L'ACTUALITÉ TAURINE
(Mai 2001)

AIRE SUR ADOUR : AU TRAVAIL, STEPHANE !     

     1er mai : On n’a pas idée... Le jour de « la fête du travail », Stéphane Fernandez Meca va « défiler tout seul », et travailler trois fois plus...
     Blague et plaisanterie facile à part, on espère et on souhaite une grande bonne chance pour Fernandez Meca qui s’enferme aujourd’hui, seul devant six Palha, en plaza d’Aire sur Adour, à l’occasion de la traditionnelle corrida des « Arsouillos ».

     La grande bonne chance sera nécessaire, côté météo, d’abord, puis côté toros. Les portugais de Palha n’ont guère brillé, ces temps ci, malgré une sortie honorable à Castellon. Mais on sait leur caractère ombrageux, la caste  irrégulière qu’ils possèdent, les forces qui semblent plus hésitantes, cette année (référence, la corrida de Zaragoza).
     En face, un torero avec la technique, la valeur et la force. Devenu un spécialiste, Stéphane Fernandez Meca devra viser la variété de répertoire, tout en privilégiant l’efficacité. Dure alchimie, dur challenge. Pourvu, de plus, que l’épée voyage bien.
     « Que haya buen tiempo, suerte, et que les toros chargent... » On aurait préféré que tel événement se déroule en meilleur moment et en plus grande plaza, de façon à ce que la répercution soit plus forte, pour le geste et pour le torero... Mais les choses sont ainsi et le destin est déjà fixé. Il « sait » déjà...
     Nous, on le saura ce soir, et vous... demain ! Bon 1er Mai...

 

TRAVAILLER, ET TRAVAILLER ENCORE....

     2 Mai : Quand c’est la fête du travail... on se repose. Le lendemain, comme il faut aller « bosser »... on fait grève !  Asi las cosas ! Premier mai, fête du muguet, du printemps et des masses laborieuses qui n’en finissent pas de vouloir se lever...le poing en l’air ou la main sur le coeur. Premier mai d’espoir et de paix, en principe... Premier mai sous l’eau, dans la Somme ou à Séville.
     Ici, les dignes larmes de ceux qui sont en train de tout perdre viennent rejoindre les flots que n’arrivent pas à éponger la science des hommes et la force des machines.
     Là bas, en bord de Guadalquivir, une gitane maudit le ciel parce qu’elle a trempé sa robe, si moulante qu’elle n’a pas le droit de rétrécir... Deux gouttes de pluie ont mouillé la guitare et un grêlon sacrilège est venu se loger dans un verre de fino... Le ciel de Séville est menaçant, violet à force d’être noir ; lourd de vilains présages, triste des illusions perdues.
     Premier Mai... On défile, lentement ; on râle un peu, comme le veut la tradition (Il y a pourtant de quoi faire !) et... on va à la pêche. Dans sa chambre de clinique, se remettant rapidement « de nos émotions », Jose Tomas s’avoue le plus heureux des hommes.
     Côté toros, le premier mai a été... laborieux : A Séville, les trois toreros, qui jouaient beaucoup, ont vu leurs efforts se fracasser contre un mur de mansedumbre et de violence. La douzième de feria fut, depuis le matin, « la » corrida « du mauvais oeil »... En France, il fallut à Fernandez Meca batailler dur pour sortir avec dignité d’une épreuve bien aléatoire. A Madrid, cela fait trois novilladas insupportables, dans le froid et l’ennui... Rien à l’horizon de la Feria de la Comunidad... En plus, le Real a perdu devant le Bayern !
     En fait, dans la Somme ou à Séville, ce fut un Premier Mai de... peine ! En attendant, comme le muguet, le gaz augmente. 2 mai, jour de grève... Vivement le 3, et encore !

     1er Mai – Séville : 12ème de feria – Llenazo – Temps gris sombre : La corrida était mal partie... Tout le monde fondait de grands espoirs sur la corrida de Manolo Gonzalez et Sanchez Dalp. Elle est traditionnelle à Séville, et a souvent donné de grandes tardes. Le ganadero avait amené neuf toros. Les vétérinaires en ont refusé sept pour manque de trapio. Vexé, Manolo Gonzalez a tout remballé, et repris le chemin de la finca. Tout le monde en était désolé, en premier chef, on s’en doute, les toreros. Pour remplacer, on fit un lot de trois Gavira et trois Martelilla. Ce fut pénible, puisque pour arriver à tel résultat, il fallut disqualifier quatre toros du premier fer, et deux du second. Vaya ! Le sorteo se fit douloureusement et tout le monde est rentré à l’hôtel en priant... qu’il pleuve !
     Corrida désespérante, où la mansedumbre et la violence des toros interdisent tout succès aux hommes, pourtant animés des meilleures intentions. Les Gavira sont sortis en 1, 5 et 6ème rangs. Toros mansos, distraits, sin fijeza avec de la violence et du sentido. Les Martelilla du Marquis de Domecq, 2,3 et 4ème n’ont guère valu mieux. Toros « à la défense » qui attaquent avec le regard « bien en dessous de la ceinture », malgré la tête haute. Toros qui retiennent leur charge et se retournent aussi sec. Toros qu’il fallait mater, rosser. Alors, ils ne voulaient plus jouer. La corrida fut une suite d’éclairs, d’espoirs, mais au final, la déception fut totale, d’autant plus grave qu’elle eut la télévision pour témoin.
     Jesulin de Ubrique a montré tranquillité et rage rentrée. Le premier lui mit trois fois la corne au niveau de la ceinture ou du visage. Tardo, frein à main serré, coupant toute route... rien à faire, sinon le tuer d’une demie, sous quelques palmas. Bien au capote, devant le trépidant quatrième. Pas de dentelles dans les véroniques, mais un capeo puissant et valeureux. Ce sera, avec la dernière minute, le meilleur du Jesulin. Espoir, cependant, au début de faena : une première série de derechazos et un pecho lèvent l’ovation. Temple y ligazon. Hélas, malgré deux autres droitières coulées, le toro se met probon, se retourne très sec et les illusions s’envolent. Jesuli va en terminer « muy torero », avec une épée casi entera et , tout seul, un descabello sans bavure, à la mode de Roberto Dominguez. Ovation.
     Rivera Ordoñez est beau et riche. Bon ! Il est « Fils de son père », et, à Séville, on n’oublie pas cela. Hier, pas de titre de noblesse, pas de presse du coeur... Francisco Rivera Ordoñez a porté haut les couleurs de Paquirri. Casta ! Le premier de la tarde le menaça, sur une glissade, au cours de son quite. Roulant sur lui-même, le diestro échappa « de milagro ». Quand sonnèrent les clarines annonçant le deuxième, on fit silence... Francisco Rivera Ordoñez est parti s’agenouiller à la sortie du toril. Le toro est sorti « toronton », l’a vu et lui a accroché le capote en fin de suerte. Encore une portagayola qui tournait à la tragédie. Valeureux, muy torero, Fran se releva, au fil des cornes, s’échappa d’un coup de rein, récupéra le capote et, dans un formidable moment de race torera, de courage et de vista, aligna deux  largas à genoux, (la deuxième, de terreur), quatre véroniques et deux demies, extraordinaires de puissance et de vérité. Le public se leva, l’ovation fut énorme ; la musique joua et le torero dut saluer...Ce fut « le » grand moment de la corrida. Le toro semblait servir, et Rivera débuta fort bien, avec calme, efficacité et gusto. Mais il fallut vite déchanter. Les intentions du  bicho devinrent vinaigre, et la muleta devint torchon. Mato mal, alternant épée et descabello. Silence. Le cinquième, manso déclaré ne put être piqué, après plusieurs essais, qu’en terrain de chiqueros. Bon début, le toro venant pronto et fort, avec un poil de violence. Rivera batailla, donna deux bons derechazos, aguanta ce qu’il put, et dut capituler devant la race enfuie. Entière atravesadilla, en entrant mal,  et descabello, « sous vos applaudissements ». Dommage que ce diestro de haute lignée ne progresse pas, muleta en main... Dommage que ce valiente ne soit pas grand estoqueador, comme son sang l’exigerait. Dommage.
     Morante de la Puebla veut, mais n’y arrive pas. Anda con los cables cruzados ! Sa journée, devant deux carnes innommables fut un constant « querer y no poder »... Vouloir et ne pas pouvoir. Morante jouait beaucoup, hier, à Séville. Le public ne lui ménagea ni ses encouragements, ni ses bravos. Mais, force est de constater que le torero est toujours en période de doute, que ses efforts pour être calme sont trop perceptibles, et que le toreo coulé, harmonieux, inspiré qui est son cheval de bataille, est actuellement une pâle réplique du Morante, torero embalado du début 2000. Les véroniques fleuries sont devenues « coups de fusil », les derechazos et naturelles, jadis coulés, soupirés, sont  devenus coups de hache. Quand à l’épée, jadis porteuse d’éclairs « au recibir », elle est devenue « affreux marteau piqueur souterrain... »  Et pourtant, l’aube n’est pas loin. Au milieu de ses regards perdus et de sa désespérance, Morante réagit, se calme, se pose et soudain laisse éclater un énorme détail  de classe, un moment de rêve. Hay que esperar ! Il faut attendre. Un jour, une plaza, un toro... un moment qui fera que tout repartira. Où cela se passera t’il ?  Quand ? Le public attendra t’il ? Le torero aura t’il la force ? Dios dira. Mais aujourd’hui, devant deux toros à contre style, Morante de la Puebla a perdu la partie. 
     Dans les cuadrillas, il y eut « de grands messieurs », comme le vieux piquero Francisco Lopez, qui sortit sous l’ovation, après un grand toreo à cheval, devant le deuxième. Au banderilles, Curro Molina dut saluer, chez Rivera. Mais un vieux banderillero, troisième de la cuadrilla de Jesulin, fut très torero, malgré les ans, très torero...Son nom, Emilio Fernandez. Sobre, sûr, il se doit de saluer l’ovation que d’ici, nous lui envoyons... par mail !

     Aujourd’hui...2 Mai, s’il ne pleut pas... Tiene que pasar algo : Corrida de Victoriano del Rio pour Joselito, Caballero et Finito. Pour deux d’entre eux... « Au secours »! Le troisième doit confirmer la grande feria 2000.

 

AIRE SUR ADOUR : FERNANDEZ MECA S’EN SORT BIEN !

    1er mai (de notre correspondant) : Bonne entrée et beau temps pour le « unico espada » de Fernandez Meca, devant les Palhas du maître des lieux.
     Impression mitigée d’une tarde qui mit du temps à se définir. De présentation fort inégale, les toros portugais n’ont pas montré la fougue, la hargne, en un mot la caste, auxquelles il nous avaient habitués, l’an passé. Encore une fois, les armures ont fait lever quelques sourcils... Justes de force, comme à Zaragoza, les Palhas ont montré plus de mansedumbre que de bravoure, le sixième excepté. Beaucoup de genio, de violence, de charges en tous sens. Seul, le sixième fut à la hauteur de la réputation. C’est peu. Fernandez Meca, voulut « rematar » en offrant le sobrero de Passanha... On lui en tint gré... mais, no sirvio.
    Le maestro a coupé quatre oreilles (une du deux et une autre du cinq, un peu protestée). De fait, on retiendra les deux trophées du sixième, toréé vibrant et surtout, estoqué d’un recibir de première catégorie. Le reste est lié aux qualités et défauts  des toros, avec le handicap que nous connaissions d’avance : Stéphane est un bon professionnel, muy torero, mais à qui il manque encore la chispa, le répertoire, le grain d’improvisation nécessaires à soutenir l’intérêt, pendant six toros. Le capeador fit son devoir, le muletero se montra réitératif, parfois un peu sur les bordures.
     Prendre six toros est un effort constant, un  réel exploit que Fernandez Meca a accompli. Sa sortie a hombros est là, plus pour l’abnégation et la persévérance, que pour le grandiose de son triomphe.
     Au banderilles, le Chano fut encore géant. Quand à la vuelta du mayoral, elle entretiendra les discussions, dans les peñas, au cours des tertulias d’hiver. Pero, bueno !

 

FINITO DE CORDOBA RAMENE LES SEVILLANS AU « TOREO DE TOUJOURS »

     3 Mai : Sans médire de Jose Tomas, sans contester une seconde (Allez !, peut-être une demie...) ses apothéoses sévillanes, on ne peut que se réjouir de la saine réaction du public de la Maestranza, hier, lorsqu’en fin de faena, Juan Serrano « Finito de Cordoba » emporta tout le monde « sur le nuage des anges ». La plaza, alors, soupira des olés forts, profonds, qui partent du coeur en chatouillant le ventre, tandis que les yeux sourient avec ravissement. Unanimité dans les gradins, dans le callejon, devant les télévisions. La muleta du cordouan sculpte une dizaine de naturelles  pour le souvenir, et l’histoire du toreo ouvre une nouvelle page.
     Le toreo est courage, technique et personnalité... Mais il est avant tout « un art ». Il est oeuvre d’orfèvre, plus que de maréchal ferrant ou tailleur de pierre. La polémique est donc servie : A Séville, en 2001, Jose Tomas a triomphé trois fois, de fer et de sang, mais la meilleure faena, jusqu’ici (la feria se termine dimanche), c’est au Finito de Cordoba qu’on la doit... et de loin.
     En début de corrida,  Joselito nous a promis une grande tarde, une résurrection. Il faudra attendre encore, mais jusqu’à quand ? Quant à Manuel Caballero, il a confirmé les craintes que l’on a depuis deux ans : il est un pega pases... « Pega pases buenos », pero pega pases, tout de même. Le toro qu’il a laissé passer hier risque de peser lourd dans une temporada où, engagé partout en début de saison, il a traversé quatre ferias sans mot dire... En regardant bien, sa situation artistique est plus désastreuse que celle du Morante. Mais, faisant partie de « la grande maison », qui cache par des corridas de province montées de toutes pièces et où l’on coupe de tonnes d’oreilles, la  pauvreté de son toreo, Manolo Caballero va toréer beaucoup et marquer des points au gaol average. Mais... Tilin ! Tilin ! Alerte !

     2 Mai – Sevilla : 13ème de Feria – lleno – Tarde désagréable, avec froid et pluie, par intermittence. Six toros de Victoriano Del Rio, bien présentés quoique sans trapio exagéré, le sixième excepté. La corrida est sortie avec grande noblesse au capote, bravoure inégale au cheval, puis le comportement à la muleta  alla se diluant au fil des forces qui s’enfuyaient. Deux toros firent exception : Cinquième et sixième. Celui ci fut brave et encasté. Bien lidié, remarquablement piqué, il fut celui du triomphe de Finito. Le sixième fut aussi un grand toro, mais  devant lequel Caballero ne put jamais trouver la solution.

    Joselito a été monumental dans les dix premières minutes de la corrida. Son entrée en matière  à la cape, devant le premier de la tarde fut d’anthologie : Véroniques de luxe, lentes, cadencées, scellées par une demie d’estampe. Magnifique. Le diestro, cérémonieusement, prépara et dessina un quite par chicuelinas qui leva le public, et nos espoirs. On attendait le faenon, et on ne tint pas compte du monumental susto que provoqua le toro en allant directement sur le torero lors de la première statuaire. Ouf !.

  Calme, un peu compassé, Joselito dessina une faena prometteuse, mais qui alla s’effilochant, toro et torero s’endormant un peu, tandis que la Maestranza soupirait ses regrets. Le toro avait baissé, mais le torero s’était assoupi. Bien sûr, des soubresauts de grande classe et une estocade, rapide mais puissante et en grande place, ravivèrent la peine. Il y eut petite pétition et Joselito salua un grande ovation. Cela se passa beaucoup moins bien face au quatrième, toro plus haut, un peu violent, qui finit andarin. Joselito s’enferma dans son mutisme et ennuya un peu, d’autant que l’épée ne fonctionna qu’au troisième voyage.
    Finito de Cordoba toréa le deuxième a gusto, avec le capote. Toreo d’inspiration où la technique, pourtant jamais oubliée, cède la place au sentiment. Le torero se met a « codillear », ramenant doucement la charge du toro contre le corps, et la série se termine sur un remate précieux . Le toro fait espérer, mais finira limité en forces, ne se livrant qu’à demi. De son côté, le matador fit de même, mais ce ne fut jamais « les mêmes demies » ! Du coup, faena laborieuse, un peu longuette, mal clôturée avec l’acier. Silence.
     Le cinquième pesait 517 Kgs. Son nom : « Disparate ». Finito le toréa de cape en gagnant du terrain et termina sur un remate « de cartel ». Toro brave, qui partit de loin sur le piquero, fixa la tête dans le peto, et poussa droit sur dix mètres, bousculant le tout, en force, le picador continuant à piquer, debout derrière son cheval écroulé. Une estampe et une énorme ovation à la fiesta brava. Enorme puyazo de Manuel Muñoz, qui pourrait bien prendre le trophée de la feria, sur ce coup là. Au lieu de se venger, le picador calibra bien sa deuxième pique et le toro fut rapidement et magnifiquement banderillé par Gregorio Cruz Velez.
     On espérait, on attendait... et on faillit attendre... Le début de faena fut classique, propre, mais sans génie. Ce n’est qu’après deux séries que Finito décida de « se lâcher » vraiment, et la symphonie débuta. Une première série de naturelles dont une, totalement « endormie »..Un retour à droite  qui surprit un peu, les redondos se terminant par un grand trincherazo. Puis, vint la main gauche, la muleta traînant, verticale, au fil des charges du noble animal. Naturelles amples, douces caresses, lente harmonie. Les passes se succèdent, enchaînées en cadence, profondes. Naturelles lentes, rematées sous la pala du piton. Le toreo en majuscules. Grands pechos tournés vers l’épaule contraire, les adornos ... Cinq minutes de pur plaisir. Faena de sentiment, de pure expression artistique. A l’heure de l’épée, Finito entra bien pour une entière un peu de côté, qui lui fit perdre, peut-être, la seconde oreille. Mort de brave, debout, d’un grand toro, peut être celui de la feria. Les photographes n’ont plus de pellicule depuis longtemps, quand Finito de Cordoba donne une vuelta, lente et cérémonieuse, sous les ovations des sévillans trempés. Un grand moment.
     Manolo Caballero a été bien avec la cape, face au troisième qui baissa vite de ton. Faena interminable, ponctuée de « cites aboyés ». Dans toute cette masse de passes, quelques bons derechazos, toujours rematés par le haut, et un grand moment d’aguante, le toro s’arrêtant au milieu d’une naturelle. Le tout se termina en soseria collective et le silence s’installa dans l’arène. Le sixième, « Chavelo » - 572 Kgs – était un toro important, brave et noble, mais encasté. Un toro pour Cesar Rincon. Venant de loin au moindre cite, le toro imposait. Ce que ne sut pas faire le torero : s’imposer. Encore une fois, ce fut un monceau de passes, toréant « de bas en haut », qui provoquèrent des défauts au lieu de les corriger. Faena sans queue ni tête, parsemée de trois naturelles bien rematées en bas, ce qui fit un moment concevoir quelque espoir. Mais on revint « à la grande distribution », et les sévillans se mirent en colère. Caballero tua d’une casi entera, en se jetant dehors, et la corrida se termina sur cette impression d’inachevé... « On avait vu un grand toro, mais on ne nous avait pas laissé voir l’autre... ».

     Ce 3 mai, Ponce revient à Séville et doit convaincre. El Juli a juré qu’il fera tout pour triompher et Espartaco signera « son avant dernière » devant les Sévillans qui le chérissent . A la baguette, les toros de Parladé (Domecq).

 

MADRID : CONCOURS DE QUOI ?

     3 Mai - La feria de la Comunidad, « répétition générale technique » de la San Isidro, s’est terminée hier 2 Mai, par la corrida concours, qui, une fois encore, ne passera pas à la postérité..

     2 Mai – Madrid (Las Ventas) – Corrida concurso – Casi lleno et du froid...du froid ! : Six toros de diverses ganaderias pour Luis Francisco Espla, Zotoluco et Juan Jose Padilla.
     Premier toro, de Guadalest : Noble mais invalide – Deuxième, d’Hernandez Pla, rentré pour invalide, remplacé par un de la même ganaderia, hors concours. Pas mieux - Troisième, du Conde de la Corte : Nada – Quatrième, de Cuadri, encasté, compliqué. – Cinquième, du Conde de la Maza : vilain et trop chargé en kilos – Le dernier, enfin, d’Adolfo Martin, encasté, répétant  fort ses charges, qui gagna le concours, et fit courir Padilla.
     Espla, avec les bas blancs, s’en sortit à son avantage – Zotoluco fut inexistant – Padilla a subi un énorme échec.

Au Bilan, les trophées sont les suivants :
     Meilleur toro : « Malagueño » d’Adolfo Martin – Toro bien présenté, en type Albaserrada, cardeno bragado, de la famille du « Malagueño II » qui triompha lors de la San Isidro 2000. Quatre piques et beaucoup de caste.
     Matador lidiador : Luis Francisco Espla
     Meilleur piquero : Pepillo Hijo, qui prit le 4ème, de Cuadri
     Meilleur subalterne à la brega : Alberto Martinez, devant le 5ème, du Conde de la Maza.

 

LES CARTELS DE CORDOBA

      3 Mai : La feria de Cordoue  comptera de quatre corridas, trois novilladas (dont une non piquée) et une corrida de Rejoneo, réparties du 19 au 27 Mai.
     19, 20 et 23 mai : Novilladas
     22 Mai : Toros de Carmen Borrero, pour Jose Luis Moreno – El Califa – El Fandi
     24 Mai : Toros de Jose Luis Marca, pour Finito – Jose Tomas - El Juli
     25 Mai : Tors de Juan Pedro Domecq, pour Joselito – Jose Tomas – El Juli
     26 Mai : Toros de Joaquin Barral, pour Ponce – Jesulin - Finito
     27 Mai : Rejoneo  

 

EL JULI... DANS LE GRAND BAIN

     4 mai : Dans la peña, tout le monde a hurlé, de peur, d’admiration. Sur le sable jaune de la Maestranza, le Juli vient de « mettre un coup d’épée » phénoménal d’entrega, de risque et d’intelligente technique... L’estocade est un poil de côté ? « Poco, pero que muy poco importa... » La façon d’entrer a matar est ici la seule qui compte,  et Séville, non plus, ne s’y est pas trompée.
     C’était là le premier chapitre d’une nouvelle page de gloire, épique, de « ce sacré gamin » qui, malgré une silhouette de plus en plus « adulte », garde des traits et des gestes d’enfant. Une heure plus tard, sous un déluge, le ruedo transformé en véritable piscine, extrêmement dangereuse, Julian Lopez allait écrire un nouveau paragraphe de gloire torera, coupant un nouveau trophée au milieu des cris de « torero ! torero ! » d’une Maestranza  enfin convaincue.
     Maintenant, une question se pose : « Si José Tomas fait, hier, ce qu’a fait le Juli à ses deux toros... que lui aurait on donné ? ... Quatre oreilles et le Tour de l’or...
     Dans la Peña, une voix s’est élevée... « Quel est le degré d’inconscience de l’enfant torero ? » Réponse : «O%... Zéro pour cent ! » El Juli est « né » torero. Comme Astérix, « il est tombé dedans... » ! Surdoué, nanti d’une aficion monstrueuse, d’une volonté de fer, d’un courage de preux chevalier, d’une ambition démesurée mais saine, le Juli vit, mange, dort, rêve... en torero. Les jours de repos, pour s’amuser, « se changer les idées... il s’en va toréer ». Sûr qu’à la maison, au moment des repas, à la table familiale, entre deux plats, le jeune se lève et dessine, avec sa serviette, deux naturelles et un pecho, tandis que sa mère râle un peu parce qu’il met des miettes partout... « Julian, reste assis ! » s’écrie t’elle, après un « olé ! » repris à l’unisson par toute la maisonnée. Un torerazo !
     Hier, dans le barrizal sévillan, Julian Lopez « El Juli » a encore escaladé un nouveau pic de gloire... Bien entendu, on peut trouver des choses à critiquer, toujours ! Mais celui qui, aujourd’hui, déclare « Le Juli, moi je n’aime pas ! », par système... Il  faut l’envoyer à la douche !

     3 Mai – Séville : 14ème de feria – « No hay plus un billet » - Déluge d’apocalypse a mi-faena du cinquième toro . La corrida ira jusqu’au bout : Jadis, on pouvait triompher à Séville, et sortir a hombros sans que ne s’ouvre la Porte du Prince. Vuelta en triomphe et sortie par la porte des cuadrillas... Hier, Séville n’a pas osé, car, sans avoir coupé les trois oreilles « réglementaires » pour ouvrir la Porte (ce qui est une totale bêtise ), si on le hisse a hombros, le Juli « tourne encore », ce matin, et tout le monde prend une pneumonie...
     Enorme, fantastique triomphe d’un torero, hier, en la Maestranza de Séville. Certes, les circonstances dramatiques ont fait s’élever le degré d’émotion, d’admiration... Mais ne nous y trompons pas, l’orage n’a fait qu’amplifier cette émotion, cette admiration déjà provoquées, à mi corrida, par un quite par gaoneras, trois paires de banderilles, quelques grands muletazos et une estocade « de revolucion »... Emotion, admiration « totalement raisonnées, argumentées, justifiées.. ». Après, le raisonnable fait place « à l’épidermique » et chaque pas dans la boue suscite une exclamation de peur,  de joie et de cariño, pour cet enfant dont toute l’eau du ciel n’arrivera pas à éteindre l’or et la lumière de son habit torero...
     Six toros de Parladé... présentés « comme ça », sortant fort et se dégonflant peu à peu, souvent après quatre capotazos. Allant au cheval « comme ci », topando plus que ne poussant en brave. En un mot... une corrida « comme ci , comme ça ! » Nada ! A la muleta, « je charge un grand coup, deux fois. A la troisième, je regarde. A la suivante, ça suffit maintenant ! ». Le premier se dégonfla totalement ; le second fut un manso « de livre »; le quatrième, un toro de cuidado, beaucoup trop sournois pour un Espartaco qui fait peine, tant il est en danger sur le moindre retour du toro. Les meilleurs : Troisième, cinquième bis, jusqu’à mi faena de Ponce et dernier, du moins le pense t’on, noyé sous les averses. Le cinquième sortit comme un obus et alla se fracasser dans un burladero, sans qu’à priori, personne ne l’y appelât. Gros choc et corne brisée net. Il s’appelait « Ridiculo ». Le pauvre ! Comment un ganadero peut il appeler un toro « Ridiculo » ? Ridicule ! Carton jaune !
     Espartaco doit se retirer... aurait du se retirer l’an passé. Ceci est dit avec un énorme respect, une totale admiration et beaucoup d’affection. Tout au long de cette saison d’adieux, Espartaco, ici est là, a plus de chances de trouver des adversaires retors, aux intentions bien tordues et aux coups bien bas, que de pouvoir se relâcher devant des toros-artistas, « de carril », qui lui laissent le temps d’aller et venir, se retourner, se replacer et enchaîner...  Tout au long de la saison, nous aurons tous peur pour lui, tandis que d’autres siffleront, insulteront...
     Nous pensons à lui, à son épouse, à ses enfants, à ses amis qui savent l’immense « buena persona »  qu’il est, à côté du « figuron del Toreo » qu’il a été.
     Hier, Espartaco a toréé sa dernière corrida en Feria d’Avril. Il a dignement tué son triste premier, et s’est trouvé  en danger devant deux retours pervers  du quatrième, qu’il aurait mangé  tout cru, il y a six ans. Sevilla lui a fait ovation, et c’est très bien ainsi.
     Enrique Ponce n’est toujours pas entré à Séville, malgré ses efforts, malgré l’admiration des sévillans et l’envie de le voir triompher « totalement ».Limpio avec le capote, tête claire et courageux avec la muleta, il  essaya bien  d’intéresser le manso deuxième, et de se relâcher devant le cinq. Sa faena, d’ailleurs, débuta fort bien et la première série, muleta basse fit concevoir tous les espoirs, d’autant qu’un monumental changement de main par devant fit rugir l’aficion.... Mais le toro changea, encore une fois, sentant peut-être venir l’orage, et la faena se noya sous des trombes d’eau. Sans aucune option, Ponce pincha quatre fois et  rengaina ses illusions. Silence par deux fois, avec avis au cinquième.
     El Juli a été monumental ! Recevant vaillamment le troisième, le jeune confirma ses intentions du jour par un quite de frente por detras « à faire hurler ». Puis, trois paires de banderilles en prenant tous les risques, devant le hachazo du toro, qui, sur les deux dernières, lui ouvrit la chaquetilla. Faena solide, à la fois coulée et imposée, le derechazos dictant la loi, les naturelles relâchant la pression. Faena de courage, de savoir et d’ambition. Faena d’esthétique et de force qu’un monumental volapie*, en se couchant dans le berceau, vint clôturer, magistralement. Comment sort on indemne d’une telle rencontre ? Mystère. Grande oreille pour le Juli, qui le promène sagement. Figura.
     Que dire du sixième ? Que dans « un rideau d’eau », au milieu d’un étang de boue, le Juli a toréé de cape, fait un grand quite, posé trois paires de banderilles d’un immense mérite, toréé de muleta, très honnêtement, et mis une bonne demi épée, après un vilain metisaca, explicable et bien excusable. Une nouvelle oreille en or et un triomphe d’époque. Enhorabuena, torerazo .

     * A voir absolument dans « Mundotoro.com », le carnet de photos de Maurice Berhot, et le volapié du Juli, pris sous deux angles... vous qui n’y étiez pas... vous comprendrez.

     Ce 4 Mai, la corrida sera télévisée sur la première chaîne espagnole : Toros de Guardiola, qui passe entière, malgré quelque soucis, pour Victor Puerto, qui va vouloir « rematar » ; Davila Miura qui va dire, encore une fois, « qu’il n’a rien à dire », à moins que, soudain.... ; Et Javier Castaño et les « ayyy ! » les « ouille !» qui vont ponctuer son actuacion. Préparez le cognac et les bandes velpeau.
 

LA « BOF » STORY....

      5 Mai : Et pour changer, il pleut... Dans la Somme, les eaux ont baissé, mais les grandes marées reviennent. Pobres ! En France, tout va bien ! Partout, il n’est question que de mises en examen, d’assassins libérés, de massacres organisés, de « tournantes » à donner le tournis à tout ceux qui ont un tant soit peu d’honneur, de noblesse, de conscience au coeur. On devient vert et « l’on est horrifié » parce qu’enfin un « gégène » écrit, noir sur blanc, ce que tout le monde savait. Y a t’il des guerres « propres » ? Qu’on en cite une seule...
    
Avec toute l’eau qui tombe, qu’il est donc facile de « noyer le poisson », et il vaut mieux parler de la sale guerre et de ceux à qui on n’a pas donné le droit de la gagner, que de cette pauvre vieille dame de 82 ans, traînée sur cinquante mètres, pour ne pas avoir voulu lâcher son sac à main. Son « pundonor-réflexe » a fait deux lignes dans les journaux, mais lui a coûté la vie. Dans nos cités, on viole allègrement, tour à tour...  Mais là, on n’est pas « horrifié », on ne dit rien... Un chanson de Brel nous revient, allez donc savoir pourquoi : « Tais toi donc, grand Jacques ! »
    
Alors, pour arranger le tout, on vous balance « Loft story »... « Mais oui, Charles Edouard, c’est un nouveau concept, merde quoi... ! ». Vous mettez une douzaine de « qui-dames » dans une boîte à savon, et des caméras partout... Une sorte de grande page de vie, au jour le jour... et cela passionne ! « Les feux de l’amour » n’ont qu’à bien se tenir...
    
Dans « les grandes rédactions » on suit désespérément l’Audimat qui descend. Au secours, on coule... Les directeurs de chaîne se déchaînent, fulminent : « Allez creusez vous donc la cervelle... il faut trouver quelque chose d’encore plus « grunge », sale, gluant... Je veux des caméras partout, même au fond des préservatifs... ». En voilà un idée « qu’elle est trop bonne » ! ! !  On est mal, on est mal ! Pas étonnant que dans la « bof generation » qui prône les gay pride et les parties dans les champs de raves (lisez « raveparties »), on soit passionné. Et c’est bien ainsi... Pendant ce temps, on peut s’en mettre plein les poches, tous... à part vous et moi, bien entendu ! Oui décidément... on est « trop mal » !
    
Encore plus mal quand, hier soir, sur le coup de 18h45... tout le monde était devant sa télé. Les aficionados avaient hésité « un quart de poil de Loana », puis s’étaient franchement installés devant la première Espagnole, les pantoufles aux pieds, le wisky à la main... La corrida de Guardiola était télévisée, et on allait voir... Rien ! On a rien vu ! Si, des gogos qui se battent pour le juste prix d’un kilo de gros sel. Bof ! Allez donc savoir pourquoi, la corrida n’a pas eu lieu sur certains petits écrans... Pas d’images, pas d’explications.  Chupate esa, Loana !  Alors, tous les téléphones ont sonné, en même temps... « Dis, tu vois quelque chose ? Tu sais quelque chose ? » – « Ecoute, je suis aussi perdu que toi. Je zappe sans cesse... Bon, tant pis ! Excuse moi, je vais regarder un moment la « bof story »... Non, parce que j’aimerais savoir, quand même, s’il a finit par lui enlever, ce gros point noir... Attends, c’est capital, non ? Puis après, j’ai le « big deal » ! Alors tu sais, les Guardiolas.. ! Allez, salut».
    
Que paso ? Peut-être n’avaient ils pas assez de caméras « chez les loufs », et qu’ils avaient piqué celles de la Maestranza... C’est la seule explication plausible. Pas à dire, on est mal, gran hermano !

     4 Mai – Sevilla : 14ème de Feria – « Casi plein » – Beau temps revenu, avec du vent : Allez, on n’a rien perdu ! Les Guardiolas sont sortis sans grande présence, sans grande force, maniables en général, mais tardos et  s’éteignant vite. Le quatrième, invalide a été remplacé deux fois. Est sorti un affreux jojo ( Jabonero très sale) de Martin Lorca, invalide. Heureusement, un toro a sauvé la course. Un des plus braves de la feria. Sorti deuxième, « Bombillo » - 586 kgs -  a fait grand honneur à son fer. Grand tiers de piques, le toro venant de loin, con alegria, fijeza, et poussant fort. Bien piqué par Manuel Montiel, remarquablement banderillé par Juan Montiel, qui dut saluer, le toro de la journée est arrivé aux mains de Davila Miura... qui n’a pas pu !
    
Victor Puerto n’a pas convaincu, et s’est chaque fois retiré dans le silence. Beaucoup lui reprochent de ne pas savoir définir son toreo. Un coup artiste compassé, un coup guerrier ; un coup classique, un coup baroque... On s’y perd un peu. Deux faenas en sourdine, avec de bonnes choses, certes, mais noyées dans un océan de pauses, de longues approches du toro, sans raison technique apparente. Ce n’est pas un échec, mais Puerto devra rectifier vite...
    
Davila Miura a donné ce qu’il avait. Le second l’a renvoyé à ses études. On attendait une autre faena  devant le grand toro! Le muletero patina deux séries, avant de se faire prendre vilainement dans un pecho. Retour courageux et une nouvelle cogida, à l’heure de porter l’estocade. Moment d’émotion, puis « de compassion intéressée », le torero en étant sorti, avec « son honneur » à l’air... Le diestro entendit un avis et une grande ovation « d’admiration » ! Le cinquième était aussi encasté et Davila Miura distribua des passes, écoutant un silence respectueux
    
Javier Castaño divise l’opinion. On loue son calme, son courage, et on l’applaudit fort. Mais, par ailleurs, certains soulignent son toreo répétitif et inexpressif. De bonnes véroniques, de bons derechazos aux sixième, par douzaines ; deux grands pases de pecho... Il aurait connu mieux, peut-être s’il n’avait bafouillé son descabello. Ovation. Il faut attendre, et voir!
    
En fait, on n’a rien manqué, alors on peut revenir à la question capitale : « Il lui a enlevé, ce point noir , oui  ou non ? »

    Aujourd’hui, 5  Mai, les Cebada Gago. « Tout bon ou tout mauvais », mais il va se passer quelque chose. La corrida est passée entière et à l’aise, au reconocimiento. Les « Cebada », c’est quelque chose ! En face : El Tato  essaiera de « remontar el vuelo ». On lui souhaite la force et la clairvoyance d’un certain jour de juillet 2000, à Mont de Marsan – Pepin Liria  a montré honnêteté, courage et toreria, en début de feria. Tout le monde l’a salué. Il restera dans cette ligne de conduite. Suerte, torero ! – Juan José Padilla vient de patiner dur à Madrid. Il doit vite rectifier, sinon la San Isidro risque d’être « un peu laborieuse ». Le torero aux favoris « d’un autre siècle » a deux jours consécutifs, avec les Cebada et les Miura, pour reprendre du galon. Sinon, il y a de quoi « se faire des cheveux ! »

 

UN HOMME D’HONNEUR... « DE LILA Y ORO »

      6 Mai : Bon Dieu, que cela fait plaisir de pouvoir, au milieu de « nos turpitudes en costume-cravate », chanter les vrais mérites d’un homme d’honneur... pardon, de trois hommes d’honneur. Hier, en plaza de Séville, trois hommes ont fait face au grand ouragan. Hier, dans la Maestranza, trois toreros ont, à divers degré, tutoyé la mort, « sin trampa ni carton », et ont fait honneur à leur « costume-cravate ». Celui là est d’or. On sait pourquoi.
    
Hier, une certaine dame qui, il y a peu, chez Dechavanne, cherchait vaine « querelle » au monde de la corrida, aurait, comme tout le monde, hurlé d’émotion, de peur, de joie, d’admiration devant le spectacle de ces braves qui s’affrontent et se respectent. Et elle aurait applaudi, même si des toros avaient connu la mort.

          Gloire aux toros ! Honneur aux hommes, hier, sous le regard de la Giralda ! Mais, parmi ces hommes, il en est un qui s’est montré un vrai chevalier d’antan, âme de Croisé, regardant droit, une main sur le coeur, l’autre sur l’épée. Pepin Liria a connu une tarde qui fait époque. Une page de plus, dans l’histoire de la tauromachie personnelle de ce torero de Murcia, que Séville a fait sien. Il n’est pas artiste de dentelle. Il n’est pas le plus doué. Mais il est « coeur de lion », comme un Jaime Ostos de l’an 2000, et ce qu’il a fait hier restera écrit au fronton de la Feria de Séville 2001, juste à côté des deux sorties princières de Jose Tomas et des grandes bagarres du Juli.
    
Deux oreilles à une vraie corrida de toros. Le public ne s’y est pas trompé, qui a demandé un troisième trophée, avec fougue, avec ferveur, afin que pour lui aussi, s’ouvre la Porte du Prince. Au Palco, « el señor Teja », le président qui avait si facilement, par deux fois, « graissé les gonds » pour José Tomas, a fait sourde oreille et laissé verrou tiré. Pepin Liria est sorti en triomphe par la porte des cuadrillas, c’est à dire « des toreros ». C’est un honneur, et au fond... le Prince attendra...
    
Déjà excellent de caste et de toreria en début de feria, Pepin Liria a ramené hier l’Aficion Sevillana à ce que doit être une corrida de toros : Un réel combat, dont on ne connaît pas toujours l’issue. Aujourd’hui, chanté par la Presse, unanime, le triomphe de Liria va lever polémique : Celle des apothéoses devant les corridas « a modo », terciaditas, « con casta mais pas trop »... Déjà, le bilan de la feria va faire jaser... Il y eut Jose Tomas, certes, et Séville a eu ce qu’elle a voulu voir, mais ce Pepin-là a connu une feria exemplaire. S’il avait pu toréer un poil plus lentement, donner une série de naturelles de plus et tuer moins devant... Il aurait fallu lui donner la Giralda toute entière, et ça....

     5 Mai – Séville – 15ème de Feria – Casi lleno par grand beau temps frais : Formidable corrida de Cebada Gago et formidable triomphe d’un homme, tandis que les deux autres font mérite des plus grandes ovations. Corrida dont la présentation n’est pas exagérée. Trapio, présence très sérieuse, par devant, solide et agressive. Corrida de Cebada où on le disait hier, il se passe toujours quelque chose. Toros d’une réelle beauté, cathédrales sans démesure, fiers de leurs couleurs, sûrs de leur race. Tout ne fut pas parfait, loin de là, et la corrida débuta fort mal, les deux premiers étant « rentrés », mais ce qui suivit conjugua bravoure et noblesse encastée, agressivité et fierté, avec, bien entendu les petits défauts qui font sursauter ou hurler. Toros de combat, chevaliers ou spadassins, les Cebada Gago  ont encore un fois démontré qu’ils sont différents
    
Il est une photo qui résume le tout et que je vous invite à voir au plus vite : Photo de Berhot, sur le «Special Sevilla » de mundotoro.com  (Pub gratuite, sans problème !): Le troisième Cebada dans une attitude magnifique, venant de basculer le picador et continuant sa charge, un capote accroché au piton. Toro, cheval et l’homme dont on devine le bras, dans un éclair jaune, rose et noir. Fabuleuse photo, ode à la grandeza de la Fiesta Brava. Ne la manquez pas, et en passant, voyez certains derechazos de Liria... « de revolucion », dans ce contexte.
    
Les trois toreros ont été cinq fois s’agenouiller à portagayola. Cinq fois, la foule à blémi. Cinq fois, comme l’autre jour, le vieux torilero aura crié : « Echarse patras y a callar, que se juega la vida un hombre ! ». Cinq fois le toro a jailli, plus ou moins vitre, plus ou moins droit, et cinq fois, les coeurs se sont arrêtés...
    
El Tato s’est montré technique, sobre  et raisonnablement vaillant. On le vit surtout face au quatrième, à la caste agressive. L’aragonais de Sanlucar l’avait reçu au toril et bien passé de cape. Toréant sérieux, la muleta peut être trop en arrière, le Tato fut ovationné après une bonne estocade. On l’avait applaudi devant le violent premier « bis » qui remplaçait le toro d’ouverture  trop faible.
    
Padilla n’a pas coupé. Il n’a pas été le cyclone de toujours. Mais, il est parti au canon, par deux fois a portagayola, par deux envolées aux banderilles et dans des grandes bagarres, muleta en main. Son premier le leva au ciel, sans mal. Le dernier aurait pu, sur la première passe, le couper en deux. Padilla « estuvo alli », ne trouvant pas la distance avec le troisième Cebada, qui avait tout pulvérisé au premier tiers, et patinant un peu, devant le sixième. Il tua bien son premier et on l’ovationna fort, en attendant les Miura.
    
Pepin Liria a coupé une oreille à chaque toro. Le public demanda si fort la deuxième de son dernier, que le torero donna deux vueltas au son de « Nerva », et que le président en a encore les oreilles qui sifflent, suite à la bronca reçue, percée de quelque applaudissements. Liria a frôlé la Porte du Prince, mais est sortie par celle « des toreros ».. Le diestro de Cehegin partit recevoir son premier, a portagayola, suivi de deux autres largas à genoux. Le feu aux poudres. Hélas, le toro sort de la pique, une patte blessée, et on le renvoie au corral. Lastima. Sort alors « Aviador », une espèce de cyclone braillant et regardant beaucoup en dessous que Liria va encore recevoir, à genoux au toril, et avec lequel il va se battre dans un trasteo trépidant, aguantant formidablement et templant ses charges enragées. Un vrai combat dont l’homme sortit vainqueur à la seconde épée. Oreille forte. Le cinquième s’appelait « Voluntario », il ne pouvait que tomber sur Pepin Liria. Reçu de même à portagayola (et de trois !) le toro va se montrer au début, retors, incertain. Puis, convaincu par l’honnêteté du torero, il va devenir une vraie machine à charger. Liria essaya trois naturelles au début, sans grande réussite. Il renonça à cette main, et cela lui valut, peut-être « la grande sortie ». Par contre, il toréa puissant, templé, lié, sur quatre séries de derechazos  qui soulevèrent le public. Estampe magnifique de l’homme et du toro, fiers combattants sur le sable de la Maestranza. Musica y olés ! La porte du Prince s’entrouvait déjà, et de l’autre côté, la petite fille de Liria, attendait son papa. Hélas, quelques naturelles en moins et une entière delantera « en trop », firent hésiter quelques mouchoirs de plus, dans la tempête blanche. Le président refusa la deuxième, fermant la grande porte, et la petite fille, dans les bras de sa mère, s’en alla attendre son torerazo de père, à la sortie « des Toreros de toujours »...

     Ce 6 Mai : Double session. Rejoneo le matin, à six cavaliers, et ce soir, la Miurada. On sait ce qu’elle est, à Séville. Le ganadero met un point d’honneur à y sortir une corrida toujours forte, âpre, intraitable. En face, Zotoluco joue une de ses dernières cartes en Espagne. El Fundi sera ce qu’il est d’habitude et Padilla passera un nouvel examen : Deux Miura à Séville... six à Bilbao.  

 

DANS LES AUTRES PLAZAS....

     Le 5 mai a vu plusieurs corridas se dérouler sur toute la géographie taurine. Hélas, le Pays Basque inondé a reporté la corrida de Eibar, au 17 juin. Au cartel : Luguillano, Califa et Abellan, face à des Bernardino Piriz

      5 Mai : Palavas – ¾ de Plaza : Triomphe de Manuel Benitez « El Cordobes » devant une corrida de 5  Nuñez del Cuvillo et un Gabriel Rojas, en sobrero. Le Cordobes fit de tout, debout, à genoux et à plat ventre. On fêta son charisme, son poignet et sa volonté de triompher, encore et toujours. Bousculades et cogida n’ont pas freiné son enthousiasme. Bilan : Ovation – oreille – oreille et sortie a hombros. Sebastian Castella a mis la jeunesse, le toréo classique et l’épée hésitante. Lui aussi se releva fièrement de deux voltiges. Au total : Vuelta, ovation et une oreille.

     5 Mai - Jerez de los Caballeros (Badajoz) : Bonne corrida de Pereda. Finito et Morante coupent une oreille. Antonio Ferrera fait quatre oreilles et se fait prendre en banderillant son second. Grosse rouste, le torero étant hospitalisé, en observation.

     5 Mai – Cartagena (Murcia) : Corrida de huit toros du Capea, « comme ci, comme ça ». Ortega Cano fait oreille et vuelta ; Mondejar et Cordobes junior se font applaudir et c’est Victor Puerto qui triomphe : Oreille chaque fois.

     5 Mai - Elda (Alicante) : El Renco prend seul cinq  toros de Juan Pedro Domecq et un Parladé . Bonne sortie du jeune maestro qui fait, successivement : Oreille – deux oreilles – silence – oreille – oreille – vuelta.

     5 Mai - Almuñecar  (Granada) : Toros de Luis Albarran. Trois et un rabo pour Miguel Angel – Trois oreilles pour Antonio Bricio, tandis que Juan Bautista est applaudi.

     5 Mai - Ibros (Jaen) : Grande corrida de Carmen Borrero. On a donné vuelta au sixième. Anibal Ruiz coupe trois oreilles et un rabo – Trois trophées pour Manolo Bejarano.

     5 Mai – Alagon (Zaragoza) : Gros triomphe du novillero « Paulita », qui coupe quatre oreilles à des novillos de Vistahermosa.

 

LES « GESTES » DE TOREROS... A L’ENDROIT ET A L’ENVERS...

     6 Mai : Tandis que se précise la présence de Enrique Ponce et Miguel Abellan, face aux Victorino Martin de Bayonne, en septembre, Jose Tomas  a déclaré qu’il ne serait pas à la San Fermin de Pamplona, ni à la Feria de Bilbao. Histoire de télévision...encore !

 

LE BON DIEU EST AFICIONADO...

     7 Mai : Souvenez vous : le 31 Mars, en plaza de San Sebastian, un toro de Victorino Martin accroche horriblement Juan Jose Padilla, au moment de la portagayola. Terribles secondes où le torero est pris de plein fouet au niveau du cou, et porté ainsi sur plusieurs mètres, la cornes tutoyant la carotide. Cogida effrayante qui nous laisse presque convaincus qu’un torero est mort, là, sous nos yeux. Le soubresaut du 1emai 92 nous revient en mémoire : un toro vient de tuer Manolo Montoliu, en plein ruedo de Séville, sous l’oeil de la caméra.
    
A San Sebastian, Padilla  a connu le grand coup de chance de sa vie. Du moins, on le croyait. Cogida terrible, mais conséquences presque vénielles. Que Suerte ! Et tous de rajouter « Gracias a Dios ! ».
    
Que doit on dire, aujourd’hui, au lendemain de cette feria de Séville qui a vu tant d’exploits et de moments forts ? On pensait avoir tout vu. On savait que la Miurada, à l’habitude, serait difficile. Mais on savait également les toreros prêts à affronter l’obstacle, et à le contourner, si nécessaire..
    
Mais, à coup sûr, personne ne pouvait prévoir que, sur le coup de 21h 45, un toro de Miura de 688Kgs allait, au moment de l’estocade, prendre Juan Jose Padilla  au niveau du cou, le suspendre tragiquement, de la même façon, manquant l’étrangler avec sa propre cravate, chercher du piton qui le visage, qui les carotides, qui la poitrine du torero, avant de le jeter, désarticulé, et le fouler au pied. La corne est passée entre le noeud de cravate et la peau. Sera posible ? Le col de chemise est tout à coup devenu un vain drapeau blanc demandant la trève, tandis que le toro essayait de se défaire de ce lourd pantin costumé vieil or. Moment de terreur et d’incrédulité. Le torero, haché sur place, est emporté. On voit du sang. Le visage n’est que rictus tragique. Il est vivant, se plaint surtout de la cuisse droite, semble t’il.
    
Vivant ! Incroyable ! Qu’ on le veuille ou non. Qu’on l’appelle d’un nom ou d’un autre, Dieu est aficionado ! Y un bueno ! Alors, plus rien n’étonne, en particulier de voir Padilla, grimaçant, boitant bas, revenir dans le ruedo et reprendre l’épée, sous les exhortations du public « à ne pas y aller ». Il « y a été », et personne ne sait encore comment. Peu importe le bajonazo, ce moment est « fait de guerre », digne de plus glorieuses médailles...
    
Loin des unes des journaux ; loin des tristesses du temps et de l’époque ; loin des gens qui assassinent lâchement un père de famille qui s’en va, avec son fils, voir un match de foot ; loin des « politiquailleries » radiodiffusées ; loin des Delphine, des vulgarités et des platitudes qui font rugir l’audimat ... la  tauromachie continue son histoire. Elle est cruelle, parfois, mais elle se fait souvent au grand jour, et on y meurt « de verdad »...  
    
Hier soir, Juan José Padilla, aurait pu mourir là, pendu à la corne d’un Miura. Appelez le « Dieu » ou d’un autre nom respectable ; appelez le « Destin »... Toujours est il qu’hier, «Il » n’a pas voulu !

     6 Mai  - Séville -  17ème et dernière corrida – presque plein – beau temps revenu : Dernière journée de la Feria. Depuis longtemps, les loupiottes se sont éteintes. Pour le dernier soir, seuls les projecteurs de la Maestranza éclairent encore l’événement.
    
Le matin, la 16ème corrida  avait vu, encore un fois le triomphe d’un cavalier et de son fidèle destrier. Pablo Hermoso de Mendoza  et « Cagancho » ont encore marqué la corrida de Rejoneo. Deux oreilles du cinquième Murube et... les miettes pour les autres : Vuelta seulement pour Moura, Buendia, Leonardo Hernandez et Antonio Domecq, tandis que son frère Luis était ovationné. Il y a Hermoso de Mendoza... et les autres.
    
Sur le coup de cinq heures, il est tombé une bonne grosse giboulée, et deux heures après, toreros et président se grattaient la tête. Sachant ce qui attendait dans les chiqueros, on souhaitait un minimum de sécurité au plan « chaussée glissante », et la corrida débuta avec cinquante minutes de retard, les spectateurs sifflant, en partie, le paseo.
    
Miurada ! Corrida mythique ! Le nec plus ultra ! Une belle m..., oui ! Les toros de Zahariche sont sortis « grandslourdshautlongs »...  Bon ! Et alors ? Ils sont sortis moches, faiblotes, mansos décastés et avec des cornes qui, s’ils avaient porté un autre nom, les auraient condamnés au carton rouge. »Ya esta bien de lo de la leyenda ! » Astigordos ? Bien ! Ils s’astillent les cornes en grattant beaucoup, le sol, les rochers, les arbres, les râpes à fromage... Bon ! Et les autres, non ? On parle de cornes « limpias » Depuis des années, les Miura ont autorisation de sortir avec les pitons déguisés en plumeaux. Y eso ? Alors, si, en plus, ils donnent le spectacle qu’ils ont donné hier... coupons-là, voulez vous !
    
Six « autobus », entre 573 et 688 Kilos. Des encornures sont aussi larges que les idées sont noires. Les pointes sont aussi tristes que « le mental » est tordu... Mansada total ! Au capote, au cheval, à la muleta. Parce qu’un torero s’est mis devant et a sorti courage et science, les premier et quatrième ont daigné charger un peu. Parce que Padilla « a essayé », le sixième lui a permis deux séries de naturelles, ou plutôt de passes de la gauche, de grand mérite. Le lot du Fundi et le troisième ne méritaient autre chose qu’un coup de bazooka, sans autre forme de procès.
    
« Un respeto para El Zotoluco ! ».Ce mexicain basané découvrit les Miura, l’an passé, à Pamplona. Il ne les connaissait pas, « ni en foto ! ». Il se montra brave et torero. Hier, devant une Séville, probablement dubitative en découvrant son nom à l’affiche, le Zotoluco a bien failli triompher très fort.
    
Il fut un réel « brave », face au premier, qui garda un poil de charge et de noblesse. Bien à la cape, calme et valeureux, Zotoluco débuta sa faena par trois passe les deux genoux en terre à faire hurler. Attention, là, ce n’est pas la même chose que la portagayola ! Le trasteo se poursuivit par plusieurs séries de deux ou trois derechazos clos de grands pechos, parfois doublés. A gauche, le mérite fut grand et Séville applaudit très fort. L’oreille était là. Hélas, l’épée se refusa, malgré les efforts du matador, et l’avis tomba. Cependant, Séville salua le torero d’une grande ovation. La surprise passée, la corrida sortant impossible, on n’attendait rien du quatrième, sorti feo, sin fijeza, faible et nul au cheval. Le Zotoluco fit preuve d’une réelle intelligence, qui, avec l’appui d’un courage serein, lui permit de battir un trasteo surprenant. Citant de loin, ce qui lui permettait de toréer un toro « lancé », ne forçant pas, ne « dérangeant pas » l’animal, le mexicain réussit à bâtir une faena de mérite, comportant d’excellents moments, comme trois derechazos liés à un très long pecho, ou les doblones de la fin, clos d’un vrai abaniqueo et d’un desplante torero. Olé, Mejico ! Une presqu’entière habile, que le toro rejeta, et une entière définitive donnèrent lieu à une grande ovation, que le diestro méxicain ne voulut pas transformer en vuelta, pourtant archi méritée. Muy torero, Señor !

     El Fundi fut... El Fundi ! De plus, il toucha les deux carnes parmi les carnes, et ne put rien faire, mais ne tenta pas, non plus, de « ponerse alli ». Dès qu’il levait l’épée, le deuxième attaquait et cela se passa mal. Au descabello, un sale derrote lui arracha l’épée des mains, qui alla se ficher dans un burladero du callejon, le plat de la lame blessant au front le ganadero Ignacio Sanchez Ibarguen, qui gagna ce jour... trois points ! On avait frôlé la tragédie. Le Fundi banderilla le cinquième, en « musclé », mais prit un terrible désarmé au troisième muletazo. Après, ce ne fut que coladas et arreones. L’estocade fut habile, le descabello incertain, et le toro à genoux, presque mort, poursuivit encore le puntillero d’une dernière oleada. Pouah ! Silence partout pour le Fundi.
    
Juan Jose Padilla n’est pas parti à portagayola. C’est bien ainsi, mais, si cela se trouve, c’est peut être la seule passe limpia qu’il aurait pu donner, au long de la tarde. Manso le troisième, que les banderilleros ne purent approcher, tandis que certains reprochaient à Padilla de ne pas le faire lui-même. Bueno, señores ! Faena impossible, le toro attendant et tirant le derrote. Puis il se mit fuyard, et Padilla, peu rassuré, lui largua, à la course, un sartenazo très tendu, précédant une demie, bien basse. Alli, todo es toro !. Division des opinions.
    
Le sixième est sorti faible. Padilla le surprit, lors de la première paires de banderilles. Après... ce fut Waterloo, le toro ayant compris et levant les perches juste avant la rencontre. Padilla multiplia les échecs et finit par poser une dernière paire, valeureuse. Début de faena sur côté droit, interdit. Sur un pecho, le torero s’aperçoit que... et tente la corne gauche. Surprise ! Ca marche. Il y aura une série de gauchères et un grand pecho, très méritoires. La seconde sera plus dure, mais l’ovation la récompensa aussi . Padilla se profile, part pour l’estocade, et le toro le prend à la hauteur du cou. La corne monte au ciel, le torero aussi, pendu par la cravate, la chemise arrachée. Terrible seconde. Tout le monde incrédule. La même qu’à San Sebastian... On connaît la suite. Après quelques minutes de tumulte, le diestro reviendra, grimaçant, et abattra le Miura d’un coup d’épée vengeur. Oreille pour Padilla, le miraculé, qui se laisse enfin emporter vers l’infirmerie. (Voir photos de Maurice Berho sur mundotoro.com – Chapeau, señor !))
    
Dans l’attente des examens et des radios, Juan Jose Padilla s’en sort bien, même si l’on craint une fracture de la hanche. La corne a réouvert la blessure de San Sebastian, et le torero a une estafilade, du cou jusqu’à l’oreille. Un milagro de Dios !

 

DIMANCHE DE « PRE-SAN ISIDRO »...

      Samedi, nous nous embarquons pour un mois de « Las Ventas »... San Isidro 2001. Bien sûr, beaucoup d’intérêt dans certains cartels, beaucoup de challenges, surtout au sortir de la Feria de Séville, qui fut grande.
      
Du coup, tout le monde se prépare, attend, guette...Certes, il y a des corridas et novilladas, ça et là, mais déjà, tout le monde a les yeux fixés sur le ligne bleue... de Madrid !

     Hier, les corridas  et autres festejos ont donné les résultats suivants :

     6 Mai – Madrid : 1/3 de plaza – La corrida deu Conde de la Maza est sortie « inégale en tout ». El Cid s’est rappelé au bon souvenir de l’Empresa en toréant très bien le troisième et se montrant valeureux avec le violent dernier. Hélas, l’épée du Cid, encore une fois... Ovation à chaque toro  - Miguel Martin et Ignacio Garibay ont « entendu le silence ».

     6 Mai – Barcelona : Bonne mais faible novillada de Joselito et Martin Arranz – Leandro Marcos perd deux oreilles en tuant mal le quatrième – Ivan !Garcia donne vuelta au cinquième, et Serafin Marin coupe au troisième, l’oreille du jour.

     6 Mai – Palavas : ¼ de plaza et 4/4 de vent . Corrida de 5 Villamarta et un Gabriel Rojas. Corrida ardue - Denis Loré s’est montré puissant, technique et bon tueur. Oreille à chaque toro – Canales Rivera a un peu laissé flotter les rubans. Dommage – Le Fandi a bataillé tout le journée, coupant une oreille du sixième.

     6 Mai – Sonseca (Tolède) : Toros de Sayalero y Bandres – Eduardo Davila Miura coupe trois oreilles – Alfonso Romero, un trophée du cinquième, et Jesus Mayoral, les deux du troisième.

     6 Mai – Linares : Festival hommage à Jose Fuentes – Media plaza : Novillos de diverses ganaderias pour Curro Vazquez (ovation) – Paco Ojeda (ovation) – Espartaco (deux oreilles) – Enrique Ponce (deux oreilles) – David Gil (deux oreilles) – Jorge Ibañez (vuelta). Le public a suivi avec ravissement une grande faena du fils de Manzanares. Jose Mari Manzanares « junior » : deux oreilles.

     6 Mai – Balazote (Albacete) : Lleno pour le festival au bénéfice de la Croix Rouge – Grande novillada de Sonia Gonzalez (Papa Damaso n’est pas loin !) – Damaso Gonzalez, Luis Francisco Espla, Javier Vazquez, El Califa coupent deux oreilles. Le jeune novillero Antonio Palacio, dos y rabo. Tous sortirent en triomphe.

 

SEVILLE : UN BILAN MITIGE...

     8 Mai : Se acabo ! La feria de Séville 2001 s’est éteinte. Sans être « d’un autre monde », l’édition 2001 aura été intéressante, et surtout, aura bien résisté à l’absence de Curro Romero, élevé au rang de dieu vivant, torero mythique dont on aura oublié un peu trop facilement les espantadas et épées en coin.
    
La feria a été prise dans un tourbillon qui a tout soulevé, une maladie nouvelle, venue d’ailleurs : « La Tomasitis ». On l’avait ici prévue, mais elle a dépassé tous les pronostics. En ouvrant la porte du prince, le jour de Pâques, José Tomas mettait son empreinte sur la feria. En triomphant de même à sa deuxième sortie, il l’a tuée. Sept oreilles en trois courses, « sin cuajar, de verdad, un toro », dit un revistero que l’on sait impartial, c’est dire l’impact du madrilène sur le public sévillan. Torero mystérieux, torero différent, Jose Tomas transforme le « aayyy » d’horreur en « olé » d’admiration, sur le moment. Ce n’est pas nouveau, mais Séville, avec sa passion , son sentiment, a élevé l’émotion créée à un niveau insoupçonnable.

     Honneur à El Juli ! Le garçon a convaincu le public et la presse. Caste, toupet, technique, toreria totale ! Julian Lopez a marqué la feria de sa rage de vaincre, de sa cape vibrante, de banderilles magnifiques, d’une muleta qui s’améliore toujours et d’une épée digne des plus grands. Son odyssée, sous des trombes d’eau, le 3 mai, marquera la temporada.
    
19 ganaderias ont lidié au cours de cette feria de Abril, dont 13 dont lots sortis complets. 96 toros ont été lidiés en corrida, et les matadors leur ont coupé 17 oreilles (sur 192 possibles). 17 oreilles dont 7 à Jose Tomas, 3 au Juli, 2 à Liria..
    
Pepin Liria a aussi triomphé, et triomphé totalement : quatre toros, deux oreilles et deux vueltas. Les deux oreilles face aux toracos de Cebada marquent la feria. Qu’aurait on donné à Jose Tomas, s’il avait fait les mêmes trasteos à ces mêmes toros ? On ne le saura jamais, même si on en a quelqu’idée.
    
Le autres trophées, à une oreille « por montera » : Ortega Cano, Finito de Cordoba, Victor Puerto, Padilla et Espartaco, le jour de Pâques. Sans couper, Eugenio de Mora  a conforté son cartel ; le Cid a surpris, agréablement. De même Zotoluco, devant la miurada.  Au rayon échecs : Ponce ; Morante; Caballero.

     Côté toros, on dit que la moyenne de présentation a baissé. Beaucoup s’en plaignent. Aujourd’hui, on comprend pourquoi Eduardo Canorea avait interdit aux ganaderos de laisser photographier leurs toros, au campo, avant la feria...           

     Corrida complète, il n’y en eut pas. Corrida intéressante, passionnante, quoiqu’inégale : la de Cebada – Pour le torero : Torrealta – Torrestrella et Juan Pedro, malgré deux bons toros, n’ont pas été « au niveau » des Fallas - Marca, Victoriano, Parladé et surtout Guardiola ont été, chacun,  sauvés par « un » grand toro. C’est peu ! – Au rayon déceptions : Tout Salamanque, puis Nuñez del Cuvillo, vainqueur l’an passé ;  Jose Luis Pereda, Martelilla, Ventorrillo et enfin Miura, exécrable. Ajouté à cela, le gros point d’interrogation, pour certains, scandaleux, de Manolo Gonzalez.
    
Bilan mitigé donc, écrasé par deux grands vainqueurs : Jose Tomas et Pablo Hermoso de Mendoza, à cheval. Le Rejoneador navarrais a été le seul à couper des oreilles... 6, en trois toros... A Séville, en 2001, « hubo tomasitis y hermositis ! ». Deux maladies contagieuses mais beaucoup moins graves que les rhumes et grippes attrapées au cours d’une feria froide et copieusement arrosée.

 

LES TROPHEES DE LA FERIA DE SEVILLE....

     8 Mai : Les deux principaux jurys de la Feria de Séville viennent d’attribuer leurs trophées 2001. Trophées tout à fait logiques en ce qui concerne les triomphateurs; beaucoup plus surprenants pour ce qui est des autres catégories, en particulier, la meilleure faena : On peut argumenter sur Ortega Cano ; on peut déplorer le total oubli du Finito de Cordoba. On peut se demander comment un torero peut sortir deux fois par la Puerta del Principe, couper sept oreilles en cinq toros... et ne pas avoir fait la meilleure faena... Pourtant, Curro n’et plus là. « Don Jose » l’aurait il remplacé, dans le coeur des sévillans ? On peut « batailler » sur les estocades de Joselito, et leur préférer celles du Juli. En fait, on peut épiloguer sur tout. Les trophées sont faits pour cela. Ils ornent les vitrines des toreros... et animent les tertulias, jusqu’à la prochaine feria.

Trophées « Real Maestranza » :

Matador triomphateur : Jose Tomas

Meilleur Rejoneador : Pablo Hermoso de Mendoza

Meilleure corrida : Non attribué

Meilleur toro : « Disparate », 4 ème de Victoriano del Rio (faena du Finito de Cordoba – le 2 mai)

Meilleure faena : Ortega Cano (1er de Juan Pedro Domecq – le 30 avril)

Meilleure estocade : Joselito (1er de Victoriano del Rio – le 2 mai)

Meilleur peon de brega : Juan Montiel

Meilleur banderillero : Paco Peña

Meilleur picador : Manuel Montiel ( Toro de Guardiola – le 4 mai)

Trophées « Puerta del Principe »

Matador triomphateur : Jose Tomas

Rejoneador : Pablo Hermoso de Mendoza

Meilleure faena : Ortega Cano

Meilleure cape : Fernando Cepeda

Meilleure estocade : El Juli

Meilleur banderillero : Juan Montiel

Meilleur picador : Manolo Montiel

     Le Jury de l’équipe médicale de la Maestranza a attribué le trophée Ramon Vila, au « quite providentiel », quite de secours, au banderillero Hipolito, pour l’action sauvant son maestro, Rivera Ordoñez, lors de la dramatique portagayola , face au toro de Martelilla, le 1er mai.

 

« EL TORO DE LE CARRETERA... »

     8 Mai : On en parle souvent, l’été, quand la chaleur étouffe, que les corridas s’amoncellent, que la fatigue aveugle. Alors, au fil des milliers de kilomètres parcourus, il est un toro, beaucoup plus manso que tous, qui guette  et donne le coup de corne, loin des olés, au milieu d’un fracas de tôles broyées. On l’appelle « El toro de la carretera »... le toro de la route ! Chaque année, des toreros sont blessés, ou meurent dans des accidents de la route. Mais cela n’arrive pas qu’en été, pas qu’aux vedettes...
    
Hier, le « toro » a encore frappé. Un petit novillero , qui rêvait, comme tous, de portagayolas et de sorties à hombros, pour peu qu’on lui donne une vraie chance. Son nom avait quelquefois sonné, en fin d’émission taurine, le dimanche soir...
    
David Zamorano est né à Madrid, le jour de Noël 1975. Il débuta avec les chevaux, le 28 Juillet 96, et se présenta à Madrid, le 22 mars 98. Au long de sa jeune carrière, il toréa 37 novilladas piquées. Cette courte biographie s’est arrêtée net, hier, sur une route, à Seseña, près de Madrid. Choc frontal au cours d’un dépassement. Le toro de la carretera passait par là...

 

PADILLA INQUIETE...

     8 mai : On a tous en mémoire la terrible cogida de Juan Jose Padilla, dimanche, devant le dernier Miura. On revoit son visage grimaçant, hurlant de douleur muette, la main comprimant sa cuisse droite.
    
Le torero a passé une nuit d’intenses douleurs. La cornada de San Sebastian s’est réouverte. Pas grave ! Un aiguille et un peu de fil !
    
Par contre, on est inquiet du côté hanche, fémur droit et surtout, nerf sciatique. En attente de radio et d’examens plus approfondis, on doute de voir le torero à Jerez et Madrid.

 

UNE BONNE CORRIDA DE TORRESTRELLA

     8 Mai : Anecdotique, peut-être, mais on ne sait jamais. Hier, en plaza de Valdemoro, près de Madrid, est sortie une bonne corrida de Torrestrella. Devant plaza pleine, la terna s’est régalée et l’on donna vuelta posthume au cinquième toro. Jesulin de Ubrique : Ovation et deux oreilles – Finito de Cordoba : Une et deux oreilles – Morante de la Puebla : deux oreilles et une du dernier. A suivre... Un déclic, peut-être.

 

« S’IL TE PLAIT, DESSINE MOI UN TORO.... »

     9 mai : Les temps sont ce qui sont ! Le monde a changé, la culture aussi. Tout est question de mode ! Faut être « in », faut être « branché », mais faut faire vite ! Même « chébran », est un peu « just ». Les Marie Chantal vont aujourd’hui, bardées de clous, jurant comme des charretiers, percées de touts parts, le jeans fendu, à l’horizontale... Bonjour la féminité ! Les mecs, c’est pas mieux, mais un dernier relent de solidarité masculine (bof !) fera que nous ne nous « étendrons » pas sur la question, de peur d’en sortir avec « quelques moeurs en travers »... Pax !
     Alors, qu’ils soient journalistes, vedettes du show business, surtout comiques, ou même politiques, ils envahissent nos écrans télé de vulgarités, d’ordurières interjections, comme si le talent, la personnalité, consistaient à décharger devant tous, le plus d’immondices en un moins de temps possible.
     Comme on a la flemme de se cultiver, de lire, d’aller chercher  ce qui, dans tous les domaines, a fait que le monde est aujourd’hui ce qu’il est, on s’invente une culture, on l’enveloppe de mots, et on défie tout le monde du regard en lâchant « tu vois ce que je veux dire ? »... Sous entendu « si tu vois pas... t’es nul ».
     Alors, un peu pantois, à la limite du « cobarde », on se tait en se disant que « décidément, je commence à me faire vieux ! ». Et l’on s’enferme dans son doute, en regardant le résumé quotidien de « Loftstory », et en se disant, effaré, que ce pourrait bien être là, le descabello final... Non ! non ! Ce n’est que le début....

     En tauromachie... Tres cuartos de lo mismo ! Heureusement que les toreros ont su « noblesse garder » et que leurs gestes devant le danger, traduisent toujours la classe, le courage, le pundonor, même quand la peur les tenaille, et la corne les menace. Le toro a changé, en plus gros, plus pointu et plus couard. Le torero est aujourd’hui, meilleur que jamais. Tout va bien donc, et les hauts faits d’armes, les glorieuses minutes de drame, comme celles que nous ont faits vivre le Califa, à Valencia ; Padilla, Juli, Jose Tomas, à Séville, sont là pour ramener notre siècle perverti, à l’humain, tout simplement, dans tout ce qu’il a de vrai, de noble et de grandiose, parfois. C’est peut-être bien pour cela que les plazas se remplissent, comme un dernier rempart au laid, au sale, au vulgaire et mal embouché...
     Malheureusement, ce qui « entoure la corrida » commence à inquiéter un peu... Comment  des cités taurines, à la longue tradition, peuvent elles ainsi « se laisser avoir » en choisissant, pour annoncer leur ferias, le plus laid, le plus tordu, le plus outrancier ? Au secours !
     Nîmes avait déjà fait sursauter, là-bas, vers les années 90... puis, presque tout le monde s’y est mis. On a déjà vu en mars, les affiches de Valencia, Castellon et Sévilla... Bon ! On « appréhende » un peu la future affiche nîmoise..  Mais, on vient de toucher le zénith avec Vic Fezensac. Là, vous l’avez !

     Là, il faut dire que... Chapeau ! Bitos ! « Enhoraboïna ! comme disent les basques ! Réunir, en si peu d’espace, plus de vulgarité, de mauvais goût, d’anti « tout », y compris taurin... voilà un exploit qui fera date.   Imaginez le gars qui arrive chez lui et dit à ses enfants, futurs aficionados « Je vous ai rapporté une belle affiche, pour mettre dans votre chambre... » ; ou, pire encore, les cuadrillas qui approchent du Gers, dans la nuit et découvrent, à la lumière des phares, cette mascarade aux effluves de carnaval mexicain... « Ozu ! Que susto ! »
     Señores, vous avez, depuis longtemps, marqué « la différence » dans vos affiches, et parfois, elles ont été « surprenantes » mais taurines et respectueuses de l’homme et du toro. Cette fois, on peut vraiment se poser des questions... Quel homme, quel toro ? Quand on sait ce que vous faites sortir de vos corrales, vous pourriez, peut-être, avoir un minimum de respect pour les « toros rois », et ceux qui se mettent devant... Partout, on parle « del toro de Vic ». Esto, que es ? Partout, on sait que les hommes vont se la jouer, face à des toros dont la taille est inversement proportionnelle à celle du ruedo. Il y a deux ans, un homme y est mort... On peut être surpris, franchement choqué, d’une telle outrance. Non, vraiment, Vic et son histoire ne méritaient pas cela.
     Mais, bon ! Chacun ses opinions, ses valeurs, ses doutes et ses envies... Pour nous, rien ne remplacera « l’estampe » plaquée il y a quelques jours, sur papier glacé.. la photo du « Cebada de Séville », de Berho ! De cartel ! Peut-être, dans un coin, en cachette, un peintre oublié, aficionado poussiéreux, saura t’il le reproduire, avec ses fusins, car lui au moins... il sait encore dessiner un toro....

 

SACRE VICTORINO ! !

     9 Mai : Il a gagné, le vieux sorcier. Condamné à payer une multa de deux millions de pesetas, pour des pitones vérifiés douteux, à Valencia en 1995, Victorino avait piqué la rogne du siècle naissant, et s’était retiré sous sa tente, comme Achille, en maugréant entre ses crocs « Puisque c’est ainsi, je ne mets plus les pieds à Valencia »... Solidaires, ses toros en avaient décidé de même . Non, mais des fois.... !
     Du coup, Valencia était bien ennuyée, surtout après l’apothéose des Victorino lors de la feria de Juillet 2000. La corrida de l’année ! Une véritable chanson de Geste, en six actes !
     Alors, grandiose et magnanime, l’empresa de Valencia a décidé de payer, elle même, l’amende. Ainsi, cette ardoise effacée, on pourra voir les Victorino dans le coso de la calle de Jativa, pour la San Jaime. On parle du 24 Juillet. Ponce et Califa seraient au cartel.
     Le regard perdu sur la ligne bleue des coteaux de Galapagar, le vieux ganadero sourit... A quelques mètres, ses toros font la gueule.... Il va falloir y aller !

 

JULI ET PUERTO DOUBLERONT A PAMPLONA

     9 Mai : La San Fermin 2001 est en pleine préparation. Les toreros savent ce qui les attend, les Aficionados, aussi. Ambiance particulière ! Toracos de cuidado ! Bruit, violence, gloire ! La gorge se noue un peu ! Ca fait peur, mais il faut y être.. 
     Encore une fois, le Juli ne se pose pas de questions. Peu lui importe le bruit, la télé, les intérêts... Il ira deux fois. Sa présentation, l’an passé, a été « comme ci, comme ça ! ». Donc, cette année, « on va y aller, et ça va barder ! ». Torero type du triomphateur de Pamplona, le Juli ne peut, un jour, que faire exploser la Navarre tout entière...
     Victor Puerto en fera de même. Logique. Alliant le classique et le baroque, le toreo de classe et le populeux, il est aussi « torero de Pamplona ». On parle également de Pepin Liria, trois fois triomphateur consécutif de la feria. Idem pour le local, Francisco Marco, qui a fort agréablement surpris ses concitoyens, l’an passé.
     Jose Tomas, lui, s’en ira à la pêche. La télé a bon dos ! Pourtant, dieu sait si Pamplona a su fêter les grand classiques, Curro Romero compris ! Avec Hemingwaaaiiie ! et tous les ricains qui viennent encore vénérer le souvenir d’Ernest, Jose Tomas pourrait devenir le Torero Dieu, aux States, plus grand qu’Ordoñez, plus légendaire que Manolete.. Pour le moment, à Pamplona, il n’est  encore que « vedette américaine ! »    
     De leur côté, Ponce et Morante iront aussi, mais à une course, seulement. Pile ou face ! Pobre de mi !
     Sortie de cartels pendant la San Isidro.

 

MADRID : QUI DONC TOUCHERA LE « MALAGUENO » ?

     10 Mai : Dans deux jours : San Isidro... 30 jours de toros... 28 télévisés, en principe ! Ayyyy ! Dans toutes les peñas, dans les bars, on a fait provision d’apéro, de cacahuètes et de tapas.
     On est parti pour de longues soirées, dont on sait que certaines seront soporifiques, d’autres révoltantes, toutes aussitôt effacées par deux ou trois moments d’exaltation qui font sauter dans les bras des uns et des autres, et danser sur les tables. Que ce soit sur les longues tardes d’ennui, ou après un instant de folie, il faut arroser tout cela et ne pas mourir de faim. Du coup, San Isidro... trois kilos de plus, et des tonnes de valises sous les yeux... Bonjour Alka Seltzer !

     Ne croyez pas que celui qui reste chez lui, bien calé dans son fauteuil, après avoir vérifié qu’il a bien payé son abonnement « Via Digital », soit plus sage... Sa moitié a intérêt à avoir fait des provisions ...sinon, aviso y bronca! « Les gamins, dans la chambre ! Le chien, à la niche . Portable éteint... je n’y suis pour personne... Sileeeeence ! ! ! »
     30 jours de toros... Demasiado ! Au cours de son histoire, la feria a augmenté le nombre de ses spectacles, atteignant un palier sur les cinq dernières temporadas. De toutes façons, avec pratiquement 85 % d’abonnés, l’Empresa pourrait en mettre dix de plus. Vaya toston ! Las Ventas est devenue, en mai/juin, une plaza de privilégiés, qui prennent l’abonnement, vont aux corridas qui les intéressent, revendent le reste ou font quelque cadeau. Du coup, le couillon qui réunit trois sous pour « une semaine à Madrid », se retrouve au bar du coin, devant Via Digital, et une assiette de serrano. Même certaines peñas qui ont fait, en février, demande pour un grand nombre de billets « lo tienen dificil ! »... Pas à dire, cela marche bien à Madrid, pour la feria, ce qui permet, le restant de l’année, de donner toros à moindre coût devant, du ciment vide...
     
     Que va t’il se passer à Madrid ? Tout le monde attend Jose Tomas...  On avait prédit ici, bien avant la feria d’Avril, ses deux sorties par la portes du Prince. On a même failli en avoir trois... 
     Jose Tomas a t’il, à ce point, révolutionné le Toreo, pour que toute l’Aficion se jette ainsi à ses pieds ? Bien oui ! Cependant, il y a débat. Aficionados de verdad  et revisteros se grattent la tête, ou le menton... Et les grands Jurys de Séville ne s’y sont pas trompés, qui, malgré les sept oreilles, n’ont pas trouvé là matière à « meilleure faena »...

     Jose Tomas torée t’il mieux que tous ? La réponse est non. Mais par contre, Tomas, dans une époque « sensationnaliste », où l’inculture  et le « pasotismo » cèdent le pas au raisonné et raisonnable, arrive à point pour placer le « trémendisme, en toréant classique », ce qui fait hurler les foules et applaudir les aficionados, qui n’ont pas à culpabiliser de s’esbaudir devant un  fou furieux dépenaillé, comme  le Cordobes I, (le seul), à une époque, ou le Platanito, quelques années plus tard. Il était presque malvenu de dire du Benitez : « Qu’est ce qu’il a été bien, aujourd’hui ! ». De même, du tragique Antonio Porras, le kamikaze qui faisait duo avec Curro Vazquez, là bas, vers l’année 1969. Et pourtant, Dieu sait qu’il leur est souvent arrivé « d’être bien ». 
     Bien coiffé, bien habillé, José Tomas, torero sublunaire, « réunit tout le monde » parce qu’il est « différent », en toréant, pourtant, très classique ; parce qu’il vous touche au tripes et au coeur, avant qu’au cerveau. Il réunit tout le monde parce qu’il « se les passe » plus près que tous, même si sur six passes, trois sont accrochées. Tremendismo, pero toreando clasico ! Le public, en sa majorité, peu aficionado « de verdad », ne peut que bondir. Les autres ne peuvent que se dire « Au fond... ».
     Ne nous y trompons pas,  à Madrid, il se passera la même chose, à moins que...
     Deux corridas l’attendent : Les toros du Puerto, le 18, et « le pari » des Adolfo Martin, le 1er Juin. Il devra mettre le paquet lors de son premier contrat, et, malgré l’incertitude des toros de Salamanca, on peut tabler sur de grandes retrouvailles avec l’Aficion Madrileña, dès le premier quite par gaoneras. Ce sera peut-être un peu plus ardu, lors de la deuxième course. La corrida de Don Adolfo semble « una tia », bien pointue. Dans le lot, un autre « Malagueño ».. Ceux de sa famille ont triomphé, à la San Isidro 2000, et à la dernière concours... Casta et idées bien claires. Bon pied, bon oeil ! Ne pas oublier, non plus qu’un Adolfo Martin fit sévèrement patiner Caballero, l’an passé. Tomas se mettra devant, sûr !. Cela passera ou cassera. Vus le caractère des deux antagonistes, à moins d’avoir signé d’avance un accord de « non-agression », il y a fort à parier que cela va sentir le mercurochrome... Ce que l’on ne souhaite pas, bien sûr.
     En tous cas, ce jour là, on ne pourra pas danser sur les tables, avant de « passer dessous »... La corrida ne sera pas retransmise. Heureusement, nous aurons « loftstory »... Aaahh !

 

QUE PASA CON PADILLA ?

     10 Mai : Rien ! Silence radio... Il est curieux, quand même, que rien ne filtre sur l’état de Juan Jose Padilla, après la terrible rouste de dimanche, et les lésions qui s’en suivirent.
     Quatre jours après, aucune nouvelle des examens, radio et IRM, que devaient passer le torero. Des bribes, contradictoires... « Nerf sciatique... », « douleurs intenses .. », «plus de sensibilité à la jambe droite... », « fissure à la tête du fémur ! »... Par ailleurs, le Docteur Vila, qui n’est pas un fanfaron, déclarait : « Il sera peut-être à Jerez ! »... A suivre donc, avec beaucoup d’intérêt, pour la santé d’un torero, d’abord ; puis pour ce qui pourrait se passer si le problème allait s’aggravant.

 

DEUX FOIS... TROIS FOIS... ADJUGE !

      11 Mai : On sait le poids culturel que représente toute archive. Qu’elle soit littérature, peinture, affiche, elle est, dans chaque domaine, une page de « l’Histoire des Hommes ».
     Dans le domaine des toros, combien d’aficionados parcouraient jadis, le « Rastro » de Madrid, à la recherche de vieilles revues à demi rongées par des souris sacrilèges, au fond d’un grenier écroulé ; d’une affiche dont les lettres aux couleurs passées résonnaient encore des clameurs provoquées par les exploits de Jose y Juan, tel jour, en telle plaza... de la photo jaunie de la terrible cornada de Granero... du « Par de Madrid... ». La muleta qui, dit-on , appartint à Reverte.. Allez donc le vérifier.... Peut importe ! Des décennies de tauromachie, là, sous nos yeux.
     Il arrive quelquefois de trouver, par hasard, dans nos foires et nos « mille affaires » d’antan, quelque collection de Digame, des premiers Ruedos, quelques numéros de « l’Aficion », à l’époque ou la revue faisait double format et ignorait la couleur. Alors on s’arrête, et le marchand voit immédiatement qu’il a affaire à un aficionado, un passionné. Donc, la bataille va s’engager. Le prix montera et baissera aussi fort et vite qu’un picador devant un toro « romaneando »... Si le vendeur est aussi aficionado... on a une chance. Alors, le grand plaisir : Bonjour monsieur K’hito, et merci monsieur Diaz Cañabate.
     Et puis, il y a l’élite, les collectionneurs de trésors ! Et puis, il y a cette ambiance particulière des ventes aux enchères. En Fait, on les pense réservées à riches, aux nantis. Certes, il leur est plus facile de monter la mise, au fil des enchères. Mais, en général, ils se battent sur « la grosse pièce »... Alors, le petit aficionado (qui, à l’entrée de la salle, a compté ses billets et s’est fixé « un maximum »), peut prendre un vrai plaisir à emporter enfin ce dessin, cette affiche ou ce bouquin, dont il rêvait en secret.
     Aujourd’hui , à Bordeaux, se déroulera une vente aux enchères publiques, totalement consacrée à l’Espagne , la Tauromachie et le Flamenco.
     On connaît le grand aficionado qu’est Alain Bricadieu . Régulièrement, il organise des ventes, et on a souvenir de grands évènements liés à la culture et à l’Histoire taurines, notamment lorsque fermèrent les arènes du Soleil d’or, de Toulouse.
     Plus près de nous, on rappellera le magnifique évènement taurino caritatif, organisé à Bordeaux, en 1996. Avec ses associés, Jean Dit Cazaux et Monique Dubern devenus aficionados, également, Alain Briscadieu organisa la vente aux enchères d’un costume de lumières dont Cesar Rincon avait fait don à l’association Bayonnaise « Un Coin de Colombie », au profit du jeune Albeiro Vargas  (Voir rubrique « toros et solidarité).
     En quelques instants, et au milieu d’une intense émotion, le flambant costume rouge et or du « petit géant colombien », Cesar Rincon, s’en était allé vers la vitrine d’un aficionado de Niort, et 56000 Francs avaient d’un coup été récoltés pour les « Abuelitos d’Albeiro ». Un formidable moment. Un geste magnifique.
     Ce jour, 11 mai 2001, à 14h30, à l’Hôtel des Ventes - 280 av Thiers à Bordeaux -  les trois commissaires priseurs associés procèderont à la vente aux enchères de petits trésors fleurant bon la tauromachie d’antan. Ouvrages littéraires, aquarelles, lithographies, collections d’affiches, de photos, d’autographes célèbres. Plusieurs pages d’histoire, d’exploits, de « sentimiento », cape, ou muleta en mains...
     Renseignements au 05 57 54 13 71  -  Exposition des objets, ce matin, à la même adresse.

 

DEUX...TROIS...ON VEUT PLUS !

     11 Mai : Curieux ! L’empresa de Valencia, par la voix de son leader, Roberto Espinosa, vient d’annoncer qu’elle renonçait à demander la reconduction de son contrat, pour un an, à la tête du coso de la calle de Jativa. Reconduction qui, sans nul doute, lui aurait été concédée par la diputacion Valenciana, vus les derniers résultats économiques et artistiques obtenus. Feria de San Jaime 2000, marquée par une Victorinada historique, grande feria de Fallas 2001, avec de grands moments toreros, des llenos, malgré l’absence de Jose Tomas.
     Que se passe t’il donc ? Est ce renoncer pour se mieux représenter, la prochaine fois, et regagner son bureau, dans d’autres conditions de pliego ? Doit on faire le lien entre la présence dans l’empresa de familiers de Ponce, et curieusement, la soudaine agressivité du public à l’encontre du torero de Chiva, son préféré ? Que pasa Alli ? Réponses évasives de Roberto Espinosa, mais, derrière les lunettes, des yeux malins disent qu’il ne renonce pas. Stratégie, stratégie...
     Il y aura donc, l’an prochain , il y aura une autre empresa à la tête de Valencia, ou la même, mais avec quelques visages en moins.

 

DEUX ...TROIS... ENTREZ « SANS SILENCE »...

     11 Mai : Grande initiative, quoique bruyante, peut-être, de l’Empresa Casas-Paton, d’ouvrir gratis les tendidos de la plaza de Zaragoza, aux enfants, et ainsi de promouvoir la fiesta...tout en garnissant les gradins, lors de prochaines novilladas de printemps. En effet, les mineurs, accompagnés d’abonnés ; ceux des établissements scolaires; les associations de parents d’élèves, pourront à loisir animer les spectacles, ce qui sous la célèbre bâche, risque de faire un joyeux tintamarre. Des futurs clients pour Pamplona. Peu importe, l’idée est là, elle est bonne et peut créer des vocations aficionadas ou, qui sait, un peu plus... Mais chut ! silence.
 

RIVERA ORDONEZ : DEUX... TROIS... GADINS !

     11 Mai : Fran Rivera Ordoñez vient de se faire mal à la cheville droite, suite à une chute de cheval, au cours d’une séance d’acoso y derribo dont on le sait friand, et où il excelle. A priori, rien de grave. Six ou sept jours de strapping et on repart. Pas de problème donc, en principe, à la veille de la San Isidro, où il fait son premier paseo, le 21 Mai. A moins que ! Un petite entorse est une bonne occasion pour... prendre ses jambes à son cou ! Ya veremos.
     On se souvient du terrible moment passé par son père, Paquirri, à la veille de la feria d’Avril 1979. Grosse chute, le cheval lui roulant sur le corps. Paquirri était parti loin, presque dans l’autre monde. Quelques jours après, il coupait trois oreilles dans la Maestranza. Casta de la buena !
     Bon sang ne saurait mentir. Rivera Ordoñez sera donc à Madrid,  et « pieds joints », encore...

 

SAN ISIDRO 2001 ... C’EST PARTI !

12 Mai : C’est parti ! Madrid fête Isidore, le grand Patron ! Dans la gigantesque capitale, les événements vont se succéder, festifs, culturels, artistiques, mais bien sûr, qui dit San Isidro dit en écho « Feria taurine ».
Dans la «Plaza catedral » de Las Ventas, les plus grandes figures vont « débattre » et  se jouer « plus que le physique », à la conquête du sceptre. On disait que Madrid « était tout ». On disait que triompher à San Isidro  était le lancement définitif, ou la grande consécration. C’est à la fois vrai et exagéré. Aujourd’hui, il vaut peut être mieux dire: « Madrid da poco, pero puede quitar mucho »... Madrid rapporte peu, mais peut faire beaucoup de mal. Certes, des toreros en sont sortis lancés et mis sur orbite, un des cas évidents étant Cesar Rincon, en 91. Cependant, le mérite en revient au matador qui sut profiter des deux opportunités et se justifier totalement par la suite, y compris dans cette même plaza, réussissant l’exploit inégalé à ce jour de quatre sorties par la grande porte de Las Ventas, la même année (deux à San Isidro ; à la corrida de Bienfaisance et lors de la Feria d’Automne). Ca n’était jamais arrivé...et c’est pas demain la veille...
D’autres toreros ont triomphé, quelquefois par surprise, et ont  par la suite coulé, corps et biens. Se souvient on de Curro Duran, en 84 ? D’autres encore ont explosé. Madrid et son public versatile, souvent (mal)mené par le Tendido 7 et ses mouchoirs verts, ont porté aux nues Victor Puerto, en 1996... mais Madrid l’a fait tomber, deux ans plus tard. Il a mis trois ans à s’en remettre. L’Histoire est pleine de ces coups de hargne et ces embardées de folie. Cependant, Madrid reste grande, unique dans l’apothéose et, celui qui sort de San Isidro,  ne serait ce qu’un un jour, à hombros, peut se vanter d’avoir été grand.
Sans Isidro 2001... du 12 Mai au 9 Juin : 22 corridas ; trois de rejones ; 3 novilladas piquées. La feria sera télévisée à 98% sur Via Digital.(Une seule, le 29 mai, sera télévisée sur la Première Espagnole). Toutes les corridas débutent à 19h. Même devant la télé, prenez une petite laine, parce qu’il y a souvent du vent, et surtout, on ne sait jamais à quelle heure cela finit : Les toros étant si souvent protestés, si souvent changés, qu’à onze heures du soir, vous pouvez encore y être. C’est... Madrid !

Ce 12 mai - Première de feria : Les Santacoloma de Hernandez Pla, pour Oscar Higares, un des « bons » de l’an passé (avec le toro de Adolfo Martin), qui aura le redoutable honneur d’ouvrir corrida et feria  - Javier Vazquez, que San Isidro lança, en 1993, mais qui, suite à un terrible accident, s’est trouvé diminué – Alberto Elvira, un modeste qui va vouloir « forcer la porte ».

 

2001 SELON DON  ANTONIO

     12 Mai : On l’appelait « le torero del mechon blanco! » Il est une figure du Toreo, il est « Torero des Madrilènes »... Il est Antonio Chenel « Antoñete ».
    
Diario 16 et son supplément du 17 avril, publiaient une longue interview du Maestro, sous la plume de Laura Garcia, à l’approche de « sa » feria de San Isidro. Mieux que personne, il la connaît, et en torero vedette qu’il a été, il en peut décrire le climat qui la précède, les stratégies qui s’y montent, les challenges qui s’y jouent. Antoñete fit rugir Las Ventas en début de carrière, puis lors du grand retour, en 66, avec le toro blanc d’Osborne, et encore plus tard, vers les années 80. Bon pied,  bon oeil, l’aficion en bataille, la cigarette pour une fois éteinte, parce que dans ses bras sourit un enfant, Antonio Chenel parle du toreo actuel et de la prochaine feria...

      Maestro, que vous paraît la San Isidro, cette année ?
   
« Je crois que c’est (sur le papier) la meilleure dont je me souvienne, puis qu’il se trouve que « ceux qui sont en haut » se sont alignés devant des corridas dures, lors de la feria la plus importantes du monde. Avant, Marcial en prenait une dans un endroit, Manolete dans un autre. Joselito et Belmonte prenaient les Pablo Romero à Séville, parce qu’ils étaient une des cinq ou six corridas qu’ils toréaient dans la feria. Mais aujourd’hui, tout le monde s’est mis d’accord, et cela me paraît formidable. Mais voilà, certains toreros vont risquer beaucoup parce qu’ils vont faire passer « le courage avant la tête », et... pour toréer ces toros-là, il faut  « beaucoup de tête »... 

     Qui va courir le plus de risques ?
    
« Les plus « nouveaux » ! Et, un qui va beaucoup risquer est Jose Tomas, qui est un torero de grande qualité. Il a souvent montré que le toro difficile l’attrape, parce « qu’il reste là », il ne bouge pas d’un pouce, « ne se quitte pas ». Un autre qui va risquer est Miguel Abellan. Ceux qui devraient s’en sortir mieux lotis : Ponce et Joselito. Enrique Ponce a déjà démontré qu’il peut, avec des toros difficiles. Joselito, quant à lui, « anda a zapatillazos », il est assez habile et malin pour s’en sortir. Cependant, le toro est celui qui a la réponse, et peut-être que celui qui « en bavera », n’est pas celui que nous croyons.

    Quel est le cartel qui vous plaît le plus ?
   
C’est une feria si complète que tous me plaisent, pratiquement. Quelques toreros manquent. Cette année, il est dommage que le Califa ou le Cid, restent dehors. Ils avaient amplement gagné leur place. Frascuelo, également, est aimé à Madrid. A part les corridas de rejones, j’ai vraiment envie de voir Jesus Millan, le Morante... Parce que... « Sevilla apunta, pero Madrid dispara.. » Séville révèle, mais c’est Madrid qui consacre...

      Pourquoi croyez vous que tous les grands se sont inscrits, cette année, devant les corridas dures ?
   
« Par défi, par esprit de compétition...C’est une année très spéciale, parce que « celui qui ne s’est pas inscrit sur un de ces cartels durs, le public s’en souviendra, et le lui rappellera... » L’an passé, il y eut seulement bagarre entre deux. Cette année, tout le monde y va. Jose Tomas est là, et il va y avoir débats et comparaisons... C’est là, tout « le piment » de la fiesta  et du toreo... »

     A votre avis, les toreros ont moins de personnalité qu’avant ?
  
« Je crois que oui. Mais ceux qui arrivent en haut, c’est parce qu’ils ont une personnalité, même si , à part pour cinq ou six, elle a du mal à se définir.

     Qui a la plus de personnalité, aujourd’hui ?
   
« Ponce, Jose Tomas, Morante, Curro Vazquez que les gens semblent découvrir, aujourd’hui... Jose Tomas a beaucoup de personnalité, mais elle est « double »: Il ne me plaît pas, quand il torée pieds joints. Il « perd » beaucoup. Je préfère de loin  le Jose Tomas du « medio pecho » et « pata palante » (toréant trois quarts face et avançant la jambe). Un autre qui a une personnalité terrible est Pepin Liria. On le dit guerrier, mais il faut avoir beaucoup de courage et de personnalité pour toréer comme il le fait. El Juli m’enchante, il me convainc chaque jour davantage, parce qu’il progresse sans cesse ».

     Enfin, que pensez vous de la « Presse du coeur » ?
   
« Elle ne me plait pas du tout. Te faire un joli reportage est une chose. Aller faire le clown dans un jeu télévisé en est une autre. On doit respecter les toreros. On ne doit pas parler des toreros pour les « rondeurs » de leur fiancée, mais pour ce qu’ils font dans le ruedo. Cela peut faire beaucoup de mal, parce qu’après, on ne les respecte plus dans la plaza. Et le toreo est quelque chose de sérieux ! »
    
Et comment !

 

BEZIERS EN AOUT...FERIA DE LUJO !

     12 Mai : Robert Margé vient de révéler les cartels de la Feria de Béziers. On y retrouvera tous les grands noms, et la corrida finale, d’ores et déjà « sent la poudre et l’éther »...

     La feria de Béziers 2001 se présente ainsi :

     11 Août : Toros de Nuñez del Cuvillo pour Enrique Ponce, Jose Tomas et Sebastien Castella.
    
12 Août : Toros de Cebada Gago pour Denis Loré, Fernandez Meca et Antonio Ferrera
    
13 Août : Toros de Juan Pedro Domecq pour Ortega Cano, Miguel Abellan et Juan Bautista
    
13 Août, en nocturne : Corrida portugaise, avec Andy Cartagena, Patricia Pellen, Gonzalez Porras et Raphael Durand. Le ganado sera de Margé.
    
14 août : Toros de Santiago Domecq pour Jesulin de Ubrique, El Juli et Sebastien Castella
    
15 Août au matin : Novillada de Occitania pour Julio Pedro Saavedra, Julien Lescarret, et le vénézuelien « El Pino »
    
15 Août : Miurada pour Richard Milian et Juan Jose Padilla, mano a mano.

 

MADRID : PREMIERE ETAPE SUR LE CHEMIN DU PURGATOIRE

     13 Mai : La San Isidro a commencé, hier, par une corrida illustration de ce que pourrait être 80% de la feria : Toros au comportement inégal, toreros  ne pouvant ou ne voulant pas, public « à cran »...
     L’ambiance actuelle, dans la plaza, comme dans le stade de foot, est peut-être l’image de la rue, du quotidien de nos petites vies, où nous parlons de tolérance et de démocratie, de respect et de fraternité. Cependant, regardez les visages, les expressions de ceux qui attendent à la caisse du supermarché...
     La plaza de Las Ventas, composée de 20% d’aficionados durs, exigeants, parfois injustes, dont le fameux « 7 », et de 30% de public « clavelero », réunit, en  majeur partie, la grande foule de ceux qui viennent aux toros « a la San Isidro », et qui, bien incapables d’en  dire le pourquoi, balancent entre les invectives des uns, et l’applaudissement facile des autres... Du coup, il y a souvent « division d’opinions » et quelques belles cacophonies. Mais, tout à coup, tout le monde se met soudain d’accord c’est « la grande messe », soit en apothéose, soit en « massacre organisé »...
     La premère corrida de la San Isidro a été à l’image de tant de corridas passées. Les toros, à part deux, n’ont guère permis, mais les toreros n’ont pas... poussé les feux. Le public a donc durement tranché, et la première de feria s’est terminée à coups de coussins. Ce n’est que le début.

     12 Mai –Madrid (Las Ventas) - 1èrede San Isidro – Casi lleno – Beau temps : Bonne présentation des Santacoloma de Hernandez Pla, la plupart cardenos, bien armés, sans exagération. La corrida a, en général, été mal lidiée et excessivement châtiée au cheval. Quatrième et surtout sixième ont été massacrés sans rémission. Ils furent, de loin, les toros de la tarde, et leurs maestros ont laissé passer là, une grande occasion. Le reste de la course a été plus compliqué : vite arrêtés les 1 et 3 – soso le 2 – violent le 5.
Oscar Higares n’a guère brillé. Facile avec le premier qu’il tua habilement (Silence), il tira des lignes devant le noble quatrième, qui venait fort, et ne sut qu’en faire, mettant beaucoup de pico et de pasos atras. Mal et sans idée, il fut sifflé – Javier Vazaquez donna une jolie demi véronique et quelques bonnes naturelles au deuxième, qui partit vite aux tablas. Il y eut ovation au torero de Chamberri, malgré un avis. Par contre, il ne put rien avec le cinquième qu’il tua péniblement en trois entrées et sept descabellos. Autre avis et silence – Alberto Elvira n’est pas près de revenir à la San Isidro, ni même à Madrid. On l’excusa face au dur troisième (silence), mais son comportement et surtout celui de son subordonné picador déchaînèrent les passions face au sixième. Toro brave, il vint percuter le piquero et le leva haut, à la première rencontre. Cela ne plut pas à monsieur Hector Vicente qui le massacra consciencieusement en deux lourdes piques. Bronca sévère et un coussin au picador. Le public ne pardonna rien au maestro qui patina beaucoup et finit sous les bronca. Alberto Elvira, écoeuré, fit de sévères déclarations à la sortie : « Cela a été une merde de corrida. Toutes ces corridas de Madrid, ils n’ont qu’à se les bouffer avec de patates. Ils sont tous fous ! »(sic). Voilà qui commence très fort !
    
Ce Dimanche 13 Mai : La corrida de Fraile pour Pepin Jimenez, qui s’est fait écraser un pouce, hier – Luis Miguel Encabo, torero « tous-terrains », aimé à Madrid – El Renco, l’alicantin qui n’est pas loin de faire exploser au grand jour, ses qualités. Parions pour aujourd’hui la première oreille de la feria. Mais pour qui ?

 

DANS LES AUTRES PLAZAS...DE TODO UN POCO ! !

     On attendait le retour de José Tomas, en plaza de Valladolid. Au milieu de voix discordantes, c’est fait et il a presque triomphé, tandis que Joselito a confirmé son mauvais moment. A Valencia, la corrida n ‘a pas valu triplette, et Caballero, aussi, fait peine à voir. Joselito, Manolo Caballero se réservent ils pour Madrid. On ler leur souhaite, mais on peut en douter.

     12 Mai – Valladolid : Casi lleno et beaucoup de vent : Cinq toros de Domingo Hernandez et un Garcigrande qui remplace le cinquième, assommé par deux vueltas de campana. Corrida sans caste et très juste de forces. La critique est très dure pour Joselito. A part un quite par chicuelinas et quelques derechazos, le madrilène fut « en concert d’apathie ». Il entendit « division et palmas ». Cependant, on peut lire dans « le Mundo : « Enfin... ce torero va à la dérive, sans cap ni volonté, écrasé par le poids d’un passé professionnel brillant, et d’un présent au pronostic « réservé »... – Manolo Sanchez, de Valladolid, fut le torero de toujours, fin, très templé, mais un peu trop mécanique. Il  obtint une oreille du cinquième – Jose Tomas revenait, après la cornadita de Séville. Tous l’attendaient dans la fièvre. Tomasitis ! Spectacle au premier : Grand quite par chicuelinas, six statuaires, séries de naturelles, pieds joints, très cambré, la muleta retrasasda, de grand effet sur le public (mais certains parlent de « medios pases »), les manoletinas et un gros coup d’épée. Oreille. Il fut beaucoup mieux en traguant le sixième, mais cela ne porta guère sur le gradin. Grand quite par gaoneras, bonne première partie de faena et retour au spectaculaire, sur la fin du trasteo. Trois entrées à matar lui font perdre l’oreille et la sortie a hombros..

     12 Mai – Valencia : On fête « la Vierge des Désemparés » et aussi le 150ème anniversaire de la plaza. Les toreros sont habillés en « torrentins » (à la mode ancienne, du « Pais Valencia »), et pourtant.... media plaza. La corrida de Los Bayones n’a guère brillé : Justes et mansos au cheval. Noblotes, à part les 3,4 et 5, plus compliqués. Manolo Caballero, fuera de sitio, desconfiado en deux faenas kilometriques. Mal avec l’épée. Silence partout – Vicente Barrera, digne mais sans grand impact. Silence partout – Victor Puerto donna la seule vuelta du jour, face au troisième, non sans avoir éntendu un avis. Il fut vaillant et connu quelques émotions. Silence au sixième. Déception totale de cette corrida que Valencia oubliera bien vite...

     12 Mai... Ailleurs : Miguel Abellan coupe quatre oreille à Los Belones, un pueblo près de Murcia. Pepin Jimenez est applaudi, mais se fait écraser un pouce par un toro de Mariano Sanz Jimenez – Au Puerto Santa Maria, devant un quart de plaza, la corrida de Manuel Angel Millares est sortie mansa et dangereuse. Unique vuelta, au cinquième, pour Canales Rivera, tandis que Victor Janeiro, le frère de Jesulin, écoute deux avis, au troisième. – A Santo Domingo de la Calzada, Alfonso Romero coupe trois oreilles à une corrida en majeure partie composée de toros de Peralta. Juan Diego fait deux à son premier – Il y a eu un festival très brillant à Villanueva de Fuente, près de Ciudad Real, où le fils de Manzanares a encore fait du bruit, devant notamment, son père et Ponce.Tout le monde a coupé les trophées maximum.

 

GOMEZ ESCORIAL... « OUT » POUR LA SAN ISIDRO...

     13 Mai : Grosse malchance pour Angel Gomez Escorial qui s’est fracturé le coude, hier, en toréant « a puerta cerrada », chez Adolfo Rodriguez Montesinos. Dans une naturelle, le toro lui bloqua le bras, entre la corne et le mufle. Cela fit levier et il y eut un grand « crac ». Résultat : une sale fracture du coude, en trois endroits. Direction Madrid. Voyage de torture. Opération de quatre heures et demi, à la clinique de la Fraternidad, et... le moral à zéro : Gomez Escorial perd ainsi la corrida de Madrid, le 23 mai, où il allait défiler aux côtés d’Espla et Joselito, face aux Pablo Romero du Partido de Resina, une des plus attendues du cycle.
     Pendant ce temps, on apprend que Padilla a demandé de quitter la clinique. Direction son domicile où il devra repos garder et suivre le traitement indiqué. Cependant, on est étonné de ne toujours pas savoir, avec précision, la réalité des lésions du Jerezano, après sa dramatique voltige infligée par le dernier Miura de Séville. On a parlé de gros problèmes au nerf sciatique, de perte de sensibilité d’un membre, de difficultés au niveau circulation... Puis, hier, pffttt ! l’oiseau s’est envolé. Bueno ! Mejor, no ?

 

UN FILS FORMIDABLE !

     14 Mai : Nous avons tous le souvenir, lors des grandes tardes de guerre de Ruiz Miguel, de ce monumental banderillero dont les peñas de Pamplona avaient fait leur héros « El Formidable ».
    
Monumental ! Enorme ! Les adjectifs se bousculaient, tant sa toreria était proportionnelle à son volume. Le Formidable, géant  pour le moins « bien enrobé », avait du mal à entrer dans le burladero. Tout le monde poussait, tandis que le torero soufflait, crachait, se comprimait pour se glisser entre les barrières. Quand le toro était là, cela allait presque mieux ! Pourtant, à part à Bilbao, il n’eut pas de graves accidents. La technique, la vista et même l’agilité, faisaient que le Formidable s’en tirait toujours, posant des banderilles « pour l’Histoire » et souriait, saluant le public debout. Un torerazo !
    
El Formidable a un fils. Allez savoir pourquoi, il est aussi « charpenté » que le père, et banderille en décomposant les temps, en levant haut les bras et en s’appuyant sur les palos pour sortir, quelquefois, en marchant. Un fils formidable ! Sa corpulence et son poids lui ont déjà valu plus d’un susto, plus d’une cornada, car si la vaillance et le brio sont évidents, l’expérience et la malice du père ne sont qu’ébauche, et, bien sûr, la marge de garantie est moindre.
    
Hier, en plaza de Las Ventas, où il a déjà versé son sang, Juan Carlos de los Rios « El Formidable », le fils de son père, a reçu une terrible cornada qui l’a laissé là, étendu sur le sable, sans connaissance. Il est rare que les toreros ne se relèvent pas, même lorsqu’ils sont sévèrement touchés. Ils font quelques pas et se rendent presque compte avec le public qu’ils ont été touchés. Alors ils s’abandonnent. Mais, voir ainsi un torero, inerte, glace le sang des plus aguerris. Sale impression, comme par exemple, lors de la cogida d’Espla, l’an passé, dans ce même ruedo.
 
    Le toro le prit de plein fouet et le leva haut, jouant avec lui, avant de le balancer durement au sol. Trois cornadas au bas ventre. Trois coups de yatagan.  Pronostic: très grave. Le torero a été opéré sur place, et transporté en clinique. Comment s’en sortira t’il ? Les cornadas sont « limpias », mais la zone affectée, le ventre, est des plus délicates.
    
Deuxième corrida de Feria et déjà une grave blessure. La San Isidro débute durement, comme pour dire que « Cuidado, ici c’est du sérieux. Ici on torée et on meurt « de verdad ». Vous ne venez pas ici, entre deux épisodes de « loftstory », cette espèce de « payasada de fond de poubelle », où les héros sont fatigués de naissance, et les « vaincus/virés » sont plus ovationnés que s’ils sortaient par la Porte du Prince, un soir d’avril à Séville ». Beurk ! « Pobre de mi », pleurent les pamplonicas. Oui, mais eux, c’est une seule fois dans l’année... tandis que là... « hay para rato » ! 

     13 Mai – Madrid (Las Ventas) – 2ème de San Isidro :  Lleno – Soleil et vent : La corrida de Fraile est sortie à son habitude : « con muy malas ideas » et beaucoup de mobilité. Certains appellent cela de la caste. Oui, mais on hésite entre « media » et « mala ». Ils jettent les pattes dans le capote, n’ont aucune fixité, bondissent sur le piquero, à hauteur de castoreño, bousculent le tout et s’en vont faire un tour. Certes, ils chargent, mais regardent, se retournent sec, s’appuient d’un coup, créant cette émotion malsaine qui fit les délices de la plaza Bayonnaise, à partir de 1985, après deux années précédentes pleines de piquant et de force. Curieusement, encore une fois, un Fraile se cassa un piton en entrant au cheval. Il fut remplacé par un Julio de la Puerta, sorti 4ème bis, qui empira au fil des minutes et causa le grave accident relaté plus haut, lors de la troisième paire de banderilles. Il remit cela au cours de la faena, menaçant fortement Pepin Jimenez, dans une naturelle. Les Fraile ont été violents, dangereux, la palme revenant au lot d’Encabo. Le premier daigna accepter quelques passe, et le sixième un peu plus faible, permit au Renco de s’arrimer.
    
Les trois toreros, condamnés à un combat sans gloire possible, ont été « en toreros ». Ici, pas de fioritures. « Hay que poder al toro, reducirlo !». Celui qui sort les dentelles avant que le bazooka , a droit au voyage impromptu...  Pepin Jimenez  a presque réussi à placer une faena au premier. Un bon quite et deux séries de naturelles ont signé ses intentions, mais le toro refusa vite ce scénario idyllique. Un avis et ovation au prof de maths, toujours aimé à Las Ventas. Il fut plus prudent face au sobrero qui n’accepta pas les quelques bonnes naturelles du murciano. Silence dans la classe, qui restait impressionnée par la cogida du Formidable – Luis Miguel Encabo fut brillant avec cape et muleta. Puis, il ne put que se montrer courageux face à deux carnes. Son premier bascula le picador au sol, et termina « court et sec ». Il le tua en sept voyages, ce qui est un peu trop. Avis et Silence.  Le cinquième était le plus dangereux. Nada que hacer ! Applaudissements à la volonté -  « El Renco » se montra volontaire et torero. On aurait pu craindre de le voir « un peu tendre ». Le troisième fut aussi un client impossible, qui provoqua batacazo de tout, sauf de bravoure. Silence. L’alicantino put approcher le dernier qui, un poil plus brave, accepta quelques droitières et un joli pecho. Mais, ne pas s’y fier, comme il le précisa fortement lors d’une naturelle qui faillit mal se terminer. Ovation finale pour le torero, et pour l’ensemble des toreros. Ouf !
    
Juan Carlos de los Rios « El Formidable », a reçu trois cornadas : une de 15 cms à l’aine gauche ; une de 30 cms au même endroit, remontant dans la cavité abdominale ; une troisième de 25 cms, intéressant la zone péritonéale. Gros dégâts, bien que les cornades soient « limpias ». De plus, une commotion cérébrale et une coupure au front. Pronostic : très grave.

     Ce jour, 14 Mai : Troisième de Feria, avec des toros de Fermin Bohorquez - Cepeda sera bien à la cape, et l’on attendra encore « la » faena qui le remettra, définitivement, en selle -  Jose Luis Bote nous fera souffrir, car son toreo de qualité aurait besoin de plus d’assise au plan physique -  Quand à David Luguillano, il devra effacer la vilaine impression laissée hier devant ses concitoyens vallisoletanos.

 

EL JULI A ENCORE MIS LE FEU

     Un dimanche marqué par le triomphe du Juli à Valladolid, et une grande faena « du Benitez », lisez « El Cordobes padre » en plaza d’Estepona, devant 2500 pèlerins et un mouton de Parlade. Un faenon, comme au meilleur jour. Cependant, l’insignifiance du bicho et la pauvreté du cadre, nous font regretter que le Cordobes n’ai pas suivi nos suggestions : Une tournée de festivals géants, dans des grandes plazas, entouré de figuras qui lui auraient rendu grand hommage. Il y aurait eu des llenos, les toritos auraient été « de festival », et le Cordobes aurait pu montrer à tous que ses qualité toreras sont toujours là, même si elles grincent un peu aux entournures. Una lastima ! Media plaza à Estrpona ! L’ouragan qu’il a été ne méritait pas cela !

     12 Mai – Valladolid : Casi lleno – du vent : Corrida du Pilar, moyennement présentée, qui se laissa faire, sans trop de caste. Comportement divers, mais difficultés en rien insurmontables. Finito de Cordoba s’est ostensiblement plaint du vent, mais plaça de bons détails, à son habitude. Deux ovations et... à la douche ! – David Luguillano avait il déjà la tête à Madrid, avec la crise de foie correspondante ? Lui seul le sait. Toujours est il qu’il fracassa bruyamment, écoutant sifflets à l’un et forte bronca à l’autre – El Juli a été énorme, surtout avec la muleta, où il va s’améliorant, tous les jours. Il a coupé, au sixième, la seule oreille du jour. Mais c’est face à « Medicina », le troisième toro qu’il donna grand recital de courage et toreria. Hélas, le faenon fut gâché par cinq pinchazos. Mais l’histoire reste écrite.

     12 mai – Estepona (Malaga) : Moins d’une demi plaza pour une corrida mixte qui vit quatre toritos de Parlade et deux novillos de Los Derramaderos. Un toro, exceptionnel de noblesse, sortit pour Manuel Benitez « El Cordobes », qui avait déjà coupé l’oreille de son premier, malgré un gros susto à la cape. Le torero découvrit rapidement les qualités du toro et lui monta un faenon, comme aux bons vieux jours de 70. Faena en deux parties, l’une « de sérieux », avec le poignet et le temple d’antan, puis... libre cours à la fantaisie. Un grand moment et les deux oreilles et le rabo  pour le « melenas blancas », radieux. Sacré Manolo ! – Miguel Angel « vit passer » l’Ancien (oreille par deux fois) – Le novillero Salvador Vega, l’un des vainqueurs de San Sebastian, confirma toutes ses qualités et coupa quatre oreilles.

     12 mai : Côté « novilladas », on a enregistré quelques bons résultats :

     A Valencia, où Leandro Marcos a confirmé son toreo de qualité, et Oscar Sanz, son triomphe des Fallas. Oreille  pour chacun, tandis que Vicente Garcia donnait une vuelta. Les novillos étaient de Jimenez Indarte  

     A Barcelone, la novillada de Arranz et Joselito a permis une vuelta à Triviño et Amaya, mais c’est Luis Rubias qui triomphe, coupant une oreille au troisième, et perdant celle du dernier, et la salida a hombros, « por pinchar »..

     A Zaragoza, les novillos de Hoyo de la Gitana ont déçu, tant au plan présentation que comportement. A noter un novillo extraordinaire, le premier. Une seule oreille au cours de la soirée : celle du 4ème, pour Julio Pedro Saavedra.. et elle fut  protestée. Cesar Jimenez et Ivan Garcia ont entendu quelque ovation, mais le public, réduit, a commencé à partir, bien avant la fin du festejo. Désolant !

     A Séville, personne n’a coupé, mais Matias Tejela a été bien, dit on, devant les novillos de frères Sanpedro.
    
Grave blessure de Salvador Cortes, le second fils torero de Luis Mariscal, dans un pueblo près de Madrid, Navalgamella. Un novillo de Mariano Blazquez, lui a infligé une grave cornada de double trajectoire (25 et 6 cms)  dans la région de l’anus.

 

BEN... V’LA AUT’CHOSE ! !

     15 Mai : Depuis quelque jours court la grande rumeur... « Une feria à Paris » ! Trois jours de corridas au Grand Stade de France...  C’est vrai que ça manquait ! Après les rugbymen embourbés, les footeux magnifiés, après Johnny et Céline... il est vrai que ça manquait.
    
80000 personnes dedans, autant dehors pour empêcher les premiers de rentrer, un spectacle dont on aura soigneusement pris le soin d’ôter toute connotation violente et sanglante... enfin, tout est à l’étude. A mi spectacle, on pourrait imaginer de grande choses, avec les plus grands noms, je ne sais pas, moi, par exemple « une vuelta al ruedo » des vainqueurs du Lofstory ... Au point où vont les choses, le lleno est ainsi assuré.
    
La corrida n’a t’elle pas assez de difficulté comme cela, pour aller « se ridicoculiser » au grand stade. Ce qui est certain, c’est que cela va vendre du papier, de l’image, du net et que tous ne seront pas perdants.
Mettons nous bien d’accord. Ou on monte un spectacle digne, intègre et intégral, ou « on ne fait pas ». Si on veut faire passer du « descafeinado »... voir sévillanes et mantilles, voir calèches et verres de fino, voir courses libres et landaises, qui sont aussi Tauromachie.
    
Si on veut « montrer la Fiesta », monter une exposition géante avec « travaux pratiques », les visiteurs pouvant tâter du becerro, entendre des témoignages humains, qu’ils viennent de la vedette, du ganadero ou du maletilla.... Des toros et des hommes. Mais une corridette, au Grand Stade... demasiado !
    
Pero Bueno ! Un cachondeo ! Et, même si cela se fait,  ici, on n’en parlera plus. Parce que ni les hommes, ni les toros, ni les aficionados... se merecen esto !

 

LE CLASSIQUE ET LE BAROQUE... SOUS LA PLUIE

     15 mai : On attendait quelque capotazo de Cepeda. On rêvait de plus... On connaissait la verve, les soudaines transes de Luguillano. C’est exactement ce qu’a connu un public de Las Ventas, trempé jusqu’aux os, hier, au cours de la troisième de Feria, à Madri
    
Les Bohorquez sont sortis titubants, et la valse des sobreros a débuté...trois d’un coup. Le toreros, qui étaient tous vêtus de crème et or, en divers tons, ont été fidèles à leur image. Fernando Cepeda, déjà un peu lymphatique avant sa terrible cornada de Séville, parcourt les ruedos en répétant « voyez donc le grand torero que j’aurais pu être ». Bote sursaute et nous fait sursauter - (Allez donc dire, après, vous les Madrilènes, que vous n’avez pas « vos têtes ») – Et David Lugillano, pas plus gitan que vous et moi, mais qui allie à une plastique bien gominée, un sens du tragique, du grandiloquent, du baroque, qui marche à tous les coups. Les yeux, le corps jouent un rôle primordial, accompagnant la muleta au bout du voyage du toro. Souvent, la passe est rapide, la série destemplada, mais le cliché est fantastique et l’émotion a décollé. David Luguillano crée une atmosphère qui électrise. Si, en plus, un toro veut bien « se laisser », on parlera de faenon.
    
Cepeda est un classique. Luguillano est inclassable. Du premier, on n’attend rien que de très classique. Du second, on espère deux secondes de chair de poule. Hier, la pluie a mouillé les pétards de la fête, mais « le classique » a rempli son contrat, et le baroque a bien failli couper la première oreille de la Feria.

     14 Mai – Madrid (Las Ventas) – 3ème de San Isidro – Casi lleno – Pluie : Il pleuvait fort, à quatre heures. A cinq, on pensait suspendre. Puis cela s’est calmé. La corrida s’est déroulée normalement.
    
Les Bohorquez sont sortis faibles, faibles. Peut- être parce qu’ils étaient nobles. Le premier se coucha pendant la faena de Cepeda, et il fallut le puntiller, là. Que verguenza ! - Allez donc parler de « toros de combat » aux parisiens, si cela arrive en plein gazon du Grand Stade ! – De Bohorquez, il en resta trois dans le ruedo (1, 3, 6ème). Un Julio de la Puerta, violent et arrêté remplaça le deuxième. Un Joaquin Moreno Silva, trop piqué, fit office de quatrième, et un faible Juan Jose Gonzalez passa, en cinquième rang. Nada. Meilleur lot pour « Lugui », avec un très noble premier adversaire du nom de « Interesante ». C’est vrai.
    
Fernando Cepeda n’eut pas de chance au sorteo. Son premier s’appelait « Ratoncito » - 487 Kgs – si faible que le matador ne put « matarlo ». Le toro se coucha au beau milieu de la faena et c’est le puntillero de la plaza, Antonio Medina qui dut s’en charger. Una tristeza ! Le torero de Gines n’eut pas d’atomes crochus avec le Saltillo de Moreno Silva. Alors, on le piqua un peu trop... y no quedo nada. Toro arrêté, freins serrés.. Silence et sifflets, respectivement, pour Fernando Cepeda, qui a cependant illuminé la pluvieuse soirée, par un quite au troisième toro : Trois véroniques « de las suyas » et une demie  de triple « olé », tout le monde debout. Magnifique ! Luguillano « se enfado » et partit répliquer par des gaoneras, un poil électriques.
    
Jose Luis Bote a donné quelques détails, comme d’habitude. Mais on est loin du torero que Madrid voudrait qu’il soit. Son histoire personnelle et taurine méritent cependant tout le respect.... comme bien d’autres. Deux toros de tristesse, la pluie, et un gros coup au coeur, quand son premier faillit bien lui faire mal, encore une fois. Silence partout.
    
David Luguillano arrivait de Valladolid, les oreilles encore bourdonnantes des broncas de la veille. Il a été « en Luguillano ». Son premier était « le toro » de la corrida. Après le duel au quite, éclair dans la nuit, David débuta superbe, par statuaires et passe du mépris. Il y eut un bon début à droite, quelques naturelles, mais la faena ne prit jamais son envol et Luguillano salua une ovation.  Allez donc savoir pourquoi, le sixième ne promettait rien de bon, mettant d’entrée, deux coladas au torero. Toro manso, mais au final, noblote. Luguillano, un tantinet hystérique, ou pour le moins exité, s’emporta vers de baroques envolées où la muleta dansait une partition, mais les pieds une autre. Cependant, l’ensemble fut plaisant à suivre et l’oreille serait sûrement tombée, après une estocade recibiendo, mais une mort lente et deux descabellos.
    
La vuelta  fut « en or », et le public, trempé, jura « qu’on l’y reprendrait encore » ! Et c’est bien ainsi !. 

     Ce mardi 15 Mai, Victor Puerto entre dans la feria. Attention, le public sera t’il aussi réceptif que l’an passé, où il triompha, même sans couper. Corrida de Valdefresno, à suivre, avec pour compagnons Juan Mora et le Cordobes junior, qui donneront... ce qu’ils peuvent donner actuellement.    
 

FLOIRAC... DEUX DUELS EN BORDS DE GARONNE...

     Dimanche, Floirac vibrera aux accents de la Fiesta Brava. Il y aura cette ambiance particulière, bien spécifique à cette arène, peu à peu confortée ; à cette place, durement conquise ; récompense à mille efforts de « ceux qui y ont cru ». Alain Lartigue est de ceux là, qui, « depuis plusieurs lunes », imagine, bataille et innove. Monterazo ! pas facile de faire vibrer entre béton et ferraille.. Et pourtant, Floirac est là, et elle compte.
    
Dimanche prochain, double session : Rejoneo le matin ! Gros mano a mano, le soir. Il devrait y avoir du monde. Les gamins des cités vont pouvoir se faire quelques sous en gardant les parkings.
    
Le matin, 11 heures, deux cavaliers joueront une grande rencontre, face à des toros du Laget : Fermin Bohorquez et Andy Cartagena. Le premier est un classique, un de « la haute ». Fils de son père, il est l’héritier du rejoneo d’école, avec un poil d’intrépidité et un grain de folie, parfois. Andy Cartagena est jeunesse, euphorie, innovation, explosion. Le nom de Cartagena évoque en nous bien des emportements, de fantastiques virevoltes, des chevaux soudain cabrés, haut dans le ciel et la poussière. Cartagena ! Andy est peut-être plus posé, d’apparence, mais « à l’intérieur »,  bon sang ne saurait mentir. A suivre donc ce duel entre deux styles, deux personnalité, au galop des chevaux de haute école.
    
L’après midi devrait nous réserver d’autres émotions. Mano a Mano entre Enrique Ponce et Juan Bautista. On pourrait dire : « le maître » et « l’élève »... On pourrait dire : le N°1 espagnol, face au N°1 français. Rien de tout cela ...
    
Deux hommes : un maestro qui, malgré les ans de guerre, malgré les scepticismes et le mépris de certains pour sa « facilité si difficile », reste « en haut », ne lâche rien aux jeunes loups et ne perd aucune occasion de dire sa leçon. Enrique Ponce, le maestro, de science et de technique, mais aussi de chair et de sang, d’aficion et de sentiment. Un énorme torero y una gran persona !
    
Deux hommes... Un jeune français que l’on appelle Juan Bautista...mais qui, pour beaucoup est, et reste, Jean Baptiste, tout court. Il est, des toreros français, celui qui « sent » le mieux le toreo de toujours. Quand il peut se relâcher, la muleta court « au rythme du piton », la jambe s’avance, le corps se redresse, et l’image est belle. Bautista est un styliste qui sait se battre. Certes, il doit encore « mieux vendre » son toreo, mais ce qu’il a déjà démontré le met en, tête des toreros français, effaçant d’un coup cette phrase que l’on entendait quelquefois, auparavant : « Il torée bien... mais comme un français ! »
    
Enrique Ponce – Juan Bautista, en face à face avec de toros d’Aldeanueva : Une corrida à déguster plutôt qu’à vivre « en correspondant de guerre », un duel de stylistes, plutôt que de puncheurs... Mais, gare à l’éternelle incertitude... Des toros, des hommes... et le destin. Que haya Suerte y buen tiempo ! !

     Floirac – Information et location : 05 56 40 90 18

 

« EN MADRID...QUE TOREE SAN ISIDRO ! »

     16 mai : « Il n’a qu’à se les envoyer...lui ! ». C’est à peu près ce qu’ont du se dire, sur divers tons et pour diverses raisons, les trois matadors engagés hier pour la quatrième de feria, jour de San Isidro, saint patron de la capitale... La corrida devait être une fête...ce fut « un royal toston », et même l’Infante, présente au palco, ne put masquer son ennui.
    
Toros très faible, très fades, très...rien du tout. Trop peu d’options au triomphe et des matadors un peu conservateurs, tout de même. Derechazos van, naturales vienen et... un monton de trapazos ! La fiesta actuelle est ainsi, et il faut des tonnes de pierres à briquet pour provoquer quelque étincelle. On le sait, et le public de Madrid y est habitué. Mais ...aller exporter cela, à Paris ! ! !
    
Les toreros sont sortis en maugréant, fourbus mais sans honte, qu’on les y reprendrait encore, puisque « à Madrid, il en est ainsi ! ». Victor Puerto, la mine des grands jours, a le plus perdu « Je venais pour une corrida de Valdefrseno », et je n’en ai eu aucun »... Certes ! Mais le manso dernier méritait moins de châtiment et plus de bagarre... non ?

     14 Mai – Madrid (Las Ventas) – 4ème de San Isidro – Fête du Saint Patron de Madrid – Lleno total (23500 personnes) – Du soleil, mais du vent : Prévus, six toros de Nicolas Fraile, sous les deux fers de Valdefresno (2,3,6éme) et Fraile Mazas (1,4,5ème). Tout du Lisardo Sanchez et Atanasio. Mais, catastrophe, la corrida fut tellement floja que 3ème et 6ème furent remplacés, respectivement, par un Javier Guardiola, encore plus faible, et un Hermanos Lozano, manso  et arrêté parce que « trop carioqué »... Les Salmantinos se sont révélés faibles, nobles, mais sosos, vides de tout. Una tristeza.
    
Les toreros, en  trois phrases : Juan Mora, à son habitude, alterna quelques détails sur le voyage du premier, au milieu de beaucoup d’attitudes forcées, avant de mal tuer. Ovation et silence – El Cordobes « n’y est plus », et malgré ses sourires et oeillades, fait un peu peine à voir. Silence et Silence – Victor Puerto a été calme et précis, mais ne se mit pas en colère. Il est passé... en silence.
    
Ce 15 mai : Première novillada de feria. L’intérêt portera sur les novillos de La Quinta, qui firent un malheur, l’an passé, et sur le novillero salmantino Javier Valverde. Caste et talent, sobriété et courage froid. A suivre de très près, en cette époque de tristesse novilleril. Vital Procuna brillera aux banderilles, puis... Quant à Leopoldo Casasola, il sera « le point d’interrogation ».

 

« Y SONT FOUS, CES ROMAINS ! »

     16 Mais, c’est à peu près ce que tonnerait un Obélix aficionado, en vous démettant l’épaule d’un abrazo de mammouth... Un grand cri de joie ! Un barrissement d’admiration !
    
Il  y a trois jours, Juan Carlos de los Rios, « El Formidable », se faisait éventrer par un toro. Souvenez vous : trois cornadas (15, 25, 30 cms) dans le bas ventre... et remontant !  Horreur, en voyant le volumineux torero, étendu pour le compte, sur le sable de Las Ventas. Inquiétude sur tous les visages. Puis une phrase, deux mots : « cornadas limpias ». La corne est entrée et sortie, par le même chemin. D’accord, mais quand même ! Souvenez vous de votre appendicite, quand, douloureusement, vous essayiez de vérifier que vous n’aviez pas perdu « autre chose », du côté droit. Ouuiiiillle !
    
Trois jours ! Certes la compétence des médecins, admirables. Certes la technique et la science. Mais, de là à voir ce géant coupé en deux, se lever et marcher sans appui, trois jours après, cela dépasse l’entendement. Bien entendu, il ne peut pas encore courir après les filles du Loftstory... D’ailleurs, en aurait il envie ?
    
Juan Carlos, le Formidable, a fait ses premiers mètres, hier, sans aide, en souriant, devant les médecins, estomaqués. «Je suis comme neuf ! » disait il à la cantonade « De lujo ! » ...
     Pas à dire ! « Y sont fous, ces romains », peut-être... Mais « Y sont faits autrement, ces toreros ! », voilà qui est certain. Enhorabuena, Formidable !

 

JEREZ ET TALAVERA : TRIOMPHES, EN CATIMINI...

     Les deux ferias ont commencé. « En bas », on fête le cheval, maître des lieux. Près de Madrid, on va se souvenir de Jose, qui laissa le monde taurin orphelin, un 16 mai, au pied du volumineux clocher...
    
Malheureusement, bien peu de monde, pour ces deux corridas. Jerez de la Frontera fait 9007 places. Il y eut un quart de plaza. Talavera peut recevoir 8600 personnes . Il y eut, hier, avec un intéressant cartel, un tiers de plaza... et, attention, un tout petit tiers ! Triste et inquiétant.

     15 mai – Jerez de la Frontera : 1ère de la Feria del Caballo : Toros de Gerardo Ortega, très faibles. El Tato est invité, en voisin. Torero robuste et sans fioritures, il s’est ennuyé , et a un peu ennuyé, face à deux catastrophes à quatre pattes. On l’applaudit... en voisins – Davila Miura a encore eu de la chance au sorteo... Bonne faena, templée liée, au cinquième. Ne manque que... la chispa ! Deux oreilles – Rafael Osorio ne torée que peu. Alors, à n’importe quel prix, il faut couper. Osorio a fait de tout, très vite et parfois très bien. Oreille et deux oreilles, sortant à hombros. Une photo qui l’accompagnera, jusqu’à l’année prochaine, pour un autre « tout, très vite et parfois très bien ! »

     Ce 16 Mai : Corrida de Rejoneo – Hermoso de Mendoza sur la terre des Domecq et des Bohorquez...

     15 Mai – Talavera de la Reina : Corrida terciada de Domingo Hernandez. Jesulin et Javier Castaño font « une oreille à chacun », mais c’est le Finito qui donne la grande faena de la tarde, coupant deux oreilles au cinquième. Le Mayoral salua et les trois maestros sortirent a hombros jusque dans la rue... où il y avait plus de monde que dans les gradins.
    
Aujourd’hui, deuxième de Feria : Il y aura du monde, car Ponce et Juli, accompagnés de Curro Vazquez... Hombre ! Si no llenan... Les toros seront de Zalduendo. Même « Jose » se penchera, pour voir.

 

JAVIER VALVERDE... UN TRIOMPHE « DE REFERENCE »... 

     17 Mai : Hier, les aficionados de verdad  « en ont repris » pour cinq ans !

     Hier, dans une plaza de Las Ventas mal remplie, devant une novillada « qui a trompé le monde » parce qu’elle a bougé et n’est pas tombée, un torero a pleinement triomphé, arrachant deux oreilles à un public qui mit du temps à faire la différence entre « la » vérité du toreo, et ce qu’il est habitué à voir tous les jours : posturitas devant des toros gordinflones, soins d’infirmiers, précautions à tous égards, pour ne pas faire tomber le bicho. Hier, on a gommé les mots « mimarlo » ou « sostener al toro ». Enfin !
    
Hier, de fer et de sang, la novillada de La Quinta a méchamment vendu sa peau, pas toujours avec de bonne manières. Toros qui viennent comme des obus, et regardent partout, même les muletas, parfois. Les trois novilleros ont eu un immense mérite, mais, à leur tête, un salmantino a démontré une sérénité, une volonté de « faire les choses bien », une vaillance et un talent tels que son triomphe, totalement mérité, doit être, dès aujourd’hui, une référence pour tout le reste de la feria.
    
Que ce serait il passé, hier, si au lieu de Javier Valverde,  Jose Tomas avait fait identiques faenas ? On aurait eu quatre oreilles et Las Ventas seraient en miettes. Tout le monde dans les gradins se serait fondu en abrazos et même la fabuleuse finale de l’Alaves, glorieux perdant, serait passée aux oubliettes.
    
Un triomphe que l’Aficion madrilène a mis du temps à comprendre, à accepter, tandis qu’elle se laissait abuser au point de faire saluer un mayoral, parce que la corrida avait sidéré le monde, non par sa bravoure et par sa noblesse, mais bien parce qu’elle avait répété et répété ses charges, sans tomber une seule fois.
Eso no es.
    
Un triomphe qui doit faire référence : Avancer la muleta, quieto, tirer le toro, le tourner sur sa jambe avancée, plantée là, vaciar la embestida et « laisser la muleta », pour la prochaine passe... ce n’est pas la même chose que donner, pieds joints, six demie passes, dont trois accrochées, la muleta retrasada. Javier Valverde, ce 16 mai 2001, a ramené au grand jour, « la verdad del toreo », et tout le monde, même les plus huppés, même Jose Tomas, devra s’en souvenir, dans les 20 jours qui vont suivre.
    
Dans une Peña Bayonnaise, une aficionada a suivi, le coeur serré, la grande actuacion de celui qu’elle appelle « mi niño ». Amitié de toujours ! Admiration et cariño ! Aficion de verdad !  A ses côtés, les regards allaient de l’écran à l’amie, de l’amie à l’écran. Champagne ! « Para ti Ethel, esa cronica! Et que ton torero nous donne encore longtemps cette émotion qui n’a qu’un nom : La Verdad ! ».

     16 Mai – Madrid (Las Ventas)  - 5ème de Feria – Novillada – ¾ de plaza – Beau temps, mais toujours ce vent.... : Novillada de La Quinta, qui triompha grâce à l’impression qu’elle donna, enfin, que la corrida est avant tout un vrai combat.

     Novillos fins, sans poids exagérés, têtes réduites mais cornes astifinas ; de la force, du souffle et du muscle à revendre, au service de quelques idées pas toujours très claires. Violents, répétant les charges, souvent tête à mi hauteur, pegajosos mais distraits, feignant la noblesse, mais connaissant quelque bottes secrètes, ils furent des combattants ardents mais compliqués et parfois sournois. Alors, caste et mobilité, oui ! Bravoure et vibrante noblesse, hum ! Meilleur toro : le premier. Le sixième débuta bien, mais s’arrêta vite. Le salut du mayoral doit plus à l’émotion et à l’euphorie du triomphe, qu’à la réelle qualité du ganado. 

     A souligner la froideur du public madrilène à l’encontre des toreros, ce qui, une fois de plus, laisse planer un doute sur la qualité de l’Aficion Madrileña, qui met 18000 abonnés à Las Ventas, chacun distribuant ses billets de tous côtés, les jours de soit disant « spectacle mineur ». Alla ella ! Se lo perdio !

     Le mexicain Leopoldo Casasola n’a pu endiguer les charges du premier, un vrai train qui passait et repassait, noble, mais la tête un peu haute. A son actif, deux entrées à matar, muy de verdad, qui méritaient respect, même si l’épée tomba un poil bas. Les  opinions se divisèrent. Le quatrième sortit correton, distrait. Il y eut grand duel aux quites entre le mexicain et Vital Procuna, le portugais. Magnifique et noble compétition entre les deux toreros, les capes virevoltant tour à tour, au gré de l’inspiration, du talent et du courage. Trois quites sur un même toro. Faena de volonté, mais où les allées et venues du novillo ne trouvaient pas de guide, de patron. Et... ce qui devait arriver: dans une naturelle, le novillo tire un hachazo qui touche au front, et redescend dans la poitrine, emportant le torero, comme fêtu de paille. Cogida impressionnante, noir présage. Le garçon est piétiné, roule sur lui même et reste étendu, les bras en croix. On l’enlève, dans l’angoisse. Mais déjà il revient, du sang coulant de son front, de sa bouche. Casta ! La faena « qui ne fut pas », se termine par un gros coup d’épée, encore une fois bien porté, et le jeune mexicain s’en va vers l’infirmerie, dans un état second, sous l’ovation. Profonde coupure, de huit centimètres au cuir chevelu ; commotion cérébrale, puntazo. Nada ! Il s’en sort bien !

     Luis Vital Procuna n’est plus « que » bon capeador et excellent banderillero. Il a démontré, dans la première partie de sa faena au deuxième de la tarde que « le entro el toreo », qu’il avait découvert le secret de la muleta et du temple. Par contre, quelque chose ne va toujours pas au moment de l’épée, ce qui lui valut de ne récolter que des applaudissements et de saluer, à son premier. Par deux fois, il partit à portagayola, et nous mit le grand frisson, en particulier quand son premier « lui joua » un changement de cap au dernier moment. On lâche tout, on se couche et on prie, mais vite ! Le bicho passa, de côté et haut ! Bien à la cape, Procuna, qui essaya de faire briller le toro à la pique. Placé de loin, le Buendia attaqua fort, à la première, mais après...non, non ! Gros tiers de banderilles avec une paire sur chaque piton, et, au milieu, un quiebro, en plein centre de la plaza. Señores, Chapeau ! Très bon début de faena, muy torero et une bonne série de droitières liées au double pecho. « Tiens, il s’est amélioré ! » Le novillo paraît noble et prend trois naturelles dont une magnifiquement tirée. Puis, le vent ; puis le toro qui tire à incertain ; puis la « maldita espada » qui pique trois fois. Peu importe l’avis, le descabello libère une ovation. Le cinquième sera mansote, noblote, avec du genio. Quite ou double a portagayola. Ouf ! (Procuna est alors le seul diestro présent dans la plaza, les deux autres sont à l’infirmerie). Bon quite par navarras  et grand tiers de banderilles avec, notamment, une paire énorme, en partant des planches. Réunion violent, le torero sortant limpio. Faena longue, de combat perdu d’avance, mais volonté d’airain. Deux pinchazos et un descabello. Beaucoup de mérite, et « le métier qui n’en finit pas de rentrer » !

     Javier Valverde a coupé une oreille à chacun de ses novillos et a ouvert la Grande Porte. Point final ! Le Salmantino faisait sa présentation et, quand sortit son premier, tout le monde maudit le sort... Un « manso manso » qui ne prend pas un capotazo, qui fait un saut de cabri, avec ruade à deux mètres, sur les deux premières « sorties » au cheval. Vaya ! Puyazo, enfin, très en arrière, et un novillo très compliqué à la muleta.

     La première partie de la faena, énorme de sérénité, se déroula dans un silence inexplicable. Tranquille, très ferme, le torero donna deux séries, s’imposant au toro, et non sur le voyage, terminant fort par pecho ou énorme trincherazo. La première série de naturelles est  menacée par le hachazo du bicho. Arrive alors l’accident : le torero est pris au niveau de la poitrine, repris au ventre, affreusement pendu par la ceinture, porté ainsi de longs instants, tandis que ses mains s’accrochent au piton, qui, au vol, en remet un coup. Impression terrible d’une gravissime cornada au ventre. Le torero se relève, et reprend, apparemment indemne. La faena se termine par une épée coup de canon, dont le torero, touché à la cuisse, sort en s’écroulant au sol. Angoisse, encore une fois, tandis que s’écroule le toro. Enfin, Madrid se réveille et se frotte les yeux... Aqui hubo un torero ! Les mouchoirs, enfin s’agitent avec force, et l’oreille tombe. Grande vuelta et direction l’infirmerie, où l’on parle un moment, de côtes cassées. Il n’en sera rien, heureusement, et le salmantino reviendra, salué d’une grande ovation, enfin !

     Quand sortit le sixième, on se mit à rêver. Le novillo paraissait bon, et le novillero aurait pu jouer « la corde sensible »... Il a joué « la grande vérité du toreo de toujours »... A partir de là, rien ne pouvait lui échapper. Première partie de faena « de haut vol », tirant de longues naturelles en chargeant à fond la suerte, en aguantant les hésitations, puis les menaces. Faena de « oh ! », puis de « aaahhh ! ». Quand le toro s’arrêta, ce fut le torero qui chargea, et imposa des moments impossibles, la corne sur la cuisse ou le ventre, en toute sérénité. Alors, geste de grande toreria et de noblesse, Valverde amena le novillo au centre et porta une grosse estocade, avec le coeur et la tête, qui leva le public, dans la plaza, dans les peñas....partout !

     Fleurirent les mouchoirs et tourna la vuelta, tandis que la grande porte s’ouvrait en grand sur l’avenir. Enhorabuena, torero !

     Javier Valverde sera au cartel de Bayonne, le 14 Juilet. Venez  le voir... Aqui, hay un torero de verdad !

     Ce 17 Mai, Javier Castaño confirme son alternative, des mains d’Ortega Cano (voir comment vont le recevoir les madrilènes) et Finito de Cordoba, particulièrement inspiré, en ce moment. Les toros seront, en principe, de Mari Carmen Camacho.
 

EL JULI : QUATRE OREILLES AUX PORTES DE MADRID...

     16 Mai – Talavera de la Reina : 2ème de Feria. : Comme à Madrid, on salua le souvenir de Joselito, le seul, le grand. La corrida de Zalduendo sortit bonne, mais un peu faible. On donna vuelta au cinquième. Triomphe total du Juli : Quatre oreilles et des progrès partout. Ponce se battit et coupa un trophée chaque fois, tandis que Curro Vazquez entendait le silence. La plaza ne se remplit pas....

     Pendant ce temps, à Jerez, les cavaliers se régalaient, et rendaient les armes, encore une fois, devant un collègue, venu du nord, de Navarre... Pablo Hermoso de Mendoza : Deux oreilles « en solo », puis encore deux, en duo avec Fermin Bohorquez.

     Hermoso, de verdad ! 

 

« VOILA POURQUOI TU NOUS MANQUES, CESAR... »

     18 Mai : Il y a 10 ans, en plaza de Las Ventas, un torero Colombien, petit indien de Santafe de Bogota, faisait exploser  la feria de San Isidro, et révolutionnait le mundillo jusque là « ojedizado ».
     Sur le sable de Madrid, le coeur en bannière, un torero citait le toro à la distance voulue, lui donnant tous les avantages, captant de loin son attention, canalisant sa charge, lui donnant confiance, jusqu’à monter « le lio gordo » avec des toros qui n’étaient ni plus nobles, ni plus puissants que ceux d’hier, 17 mai 2001.
     Combien de fois, au cours de cette année 1991, et des suivantes, on aura vu Cesar Rincon rechercher la distance, pour adapter son toreo aux conditions du toro qu’il avait face à lui ? Souvenir de ce toro de Felipe Bartolome, le 17 Août 91, lors de sa présentation à Bayonne, Rincon essayant de loin, de près, en haut, en bas...en vain. Puis tout à coup, la solution et la lumière, à mi distance « plus un mètre »... Alors, deux séries « de lujo », le toro aimanté, ragaillardi, reconnaissant, et le torero relâché, la muleta en caresse et  « l’autre bras » légèrement levé, en une attitude artiste et euphorique... « Eureka, j’ai trouvé ». Faena « de 11 minutes », et apothéose... à partir de la neuvième. Mais, le public avait perçu tout au long du trasteo, les efforts, la science, la stratégie, toute de sincérité du torero géant. Il y eut deux oreilles et un triomphe d’époque, à Lachepaillet. Et ce fut le début d’une longue histoire d’amour.
     Hier, en voyant la triste actuacion de Javier Castaño, on ne pouvait s’empêcher de soupirer « Que tu nous manques, Cesar »...
     Castaño, à qui certains prédisent un avenir de gloire, toucha, pour sa confirmation d’alternative, un toro noblisimo, mais un peu faible, comme il en sort tant. Au lieu de l’alegrar, de lui donner de l’air, il chercha d’entrée à lui raccourcir la charge, pour lui imposer « son » sitio à lui, là où cela impressionne, là où on cite à bout portant, muleta derrière, les jambes « en bouteille de Perrier », le visage aussi expressif qu’un Belphégor oublié, les idées en vadrouille...
     « Se puso alli... » Y que ? Tout ce qu’il récolta, ce fut une voltereta et quelques sifflets. Pour arranger le tout, un bajonazo de cuidado ! Est ce là une façon de présenter sa carte d’identité, de confirmer son alternative ? Face au dernier, même schéma, même conclusion. A ce train-là, Chopera fera grimace et Castaño peut d’ores et déjà chercher un autre apoderado.
     Après l’explosion de joie de la veille, grâce à la sincérité des jeunes, la plaza de Las Ventas s’est, hier, rendormie. Elle est retombée dans sa léthargie, l’ennui provoquant des incidents entre spectateurs, des tristes invectives lancées aux toreros. Ortega Cano dessina deux véroniques et deux demies « de cartel », puis perdit pied, dramatiquement. Prévisible ! Finito de Cordoba est « en instance de divorce » avec Madrid. Public et lui se cherchent des noises, sans cesse. Alors il les défie, du regard ou des lèvres, et la scène de ménage continue... Cela fait trois ans, déjà. Alors Finito, grand torero, devient « pega pases  bougon », et en perd même ses magnifiques moyens. Six toros « d’estampe ». Six complications, qui avaient peut-être... six solutions.

     « Pas à dire... tu nous manques, Cesar ! »

     17 Mai – Madrid (Las Ventas) – 6ème de San Isidro – Llenazo total – Beau temps virant à l’orage : « Querer... y no poder » ! Voilà qui est dur. Ortega Cano eut beau multiplier les défis, les regards hautains, les attitudes conquérantes, il n’a pu donner le change, et le toro de Madrid le lui a fait durement sentir. Il n’empêche, on doit au théatral vétéran les deuxx moments d’emotioon de cette triste sieste : sa réception de cape au premier, avec deux véroniques gustandose, précédant deux demies « de lujo ». L’autre épisode faillit lui coûter une cornada. Le quatrième Camacho arriva violent, et prit le torero sur un début de derechazo « fièvreux ». Sérieuse cogida, se relevant indemne, heureusement, mais la taleguilla hachée. Alors rejaillit l’orgueil et la superbe d’Ortega Cano, mais cela ne dura que trois passes. Le retour du Cartagenero à Madrid s’est vilainement terminé à l’épée, dans un silence mi respectueux, mi amusé...
     Finito de Cordoba eut de beaux gestes avec le capote, débuta fort bien par doblones, genoux ployé, essaya de montrer le chemin à un toro court, tardo, qui « regardait beaucoup ». Quel quolibets tombèrent des gradins, et le maestro renvoya l’invective. C’était fini. De plus, l’épée se montra bien hésitante, et l’attaque « périphérique ». Le cordouan tenta  quelques efforts, face au cinquième, et son début de faena imposa quelque respect. Mais, à nouveau, le ciel s’assombrit. Silence partout.
     Javier Castaño, vêtu de vanille et d’or, confirma son alternative face à « Turronero » - N°70 – 545Kgs – de Mari Carmen Camacho. Silence.
     Il y a division, quant aux « Mari Carmen » dont le lot sortit entier, magnifiquement présenté et armé. Les toros attaquèrent beaucoup les piqueros qui châtièrent « muy trasero ». Quatre d’entre eux eurent une mobilité « à géométrie variable ». Noble le premier, violent le quatrième, les Camacho offraient plus qu’on en a tiré, quoiqu’on en dise. Corrida molesta, mais corrida de toros.

     Aujourd’hui 18 Mai... arrive « La Tomasitis » ! La revente est au plus haut (on parle de 80 à 100 000 pesetas pour un tendido !). Jose Tomas fera son 13ème paseo, de matador de toros, à Las Ventas. Il arrive « avec 80% de la plaza « dans la poche »...Mais, gare aux 20% qui restent. Les toros seront du Puerto San Lorenzo et les compagnons : Manolo Caballero et Morante de la Puebla qui voudront profiter de ne pas « porter le poids » de la corrida. Cela va être intéressant... Cela dit : « Porte grande » prévisible ! Surtout que Tomas doit marquer des points aujourd’hui, sa deuxième sortie, avec les Adolfo Martin étant plus aléatoire. A ver que pasa !

 

JESULIN TRIOMPHE A JEREZ

    Le « Jesulin nouveau » conquiert les plazas, peu à peu, même si, ça et là, sa soudain métamorphose déroute un peu. Le fantasque a laissé place au « trop austère », et les lampions trop soudain éteints, laissent difficilement place aux candélabres, même s’ils sont d’or et d’argent.

     17 Mai – Jerez de la Frontera – 3ème de la Feria del Caballo : Corrida faible et noblona de Juan Pedro Domecq. Espartaco « joua les infirmiers » avec le premier, et fit châtier fort le quatrième, avant de toréer, très technique. Ovation et oreille – Mal servi, Joselito tira quelques passes du deuxième, et porfia longuement l’avant dernier. Il fut un peu « pesant ». Ovation chaque fois – Jesulin débuta fort bien à la cape, et commença son premier trasteo par des trincheras « de saber y de sabor ». Puis, la faena se prolongea, cérémonieuse, jusqu’à l’oreille finale. Même trophée, au dernier, pour un trasteo identique, clos d’une grande estocade. Jesulin de Ubrique sortit a Hombros.

     Ce 18 Mai, Juan Jose Padilla sera au paseo. Protégé d’un corset, d’un harnais qui lui couvrait les hanches, Padilla a toréé et estoqué un Juan Pedro Domecq, hier, a puerta cerrada. Près de lui, le Docteur Vila surveillait. Douloureusement, le torero passa l’épreuve et confirma sa présence, ce jour, avec Ponce et Juli, face aux toros de Torrealta... Est ce bien raisonnable ?

 

JAVIER CONDE GRACIE UN TORO DE GAVIRA

     Corrida en plaza de « Los Barrios », près de Cadix. Les toros de Gavira sont sortis excellents et Javier Conde se libéra totalement face au quatrième « Embrujado » qui fut indultado, le torero coupant symboliquement tous les trophées – Bonne tarde du Morante qui perd à l’épée les deux oreilles de son premier, mais les coupe au second. (Voir si cette bonne actuacion « lance la machine » pour  Madrid, aujourd’hui) – Jose Antonio Ortega se montra également à la hauteur, obtenant l’oreille du troisième.

 

JOSE TOMAS : DES FETES ET...DEFAITE !

    19 Mai : Comme il était écrit dans le scénario, Jose Tomas s’avança pour prendre son tour au quite, face au premier toro de l’après midi. Sur les gradins, chacun se cala mieux, dans l’attente du premier monument de la tarde. Cérémonieusement, Tomas passa son capote dans le dos et tira magnifiquement trois gaoneras et une rebolera, « de cartel ». On fit fête au héros, et déjà, on prédisait grand triomphe. La « Tomasitis » était en route...
    
Des fêtes, et justifiées, il y en eut tout au long de la tarde : quite par chicuelinas ou delantal ; naturelles au cinquième. On fit même couper une oreille à Caballero, dans l’espoir d’en donner deux à Tomas, au toro suivant. De beaux instants, il y en eut, certes. Mais il y en eut d’autres qui ne sortirent que de l’imagination des masses, tandis que quelque uns se grattent toujours la tête, dubitativement. Ovationner un bajonazo, après une faena d’achuchones, sanctionnée par deux cogidas, voilà qui ne cesse de surprendre. Fêter les muletazos courts, enganchados, et les situer presque au même niveau que trois grandes naturelles dessinées in extremis, comme si soudain, le matador avait décidé d’abandonner « son personnage », et était revenu sur notre pauvre terre, voilà qui en dit long sur l’impact créé.
     Malheureusement, et malgré les quelques moments d’intensité offerts par ce torero « d’ailleurs », Jose Tomas a subi, hier à Madrid, un gros échec, une véritable défaite, qui a bien failli tourner à la déroute. Deux cogidas à son premier, deux avis à son second ; de la poussière, du sang ; cette ovation qui salue sa prestation, et qu’il remercie depuis le callejon. Mais les applaudissements insistent. Jose Tomas se force à sortir, mais les applaudissements sont couverts par les sifflets. La fête est finie ; la défaite, consommée ; et l’on gardera l’image de son retour au buladero, après son premier combat, les yeux dans les vague, maculé de sang de poussière, malheureux Tancrède démaquillé.....
     Pourtant, aujourd’hui à Jerez, ou le 1er Juin, à Madrid, on sera là ... et on se calera encore mieux à sa place, pour attendre le moment, l’événement, la fête, selon « Saint Tomas »... C’est ainsi. Malheureusement, on sait bien que dans quelque temps, il sera de bon ton de dire « pero que mal, no ! » et de siffler fort, ce qu’aujourd’hui on ovationne aveuglément. Jose Tomas le sait, probablement, et s’y prépare, au fond de sa solitude...

18 Mai – Madrid (Las Ventas) – 6ème de San Isidro – Plus un seul petit bout de billet – grisaille et vent : La corrida promettait beaucoup. Elle tint en partie, quelques engagements, les trois toreros s’illustrant selon leurs moyens, leur personnalité, face à une corrida du Puerto San Lorenzo, très bien présentée et encore mieux armée. Mais au résultat final, chacun est reparti avec la confirmation de ce que l’on craignait : Caballero, malgré l’oreille coupée, n’est pas dans un bon moment ; Jose Tomas essaie de faire « son » toreo à chaque toro, quelles qu’en soient les conditions. Alors, ça passe ou ça casse, et là...ça a cassé !. Morante de la Puebla, remonte un peu la pente, mais reste très fragile.
     Corrida du Puerto San Lorenzo, très bien présentée, ce qui est tout à l’honneur des trois diestros, en particulier Jose Tomas. Le moral sera inégal, les salmantinos sortant souvent abantos, sans fixité, allant facilement au cheval, et poussant fort, mais sans mettre les reins, la tête ferme dans le peto. A la muleta, il y eut un très grand toro, le quatrième, du nom de « Curioso » - 545 Kgs - qui répéta sa charge avec noblesse et alegria. Un toro magnifiquement piqué par le Turuta (à s’en souvenir, à l’heure des trophées), et bien banderillé par Carretero, qui dut saluer. Toro très bien lidié, auquel Caballero avait servi un grand quite par véroniques fermes et « super media », auxquelles Jose Tomas avait ajoutté quatre chicuelinas et une rebolera « au millimètre ». Autre toro qui suscita l’espoir, le sixième, mais il prit bien les deux premiers muletazos et « se mit en grève », à partir du troisième. Tomas eut un lot compliqué, qu’il ne chercha pas à améliorer, en particulier son premier, aux fortes tendances à partir « en tablas »..
     Manolo Caballero écouta le silence, face au premier, après une faenita vulgarcita, un peu gênée par le vent, en sa deuxième série, mais aussi par le toro qui vira au « court violent »... Estocade caidita, en sortant de la suerte. Le Caballero 2001 ! Enfin, il baissa la main, face au quatrième ! Enfin, Caballero a toréé, un peu, « de haut en bas ». Et comme par hasard, ses passes ont acquis de la longueur, de la profondeur, et sa faena au quatrième, une autre épaisseur. Il y eut une grande série de droitières, ponctuée d’un pecho énorme. Le coté gauche fut moins émouvant. Grand toro du Puerto auquel l’albaceteño servit une faena propre, quoique sans génie, et « en dessous » du toro. Pinchazo hondo, en excellente place et qui tue. Une oreille, un peu généreuse, mais qui fut applaudie, lors de la vuelta.
     Jose Tomas ne put toréer de cape, le deuxième, correton, fuyard. Cependant, il le fixa par des passe de tiron, calmes et élégantes. Début de faena par statuaires, aux planches, la troisième « arrêtant la respiration ». Le toro serre vers les barrières, et prenant du champ, Tomas cite, immédiatement de la gauche. Le toro n’obéit pas et prend l’homme, de plein fouet. Voltige violente, terrible, le torero se relevant, sans se regarder, du sang coulant derrière la tête, côté droit. A signaler deux choses qui traduisent le caractère «hors normes » de Tomas : Se voyant pris, le torero, au moment de l’impact, fait un petit saut sur lui même, qui atténue le choc, puisque, lorsque le mufle le percute, il « est déjà en l’air »... L’a t’il fait exprès ? Par ailleurs, cette lucidité pour rouler sur lui même, longuement, échappant ainsi aux cornes et aux sabots qui menacent... Le reste de la faena est une suite de passes accrochées, sans lien, à part une naturelle liée à un grand pecho, pieds joints. Tout le monde attend « le » moment magique, mais le torero se fait reprendre sur une naturelles citée « vers afuera », que le toro ne voulut pas avaler. Nouvelle voltige, saut au callejon, retour « le regard en berne », la poussière blanche maculant visage et costume, comme un Don Tancrède qui, pour une fois, aurait manqué son coup. Estocade en visant bas. Avis et ovation que le public attribua à ... « ce qu’il n’avait pas vu ». Le cinquième fut, encore une fois, coureur et distrait. Il poussa fortement  au cheval et Tomas prit un joli quite al delantal. Faena débutée au centre, main gauche, directement. Mais faena à intermittence, où l’on attend « la passe qui vient », parce que la précédente... accrochée, ou « pas terrible ». Pas de continuité, demi passes enganchadas ; la muleta qui sort d’un côté, le toro de l’autre. Quelques olés ! Tomas, visage fermé, essaie et essaie encore. Le temps passe et il faut aller chercher l’épée. Tout à coup, surgies de nulle part, deux séries de naturelles, dont trois limpias et deux... énormes. Espoir ultime. Ovation unanime. Déjà, le premier avis sonne et il faut monter l’épée. Il y aura six pinchazos, ponctués d’une deuxième sonnerie. Le toro, fatigué, lui aussi déçu, se couchera. Pundoroso, Jose Tomas, malgré le troisième avis qui rôdait, essaya de le relever, pour l’estoquer avec honneur. Mais le toro se rendit, et le puntillero fit le reste. Entre barrières, Tomas salua les applaudissements, par trois fois. Mais ceux ci l’invitèrent à sortir au tiers. Malgré lui, le torero y consentit. Mal lui en prit. Alors, défait, Jose Tomas rentra, sous la division d’opinions, et regagna les rangs « des simples mortels ».
     Morante de la Puebla, n’en déplaise à beaucoup, donna les meilleures passes de la journées. Il n’y en eut pas beaucoup, elle furent isolées, d’accord. Mais bon ! Elles furent passes profondes, senties, relâchées, qui furent tout à coup unanimement ovationnées. Pour le souvenir, deux véroniques côté gauche, monumentales, au sixième, deux demies « de lujo », quelque trincherazo, et deux naturelles de cartel. Bien sûr, c’est pas beaucoup. Mais, compte tenu des toros et de cette pente si dure à remonter, la corrida est signe d’espoir, pour le torero et tous ceux qui croient en lui. Le troisième, magnifique burraco, sera changé, pour faiblesse. Désarmé, Morante mettra  en suerte le remplaçant par trois passes à une main, terminé  en recorte très torero. La tête et le coeur fonctionnent. Il y a un bon début de faena, mais le toro tourne à incertain, alliant faiblesse et violence, chargeant fort une fois, se freinant à la deuxième, baladant le torero au fil d’un trasteo désordonné, accroché. Nada. Silence après une presque entière en avant et un descabello. Le Morante « ouvrit le flacon », en recevant de cape le dernier. Grosse ovation après cinq véroniques, « muñecas rotas » et une demie, en finesse. Le toro s’appelle « Pitito » et engendre l’espoir sur les deux premiers tiers. Début de faena sculptural, deux trincheras faisant monter la pression. Mais après deux séries et deux naturelles de luxe, le toro se refuse soudain, accrochant le sévillan, au niveau du genoux gauche. Morante reviendra au combat, volontaire, mais le rêve est brisé. Il n’y aura pas de grande faena, le toro prenant deux passes, mais refusant la troisième. Vains essais, quelques adornos soulignant ce qui « aurait pu être »... Morante va pincher trois fois. L’avis va tomber, et le toro, poursuivant son matador va percuter ce pauvre « Lili », qui passait par là. Silence.
     Triste final, pour tant d’efforts, tant d’espoirs qu’il faut ranger, sagement, jusqu’à la prochaine fois.

     Ce 19 Mai : Caballitos ! Corrida de Rejoneo et apothéose prévisible pour un navarrais d’Estella « que yo me sé ! ». Toros de Tassara pour Joao Moura, Leonardo Hernandez et ... « Cagancho »... « Ah, oui ! Qu’on prépare la grande porte pour Pablo Hermoso de Mendoza ! »

 

JEREZ : UN TORREALTA GRACIE... DANS LA DIVISION 

     On sait très bien qu’à part en de rares occasions, « l’indulto », la grâce d’un toro, ne fait jamais l’unanimité. Hier, en plaza de Jerez, un toro de Torrealta, noble et repetidor a été gracié avec un « puyazo léger ». Le nom de « Inglesito » - N°40 – 500 Kgs – de Torrealta, campera désormais au tableau d’honneur de la temporada... mais on n’est pas sûr que la tauromachie y ait beaucoup gagné.

     18 Mai – Jerez de la Frontera : 4ème de la Feria del Caballo. Llenazo : Corrida de Torrealta, bien présentée, sauf le cinquième. Brave et noble, à part deux. Le deuxième, gracié, et surtout le quatrième, ont été brillant. Mais, pour « bravoure bravoure », le cinquième !
     Ponce a été propre à son premier, « pero mato mal ». Avis et silence. Le valenciano, par contre, monta un faenon au quatrième, excellent. Grand moment d’Enrique Ponce, à vérifier, demain à Floirac. Une oreille seulement, avec une bronca d’enfer, au président qui refusa la deuxième.
     Padilla sortit infiltré. Touchant au sort « l’Inglesito », il le chicuelina bien en l’amenant au cheval, pour un court puyazo,  banderilla fort, en compagnie du Juli, donna une bonne faena essentiellement droitière, toréant relâché, a placer, mais coinça à gauche. Le toro répétait sa charge, et accrocha le Jerezano, sans mal. Surprise ! des voix s’élevèrent ça et là, et le président lâcha vite la flamme orange. C’est ainsi que le « Petit Anglais » va repartir vers les vertes prairies. « A nous les petites andalouses !.. ». Deux oreilles et la queue, symboliques, pour le torero de Jerez. Le cinquième était plus reservon. Padilla s’accrocha fort, banderilla al violin et aguanta dans une passe à genoux sans fin. Ovation
     El Juli fut... à son habitude, un vrai coq de combat. Arrimon, face à son premier, dans le terrain du toro. Ovation après un avis. Complet au sixième avec lopecinas au capote, faena intense, malgré la soseria du toro et un coup de canon à l'épée, « signé Julian ». Deux oreilles.

     A Jerez, on a gracié un toro... mais on ne sait à quelle heure ! L’horloge de la plaza ne marche pas.

 

PABLO HERMOSO ...EST TOMBE !

     20 Mai : Il y a trente ans, pratiquement jour pour jour, il pleuvait sur Las Ventas. Le 22 mai 1971, la feria de San Isidro battait son plein. Ce jour là, les toros mexicains de Mimiahuapan allaient faire un tabac. La corrida, cependant débuta par un drame. Atteint de plain fouet par un novillo de sa propre ganaderia, le rejoneador Fermin Bohorquez, le père, tombait lourdement au sol et y restait inanimé, tandis que son cheval recevait deux grosses cornadas dans le ventre.
    
Hier, 19 mais 2001, trente années plus tard, il pleuvait sur Madrid. La corrida du Rejoneo avait rempli la plaza jusqu’au toit. Hier, 19 mai 2001, Pablo Hermoso de Mendoza, étoile du cartel, a subi un de ces coups du destin qui parsèment nos vies. Après un passage à faux sans grande conviction, le rencontre suivante s’est soldée par un gros choc, le cavalier étant désarçonné, tandis que « Labrit », un de ses chevaux vedette, galopait éperdu. Le toro chargea le cavalier au sol et lui piétina le bras. Emotion et sale impression, le torero étant relevé avec un bras gauche, pendant, dépourvu de toute sensation.
    
A l’infirmerie, on diagnostiqua une fracture du péroné jambe droite et une grosse contusion au bras gauche, le sabot du toro en ayant écrasé le nerf radial. Plâtré, Pablo Hermoso de Mendoza est aussitôt parti vers ses terres de Navarre, où il attendra environ un mois son retour aux ruedos. De son côté, le cheval « Labrit », n’a souffert d’aucune lésion importante, mais, rentré à l’écurie, il put raconter l’accident à ses copains, notamment à « Cagancho » : « Madre mia, vaya susto ! »

     19 Mai – Madrid (Las Ventas) – 8ème de San Isidro – Rejoneo -  No hay billetes – Temps « de parapluies » : La corrida de Rejoneo s’est elle arrêtée au troisième toro ? Non, mais, ce ne fut plus la même chose. Certes, Moura a été énorme, et aurait ouvert la grande porte s’il avait mieux conclu. Certes, Leonardo Hernandez, qui bouscule beaucoup ses chevaux s’est montré brillant et valeureux, mais... il manquait l’étincelle, la chispa, « l’imprévisible prévu ». Il manquait « le sourire et les oeillades de Cagancho »... Son maître, tombé au sol, piétiné, s’en est allé vers le service des urgences, et Cagancho resta à l’écurie. Il en fut peut-être aussi frustré que le public.
    
La corrida de Flores Tassara a donné une réplique moyenne au duo des cavaliers. Premier et sixième furent de grands opposants - Moura, malgré les ans et quelques grammes de trop, reste un immense cavalier rejoneador, précis, technique, mais aussi brillant que jadis, vers 1977/78. Il est à la fois classique et inspiré, mais, comme depuis des années, reste « matador inconstant ». Hier, il perdit des trophées gagnés dans des lidias de haut vol, pleines d’expérience et de brillo. Au bilan : Une oreille, silence et ovation - Leonardo Hernandez et à la fois plus classique et plus frustre. Torero de garra, il mène ses chevaux au combat, en talonnant lourdement. Les lidias sont intenses et les rencontres spectaculaires. Lui aussi perdit quelque point de plus à la mort. Résultat : Ovation, silence et une oreille - A noter que les deux cavaliers mirent un moment à se remettre de l’accident de leur compagnon : Mendoza est tombé au troisième,  la lidia des trois et quatrième toros s’est soldée dans le silence.   

     San Isidro 2001 : Jusqu’à présent, six corridas, une novillada, une de Rejoneo. Une oreille coupée ches les matadores, et deux chez les cavaliers. Le grand vainqueur de cette première semaine est un novillero de Salsmanca : Javier Valverde.

     Ce 20 mai : 9ème de Feria (7ème corrida) – Le toros portent un nom de légende : Carriquiri. Auront ils les pattes de leurs ancêtres ? Leurs seront opposés José Luis Bote – Luis Miguel Encabo et Rafael de Julia. Si ce dernier peut paraître « un peu tendre », si le premier peut paraître « un peu juste », on attend, par contre la prestation d’Encabo, athlétique et complet, face à une corrida qu’on prédit, compliquée.

 

LA « REVANCHE » DE JOSE TOMAS

     20 Mai : Division des opinions : « Je vous l’avais bien dit, moi qui suis le meilleur... »  Impressionnante polémique au sujet de José Tomas, au fil des pages, qu’elle soient « de papier », ou « de web »...  La certitude, ici, n’existe pas. Seule, une impression demeure. Certes la théorie, certes la technique, certes l’histoire... Restent l’homme et ses doutes, le toro et son mystère ! Une histoire chaque fois nouvelle, différente, comme chaque vague de la mer...
    
Tandis que l’aficion et la presse se bousculent et discutent passionnément, au sujet de sa prestation de Madrid, Jose Tomas, en silence, a pris « son coche » et s’est dirigé vers Jerez où, hier, il a repris « le Train du triomphe »... Deux oreilles qui auraient pu « être quatre », et le pavillon haut. Donc, la polémique continue et, plus que jamais, on attendra les Adolfo Martin de Madrid. Par ailleurs, et plus que jamais, après sa déconvenue madrilène, il est probable que Jose Tomas va totalement rayer un mot de son vocabulaire : Télévision .

     19 Mai – Jerez de la Frontera – 5ème de Feria  - No hay billetes : Jose Tomas monte une grande faena à son premier, mais perd les oreilles en pinchant. Avis et ovation. Sa faena au cinquième  sera brillante également, toute de lenteur et de majesté, comme l’estocade entière qui libèrent tous les mouchoirs : deux oreilles et sortie a hombros - La corrida de Nuñez del Cuvillo, de présentation moyenne a donné grand jeu, en ce qui concerne les 1,2 et 5ème toros. Finito de Cordoba a, encore une fois toréé avec finesse, pero no mato. Grande ovation au premier – Morante de la Puebla, encore une fois, touche le mauvais lot. On le verra très bien au capote, mais irréguleir à la muleta, mêlant le brillant au « soudain décousu ». Le sixième l’a pris vilainement, à la muleta, et le trorero s’est relevé, endolori. Ce n’est pas fait pour ramener la confiance. Sifflé à l’un, ovationné à l’autre, Morante attend, et reconstruit. Il attend... un toro. Un toro « lui quitta le sitio », un autre le lui rendra.... Il arrive, il n’est pas loin.

 

BILBAO : PAS DE CARDIAQUES POUR LA FERIA 2001

     Les grandes lignes de la Feria de Bilbao 2001 sont établies. Une certitude : absence de Jose Tomas et Joselito. Le premier manquera, le second, moins... La télévision en est la cause, disent ils ! Dommage. Reste un poste à définir, pour le 24 août. Mais, d’ores et déjà, de grands moments en perspective et des émotions garanties, en particulier les 19, 22, 25 et 26 août : Cebada ; Victorino ; Miura et « Dolores ».
    
Mais, voyez plutôt : Les cartels de la « Aste Nagusia 2001 » sont les suivants :

Samedi 18 Août : Rejoneo – Toros de Benitez Cubero – Leonardo Hernandez – Fermin Bohorquez et Pablo Hermoso de Mendoza
Dimanche 19 Août : Toros de Cebada Gago pour Davila Miura, Juan Bautista et Jesus Millan
Lundi 20 Août : Toros de Zalduendo pour Espartaco, Jesulin de Ubrique et Finito de Cordoba
Mardi 21 Août : Toros d’El Pilar pour Victor Puerto, Rivera Ordoñez et Morante de la Puebla
Mercredi 22 Août : Toros de Victorino Martin pour El Califa, Miguel Abellan et El Juli
Jeudi 23 Août : Toros de Torrealta  pour Enrique Ponce,  El Juli et Javier Castaño
Vendredi 24 Août : Toros d’Atanasio Fernandez pour Enrique Ponce, Manolo Caballero et le triomphateur de juin
Samedi 25 Août : Toros de Eduardo Miura pour Juan Jose Padilla, unico espada
Dimanche 26 Août : Toros de Dolores Aguirre pour Manolo Caballero, Pepin Liria et Victor Puerto

 

FLOIRAC : PONCE FAIT, QUAND MEME, LA DIFFERENCE...

     21 Mai : « Ah, qu’il devait faire bon sur la plage »... C’est probablement ce que se disaient nombre des aficionados qui avaient parié sur cette journée, double, à Floirac. De leur côté, si ça se trouve, d’autres, pendant ce temps, au coin d’un château de sable, entre la moitié qui fait la gueule et les marmots qui braillent, se disaient : « Si j’avais su... je serais aller à Floirac ». C’est comme ça, on n’est jamais content.
    
La journée donc, quoique nappée de bleu ciel et de bonne chaleur, aura été grise. En partie le matin , à cause d’un public froid qui ne sut « pousser » les cavaliers, et qui ne fêta pas les mérites de deux Rejoneos, de deux styles, de deux personnalités. Grise la soirée, à cause de la soseria, du manque total de transmission des toros d’Aldeanueva, sortis bien charpentés mais dont les cornes « très abîmées » sont sujettes à caution.
    
Toujours le même problème à Floirac : Il n’y a pas de corrales. Les toros arrivent de la finca, aux corrales de Mont de Marsan. Ils y passent quelque jours et on les tire au sort, la veille de la course. Re-embarquement dans le camion, pour Floirac, où ils attendent, dans leurs cages ambulantes, l’heure de la sortie, directement en piste. Au milieu des cris et des clarinazos, les toros, bloqués dans leurs cercueil de ferraille, attendent et s’énervent. On les comprend. Alors ils tapent comme des fous, dans la semi obscurité. C’est  le chahut que l’on a entendu, le matin, pendant la corrida de rejoneo. Ils tapent, bombardent, et bien entendu, les cornes dégustent, se fendent, explosent. Maintenant...on dit que des cornes qui ont gardé intact leur diamant... n’explosent pas ! Mais ça, c’est une autre histoire.
    
Floirac devra prendre une décision. Elle ne peut, au nom des efforts qu’elle a fait pour ramener la tauromachie à Bordeaux, prétendre afficher des prix « de plaza de categoria » et continuer des pratiques de « portatil ».  Ou elle monte des spectacles mineurs, et les toros ou novillos « descendent du camion », et alors, le coût de places est en proportion ; ou elle continue sa marche en avant, mais il lui faut des vrais corrales, des vrais chiqueros. Sinon, il va un jour , y avoir un gros problème.
    
Malgré ce, l’aficionado aura apprécié, une fois de plus, l’intelligence, la technique et l’aficion d’Enrique Ponce, magnifique tout au long de la soirée, professionnel et plein de pundonor. Sa faena au troisième, qui avait failli l’emporter, à la cape, et ses estocades, entrant lentement et tout en haut, méritent une jolie pages de souvenirs et de bravos. Pour le reste, Juan Bautista ne put rien transmettre, jusqu’aux dernières minutes de sa prestation, où l’on vit de bonnes choses, en particulier sur la main gauche. Mais, pour transmettre au public, il faut une matière première, le toro, et il faut, soit même « vendre » son toreo. Et là, Jalabert a un petit problème.

     20 Mai – Floirac : Rejoneo, le matin – Bonne entrée et « grand beau » : Cinq novillos du Laget, excellents de comportement, sauf le dernier plus fade et quedado. Présentation inégale, allant du premier, réduit, aux deux derniers, des costauds. Le public était venu pour Andy Cartagena. Il est vrai qu’aujourd’hui, si vous n’avez pas un cheval qui fait le poirier entre deux virevoltes sous le nez du toro, cela ne passe pas. Andy, sans arriver à ces extrêmes, sait jouer de la toupie, « vend »bien sa marchandise. 

Comme il est plaisant et vibrant, cela marche à tous les coups. Oreille, chaque fois, avec un sommet, à son premier, une banderille « al violin », suivie de trois virevoltes consécutives – Plus sobre, plus classique, Fermin Bohorquez a été énorme face à son premier. Il eut des passages « de lado », templant la charge du bicho, comme toréant avec le « cheval-muleta », de toute beauté . Le jerezano méritait mieux qu’une simple ovation, ce qui aurait lancé la compétition. Là, il semble que les deux collègues ont fait leur devoir, mais sont restés, un peu « en dedans » - Vuelta et Palmas, au bilan Bohorquez – La lidia du dernier, en duo, fut de pure « bonne compagnie », d’autant que le toro ne donna guère le bon ton. Andi Cartagena sortit a hombros, sans grand fracas.     

     20 Mai – Floirac :  Mano a mano Ponce – Bautista, le soir – ¾ de plaza et grand beau temps : Cette corrida était dite « de l’Oreille d’or ». Elle était annoncée de même « mano a mano ». De la première, « on n’entendit rien » ; quant au second, qui dit « mano a mano » dit duel, compétition . No hubo ! Chaque matador se cantonna à faire « ses » choses, avec ses toros, la soseria et la faiblesse des Aldeanueva réduisant le tout en de longs monologues sans grandes velléités de « planter le copain », de lui mettre un bain, un repaso, même en toute amitié.

     Six toros d’Aldeanueva, bien charpentés, mais dont les cornes soulevèrent de justes manifestations. Sorties de bolides, qui tapent encore très fort dans les burladeros, puis, qui se calment, se dégonflent après quelque coup de fer sans grande gloire et finissent en gros ballots dans des muletas qui essaient d’en tire quelque étincelle. Le cinquième n’y arriva pas, qui sortit avec un curieux déhanchement, plus apprécié au bois de Boulogne que dans une plaza de toros. Quelques instants après, il fallut le rentrer et on lâcha un sobrero de « Los Bayones », petit, trapu, armé correct, mais également faible, au point de se coucher au milieu de la faena..
    
Enrique Ponce « es todo un maestro » et « un torerazo ». Il sait s’adapter, ajuster sa muleta, ne pas déranger le faible, le convaincre quand même, et termine sans un faux pli. Et pour ce qui est de terminer, Enrique Ponce, est un de ceux « qui fait » le mieux la suerte de matar, entrant lentement, en décomposant les temps, sortant limpio. Grosse estocade au premier, et bonne ovation, saluée avec classe. Il coupera l’oreille du cinquième en mettant « tout dans la balance ». Il soutiendra ce toro, parvenant à construire une faena de grand mérite technique. Trois naturelles « de seda », tout en douceur. Par contre, Enrique Ponce a été monumental « de savoir et de vouloir », face à son deuxième adversaire, un toro qui sortit « loco », et faillit bien lui arracher la tête » sur un arreon-uppercut, au quatrième capotazo. Ponce lui apprit à charger, doucement, mais fermement, d’abord à la cape, puis à la muleta, où le toro fit encore des siennes. Cependant, à la deuxième série, le bicho comprit que « c’était réglé » ! La faena monta d’un ton et surgirent alors les plus beaux moments de la tarde, deux séries droitières avec pase de pecho tourné sur l’épaule contraire ; une longue série de naturelles ; les doblones de fin et adornos mêlés, faisant grand bruit. Hélas, un pinchazo et une grande épée, précédèrent trois descabellos... Adieu l’oreille, mais l’ovation fut de gala. Muy torero, señor Ponce ! Et bravo pour le détail de laisser un quite au sobresaliente Alvaro de la Calle, qui le fit par élégantes navarras.
    
Juan Bautista a été propre mais sans étincelle, face à ses deux premiers qui n’avaient par ailleurs, aucune mèche à allumer. Quand sortit le dernier, Jalabert voulut mettre la pression. Véroniques à genoux, que le toro ne voulut prendre ; Quite compliqué, encore une fois protesté par le bicho ; Début de faena, à genoux, que ne supporta pas le cornu. Déjà, on commençait à « plier les cannes ». Juan Bautista, avec patience, avec technique, améliora peu à peu le triste qui, enfin, accepta de charger. Le français donna alors ses meilleurs muletazos, sur les deux mains, finissant « presque à gusto ».Mais la course était finie, et le public trop « engrisaillé » pour mieux réagir. Bautista s’est bien accroché et méritait là,  plus que quelques bravos.

     Floirac continue son aventure, certes. Mais, si elle veut rester dans la course, elle devra, maintenant, songer à être plus compétitive,  « plus pointue »...  Cela passe par des corrales « como Dios manda », et c’est un gros problème. 

 

MADRID : RAFAEL DE JULIA SORT A HOMBROS

      Il a pris l’alternative en cette même plaza, le 15 avril. Hier, c’était sa deuxième corrida. Carton plein : deux oreilles et « par la puerta grande ! ». Non qu’il ait été « super génial », mais parce qu ‘il a fait les choses très correctement et porté deux grandes estocades à deux bons toros. Cela paraît si simple. Novillero dont le nom a sonné, à Madrid, Arnedo, Algemesi, Rafael de Julia ne semblait pas promis à un avenir de haute catégorie. La date du 20 mai 2001 aura, peut-être, changé son destin...

     20 Mai – Madrid (Las Ventas) – 9ème de San Isidro – No hay Billetes, mais encore de la pluie : Présentation de la ganaderia de Carriquiri. Ce nom qui fleure bon les anciens « petits athlètes navarrais », est maintenant composé d’encaste Nuñez, via Alcurrucen et Manolo Gonzalez. La ganaderia prenait, hier, ses lettres de noblesse, en se présentant à Madrid. Cet honneur revint au toro « Miraespejo ». La corrida est sortie moyennement présentée, un peu faible, mais excellente pour le torero, en particulier 3 et 6ème. Le deuxième était faible, le quatrième, plus difficile. Sortit en cinq, un Astolfi, manso et violent.
     Jose Luis Bote doit songer à un autre avenir, et Madrid qui le laisse rêver, doit l’y aider. Le matador porte les séquelles de ses terribles cornadas et ses facultés physiques  très limitées, influent sur le moral, bien sûr. On peut admirer le courage, mais on peut dire aussi, entre deux sifflets, comme hier, « Matador, hay que pensarselo » - Encabo a mis toute sa volonté, a toréé dans tous les coins, banderillé, s’est accroché ferma avesc l’Astolfi. Il s’est bien battu, mais a tué deux fois « très très bas ». Du coup, le président Torrente a refusé l’oreille que demandait le public au deuxième. Grosse vuelta et bronca al usia. Ovation pour l’arrimon face au cinquième – Rafaela de Julia, vêtu de blanc et d’argent, doit bénir aujourd’hui les noms de « Cornetero » et « Campanerito », les deux toros de Carriquiri qui « vont lui changer la vie ». Les bons toros révèlent les mauvais toreros. Ceux là furent bons, et le madrilène de Torrejon sut à merveille les exploiter, toréanr long, templé, lié et tuant magnifiquement, par deux fois. Certains lui reprocheront quelque froideur et quelques cites en mettant le pico, mais l’ensemble de la presse salue sa prestation et sa toreria. Une oreille à chaque toro et sortie par la grande porte, ouvrant de nouvelles perspectives.

     Ce 21 mai : Novillada de Baltasar Iban. « Attention, la mer est mauvaise ! » Casta ! Le hommes seront : Reyes Mendoza (cardiaques s’abstenir) – Julio Pedro Saavedra, au visage marqué d’un coup reçu hier à Séville et Sergio Aguilar, « pour quelque dernière cartouche »...

 

LE 20 MAI, DANS LES RUEDOS...

     Rivera Ordoñez a coupé quatre oreilles à des Sanchez Arjona, à Ecija. Tiens !
    
Ortega Cano (et Rocio) ont présenté leurs novillos de Yerbabuena à Séville, où il pleuvait. Il y a eu six avis, les toros sortant compliqués et encastés. Bonne présentation de Ivan Garcia qui donne vuelta à son premier, perdant beaucoup avec l’épée.
    
A Barcelone, Martin Quintana fit brillante présentation : Oreille et vuelta, devant des Jaime Brujo, inégaux. Barragan fit un tour , et on applaudit Pedro Lazaro.
    
Bonne novillada, bien présentée et, curieusement, « de dulce », de « La Quinta » à Zaragoza. Moins d’un quart de plaza (maldita sea !), pour voir Gallego, Sergio Aguilar et Serafin Marin. Seul, ce dernier reçut ovation à son premier.
    
Bonne novillada de Peralta à Malaga...devant du ciment vide. Cesar Giron fut bien.
    
Le bon succès de la journée, Salvador Vega, vainqueur moral de San Sebastian, qui coupe tous les trophées à un novillo de Mari Carmen Camacho, en plaza de Los Barrios, près de Cadix.

 

LES « MULES » DE JOSE TOMAS....

     22 Mai : ... Non, pardon....  Les « émules » de Jose Tomas !  Comme ça, d’accord !

     De la même façon que bien des toreros essayèrent en vain d’imiter le Cordobes ou Paco Ojeda, plusieurs « jeunes promesses » ont pris pour modèle le matador de Galapagar, et essaient de plus ou moins singer son toro, sans pourtant en avoir la personnalité, le cachet. Alors, venga gaoneras au quite, statuaires, passes pieds joints, « sortant » la muleta pour tirer une moitié de demie passe. Technique et courage ne peuvent leur être discutés, mais personnalité, identité propre, « différence », semblent être restées au clou. Alors, quand sortent des novillos qui réclament  « le carnet d’identité », non par traîtrise, mais en venant fort, de face, tous sens aux aguets, les jeunes émules de Jose Tomas restent pieds joints, peut-être, mais leurs espoirs de conquête s’envolent, avec nos illusions.

     Hier, 21 Mai, on se souvenait : Il y a dix ans, un « petit grand homme » venu de Colombie, faisait exploser Las Ventas. Cesar Rincon écrivait sur le sable de Madrid la première strophe de sa Chanson de Geste. Le toro de Baltasar Iban, s’appelait « Santanerito ». Avant qu’il ne sorte, Cesar Rincon était « un bon torerito de alli... ». Vingt minutes après, Madrid ne parlait plus que de lui. Pourtant, on le sait, l’histoire ne s’arrête pas là : Contre toute logique, il accepta un remplacement pour le lendemain, risquant ainsi « de rendre » le triomphe. A nouveau, il coupa deux oreilles du toro « Alentejo » de Murteira Grave. Julio Cesar Rincon Ramirez, de Santafe de Bogota, venait d’entrer dans l’histoire. Il est aujourd’hui « légende vivante ».

     Les trois novilleros d’hier entreront ils dans quelque glorieuse éphéméride ? On le leur souhaite.... mais, pour cela, il leur faudra montrer d’autres dispositions, d’autres ambitions que celle de n’être « que » la copie non conforme de celui qui, aujourd’hui, monopolise les attentions.

     20 Mai – Madrid (Las Ventas) – 10ème de San Isidro – 2ème novillada – ¾ de plaza et beau temps pour les grenouilles. La novillada de Baltasar Iban est sortie « comme prévu », inégalement présentée, mais « pegando mordiscos ». Curieusement, les trois meilleurs se donnèrent le mot, pour sortir en premiers lieux. On retiendra la caste générale et la bravoure telle que décrite dans toutes les encyclopédies, du deuxième, qui mit la tête dans le peto, enclencha la première d’un coup de rein et poussa, poussa, jusqu’au batacazo final, presque au centre de l’arène. Non content de cela, il fit dangereusement tanguer l’attelage à la deuxième rencontre. Vaya un bravo de verdad ! Les trois derniers sortirent plus complexes, tournant au manso, pour ce qui est du dernier, mais cependant  « jouable », à la muleta. Novillada très encastée, demandant autorité, courage et idées claires. Des toros « de grande personnalité », qui exigeaient « des chevaliers », et non « des petits soldats » du bataillon de Galapagar.

     Reyes Mendoza ne bouge pas d’un cil. On le vit dans le quite par gaoneras et sur certain bon passage de son premier trasteo. Malheureusement, cette froide imitation va jusqu’à reproduire les passes accrochées qui font la gloire du « Grand Capitaine ». « Valiente, si que es ! » Mais six pinchazos, et en entrant comme ça ?. Avis et ovation , la seule de l’après midi. Le quatrième sera d’un autre tonneau, plus acidulé. Reyes Mendoza rejouera la partition, mais la terminera plus vite, dans la division – Julio Pedro Saavedra se présentait. On le vit sobre à l’extrême, froid, presque inexpressif. Silence partout – Pour sa part, Sergio Aguilar, une vraie « é »mule de Jose Tomas, toréa, ou « fit des passes », très vertical, mais, loin du poderio du grand patron, il ne put briller qu’en quelques courts instants : Aux banderilles et par un gros coup d’épée au troisième. Mais après... silence sur toute la ligne. Una lastima !

     Ce 22 Mai, accrochez vous : El Juli entre dans la Feria. Accompagné d’Espartaco et de Eugenio de Mora, le jeune phénomène sera confronté aux toros de Domingo Hernandez et Garcigrande, qui firent bonne figure, l’an passé. El Juli et la caste ; El Juli, « tombé dedans », quand il était enfant... A n’en pas douter, tout le monde sera là pour le voir et le critiquer, mais, ni le Tendido 7, ni les « reventadores », ne pourront enlever à ce jeune ce désir de triompher « de tout et de tous », quel qu’en soit le prix. Suerte, torero !

 

DIEU, QUE LA FOULE EST INJUSTE...

     23 Mai : De tous temps, il en a été ainsi. Mettez quelques milliers de braves gens dans une rue, un stade ou une arène, et rapidement le plus sobre s’enivre, même de paroles ; le plus pondéré lève haut le poing ; le plus brave se vautre dans la fange. Alors fusent les insultes, les menaces, les coups. Regardez leurs yeux... Chez eux ou dans leur travail, il sont respect, amitié, tendresse. Ici, les regards sont mépris, haine, aveuglement. Alors, la force que donne le nombre emporte tout, ouvrant la porte aux pires outrances... De tous temps, il en fut ainsi...
     
Mais comment s’élever contre l’injustice des hommes, l’aveuglement d’une foule, lorsque « la » Justice, elle même, est à ce point laxiste, incomprise parce qu’humainement incompréhensible ? Comment peut on permettre qu’un homme, même casqué, se fasse massacrer un soir de foot, et que son assassin reste là, souriant, tandis que les siens dansent de joie, tout simplement parce que « ça » ne vaut que cinq ans... qu’il en a déjà fait trois... et, comme il est un prisonnier parfait, qu’il sortira avant Noël, peut-être. Combien y aura t’il de Noëls, pour le gendarme « assassiné vivant » ? Quels seront ils, ces Noëls, pour sa femme, ses enfants ? On y priera sûrement plus, et l’on y boira probablement moins que dans une autre famille, là bas, de l’autre côté du Rhin... A Aix en Provence, un quinzaine de « loups » viennent de violer, torturer, violer encore. Alors, on les mettra en examen, il seront « présumés coupables », il seront jugés après qu’on ait longuement cherché les circonstances atténuantes... et ils seront condamnés. Dans le boxe, les coupables soupireront, et les victimes se tasseront, un peu plus, sur leur banc. Ils seront condamnés... mais, prisonniers modèles, ils sortiront vite ; on admirera « leur force de caractère » et peut être l’un d’entre eux décrochera t’il une prix littéraire pour son roman autobiographique... Elle était « simple femme », elle avait trente cinq ans. « L’homme est un loup pour l’homme »... Aujourd’hui, la loi autorise cela...
    
Que voulez vous, de « simples hommes » ont du mal à comprendre, à accepter. Mais comment voulez vous, après, que ne s’exacerbent pas les haines, les outrances, les indifférences coupables ? Comment ne pas « entendre » l’auto défense et les discours qui l’attisent ? Comment, dans une époque constellée d’inculture, d’illettrisme, ne pas s’étonner de la démagogique « tolérance », du laxisme qui a pour nom « solidarité »?
    
Aujourd’hui, la Justice « fabrique » l’injustice, et la foule le sait ... Alors, elle invective, elle insulte, elle menace... On est plus forts à deux, pour défier l’ordre, la bonne éducation... Alors, une quinzaine, une centaine... Alors, des milliers !

     Il sont injustes, dans la rue, dans un stade... Ils peuvent l’être encore plus, dans une arène. Le combat, la peur, le sang y sont peut-être l’ingrédient qui va « lier » cette sauce à la grimace. 
    
Hier, Madrid a encore signé quelques lignes de mépris et de mauvaise foi, de coupable indifférence et de totale injustice, devant un jeune homme, certes vêtu d’or, mais pourtant bien fragile devant le toro. Hier, les « reventadores » ont presque réussi leur coup ! Il fallait « bloquer » le Juli, nier en vrac, toutes ses qualités, ses audaces, son incroyable lucidité. Ils ont voulu dresser la plaza contre un gosse de dix huit ans, parce qu’il est tout ce qu’ils ne seront jamais...  Une partie de la foule a suivi et, malgré une impeccable sortie, le Juli n’a pas triomphé. Mais, lui au moins, a pu rentrer chez lui, la conscience tranquille...

     22 mai – Madrid (Las Ventas) – 11 ème de San Isidro – (9ème corrida) - Llenazo, par beau temps : Corrida qui laisse un goût amer : Une blessure, heureusement plus spectaculaire que grave ; Un président qui « s’emmêle les mouchoirs » ; Un matador qui s ‘accroche désespérément à ses adieux ; Une foule qui refuse au Juli ce qu’elle ovationne sans distinction à Tomas... Une corrida où la passion devint tout à coup malsaine, et là... on ne suit plus.
    
A une contre barrera, l’Infante ! Au palco, un autre Infante... Le président, Muñoz Infante, qui restera dans l’histoire de cette feria 2001, pour s’être fait un magistral « sac de noeuds » avec ses mouchoirs blancs...
    
Quatre toros de Domingo Hernandez et deux de Garcigrande (sortis 2 et 4ème). Même patron... mais « pas même patron » ! Lisez : Même propriétaire, mais encastes différents. Les Hernandez, à part le 3ème, sont sortis ardus. Plus braves, les Garcigrande, avec un toro noble et suave, bien mis à profit par De Mora. La corrida est sortie très bien armée.  

     Eugenio de Mora a remarquablement toréé le deuxième toro « Fermentado », 515kgs. Bien à la cape dans des véroniques « a gusto », jouant bien des bras, terminant en codilléant artistiquement, le toledano confirma son grand moment, dans une faena de grande plastique, débutée en artiste, poursuivie par séries très templées sur les deux mains, profondes, relâchées, closes de grands pases de pechos, tournés vers l’intérieur. Le public mit du temps à réagir, et l’oreille pointait à l’horizon d’une des plus belles faenas de cette San Isidro.

      Se cadrant, droit devant un toro propice à une grande estocade, Eugenio de Mora entra fort pour une énorme entière, mais le toro le prit de plein fouet, le corps du matador montant haut, tournant autour du piton au niveau de la cuisse droite, et tombant lourdement au sol, où la corne va le chercher à nouveau. Moment d’intense émotion, avec un geste magnifique du Juli qui est « le premier arrivé » : le toro est sur le point de tomber. Dans les bras de ses collègues, Eugenio de Mora, malgré sa douleur, lui jette des regards inquiets, voulant savoir s’il avait ou non triomphé. Casta ! Toreria ! Le Juli, un de ceux qui le portaient vers l’infirmerie, freina le cortège, afin que son compagnon puisse constater sa victoire, et s’abandonner, tranquille, aux chirurgiens. Compañerismo ! Toreria !
    
Le toro s’écroula et survient l’incident bête : Le public demande l’oreille et le président l’accorde, vite, mais retire son mouchoir. La grande majorité, qui n’a pas vu le geste, continue à réclamer le trophée, à grands cris. Ils réclament « une » oreille, fortement méritée. Rien ne se passe. La pétition enfle ; le président rougit et craque : Il sort à nouveau le mouchoir... qui signe l’octroi de la seconde oreille. Le public se rassoit, heureux qu’on l’ait entendu, mais sursaute quand il voit le peon saluer, les deux oreilles en mains... Forte division, pour ne pas dire plus. Le jour où on laissera les mouchoirs au palco, bien en évidence, on s’évitera quelque « comecocos » !
    
La cornada de Eugenio de Mora, heureusement, n’est pas trop grave : 15 cms d’extension à l’intérieur du haut de la cuisse droite, et des dégâts aux muscles adducteurs.
    
Espartaco se chargea donc de trois toros. Le bilan de « silence, ovation et silence », traduit à la fois le mérite du torero d’Espartinas, en une époque où il s’en va, mais aussi son impotence devant le toro. Prenant d’élégantes précautions, parfois striées de soubresauts et de regards anxieux, Espartaco eut l’immense mérite « d’être là », tout d’abord, et de faire face. Chapeau pour son coup de superbe et de pundonor, face au manso quatrième. Cela méritait une ovation bien plus forte... mais « se acabo ! » Espartaco est passé, a dit Adieu à Madrid, terre où il coupa quelque trophée, mais ne planta jamais « vraiment » son pavillon.
    
El Juli a été énorme au capote, que ce soit en réception ou en quites. Superbes les véroniques au troisième. Que dire de la portagayola et des deux autres largas à genoux, « au ras des sourcils », face au sixième... Et des chicuelinas, et des gaoneras qui passèrent ici, dans l’indifférence. Comme si on n’applaudissait « que » la gaonera de Jose Tomas. Vaya ! Madrid lui « contesta tout », se montrant particulièrement injuste avec le muletero. El Juli a toréé juste, lié, vibrant, mais... il fallait qu’il tombe. Et quand il est « vraiment tombé », accroché par son second, Madrid a sursauté, à peine. Le garçon est revenu, muleta à gauche, avec un coeur « énorme », mais Madrid s’est rendormie dans sa lâcheté. Du coup, Julian Lopez s’est précipité et a vaillamment pinché. Petite division et ovation, respectivement... Otro dia sera, torero ! Une question reste posée : Qu’aurait on accordé à Jose Tomas, s’il avait dessiné la faena de Eugenio de Mora, ou celle du Juli, au troisième ? Une, deux, six oreilles ? Oui, décidément, la foule est injuste.

     23 Mai : Attention ! Corrida évènement, ce jour : Joselito prend le Pablo Romero... Un geste, une bravade, ou une « précaution » ? Le nom des Pablo Romero « impose », comme leur trapio. Donc, « todo un gesto » ! Mais ils ne sortent guère bien ! Donc, une petite excuse d’avance, pour un Joselito qui n’est guère mieux, en ce moment. A suivre !
    
Toros du Partido de Resina pour Luis Francisco Espla, Joselito et El Cid, qui pourrait bien donner « le là », pour peu qu’un toro sorte avec talent.

 

UN CALIFE EST TOMBE ... A CORDOBA

     23 Mai : Jose Pacheco « El Califa », a reçu hier une très grave blessure, lors de la première corrida de la Feria de Cordoue. Cornada qui arriva au plus mauvais moment, le diestro ayant du mal à se remettre de son absence aux affiches de Madrid. Depuis la sortie des cartels, il essayait de remonter la pente, mais quelque chose était cassé... une espèce de blessure intérieure, un regard moins brillant, un bras moins solide... Et hier, alors qu’il reprenait espoir, la corne l’a emporté très loin vers la souffrance et le désespoir. Bien triste !

     22 Mai – Cordoba  - 1ère corrida de la Feria – ¼ de plaza ( !) : Corrida difficile de Carmen Borrero. Seuls 4 et 5 ème permirent quelque relâchement. Alors qu’il attaquait fort bien sa deuxième série de derechazos, le Califa se fit serrer par le premier de la soirée « Argelinoso » - 619 Kgs, cornicorto, manso et réservé. La corne se ficha dans la cuisse droite, et leva le torero pour une longue trajectoire de douleur. Cornada très grave, on le vit tout de suite, le costume blanc se teintant immédiatement de sang.
    
Le reste de la corrida se déroula dans la fièvre, Jose Luis Moreno tirant la meilleure faena au cinquième, mais perdant quelque trophée de plus avec l’épée. Bilan : Silence, silence avec avis, et une oreille -  De son côté, « El Fandi » mit la pression, coupant une oreille au quatrième, étant applaudi aux deux autres.
    
Jose Pacheco El Califa », souffre d’une cornada de pronostic « muy grave », à la face intérieure de la cuisse droite, avec deux trajectoires : une ascendante de 18 cms, qui arrive jusqu’à l’aine ; et une, descendante, de 14 cms, vers l’arrière du genoux. Gros dégâts musculaires, schok intense. A première vue, heureusement, aucun gros vaisseau n’est atteint.
    
Hier, « un Calife est tombé, à Cordoue ». Le destin ne pouvait plus mal faire les choses....  

 

« LE BON, LA BRUTE, ET LE TRUAND... »

    24 Mai : « Pourtant fini, le festival de Cannes ! Alors, que vient il nous bassiner avec une allusion au fameux western spaghetti ? » Tout simplement parce qu’on va s’amuser un peu...
     La corrida d’hier, en plaza de Madrid, fut une telle déception, pourtant prévisible, que les chroniques sont d’une tristesse au moins égale à tout ce que l’on a vu dans le ruedo de Las Ventas. Entre les toros, les toreros, le public et le président, une épithète peu flatteuse nous qualifie bien, nous, les aficionados : « Tous masos ! ». Alors... essayons d’en rire un peu, sans malice ni méchanceté aucune et, malgré tout, en gardant tout le respect du à des hommes qui se mettent devant des toros.

      « Le bon, la brute et le truand »... Si l’on parle des toros, ils se partagent, hier, équitablement le titre. Nobles et  bons, ils furent d’une désolante faiblesse, pour trois d’entre eux. Le truand serait peut-être le premier, qui joua sur deux registres :  Avec un soupir et un regard en dessous, comme  pour se faire plaindre, il semblait dire : « Ne me fais pas mal, je suis faible, sans défense », mais, en même temps, plaçait trois coups bas du plus bel effet. Sergio Leone, lui même, n’aurait pas mieux fait. La brute serait le sixième qui se mit à tirer sur tout ce qui bouge, avec toute la panoplie, du revolver de poche au bazooka. Mais, au moins, c’était clair !
« Le bon, la brute et le truand »... Et si l’on parlait des hommes ! Le bon, sans nulle doute, serait « El Cid ». Modeste, discret, le regard un peu absent, il était le modeste invité de la dernière heure. Il fit les choses proprement, en fonction de ce qu’il avait en face. Puis il re partit d’où il était venu. Peut être aurait il « se la jouer » à pile ou face devant la brute sixième, style « le quitte ou double » de Ponce en 96, face au Valdefresno. Oui mais voilà, tout le monde n’est pas Ponce, et de toutes façons, s’il y avait beaucoup de monde dans la plaza, y compris le jeune papa Julio Iglesias, manquaient à l’appel les animateurs « du quitte ou double » : Zappy Max et Jean Pierre Foucault... Pas de question, donc, pas de réponse et le Cid « quitta »...
     Vous allez vous dire « Il est fou ! (C’est votre dernier mot ?) mais comment il va s’en sortir pour la brute, et pour le truand ? » Ca, c’est vache ! mais comme « je m’y suis mis tout seul », pues... il faut y aller. La brute, ce serait plutôt Espla, qui fêtait ses 25 ans de carrière. En fait, l’alicantino, sous des dehors de fioritures « tout en finesse », d’agréables sauts chassés, dans ses costumes d’opérette, tout droit sortis des pages de « la Lidia », a su faire passer, pendant 25 ans, un toreo limité, souvent vulgaire, et pas mal remuant. La meilleure preuve est que, ce brillant lidiador, adulé des foules, sacralisé par Madrid, est un bien piètre matador, et cela, depuis 25 ans. Or, le but final de toute lidia n’est il pas de préparer le toro à l’estocade ?  Mais, Luis Francisco Espla est un malin, que l’on doit admirer. Il a su s’adapter, aux toros et aux hommes. Du coup, il a une place « à part » dans l’escalafon, arrive, fait ses trois petits tours, et s’en va. En fait, il est, à lui tout seul, le titre entier : « le bon, la brute et le truand... ». Hier, il sortit saluer une ovation qui n’était pas pour lui, en fin de paseo. Un poco bruto, no !
     Reste le Truand ! Il a pour nom Joselito. Stop ! Dans le film, « ils sont tous sympas », même le pire ! Donc, pas de procès. Soyons clairs : Joselito sait bien qu’il n’est pas au mieux de sa forme, qu’il est descendu du petit nuage où il voguait, de 93 à 97. Joselito sait bien que « quelque chose s’est cassé », le 26 septembre 98, et qu’il a du mal à rassembler les morceaux. Alors, s’il s’affiche avec des corridas donnant quelques garanties, il peut, dans les circonstances actuelles, « peguer un petardo de ordago ! ». Mais il s’annonce à deux corridas dures et, d’entrée, recueille tous les avis favorables et les témoignages d’admiration. Pas fou ! Il sait très bien qu’il peut se sortir de toute situation, même devant des brutes ; il sait qu’avec ces toros, on lui pardonnera de ne pas rester quieto... Mais il sait aussi que si le sort lui réserve « un bon », il est capable de lui donner vingt muletazos qui lui sauvent la saison. C’est « bien joué », un poil truand, et c’est pour cela que Joselito a pris les Pablo Romero. Un mauvais moment à passer, mais il en a vu d’autres. Et s’il y en avait eu des « plus grands, plus lourds, plus armés », nul doute qu’ils les aurait choisis. Truand, certes, mais avec un double mérite : C’est « d’y avoir été », et d’y avoir été « presque bien ».
     Voilà ! c’était un petit jeu, véritable traquenard dans lequel je me suis enfermé, mais qui traduit quand même un peu l’impression donnée, tout d’abord, à l’annonce de la feria, puis, après cette corrida des Pablo Romero dont l’unique ovation salua... le but du Valencia, à San Siro, dans sa finale contre le Bayern. Là aussi... un espoir déçu !

     23 Mai – Madrid (Las Ventas) – 10ème corrida de San Isidro. Llenazo total ! – Pas de vent :  Les Partido de Resina sont sortis magnifiques. Des estampes, des posters, des icônes ! Presque tous cardenos, la tête  hautaine, couronnée de royales encornures, le regard vif, à la fois doux et terrible. Ah, les beaux toros ! Mais quel dommage : une catastrophe en six épisodes... Nobles mais faibles, faibles, faibles ! comme les premiers. Ou alors mansos violents et durs de pattes, comme le sixième. Un fracaso ganadero, signant une après midi de torpeur, de soupirs et de regrets.
     Espla a été « Espla ». A son actif, un quite par navarras et serpentina au quatrième. A son passif, tout le reste, y compris les banderilles à piton « pero que muy pasado ». A la muleta, comme d’habitude, à l’épée, itou. Quelques excuses avec les défauts des toros, qu’il ne tenta pas de corriger. Par contre, excellent au micro... comme d’habitude.
     El Cid est tombé dans un traquenard. Le public était venu « pour les deux autres », et le lui a fait comprendre en désertant la plaza à la mort du cinquième. Bravo l’Aficion madrilène. Belle éducation, joli respect du torero, belle aficion, qu’un petit but sur pénalty, détourne de son devoir. Ce même public se fâcha tout rouge parce que le président Lamarca refusa de changer l’invalide troisième. Du coup, l’aficion refusa de voir les bons muletazos du Cid, et, pour arranger le tout, le matador se mit à pincher six fois, le temps que sonnent deux avis. On notera son geste de brinder ce toro à Gomez Escorial, le matador blessé, initialement prévu au cartel, à qui il devait « l’honneur » d’être là. Bonito gesto, bien mal récompensé. Face au sixième qui tourna à très violent, et dangereux, le Cid a essayé, et presque réussi. Un effort, terrible, de plus, aurait peut être pu « convaincre » la brute, et ouvrir les portes de quelque cortijo... mais...
     Reste Joselito. Il a été bien, bien... sauf à l’épée. On n’attendait pas de miracles, dans les circonstances actuelles. Mais Joselito est venu, décidé, clair dans ses idées, presque souriant. Bien à son premier, sorti abanto, qu’il alla chercher au centre de la plaza, lui donnant véroniques et demie insoupçonnées. Jolie mise en suerte... mais, chute du toro. Grand début par statuaires et joli remate, au centre. Une première série, sereine, puis le toro « proteste », se bloque, et réduit à zéro les efforts du Joselito, malgré quelque naturelle et un trincherazo, de passage. Le toro reste bloqué, tête en haut, n’aidant en rien la matador qui pinchera quatre fois, écoutant un avis, parmi les bravos. Face au cinquième, magnifique, qui sortit seul du castigo, la tête en l’air et « gazapéant », Joselito faillit bien réussir. Début, assis à l’estribo, ce qui n’arrangea pas les forces du bicho, et un bon moment sur une série de naturelles. Malheureusement, tout s’éteignit vite, tant les forces du toro, que les velléités du torero. Longue porfia et, après pinchazo, un bajonazo  de « los de categoria ». Avis et palmas.
     Ainsi se termine la longue reseña d’une corrida dont il y avait si peu à dire !
     
     Ce 24 Mai, jour de l’Ascension,  Curro Vazquez peut nous « monter au ciel », le temps de trois capotazos ; Morante doit encore faire l’effort ; et Vicente Barrera, plus vertical que jamais, essaiera de reconquérir le terrain perdu.  Pour tout cela, espérons que les Javier Perez Tabernero auront la qualité « de ceux de l’an passé ».

 

LES BLESSES VONT MIEUX

     24 Mai : Jose Pacheco « El Califa » dont on a pu voir la terrible cornada à « Tendido Cero », en plaza de Cordoba, avant hier, a passé une première nuit de douleur, on s’en doute. Cependant, le moral est au beau fixe et les médecins sont optimistes. Pas de fièvre, et la blessure « a bon aspect ». Quatre jours encore, en soins intensifs, et 25 jours ou plus... Le torero, lui, veut  réapparaître le 10 juin, à Granada. Pas à dire.. « ils » viennent d’une autre planète. Malgré tous les souhaits de voir son désir réalisé, on peut considérer cette date de rentrée comme hautement improbable. Pero, son toreros...
     La blessure de Eugenio de Mora était spectaculaire mais bien moins grave. Première nuit  calme et grande sérénité du torero qui sera à Madrid pour son deuxième contrat, le 8 Juin. Muy torero, Eugenio de Mora qui, peu à peu, gravit les marches de cet interminable escalier vers la gloire torera.

 

NIMES S’INSTALLE...ET « CA GRINCE UN PEU »...

     24 Mai : Gros événement, ce jour de l’ascension 2001, qui marque le retour « chez lui » de Casas Simon. Mano a mano Jesulin de Ubrique/ El Juli, face à des Torrealta. Un des ces cartels dont Simon a le secret, dans la ligne de ceux qu’il a monté, jadis, « cuando Paco Ojeda... », quand il révéla « la génération 90 » dont le Jesulin fut un des fleurons.
     Nîmes a changé ses responsables et bien entendu, ils entendent, bien que n’entendant que peu aux toros, garder la main mise sur la Tauromachie...« Casas, ou pas ».
     Du coup, il y a grosse bagarre pour les accréditations « Presse et Photos », ces braves gens ne se rendant pas compte que les revues internet vont immédiatement, dans le monde entier, et que leurs échos par le texte et l’image, sont susceptibles d’amener du monde sur leurs gradins. A ce sujet, on saluera bien amicalement ces deux chefs d’entreprise, aficionados tous deux, qui nous contactent régulièrement, l’un du Venezuela, l’autre de Côte d’Ivoire...
     Les organisateurs, certes, sont « maîtres chez eux », mais ils ne peuvent ainsi, régulièrement, mépriser ceux et celles qui, par leur travail, rémunéré ou pas, sont les meilleurs « avocats » de leurs efforts. Par ailleurs, un revue taurine sur internet, qu’ils le veuillent ou non, va plus loin, plus vite et avec plus de place, que trois lignes et une photo floue dans « la République de Piquebuse ».
     En conséquence, « Toros 2000 » se solidarise totalement de tous ceux qui ont du mal à pouvoir faire leur travail, à Nîmes ou ailleurs, à condition, bien entendu, que cela soit négocié en toute bonne éducation, et que le travail soit réel.

 

MORANTE DE LA PUEBLA,  PAR « LA GRANDE PORTE » DU COEUR...

     25 Mai : Il fallait que ce jour vienne... Et quel meilleur jour que celui de l’Ascension, pour tous nous emporter vers les sommets du toreo artistique, de la grandiose expression de tant de beauté, dessinée, sculptée, face à un toro de combat. Hier, 24 mai 2001, tandis que Nîmes ressuscitait, tandis que la France « loftisait » les plus grandes idioties qui soient (et ce n’est pas fini...) ; tandis que la ETA, pour changer, « s’exprimait » de sept « bajonazos » dans le dos... un torero mettait tout le monde d’accord et sortait par la grande porte. Certes, ce ne fut pas celle de la plaza qui resta fermée, par excès de superbe et de pundonor, mais bien par « celle du coeur »...

     Il y a un an, le  29 avril, un toro « quittait le sitio » au Morante de la Puebla. Il s’appelait « Barbiano ». Hier, en plein ruedo de Madrid, deux toros le lui ont rendu. Il ne pouvait en être autrement et nous l’avons prédit, souhaité, tout au long de ces 13 mois interminables. Il fallait attendre un peu, beaucoup, passionnément !
     Tout le monde se souvient de l’horrible cornada de Séville. On a encore mal, en la revoyant. Plus que dans les chairs labourées, c’est au mental que la corne fit le plus mal. Alors, lorsqu’il revint, Morante, bien présent physiquement, avait l’âme dans le vague... et nous tous, ou certains d’entre nous, du vague à l’âme.
     Depuis, le torero de la Puebla del Rio égrenait ses faenas, souvent forcées, tendues, ne se relâchant qu’en quelques rares exceptions (Tolède, Vitoria, Le Puerto, Palencia...). Tandis que certains fermaient la porte à ce « torerito fragile, court de technique et de coeur », d’autres attendaient, patiemment, le coeur et les yeux grands ouverts. Certes, oubliés la difficile facilité, les estocades au recibir, qu’il donnait si bien, les paires de banderilles, y compris au quiebro, avec lesquels il avait surpris l’Aficion. Morante de la Puebla avançait sur un parcours semé d’embûches, recevant des coups, au ventre et au coeur... « Un toro le habia quitado el sitio a Morante.... »
     Mais, quand le torero a de la caste, de l’orgueil ; quand il possède en lui cette conception du Toreo ; quand il sait qu’il peut arriver, un jour, à « se sentir » devant un toro, aussi grand, aussi armé qu’il soit... ce jour arrive forcément. Il suffit d’attendre, et d’y croire.
     Séville n’avait pas apporté de solution. Madrid se refusait, mais constatait quelques détails d’importance, le 18 mai. A Jerez, la semaine dernière,  un toro lui donnait une sale voltereta. Tout cela paraissait bien mal engagé.
     Mais il a suffi de deux toros (ils s’appelaient « Yeguetisto » et « Divertido »), pour que revienne d’un coup la gloria torera et que souffle un vent d’inspiration, de technique et de courage mêlés. Deux toros « ont rendu le sitio » au Morante de la Puebla, hier, en plein ruedo de Las Ventas, et la vie repart.
     Il n’a coupé qu’une oreille, au troisième, après une faena inégale, mais déjà pleine de formidables moments, et une énorme estocade  ! Bien ! S’il met le recibir au premier coup, il coupe les deux du sixième, et on peut tous rentrer sabrer le champagne. Pero pincho !
     Pourquoi s’est il obstiné à tuer au recibir ? Parce qu’il est torero, et, à ce moment là, il est « un torerazo ». Il veut tout, et il a raison. La faena est un monument d’esthétique et d’empaque, elle mérite de se terminer par une entière, dans le haut, « recibiendo ». Les dieux ne l’ont pas voulu. Il voulait tout, il n’a rien eu. La Grande Porte monumentale est restée fermée... C’est ainsi ! Ce geste de superbe, de pundonor, de verguenza torera, a coûté au Morante toutes les unes des journaux... Pero no pasa nada ! Hier, Jose Morante de la Puebla est sorti a hombros... par la grande porte des coeurs... Un Torerazo !  

     24 Mai – Madrid (Las Ventas) – 11ème corrida de San Isidro – No hay billetes  - Beau temps : La corrida de Javier Perez Tabernero, triomphante l’an passé, est sortie très bien présentée, trop lourde, variopinta, bien armée, mais faible et mansa, à divers degrés. Cependant, les toros ont eu de la mobilité, presque la noblesse que leur permettaient leurs forces limitées. Le sixième, presque invalide fut rapidement changé. Sorti alors un sobrero de même fer, mais d’encaste colomeño, beaucoup plus léger, encasté qui « ouvrit la porte à la symphonie sévillane ». Les autres, en Atanasio, partirent dans tous les sens et disputèrent le commandement à tout torero qui ne voulait ou ne pouvait s’imposer. Le premier de Curro Vazquez se mit à encenser de tous côtés ; celui de Barrera commença à escarbar, et les toreros ne purent ou ne voulurent pas s’imposer. Très faibles, les quatrième et cinquième. Le premier du Morante, sortit manso huidoso, chuta également et retint ses charges, mais, alliant technique et empaque, le torero rectifia joliment, et, séduit, le toro ne tomba plus.
     On ne dissèque pas deux faenas d’un torero artiste. On les vit, on en respire chaque goutte de ce subtil parfum mêlé d’essences fortes, et de douces effluves, comme autant de caresses. On retiendra les grands moments d’une première faena discontinue, à cause des forces du toro : le début, aux barrières par aidées de ceinture et trincherazos, une énorme série de redondos « redondos », les pieds ancrés au sol, tirant le toro, templadisimo, le menant loin derrière la hanche ; les naturelles, une à une, à la fois de puissance et de finesse ; les pechos, tournés vers l’intérieur, et cette dernière série de droite signée d’un trincherazo, main gauche, de véritable cartel. L’estocade fut monumentale d’entrega et de « limpieza ». Oreille forte et vuelta « en torero ». La faena au dernier était de porte grande. Plus compacte, plus seigneuriale, elle débuta par des doblones, genou ployé, alliant l’efficace et l’esthétique. Tout le trasteo sera à cette image, le Morante tirant des passes sur les deux mains, magnifiquement templées, toréant légèrement despatarao,  la planta erguida. Il y eut des naturelles profondes, à tour pratiquement complet, sans décomposer la figure, le tout agrémenté de remates et d’adornos dignes des plus grands sculpteurs.  Toute la plaza était d’accord : elle participait à un chef d’oeuvre. Tous, tout à coup, étaient « sevillanos », non pour un toreo de légèreté et de dentelle, mais pour une oeuvre solide, magnifiquement sculptée. Morante voyant le toro charger au moindre cite, mais la tête un peu haute, voulut mettre un point d’orgue d’apothéose : Estocade « au recibir ». Et il en était capable. Hélas, un premier pinchazo, puis un deuxième, pointant « bas », précédèrent une demie atravesadilla qui ne fut d’aucun effet. Pourquoi ne pas y avoir été au volapié, après le premier recibir ? Parce qu’il en est ainsi... parce qu’il devait y aller... parce que c’était écrit. Final désolant, le toro relevant la tête au descabello, longuement hésité, le temps que tombent deux avis. Morante voulait tout, trois oreilles et toutes les grandes portes. Il n’a rien eu, ou si peu, au regard des statistiques : Une oreille, puis deux avis et grande ovation. Cependant, sa sortie fut à l’image de l’événement : Elle débuta visage fermée, mais se conclut sur un large sourire. Et dans les gradins, il en était de même.
     Curro Vazquez a touché deux toros presque impossibles. Hauts, violents ou faibles, ils ne lui permirent que trois véroniques et une demie, perdues dans un océan de précautions. Silence par deux fois, et retour prudent vers Vista Alegre, en juin.
     Vicente Barrera est resté tel qu’il y a deux ans. Face à deux toros incommodes mais toréables, le Valenciano a mêlé une apparente fragilité à une grande rigueur, soufflant de froides hésitations et de chaudes séquences, en particulier sur la main gauche. Mais, cela ne passe pas la rampe. Deux coups d’épée corrects, lui évitèrent quelques chahut.
     Mais, il était écrit, hier, que la tarde serait « du Morante » ! Tout le reste n’est qu’anecdote. Certes, le Porte Grande est restée close. Elle est la première à le regretter. Mais un torero, tout de sentiments, est revenu dans les coeurs... et çà ! Aujourd’hui, j’en connais qui ont un problème... les organisateurs qui n’y ont pas cru. Alla ellos !
     Pour constater « de visu » les « moments du Morante » : Aller sur les sites « lasventas.com », par notre lien « arènes » ; et « mundotoro.com », par notre lien « actualité ».
     Ce 25 Mai : Toros de Salvador Domecq « El Torero » pour Jesulin de Ubrique « formule 2001 », qui entre dans la feria, comme Rivera Ordoñez qui « passe par Madrid » et Miguel Abellan, qui va vouloir rééditer les exploits de l’an passé.

 

« PAPIERS, S’ILVOUS PLAIT... »

      27 Mai : Ya esta bien del cuento de los abonados... ou « ça suffit, avec l’histoire de Abonnés ! »... Madrid et sa plaza de Las Ventas comptent 23500 places et il semble que plus de 18000 sont réservées à des « Abonnés »... Cette tactique de gestion, garantit à l’Empresa  un lleno tous les jours de San Isidro et un sacré casse tête pour ceux qui cherchent des billets « sueltos » pour telle ou telle corrida.
    
18000 abonnements vendus... mais combien à la revente, en toute complicité ? Qu’on le demande à ceux qui voulaient voir Jose Tomas, l’autre jour.
    
18000 abonnements, mais combien à de vrais aficionados qui viennent tous les jours, y compris aux novilladas, y compris au rejoneo ?
    
18000 abonnements, mais combien à des sociétés, grandes entreprises, consortiums, journaux mondains, Presse du coeur, qui monopolisent des tendidos entiers pour faire plaisir à leurs clients, sponsors ou petits amis ?
    
18000 abonnements, mais combien de places cédées à des copains « de copas », à la concierge de l’immeuble ou au « passant qui passe », tout simplement parce que, sur 30 spectacles, 18 ne plaisent pas ?
    
Hier, la plaza de Madrid était pleine à craquer. Cependant, les réactions du public, en fin de corrida, dénonce une attitude totalement indigne de tout aficionado habitué à ce qui peut se passer dans un ruedo, y compris l’injustice. En fin de corrida, le président refusa une oreille majoritairement demandée par le public, oreille qu’il devait accorder, même si, aux dires de beaucoup, elle n’était pas méritée. Le président refusa, fermant ainsi la Grande Porte à un cavalier... Y se armo la marimorena ! Scandale d’une extrême violence avec des milliers de coussins projetés un peu partout (on parle d’une blessée grave) ; Scandale majeur, avec tentative d’agression au président, arrestations et tout, et tout... Bref, un scandale à la dimension de notre époque où, que ce soit dans la rue, dans un bus ou au supermarché, un mot, un regard peuvent déclencher l’émeute et le drame.
    
Combien des spectateurs d’hier étaient « les titulaires » des abonnements ? Combien étaient aficionados de verdad, susceptibles de faire la différence entre une grande épée et une estocade « qui ressort » ? Combien étaient là « de paso », tandis que d’autres, « aficionados al caballo y al rejoneo » faisaient le pied de grue dans la rue, ou « se faisaient assassiner » par la revente ?
    
Alors, que faudra t’il faire ? Simple : Les abonnements devront être nominatifs, et les abonnés entreront avec leurs cartes d’identité... On peut rêver ! Ainsi, de trois choses l’une : Ou la plaza se remplit de ceux qui en ont acquis le droit ; ou elle se remplit à moitié, parce que la corrida intéresse plus ou moins, et donc les titulaires ne viennent pas, ce qui est leur droit ; ou encore, comme par hasard, elle se remplit de ceux qui peuvent, enfin, trouver un billet à la taquilla, sans passer par la revente complice et cupide, en simple et bon citoyens qu’ils sont, en plus d’aficionados de verdad.
    
Madrid « es un gran negocio ». Si, si ! L’Empresa fonctionne grâce aux abonnements de feria. A San Isidro où le moindre cartel de pueblo remplit la plaza, avant même que l’affiche soit sèche. Alors, pourquoi, en effet, ne pas continuer ? Des milliards sont ainsi engrangés, qui permettent à l’empresa de donner ensuite « corrida toute l’année », avec des entrées telles qu’on a du mal à trouver « un quatrième à la belote »... C’est ainsi. Alors... « Vous êtes abonnés ? Papiers, s’il vous plaît ! »... On peut rêver.

     26 Mai – Madrid (Las Ventas) – Deuxième corrida del Arte del Rejoneo – Llenazo : Six toros de Fermin Bohorquez de jeu divers. Le premier se montra très faible, ce qui est rare, au rejoneo, où l’on « oblige pas » le toro. Les meilleurs : 3,4 et 5ème. Leonardo Hernandez remplaçait Pablo Hermoso de Mendoza (qui a été opéré, hier, du péroné, et en a pour 25 jous environ). Hernandez fit le meilleur rejoneo du jour, classique, sobre. Il donna vuelta, au quatrième -  Fermin Bohorquez connut une journée grise. Silence et division – Andy Cartagena fit exploser la plaza avec un rejoneo spectaculaire, pas toujours pur mais extrêmement vibrant. Oreille à son premier et la grande porte promise à mi faena du dernier. Pirouettes, virevoltes se succèdent, parsemées de quiebros plus spectaculaires que bien ajustés, le tout sous les ovations. Le rejon de muerte, transperçant, sera vite retiré... et le toro tombe. La pétition est majuscule, majoritaire et quoiqu’ait fait l’artiste, d’accord ou pas, le président devait accorder l’oreille. Jose Manuel Sanchez la refusa, béni par les puristes, mais d’une part ne respecta pas le règlement, et d’autre, déclencha la plus grande émeute vécue à Las Ventas depuis...des lunes.  Grave, car cela aurait pu mal tourner. Par ailleurs, un torero avait, aux yeux du public, totalement triomphé, méritant la Grande Porte, et un seul homme ne pouvait empêcher cela... même si les abonnés n’avaient pas, tous, leurs papiers...
    
Ce 27 Mai, la corrida nous intéressera tout particulièrement, puisqu’un français est au cartel : Juan Bautista. Aux côtés de David Luguillano et Alberto Ramirez, qui confirmera alternative, Jalabert prendra une corrida d’Arauz de Robles qui, semble t’il, a du trapio à revendre... Bien, mais... « las ideas », que ?
    
« Madrid et San Isidro », bien sûr, mais aujourd’hui, beaucoup regarderont vers Barcelone, où le cartel est « de rois » : Tors de Juan Pedro, pour Joselito, Jose Tomas et Morante de la Puebla. Devinez ce qui va arriver ?

 

A CORDOUE... ON FERME !

     27 Mai : Remis, on l’espère, des ses émotions et de sa rage, Andy Cartagena clôturera, ce soir, la Feria de Cordoba, en compagnie de cinq collègues cavaliers.

     La Feria 2001 aura été marquée par plusieurs faits : Le triomphe du Finito de Cordoba, historique, le 24 mai – La caste et la toreria du Juli, qui, scandalisé par l’oreille accordée à un bajonazo de José Tomas, au cinquième, se met en rogne et coupe les oreilles du sixième, le 25 mai – Et puis, bien sûr, la très grave cornada du Califa, le 22 mai, lors de la première corrida, par un toro de Carmen Borrero. Heureusement, le torero se remet bien, et va quitter la clinique, dans les prochaines heures, ne songeant plus, désormais, qu’à son prochain retour.

     Côté toros, il y a eu de tout, en particulier du « présenté limite » et du décasté. Imposé par les vedettes, le ganado « n’a pas donné le jeu » souhaité. Premier à en subir les conséquences : Jose Tomas qui a, certes, coupé deux oreilles en deux courses, mais, malgré un public conquis d’avance, n’a rien pu démontrer. A Cordoue... le calife est resté cordouan. Il s’appelle Juan Serrano, et il est plus « Finito » que jamais... 

     26 Mai – Cordoba – Dernière corrida formelle : Corrida sans caste de Joaquin Barral – Enrique Ponce fut le seul à donner une vuelta, au quatrième - Jesulin et Finito purent s’exprimer tant que durèrent leurs adversaires, c’est à dire, très peu. Il y eut cependant de gros moments d’inspiration, au capote. Moments qui ravissent le photographe, le temps d’un « clic », mais laisse l’aficionado sur sa faim.

 

DANS LES AUTRES PLAZAS...

     Le 26 mai a été copieux en corridas et novilladas :

     A Aranjuez, il n’y a eu qu’un tiers de plaza pour un cartel triomphateur de Madrid. Vaya ! La corrida de Guadalest et Jarama n’a rien donné, sortant faible et triste. Le cinquième fut rentré et le remplaçant se cassa un piton – Morante de la Puebla dut jouer les infirmiers à l’un et rapidement en terminer à l’autre. Ce fut diversemùent apprécié – Miguel Abellan toucha le pire lot. Il fit ce qu’il put, et on l’applaudit. Triomphateur, avec une orreille chaque fois, Rafael de Julia, à peine descendu des épaules des costaleros de Madrid, et qui remplaçait Eugenio de Mora. Ferme, clair d’idées, le nouveau triompha de nouveau, près de Madrid, et sortit sur les épaules, peut-être les mêmes...  

     A Caceres, on ouvrait la feria. Media plaza pour un gros cartel. Les toros de Martin Arranz  se sont comportés, comme le patron, c’est à dire... avec des sautes d’humeur ! Troisième excellent ; sixième manso tirant à meilleur au fil des muletazos. Les autres... Le quatrième dut être remplacé, mais ne voulut rentrer. Joselito l’estoqua lui-même, non sans que le toro se soit, auparavant, cassé un piton.  Le cinquième se rompit vilainement la patte et le spectacle qui suivit fut bien lamentable – Joselito « passa », tirant quelques bonnes passes au quatrième bis – Caballero coupa une oreille d’infirmier, face au deuxième de la tarde – Rivera Ordoñez fut bien, mais tua mal le bon troisième, se faisant blesser au visage, dans un pinchazo. Rien de grave, rassurez vous, mesdames. Il se battit fort avec le dernier et lui coupa un trophée.

     A Oviedo, les toros d’Osborne sont sortis faibles, et la plaza ne s’est pas remplie – Armillita Chico débutait sa temporada espagnole. Ovation au quatrième – David Luguillano coupe trois oreilles, mais c’est le Juli qui « règle » tout le monde « avec quatre »... La routine !

     A Sanlucar de Barrameda, il y eut plus d’oreilles coupées que de spectateurs dans la plaza (1/3 d’arène). La corrida de Peñajara est sortie encastée et les toreros se sont bien battus : El Tato coupe une oreille a chacun, tout comme « El Fandi ». Padilla, quand à lui, à mis le feu, coupant les deux oreilles du deuxième, et sortant ovationné.

     A Alpedrete (Madrid), les hermanos Vergara sont sortis mansos. Triomphateur, le mexicain Antonio Bricio, torero sobre et bon tueur. Manuel Bejarano coupe une du cinquième et Diego Urdiales donne un tour du rond. Chaleur suffocante et media plaza.
    
Le jeune novillero mexicain Leopoldo Casasola, qui nous a fait tant souffrir devant les novillos de la Quinta, à Madrid, a reçu une cornada à la cuisse droite, hier à Villamanta (Madrid), où il fut le triomphateur, coupant une oreille à chaque noville du Jaral de la Mira.

 

CARTELES DE LA SAN FERMIN.... TCHIN PUM ! ! !

     27 Mai : A 99%, la San Fermin de Pamplona 2001 est « dans la boîte ». Affiches traditionnelles, où tous ceux qui doivent y être... y sont. Malheureusement,  et encore une fois, « Sir Joseph Tomas » ne daigne pas venir... Par contre, la feria sera « importantissime » pour un torero qui, après l’injustice de Séville et Madrid, peut, là, relancer sa carrière : Il a pour nom « El Califa ». En l’espérant totalement remis « dans le corps et dans la tête », et pour peu qu’un toro charge, fort ou tordu, (mais charge...) on peut penser qu’il y a là un cadre favorable « au grand décollage », que certains ont su si bien étouffer, jusque là.

     La feria se présente donc ainsi :

Jeudi 5 Juillet : 
Novillos de Miranda Pericalvo pour Javier Valverde – Salvador Vega - Cesar Jimenez.
Vendredi 6 Juillet : 
Rejoneo : Six Murube, pour Leonardo Hernandez – Fermin Bohorquez – Pablo Hermoso de Mendoza
Samedi 7 Juillet : 
Toros de Torrestrella, pour Pepin Liria – Victor Puerto – El Califa
Dimanche
8 Juillet :
Toros de Los Millares, pour L.F. Espla – L.M Encabo – Francisco Marco
Lundi 9 Juillet : 
Toros de Cebada Gago, pour Pepin Liria – Juan Jose Padilla – Jesus Millan
Mardi 10 Juillet : 
Toros de Jandilla, pour Rivera Ordoñez – Victor Puerto – Javier Castaño
Mercredi
11 Juillet : 
Toros de Santiago Domecq, pour Morante de la Puebla – Eugenio de Mora – El Juli
Jeudi 12 Juillet : 
Toros du Marquis de Domecq, pour Jesulin de Ubrique – Finito de Cordoba – El Califa
Vendredi 13 Juillet : 
Toros du Capea pour Enrique Ponce – El Juli – Francisco Marco
Samedi
14 Juillet : 
Toros de Miura, pour Zotoluco – Juan Jose Padilla  - El Renco.

 

LE CALME, APRES LA TEMPETE...

     28 Mai : Nous avons tous connu cela, même si nous ne vivons pas au bord de la mer. Que ce soit en Bretagne, ou sur les falaises de schiste de la Côte Basque, les heures qui suivent une tempête sont d’une rare beauté. Le vent s’est calmé, le soleil réchauffe la terre. La nature se redresse. La paix est revenue, on a presque oublié la bataille et la pénombre. La vie reprend, sereine.
    
Pas la peine d’aller au bord de la mer... restons chez nous. N’avons nous pas la même impression, après une bonne scène de ménage, à la maison, avec celle qui, dans ces moments là, devient « plus » que notre moitié, tant elle rugit, fulmine, peut-être avec raison ? Le vent souffle fort, et la mer est mauvaise. Tout vole dans la cambuse et il faut s’accrocher au bahut... Mais, tout à coup, cela se calme... et cela finit toujours par un gros câlin. Alors...
    
Alors, on aime, tous, les lendemains de tempête. La vie reprend son cours, faite de pointes de fièvre et de soudaines béatitudes. Alors, partout, les hommes suivent leurs chemins : Les voleurs essaient de s’échapper; les gendarmes leur courent après... Pendant quinze jours, des sportifs millionnaires vont courir après une petite balle jaune... C’est ainsi. On appelle cela, la paix !
    
A Madrid aussi, la tempête s’est calmée. Après la « bataille de polochons » de samedi, on a tout bien rangé, chaque coussin à sa place ; les tendidos, nettoyés des relents de guerre ont offert leur béton cuisant (35° à l’ombre) à un public tout à coup civilisé, au point de supporter une corrida imbuvable, heureusement sauvée par la fraîcheur d’un torero que les 90% de la plaza ne connaissaient pas. Encore heureux qu’il faille confirmer son alternative à Madrid, sinon, la « grande aficion » de la capitale ne connaîtrait pas Alberto Ramirez.  Comme quoi, le ciel est juste, car l’orage du samedi a imposé le calme du dimanche, et un joli torero a pu démontrer de bonnes manières. En des circonstances normales, tous les toros auraient été protestés, et le torero n’aurait peut-être pu donner un seul muletazo.
    
Mais, attention. Madrid es « mucho Madrid » et, après le calme vient la tempête....

     27 Mai – Madrid (Las Ventas) – 16ème de la San Isidro (12 ème corrida) – No hay billetes  - Calor, calor ! : Cinq toros très bien présentés de Arauz de Robles. Le lot sera faible et soso, d’une noblesse endormie et endormante. Désespérant. Le troisième, invalide, sera remplacé par un Javie Guardiola presque brave, mais tournant au dur-dur – David Luguillano brilla à la cape et dans les premiers muletazos. Puis, comme ses toros, il s’éteint, laissant une bonne estocade au quatrième. Silence partout – Juan Bautista règla rapidement le sort du Guardiola avant qu’il ne vire au vinaigre. Peut-être le cinquième fut il trop lourdement piqué ? Jalabert eut quelques bons détails, mais ne put poursuivre, l’émotion et le transmission étant « aux abonnés absents, partis très loin ». Silence et silence .
    
Reste Alberto Ramirez : On en parlait souvent en début de saison, du côté de la Magdalena, à Castellon. Novillero, il eut de bons moments, aux côtés du Juli ; Matador, il se fit remarquer, ça et là. Torero fin, artiste, il est un vaillant « non démonstratif » et a tout pour fonctionner. Lui manque peut-être « la carte d’identité » sévillane, qui le ferait passer pour un torero du style de celui qui, vers 1970, nous fit concevoir tant d’espoir : Rafael Torres. Ramirez n’a pas ses envolées fleuries, mais il a cette allure et cette chispa qui fleurent bon « le toreo d’en bas ». Torero à voir et à suivre, dont la magnifique confirmation d’alternative peut enfin servir de marchepied à un avenir plus souriant. On retiendra l’ensemble de sa prestation, faite de toreo fondamental comme les deux bonnes séries de naturelles au toro de la cérémonie ; le vaillant, comme les deux largas au cinquième, et surtout, le « saber andar delante del toro », cette façon d’être, de penser, de faire les choses clairement, et avec élégance. Le sixième était un manso. Le public suivit un joli quite par chicuelinas et une faena d’aguante qu’il ovationna fortement, comme il l’avait fait à la mort du premier, après que soit tombé un avis. « Valiente, si que es »...  Rentré à l’hôtel, Alberto Ramirez s’est découvert une cornada interne à la cuisse, en estoquant le cinquième. Pas de gravité, à priori, mais examen, aujourd’hui par le Doctor Padros.
    
Alberto Ramirez, un nom à retenir et à appeler au moment de quelque remplacement. Il est matador, et l’a confirmé, hier, à Madrid, devant « Choricero » - N°78 -  501 Kgs – cardeno oscuro – de Arauz de Robles.
   

     Ce 28 Mai : La corrida sera du Ventorrillo...Bof ! Jesulin doit absolument « rectifier et ratifier ».. Finito doit essayer de se gagner le public de Madrid, et ça... Quant au Cordobes, il voguera, entre deux sourires.

 

JOSELITO SE REVEILLE A BARCELONE

     Le dimanche 27 mai  a connu quelques bonnes choses dans les ruedos de France et de Navarre. Bien entendu, c’est vers Barcelone que tout le monde a regardé, avec, bien entendu, un triomphe de Jose Tomas. Cependant, et l’événement est de taille... Joselito s’est accroché et a coupé une oreille. Tout arrive.

     27 Mai – Barcelona : Chaleur et trois gros quarts de plaza : Corrida sérieuse et trop lourde de Juan Pedro Domecq. Prédominance de la noblesse, mais de la faiblesse. La première moitié de la course sera pesante, les toreros ne pouvant se donner que le temps de quelques charges. Silence pour Joselito ; ovation pour Tomas qui aurait pu couper, sans une estocade transperçante ; Ovation pour le Morante qui débutait ici, bien crispé.
    
Sortit le quatrième, que le président changea, au grand dam de Joselito qui le fusilla du regard. Le sobrero sortit aussi faible, mais le madrilène se mit en colère : Larga à genoux, bon capeo et glissade dans un quite, tombant dangereusement sous le mufle du toro, qui, heureusement, pensait à tomber aussi, de son côté. Début de faena les deux genoux en terre, toreo reposé et une énorme estocade, pour une oreille bien méritée. Le toro s’appelait « Fantasmon ». Espérons que cette oreille ne soit pas « un mirage ». Serait ce donc le début... du début ?
    
José Tomas a été « tel qu’en lui-même », face au cinquième. Gros quite par chicuelinas ; « temple y ligazon » dans une faena essentiellement droitière, close des fameuses manoletinas. Le public a eu ce qu’il attendait, qui fêta son idole, et le fit sortir par la Porte Grande, les deux oreilles en main.

    
Morante a eu de magnifiques passages, cape en main. A la muleta, les barcelonais ont pu entrevoir des parcelles de son talent, mais, le toro sixième, baissa de pied, le torero de même, et la pétition d’oreille fut trop réduite.

 

DANS LES AUTRE PLAZAS...

     27 Mai – Caceres : 2ème de Feria – casi lleno : Cinq de Nuñez del Cuvillo, mal présentés et sans race ; un sobrero de Bernardino Piriz, sorti deuxième, bien soso. Enrique Ponce donna une jolie faena d’infirmier au quatrième. Grosse oreille – El Juli mit tout ce qu’il avait pour réveiller tout le monde. Oreille chaque fois, mais, verguenza torera du torero, qui refuse de sortir a hombros. Bien – Le local, Manolo Bejarano, fut bien, avec des toros faibles. Oreille à son premier.

     27 Mai – Brocas les Forges (France) : Bien peu de monde – Chaleur : On ne s’invente pas « Plaza de toros », on ne s’invente pas « Empresa ». Le tout est un long cheminement qui passe par beaucoup de communication et d’humilité. La chance est une chose ; bien calculer les probabilités de réussite en est une autre, et surtout pas au prix des places pratiqué. Corrida de los Bayones – Richard Milian : silence partout – Miguel Rodriguez coupe une oreille chaque fois – Regino Ortes : Silence et oreille.

     27 Mai – Ales (France) – Chaleur – Media plaza : Cinq toros de Coimbra, vraiment très « diversement » présentés et un de Occitania. L’unique trophée du jour pour Stéphane Fernandez Meca, au premier. Puis, pour Molinero et Ferrera, une suite de silence et applaudissements. Terne et pesant. Calor, calor.

     27 Mai – Ales (le matin) : Bonne sortie de Julien Miletto qui avait coupé une oreille de chaque novillo d’Occitania, tandis que Procuna bougeait beaucoup, donnant une vuelta, et Julien Lescarret n’entendait qu’une « ovationnette » au deuixième.
Ce même Julien Miletto faisait double journée, et coupait trois orrilles, le soir, à des novillos de Campobueno, en placita d’Aramon, devant Matias Tejela et Luis Rubias, qui ne coupaient qu’un trophée.
    
27 Mai – Sevilla
 : Chaleur intense et media plaza. Novillada très faible de Benitez Cubero. Abraham Barragan a séduit les Sévillans, coupant une bonne oreille à son premier. Les Sanluqueños Angel Romero et Anttonio Jose Blanco, bien verts, n’ont entendu que le silence.

     27 Mai – Alpedrete (Madrid) : Blessure (de 10 cms, cuisse droite, limpia) pour le novillero mexicain El Jalisco. La novillada de Concha y Sierra, mansa, se transforma en mano a mano, entre Sergio Aguilar (Silence – Palmas - oreille), et Leandro Marcos (Oreille – Trois avis  - Un avis) Vaya !

     27 Mai : Le novillero Grégoire Taulère a fait une bonne sortie en plaza de Villamanta, près de Madrid, coupant trois oreilles à des novillos de Fernando Peña.
 

JEU... SET... ET MATCH....

    29 Mai : « Pero que calor, Señor ! » A Rolland Garros, les balles ont commencé leur va et vient. Une chaleur de micro ondes, pas un souffle de vent pour soulever les jupettes... Le tennis n’est plus ce qu’il était.  Les Français devaient briller, mais on ne dit pas dans quel sens... En fait, ils ont brillé par leur absence. Un petit tour et puis s’en vont.... Vaya !
     A Madrid...
« Pero que calor, Señores ! ». 37 à l’ombre et les pieds qui nagent dans les tongs. La plaza est pleine pour voir toréer « la terna rosa »...  Régulièrement poursuivis par les assiduités de « la presse du coeur », Jesulin de Ubrique, Finito de Cordoba, El Cordobes étaient partis pour faire parler d’eux... mais voilà, les sunlights étaient mal réglés, les micros mal pointés... et les vedettes de « la prensa rosa » en ont vu des vertes et des pas mûres...
     Mauvaise ambiance dans la plaza et bien sûr, comme dans un mauvais film, « tout sort à l’envers ». Pourtant, il y eut quelque possibilité à briller... Mais, ce fut « une ruine ». Jesulin de Ubrique termine en débandade la San Isidro qui devait le consacrer. Finito de Cordoba consomme son divorce total avec l’Aficion Madrilène qui, de plus, le charge d’une faute terrible : n’être pas intervenu au quite du banderillero blessé. Quand au Cordobes, c’est en coulisse qu’il montra un visage décevant. Son banderillero est blessé par le sixième. On n’a aucune nouvelle. A la fin de la course, le matador dépêche son frère à l’infirmerie et part directement à la camionnette, entraînant avec lui sa cuadrilla qui ne peut dire mot. L’équipage emporte le torero vers l’hôtel climatisé et c’est à ce moment que la cuadrilla décide de revenir vers la plaza, pour aller visiter à l’infirmerie le compagnon blessé, l’ami, le frère...  El Cordobes... Jeu, Set et Match !

     28 Mai – Madrid (Las Ventas) – 13ème corrida de la San Isidro (17ème festejo) – Pas de billets – Calor, Señor ! : Toros du Ventorrillo qui sont mieux sortis que prévus. Du Trapio, de la présence et du jeu, au moins pour trois d’entre eux. Le premier fut un grand toro, brave et noble ; Le troisième, remarquable et le cinquième également aurait servi, si le président n’avait « chargé la mule » en ordonnant un troisième puyazo, contre lequel s’éleva le Finito de Cordoba, ce qui lui valut  une multa.
     Jesulin de Ubrique a coulé « corps et biens » : fade, long, triste, il gâcha le bon premier et patina tristement devant le manso quatrième. La nouvelle image du Jesulin en a pris un coup. Pitos et bronca. Heureusement, « Madrid peut encore donner, mais n’enlève plus rien »... Jesulin de Ubrique est, d’ores et déjà, le grand perdant de la feria – Finito de Cordoba débuta sa première faena par trois trincherazos et un pecho, monumentaux. Puis, les choses se diluèrent un peu, dans la soseria du toro. Bonnes naturelles et pfttt ! Silence. Le cinquième fut trop piqué et le Finito ne fit rien pour arranger le tableau. Cumplio. Silence - On lui fit procès d’être mal placé, pour les banderilles du sixième, ne pouvant ainsi assurer le quite au banderillero menacé. Tous s’accordent à dire que le Finito est ici « hors de cause ». Donc, pas besoin d’appeler Maître Collard !- El Cordobes entendit deux tristes silences, plats, indifférents. Hors du coup, Manuel Diaz a donné quelques chicuelinas et une collection de trapazos... De plus, il s’en est allé, ainsi, sans passer par l’infirmerie où son banderillero gisait, avec, en l’air, « les cataplines » que son chef de file n’avait pas eu !
Le banderillero Juan de los Reyes s’est fait horriblement accrocher par le sixième, en posant la troisième paire. Pris et repris, le torero souffre de deux cornadas au bas ventre de pronostic « léger », dont une lui laisse un testicule « hors de ses appartements »... Léger ! Léger ! Comment ils y vont, les toubibs !  

     Ce 29 Mai, la corrida sera d’Alcurrucen, pour Jose Luis Moreno, Uceda Leal et Jesus Millan. Trois toreros, trois styles pour une corrida dont les vedettes n’ont pas voulu. A suivre.
 

DE CI...PAR LA... VOICI... VOILA ! ! ! !

     29 Mai : Victor Puerto a coupé la seule oreille de la 3ème corrida de feria de Caceres. Les toros étaient de Los Bayones. Le mexicain Armillita, en préparation de son désastre madrilène, à la corrida de la Presse, jeudi, a « entendu chanter Manon ». Abellan s’est montré volontaire.
     29 Mai : Finito de Cordoba vient de se voir décerner le Trophée « Gran Capitan », récompensant l’auteur de la meilleure faena de la feria de Cordoba, devant le toro « Banquero », de Jose Luis Marca, le 24 mai.. De même, le trophée « Détail pour le Souvenir » a été attribué à Joselito, pour son quite « du pardon », au sixième Juan Pedro Domecq, le 25 Mai.
     29 Mai : On commence à parler de la Corrida de la Bienfaisance. Elle aura lieu le 14 Juin, et l’on sait qu’elle sera ... de Victorino Martin. Jusqu’à présent, seul Eugenio de Mora a accepté le challenge. Muy bien, Torero !   

 

COMME UN CAFE LIEGEOIS AU MICRO-ONDES...

     30 Mai : Terrible ! La canicule écrase la plaine. Les vaches, enfin en paix dans les champs, leurs beaux yeux demi clos, ruminent quelques douces plaintes... « La fièvre » est partie, mais, qu’il fait chaud...meuh ! » Partout, il fait chaud. Dans les rues, les couloirs, les boudoirs... même dans les  bureaux des juges d’instruction...
 
    Sur le coup des six heures, un troupeau de madrilènes, d’un jour ou de toujours, s’avance doucement vers « la grande casserole ». Une véritable cocotte minute qui ne siffle pas encore... 40° à l’ombre de Madrid. Record du monde  de la vente de coussins, non  pour mieux accommoder ce qui nous sert d’amortisseur, mais bien pour éviter la brûlure au troisième degré...
    
La corrida commence. Les toros se disent que « vraiment, il faisait plus frais dans les chiqueros ! ». Dans les gradins, on remue un minimum, on cligne des yeux, on baille un peu, assommés. Les toreros, eux, suent d’abondance. Déjà, en fin du paseo, la partie arrière de la taleguilla s’assombrit... La sueur « coule d’en haut », descend le long de la colonne vertébrale, se glisse sous la faja et... continue à descendre, naturellement. Comme tous les toreros sont des athlètes, ils ne souffrent d’aucune scoliose, et donc, les milliers de gouttelettes ruissellent bien droit, vers le même endroit, semant sur leur passage une humidité gênante et trop spectaculaire, qui ternit les plus belles couleurs, et fait fantasmer quelque dame... « Ozu ! Que calor hace ! ». Pour peu qu’un toro est l’idée bizarre de charger un peu...c’est Niagara... Ozu !
    
La corrida d’hier a souffert de cette intense chaleur. Elle promettait, pourtant, et a tenu une part de ses promesses. Encore une fois, les Alcurrucen ont offert quelques possibilités. Mais, entre les terribles conditions météo, la torpeur ambiante, et l’évident manque d’ambition des toreros, les spectacle s’est soldé par un énorme soupir. Un mot pour traduire deux heures de spectacle : « Un toston ». Alors, la corrida se répand sur le sable, et n’a plus aucun attrait, plus aucun goût, un peu comme un café liégeois que vous auriez passé au micro-ondes. Pouah !

     29 Mai – Madrid (Las Ventas) – 14ème corrida de la San Isidro – Plein, sans plus – Un enfer (40 à l’ombre) : Bien qu’irrégulièrement présentée, mais très armée, la corrida d’Alcurrucen a donné des possibilités. Certes, à l’habitude, le toro noble se casse la figure, ou hésite un peu. Certes, le retord se défend et distribue ses avertissements, à gauche et à droite. Mais, dans l’ensemble, petite exception faite du lot de Moreno, il y avait à lidier et à toréer. Le deuxième toro était de « puerta grande », le cinquième chargeait fort. Seul le sixième montra quelque « mala leche », mais il était toro « à monter dessus », surtout lorsque l’on est un torero débutant qui n’a qu’un contrat et qui doit marquer son passage dans la feria « a codazos », s’il le faut.
    
Jose Luis Moreno n’a pas eu de chance avec son lot. Un premier toro soso, arrêté, qui soupire quelques charges, la tête haute.. Quelques bons derechazos et une épée caida. Amen ! Le quatrième est un invalide, et là, rien à faire. Le meilleur du cordouan sera encore un bon quite par chicuelinas et rebolera au troisième, que personne ne vit. « Ah, si lo hace Jose Tomas, se derrumba la plaza »
    
Jose Ignacio Uceda Leal est pourri de talent. Il a les sens du temple, de l’esthétique, du courage... mais, bon dieu, on a envie de le secouer, de lui dire : « réveille toi, mets un peu plus de verve, de caractère dans ce que tu fais... ».On irait même jusqu’à lui demander « plus de chaleur »... Son premier toro était d’or, et le début de faena promettait des sommets. Déjà les spectateurs s’installaient pour déguster la fraîcheur d’un torero artiste, devant la noblesse d’un toro de classe. Puis, la glace succulente se mit à fondre, et les parfums mélangés se répandirent dans la soucoupe, faisant une soupe tout à coup moins plaisante. Dommage, pour Uceda, impeccable, mais bien terne. Après une mort rapide, il y eut une pétition bien fatiguée, et le torero donna une vuelta un peu contestée, entre deux « Pero que calor ! ».La cinquième provoqua un dangereux batacazo  et chargea avec du caractère. Un « autre toro », qu’il fallait réduire et auquel il fallait imposer.. Là aussi, Uceda commença fort bien, puis flotta un peu, pour enfin regagner le banc des fatigués... et reprendre sa place, sur le banc des remplaçants. Un avis et une courte ovation, quand son « bilan possible » aujourd’hui, était de trois oreilles
    
Jesus Millan a été bien, mais aurait du trouver le moyen de marquer son passage. Si on ne peut ouvrir la porte, ou on la défonce, ou on passe par la fenêtre. Mais, s’il n’y a qu’un contrat à Madrid, il faut se débrouiller à ce que « l’on en parle ». Premier toro noble et faible. Charge retardée. Millan fut en torero, mais ne réussit pas à faire lever quelque sauce, malgré de bons passages en longs redondos bien templés. Le sixième « fit la mauvaise tête », visant haut et tournant court.Le petit aragonais lui mit une raclée par le bas, et le bicho n’aima pas du tout. Malgré sa vaillance, Jesus Millan ne put réveiller, ni le toro, ni le public qui se répandit à son tour, par ces portes et couloirs qui, ce jour, portèrent bien leur nom : Dégueuloirs !

     Ce 30 Mai... On ne sait plus trop où on en est... Donc arrêtons nous un peu « à la compta ». La feria compte : 23 corridas formelles (dont la corrida de la Presse, hors abonnement) , 3 corridas de Rejoneo et 3 novilladas, soient : 29 spectacles consécutifs, du 12 Mai au 9 Juin. C’est clair. Jusqu à ce jour, nous avons vécu 2 corridas de Rejoneo, 2 novilladas et 14 corridas de toros. On y est ? Donc, 18 jours de feria.
    
Restent donc... A vous !
    Ce mercredi, troisième et dernière novillada du cycle : Novillos de Nazario Ibañez pour !Gregorio Alcañiz, (le frère de Miguel Rodriguez) – Paulita, l’aragonais, torero fino – Abraham Barragan, d’Albacete, qui arrivera « avec la pêche », suite à sa bonne sortie, dimanche dernier, à Séville.

 

LE TRIOMPHE « D’UN AUTRE TOMAS »...

     31 Mai : La saison 2001 est, d’ores et déjà, placée sous le signe de la polémique : Pour ou contre Jose Tomas.
    
Avec passion, sans discernement le public remplit les plazas pour venir voir le « nouveau Manolete »... Peut importe le trapio de ses adversaires, peu importent les passes et demie passes accrochées, peu importent les épées les plus basses... José Tomas intrigue, inquiète parfois, intéresse, toujours. La personnalité du torero, son charisme devant le toro, cette technique au service de « l’improvisation au ras de cornes », en font le héros des uns, la cible des autres.
    
Il en a toujours été ainsi. Le scénario est connu, mais on en sait aussi le dénouement. Le public, chaque fois aveuglé, hurle sa passion, libérant ses émotions, criant « au génie ! », aujourd’hui, mais « à l’escroc ! », demain. Que l’on relise la biographie de Manolete, et plus particulièrement sa dernière année.
    
La « Tomasitis » existe. Elle est, à la fois, un bien et une menace pour la fiesta : Un bien parce « qu’elle intrigue » le monde, et fait pénétrer la tauromachie dans les recoins les plus secrets, les plus lointains... un bien parce que la passion est la pierre de base de toute tauromachie. Un mal, parce qu’elle aveugle, parce qu’elle réduit tout ce qui « n’est pas » Jose Tomas, et provoque l’injustice. Jose Tomas « par dessus tout »... Bien ! Mais pourquoi, et pour combien de temps ?.
    
Hier, en plaza de Las Ventas, devant un bétail décevant, les jeunes ont patiné. Manque de technique ? Non - Manque de courage ? Non plus - Manque d’ambition ? Peut être -  Manque d’imagination ? sûrement. Ils ont fait ce qu’ils pouvaient, ce qu’ils savaient... Ils sont toreros.
    
Mais voilà qu’en quelques capotazos, un subalterne a « marqué » l’après midi. Un novillo qui sort et part dans tous les sens ; un homme vêtu d’azabache, qui s’avance, capte son attention, fixe sa charge, et s’en va, discret, pendant que son maestro s’escrime  à faire de même, en vain. Alors, l’homme aux noires broderies revient, et en trois capotazos, dicte sa leçon, réduit le fuyard, et laisse sur le sable de Las Ventas, « le » grand moment de la soirée, et l’un des plus brillants de la feria.
    
Cet homme s’appelle Tomas... mais il n’est « que » subalterne ! Cependant, hier soir, tandis que Madrid attend le prochain paseo du fameux Jose, l’aficionado a pu déguster la toreria de cet autre Tomas ... Tomas Pallin.

     30 Mai – Madrid (Las Ventas) – 3ème novillada de la San Isidro – ¾ d’arène – grosse chaleur : Décevante novillada de Nazario Ibañez, sortie faible et décastée. Le cinquième est rentré, remplacé par un Jose Vazquez, « manso con sentido ». Nobles les deux premiers, mais sosos et sans forces. Le troisième se bloqua et rien ne le fit bouger. 4 et 6ème mansos.
    
Gregorio Alcañiz  brinda un toro à son frère Miguel Rodriguez, un des absents de la Feria. Torero puissant, doté d’une certaine personnalité, il ne put s’exprimer complètement, au vu des adversaires du jour. Il entendit la seule ovation de l’après midi, à la mort du quatrième – Le reste ne fut que silence, Paulita, l’aragonais débutant bien sa première faena, et Barragan  récitant avec application mais sans ferveur, son toreo  technique et raisonné. Nada. Silence pesant, sur toute la ligne. Jose Tomas peut dormir tranquille...
    
De cette novillada décevante, on retiendra surtout la brega de Tomas Pallin, à la sortie du manso sixième. Voir si les jurys de la San Isidro retiennent son exploit, à l’heure des trophées...
    
Ce jeudi 31, la Presse monte sa corrida. Il y a longtemps que ce spectacle, hors abonnement,  est un fiasco... Voir si l’édition 2001 déroge à la triste tradition... Il y aura six toros de six fers différents pour Armillita, le mexicain, El Juli, le phénomène ; et Javier Castaño, le salmantin, qui se doit, en une tarde, d’arranger un futur bien opaque, pour le moment. Armillita prendra un toro de Peñajara et Arauz de Robles ; El Juli, un Alcurrucen et un Victorino Martin. Quant à Castaño, il aura à lidier un Zalduendo et un dernier « del Pilar ». A priori, Castaño est le plus favorisé sur le papier... Mais, le mystère de la tauromachie ...

 

« PONCE, EN ARANJUEZ »... « VEGA,EN SEVILLA » !

     Hier, 30 mai, deux festejos retiennent l’attention.
    
En plaza d’Aranjuez, aux portes de Madrid, Enrique Ponce a encore dicté une leçon de toreo, alliant la technique et la plastique, toreant à gusto, se relâchant complètement. Ponce, actuellement n’a plus à démontrer son rang. Il est « tout en haut ». Alors, il regarde les jeunes loups se mordre entre eux, et peut se laisser aller à de « douces rêveries » devant le toro.(Es « un decir »). Talavera, Jerez, Aranjuez, autant de plazas qui ont goûté le Ponce 2001 et confirment que, comme le bon vin, le cru Enrique Ponce s’est encore amélioré. Deux oreilles au quatrième Alcurrucen, tandis que le Juli bataillait dur, mais perdait un trophée de son premier, à cause du descabello, et coupait l’oreille du dernier après un arrimon et un gros coup d’épée. De son côté, Caballero restait en demi teinte.
    
A Séville, la novillada de Torrestrella est sortie très intéressante, avec un fabuleux novillo de 429 Kgs de « trapio y bravura », du nom de « Pastelito », bien mis en évidence par un Salvador Vega qui justifie pleinement sa victoire au concours d’Illumbe. Oreille forte, tandis que le mexicain Alejandro Amaya, déjà repéré à Cordoue, dessinait de magnifiques arabesques, en particulier avec le capote, recevant deux ovations, et que le fils de Rafael Roca, ne put jamais se libérer du trac...

 

LE RENDEZ VOUS DE NIMES...

     31 Mai : C’est parti, et ça va chauffer ! La Feria de Nîmes 2001 commence ce soir. Toros, chevaux, bodegas et fino, jusqu’à lundi soir...
    
Nîmes, la Romaine, Nîmes des bacchanales ; Nîmes de soleil et de passion. Elle s’était un peu endormie, dit on... Le réveil sera t’il de feu ? On peut le penser. On sera vite fixés... Ce soir, déjà, Nîmes commentera une corrida d’ouverture qui devrait donner le « La » aux futures partitions... Mano a Mano Fernandez Meca et Juan Jose Padilla, devant les Victorino Martin... Hombre ! Tout un programme, tout un contexte. Victorino doit convaincre, Meca doit se maintenir, Padilla doit se justifier.. Pas à dire... La passion est servie, et c’est à Nîmes que cela se passe...  Suerte, toreros ! Bonnes et « dignes » fêtes, à tous

     Voir les affiches de la feria, dans la rubrique « Carteles »

 

ATTENTION.... TRAVAUX  !!

     1er Juin : Un grave incident technique nous contraint à réduire notre édition quotidienne à la plus simple expression... C’est, paraît il, le progrès... Le flash ci joint vous parvient donc, presque, « par coursier à bicyclette »... Peu performant, mais plus sûr !

                A demain donc... avec toutes nos excuses. Merci

FLASH... FLASH... FLASH...

                A Madrid, El Juli coupe une « grosse oreille », lors de la corrida de la Presse, et voit ses perspectives de Puerta Grande, anéanties par un toro de Victorino Martin, médiocre – Armillita, déjà parti – Castaño, anéanti.

                A Nîmes, la corrida de Victorino Martin a été un fiasco ganadero : Présentation « disparate », jeu décevant. Seul, le troisième montra quelque caste, permettant à Fernandez Meca de couper la seule oreille du jour. Juan Jose Padilla, en petite forme. Public déçu et mécontent. Cuidado, Señor Victorino !

                Miguelito Baez « Litri » a été hospitalisé avec une thrombophlébite de la veine iliaque gauche. On craint les conséquences de la cornada d’Albacete, le 12 septembre 1995.