ne pouvait qu’être intense, forte, terriblement émouvante… A la dimension de l’immense impact provoqué par ce jeune granadino qui, en début de saison, n’était presque rien…

     Hier, le Dieu Aficionado a fait un gros quite  au « Roi David », prince d’une saison où son audace, sa vista et son courage, sa spontanéité et sa fraîcheur, sa sympathie, bref, sa personnalité torera, ont fait merveille, et "secoué la fourmilière". Ajoutons à cela une croissante qualité de muletero, ratifiée, à Bilbao, dans les meilleures naturelles de la Feria, et nous avons là, « le » torero de l’année… que nous n’avons pas vu en France, dans les grandes Ferias. Ce qui est, nous l’avons déjà dit, une faute…

Qu’en sera t’il du Fandi, à son retour ? Est-ce « la » blessure dont tout professionnel attend l’arrivée, avant de ce prononcer sur « Celui-là va être Figura del Toreo » ?
     Il faut attendre, bien sûr… Si la clavicule est fracturée, la saison est finie. Si elle est luxée… à peine mieux. On verra bien ! Mais pendant ce temps, quelles images trotteront dans l’esprit du « miraculé de Bilbao » : Les sorties a hombros, ou la corne qui passe et repasse sous ses yeux ?

     Ponce a réapparu, hier. La corrida était trop « insignifiante », pour en tirer conclusion. Antonio Barrera réapparaît, le 27, à Almeria… A quand, la réapparition du Fandi ?

     24 Août – BILBAO – 8ème de Feria – ¾ de plaza – Temps mitigé :      Corrida « détestable » de Dolores Aguirre. Depuis trois ans, un ou deux toros « sauvaient » la Ganadera Bilbaina, chouchoutée ici par tout le monde. Cette fois, le verdict est claire : Mansada intégrale, qui a provoqué l’ennui et la grisaille. Toros charpenté, mais sans aucune race. Seul, le troisième eut une bonne corne gauche… tant qu’il dura. Pour le reste, mansedumbre totale au cheval, le cinquième passant à peu près correctement l’épreuve ; De la faiblesse, aussi… mais surtout, une immense soseria, un total manque de classe. Moruchos !

     Luis Miguel Encabo (Ovation- Silence après avis – Ovation au sixième, lidié en place du Fandi, blessé) se présentait à Bilbao. Il fit preuve de sérieux et de savoir. Bien au capote, il put montrer de bonnes choses face au premier, jusqu’à mi faena. Puis, le toro s’arrêta.
     Le quatrième était une montagne de tristesse. Encabo se mit devant, fit ce qu’il devait faire, sachant qu’il allait à l’échec.
     Il s’accrocha au sixième, un décasté, qui se mit à montrer quelque sentido. A l’épée, ce ne fut pas la gloire. Aux banderilles, il essaya de monter à la hauteur de ses collègues, mais n’y parvint pas.

     Antonio Ferrera (Ovation – Ovation) s’est battu comme un chien avec son premier, un très moche, cariavacado, qui regardait en dessous, marchait sans cesse et mettait seulement « une demie charge ». Tout cela en même temps. Ferrera réussit à lui voler quelques passes, au prix d’un terrible effort. A la fin, le toro partit aux planches, et n’en bougea plus.
     Le cinquième lui permit de tourner un quite par navarras, mais s’arrêta vite. Moins brillant que de coutume, aux banderilles (il manqua son quiebro), Ferrera dut se résoudre à limiter la casse. Malchance.

     « El Fandi » (Vuelta – Blessure) s’est montré brillant banderillero, lors des « échanges de politesse » proposés par les trois diestros, à leur premier toro. Pour le souvenir, un « violin » au troisième.
     Ce toro fut le seul à donner un peu de lui-même, sur corne gauche. Fandi lui dessina deux grandes séries de naturelles, puis, perdit la bonne distance, et la faena baissa de ton. Bilbao salua son effort, et reconnut ses qualités muleteras. (C’est un des points du bilan de cette feria 2002)
     Puis sortit le sixième « Botero »… Par huit fois, le toro rentra fort et droit, l’espace de trois largas et deux faroles, genoux en terre, et trois véroniques. Allez savoir pourquoi, à la neuvième chrge, alors que le Fandi préparait sa demie, à genoux, le toro incurva sa charge, et… Bilbao hurla de terreur.

     Ce dimanche 25, la Feria de Bilbao s’achève avec la Miurada, que vont lidier : Zotoluco, Fernandez Meca (qui remplace Davila Miura) et Juan Jose Padilla.

 

PONCE REVIENT… DE MORA GRACIE UN TORO.

     25 Août : Tandis que Bilbao va brûler sa Mari Jaiia, c’est Almeria qui va allumer les feux d’une feria de chaleur, de couleur et de joie. Chaque jour, on fait saluer les toreros, en fin de paseo. C’est vous dire la disposition de ce public à vouloir « pasarselo en grande »… Et cela arrive souvent. Almeria : Une grande feria, où l’on fait, quand même, les choses très sérieusement.
     En attendant, Cuenca, avec sa feria de San Julian, et Antequera, ont joué les vedettes, hier : La première, parce que l’on y a « indulté » un toro ; la seconde, parce qu’elle vivait la réapparition d’Enrique Ponce.
     Le valenciano est revenu, à triomphé « avec suffisance », d’une corrida commode et faible. On attendra donc les prochains rendez-vous, pour se prononcer sur le retour tant attendu.

     24 Août – ANTEQUERA – 3ème de Feria – Corrida Goyesca – ¾ de plaza : En début de corrida, on remit à Enrique Ponce, le trophée « Sol de Antequera » au triomphateur de la Feria 2001. Le valenciano eut le public « a favor » durant toute la corrida. Normal ! Toros de Maria Jose Barral (encaste Juan Pedro Domecq), commodes de présentation et de tête, nobles et faibles.
     Juan Mora (Oreille – Ovation) se fit accrocher sans mal par son premier, qu’il tua d’une épée foudroyante. Sa faena au quatrième débuta par un méchant désarmé, et la confiance eut des soubresauts.
     Enrique Ponce (Deux oreilles – Une oreille) s’est montré grand infirmier, devant son premier. Facile, technique, le valenciano trouva distance et hauteur de muleta, pour faire passer le bicho, sans le déranger. Toréant avec « suffisance », il ne se mit pas la pression, et tua… « habil ! ». Le cinquième avait un peu plus de sentido. Au cours du trasteo, Ponce essuya un gros hachazo, au niveau de la poitrine, mais sortit de cet incident, sans difficulté apparente.
    Morante de la Puebla (Oreille et furieuse pétition de la seconde – Une oreille) donna les grands moments de la tarde, en particulier dans de magnifiques naturelles à son premier, agrémentées de molinetes et adornos du meilleur goût. Estocade entière, en buen sitio, et furieuse pétition des deux oreilles, que refusa le président. La bronca fut épique. Par contre, l’oreille du sixième est due à une grande bonne volonté , face à un toro beaucoup plus réticent et violent.

    24 Août – CUENCA – 1ère de Feria de San Julian – ¾ de plaza  - Pluie, durant toute la corrida, et grand coup de vent, à partir du quatrième.
     Toros de Martelilla, correctement présentés et qui ont donné grand jeu, en particulier le sixième, à qui fut accordé « l’indulto ».
     Victor Puerto remplaçait Paco Ojeda. On le vit en pleine forme, alternant le sérieux et le spectaculaire. Deux oreilles et ovation.
     Jose Tomas donna de grands détails, tout au long de la tarde, coupant les deux oreilles du cinquième. Auparavant, avait été ovationné
     Eugenio de Mora donna une grande faena au sixième, liant de grandes séries, à un toro qui alla « a mas », extrêmement noble, au point que la décision fut unanime : Mouchoir orange et indulto. Radieux, Eugenio de Mora coupa las deux oreilles et la queue du grand toro.

     24 Août – ALCALA DE HENARES – Casi lleno : Corrida très inégale du Torero. Seuls les trois derniers ont servi.
     Luis Francisco Espla coupe les deux oreilles du quatrième – El Juli se déchaîne et obtient les deux du dernier, avec pétition de rabo – Entre les deux, Rivera Ordoñez prend un trophée du cinquième.

     24 Août – ALMAGRO – plus de ½ plaza : Quatre toros de Criado Holgado, et deux de Juan Manuel Criado, au comportement correct.
     Leandro Marcos prend une petit cornada « envainada », par le troisième. La corrida devient alors un mano a mano, entre Uceda Leal (Oreille – Ovation- Silence) et Cesar Jimenez, qui coupe une oreille de chaque adversaire.

     24 Août – CIEZA (Murcia) Casi lleno : Bonne corrida de La Dehesilla. Le 5ème est un sobrero de « La Plata », difficile. On pense que le sixième a un défaut de vue.
     Finito de Cordoba coupe deux oreilles au quatrième – Caballero touche les deux carnes, étant applaudi – El Cordobes met le feu à la plaza : Deux et une oreilles.

     24 Août – INIESTA (Cuenca) – Lleno : Inégale corrida del Sierro.
     Padilla triomphe, avec trois oreilles – El Califa et Fernando Robleño entendent de fortes ovations.

 

BILBAO : UN « SNOBISME » APPELE MIURA…

     26 Août : « Ya esta bien, hombre ! »… Autrement dit : « Yen a marre ! » Cela fait des années que Miura ne donne plus rien sinon « des mètres et des tonnes de bidoche », sans race et sans force, sans rien à offrir que ce « Oooooh ! » un peu malsain de la foule, lorsque s’ouvre la porte du toril.
     Quelques foulées en faisant le beau, « encampanandose », parfois, au milieu du ruedo, l’espace d’une photo, et « pfftttt ! Se acabo ! ». Alors on a droit aux courses en tous sens, aux têtes en haut, aux « fausses soserias », aux « airs de ne pas y toucher ». Bref, on a en face des tonnes de barbaque, et quelques grammes de cervelle, malsaines.

     Les Empresas se font le quite en affichant les Miura, « la grande ganaderia mythique », parce qu’un jour, un « fils de la puchica ! » a tué Manolete...
     En face, elle met trois malheureux qui savent qu’ils vont avoir en face six mastodontes devant lesquels ils n’ont aucune chance, et qu’ils devront « matar a estoque », sans pouvoir utiliser d’escabeau.

     Il y eut des temps jadis où « un ou deux » se laissaient. Il y eut même « de grands Miura »…A Pamplona, à Bilbao... Qu'on en parle à Damaso Gonzalez, ou à Roberto Domingurez.  Mais ce fut, vraiment… jadis.
     Aujourd’hui, c’est plutôt du « Planquez vous, il n’y a rien à voir ! » Et, cette année, c’est le top, avec : Séville, Pamplona, Bilbao ! Ni uno ! Certes, on dira Arles, Nîmes… A vous de voir : De bons toros?  ou des toreros qui se la sont jouée pour sortir de ces puits, toute l’eau qu’ils n’avaient plus ?

     Alors, les plazas se couvrent d’un public bariolé : Aficionados qui regardent, effarés, mais admiratifs, devant la technique et le courage des hommes. Snobinards endimanchés, avec le cigare et le clavel, qui vont voir la Miurada, en clamant bien haut : « Ca, c’est de la corrida ! » En général, ils vont, accompagnés de quelque dame qui vient se faire, l’espace d’un corrida sans fin, les sensations qu’elles ont « quelque peu » oubliées… ce qui donne à quelques illuminés la possibilité de disserter sur « la puissance érotique de la corrida ».  Mais chtttt !

     Hier, Bilbao devrait sonner le glas de cette triste pantomime… Miura a été grand, « parce que différent ! ». Maintenant, il est grand… et c’est tout !
     D’ailleurs, on aura noté, au cours de cette feria, la faillite totale ou quasi, des corridas dites « dures » : Cebada, Dolores Aguirre, Miura… et Victorino. En présentation et comportement, d’autres leur ont fait le pige. On pense tout particulièrement à Torrealta, lors du mano a mano Ferrera – Fandi : Toros très sérieux de présence et de comportement, mais qui ont permis aux toreros de démontrer courage et toreria…

     Une légende est en train de s’éteindre, celle des toros « avec une vertèbre en plus ». Cet os légendaire a été remplacé par des kilos de mansedumbre et de feinte mollesse. Se acabo !
     Oh, bien sûr, on va continuer à afficher les Miura, et des hommes continueront à suer pour leur arracher « des quarts de passes »…Asi, las cosas !

     Cela s’appelle… « Le snobisme Miura ! » Mais, prenons bien garde que « d’autres snobismes » ne viennent lui tenir compagnie… Suivez mon regard !

     25 Août – BILBAO – Dernière de Feria – ¾ de Plaza – Gris : On a lidié quatre Miura, parce que deux d’entre eux, monstres aux pieds d’argile, ont été rentrés au corral de la honte et du noir puntillazo. La raison : Invalides !
     Quatre de Miura (1,2,5 et 6èmes) présentés « comme des Miura », dont seul le premier « se sauve ». Les autres furent des carnes sans style, sans race, sans force, et dangereuses. En remplaçants, deux de Juan Manuel Criado (3 et 4èmes) qui ont fait leur devoir avec plus ou moins de bonne volonté.

     Zotoluco (Grande ovation – Deux Vueltas) faisait sa présentation à Bilbao. Il y aura laissé la carte d’identité d’un torero sérieux, plein de décision et de métier, connaissant bien le caractère de la ganaderia, comme il le démontra face au premier. Bien avec le capote, et très bien dans un muleteo de combat. Début, à genoux, au milieu, tandis que le cardeno arrivait comme un trolley bus. Zotoluco avait brindé au public, mais la montera n’avait pas voulu choisir le sort : elle était tombée, verticale, restant ainsi, sur le champ. Zotoluco toréa bien, mais tua mal…
     Le quatrième, de Ciado, remplaçait un lamentable mastodonte… Zotoluco démontra qu’il pouvait toréer calmement, proprement, sans les soubresauts qu’imposent les pensionnaires de Zahariche. Faena sérieuse, agrémentée d’un final agenouillé. Pétition et deux vueltas méritées pour le mexicain sympa.

    Stéphane Fernandez Meca (Ovation aux deux) remplaçait Davila Miura. « Vaya favor ! ». Quel cadeau on lui a fait là ! Quel cadeau « il » a fait aux organisateurs, ses apoderados, et au ganadero. Le français a mis toute sa décision et son savoir, face à un lot impossible, de la larga à genoux, jusqu’au dernier descabello. Bilbao l’a reconnut. Ya es algo ! A noter les brindis à Dolores Aguirre. Sérieux, Stéphane, ou « un poil »  ironique ?

     Juan Jose Padilla (Ovation – Ovation, avec avis) s’est multiplié, a banderillé avec brio, a toréé à cent à l’heure son premier Criado, s’est accroché au sixième, roi de la demie charge, tête en l’air, mais a tué de deux bajonazos, qui ne sont même pas dans les livres. Volonté brouillonne d’un torero dont l’étoile a pali, il y a un an, justement, devant les six Miura de Bilbao…

 

PUERTO SANTA MARIA : PONCE RASSURE… CABALLERO CONFIRME.

      26 Août : Autant on pouvait rester dubitatif, suite à « la corridette faiblote » d’Antequera, où Enrique Ponce a fait son retour, autant sa prestation d’hier, au Puerto, ne laisse pas de doute : Ponce est revenu « tel qu’en lui-même », c’est à dire plus torero, plus élégant, plus relâché, plus « a gusto » que jamais. C’est du moins ce qu’il a démontré hier, devant un excellent toro de Sanchez Dalp à qui l’on donna vuelta, en partie grâce à lui.
     Maintenant, il va falloir « durer » et « aller a mas ». Le semaine qui vient sera cruciale, le valenciano accumulant corridas quotidiennes et voyages de moyenne portée. Lundi prochain, on pourra faire le point et oublier cette maudite fatigue… qui nous a, en partie, gâché l’été.

     Un qui est sur son petit nuage, et qui ne veut pas en descendre, c’est Manolo Caballero. Hombre! quand un torero est « bien », il faut le dire. Et, depuis le 11 Août, il faut bien dire que l’Albaceteño vole de succès en succès : Bayonne, Dax, Bilbao… entre autres !  Hier, il revenait au Puerto, qui est devenue une de ses plazas fétiche : Trois oreilles, et surtout, une faena où « il a construit » un toro, au prix d’une méchante voltige. Mais là, à l’inverse de Dax, on a reconnu ses mérites…

     25 Août – PUERTO SANTA MARIA – Dernière corrida de la Temporada d’été – Plus de ¾ de plaza : Cinq toros de Manolo Gonzalez, de présence et de comportement inégaux. En deuxième, sortit un Socorro Sanchez Dalp, « Garrullado » - 510 kgs, qui donna grand jeu, grâce à Ponce. On lui fit l’honneur de la vuelta posthume.
     Ortega Cano (Bronca – Ovation)… Que dire de plus qui ne soit déjà dit ? Face au toro « mi bon, mi-difficile », il  se trouve sans recours, sans volonté, et sans honte. Par contre, un coup de rage, d’orgueil, lui fait soudain redresser sa taille épaissie, et donner les trois véroniques de la tarde, au quatrième.
    Enrique Ponce (Une oreille – Une oreille) a été « en grand torero », toute la tarde. Il tua mal son premier, sans quoi on parlerait aujourd’hui d’une apothéose. Très bien avec le capote, il se signala, d’entrée, dans un quite au toro d’Ortega. Son premier, de Sanchez Dalp, arrivait, allègre, à la muleta… Ponce le toréa « a placer », alternant des épisodes de grande profondeur, avec des phrases plus légères, toujours en élégance et grande classe. Très bonne faena de Ponce « que se gusto ! ». Il tua mal. Dommage ! Mais, un toro qui vient à point pour le retour d’un torero qui n’avait jamais été blessé aussi gravement, et qui revenait après deux cornadas en quatre mois, et sept semaines « de convalo compliquée ». Le cinquième était plus soso. Ponce appliqua sa technique, et finit par l’intéresser, donnant de bons derechazos, et tuant bien.
    Manolo Caballero (Une Oreille – Deux oreilles) a démontré son métier, sa technique et son courage, face à un premier adversaire difficile. Mais l’exploit et l’émotion du jour éclatèrent au sixième, un colorado sérieux et à l’attentisme sournois. Caballero s’y arrima, s’approcha, s’accrocha, jusqu’à lui donner confiance et imposer quelques bonnes passes. Effort terrible d’un torero en plénitude, qui sait ce qu’il se joue, mais qui sait « qu’il va y arriver ! ». Faena intense, qui faillit tourner mal, sur une grosse voltereta dont Caballero se releva « sans se regarder ». Estoconazo « a ley » et grande émotion. Deux oreilles et salida a hombros, radieuse, en compagnie d’un Enrique Ponce, non moins radieux.
     Asi es la Fiesta !

 

COMME UN DIMANCHE D’AOÛT 2002…

     26 Août : Vraiment on s’en souviendra… Levez les doigts, ceux qui ont passé le dimanche sous la couette, au lieu d’aller à la plaza ! Hum!
     En fait, vous avez eu raison, car le dimanche a été pourri, comme une grande partie de ce mois d’Août 2002, qui fera date… Toute l’Europe en a pâti, et à cause de la mauvaise humeur amassée, « l’automne pourrait bien être chaud ! ».
     Pour beaucoup, ce ne furent pas des vacances, sinon de tristes slaloms entre les ondées, de grosses parties de râle dans les embouteillages, et la revente, en hâte et à bas prix, des strings et autres produits bronzants…
     Super, les vacances ! Le Titanic, à côté… de la rigolade !

     Côté toros, pas mieux, le dimanche 25 août. Un dimanche sponsorisé par K Way ! A Cuellar, on a du suspendre ! Dans le Sud Est, où il fait si bon d’habitude, les cigales se sont tues. Le thym et la lavande ont fermé boutique. On a annulé, à Saint Gilles… Du côté de Caceres, on a suspendu la corrida, durant vingt minutes, histoire que les gens du tendido arrivent, quand même, à pouvoir distinguer « ceux du tendido d’en face ! »
     Dimanche pourri, dont les résultats ne sont guère historiques.

    En Almeria, on retiendra l’anecdote, sanglante du jour :
     Almeria ouvrait son aimable feria avec une novillada de Montalvo. Loin d’être aimable, elle est sortie « en mordant », et deux novilleros ont été blessés, laissant Matias Tejela « seul contre quatre ! ». Le jeune castillan s’en sortit avec les honneurs, coupant trois oreilles.
     Auparavant, Lopez Usero avait montré son envie de toréer « lentement », mais aussi sa verdeur, et son manque de technique, se faisant prendre au moment de l’estocade. Un oreille, certes, mais une cornada de 20 cms à la cuisse droite. Grave.
     De son côté, Manolo Escribano avait écouté une ovation à son premier. Il voulut recevoir le cinquième à portagayola, se fit voir, mais n’eut pas le temps de se jeter complètement à terre. Le toro "lui mit la corne", le portant ainsi sur plusieurs mètres : cornada transversale de 18 cms, à l’arrière de la droite. Pronostic réservé.

     Aujourd’hui, première corrida de Feria : Toros du Capea, pour Manolo Caballero, Jose Tomas et Cesar Jimenez, qui remplace Abellan.

     25 Août – MADRID (Las Ventas) – ¼ de plaza – Pluie : Corrida de cinq Fermin Bohorquez, bien présentés, nobles, mais faibles, qui ne donnèrent que peu de jeu, à part le cinquième ; et un de Ramon Flores, sorti sixième, un toro noble, qui transmettait mais s’éteint soudain.
     Manolo Sanchez donne toujours de bons détails, au milieu de longues, trop longues faenas stériles. Silence partout -  Rodolfo Nuñez eut de très bonnes choses, face au cinquième, mais ne parvint pas à lier. Silence et « la » vuelta du jour – Alberto Elvira commença fort bien son trasteo, au dernier de la soirée, mais… tout le monde partit « a menos ». Silence et ovation.

     25 Août – BARCELONA – Presque personne : Quatre de Sanchez Cobaleda, malos ; Un sobrero de Criado Holgado, arrêté, qui remplace le premier, et un de Sepulveda, sorti quatrième, qui se révéla le meilleur du jour.
     Aberto Ramirez se montra décidé et pinturero. Silence et Vuelta, après un avis – Gomez Escorial et Rafael Osorio se battirent vainement. Silence partout.

     25 Août – COLMENAR VIEJO - Plus de ½ plaza : Cinq toros d’Aldeanueva, bien présentés et de jeu correct. Le sobrero de Fernando Peña, sorti deuxième, fit montre de genio.
     El Cordobes, torée calmement le premier, et se fait hacher, en portant l’épée. Méchante voltereta, mais pas de bobo. Un oreille. Le quatrième ne transmet pas. Manuel Diaz se met sur 100 000 volts ! Ovation, après un avis
     Pepin Liria s’est montré lidiador intelligent et courageux, dans une faena qui alla « de menos a mas », face au violent cinquième. Ovation et une oreille
     Morante de la Puebla toréa très bien son premier, mais la soseria du toro ne lui fit pas « passer la rampe ». Par contre, le sixième était le plus beau et le plus costaud. Morante le toréa en séries courtes, de grande esthétique et de grand sentiment. Un oreille très forte, aux portes de Madrid.

     25 Août – ALCALA DE HENARES – ½ plaza : Corrida de Guadalmena, sans race.
     Jesus Romero coupe une oreille, protestée, du quatrième – Robleño en fait autant, à son premier adversaire – Mais le triomphateur du jour est Rafael de Julia, avec un trophée de chaque toro.

     25 Août – ALMAGRO (Ciudad Real)  - Lleno : Inégale corrida de Juan Pedro Domecq.
     Finito de Cordoba donne une bonne faena au quatrième, coupant une oreille, avec pétition de la seconde. Il avait été ovationné, face au premier – Jose Tomas  fonctionne, mais sans rien de très bouleversant. Oreille et palmas -  Le Juli ne laisse pas passer l’occasion de faire plus, et mieux : Oreille de chacun, sortant a hombros, tandis que les opposants rentrent à pied… Pas de petites plazas ! Pas de petits profits !

    « Flashes du 25 Août »:
    
Victor Puerto a coupé trois oreilles en plaza de Arenas de San Pedro, à une corrida d’Antonio Lopez, trop lourde – Du côté de Caceres, à Montehermoso, Antonio Ferrera a coupé un rabo, et le Califa, trois oreilles, à une corrida de Manuel Santos – A Tarazon de Aragon, Espla et Encabo ont bataillé, en mano a mano, devant une bonne corrida de Murube. Deux oreilles à chacun, et sortie « en volandas ».

     Meilleurs nouvelles de blessés : Abellan et Davila Miura avancent dans leur processus de guérison, et l’on est complètement rassuré sur l’état du Fandi, gravement accroché, samedi, à Bilbao. La cornada est limpia, et le torero s’est déjà levé, courant presque, déjà, derrière les infirmières… Va partir sur sa Grenade natale, où il finira sa convalescence. El Fandi n’a pas encore terminé sa grande saison. Que suerte ! 

 

ALMERIA : CELA COMMENCE MAL!
Oreilles « dévaluées » pour Cesar Jimenez et Jose Tomas

     27 Août : Oublié le sable gris de Bilbao ! Oubliés les grands toros et le président capricieux !
     Almeria vient d’ouvrir sa feria de la Virgen del Mar. Le nom dit tout : Soleil, lumière, paix, bonté… Comme par enchantement, la feria d’Almeria est inscrite au calendrier… pour panser les plaies de Bilbao… Le public se presse à la plaza ; il salue respectueusement les torero, en les "sort au tercio", en fin de paseo ; Il se met rarement en colère, et « survalorise » le positif.
     « En Almeria… on positive ! ». Une vraie ville fétiche, pour « Carrefour ! », d’autant qu’avec ce qu’ils se mettent à la fin du troisième toro, il y a de quoi faire un sacré chiffre d’affaire aux rayons "victuailles et boissons diverses". C’est les actionnaires qui seraient contents ! Si Vivandi avait fait dans « la boustifaille », il n’en serait pas là. Mais oui, missié !
     Terrible, la merienda d’Almeria. Un vrai banquet dans le gradins, qui dure presque une demi heure !

     Tout cela, c’est bien joli, et cela réchauffe un peu le cœur… et le gosier, après avoir souffert des froideurs océanes. Cependant, trop point n’en faut, et le résultat d’hier, « un pelin » exagéré, peut complètement fausser tout un cycle.
     Il s’est distribué trois oreilles, l’une généreuse, la seconde « plus que discutable », la troisième…impensable. Que va t’il donc se passer si un torero « monte un faenon » ?
     Feria de lumières et de soleil, feria de joie et de parfums légers, Almeria a pris un certain poids, dans le circuit du mois d’Août… Il serait dommage qu’elle vienne y ajouter le qualificatif de « Fiesta descafeinada ». Vous aurez traduit…

     26 Août – ALMERIA – 1ère de Feria - 2/3 de plaza – Beau temps, avec du vent :
     Toros du Capea, sous les deux fers de Madame et des enfants. Bref, des Murubeños du Capea. Corrida bien irrégulière de trapio, volumineuse en général, sauf le dernier qui paraissait plus chétif. Hélas, la course a manqué de classe et de force. A retenir : la bravoure du quatrième, et le bon piton gauche du cinquième. Les deux premiers, sosos et faibles.
     Manolo Caballero (Palmas – sifflets) n’a jamais réussi, ici ! Son premier était d’un triste… et ce fut d’un triste ! Le quatrième, par contre, galopa, se montra très brave, et brilla tout au long des deux premiers tiers. On avait grand espoir, mais c’est le torero, cette fois, qui ne fut pas au rendez vous. Echec de Caballero qui n’a pas compris le toro, ou n’a pas voulu. A l’épée, ce fut rapide, tendido et trasero (horizontal et en arrière), comme de coutume. « Le jour sans », depuis le 11 Août.
     Jose Tomas (Silence après avis – Oreille très généreuse) est très aimé, ici. Il ne se gêna pas pour montrer à foison l’image du « Jose Tomas, version 2002 » : Faenas interminables, faites de multiples séries de muletazos dont plus de la moitié pourraient endormir une portée de chauve souris. Puis, tous à coup, trois naturelles qui réveillent le régiment… Mais, ainsi, on ne va nulle part, et surtout, on gâche " l’image et... l’espoir ".
      Jose Tomas fit beaucoup piquer son premier qui finit faible. Il ne fit tien pour l’aider, et tua mal, d’une atravesadilla et trois descabellos. Le cinquième avait un grand côté gauche, allant et venant avec une noblesse extrême. L’irrégulier torero distribua un monceau de passes, à diverses vitesses, préférant le coup par coup au lié, la quantité à la qualité. Dommage ! On lui donna « una orejita », après une courte, en arrière et une demie, très  plate.
     Cesar Jimenez (Oreille généreuse – Oreille, incroyable) remplaçait Miguel Abellan. Il faudra, en fin de saison, comptabiliser les « susticiones », les corridas qu’à toréées Jimenez, en remplacement d’un collègue blessé. Impressionnant !
     Dans la torpeur provoquée par ses copains, devant les deux premiers, Cesar Jimenez fut comme « un grand souffle de fraîcheur » qui réveilla tout le monde. Grande bonne volonté, fine élégance, variété des suertes, dont beaucoup à genoux, sont les clefs du succès. Jimenez ne fit presque pas piquer le troisième et toréa intelligemment, réussissant à tirer de bonnes passes en fin de trasteo. Par contre, on ne s’explique que difficilement l’octroi d’une oreille, après deux entrées a matar bien vilaines, ayant pour résultat un pinchazo très bas, et une entière tombée.
     Avec quiétude, temple et grande élégance, il maintint debout le petit dernier, mais tua bien mal : Pinchazo, estocade basse et deux descabellos. L’oreille est des plus discutable, et cette sortie a hombros pourrait bien fausser le reste de la Feria. Ay, la Virgen !

     Ce mardi, la deuxième corrida : Corrida de Zalduendo, pour Ponce, Juli et Antonio Barrera qui reprend l’épée, et combat la première corrida « de garantie », depuis son arrivée en Europe. Corrida de grande attente.

 

PLUIES, SUIVIES D’AVERSES…

     27 Août : « …a plu partout! ». A Colmenar Viejo, on a même du suspendre la corrida, à la fin du cinquième toro. Ce n’était plus possible.
     Triomphateurs de la Journée : Robleño, à San Sebastian de Los Reyes et Antonio Ferrera, qui ne coupe rien, mais torée formidablement bien, un San Roman, à Comenar. Pour le reste, Ponce n’a rien pu faire, à Cuenca, devant un lot de Marca… dont il vaut mieux ne pas parler.

     27 Août – SAN SEBASTIAN DE LOS REYES (Madrid)  – 1ère corrida de Feria – ¼ de plaza - Pluie : Aspect désolant dans les gradins de la troisième plaza madrilène. Peu d’Aficion ; un cartel faible, mais madrilène ; et surtout, des places chères (24 Euros, le premier prix !)
     Toros de Carriquiri, en lot de « trois et trois » : Chiquititos, les premiers, tous commodes de tête, mansitos au cheval, noblotes et bien faibles. Nada !
     Luis Miguel Encabo n’a pas été dans son assiette ! Eteint, à part au capote, il banderilla « comme ça ! » et donna deux faenas sans âme. Ovtion et silence – Eduardo Flores, le local de l’étape, fut bien devant le manso deuxième, qu’il tua parfaitement. Rien à faire face au cinquième. Oreille et Palmas.
     Le triomphateur du jour s’appelle Fernando Robleño qui fit un toreo calme, templé, lié , au bon troisième. Faena très agréable, rematée d’un gros coup d’épée. Il brinda le sixième à Angel Luis Bienvenida, mais se retrouva devant un lascar qui prenait deux muletazos, mais s’arrêtait durement, au milieu du troisième. Danger. Robleño s’accrocha où il pouvait, et tua mal. Deux oreilles à l’un, et silence à l’autre, perdu dans la joie de la salida a hombros.

     27 Août – COLMENAR VIEJO (Madrid) – 3ème de Feria – ½ plaza – Pluie, à partir du troisième ; déluge, ensuite : Trois toros de Fernando Peña (2, 3, 4èmes) bien inégaux ; et deux de San Roman, 1et 5èmes, bien et bons !
     Pepin Liria remplaçait Luis Francsico Espla. Fit preuve de métier devant le premier, et sous la pluie, régla rapidement les affaires courantes, face au quatrième. Ovation et silence – Ivan Garcia se montra à son avantage, face au seul toro qu’il put combattre. Oreille du troisième.
     Vedette de la tarde « toro piscine » : Antonio Ferrera, qui voit son premier très protesté, le président refusant de le rentrer. Voyant le chahut, Ferrera raccourcit le débat. Par contre, il se montra héroïque, banderillant et toréant « très très » bien, le cinquième, sous un véritable déluge. Faena calme, très reposée, tirant des muletazos d’une extrême lenteur. Hélas, il tua bien mal, pace que sans appui possible, dans cette gadoue. Grande vuelta al ruedo.

    27 Août – CUENCA - 3ème de Feria – ¾ de plaza – Triste tarde : Corrida de Jose Luis Marca, réduite en tout.
     Enrique Ponce touche le mauvais lot et s’en défait sans gloire possible. Cependant, il ne semble pas se fatiguer, devant le toro. Palmas après avis et Ovation – Finito mesure ses efforts et Juli les multiplie. Le cordouan coupa l’oreille du cinquième, et le madrilène, un trophée du troisième. Bref, beaucoup de sueur pour rien. A oublier bien vite ! « La douche, les valises, le coche… on part vers Almeria. Fait beau temps, là-bas ! »

 

BILBAO : JULI, TRIOMPHATEUR… MAIS LE FANDI SUIT DE PRES !

     27 Août : El Juli, on le sait, avait misé « gros », sur Bilbao : Trois corridas, dont la première, de Victorino Martin. A priori, en l’absence d’Enrique Ponce et de Jose Tomas, pour des raisons bien distinctes, son principal adversaire était… « El Juli », lui-même. Comment allait il se sortir de ce challenge. Les toros allaient ils « l’aider » ? Allait il sortir de la feria « tocado », en baisse, confirmant ainsi quelques bruits un tantinet alarmants, et alarmistes ?
     La réponse est arrivée, dès le quite au premier toro de Eugenio de Mora, devant le deuxième de Victorino : Trois navarras et un remate, parfaits. La suite de la feria nous montrera un Juli responsable, peut-être moins étincelant, moins rayonnant, moins populiste, qu’auparavant… mais « très torero » et bon muletero et « énorme » tueur. Un point qui reste noir… les banderilles ! D’autant que….
     D’autant qu’il ne peut lutter avec un Ferrera virevoltant, mais un peu irrégulier, dans ses poses de banderilles, et surtout, avec un Fandi, magistral, étonnant, renversant… Serait pas étonnant qu’un jour, le Juli décide de ne plus banderiller...
     Gros soucis pour le Juli… un copain, mais un adversaire : David Fandila « El Fandi ». Personne ne peut se réjouir de la terrible rouste qu’il a prise devant le toro d’Aguirre, mais, après s’être rassurés, sincèrement, sur son état de santé, certains toreros et apoderados ont du respirer plus librement. C’est qu’il commence à leur échauffer les oreilles, ce « granadin là » ! En plus, non content de mettre le feu aux deux premiers tiers, le voilà qui commence à toréer parfaitement, à la naturelle ! Ca va plus, ça !!!

     Tel est, en gros, le résultat de Bilbao, avec un Juli triomphant, et un Fandi qui le suit de très près, obtenant plusieurs trophées au meilleur toreo de la Feria.
     Autre résultat curieux, mais très révélateur : La faillite totale des corridas « toristas », dites « sérieuses » ! Torrealta l’emporte haut la main, et renvoie à leur légende, les Miura, Dolores Aguirre, Cebada et consort… Victorino s’en sort « tout juste »…

Les Trophées de la Feria de Bilbao 2002 :
    Meilleur lot de Toros : Torrealta
     Meilleur Toro : «Arqueno » - 5ème de Torrestrella, auquel le Juli coupa une oreille. Remporte le célèbre trophée du Club « Cocherito »
    Matador triomphateur de la Feria : « EL JULI » Remporte le « Trophée Ercilla »
     Meilleure Faena et Meilleur Muletero :  « EL FANDI »
          Trophée « Arte, Saber y Toros », pour son toreo à la naturelle face au Torrealta
          Trophée « Elcano » et Prix « Motenegro », à la meilleure faena de la Feria 2002.

 

EL FANDI : CARNET « DE BALLES », AUX AMERIQUES…

     27 Août : Le Fandi va mieux, et pourrait réapparaître bien plus tôt qu’on le pensait. La blessure de Bilbao… n’est pas encore « celle » qui dictera le verdict définitif. La voltige fut terrible, mais plus spectaculaire que vraiment grave.

     Ainsi donc, le Fandi va continuer à « se mettre devant », à courir en arrière, à se jeter à genoux, et entendre les cornes siffler comme autant de balles, lorsque l’on mont à l’assaut…
     Elles n’ont pas fini de siffler, ces balles ! En effet, Fandi « fera les Amériques », et il pourrait bien y monter, là-bas, quelques nouvelles révolutions…
     Santiago Lopez, son apoderado, sur lequel il faudra revenir, un jour, tant brillante a été sa stratégie, (comme elle l’avait été, lorsqu’il menait Jose Tomas),  a acheté un gros carnet, dont les pages, peu à peu, se remplissent…

     El Fandi sera au Mexique, le 27 Octobre, à Guadalajara, où il doublera ; le 1er Novembre, à Juriquilla ; le 2, à Monterrey ; le 3, à Tijuana… et ainsi de suite. Pour le moment, on ne parle pas de confirmation à la Mexico, mais bon ! c’est comme si c’était fait…
     Si l’on ajoute Lima, au Pérou ; Quito, en Equateur ; Maracay, Maracaibo, San Cristobal et Valencia, au Venezuela ; et puis « toute la Colombie : Bogota, Cali, Medellin… cela fait « une sacré décharge » !

     Feux nourris, de tous côtés, et l’obligation de triompher, chaque jour : Cela fait « des kilomètres, en arrière ! », des centaines de « violons »… Comment reviendra t’il, en mars prochain ?

     Et nous, en France, pendant ce temps… nous avons tiré « à blanc » ! (On pourrait bien tenter un jeu de mot avec "trou"... mais ce ne serait pas correct!)

 

FAENON AL TORITO…
La journée fut « victime » des Zalduendo.

     28 Août : «Consentir aux figures "le toro sans cornes", c’est un peu parler, en gastronomie, "d’omelette aux pommes de terre"… sans pommes de terre !» écrit aujourd’hui, dans sa chronique du « Mundo », Javier Villan.
     Le revistero était hier, à San Sebastian de los Reyes, où Jose Tomas a coupé deux oreilles, sortant a hombros de « la troisième de Madrid ». (En parlant de « troisième », on se demande bien « qu’est devenue la deuxième ? » En effet, le superbe Palacio de Vista Alegre a brillé par son absence taurine, cette année, préférant le basket, « la main au panier », plutôt que « la mano baja » et les estocades « en lo alto » !)
     Du côté d’Almeria, on nous rapporte que Ponce a failli faire « indulter » son 27ème toro. Tout le monde était d’accord, sauf le président qui a dit que « non ! »

     Point commun de ces évènements qui devraient réjouir l’Aficionado : Un nom, une ganaderia : Zalduendo.
     Et c’est là où cela ne va plus ! Il est sorti en Almeria un lot dont les trois premiers étaient indignes de telle plaza, de telle feria… plus petits que les novillos du dimanche. A San Sebastian de los Reyes, la corrida est sortie « con poco trapio » et « desmochada ». Le deuxième  était « une honte sur quatre pattes ».
     Asi, no vamos a ninguna parte ! Comme cela, on ne va nulle part ! On ne peut sortir de Bilbao, après avoir rencontré « des monstres », pour se retrouver, le lendemains, avec des « maquettes » qui avancent en crabe trébuchant. Pas possible !
     Qu’on le veuille ou non, il faut bien reconnaître à la France, cette volonté de sortir des corridas, dignes en présentation, et correctement armées. Que leur jeu varie, ou ne soit pas de tous les goûts, normal ! Mais, pour le moins, on reste sérieux.
     Hier, Jose Tomas a toréé un minus, et coupé deux oreilles « au moins minus » des six ! Ya es algo ! Mais son succès est irrémédiablement gâché.
     En Almeria, le toro de Ponce alla « a mas », mais il avait tellement fallu « le soigner », préserver ses faibles forces, à la pique, qu’en aucun cas on ne pouvait parler « d’indulto ».

     Si on continue ainsi, on va nous sortir, un jour, « seis carretones », ces toros d’entraînement, montés sur roue de bicyclette, et, en exagérant à peine un peu, un des toreros vedettes sera bien capable d’en obtenir la vie sauve… Ayyyy !

     27 Août – ALMERIA – 3ème de Feria – No hay billetes – Chaleur nuageuse : Corrida de Zalduendo, de présentation discutable. Indignes les trois premiers, de par leur manque de trapio. La corrida a manqué de force, en particulier les deux premiers. Les deux derniers se sont arrêtés. La surprise vint du quatrième, plus sérieux de tête, qui débuta faible, mais se grandit au fil de la lidia, « remontant » fort, à la muleta, au point que le public en demanda la vie sauve. La présidence s’y refusa, mais accorda le vuelta posthume.
     Enrique Ponce (Palmas – Vuelta, après un avis) fit ce qu’il devait, face à un premier torito très faible, qui n’avait aucun trajet. Comme on pouvait s’y attendre, Ponce a perdu le sitio avec l’épée : deux pinchazos et deux descabellos.
     Le valenciano fut souverain face au quatrième: très bien dans sa réception au capote, et monumental de classe, à la muleta. Premier tiers, très réduit. Puis, le toro se mit à galoper, aux moment des banderilles. Lors, voyant que le toro « allait a mas », Ponce se mit dans l’idée d’en obtenir la grâce, et fit briller le toro, exploitant ses qualités, gommant ses défauts. Faena droitière, de grande classe. A gauche, le toro ne répond pas et Ponce va utiliser la tactique « Esthétique, émotion artistique, dramaturgie communicative » : des naturelles, une à une, citées de face,  la muleta pliée au bras gauche. C’est beau, et cela laisse respirer le toro… Muy bueno ! En fin de faena, des passes par le bas, sculpturales et d' autres droitières, lentes, de face. Dans les gradins, on vocifère « Indulto, indulto ! » Ponce se retourne vers la présidence : « Que hacemos ? ». Là haut, on reste de marbre et l’on dicte la sentence finale : pas d’indulto. Enrique Ponce prit l’épée, et ce fut un désastre : trois pinchazos, une demie, plate et six descabellos. On avait passé le temps des trois avis, mais le moment avait été grandiose, et la vuelta fut… d’apothéose.
     El Juli (Une oreille – Une oreille très contestable) dut « soigner » son premier, bien vilain et bien faible. Faena où le torero met la force que le toro n’a pas, réussissant à le tenir debout, et finissant « dans les cornes ». Une façon de parler ! Pinchazo et entière verticale un peu de côté.
     Le cinquième commença en claudiquant, puis « remonta » au deuxième tiers, comme l’avait fait celui de Ponce. Hélas, celui-ci s’arrêta tout net. Juli se montra très technique et très torero, réussissant à lui tirer de bonnes gauchères. Cependant, il tua d’un bajonazo, et l’oreille, que peu ont demandée, est ici totalement discutable.
     Antonio Barrera (Vuelta – Silence, après un avis) reprenait l’épée, après sa double cornada de Pamplona et Barcelona. On le vit très décidé, mais encore faible, physiquement. Deux largas à genoux, face au troisième, et  faena débutée au centre, toréant vertical, quieto. Puis cela baissa un peu, pour conclure de deux pinchazos et deux descabellos.
     Il alla attendre le dernier, à genoux, loin du toril, presque au centre. Faillit bien se faire écharper. Le toro fut trop piqué, en deux lourds puyazos, et à la muleta… se paro ! Totalement arrêté ! Barrera essaya de lui sortir quelques passes, prenant au passage, un coup au visage. Avec l’acier, mal : Deux pinchazos et huit descabellos. Il faut attendre.

     27 Août – SAN SEBASTIAN DE LOS REYES – 2ème de Feria – Moins de ¾ de plaza : Corrida de Zalduendo, manquant de présence et « très mal armée ». Intolérable, le deuxième. Corrida très commode, qui donna un jeu adapté à son manque de forces, généralisé.
     Curro Vazquez (Silence - Ovation) donna de très grands détails, tout au long de la tarde : Une demie et un grand trincherazo, face au premier. Plus en confiance, le blond diestro vétéran dessina de grandes naturelles au quatrième. Il tua… précautionneusement.
    Jose Tomas (Ovation, après avis – Deux oreilles) aurait coupé une oreille du scandaleux deuxième, s’il ne l’avait pinché trois fois. Longue faena d’allées et venues fadasses, parfois percée d’un éclair de classe. Face au cinquième, le mieux présenté, Tomas toréa par intermittence, mais faisant preuve de « majestueuse personnalité ». Ce ne fut pas un faenon, mais un ensemble de bons détails. Comme il tua « fort », en entrant très bien, on lui permit la sortie a hombros.
     Morante de la Puebla (Ovation – Silence) donna quelques muletazos isolés à l’un, et deux grandes véroniques, au dernier. Pour le reste, « Les muses étaient en vacances ! » comme le dit la revistera de « la Razon » (une qui ne mâchent pas ses mots !)

 

VICTOR PUERTO… STRIPTEASE !!

     28 Août: On sait que les toreros sont des machos ! Nooon ! Mais si, mais si ! Et vous aimez cela, mesdames ! A que si ?
     Souvent, il arrive qu’un coup de corne malheureux, (ou coquin, selon le côté d’où on le perçoit), lacère la soie dorée (ou l’élastis cuivré) du costume de lumières, laissant à l’air, qui un bout de fesse, qui une ombre plus intime, qui … (Mais là on arrête, n’ayant pas assez de budget pour un carré blanc…)
       Du coup, allez donc savoir pourquoi, le public suit le faena, avec un regain d’intérêt. Avouez qu’il y a de quoi gamberger, et même ouvrir certaines perspectives (dans tous les sens du terme !): A quand la taleguilla « auto déchirante, au bon endroit » ? Enfin ! On n’en est pas encore là, et les toreros coupent toujours les oreilles en mettant toujours en avant, leurs c…ourage et détermination.

     Hier, Victor Puerto s’est fait hacher le pantalon par un sixième Ventorrillo vicelard, et il a fait toute la faena…la  cuisse à l’air. Oreille et sortie a hombros. Les filles de Colmenar en rêvent encore… du moins, on le croit !
     Par contre, elle ne rêvent plus du tout de Finito, qui est sorti « aussi bien habillé » qu’il était entré, mais protégé par les boucliers de la police… Il est pudique, ce Juan!

    27 Août – COLMENAR VIEJO – 4ème de la Feria de los Remedios – ½ plaza – Temps froid : Sérieuse mais mauvaise corrida du Ventorrillo. Seuls les trois et sixièmes furent acceptables.
     Finito de Cordoba ne fit rien, parce qu’il ne pouvait guère faire plus. Le public se fâcha durement. Bronca et Bronca, devant être protégé par la police, à la sortie – Manolo Sanchez fit de vains efforts, mais ne réussit rien de spécial. Silence par deux fois – Victor Puerto toucha le bon lot. Le sixième lui mit une méchante voltereta dont le diestro se releva, la taleguilla fendue de haut en bas, sur le côté droit. Victor Puerto continua, dans cet accoutrement, toréant très bien, sous le regard "attentif" de tous. Oreille et Oreille, avec sortie en triomphe pour le manchego macho. Y olé !

     27 Août – CUENCA – 4ème de Feria – plus de ¾ de plaza : Cinq très bons toros de Manuel Santos Alcalde, bien présentés et de bon jeu. Le cinquième est un sobrero de Paco Ojeda, plus terne.
     El Cordobes mit de l’ambiance, avec cette double identité qui est la sienne : parfois calme et templado, parfois électrique et éclectique ! Oreille, avec pétition de la deuxième, et grande ovation, après un avis – Rivera Ordoñez resta sur sa réserve. A sa décharge, il toucha le cinquième, qui fut « quinto malo ». Ovation et division de opinions – Cesar Jimenez fut le triomphateur de la corrida, avec une grosse faena au dernier, hélas gâchée à l’épée. Oreille, avec pétition de la seconde, et grande ovation.

     27 Août – ALCALA DE HENARES – Plus de ½ plaza : Bonne corrida de Manuel San Roman.
     Juan Jose Padilla remplaçait le Fandi : Ovation et oreille – Luis Miguel Encabo fut beaucoup plus brillant que la veille à Madrid : Oreille avec pétition de la seconde, et oreille – L’autre gros triomphateur de la corrida fut Antonio Ferrera, vibrant aux deux premiers tiers, et très torero, à la muleta. Oreille, avec forte pétition de la deuxième, et oreille du dernier. Encabo et Ferrera sont sortis a hombros.

     Le Fandi se remet bien, et veut toréer dans les jours qui viennent. Désirerait « être à Linares et Almeria »… 30 et 31 Août.

 

MEXIQUE : LE VIEUX MAESTRO VA MIEUX…

     28 Août : De bien meilleures nouvelles du maestro Rafael Garcia, 72 ans, matador ganadero, qui a frôlé la mort, dimanche dernier, dans un corral de sa finca, à Tequisquiapan.
     Il était tout seul. Devant lui, deux toros se battaient, dans un vacarme épouvantable. Le vieux maestro essaya de les séparer, et enfin, l’un des toros s’en alla, laissant l’autre étendu sur le sable. Rafael Garcia s’approcha, voulant vérifier la mort du bicho… mais celui ci se releva d’un coup, et "le massacra" : Cornada au cou, à la cuisse gauche ; des côtes fracturées, des coups terribles au thorax, des lésions au poumon. Cela dura longtemps, avant que l’on vienne à son secours.
     Le vieux torero a été emporté, entre la vie et la mort. Mais, hier, le Docteur Rafael Vazquez Bayod, le grand chirurgien taurin mexicain, donnait de bien meilleures nouvelles : Rafael Garcia s’en sortira.
     Quel que soit leur âge, les toreros sont décidément « des êtres à part ». A 72 ans ! Monterazo, Señor ! 

 

LE SABORDAGE DE « LA FIESTA NACIONAL »…

     29 Août : Journée historique, hier, 28 Août. Bien sûr, on célébrait le 55ème anniversaire de la tragique cornada de Manolete, en plaza de Linares. Cela implique respect et souvenir...
     Cependant, la journée du 28 Août 2002 marquera l’histoire pour une tout autre raison : Dans la même journée, mais dans deux plazas différentes, on a gracié deux toros. Il faudrait fouiller profondément les archives des plus érudits, pour trouver semblable événement, dans l’histoire du Toreo : Deux indultos dans la même journée.
     En Plaza de Linares, El Juli a connu la plus grande tarde de sa temporada, et a obtenu la grâce du toro « Ordenado », de Sanchez Arjona.
     A San Sebastian de los Reyes, Antonio Ferrera a fait gracier le toro « Afanoso » d’Alcurrucen… Alléluia !!!

     Le problème, c’est que toutes les chroniques, absolument toutes, mettent en doute la justification de ces deux indultos, tout d’abord en décrivant les toros et leurs peleas ; ensuite, en soulignant les grandes faenas des deux toreros, à deux toros nobles, mobiles, répétant leur charge jusqu’à plus soif.
     Etaient ils, pour autant, des toros d’indulto ? La polémique est servie, mais on sait bien de quel côté penche la balance. Un critique, très sérieux, va jusqu’à dire : « Si le ganadero veut l’amener aux vaches, très bien ! Sinon, qu’il se le mange en ragoût, avec de patates !
     Croyez vous qu’il soit digne de parler ainsi d’un toro « indultado » ? Pues no !

     Un toro gracié est un toro "exceptionnellement complet" : Beau, imposant quant à la présentation ; brave ou très brave, au cheval ; noble et allant « a mas » à la muleta, répétant, bouche close, des charges encastées. Un exceptionnel « vrai toro de vrai combat » !!
     Si le toro est un grand toro, complet : Vuelta al ruedo ! S’il est exceptionnel : Indulto !

     Le problème, c’est que la Fiesta Brava est en période « de basses eaux », et depuis un moment. On pourrait dire que le corrida de toros vit une époque de « vaches maigres »…inversement proportionnel au nombre des spectacles montés, dont la plupart « mangent de l’argent ».
     Le problème, c’est qu’il n’y a pas d’Aficion !
     Le problème, c’est que le marché implique que les figuras doivent fonctionner, et rapporter « tant par an », selon un budget prévisionnel établi sur un circuit concocté avec les copains empresas et les échanges entre « apoderados empresas » : « Tu me mets mon torero dans tes plazas, et moi, j’assure au tien huit corridas dans mes arènes. Allez, sors ton calepin ! » 
     Du coup, ce qui compte avant tout, c’est que les toreros « fonctionnent », et préparent des lendemains, où les toreros fonctionneront encore plus. Pour cela, il faut favoriser ce qui plaît le plus au public, au grand public : « La faena de muleta », aux dépens de ce qui est le plus difficile à vivre et à « calibrer » : Le premier tiers et la bravoure du toro.

     Combien de toros graciés, cette année ?  De ces toros d’apothéose, combien ont pris plus d’un puyazo ? Un de ces toros a t’il été gracié, alors que son matador « n’avait pas pu », devant sa noblesse enragée ? Aucun ! Absolument aucun…
     Les toros sont graciés, uniquement parce que leurs matadors les ont formidablement toréés. Comme le grand public n’est pas aficionado, et que l’époque veut qu’on aille aux corridas pour se divertir, autant monter un événement, du style « J’y étais, moi, monsieur ! » Les places de corrida étant très chères, et la « cabaña brava », bien basse, tout le monde s’y retrouve : Le matador qui a été fabuleux au point de gracier un toro… Le ganadero, qui peut vraiment penser à la suite de son élevage, ou simplement être heureux de paraître dans les statistiques de l’année (pourcentage d’oreilles coupées par corrida ; toros indultados)  Heureux l’empresa qui a fait vivre un événement historique à son public, ce qui en garantit le retour dans ses gradins…  Tutti contenti !!!
     Pendant ce temps, on est en train de fabriquer le toro « carreton », qui va suivre la cape et la muleta, d’une charge « bobalicona », mais à qui on aura encore une fois, enlevé quelques grammes d’agressivité, de fierté, de bravoure. Déjà on dit : « J’ai confiance en tel toro, c’est le fils de tel toro, que tel matador a gracié en plaza de…. » Si le matador en question « lui avait mis 80 passes », on espère que son rejeton en prendra 120, aujourd’hui…
     Comme cela… on saborde la Fiesta !
     Comme cela, on se prépare des lendemains qui déchantent. Mais quand arriveront ces lendemains là, il y aura belle lurette que les acteurs actuels de la Fiesta seront dans leur retraite dorée… ou six pieds sous terre. Et nous de même ! Sauf que « notre » retraite ne sera peut-être pas dorée !

     Hier, deux toros ont été indultés ! Deux toritos aux forces limitées, qui ont pris un mini puyazo, mais qui ont répété leur noble charge, face à des muletas pleines de talent. Hier, deux matadors ont connu de nouvelles apothéose. Mais, hier, la Fiesta a encore perdu quelques grammes de crédibilité, et quelques mois d’existence, dans un futur qui se présente bien sombre, et bien court....
     « Se indulto el toro. Bueno ! Si lo desea el ganadero, que lo eche a las vacas ! Sino, que se lo coma con patatas ! »
     On a gracié le toro. Bien ! Si le ganadero le désire, qu’il « le mette » aux vaches ! Sinon, qu’il se le mange, avec de patates !
     Quelle honte !!!!!

     28 Août : LINARES – 1ère de Feria – Plus de ¾ de Plaza – Minute de silence, en honneur de Manolete, tué dans ces arènes, il y a 55 ans. A l’endroit précis, une rose est déposée.
     Quatre des toros de Sanchez Arjona avaient été refusés par les vétérinaires. On les remplaça par quatre Victoriano del Rio, sortis 1,2,5 et 6èmes, les deux derniers donnant du jeu. Des rescapés de Sanchez Arjona, le troisième fut une véritable machine à charger, mise en grande valeur par El Juli, en tarde d’inspiration. Le public s’enflamma et demanda l’indulto que le président accorda un peu à contre cœur. Toro d’une grande noblesse, qui alla a mas, mais qui fut loin d’être complet, en particulier au cheval, où il prit un seul bon, mais court, puyazo. Mais au bilan final de la saison, on saura que le 28 Août, à Linares, El Juli a fait gracier le toro « Ordenado », N°15, noir. Marqué 512 Kgs, sur les programmes, mais 575, sur la tablette du toril (????)
     Finito de Cordoba (Une oreille – Silence) a eut de très bonnes choses devant son premier, noble mais sans force. Détails de classe et de gusto, tant à la cape qu’à la muleta. Le quatrième, par contre, s’arrêta vite, et le Finito en fit de même.
    Francisco Rivera Ordoñez (Ovation – Deux oreilles) fait preuve, actuellement, d’un regain « d’envie »… Linares sera une de très bonnes tardes de sa saison. Il reçut son premier par trois largas à genoux et se montra très volontaire, devant un toro court, qui s’appuyait sur les deux côtés. Il tua de deux pinchazos et une caida. Par contre, monumentale estocade au cinquième, lentement portée et dans le haut, après une très bonne faena, compacte, très liée, close de magnifiques ayudados par le haut, de très grande plastique. Rivera Ordoñez abandonna un instant son attitude « forcée » et se laissa aller, toréant fort bien, face à un toro noble, qui alla aussi « a mas ». Très bonne actuacion du fils de Paquirri, qui sortit a hombros.
    « El Juli » (Deux oreilles et la queue, symboliquement – Une oreille) a connu la meilleure journée de sa saison. Triomphe complet dans les trois tiers, accompagné d’une grande chance au sorteo.
     Quand sortit le troisième, le Juli se rendit immédiatement compte de sa qualité et les toréa formidablement à la véronique, lentement, en mettant les reins, le conduisant jusqu’au centre du ruedo où il conclut son capeo de deux immenses medias belmontinas. Court puyazo, bien porté, de Salvador Herrero. Trois bonnes paires de banderilles, dont une sur le piton gauche. La faena sera une symphonie, dès le premier muletazo : Doblones doux, deux séries à droite, trois à gauche, toutes plus lentes, plus profondes les une que les autres, le torero s’abandonnant totalement dans des pechos « codilleando ». Final par quatre redondos complets, enchaînés, des changements de main, tandis que le public, debout demande et obtient l’indulto du noble toro. Moment d’émotion et de joie sans fond, mais…
     Le sixième sera également toro de qualité, humiliant beaucoup. Juli forcera la machine, au début, puis se relâchera, dessinant à nouveau d’excellents muletazos. Hélas, une demie très en arrière lui fera perdre une oreille sur deux.

     28 Août – SAN SEBASTIAN DE LOS REYES – 4ème de Feria – ½ Plaza : Corrida des remplaçants : Espla est remplacé par El Fundi ; et El Fandi est à son tour remplacé par Ivan Vicente.
     Corrida de Alcurrucen, très moyennement présentée et armée. Certains sont cornicortos, d’autres « plus pourvus », mais « aux terminaisons douteuses ». Bon comportement général, le cinquième (un des plus réduits et des plus cornicortos) étant gracié, en partie pour sa grande noblesse et son moteur sans ratés, en pour l’autre, parce que son matador a magnifiquement toréé, et fait un cirque de tous les diables, pour que l’on atteigne cette apothéose. Le toro s’appelle « Afanoso », N°206.  Etait il toro « d’indulto » ? Beaucoup prétendent que non ! Pero…asi las cosas.
     El Fundi (Palmas – Oreille – Oreille) dut prendre trois toros du fait de la lésion de Ivan Vicente. Très sérieux, très solide, très serein, le Fundi, qui parsema la tarde de gros moments, tant aux banderilles, qu’à la muleta. Triomphe logique d’un torero en pleine maturité.
     Antonio Ferrera  (Oreille – Deux oreilles et rabo, symboliquement) a mis le paquet, dès le début. Sa valeur, son sens du spectacle et de la communication se mirent en ébullition face au cinquième, très peu piqué. Faena de grande profondeur, de grande expression esthétique, liée, au ralenti. Très bonne faena, à un très noble toro. Dans les gradins, on commençait à remuer, et dans le callejon, les Lozanos faisaient aussi de grands signes. Ferrera, alors, « en remit une tonne » et le président ne put que sortir le mouchoir orange. Indulto polémique, mais nouvelle grande faena de Ferrera, aux portes de Madrid.
     Ivan Vicente (Palmas) se montra volontaire face au seul toro qu’il put affronter. Cogida au cours de la faena et pisoton, le toro lui écrasant le pied. On craint fracture de la malléole, cheville droite.

 

ENRIQUE PONCE A RETROUVE SON EPEE…
Le Valenciano triomphe en plaza d’Almeria

     29 Août : On ne reste pas près de deux mois sans toréer, sans en subir quelque inconvénient. La perte « du sitio », avec l’épée, est des plus courants, et Ponce n’a pas échappé au phénomène. Depuis sa rentrée, à Antequera, cela ne fonctionnait pas, avec l’acier : tant à l’épée qu’au descabello, distances, repères, enchaînement « des temps » de l’estocade se faisaient capricieux, anarchiques. Du coup, des faenas gâchées, au Puerto et surtout, en Almeria, la veille. Ponce était préoccupé. Il n’a jamais été « un grand tueur » (quoique !), mais un tueur régulier, pouvant assurer un succès, sans coup férir. Aussi, le doute planait...
     Hier, le torero et tout son entourage ont pu respirer un grand coup : Les automatismes sont revenus ; le vista et le courage sont aiguisés. Enrique Ponce a triomphé, hier, tuant parfaitement ses deux toros, même s’il y eut un bon pinchazo au premier.

    28 Août – ALMERIA – 4ème de feria – Corrida mixte – Plus de ¾ de plaza : Deux toros de Murube, de comportement totalement opposé, pour Pablo Hermoso de Mendoza, qui triomphe, sans pourtant avoir été « au top des tops ». Deux oreilles et une oreille.
     Quatre toros de Santiago Domecq, correctement présentés, braves les 3 et 5ème.  
    Enrique Ponce (Applaudissements – Deux oreilles) a triomphé face à son second adversaire : Faena majestueuse, totalement « a gusto », clôturée d’une presque entière, soigneusement préparée. Le premier ne permettait rien, et Ponce s’en défit d’un bon pinchazo et une entière.
     Ruiz Manuel (Oreille – Ovation) s’est montré très torero, très vibrant, dans des faenas qui partirent fort, mais allèrent un peu « a menos ». Il toréa très bien le premier, et attaqua fort avec l’épée, sortant de la première estocade, la taleguilla déchirée.

     28 Août – CUELLAR – 5ème de Feria – Plus de ½ plaza : Bonne corrida d’Aldeanueva, les meilleurs toros allant à David Luguillano. Le cinquième fut excellent.
     Curro Vazquez eut de grandes choses, écoutant deux ovations – David Luguillano laissa exploser sa conception « classico baroque » du Toreo, face au très bon cinquième toro, auquel il coupa deux oreilles – Triomphateur de la journée : Cesar Jimenez, qui obtient une oreille de chaque toro, avec pétition de « chaque deuxième oreille ».

    28 Août – CUENCA – Dernière de Feria – 2/3 de plaza : Face à cinq toros de Alonso Moreno, (dont les 3, 4 et 5èmesont servi) et un sobrero de El Cubo, Jose Antonio Iniesta a connu une grise journée, « en unico espada » : Ovation, Silence, Une oreille, Division, Silence et… Silence.

     28 Août – TARAZONA DE ARAGON – 2/3 de Plaza : Corrida importante d’Adolfo Martin.
     Fernandez Meca : Silence aux deux – Juan Jose Padilla coupe une oreille de chaque toro, avec un avis au cinquième – Jesus Millan entend une ovation et obtient un trophée du sixième.

    28 Août – TORO (Zamora) – Lleno;: Trois toros de Antonio Perez de San Fernando et trois Perez Angoso, buenos. La terna a triomphé.
     Le Cordobes continue son cheminement de « coupeur d’oreilles » : Une et deux, respectivement – El Califa coupe une de chaque toro – Leandro Marcos fait un toreo de très grande qualité esthétique : Deux et une oreille. Les trois diestros sont sortis en triomphe.

 

ANTONIO BARRERA S’ARRÊTE…

     29 Août : D’un commun accord, et au vu des résultats de la corrida d’Almeria, Antonio Barrera et son administration, la casa Chopera, ont décidé de couper la saison 2002, au 28 Août. Le torero, insuffisamment remis de sa cornada de Barcelone, a beaucoup souffert, en Almeria, où son courage fut digne d’un gros coup de chapeau.
     Antonio Barrera va devoir se faire réopérer, et suivra une période de convalescence de deux à trois mois.
     Sage décision, même si le cœur est gros. Maintenant, il faut penser à se remettre en forme, et réattaquer dur… au Mexique, qui l’a vu naître, « taurinement parlant »..

 

FAISONS COURT… ET GARDONS ESPOIR !

     30 Août : La  corrida a duré une heure trois quarts, hier, à San Sebastian de los Reyes. C’est vous dire ! Et encore, deux des toreros se sont accrochés, ou ont fait « comme si » !
     La journée du 29 Août est à jeter aux orties. Cependant, deux sursauts d’intérêt : La faena de Jose Tomas, à Linares et la façon d’estoquer, version 2002, du Juli.

     Jose Tomas, on le sait, est une énigme. Mais, pour que Jose Antonio del Moral « soi-même », écrive qu’il a été « bien », hier à Linares, c’est vraiment qu’il a du être « très bien ». Cela dit, cette perle de faena a jailli d’une corrida détestable des frères Tornay, mal présentée et invalide, exception faite du cinquième qui garda quelque « moteur », parce « qu’effleuré » à la pique. Tomas fit de la dentelle et se retrouva, totalement...
     Cela fait plusieurs jours qu’il coupe. C’est peut-être de bonne augure pour Bayonne… Gardons espoir ! Cependant, les « Parladé des bords d’Adour », seront d’un autre tonneau que les Tornay de Linares… Du moins, on l’espère !

     De son côté, Juli a coupé la seule oreille du jour, en Almeria, où l’on mange et boit plus que jamais, lors de la merienda. Ils ont raison, cela fait passer la pillule… Actuacion volontaire gâchée par l’épée.
     Au fait, Juli aurait il trouvé une nouvelle façon d’entrer à matar ? C’est à se demander. Si la rencontre est souvent impressionnante, le torero ayant quitté le sol, et le pommeau de l’épée se perdant dans tout le haut, et parfois derrière, c’est sur le premier temps qu’il vaudrait le coup de s’arrêter. El Juli se cadre, fait un léger cuarteo, très léger, et « met l’épée », en se balançant de tout son corps, sur une corne… qui est déjà passée. C’est vite et bien fait, et c’est impressionnant…
     El Juli aurait il trouvé « son rincon » ? Ordoñez aussi, faisait deux pas de côté … et l’épée entrait à mi chemin entre « le haut », et la zone « bajonazo ». C’était « le rincon d’Ordoñez ». Juli attaque haut, mais plus aussi droit que par le passé… Hombre ! Ce n’est qu’une impression, et dans le contexte actuel, c’est presque compréhensible… Mais, jetez y un œil, en passant.

     Demain, Juli et Jose Tomas se rencontrent, à Bayonne. C’est la revanche de l’an passé ! Juli avait coupé trois oreilles, et Tomas avait coulé « corps et bien » ! Cette année, le Juli est en surchauffe, et Tomas essaie d’emballer ses moteurs. Y aura t’il revanche ? A moins que le Finito, tout à coup, ne se réveille et ne s’étire : « Bouaaaaaaah ! J’ai bien dormi ! Où on est, déjà ? Ah oui, Bayona ! Tiens, si je leur faisais un faenon, comme ça, histoire de ne pas perdre la main… Après, je me recouche ! » 
     Il faut garder l’Espoir !!!!

    29 Août – LINARES – 2ème de Feria – Casi lleno : Deux cartelazos en deux jours, et la plaza ne s’est pas remplie…
     Corrida des frères Tornay, mal présentée, mal armée, sans une once de classe, et invalides. Le troisième fut rentré pour cette raison. Le quatrième était un sobrero, maladif, du Torero. Seule exception à ce désastre, le cinquième : Toro noble et tenant debout, parce que « pas piqué ». Cinq des six toros ont été sifflés à l’arrastre.
    Enrique Ponce (Silence – Silence) n’a pas eu d’options. Aurait peut-être pu faire plus, devant le premier, un colorado mugissant sans cesse (berreon). Cependant, il valait mieux « faire court… et garder espoir »
     Jose Tomas (Silence – Deux oreilles après un avis) traversa le triste deuxième d’une épée sans scrupule. Par contre, le panorama changea complètement quand sortit le cinquième : Très bien au capote, manié « de deux doigts », avec douceur, en mettant la hanche… et une mini piqûre au cheval. La faena commença par statuaires, au centre, et Jose Tomas régala le public, toréant doucement, très lié, très près, « gustandose », dessinant de lentes arabesques auxquelles participa un toro totalement conquis, séduit. Entrant très bien, le matador laissa une grosse estocade qui tarda un peu à faire son effet, le toro « amorcillandose », résistant, debout, comme se repliant sur lui-même. Tomas dut descabeller, et changea « un rabo », pour un avis. Mais ce fut, probablement « la » faena de Tomas, pour ce qui est de cette saison. A voir si d’autre suivront. Ce n’est pas impossible !
     Morante de la Puebla (Applaudissements – Silence) ne put que donner deux ou trois détails, quand les toros lui ont permis de faire « son » toreo, qui est de main basse, tirant fort et loin… Et les faibles n’aiment pas cela.

     29 Août – ALMERIA – 5ème de Feria – Plus de ¾ de plaza : Toros del Casillon, bien présentés, mais totalement dépourvus de la moindre force . 4ème et 6ème roulèrent au sol. Toros « bondadosos », nobles, fades complices d’un toreo compassé et d’un triomphe impossible.
     Eugenio de Mora remplaçait Paco Ojeda. Il donna beaucoup de passes au premier, pour un résultat médiocre. Le quatrième s’écroula au deuxième muletazo. Il répéta trois fois cette triste cascade. Ovation et silence, pour le toledano
     Le Juli batailla pour tenir debout ses toros. Le cinquième lui donna l’occasion d’éviter le ridicule et la tristesse infinie : Faena d’infirmier, réussissant à tenir le toro debout, et tirant de bons muletazos « uno a uno », avant d’entrer fort, pour… un bajonazo et deux descabellos. Palmas à l’un ; oreille au cinquième
     Jesus Almeria eut le soutien de ses concitoyens. On le vit volontaire, nerveux, voulant briller à tout prix. Aurait coupé une oreille au troisième, s’il n’y avait eu quatre maudits descabellos. Le sixième se mit une vuelta de campana en tout début de faena. Fini. Applaudissements par deux fois, avec un avis au troisième.

     29 Août – COLMENAR VIEJO – Dernière de Feria – ½ plaza : difficile corrida de Juan Albarran, renforcée de deux sobreros dangereux : le Deuxième, de Fernando Peña ; et le cinquième, de Jimene Pascuau, arrêté, avec du sentido…
     Le Califa eut quelques détails au quatrième, écoutant ovation, après avis – Jesus Millan se battit « en torero », face aux deux « lascars sobreros ». Il coupe au deuxième, la seule oreille du jour – Fernando Robleño l’aurait aussi obtenue, s’il n’avait pas pinché son premier. Faena très enlevée, citée de loin… pero pincho !

     Dans les autres plazas, on note :
     Le triomphe de Ferrera, à Calahorra : Deux oreilles du sixième Guadalest, tandis que Padilla fait « oreille et vuelta ». Encabo reste dans le gris.
     La dure corrida de Charro de Llen, en plaza de Tarazona de Aragon. Grande, haute et méchante. Vicente Barrera coupa les deux oreilles du quatrième, et Castaño, celle de son premier. Juan Bautista ne put rien.

 

AYYYY ! QUEL DOMMAGE !
Jose Tomas est en train de ressusciter…

     31 Août : Hier, par quatre fois, quelques milliers de gorges, viriles ou plus délicates et galbées, ont poussé le même cri, le même râle : « Ayyyyy, que lastima ! » Quatre fois, pour quatre pinchazos ! Quel dommage ! La plaza d’Almeria venait d’assister à un de ces miracles que seule la tauromachie peut offrir à un spectateur qui a payé un billet d’entrée. Partir de rien, du presque scandale, et soudain, frôler le ciel…
     Hier, en plaza d’Almeria, Jose Tomas a sculpté « un faenon », à un toro sorti manso et même très manso. Un faenon qui traduit ou confirme ce que l’on ressentait depuis une semaine : Almeria, San Sebastian de los Reyes, Linares…le retour ! On sentait bien que quelque chose se passait… que Jose Tomas semblait avoir retrouvé l’envie d’être « en Jose Tomas », et non en cette mazette qui distribuait des passes « comme un presqu’automate », en de longues chevauchées solitaires, tandis que le public se demandait « Bon ! Quand donc va t’il s’y mettre ? »
     Hier, Jose Tomas a transmis l’émotion de la beauté et de la profondeur du toreo. Hier, Jose Tomas est revenu à cette extraordinaire simplicité qui fait que tout un chacun ressent au fin fond de soi, « la grandeur de la Fiesta Brava », et son incomparable force émotionnelle.
     Hier, Jose Tomas a coupé deux oreilles au cinquième, sortant a hombros « de verdad » ! Hier, Jose Tomas aurait pu obtenir « tous les trophées » du manso deuxième, s’il n’y avait pas eu ces quatre Ayyyy ! Ces quatre pinchazos.
     Et s’il y a eu ces quatre pinchazos… c’est parce que le torero était « dans le cirage » ! En effet, en fin de faena, le toro d’Algarra lui infligea une très dure cogida, pointant la corne au bas-ventre, le levant haut, le retournant en l’air et le fracassant au sol où il le chercha: Puntazo à l’aine et gros varetazo dans le dos…

     Quand la douleur est « chaude », cela passe, à peu près. Mais quand les muscles se refroidissent, la vraie douleur apparaît… Jose Tomas est revenu de l’infirmerie, a coupé deux oreilles au cinquième, est sorti en triomphe… Mais, après la douche ?
     Alors le doute... Une seule question: sera t’il à Bayonne, aujourd’hui ?  -  La réponse est « oui » ! Ouf!
     Il ne reste plus qu’à espérer que, malgré la douleur et les coups, le torero aura pu récupérer et dormir du sommeil du juste ! Il serait dommage, quoique compréhensible, que Bayonne « se perde » une once de ce Jose Tomas, soudain « ressuscité », et qui retrouve d’un coup, la dimension que tous avions découverte un jour, rêvant avec lui, « du Toreo qui arrête le temps ». Sa confrontation avec le Juli promet les plus hauts sommets, d’autant que les Parladé peuvent apporter une certaine garantie, vu leur parcours 2002. Que haya suerte, pues !
     Quoiqu’il en soit, la fin de saison, notamment dans les prochaines grandes ferias de Murcia, Albacete, Salamanca et Valladolid, sans oublier le mano a mano de Dax, avec Enrique Ponce, peuvent nous réserver de formidables moments, de ceux dont nous rêvons tous…
     Qui vivra verra… Mais « ayyyy ! Quel dommage ! »

     30 Août – ALMERIA – 6ème de Feria – Plus de ¾ de Plaza : La corrida s’est terminée dans la ferveur et la joie, avec la sortie « a hombros » de Jose Tomas et Javier Castaño, triomphateurs d’une corrida d’émotions et rebondissements.
     Cinq toros de Luis Algarra Polera, inégalement présentés, mais donnant un jeu intéressant, en fonction de leurs forces. Le  premier, très faible, a été remplacé par un Martinez Elizondo qui, hélas, « dura » bien peu. « Le » toro de la corrida, le deuxième », débuta comme un manso total qui vira « a bueno », presque, grâce à la « douce fermeté » de Jose Tomas. 
     Finito de Codoba (Applaudi aux deux) eut quelques bons détails devant le sobrero de Chopera, tant qu’il dura. Pinchazo, une lame caida… et au suivant. Bonnes véroniques pour recevoir le quatrième, faible. Finito aura du mal a trouver la solution, le toro s’écroulant par deux fois, en début de trasteo. Quelques efforts, quelques détails de classe, et final en un pinchazo hondo et deux descabellos.
     Jose Tomas vit sortir un deuxième, du nom de « Tonadillero » manso fuyant toutes les capes, « rebondissant » d’un picador à l’autre, malgré les efforts de tous pour le fixer, en particulier d’un Miguel Cubero remarquable. Manso « de libro » ! Personne n’aurait donné un kopeck pour une faena à cet ostrogoth. Et le miracle se produisit, dès les premiers muletazos, dès la première série… Impavide, majestueux, solennel, Jose Tomas lui indique le chemin d’une muleta ferme mais douce à la fois, le renvoyant au loin par de grands pechos, le rein creusé. Les séries de naturelles vont se succéder, le torero s’abandonnant complètement, jouant à merveille d’une ceinture et d’un poignet, magiques. Faena incroyablement profonde, majestueuse, entrecoupée de remates et d’adornos « de haut vol ». Faena tout à coup sabrée par une très dure cogida, le toro levant l’homme par le bas ventre, et le cherchant méchamment. On craint la grosse cornada. La taleguilla est déchirée, le torero grimace, dans un état second. Le rêve est rompu. Quatre pinchazos précéderont l’estocade définitive. Quatre « Ayyy ! Quel dommage ! ». Jose Tomas, sonné, salua une immense ovation. Il venait de changer deux oreilles et la queue, pour « un grand retour parmi les terriens »
     Le cinquième, un joli burraco du nom de « Bodeguero », allait lui permettre de rééditer son exploit. Le torero s’était rendu à l’infirmerie où l’on avait diagnostiqué un puntazo à l’aine et un gros varetazo dans le dos. Cependant, dès les premiers capotazos, le public sut qu’il allait à nouveau vibrer : magnifiques véroniques, lentes, cadencées, énormes ! Le toro est bon, à gauche, mais moins évident, à droite. Citant, « medio pecho palante », trois séries de longues naturelles, templées, liées, soulevèrent les tendidos. Moment inoubliable que cette Almeria sait vivre à l’unisson. Oubliée, la merienda ! On a rangé le vin et les bocadillos. Silence, Jose Tomas est revenu ! Le voir pour le croire ! Faena conclue d’une entière un peu de côté, desprendida. Deux oreilles « totales » ! Enorme triomphe, le torero de Galapagar donnant une vuelta de vrai bonheur.
     Javier Castaño (Une oreille – Une oreille) remplaçait Davila Miura. Almeria est venue confirmer le retour du Salmantino : Castaño s’est montré « clair dans sa tête », propre dans son toreo et profondément honnête, face à ses deux toros. L’apothéose de Tomas aura un peu atténué son succès, mais il faudra se rappeler de cette sortie qui vient confirmer le retour de Castaño, après deux ans d’errance.      Deux largas au troisième, qu’il tira de sa querencia et toréa limpio, en supportant les demie charges et les brusques arrêts au milieu de la passe. Estocade tendida et en arrière.
     Le sixième reçut deux grosse piques, un peu lourdes, mais arriva un peu désordonné, à la muleta. Castaño lia l’intelligence et le courage, le tirant longuement, allongeant sa charge, avant de terminer par un moment de porfia, la corne à un millimètre de ses mollets. Le malheur des deux pinchazos avant une entière atravesada et en arrière, le priva d’un double trophée, mais non du respect de tous.
     Corrida importante ! Corrida qui marquera la temporada, comme celle dite « du grand retour de Jose Tomas ! »

 

EL JULI REMPLIT… CABALLERO CONTINUE !

     31 Août : La journée fut aussi marquée par la corrida de San Sebastian de los Reyes, à Madrid. On sait que la feria est « un désastre économique », mais hier, le Juli a rempli la plaza jusqu’au toit, et la corrida a été triomphale. On a coupé « un monton » d’oreilles, et l’on a « encore » failli gracier un toro ! Sortie a hombros, pour Julian Lopez et un Manuel Caballero qui poursuit sa marche glorieuse. Ouf ! l’empresa respire un peu mieux… à peine !

     30 Août – SAN SEBASTIAN DE LOS REYES – 5ème de Feria – Lleno : Bonne corrida de Victoriano del Rio, « commode » de tête. Vuelta au quatrième, pour lequel certains demandèrent l’indulto.
     Manuel Caballero (Oreille – Deux oreilles, après un avis) toréa sobrement, sans déranger le faible premier. Par contre, l’albaceteño monta une grande faena « a mas », au quatrième, tirant de longues séries de naturelles et de redondos, rematant par des adornos de grande classe. Il mit du temps à entrer à matar, perdant peut-être là, un trophée supplémentaire.
     Eugenio de Mora (Oreille – Ovation, après un avis) connut la noire malchance au sorteo : Un premier de peu de forces ; un second, invalide. Le toledano se montra attentif et sérieux, toréant bien, mais tuant mal le cinquième : Trois épées et cinq descabellos. Bueno !
     El Juli (Deux oreilles, après un avis – Ovation) se multiplia, face à son premier, banderilla mieux que de coutume, se fit prendre, sans mal, au cours de la faena, et tua « fort ». On le vit également bien, devant le sixième, mais il tua mal.

     30 Août – LINARES – 3ème de Feria : Cinq toros de Los Guateles (Litri), mauvais, sans force. Un du Puerto San Lorenzo, sorti premier. Nada !
     Triomphateur de la journée, Luis Miguel Encabo, qui remplace le Fandi. Torero sérieux, mais qui manque de transmission. Tua magnifiquement son premier, mais mal, le suivant. Oreille et Vuelta – Padilla fera de vains efforts. Silence et ovation – Antonio Ferrera, encore une fois, fera un toreo « d’empaque », en particulier en immenses pases de pecho, face au troisième. Mais il tua en trois assauts. Le sixième fut un manso, court de charge. Gros mérite de Ferrera qui lui a posé un quiebro très risqué.

     30 Août – TARAZONA DE ARAGON – Dernière de feria – Moins de ½ plaza : Cinq toros mansos et mauvais, de Montalvo. Un sobrero de Charro de Llen, sorti sixième. Les meilleurs : 1er et 4ème.
    El Califa coupe, au quatrième, la seule oreille de la journée - Cesar Jimenez connaît de grands moments, avec cape et muleta, mais ne tue pas. Grandes ovations, avec avis au cinquième) – Leandro Marcos écoute une ovation à son premier, mais coince, devant le Charro.
     Le trophée au triomphateur de la feria a été attribué à Vicente Barrera.

     30 Août – REQUENA (Valencia) – ¾ de Plaza : Corrida de Téofilo Segura, qui donna un jeu correct.
     Vicente Barrera met un gros coup d’épée au quatrième. Oreille et oreille – Rivera Ordoñez fait dans le populaire, mais s’accroche. Ovation et deux oreilles – Morante de la Puebla torée bien le dernier, dans une faena un peu irrégulière, mais pleine de plastique. Oreille et deux oreilles.

 

DAX : CHANGEMENT DE CARTEL, A  LA CORRIDA CONCOURS…

     31 Août : « La Sécurité Sociale Espagnole appliquant soudainement et intégralement la réglementation, elle ne couvrira plus les toreros étrangers toréant en France »… De ce fait, et devant la soudaineté de cette décision, Dax s’est retrouvée « en délicatesse » quant aux contrats du Zotoluco, pour la corrida concours du 7 Septembre, ainsi que du jeune Bolivar, pour la novillada du dimanche matin.
     Le diestro mexicain sera remplacé par Stéphane Fernandez Meca, triomphateur de la Victorinada de la Feria.
     Le cartel de la corrida concours sera donc le suivant : Luis Francisco Espla, Fernandez Meca et Denis Loré.
     Les toros seront successivement de : Hernandez Pla, Conde de la Corte, Guardiola Fantoni, Conde de la Maza, Escolar Gil et Fuente Ymbro.