L'ACTUALITÉ TAURINE (septembre)

SEPTEMBRE : « L’AVANT-DERNIERE LIGNE DROITE »…

     1 Septembre : Depuis des mois, des hommes s’entraînent. Seuls ou en petits groupes, ils «abattent » des kilomètres. Dans le chaleur de l’été européen, ou sous d’autres latitudes, ils regardent l’horizon. Sydney… Dans une quinzaines de jours, ils donneront tout pour arriver dans la dernière ligne droite du marathon. Qu’ils soient connus, adulés, déjà chargés d’or, ou qu’ils soient totalement inconnus, ils ont dans les yeux le même rêve, la même vision: déboucher en tête dans le stade, pour la dernière ligne droite. Alors, les dures fatigues, les doutes et les plaintes s’envoleront. Un peu plus loin, en arrière, éreintés, évanouis, baignés de sueur et de larmes, d’autres rejoindront l’anonymat. C’est « la dure loi du sport »
    
Les toreros vivent chaque année « leurs » Jeux Olympiques. Pas besoin d’aller courir en Australie ! La temporada est une course de fond, très spéciale. On court, on court, et on se joue la peau. On se la joue dans la plaza, sur la route… et sur le tapis vert, dans « les despachos » . On a couru tout le mois d’Août, mois taurin par excellence. Mais, voilà maintenant que septembre est aussi fourni et primordial. Presque plus.
    
En septembre, les ferias vont par deux : Murcia, Albacete, du 8 au 17: Du côté de la Condomina, les Murcianos sont assez toreristas. Par contre, pour ce qui est d’Albacete, priorité au ganado. L’une est terre de Pepin Liria, l’autre de Manolo Caballero. Les deux se devront d’y être bien, de confirmer ou de redorer leur blason. Pour ce faire, Caballero prendra, seul, six toros, le 16. Salamanca et Valladolid prendront le relais. Le campo charro, voit les corridas, en « gente del toro ». On va voir la corrida d’untel, toréée par celui-ci et celui-là . : « a ver como salen los toros! » Et de faire l’historique de l’année: hiver, pluie ou sécheresse. Le 14 septembre, un novillero prendra l’alternative: Javier Castano, Bien que natif « d’ailleurs », il doit reprendre le flambeau, laissé vacant par les grands de Salamanca. Son toreo aurait tendance à pointer du côté d’Albacete, mais… es de Salamanca. Castano devra, en quelques minutes, se rappeler à tous ceux qui l’ont perdu de vue, le temps de cette lésion valencienne, qui l’a laissé « à vide », pendant tout le mois d’Août. Un peu plus loin,Valladolid est gentille. Sa plaza, magnifique au soleil. Ici, on soutiendra David Luguillano.
     
Après, on ira vendanger dans la Rioja. Logrono, c’est une autre histoire. Elle n’a plus le poids d’antan, mais ici, on veut du toro, et les figuras le savent. On fait la fête, on crie, on boit, on chahute, mais l’aficion suit sa tradition. Et elle la suivra, prochainement, dans sa nouvelle plaza, sorte « d’Illumbe-bis ». Alors, après quelques crochets importants en France, on tirera plein sud. La Saint-Michel arrivera, et l’on aura déjà toréé à Séville. Madrid fera le pont avec Octobre …et la Vierge du Pilar prendra le relais pour les protéger, tous.
    
En France, on part de l’Atlantique, à Bayonne. On va danser quelque salsa du côté de Dax, et vendanger aussi, de l’autre côté : Arles et Nimes. Les deux cirques romains auront deux challenges: Arles devra confirmer de grandes Pâques 2000. Nîmes devra faire oublier une Pentecôte moyenne. Bayonne et Dax auront eu aussi à effacer quelques soucis. Le dernier verrou sera tiré en bord de Garonne, et pour cette fête, Floirac, galante, donnera place à une femme-torera, Mari Paz Vega.  On est comme ça, ici !
    
Septembre, « avant-dernière ligne droite », sera chargé de responsabilité : Tenir, confirmer, malgré la fatigue, les oreilles coupées, la place en haut, les millions engrangés. Tenir..  « arranger la situation », malgré la fatigue, le doute, malgré cette malchance qui… Tenir ! Surtout, ne pas se distraire, ne pas relâcher son attention . Rappelez-vous Pozoblanco !
    
A Sydney, des hommes et des femmes, la même flamme dans les yeux, lutteront dignement, et, on l’espère, honnêtement, pour leur drapeau. Tous préparent leur matériel. Des milliers de « pointes » martèleront le sol d’Australie. Ce sera la bataille des géants de la fabrication de chaussures de sport. Plus près de chez nous, à Arnedo, des jeunes novilleros, bien plus modestement, donneront tout, également, pour gagner. Oh, ils ne sont pas prétentieux. Eux se battront pour… une seule chaussure… Mais elle est, vraiment, en or ! !

 

« EL JULI » ENTAME SEPTEMBRE… COMME IL A « COURU » AOUT !

     1er Septembre – Palencia – 1ère de la Feria de San Antolin – Lleno : Que dire de plus de ce garçon qui, après avoir couru en tête, tout le mois d’Août, prépare sa dernière ligne droite… comme « un entraînement » à la  prochaine temporada américaine et mexicaine. Palencia ouvre le bal de Septembre. La corrida de Jose Luis Marca a fortement déçu, en tout. De même les deux Sanchez Arjona, appelés en renfort. Heureusement, le dernier, sobrero de Victoriano del Rio,  a donné grand jeu, et Julian Lopez, toutes voiles dehors, lui a fait honneur. Cape enlevée, banderilles musclées, muleta templée, épée canon… Deux oreilles et le moral au plus haut, tandis que Ponce se casse les dents sur le mauvais lot, et que Victor Puerto doit tout donner pour arracher une oreille au cinquième.
    
Au 26 Août, El Juli comptait, au tableau de marche, 159 oreilles, pour 81 corridas toréées. Ajoutez-y une vingtaine de courses en septembre et sa présence dans tous les grands rendez-vous… Pas de problèmes. Manquerait plus qu’il s’inscrive au marathon de Sidney… 

 

LES BLESSES VONT MIEUX, MAIS CERTAINS DOIVENT ATTENDRE ….

     1er Septembre : Plusieurs figuras sont en train de soigner leurs plaies et bosses, rongeant leur frein, maudissant le ciel, regardant avec rage le costume dont les lumières ne brillent guère, dans l’armoire.
    
Morante va mieux et veut reprendre l’épée le 4, à Palencia, où il avait dessiné un faenon, l’an passé. Jose Tomas  se remet lentement des cette blessure qui nous fait tous grimacer, messieurs, et vous tire des regards apitoyés, mesdames... Il veut revenir le 8, à Murcia. Salement bousculé le 14 Août, à Dax, le Cordobes reprend le 6, à Ejea de los Caballeros. El Califa en aura pour quinze jours et peut-être plus. Objectif : revenir quelques jours avant le gros rendez-vous d’automne, à Madrid, en mano a mano avec Abellan. Munoz a jeté l’éponge, Espartaco veut revenir en septembre, mais quand, et comment ?
    
Ils ont beau « tutoyer les étoiles », leur souffrance est humaine, leurs efforts et leur impatience, admirables, dignes des chevaliers d’antan. Certes, ils ont la gloire (pas tous !), certes ils gagnent des millions (pas tous !), certes ils « l’ont voulu » (tous !). Il n’empêche ! Respect et admiration !
    Encore « plus loin des étoiles », encore plus admirable, Jaime Reyes. Terriblement atteint, le 7 Août, en plaza de Soto del Real, le novillero, la fémorale explosée, a subi quatre opérations, depuis ce tragique moment. La science a sauvé l’homme. Qui sauvera le torero ? 

 

BAYONNE, ET LE LEVER DU « ROI JULI »…

     2 septembre – Plaza llena – Pluie fine  en début de corrida, agréable grisaille bleutée, par la suite.
La corrida, c’est avant tout l’émotion. Elle vous prend, vous pénètre, et d’un seul bloc, vous lève, en même temps que vos 9999 voisins. Alors, ce public, debout, qui applaudit à tout rompre ce gamin qui vient de banderiller un « mamouth à double turbo », devient un grand public, composés de 10000 vrais aficionados qui ont vécu ensemble un vrai grand moment de tauromachie.

     Depuis avril, nous avons passé plusieurs minutes, dans ces colonnes,  à dire la torerazo qu’est « El Juli ». C’est dire à quel point il est heureux de l’avoir vu démontré hier, en plein ruedo de Lachepaillet, où dieu sait qu’il n’a pas que des admirateurs. Julian Lopez est sorti hier à hombros, véritablement, levé par une plaza entière, qui n’a pu que saluer son exploit face à un toro qui va alimenter les tertulias de tout un hiver, « au fond des penas ».
    
La corrida de Santiago Domecq n’a pas valu un Euro… déjà qu’un Euro ne vaut pas grand chose !  De la viande, peu de corne, excepté chez le sixième. De la mansedumbre, de la soseria et … une immense lassitude. Malgré le sirimiri rafraîchissant, le premier entama derechef une sieste que ni les doux muletazos de Ponce, ni les protestations du public n’arrivèrent à interrompre. Descabellant très lointain, le Valenciano  fut un peu chahuté. Il essaya bien de monter quelque chose au mastodonte burraco quatrième. Mais ce toro, d’une fadeur sans limite, ne lui permit qu’une série digne de ce nom. Pas à dire, Enrique Ponce doit un desquite à Bayonne, avec des toros qui lui permettent de démontrer que « non, je n’ai pas changé ! »
    
La corrida de Santiago Domecq n’a pas valu un duro. Mais au fait, le duro existe t’il encore? Sebastian Castella toucha le meilleur et le pire. Bon début, cape en main, face au troisième. Magnifique remate, après la demi-véronique. Bonne mise en suerte et quite par chicuelinas qui lèvent des murmures d’admiration. Mais à la muleta… le jeune matador  a « laissé passer un toro ». Il l’a laissé passer, parfois joliment, mais… Faena avec beaucoup de passes, sans commander, sans peser sur le toro. Parfois un muletazo bien « enganché » puis, au suivant, la corne passe sous le bras, frôlant la poitrine. Le toro était noble, un poil tardo, mais il était le meilleur de la tarde. Castella tua mal, et son puntillero fut un digne représentant de la corporation des « anciens bouchers ». La présidence avait oublié sa montre, et le public siffla le tout. Excuses au dernier, brindé à Robert Margé, son manager. Passer après le « tabac » du Juli, et toucher un « malo » très pointu, ça fait beaucoup pour un seul jeune homme.. Le toro, dès les premières passes, serra le frein à main, et déclara que « des barrières je ne sors pas. Na ! » Castella essaya quelques « tirades » vers le tercio, arriva même à placer trois muletazos, mais «  moi, je reviens vers la barrière. Na ! »  Il fallut donc aller l’y estoquer, ce qui se passa très mal, le torero se faisant vilainement bousculer et chercher au sol, sans mal, heureusement. L’hiver approche. Bonne période pour réfléchir et se poser les bonnes questions !
    
En un mot, on pourra dire que la corrida de Santiago Domecq… n’a pas valu grand chose. Le premier du Juli se laissa faite tristement, et il fallut toute la fraîcheur et la décision du garçon pour le faire passer pour « presque bon ». Autoritaire et doux à la cape, Julian donna le quite habituel, aérien, qui fait applaudir le public, et râler les photographes, qui ne savent à quel moment de la passe il faut « déclencher ». Trois paires de banderilles, normales, et une faena solide, carrée, main droite, agrémentée de changements de main et de passes inversées. Temple en trois jolies naturelles, et double pechos. Faena d’oreille, légèrement gâchée par une entière tombée et deux descabellos. Pétition minoritaire que le torero salua au tercio.
    
Catastrophe ! Le cinquième se démet un antérieur à la sortie, semble t’il , après la larga à genoux et le capéo du Juli. Le toro boîte méchamment et le public gronde fort. La présidence ne bouge pas, fait piquer le bicho et il faut une vraie dégringolade, juste avant les banderilles, pour que l’homme à la cravate sorte le mouchoir vert. Muy mal, le palco, hier. Pas facile de puntiller un toro tombé, mais entier. Manolo Belmez releva le Domecq, qui rentra au toril « por su propio pie ! »
    
Cette chronique est longue et peut-être pesante, comme le fut la corrida jusqu’à la sortie du cinquième-bis, « Ranillo », un sobrero, colorado de Andres Ramos,  de 593 Kilos. Ooooh ! Une montagne qui sortit violent, mais ne dit rien dans le capote du Juli. Puis, d’un seul coup, changea le panorama. Avec une force et une violence inouïes, le toro fond sur le picador, Ladron de Guevara,  lève le cheval comme fêtu de paille, propulse le cavalier qui se retrouve à califourchon sur la barrière (ouille !) et s’en va, laissant l’équipage, répandu là, en mille miettes. Le tendido est abasourdi. Vaya bicho ! Tandis qu’on essaie de rassembler les morceaux, le Juli retient le toro, et le libère vers le picador de réserve, fils de Salvador Herrero, qui va, en trois tours de valse, lui mettre un puyazo monumental, sans rectifier la position. Le toro lève tout le monde à plusieurs reprises, mais le jeune bras tient bon. Toro brave ? Toro manso con casta et violence ? A chacun son opinion, mais du grain a moudre au cours des prochaines tertulias… Ce qui est certain : Un Toro, un vrai ! Un premier tiers, un vrai !

     Alors débuta la grande chevauchée…Caste contre caste. El Juli s’en partit banderiller le gros méchant qui lui explosa trois fois au visage, sur des courses d’une puissance et d’une rage impressionnantes. Trois paires de banderilles, à mas, le torero sortant par miracle des deux dernières, réunissant et clouant fort, furieusement. Monumentale ovation, Bayonne, debout, saluant « le lever du Roi Juli ! ». Un toraco… y un Torerazo ! Faena de fer et de feu, le toro changeant de comportement, toro puissant, menaçant mais pas barabas. Autorité de Julian sur la main droite, temple à bloc, émotion de la sincérité, de la vérité, du courage et de la superbe. 

     Au moment de la naturelle, le toro n’est plus d’accord du tout, marche sans cesse, serre, poursuit, menace, désarme. Certains auraient arrêté là. Juli s’en va court quérir une autre « bannière de gloire » et revient sonner la charge, sur main droite, pour la série définitive. Quelques passes militaires et un remate torero, pour montrer que « la situation est en mains ». Alors, mèche au vent, un monumental coup d’épée, contraire à force « d’atracarse de toro ». Le « grand adversaire » s’en va mourir à la barrière, et l’enfant-roi l’accompagne, en une magnifique posture torera. Una estampa. Pétition tonitruante. Deux oreilles comme une maison et des regards enfin heureux, dans les gradins de Bayonne ! Vuelta d’enfer, pour un torero et pour un jeune qui, à ce moment là, a 10000 mères, pères, frères et sœurs. Muy bien, Torero ! Enhorabuena, Julian ! On demanda la vuelta pour ce toro, tout simplement pour avoir été un toro…Mais bravoure et noblesse ? 
    
Juste avant la sortie a hombros du Juli, vraiment ovationnée par un public vraiment heureux de le faire, un homme s’en allait boitillant, épaules lasses et visage grimaçant, discrètement au long du callejon. Il était tombé, à la sortie de sa paire de banderilles au premier toro de son maestro, Ponce. Dans les gradins, on avait ri… On avait tort. Jean-Marie Bourret, récemment blessé à Almeria a essayé, en torero. Mais il ne pouvait plus. Douleur, plus d’appui, stop ! Le guerrier s’en allait, tristement, vers le repos obligé.
    
Gloire et larmes; fureur et tendre admiration. Autant de sentiments, d’images et d’émotions qui passent en même temps, comme autant de sang dans les veines. « C’est pour cela, aussi, que nous sommes Aficionados ».

 

FAENON DE CURRO VAZQUEZ EN PLAZA DE PALENCIA

     2 Septembre, marqué par le triomphe du Juli, chanté par toute la presse, présente à Bayonne, à l’occasion de la traditionnelle remise des différents prix de la San Isidro. Mais 2 septembre aussi marqué par une faena du blond vétéran madrilène, Curro Vazquez.
    
2 Septembre – Palencia -  2ème de Feria. Quatre « très bons » de Zalduendo et deux de Luis Algarra, beaucoup moins bien, sortis 3 et 5èmes - Curro Vazquez remplaçait le Cordobes. Le vétéran ne se compliqua pas la vie face au premier. Le toro était bon, et le public ne pardonna pas. Bronca. Le maestro rougit un peu, et se reprit de belle manière face à l’excellent quatrième, magnifiquement toréé à la cape, puis en une grande faena, classique, de douceur et d’expression artistique. Longues naturelles, remates inspirés, estocade d’effet rapide : deux oreilles, pour Curro Vazquez qui place deux grosses faenas en l’an 2000 : Madrid/Vista Alegre et Palencia – Joselito eut de bons moments face à son premier, dont il coupa une oreille - Même récompense, au dernier, pour Rivera Ordonez qui se montra vaillant et, cette fois, tua bien.
    
2 Septembre – Daimiel (Ciudad Real): Toros de la famille Manolo Gonzalez, sortis bravement. – Finito coupe une oreille chaque fois; Abellan patine un peu ; le triomphateur est le local Anibal Ruiz qui coupe deux oreilles au dernier
    
2 Septembre – Valdepenas : Toros de Nazario Ibanez – Sortie a hombros, avec trois oreilles en mains, pour Manolo Caballero. L’accompagne Juan Bautista, coupant une à chacun. Bien, pas loin de Madrid. Javier Conde alterna bon et moins bon.
    
2 Septembre – Motilla del Palancar : Les toros de Los Bayones ont permis à la terna de sortir a hombros, accompagnée du mayoral,  chaque torero coupant deux oreilles à un toro : Zotoluco, Eugenio de Mora et Jose Antonio Iniesta.
    
2 Septembre, dans les autre plazas : Triomphe de Victor Puerto et du Fandi, devant une corrida de Ramon Sanchez, près de Jaen - Tato, Canales Rivera et Davila Miura coupent les oreilles à des toros de la Guijuela, en plaza d’Almazan – Les Galache ont mené la vie dure à Espla, Higares et Chamon Ortega, du côté d’Illescas (Tolede) – Et non loin de là, à Mensalvas, Miguel Martin et Encabo triomphent devant des toros de la Cardenilla, Pepin Liria se faisant ovationner, avant de prendre la route pour Bayonne, où l’attendent les Victorinos Martin qui ferment temporada.

 

LES « COMPTES » DU VIEUX MAYORAL

     3 Septembre – Bayonne – Arènes pleines - Temps gris – Dernière de la feria de l’Atlantique – Clôture de la temporada 2000.

     Il s’appelle Julio Presumido… et il peut s’en vanter ! Qu’on nous pardonne cette allusion au grand classique de la littérature taurine, mais c’est un titre qui vint à l’esprit, ainsi, en voyant le vieux mayoral de Victorino Martin, à la veille de sa retraite, saluer une grande ovation à la fin de cette temporada Bayonnaise, sauvée hier par un torero, aujourd’hui par des toros. Tient-il ses comptes, Julio ? Combien de toros a t’il vu naître et combattre, chez Victorino ? Combien de toros ovationnés, combien de vueltas ont-ils donné ? Combien lui-même a t’il donné de tours d’honneur, en bon porte-drapeau de son patron ? Combien de sorties a hombros ? Tient-il ses comptes, le vieux Mayoral ? Si oui, il devra ce jour ajouter quelques pages aux carnets déjà bien remplis : Deux toros monumentaux, dont un fit la vuelta, et probablement quelques larmes et des tonnes d’émotion, quand Meca lui brinda le grand quatrième, l’invitant ensuite à partager son triomphe. …

     Bayonne est heureuse. Victorino lui a fait le quite. Corrida magnifiquement présentée et armée. Fins, sans trop de poids (523 Kgs de moyenne), mais un lot homogène qui fit l’admiration de tous, à chaque sortie,  le cinquième recevant une ovation de gala. Au moral, pas à dire, ce sont des toros « différents ». Sortant en fusant dans les capes, en tournant court, en freinant sec, ils ne permirent aucun capeo de dentelle. Bien souvent, il fallut sortir par le centre. Méfiance !  A la pique, ils allèrent fort  au châtiment, et prirent de longues rations qui firent parfois rugir les gradins, qui auraient sûrement  préféré des piques plus courtes, quitte à en mettre six. Quinze piques qui en valaient trente, et aucun quite… On fit une ovation au picador qui prit le quatrième. Il vaut mieux ne pas revoir les séquences au video. Dans ce cas, c’est le toro qui fit briller le piquero. Mais, le cavalier s’appelait également Presumido. Il était… le fils de son père. Ceci explique cela. On aurait pu tout aussi bien ovationner fortement le premier puyazo au sixième, trop long, certes, mais sans rectifier, alors que le toro avait « romanéé ». Mais il était dit que la gloire était ce jour pour « la famille Victorino », et qu’elle ne se partageait pas.
    
A la muleta, deux toros en or: premier et quatrième. Il manqua à celui-ci, un poil de force, une once de transmission pour mettre définitivement le feu aux arènes, et devenir historique. Dur dur, le second qui se jetait dans la muleta et atterrissait souvent au sous sol. Cependant, Liria ne voulut pas le citer muleta devant. Noble et violent, « temperamental » mais bon, le cinquième. Un grand toro qu’on ne vit pas. Le mauvais lot, plus quedado, plus tardo, tomba entre les mains de Moreno., en particulier le sixième, noblon, mais qui ne finissait pas le muletazo. Ce fut la fête des toros. Mais on n’a pas atteint la charge émotionnelle vécue à Mont de Marsan.

       Stephane Fernandez Meca fait aussi partie de la « Famille Victorino ». C’est, aux dires du ganadero, celui qui comprend le mieux ses toros, qui les torée le mieux. Il le prouva amplement, ce jour, intelligent dans la lidia, sobre, carré et vaillant, muleta en main. Faena claire au premier, qui débuta très encasté, pour ensuite adoucir sa charge. Epée tendue et un descabello. Oreille. Face au grand quatrième « Hospiciano »,  506 Kgs de bravoure et de noblesse, le français se grandit dans de magnifiques passes de poitrine, clôturant chaque fois des séries très propres, sur les deux mains. Magnifique, la préparation et l’éxécution d’un recibir, au centre de l’arène. Grande demi-épée et deux oreilles unanimes, promenées en compagnie du vieux Julio, et de son fils Juan Francisco, qui avait piqué, fort moyennement ce toro, la troisième fois, avec le regaton. Vuelta posthume pour « Hospiciano », le toro de la temporada bayonnaise.

     Pepin Liria a beaucoup combattu. Son corps porte les stigmates de maintes batailles. Aussi, parfois, le jeune « vieux guerrier » coince un peu. C’est ce qui lui est arrivé à Bayonne. Muleta derrière, il ne se confia jamais devant le deuxième, avec quelques excuses. Cependant, le metisaca et les six  vilains pinchazos qui suivirent disent son manque de confiance. Deux descabellos et courte bronca. Il coupa une oreille à la mort du cinquième. Peut-être pour l’estocade, parce que la faena, à cent à l’heure, le torero « partant » chaque fois, avant que la passe soit finie, ne restera pas dans les mémoires. Ici, le triomphe précédent et la race du toro auront joué un grand rôle, mais de fait, Pepin Liria connut là un autre échec. Un journée à oublier bien vite, et une image à reconstruire lors de « sa » feria de Murcia, toute proche.
    
Jose Luis Moreno compte ses pas, travaille ses attitudes. Ce manque de spontanéité lui donne un air froid et hautain, qui, peut-être, a du mal à passer la rampe. On connaît cependant la qualité de son toreo, la profondeur de ses muletazos, à condition que les toros aient quelque charge. Son premier déclenchait fort tard, chargeait court et se retournait vite. Le second sortait, un peu fade, à mi-muletazo. Le Cordouan insista, écoutant chaque fois un avis, après avoir quelque peu pinché ses deux toros, sans pour cela atteindre les échecs qui lui ont fait perdre tant de triomphes avec ces mêmes Victorino. Par contre, on lui doit « Le » quite, le seul, le vrai, de la tarde, au quatrième, qui s’en allait embrocher au sol le banderillero de Meca. Une cape s’interposa, et le noble animal la suivit. Geste formidable que le public aurait dû saluer plus fort.
    
A peine sorti, le premier toro vit passer sur lui un éclair blanc. Claude Lagarde, sauteur champion en course landaise, exécuta un saut périlleux au-dessus de « Soberano ». Le saut fut souverain, l’ovation, chaleureuse. Le landais, ravi de son exploit et du brindis de Stéphane Fernandez Meca, venait d’inscrire son nom sur une nouvelle page de la course landaise.
    
Grande tarde de toros. Grands toros de Victorinos Martin. Sortie a hombros de Stéphane Fernandez Meca, rayonnant. Là-bas, un vieil homme salua la dernière ovation. Don Julio Presumido, carnets bien remplis, s’en va, dit-on, prendre sa retraite. 26 ans, au service d’un ganadero, aux soins de ses toros… Toute « un tome » de l’histoire de la prestigieuse ganaderia… Qui sait ? Le vieil homme se retirera t’il, peut-être, à l’ombre de quelque chêne, pour écrire.. . les nouveaux «contes du vieux mayoral »… Pourquoi pas ?
    
Le matin avait eu lieu la finale des non piquées. Quatre erales de  la Torrecilla et deux du Palmeral (le troisième s’étant abimé dans une dure vuelta de campana). Beaucoup de public pour fêter « les jeunes futurs héros ». On donna le prix à Cesar Jimenez. Bon ! ! Il va falloir se regarder un peu moins dans le miroir, se croiser un peu plus et éviter les bajonazos de gala…Alors, on pourra parler de vainqueur. Le petit Morenito de Aranda se battit avec sa caste et coupa une oreille au dernier, après une terrible voltereta. Angelete, quant à lui dessina les grandes véroniques de la tarde, fit des choses très intéressantes, mais eut contre lui sa taille, son âge, et une vilaine façon d’attaquer à l’épée. un seul vainqueur, ce matin : l’Aficion.

 

GRAVISSIME CORNADA POUR LE NOVILLERO  DAVID SANTOS

     4 septembre – Arganda del Rey  (Madrid) – Première de feria. On aura observé, depuis que certaines vedettes en ont fait leur final favori, le retour d’une passe récemment sifflée, la manoletina. Spectaculaire quand le toro a encore de la charge, elle permet « d’aérer »  les dernières minutes du combat, et d’arracher quelques applaudissements, en complément d’une faena sérieuse. Problème: une passe où l’on conduit très peu la charge du toro. Une erreur ou un faux mouvement du toro et l’accident peut arriver, toujours grave, le corps du torero étant raide, sans défense. Palomo Linares en sait quelque chose, qui a  été littéralement éventré, le 9 avril 1967 à Castellon de la Plana, en donnant une manoletina à un toro de Palha. Une blessure qui lui fit perdre toute la saison.
     Ce 4 septembre, près de Madrid, face à un novillo avisé de Roman Sorando, le novillero David Santos s’est fait très gravement blesser en donnant une manoletina. Le toro alla directement au corps du torero. La cogida ne fut pas spectaculaire, les cuadrillas ne réagissant que lorsque le jeune s’est relevé et qu’un jet de sang jaillit de son bas-ventre. Il était 19 heures. Porté à une unité d’urgence mobile qui servait d’infirmerie, David Santos subit une première intervention. Pronostic gravissime : cornada dans le triangle de scarpa, haut de la cuisse droite, avec rupture de l’artère et de la veine fémorales. Ligature de ces deux canaux vitaux et évacuation d’urgence vers l’Hôpital Maranon de Madrid, où le blessé entrera en salle d’opération à 20h30, pour une intervention de plusieurs heures par le docteur Reparaz, chirurgien chef du service cardio vasculaire. A priori, la vie du jeune ne court pas danger, mais c’est la jambe blessée qui cause souci. On a greffé un morceau de veine du bras sur le canal arraché. L’irrigation de la jambe étant primordiale, il faut attendre la réaction à l’intense choc traumatique, et à la « réamorce » du circuit si brutalement interrompu.

 

MAGNIFIQUE FAENA DU MORANTE DE LA PUEBLA, A PALENCIA

     4 septembre – Palencia – 4ème de Feria : On se souvient de la grande tarde, télévisée, du Morante, l’an passé en cette même plaza. Il y réapparaissait hier, après la douloureuse cogida d’Almeria. Les toros étaient des frères Garcia Jimenez correctement présentés, un poil faibles, le quatrième étant un os. David Luguillano coupa une oreille au premier, et Finito de Cordoba donna un cours de classicisme, obtenant un trophée à chaque toro.

    Bien à la cape, Morante de la Puebla eut déjà de bonnes choses à son premier, mais de façon discontinue et sur beaucoup de terrain, sept pinchazos n’arrangeant pas les choses. Par contre, on le vit « énorme », face au sixième. Véroniques « de cartel », le menton dans la poitrine, quite par chicuelinas et grande fena, inspirée, le torero totalement relâché. Grand moment, clos d’une épée recibiendo. Deux oreilles et sortie à hombros en compagnie du Finito et du mayoral . Dans sa chronique, Juan Posada parle d’un toro et d’une faena  qui « rendent le sitio perdu ». Il faut attendre, mais ce moment de bonheur torero, à n’en pas douter, peut être un déclic. « Un toro le quito el sitio, un toro se lo devolvio ! ». A suivre, au cours du mois de septembre.

 

FERNANDEZ MECA REMPLACE LE CALIFA, POUR LA « CONCOURS » DE DAX

     4 septembre : Confirmation de ce qui se murmurait. Stéphane Fernandez Meca, triomphateur de la Victorinada de Bayonne, auteur de grands moments dans le Sud-ouest, cette année, sera le remplaçant du Califa , pour la corrida-concours de samedi, en plaza de Dax, à l’occasion de la  « Salsa 2000 ». A suivre les joutes à la lidia, face à un Luis Francisco Espla, très expérimenté et très malin, qui a l’avantage supplémentaire des banderilles… Mais là, c’est Antonio Ferrera qui sera le concurrent, avec en plus, le sens de la lidia manifesté lors de la corrida de Palha, à Tyrosse. Pas à dire, Espla est « encerclé », samedi, et devra sortir le grand jeu. Dépendra de l’humeur…
     « Toros y Toreros »… Qui sera le meilleur ? Sur qui pariez-vous ? Quelle ganaderia ? Miura ? Bof ! - Cebada Gago ? qui sait ? – Maria Luisa ? Sur un toro, ça s’est déjà produit, mais cette année, pas brillant – Celestino Cuadri ? Autre prétendant. Sortira t’il comme à Valencia, (aahh !), ou comme à Nîmes (oohh !) ? – Albaserrada ? Peu de références, cette année. Un bonne occasion pour faire parler d’eux – Adolfo Martin ? La saison n’a pas été celle que l’on rêvait, malgré le grand toro de San Isidro.
     Corrida Concours. « A vous de faire votre tiercé, dès aujourd’hui, sur un petit papier. Rangez-le soigneusement jusqu’à samedi soir.  Ne trichez pas ! ». A Dax de bien organiser les choses, et aux toreros de faire briller le tout. Suerte, pour tous, à l’occasion d’une corrida « spéciale », qui mérite la réussite et la chance, surtout en une époque de « vaches maigres »…   

 

LA TAUROMACHIE « D’AUJOURD’HUI » : LE MONDE A L’ENVERS…

     5 septembre : On se plaint qu’il y ait peu de vraies futures promesses, actuellement , dans les rangs des novilleros. Si l’on met de côté, un moment, l’incroyable et scandaleux problème de « payer pour toréer », dans lequel personne, du plus haut responsable des ministères au plus intègre aficionado de la plus petite des incorruptibles penas, ne veut mettre leur nez (nous sommes ici, tous coupables !), il en est un autre qui vaut son pesant de sel : Le trapio, le poids, la présentation générale des novillos, plus imposants, souvent, que ceux des corridas de toros.
     Etre novillero est… être "apprenti Matador". Un apprenti… apprend son futur métier. Aussi, on va commencer par des petites tâches, on va lui montrer, on va le guider, l’accompagner, l’aider, tout en étant de plus en plus exigent sur  sa progression, son rendement. Dans le monde de la tauromachie, c'est le contraire. Le novillero de l’an 2000 commence son apprentissage par le plus trouble et le plus périlleux parcours du combattant qui se puisse imaginer : Combattre des monstres dans des plazas de bourg, souvent sans infirmerie, le tout pratiquement gratuit, tout heureux qu’on lui paie les gastos. Bien souvent, il en sera de sa poche, ou de celle de quelque protecteur impatient, qui va un jour,  le « lâcher » parce qu’il n’a pu couper les oreille à un assassin borgne de 548 Kilos et un mètre de corne à corne, le jour où dans les gradins, était assis tel empresa, ou tel journaliste de renom. S’il parvient à réussir une trentaine de ces « sauts périlleux, sans filets », alors on le regardera autrement, car il peut « fonctionner », c’est à dire… rapporter de l’argent. Tout à coup, les conditions s’amélioreront, le gabarit et le pointu des adversaires iront s’amenuisant, et ainsi, le jeune rejoindra « l’Escalafon supérieur », prenant l’alternative devant des « chotos afeités », de façon à ce que ce brillant événement lui fasse signer 30 contrats de plus. Juste récompense, direz-vous, pour qui aura subi le calvaire précédent. Enfin, en haut de l’affiche. Certes ! Mais, si vous y ajoutez  le régime des « exclusives », la fiscalité qui étrangle les organisateurs, les exigences du public quant au poids (on n’a pas dit trapio) des corridas combattues dans la moindre placita de pueblo, le descastamiento général et on en passe, le résultat est là : « On s’em..nuie, dans quatre corridas sur cinq ». Du coup, on vante pour historique une corrida normale, et on réclame la vuelta pour un manso, parce qu’il a seulement été..un toro.
     Pendant ce temps, les « apprentis » se font couper en deux, dans ces plazas de Dieu, devant des barabas, écoutant tristement le « clarin » du soir, où l’on racontera avec assaut de lyrisme le triomphe de telle vedette, devant une corrida « terciadita, bonita,  sospechosa, que salio floja »… Le monde à l’envers.
     Temporada 2000 : les deux plus graves cornadas de la saison ont « cloué », peut-être à jamais, les rêves de Jaime Reyes et David Santos. Les connaissions-nous ? 

 

DAVID SANTOS…  ETAT STABILISE.

     6 septembre : Très grièvement blessé le 4 septembre, en plaza d’Arganda del Rey, le novillero David Santos a subi une opération qui a duré six heures. On a d’abord sauvé la vie du torero, sur les lieux-mêmes de l’accident , puis, après son transfert à l’hôpital Gregorio  Maranon de Madrid. Le jeune présentait une cornada de 15 cm de profondeur dans l’aine droite, ayant arraché artère et veine fémorales. Il a fallu reconstruire tout « l’arbre artériel », sorte de carrefour « à multiples sens uniques », des plus vitaux. Mardi soir, l’état était stabilisé. Il faut maintenant attendre. La crainte: le rejet du greffon, l’infection. Attendre…
     David Santos a 21 ans. Natif de Medina del Campo (Valladolid), il a combattu son premier becerro le 4 septembre 94, et toréé sa première piquée, début 98, en plaza de Puerto Banus. Depuis, 30 novilladas à son actif, et de bonnes perspectives.
     Le destin, encore une fois. Au cartel de la novillada d’Arganda, lundi, David Santos remplaçait Jaime Reyes… Celui-ci, gît, la jambe ouverte, sur son lit d’hôpital, après trois opérations très lourdes,  depuis un mois. Pourra t’il un jour remarcher ? Pourra t’il, un jour, toréer à nouveau ?. Se sont-ils renseignés auparavant, ces grands empresas qui, soudain, s’intéressent à lui, et lui offrent les clefs de leur plazas ?

 

PENDANT CE TEMPS, LA VIE CONTINUE…

     La corrida de Palencia  a vu le succès, hier, de Miguel Abellan, coupant chaque fois une oreille, après un avis. De Mora obtint un trophée, et Caballero écouta le silence. La routine. Sont sortis cinq toros de Alcurrucen et un Algarra.
     Au même moment, Victor Puerto coupait trois oreilles et un rabo a La Moraleja, près de Madrid, mais se faisait mal à la main en estoquant. La corrida était « mixte », de Gabriel Rojas.
     Pendant ce temps, Arganda del Rey voyait sa deuxième novillada de feria, avec du ganado de Sanchez y Sanchez, « de miedo ». Les novilleros ont fait « leur dur apprentissage », mais le public retint son souffle, au moment où le jeune Luis Angel Gonzalez se fit prendre, en portant l’estocade. Heureusement, pas de mal, cette fois-ci. A quelques dizaines de kilomètres, dans sa chambre de soins intensifs de l’Hôpital Maranon, David Santos parlait de toros et de réapparition… le 7 octobre !

 

AVOIR DU MOTEUR… ET PAS D’ESSENCE…

     7 septembre : Une expression répandue pour qualifier un toro : « No tuvo motor ». Il était noble, et pouvait servir, mais il lui manquait l’allant et la durée. La faena donc se languit un peu, avant de s’éteindre lentement. Nous, aficionados, on a du moteur … mais on n’a pas d’essence ! A l’approche des deux ferias qui, en France, capteront l’attention ce week-end, on peut facilement imaginer l’inquiétude de leurs organisateurs, à l’écoute des derniers événements autour  des dépôts d’essence. Le conflit va t’il se poursuivre ? Les stations seront-elles réalimentées pour samedi ? Les Aficionados « éloignés » pourront-ils venir ?  Arles prépare sa « feria du riz »… Pas de bol !  Dax  « dansera salsa », et tous se frottaient déjà les mains à l’approche du mano a mano Ponce/Jose Tomas... Tout bien considéré, on va peut-être partir vers Ronda, pour la traditionnelle Goyesca de samedi. C’est plus loin, il faut « plus de moteur », mais au moins on pourra trouver de l’essence pour nos briquets…
    
Etrangère à ce tourbillon economico –politico médiatique qui secoue la France et draine de longues files d’attente devant les dernières pompes ouvertes, la temporada se poursuit, avec un petit «break» avant les ferias de Murcia, Albacete, Salamanca et Valladolid.
    
6 septembre : Final de la San Antolin, à Palencia. Corrida de rejoneo. Toros de Flores Tassara, excellents, et triomphe majeur de Pablo Hermoso de Mendoza, qui a toréé « lent-lent » . L’accompagne dans l’apothéose Sergio Vega. Les frères Domecq sont à la remorque. Intéressante feria de San Antolin 2000, marquée par la faena de Curro Vazquez, qu’il aura fallu vivre « en direct », et une belle tarde du Morante de la Puebla, inspiré et décontracté, comme on souhaite le revoir longtemps.
    
6 septembre – Ejea de los Caballeros (Aragon) – Les toreros ont un peu patiné devant une bonne corrida de los Millares, renforcée d’un San Roman, sorti deuxième. Long, appliqué, le Zotoluco entendit deux avis, mais coupa l’oreille « de l’autre », après avoir donné vuelta « à l’un »… Enrique Ponce eut recours aux espagnolades pour obtenir un trophée. Pas digne de lui, ça. Quant au Morante, il donna beaucoup de passes, parfois bonnes. Très bonne estocade au sixième et une oreille. Mais, vraiment pas de quoi refaire un plein !
    
6 septembre – Melilla : Là, il vous faut du carburant, mais aussi, un bateau. Melilla, c’est de l’autre côté du détroit. Une plaza existe depuis longtemps, l’aficion aussi. Mais, « c’est de l’autre côté ». Hier, corrida de Peralta, très bien présentée et armée. Le cartel a vécu plusieurs changements, dans la polémique. El Tato coupe deux oreilles au quatrième, et Gil Belmonte, une de chaque.  Silence pudique sur Javier Conde, qui entendit…deux broncas.
    
6 Septembre du côté des Novilladas : A Arganda del Rey, le lot de Torrestrella avait fait le plein de carburant, et sortit en puissance. Les novilleros distribuèrent beaucoup de passes. Seul Martin Antequera se sauva, grâce à deux bonnes estocades – En plaza Del Alamo, blessure de Jose Luis Trivino, qualifiée de légère, par un novillo de Julio de la Puerta (10 cms dans la cuisse gauche).
               
Pendant ce temps, à l’Hôpital Gregorio Maranon de Madrid, l’Académie est étonnée de voir les rapides progrès dans l’état de santé de David Santos, trois jours après sa blessure. Cependant, il faut attendre.

 

DERNIER TRIOMPHE ET DISTRIBUTION DES PRIX, A PALENCIA

     7 septembre – Palencia : La Feria San Antolin s’est clôturée ce jour avec une novillada non piquée de Adrian Angoso et un gros gros triomphe de celui  qui a conquis la France: Cesar Jimenez . Quatre oreilles. Par ailleurs, les Trophées de la feria ont été attribués : Curro Vazquez et Morante de la Puebla remportent en commun le prix au « triomphateur du cycle ». Meilleur toro : « Desviado », de Zalduendo, qui a permis le grand moment de Curro Vazquez et confirmé le haut rendement de cette ganaderia en l’an 2000. Jose Antonio Carretero emporte un nouveau trophée au meilleur banderillero, et Cesar Jimenez se voit distingué au titre du meilleur novillero. Le prix au lot le plus complet n’a pas été attribué. Signe des temps.
    
7 septembre – Dans les autres plazas : Mariano Jimenez, Encabo et Gomez Escorial se sont illustrés devant une corrida du Conde de la Maza, en plaza de Sotillo de la Adrada – Ponce et Luguillano sont sortis a hombros de Medina del Campo, mais les toros du Ventorillo étaient faibles – Victor Puerto a coupé deux oreilles  à un toro de AP, en plaza d’Alcorcon – Une nouvelle alternative, celle de Alvaro Gomez… en plaza de Melilla. Pas facile pour « surgir au premier plan »… Triomphe du parrain, Rivera Ordonez, avec deux oreilles.
    
Etat satisfaisant, selon les médecins, quoique progression lente et douloureuse, pour David Santos, à l’hôpital Maranon de Madrid. Le novillero a été, à nouveau, opéré ce jour, en raison d’intenses douleurs.

 

LA FABLE DES « CORNUDOS », OU…LE BAL DES ENCORNES

     7 septembre – Colmenar  Viejo : On sait les « mauvais moments » qu’ont passés les maires de Dax et Bayonne, suite aux sorties, pour le moins sujettes à caution, de plusieurs toros, cet été, dans leur plaza respective.  Saisie des cornes, pas saisie ? Officielle, à titre personnel ? Un imbroglio au niveau de la décision  et de la clarté au plan communication, quel que soit le ton utlisé. Attendons les suites, s’il y en a. A n’en pas douter, elles feront l’ossature du « culebron taurino », le feuilleton hivernal des aficionados.
    
En Espagne, c’est beaucoup plus clair, et beaucoup « moins joli »… La feria de Colmenar Viejo a vécu cette année une feria déplorable au plan présentation du ganado, au point que la presse nationale se fait écho des « manières » utilisées par les premières autorités de la Ville, dans le but d’éviter l’analyse post mortem des cornes des toros de la Feria. A la tête du collège des cinq vétérinaires de la Feria,  Alejo Alcantara vient de mettre les pieds dans le plat, dénonçant le Président des corridas, le conseiller municipal Pablo Colmenarejo, pour s’être opposé fermement et sans discussion possible, à l’analyse post mortem des cornes des toros, lidiés les 28, 29, 30 Août, demandée par les vétérinaires eux-mêmes.  Ou l’histoire, somme toute banale, prend un tour plus cocasse, c’est que le maire, Jose Maria de Federico se fait absent du débat, lui qui était seul présent lors du reconocimiento previo, du contrôle préalable des toros, avant la corrida, alors que le président, son conseiller , n’y était pas. Somme toute, dans cette fable, on parle beaucoup de cornes, mais on a du mal à savoir… qui sont les cocus ! Deux favoris : les vétérinaires et le public !

 

ALBACETE ET MURCIA : RENCONTRES AU SOMMET…

     8 Septembre : Tandis qu’à New York, des panneaux « Smile !» essaient de dérider, pour la photo de famille, quelques dizaines de responsables du destin de la planète… Vu la tête qu’ils font, on n’est pas forcément rassurés… le mundillo taurin, va porter toute son attention vers deux plazas, différentes à tous points de vue, mais qui ont le mérite, dans cette dernière ligne droite de la temporada, à faire se rencontrer, parfois à distance, les « rois de la saison » et leurs prétendants, face à du ganado de respect.
    
C’est notamment le cas d’Albacete qui débute, ce jour, un cycle de sept corridas, une de rejoneo et deux novilladas piquées. Le public ne s’y est pas trompé, qui a augmenté de 30% ses abonnements à la feria. L’empresa Martinez Uranga peut se frotter les mains. Base de la feria : Manolo Caballero. Normal ! Trois corridas dont une en « unico espada », soient 10 toros…Ouf, bon !  Feront « doblete » Jose Tomas et Juli.
    
Jose Tomas et Joselito, pour la première fois, viennent se colleter à ceux qui ont fait la course en tête dans toutes les ferias de renom et de poids. Attention , le toro, ici, ne sera pas le même. Cependant, pas trop de souci à se faire. La saison est gagnée pour Jose Tomas, plus discutée pour Joselito, mais ils se sortiront de ce rendez-vous, en toreros qu’ils sont. Les ganaderias sont « les classiques », mais on sait l’exigence de ce public, quant au trapio et aux cornes. Aussi, les vedettes auront à faire « double tour de machos », avant de sortir vers la plaza. A signaler que Jose Tomas et Juli  « se rencontreront » au même cartel, le 11 septembre. Plus de places depuis trois semaines.
    
Murcia a « un autre parfum ». La plaza de la Condomina, 18000 places, est plus Torerista. La feria 2000 comptera donc de cinq corridas, une de rejoneo et une novillada. Ici, Pepin Liria mènera le bal, avec trois contrats, dont les Victorino. Juli fera deux paseos. A signaler que Manolo Caballero prendra les Victorino. Geste à saluer, avec le souhait « d’un vrai triomphe de poderoso » ! La feria s’ouvre ce jour avec Joselito, Jose Tomas et Morante, face à de Vctoriano del Rio. Ne pas s’y tromper, Murcia n’est pas une feria « grincheuse », mais sérieuse, où l’on apprécie le toro et le toreo. Cette alchimie a, dans un passé récent, donné des résultats historiques, la feria ayant vécu plusieurs indultos.
    
A Valladolid, on « chauffe », aujourd’hui, les moteurs avec une novillada, les corridas commençant dimanche pour un cycle intéressant, de sept courses et une de Rejoneo. A signaler « les grosses rencontres » des 13 et 14 septembre : Ponce / Tomas / Juli , avec des Torrealta, et Joselito / Finito / Juli, avec des Nunez del Cuvillo.

 

COURAGE, TORERIA ET…DESTIN !

     8 septembre : Ils ne sont que de simples hommes, et pourtant, ils sont des héros. Vêtus de ce costume d’or qui impose respect, les toreros avancent sur le chemin que le destin leur a tracé. Ils mettent de leur part, le courage, la fierté, la technique, le rêve d’un toreo au ralenti, superbe, et d’estocades d’anthologie. Le destin est là, qui dicte leurs rendez-vous. Alors, quelquefois, après maintes sorties a hombros, après des pages de gloire dans la presse spécialisée, la courbe ascendante, soudain, se brise, et en peu de temps, l’étoile s’éteint. Le torero redevient alors, un simple humain parmi les humains…
    
Il y a peu de vedettes, de grandes promesses, en ce moment parmi les novilleros. Seul, Javier Castano semblait… semble promis à un grand destin. Son alternative était… est prévue pour le 14 Septembre.  Tout semblait …semble prêt pour l’événement. C’est compter sans le destin qui change quelques données. Une sale lésion à la jambe a paralysé sa saison, en plaza de Valencia, mi-juillet. La réapparition était prévue ce jour, lors de l’ouverture de la feria d’Albacete. Javier Castano y a fait le paseo, très diminué, sans ressources physiques, devant se faire infiltrer, entre deux toros. Et ce qui devait arriver… Le sixième le prit dans un derechazo, en début de faena, et le chercha vilainement au sol. Résultat : blessure peu grave, de 8 cms, sur le coté droit du cou. Ce genre de cornada qui fait très mal au moral, parce qu’on la voit tous les jours, dans le miroir.
    
Javier Castano prendra t’il l’alternative jeudi prochain à Salamanque ? Probablement. Mais, il y a une frontière ténue, entre le torero hyper courageux « qui fait peur au toro », à force de s’arrimer, de marcher sur lui, et le torero « chair à canon », que les toros, soudain, ne respectent plus. Castano a triomphé, à force de courage, de technique et de chance. Il faut espérer que ces trois-là lui resteront fidèles…
    
La novillada, par ailleurs, n’a rien donné. Devant un demi plaza, les cinq novillos de Pedres sont sortis aussi bien présentés que de mauvais comportement. Le sobrero sixième d’Adelaida Rodriguez se mit à l’unisson. Abraham Barragan et Anton Cortes ont fait ce qu’ils ont pu.

 

MURCIA OUVRE SUR « UNE SYMPHONIE EN DUO »…

     8 Septembre – Murcia – 1ere de Feria – 2/3 de plaza : Jose Tomas et Morante de la Puebla « ont fait  toréer  les gens dans la rue », au sortir de cette corrida d’ouverture de la feria 2000. La corrida de Victoriano del Rio, correctement présentée a donné un jeu disparate. Joselito a été mauvais, absent,  et de plus, a vilainement tué. Que se passe t’il ? Que va t’il se passer ?
   
 Jose Tomas revenait de sa blessure de Linares. Il monta « un tabac », face à son premier, « Flor de Gamon » -501 Kgs - grand toro. « Arrêtant le temps » avec la cape, Tomas débuta par cinq statuaires au centre, et la passe du mépris. S’enchaînèrent alors, comme dans de la ouate, des séries parfaites sur les deux mains, lentes, majestueuses. Un trincherazo et la granadina levèrent le public. Estocade au ralenti et deux oreilles « totales ». Le sixième était faible, et il fallut se résoudre à l’estoquer rapidement. Sortie a hombros, qui signe le grand retour de Jose Tomas.
    
Morante de la Puebla se présentait. Sa prestation a conquis Murcia. On le vit très bien au troisième, tant avec cape que capote, mais l’acier réduisit le tout à une forte ovation. Par contre, après avoir très bien toréé de cape le sixième, Morante ouvrit sa faena par la passe du « cartucho del pescao », celle qui lui valut la terrible cogida de Séville. Formidable entrée en matière, suivie d’une faena galbée, souveraine, parsemée de ces remates qui fleurent bon le romarin. Une seule oreille, parce que l’estocade, recibiendo, au deuxième voyage, mettra du temps a tomber le toro. Mais, gros succès et, après Palencia, des vrais indices du bon retour de Morante de la Puebla. A suivre, samedi 9, à la Goyesca de Ronda.

 

DES TOROS… A PLEINS TUYAUX ! !

     8 septembre : Tandis qu’en France, on jouait  la sempiternelle rengaine de « la solidarité, surtout pour moi… », et que le braves gens, cochons de payeurs, prenaient en patience le mal que leur faisaient leurs semblables, plus forts, plus musclés, plus représentés, la journée taurine déversait un flot de corridas et novilladas , dont les principaux résultats sont les suivants :
   
 A Calatayud
, le Juli a coupé trois oreilles à des vilains toros de Bohorquez. Finito et Abellan l’accompagnaient, avec un trophée chacun. Curieux : Demi-plaza, seulement. Les places étaient elles donc plus cher que le litre de brut ?
    
A Cabra
, près de Cordoue, gros triomphe et sortie a hombros du trio Victor Puerto, Jose Luis Moreno et El Fandi, devant une bonne corrida de Loreto Charro.
    
A Barbastro
(Huesca) : Terrible et saine compétition entre Tato et Jesus Millan. Le jeune bat l’ancien, quatre oreilles et un rabo, à deux. Mais, le public et les deux toreros ont apprécié. A côté, Julio Aparicio…n’a pas apprécié du tout ! La corrida était d’Albarran.
    
A Santona
, près de Santander, Francisco Marco, le triomphateur de Pamplona coupr tous les trophées à un toro de Moura.
    
A Laguna de Duero
(Valladolid) : Quatre oreilles pour El Fundi, et deux pour Antonio Ferrera, face à une corrida du Conde de Mayalde,  Luis Francisco Espla continuant, de son pas de sénateur.
  
  A Elda
(Alicante) Juan Bautista coupe une oreille, mais son compagnon El Renco, deux, face à des toros de Villalobillos. A cheval, Ivan  Magro « galope une vuelta ».
    
A Navaluenga
(Avila) : La corrida est en majorité de la famille Peralta. Mora coupe une chaque fois. Davila Miura triomphe à son premier, avec deux trophées. Sebastian Castella : Palmas y silencio.
    
Du côté « novilladas », on a enregistré à l’ouverture de la feria de Valladolid , la grosse présentation des novillos de Ana Isabel Vicente. Certains étaient des toros. Mal piquée, la novillada a montré caste et mobilité, parfois un peu de genio. Triomphateur : Matias Tejela, qui a toréé avec esthétique et  profondeur . Julio Pedro Saavedra tira le mauvais lot, mais fut le plus complet. Deux volteretas en portant deux estocades. Leandro Marcos fut bien à la cape, mais eut du mal avec un novillo de mucho genio. Il tua mal.
 
    Arganda del Rey
 : La novillada de la Quinta est sortie « super présentée » mais, le comportement a tourné au manso con casta, avec un peu de faiblesse. Le sixième poussa jusqu’au centre,  ramena le tout aux barrieres, avant de basculer cheval et picador dans la poussière. Luis Vilches et Alberto Alvarez surnagèrent. Mais la grosse impression vint de Jose Montes, auteur de deux portagayolas d’angoisse, introduction à une prestation courageuse et torera. Il donna deux vueltas.
 
    Côté blessés, on apprend que, si tout semble s’améliorer rapidement, du côté de David Santos, les nouvelles sont beaucoup moins bonnes pour ce qui concerne Jaime Reyes, grièvement blessé le 7 Août, en plaza de Soto del Real. Le torero vit de très durs moments, avec de grosses chutes de tension. Les médecins de Ramon y Cajal, n’ont pu encore procéder à une greffe, et le jambe « s’abîme » chaque jour davantage.

 

DAX…   EN SU SALSA !

     9 Septembre : On pouvait craindre, malgré les nouvelles réconfortantes, que la pénurie de carburant allait réduire à presque néant la feria de la Salsa. Et de fait, en déambulant, vers 16 heures, dans les allées du parc Théodore Denis, on ne retrouvait guère la foule des années passées. Certes, la forte chaleur  incitait les passants à s’asseoir dans l’herbe, mais les quelques silhouettes qui se déhanchaient, parfois fort agréablement à l’œil, au son des musiques latines, paraissaient bien seules. Qu’allait il se passer, à l’heure du paseo ?

     Dax est ainsi. On travaille l’événement, on imagine, on tente… Monter une corrida-concours en septembre, à notre époque, relève du coup de poker. La bien préparer ; imaginer « le référendum avant l’heure » en demandant au public de voter pour le meilleur toro ; mettre pour cela, à sa disposition, une plaquette d’information très bien faite avec bulletins-réponse détachables, méritent un grand coup de chapeau  et un peu de chance à l’heure du clarinazo. Et il y en eut. On imagine ce qu’aurait été l’entrée si la pluie s’y était mise, comme en de précédentes sessions.
    
Grand ciel bleu, une bonne entrée, et une corrida que l’on a suivi avec intérêt, même si elle fut parfois un peu lourde, du fait  de l’insistance a vouloir faire venir les toros de loin, au cheval. Cela nous paraît une erreur .
    
Corrida-concours. Concours de quoi ? Concours de bravoure démontrée, concours du « toro le plus complet » ?  ou concours de « charges de loin » ?  Cinq toros sur six vont charger de loin, surtout si, à sept reprises, le picador bouge sa monture en faisant concurrence à Pavarotti. On l’a souvent vu, notamment à la « resaca » de Séville.  Mais après ? Quelle pique, quelle bravoure, quelle fijeza, quelle puissance ? Pourquoi cette première pique, de si loin. La concours ne demande t’elle pas, au contraire, une première pique à distance moyenne, puis, au vu du résultat, une deuxième citée de plus loin ; une troisième, d’encore plus loin, etc… Et ainsi, on peut calibrer la fijeza, la caste, l’alegria du toro. Puis, si on a la chance que le fauve fixe sa tête au peto, met les reins et pousse droit devant, alors, pour peu qu’il y ait sur le percheron, « un torero » qui joue honnêtement et des jambes et du bras, alors… on lève la plaza. Par ailleurs, les piques étant courtes et bien calibrées, on peut en voir quatre, cinq, ou utiliser le regaton. Il ne s’agit pas de « concours de trois entrées au cheval » . On est tellement étonné, de nos jours, de voir un toro prendre trois piques, qu’on en oublie qu’il lui en faudrait, peut-être, une quatrième. Référence : le Cebada.
    
A cette réserve près, qui nous semble avoir un peu faussé le jeu, il y a eu de bons moments, dûs aux toros, mais moins aux hommes. Luis Francisco Espla joua les scientifiques cyniques. Stéphane Fernandez Meca ne parut pas dans son meilleur jour. Antonio Ferrera a donné ce qu ‘il avait, face au mauvais lot.

     Côté toros, deux ont survolé le lot, de par leur présence et leur jeu. Etaient-ils dans votre tiercé ? Le Cebada Gago a montré une présence extraordinaire. Guapissimo ! Magnifiquement présenté, il a mit du temps à se fixer, est parti de loin au cheval, mais « escarbo » !,  il gratta le sol entre deux piques. Vilain !  Violent, brave et encasté, au cheval, « il remonta » au cours le la lidia, et… la caste se teinta de sentido à la muleta. Meca ne put totalement le dominer. Comme l’estocade recibiendo fut de côté et longue d’effet, les opinions se sont divisées, et le toro, malgré une belle ovation,  ne va pas rassembler tous les suffrages. Mais ce fut  « un Toro ».

      Le torero Français toucha également l’Albaserrada, sorti cinquième. Fin, très armé, il fit une belle sortie, chargea avec une pointe de faiblesse, et entra de loin, avec alegria, au cheval. La première pique fut bonne, mais après, il fallut « cuidarlo ». On donna le prix au picador qui, pourtant, manqua son toro à la troisième entrée. Bon ! La plus belle voix, peut-être ?  El Chano banderilla « supérieur », sa première paire. Meca se retrouva en présence d’un toro noble, auquel il ne pouvait baisser la main, à cause de cette pointe de faiblesse que cachait l’alegria du bicho. Faena de nombreuses passes, mais sans grande émotion. Il fallut que Meca attaque fort à l’épée pour lever la bonne ovation. Entière trasera, à la vapeur, mais qui couche l’Albaserrada et une oreille, la seule du jour. Cebada Gago ? Albaserrada ? C’est probablement entre ces deux que cela se jouera.
    
Le Miura sortit en Miura, dans les enganos. Violent, freinant au milieu de la suerte, il chargea de loin , mais poussa sans style, sous le fer. Espla dansa une faenita, en souriant, goguenard. Le bajonazo suscita le silence. Le Cuadri, quatrième, se montra vilain, armé court, et triste au premier tiers, même s’il fut celui qui prit un puyazo « campaneando al caballo ». Il fut très noble, et Espla, qui l’avait banderillé tranquille, lui donna « sa » faena, avec quelques bons enchaînements à gauche. Entière en arrière, le toro l’attendant à mi-hauteur. Le torero d’Alicante salua, « de toute la sienne », au centre de la plaza.
    
Antonio Ferrera n’a pas eu de chance au « non-sorteo ». Le Maria Luisa sortit allègre au capote, mais montra vite sa faiblesse. Deux piques, sans pousser … sans piquer… A la muleta, une passe, une deuxième et …pfttt ! se acabo ! Ferrera fut joli et calme au capote, bondissant aux banderilles, put sortir une naturelle très calme et galbée, tua d’une bonne entière, après pinchazo .  Le sixième d’Adolfo Martin, sortit vivace, chargea trois fois de loin, mais pas en brave. Ferrera ne fut pas à l’aise aux banderilles et mit, à la muleta, ce que le toro n’avait pas. Toro très court de charge, sans grandes options. Ferrera insista… on le lui reprocha.
    
Que dire de plus ?  Les dacquois « avaient mis toute la sauce », mais les toros « como los melones son »… Décidément, on finit toujours par parler « cuisine » . Et au fond, c’est très bien ainsi.

 

L’ARLESIENNE QUI SOURIT…  GOYA QUI FAIT LA GUEULE…

     9 Septembre : Traditionnelle corrida Goyesca de Ronda, tandis que de l’autre côté de la frontière, en haut à droite, on fête le riz, vous savez… « celui qui ne colle jamais ! ». Ce sont deux rendez-vous parmi la cinquantaine de courses données ce jour, sur la planète « toros ».
    
9 septembre - Arles - Presque plein – Grande corrida de Samuel Flores, avec présence et noblesse, sauf deuxième et sixième. Magnifique journée d’Enrique Ponce, en maestro, toréant a gusto et coupant trois oreilles. Un des grands triomphe de sa saison. Manolo Caballero coupa les deux oreilles du cinquième à qui l’on donna vuelta, et Juan Bautista triompha devant son premier adversaire. Très bien au capote,  il se montra supérieur avec la main gauche, et coupa deux oreilles. Le public fut un peu dur avec lui, au sixième. Toro compliqué, où le français s’accrocha. Final un peu manqué, qui poussa Jalabert à refuser la sortie a hombros. Ce que voyant, Ponce fit de même, par companerismo, Caballero se joignant à la belle décision. Toreros !
    
Le matin, la novillada  de Fernay était sortie dure. Blessure de Ricardo Torres en estoquant so premier. Deux trajectoires, au dessus du genou droit. Il coupa la seule oreille, David Lombardo donnant vuelta au quatrième. Antonio Bricio fut digne.
   
 9 septembre – Ronda – 44ème corrida Goyesca – Plein total : Crinolines et fanfreluches…toute la gentry était là. Catastrophe signée Juan Pedro Domecq. Ses toros de Paladé sont sortis, vides de tout , et il n’y eut pas de spectacle. Joselito se mit à l’unisson et tua mal. Rivera Ordonez se fit siffler au final, plus pour avoir organisé la corrida, que pour l’avoir toréée,  vaillant, et mal tuée. Quand au Morante, il eut quelques gestes au capote, puis …fini ! En ouverture, Alvaro Domecq revint, pour un jour, et son rejoneo vaillant, brouillon, face à un Murube, parut bien éloigné de ce que fait un certain Pablo de Navarre. Déception totale, mais plein assuré pour la Goyesca 2001. Ronda est si belle !
    
9 septembre – Murcia
– 2ème de Feria : Mano a Mano Liria/El juli, du fait de l’absence du Cordobes. Bonne corrida de Nunez del Cuvillo. Pepin Liria reçut a portagayola le cinquième « Poca ropa » - 504 Kgs. Grand toro qui frôla l’indulto. Liria le banderilla, avec le Juli, se faisant prendre, sans mal, dans un quiebro. Faena complète, vibrante, débutée par un cambio dans le dos. Deux grosses oreilles pour Liria, qui avait obtenu celle du troisième. On donna une vuelta au brave « Poca ropa ». El Juli a coupé quatre oreilles, brindant son premier a Liria, faisant de tout, avec cape, muleta et épée. Les deux diestros et le mayoral sortirent a hombros. La feria débute bien, du côté de la Condomina.
    
En vrac : Victor Puerto a gracié un toro d’Antonio Ordonez, à Navaluenga, près d’Avila. Anti réglementaire – Fernando Cepeda a été « énorme » à Utrera, face à des toros de Guillermo Acosta – Eugenio de Mora a coupé quatre oreilles et deux queues, à Ocana (Tolède). Zotoluco, qui s’est fait prendre, sans mal, et Fundi l’ont escorté dans ce triomphe, face à des Bernardino Piriz – Le public et la critique a grondé fort en voyant Padilla éclater de rire devant le quatrième toro d’Araceli Perez, qui se figea, après la larga à genoux, hésita, asphyxié, et s’écroula, mort. Cela se passait à Alcorcon, près de Madrid.
    
Côté Novilladas : De bonnes choses pour la deuxième d’Albacete, avec du ganado de Pio Tabernero de Vilvis. Un oreille à Sergio Martinez.
   
 9 septembre : Journée de blessures, deux novilleros se retrouvant le soir à l’hôpital de Alcorcon (Madrid) : Alberto Alvarez a reçu une grosse cornada à Navalcarnero, par un novillo de la Guadamilla : Trois trajectoires dans la cuisse gauche (16, 14 et 5 cms). Pronostic grave – De son côté, David Blazquez a reçu, lui aussi,  une cornada grave, en plaza de Villa del Prado : 15 et 20 cms  dans la cuisse gauche. Le novillo était de Jose Escolar. – Un novillo du conde de Mayalde a blessé « au bas-ventre », le jeune Garcia Santos. Cela se passait à Villarubia de Santiago. Le pronostic est réservé. Cela se comprend… Mais, à n’en pas douter, ces jeunes repartiront « au canon », portant « or et illusions », vers leur destin. Toreros !

 

DAX : TRIOMPHE DU « GITANILLO RUBIO… »

     10 Septembre : Corrida de luxe en plaza de Dax, pour la clôture de cette saison 2000. Ciel bleu, le soleil « de salsa » et les gradins, jusqu’en haut. Le mano a mano  EnriquePonce /José Tomas  ne pouvait qu’attirer la grande attente, les grands espoirs d’une tarde historique. Les toros de Zalduendo sortant bien partout, il y eut des pages et des pages de bon toreo, Il y eut des trophées à la pelle. Il y eut sortie a hombros pour les deux diestros… Il y eut tout, et pourtant, la tarde est allée de mas a menos, peut-être parce qu’on l’avait faite débuter trop haut.

     La corrida, c’est avant tout l’émotion. Dax sait capter cela, sait aussi provoquer cela. Du salut des deux diestros à la fin du paseo, au solo de trompette de la Néhe dans un silence de cathédrale, tandis que le torero passe dans un rayon de soleil en marchant, cérémonieux, vers le toro…il y eut de ces moments qui hérissent un peu la peau, qui « poussent » le cœur. Et s’il faut parler de triomphe, de triomphe d’émotion, qui amène presque la larme à l’œil, c’est à un torero « de plata » qu’on le doit. 

     Il s’appelle « Gitanillo Rubio ». Les aficionados des années 60/70 connaissent sa silhouette, sa calvitie, et sa vaillance. Hier, il fermait définitivement une page de sa vie. Il se coupait la coleta et rangeait définitivement le costume de lumières. Très actif toute l’après midi, il dut saluer l’ovation, et Enrique Ponce lui brinda le cinquième. Un vrai brindis, où les mots et les yeux disent l’intensité et la tendresse. Mais le vrai moment, le vrai triomphe d’émotion, c’est celui du banderillero qui s’avance en piste, tandis que le maestro change l’épée pour une paire de ciseaux et lui coupe la coleta. Il lui enlève « un peu de vie ». Aussi tous les toreros l’entourent, et chacun va lui donner un abrazo de respect et d’amitié vraie, tandis qu’émue et admirative, la plaza explose en une longue ovation. Ce fut le moment de la tarde, parce que spontané, parce qu’humain, tout simplement. Enhorabuena, Gitanillo, et bonne retraite.

     La corrida de Zalduendo fut inégalement, mais « précieusement » présentée et armée. Lot de deux, deux et deux, avec en dernier, du sérieux. A noter des cornes astifinas et qui tinrent toutes, malgré divers chocs. Des toros fins, bas pour les deux premiers, tous bien faits, sortant applaudis. La corrida est sortie noblissime, un peu limitée en force, bravita selon ses moyens, avec deux  puyazos  « de concours », pris par les quatrième et sixième. Les meilleures piques du week-end. A la cape, ils sortirent sans grande fixité, ne permettant pas de longues dissertations. A la muleta, quatre d’entre eux furent de véritables carretones, répétant leurs charges au gré de l’inspiration torera. Cependant, manquaient le piquant, le sel et le poivre qui accompagnent les bons mets. Plus sérieux et plus retords, les deux derniers provoquèrent la torpeur, chez  les diestros et dans le public, trop gavés jusque là.
     Enrique Ponce est ici chez lui. On le vit a gusto, totalement relâché face à son premier. Capotazos en mettant la hanche, magnifique faena, parfaite du début à la fin, la muleta caressant le toro en de longues allées et venues, tout en douceur. La faena parfaite. S’il tente, et réussit, un recibir, il coupe tout. Allez savoir pourquoi, le valenciano partit droit…pour un bajonazo, sûrement involontaire, qui provoqua la plus belle hémorragie que l’on puisse craindre. Seul point noir : Au lieu de faire part ostensiblement de ses regrets, Enrique salua triomphant. Il eut raison, puisque le public ovationna, demanda les oreilles, et que le président les accorda.  La corrida était lancée, mal lancée. Mais, une grande faena à un « petit grand toro ». Le troisième semblait manifester un problème de vue, à la sortie. Ponce lui coupa une oreille, toréant parfaitement un toro noble, qui manqua de transmission. Plus haut, plus court de charge, le cinquième ne permit pas la faena liée. Devant perdre quelques pas entre chaque passe, le diestro de Chiva fut un peu long et, cette fois, la sauce ne prit pas.
     Jose Tomas a donné quelques moments d’émotion. Il a tiré des dizaines de passes, souvent parfaites. Il a coupé trois oreilles, tout comme Ponce. Mais nous n’avons pas encore vu le Tomas « sur un nuage », hors du temps, qui fait hurler de peur et d’admiration. A la cape, le toros ne lui ont pas permis un total relâchement. Moment inspiré que le remate, cape sur l’épaule en sortant d’un quite par gaoneras, au quatrième. Faenas longues, posées, toréant souvent « pour lui ». Son premier toro, après une énorme culbute en sortant de la première statuaire, lui permit un trasteo en douceur, liant et variant ses passes, terminant par de bons pechos. A la fin, pieds joints, erguida la planta, le toque du poignet, la muleta à peine sortie du corps, pour trois naturelles de cartel. Entière tendue. Deux oreilles fortement applaudies… et un peu contestées. Paradoxe. Il toréa longuement le quatrième, dont la mort, un peu longue, gâcha le succès final . Oreille. Le sixième, un vrai costaud, ne voulut pas jouer longtemps et le trasteo s’en alla mourir, un  genou en terre, au pied des barrières.
     Apothéose, dira t’on. Peut-être ! En fait, on est jamais content. Six toros corrects et  nobles, des toreros qui se sont saoulés de toréo, et pourtant… Pourtant, on n’a pas trouvé de costalero pour porter a hombros le mayoral de la ganaderia. Il ne fallut pas longtemps pour en trouver un, en cette même plaza, pour l’historique de Samuel Flores, en 99; encore moins pour la Victorinade 2000 de Mont de Marsan. C’est un signe.
     Le « référendum » de la corrida concours a donné verdict. Le quinquennat a perdu… Non ! Plaisanterie douteuse. Le cinquième,  d’Albaserrada, a perdu. Le public, dans sa majorité a voté pour le Cebada Gago, sorti deuxième : « Camillerito »  - N°39 – à la robe multicolore – 510 Kgs. Il ne fut pas un toro complet. Mais il fut un vrai toro de combat.

 

ALBACETE, MURCIA, VALLADOLID… C’EST PARTI…

     10 septembre : Les grandes ferias ont démarré. La presse va maintenant courir les plazas et les télex. L’Aficion va se brancher radio, presse et internet. Albacete et Murcia vont se renvoyer la balle. Valladolid, qui a avancé sa feria, précède de peu Salamanca. Pendant ce temps, Logrono bichonne sa plaza, pour la dernière fois, avant les pelleteuses…
     10 septembre – Murcia – 3ème de Feria – ¾ de plaza : La corrida de Luis Algarra sort très faible. Curro Romero est au cartel. Le duende est parti en vacances. Seul, Curro donnera quelques détails. La journée sera complète pour l’instituteur Pepin Jimenez qui, aux côtés de ses dons artistiques, démontra une totale envie de lidier seul ses toros. Oreille chaque fois et triomphe de poids. Le Juli « se multiplia », mais l’adversaire se fit discret. Un oreille.
     10 septembre – Albacete – 3ème de Feria – 1ère corrida- Lourde et difficile corrida du Conde de la Corte et consorts. Trois toros « possibles ». Luis Francisco Espla coupe, au quatrième, l’oreille du jour. Javier Vazquez a des bons détails, et Canales Rivera se bat, en vain.
     10 septembre – Valladolid – 2ème de feria – 1ère corrida – Media plaza : Gros succès de Manolito Sanchez, coupan t chaque fois une oreille, face à un lot de 3 Guateles, renforcés d’un de Litri, du Sierro et d’un Sepulveda. Une « presque concours ». Importante prestation du blond torero , presque oublié. Tato fut solide, en torero. Davila fut applaudi.
     10 septembre – Arles -  Final de la Feria du Riz : Fermin Bohorquez est salement touché à un genou, lors de la corrida de Rejoneo du matin, a plaza casi llena. La corrida du soir vit un lot de Javier Perez Tabernero, bien présenté et armé fin. David Luguillano étant absent, l’empresa offrit l’alternative au « Morenito de Arles ». Padilla le baptisa matador de toros, devant le toro « Granjero » -N°47 - 500 Kgs. C’est probablement le seul souvenir qui restera de cette journée importante. Toni Losada se comporta en torero, tant  que durèrent les toros. Il fut ovationné. Padilla est sorti a hombros, toréant vibrant, musclé et euphorique. Son premier toro se tua à la sortie, dans un burladero. Qu’à cela ne tienne, le Jerezano s’en alla attendre le sobrero …A portagayola. Oreille et trois vueltas à son premier. Oreille au quatrième, et Padilla devient idole en Arles.
     Dans les Autres Plazas, entre autres: Gros succès de Victor Puerto, en mano a mano avec Abellan, à Valdemoro, face à une bonne corrida de Domingo Hernandez – Sebastian Castella coupe trois oreilles en plaza de Cehegin, à des toros de Mari Carmen Camacho – Juan Bautista triomphe dans son mano a mano avec Jose Luis Moreno, à Alcaniz. Les toros étaient également de Mari Carmen –  A Barcelona, les toros de Joselito et de Martin Arranz auraient permis beaucoup plus. Ruiz Manuel et Gomez Escorial se sont accordés deux vueltas que personne ne demandait. A Madrid, la novillada de Sorando est sortie sérieuse. Antonio Bricio, le mexicain, a toréé « serein », avec empaque, mais a mal tué. Ronda s’est consolée de sa piètre goyesque, avec une corrida de rejoneo qui a vu tout le monde couper une oreille, excepté Leonardo Hernandez, qui triompha « doublement ».  

 

« TOROS Y TOREROS », VEDETTES DUN NOUVEAU LUNDI

     11 septembre : Les ferais de Murcia et d’Albacete ont vécu de grandes choses. De son côté, Valladolid a eu peur pour un banderillero. Salamanque débute, avec beaucoup d’absents, et l’on ne sait toujours pas si Javier Castano y recevra l’alternative. Non à cause de la blessure d’Albacete, mais de sa jambe, toujours hésitante. Décision dans les 24 heures.
     11 septembre – Murcia – 4ème de Feria – 2/3 de plaza : Les toreros « ont sauvé » la corrida de Victorino Martin, jusqu’au sixième. Corrida très sérieuse et compliquée. Encastés, tobilleros, les Victorinos ont fait suer les diestros, qui ont répondu avec technique et courage. Sortit le sixième « Milagroso », le bien nommé. Toro de grande classe, brave à la pique et boyancon  à la muleta, qui permit un grand triomphe à son matador.
     Luis Francisco Espla a été technique et sérieux, écoutant deux ovations – Manolo Caballero a été comme d’habitude, face à son premier : tout en séries courtes et par le haut. Il coupa une oreille. Par contre, il fut très bien, devant dominer un cinquième qui voulait le dévorer. Faena de poder qui méritait plus que l’oreille accordée. Caballero en poderoso, enfin ! Superbe – Pepin Liria se dépensa toute la tarde. On le vit un peu rapide au troisième, dont il coupa une oreille. Par contre, le sixième lui permit de dérouler  tout son répertoire, avant d’estoquer en puissance. Deux oreilles et la queue dans l’euphorie, tandis que vuelta était donnée au « milagroso », et que, dans les gradins, Don victorino souriait de toutes ses dents.
     11 septembre – Albacete – 2ème corrida de feria – plein : Jose Tomas et le Juli ont triomphé, laissant le public admiratif, qui devant la classe et le toreo artistique du diestro de Galapagar, qui devant la caste et cette rage de ne jamais se laisser vaincre, du Juli .
     Trois toros du Pilar et trois de Moises Fraile (4,5,6). Corrida sosa, excepté deux bons toros, les deuxième et sixième.
     Juan Mora a toréé à son habitude, alternant le très bon et le « courant », mais tuant « fatal », surtout au descabello. Il reçut chaque fois un avis – Grande sortie de Jose Tomas, énorme avec la cape, levant le public en certains passages d’une faena liée, lente et profonde. Epée en arrière et deux oreilles d’apothéose. On le vit très technique au cinquième qui « refusait » le premier muletazo. Peu  à peu, Tomas arriva à le convaincre. Hélas, il tua mal, écoutant un immense ovation  - « El Juli » est une bête de combat, qui charge, quand les toros ne le font pas. Son premier ne valait rien. Alors, le jeune partit à genoux et l’attaqua de tous côtés, perdant la partie, cependant, avec l’épée. Le sixième était « potable », et le Juli  lui coupa les deux oreilles à force de s’arrimer, après avoir, cette fois, bien banderillé. Grande tarde des deux monstres,  et répétition de Tomas, ce jour, face à une corrida de Nunez del Cuvillo.
     11 septembre – Valladolid – 2 ème corrida de feria : Corrida faible de la famille Manolo Gonzalez/ Sanchez Dalp. Mansos et décastés, excepté le quatrième, toro noble, mais faible. La corrida a surtout été marquée par la grave blessure du banderillero de Manolo Sanchez, Pablo Cipres qui, devant un arrêt du quatrième, au moment de clouer, passa à faux et s’enfuit vers le burladero. Malheureusement, il y eut mésentente avec son collègue, et les deux hommes se bousculèrent à l’entrée du refuge. Grosse cornada compliquée à la jambe gauche, avec énorme hémorragie, qui impressionna beaucoup le public. Pronostic: grave.
     Manolo Sanchez toréa bien le quatrième, mais le public était encore sous le choc. Il donna la seule vuelta du jour – Rivera Ordonez fut aussi vaillant que catastrophique à l’épée. On l’ovationna, cependant – Journée terne de Eugenio de Mora, comme lorsqu’il touche des toros « ternes »…
     A noter que la corrida du jour sera télévisée, sur TVE 1, à 18 heures : Toros de Castillejo de Huebra, pour Luguillano, Morante et Abellan.
     11 septembre, dans les autres plazas : Toros de Algarra, nobles, en plaza d’Aranda de Duero. Joselito a fait un effort, coupant une oreille à chacun. Bote fut à la hauteur, mais Ponce a mis tout le monde d’accord en coupant les deux trophées du dernier – Quatre oreilles pour Padilla à Cienpozuelos. La corrida est de Javier Perez de Tabernero – Victor Puerto et Uceda Leal ont été très bien avec des AP et Perez Angoso, du côté de Parla – Il est sorti, pour la dernière de Arganda del Rey, « un corridon » de Baltasar Iban. C’était pourtant une novillada… Forte, très puissante et encastée, la novillada d’Iban a fait souffrir  les toreros (Antonio Bricio, Reyes Mendoza et Rafael de Julia, le seul à couper une oreille), mais elle a également mis en valeur la moindre de leurs interventions..

 

BIEN SUR, ON POURRAIT « NE RIEN AVOIR »…

     12 septembre :  Quelle chance, une corrida télévisée ! Et chacun de s’installer, qui chez soi, tranquille, qui dans un bar ou une pena, un rafraîchissement à la main…ou plutôt deux, car les premières paroles du présentateur vedette de la Télévision/Radio sont : « 40° sur Valladolid »… Garçon… Une menthe à l’eau ! !
    
Après midi pesante dans la plaza, mais totalement « imbuvable » devant les téléviseurs. TVE1, encore une fois, « se fout de nous », et son présentateur vedette, le premier. Plans flous à vous donner le mal de mer, images furtives, changements de caméras  ou plan général du public au moment-clef… Ou le réalisateur n’était pas, lui,  « à la menthe à l’eau », ou la stratégie, en douce, est évidente : « Abonnez -vous Via digital . C’est la même maison, le même présentateur, mais, croyez-nous… c’est autre chose ! ». C’est bien vrai ! Enfin, taisons-nous et prenons un Alka Selzer. Au fond…on pourrait « ne rien avoir »… un peu comme pour « la baisse des impôts »…
    
12 Septembre – Valladolid
– 3ème corrida - Chaleur intense : Une grosse demi-arène, tout le monde cherchant un peu d’ombre. Toros de Castillejo de Huebra, ex Felix Cameno, beaucoup trop lourds (5 frisaient les 600 Kgs), sérieux, correctement armés, mais faibles et sans caste. Le meilleur, le premier. Gros batacazo provoqué par le quatrième qui fit illusion, deux minutes. Le cinquième fut remplacé par un Mercedes Perez Tabernero, très armé, vilain, sans cou.. et manso. Tout pour que cela ne « serve pas ». La corrida, tant pour le public que pour les toreros, fut « un toston ». Les téléspectateurs eurent, en plus, un festival d’images floues.
    
David Luguillano entrait dans « sa » feria, après avoir soigné sa jambe bléssée. On retrouva l’artiste baroque qu’il est, face au premier, dans un trasteo enlevé, parsemé de trouvailles et improvisations. Il perdit l’oreille avec l’épée. Dommage. Le quatrième se révéla vite compliqué, et après avoir bataillé deux minutes, le vallisoletano laissa tomber, écoutant quelques sifflets de ses amis… Qui aime bien châtie bien ! – Morante de la Puebla a été brillant au capote, particulièrement au cinquième, reçu valeureusement. Cela s’est gâté par la suite, le Sévillan ne pouvant s’exprimer devant deux carnes. Il tua « comme ça », mais vite – Miguel Abellan a bataillé vaillamment, a failli se faire emporter dans une chicuelina, a arraché un sac de passes au sixième, coupant la seule oreille du jour. A noter deux bonnes estocades d’effet immédiat – Le meilleur de toute la corrida : un « vieux subalterne » qui s’est montré magnifique dans la brega : Martin Recio. Superbe, et précieux pour son maestro. Et dire que pour la même action, il fut ovationné par Séville…et viré de la cuadrilla, le lendemain, par son maestro, Joselito.
    
12 septembre – Murcia
– 5ème et dernière corrida de feria - ¾ de plaza : 26 entrées à matar ! ! Ca fait beaucoup pour six toros. Corrida d’Alcurrucen, très inégalement présentée, mansota et faible. Ponce s’ennuya avec le premier, mais toréa, tranquille, le quatrième, perdant l’oreille à l’épée. Ovation, après un avis – Pepin Liria fit tout, et plus, pour couper les oreilles. Cela tourna au « gros pueblerino ». Hélas, ou heureusement, il pincha plus que de raison. Avis et silence, puis ovation, après deux avis – Rivera Ordonez  se montra lidiador et technique, plus centré que d’habitude. Il toucha le mauvais lot, pour changer. Sifflé à son premier, il s’accrocha face au sixième, mais pincha.
    
12 septembre – Albacete
– 3ème corrida – plein : On attendait un triomphe. Les Nunez del Cuvillo en ont décidé autrement. Présentation moyenne et faiblesse générale. Le 4ème a été remplacé par un « de las Ramblas », très « pointu » - Finito de Cordoba ne s’est pas compliqué la vie – Manolo Caballero coupa l’oreille de son premier pour une grosse estocade. Bonne faena au cinquième, allant à mas, hélas gâchée avec l’épée – On attendait un deuxième triomphe de Jose Tomas. Oreille pour une faena « de salon » au toro blanc  - ensabanao – sorti troisième. Le sixième se refusa à toute négociation, et la faena tourna court.
    
12 septembre – Salamanca
– Novillada de feria – ½ plaza : Tandis que la statue du Viti campe fièrement, et « sérieusement », près de la plaza, le public a vu un défilé de Martinez Elizondo, difficile à digérer, encore plus à toréer. Le novilleros Antonio Lerma, Jose Manuel Sanchez et Javier Valverde, ont fait face avec leurs moyens, et s’en sont sortis honorablement, à force de rage et de voltiges.
    
La série des corridas débute ce 13 septembre, Padilla et Julian Guerra remplaçant Cordobes et Califa. Par ailleurs, il est plus que probable que Javier Castano devra repousser son alternative, prévue pour jeudi 14.

 

«GROSSE » FERIA DU PILAR, A ZARAGOZA.

     12 septembre : L'empresa de Zaragoza, Casas/Paton, vient de présenter les cartels de la Feria du Pilar 2000. Le début de saison avait démontré le désir d’innover, de créer et de satisfaire l’Aficionado. La chance n’avait pas forcément souri. Il faut attendre.
     La Feria du Pilar comptera de deux novilladas, une corrida de rejon, et 7 corridas formelles, du 6 au 15 octobre (avec deux novilladas sin picar, les 8 et 14, en matinée). Feria à claire tendance « torista », avec la venue de Victorino, Guardiola, Cebada, Murteira, Palha…
     Chez les toreros, Juli et Tato joueront « double session », les absents étant Jose Tomas, Morante et Victor Puerto. Jose Tomas arrête au 30 septembre, se laisse pousser la barbe, et s’en va à la pêche… Morante voulait deux contrats. Il a fallu choisir ente Juli et lui…A signaler : Joselito, Ponce et Juli, face à des Guardiola, le 9 octobre. Manolo Caballero prendra les Victorino, Fernandez Meca, les Palha. Juan Bautista, quant à lui, est inscrit face au Mari Carmen Camacho.
Voir les cartels complets dans la rubrique « carteles »

 

LE PETROLE, DACCORD…. MAIS,  SI L’ON PARLAIT DE L’ACIER !

     13 septembre : L’Europe râle… Une semaine après la France, l’Allemagne, la Belgique se mobilise contre la marée montante affichée aux pompes à essence. En Angleterre, Tony Blair se met « en lidiador » et châtie par le bas, en envoyant la cavalerie. « Pétrole, pétrole… ». Mais…et l’acier ? 26 entrées a matar, avant hier à Murcia, 18 hier, à Salamanca, ça fait un peu beaucoup pour des hommes qui portent haut le titre de « Matador de toros ». La malchance, certes ! Le public, en général, ne s’y trompe pas, qui applaudit quand un pinchazo est porté fort, dans « tout le haut ». Mais, entrer/sortir a matar de façon répétée en dodelinant de la tête, ou  partir directement « en bas », voilà qui donne à réfléchir sur la qualité, le « professionnalisme » et la verguenza torera de l’escalafon actuel.
    
13 septembre – Albacete
– 4ème corrida – ¾ de plaza : La course a été faussée par l’incroyable générosité du président  Coy, tirant le mouchoir  à tour de bras, à partir du troisième. Corrida de Torrestrella, ren forcée d’un  Guadalest, qui offrirent beaucoup de possibilités. Triomphe de Miguel Abellan, coupant une oreille du troisième sur l’émotion causée par une mauvaise cogida en portant l’épée, le torero restant accroché au piton, donnant l’impression d’être gravement blessé. Deux oreilles au sixième, Abellan se montrant brillant à la cape et « copieux » à la muleta. Sortie en triomphe, mais sans grande portée. Manolo Caballero refusa la sortie a hombros, quelques aficionados protestant les deux oreilles accordées au cinquième, après une faena débutée en puissance, puis tournant à  pinturera, terminée très efficacement. Il avait été en demi-teinte, face à son premier. Joselito s’est montré volontaire, mais a pinché trois fois le toro d’ouverture. Oreille au quatrième, généreuse, dit-on, après une estocade « desprendidilla »…
    
13 septembre – Valladolid – 4ème corrida – No hay billetes :  Le duo Jose Tomas /Juli continue sa tournée triomphale, remplit les plazas et se bat, en saine compétition, chacun selon son style et sa philosophie. Corrida de trois et trois : Torrealta et Marquis de Domecq, avec mobilité et qualité, pour le torero. Vuelta posthume au 6 ème de Torrealta. Tomas et Juli sont sortis a hombros, Ponce n’a pu le faire, à cause de la dureté présidentielle, au quatrième. Un seule oreille - Tomas a levé le public à plusieurs reprises, voulant imposer la pureté de son toreo, ce qui lui valut quelques muletazos accrochés. Deux oreilles à son premier. Il  perdit untrophée du cinquième, à cause de « la maldita espada ». - Juli fait match nul , « en donnant tout », face au dernier, toréant lié et templé. C’est avec la muleta, cette fois, que Julian coupa les deux oreilles.
    
13 septembre – Salamanca – 1ère corrida de Feria – Moins d’une demi-arène : La journée a débuté par une agression  du « staff Padilla », sur le chroniqueur taurin salmantino Canamero. Il n’y a pas eu que des mots. Lamentable « trois contre un » qui relève plus du terrorisme que de la Fiesta, dite « brava ». Corrida de Valdefresno et consort, dure, avec cependant, deux toros de succès sortis en derniers lieux. Pâle actuacion d’un Padilla méconnaissable, laissant flotter les rubans face à son premier et « pliant les cannes », vilainement, devant le dur quatrième qui réclamait un guerrier et non un « bandolero de ruelle - Rivera Ordonez toréa potablement le deuxième, jusqu’à un désarmé qui le fit se désister. Il fut très sérieux et volontaire face au bon cinquième, et aurait pu couper une oreille, s’il n’avait connu, encore une fois, une véritable déroute avec l’épée. Son père, là-haut, doit piquer de ces rognes ! - Le public se montra dur avec Julian Guerra, torero local qui n’a que peu toréé, en comparaison à ses collègues du jour. Il fut dépassé par le dangereux troisième qui portait le nom approprié de « Cartuchero », mais monta une faena qui alla « a mas », face au dernier. Prenant confiance, peu à peu, le torero aurait du couper. Hélas, l’épée, encore une fois… Il a fallu 18 entrées a matar, pour tuer la corrida, sans compter les descabellos. Grosse crise de l’acier..
    
Javier Castano a définitivement renoncé à l’Alternative et va couper la temporada. Il sera remplacé, à Salamanca,  par Guillermo Marin, le 14, et par Victor Puerto le 15. Malchance noire pour le jeune torero qui doit soigner cette jambe et tout reprendre dès les Fallas, 2001.  
    
13 septembre, dans les autres plazas : Grave blessure du subalterne Juan Herrera, lors de la corrida mixte, en plaza del Tiemblo (Avila) . Gros dégâts au plan vasculaire. Succès de Mariano Jimenez, face à des toros de Fuente la Pena - La feria de Guadalajara a débuté par une corrida de rejoneo, avec une terrible cornada à un cheval de Diego Ventura, par le sixième de la tarde. Tout le monde a sauté en piste pour secourir la pauvre bête. Triste  -  Quatre oreilles pour Victor Puerto à Villacarrillo (Jaen). Les Jandilla et consorts étaient mal présentés. Tato a coupé « les deux » du quatrième.

 

MORANTE DE LA PUEBLA, BLESSE A ALBACETE

     14 septembre : Les toreros sont faits pour toréer les toros… et les toros sont faits pour attraper les toreros!. Pendant toute la corrida, chacun essaie de déjouer les astuces de l’autre : l’un avec sa technique, son courage, son art et une poignée de « gardes du corps » piquants ; l’autre avec sa force, sa bravoure, sa noblesse et sa fureur. Lorsque la noblesse tourne à la fureur, du style « on tire sur tout ce qui bouge », on parle de casta. Lorsqu’elle est empreinte de violence sournoise, on parle de sentido. Le toro noble veut charger et charger encore, au point d’en tomber.  Parfois, il décide de s’arrêter... par peur de tomber. Le manso tombe rarement. Il garde ses forces, mesure ses efforts et va souvent "s’appuyer aux barrières". Mais, quels qu’ils soient, les plus braves ou les plus couards, les toros sortent « para coger… » Et l’actualité quotidienne nous le rapporte régulièrement, à tous les étages de l’escalafon. C’est bien pour cela qu’il ne faut, à aucun moment, oublier que ces hommes-là, en bas, se jouent la vie, et que, bons ou mauvais, ils méritent le respect.
    
14 septembre – Albacete – 5ème corrida de feria – bonne entrée : Le troisième toro, sobrero très manso et violent, de Charro de Llen, prend Morante de la Puebla au moment de l’estocade. Blessure de 5 cms, à l’intérieur de la cuisse gauche. Pronostic léger. Le torero avait fait ce qu’il fallait : aligner avec toreria et efficacité. Le reste de la corrida a vu défiler cinq de Daniel Ruiz, de présentation très « moyenne en tout ». La corrida était préparée pour Manzanares, qui vient de couper la temporada (excepté pour Séville), et Espartaco, toujours mal remis de sa lésion - Rafi de la Vina a dû prendre trois toros. Oreille de son premier, magnifiquement toréé, en lié et templé. Les deux autres toros ne lui permirent pas de fioritures, et le public se montra très froid avec son « compatriote » - Califa a toréé avec cette vérité que les cornadas, pour le moment, ne sont pas arrivées à réduire. Il se plante, avance la muleta, baisse la main, tire le toro loin derrière, lie les passes… et « sort du toro », avec toreria. Tout le monde s’en rend compte. Faena basée sur main droite, pour la première et longues séries de naturelles, au cinquième. Entrant fort avec l’épée, le Califa coupa une oreille de chaque et sortit a hombros, « con la verdad por delante ».
    
14 septembre – Valladolid
– 5ème corrida – Plein : La seule oreille de la tarde pour le Juli, qui triompha, au sixième, avec « le cœur, les tripes et la tête ». La corrida de Nunez del Cuvillo se montra noble et faible. Vinrent la renforcer deux de Martin Arranz, mansos sin casta - Joselito est adoré, ici. Valladolid est une des plazas où le madrilène a écrit de grandes pages de son histoire. Celle d’hier restera « en blanc », le diestro se montrant froid, sans illusion, comme « non concerné ». Inquiétant ! Pour arranger le tout, il tomba sur le manso de son apoderado, et le cinquième accrocha vilainement Juan Rivera. Tout pour mettre en confiance… - Juan Mora remplaçait le Finito, blessé à la main, à Albacete. On le vit, chaque fois, « de mas a menos », avec de bons détails qui furent ovationnés.
    
14 septembre – Salamanca – 3ème corrida – un peu plus de ½ arène : Bonne corrida du Puerto San Lorenzo avec un grand toro, sorti deuxième, qui fut honoré de la vuelta posthume. Bravoure incomplète au cheval, mais codicia, noblesse, mobilité. Chargeant, infatigable, d’un bout à l’autre de la plaza, « Embajador » permit une bonne faena de Miguel Abellan, qui, cependant, fut un peu «en-dessous » du toro. Deux oreilles. Le cinquième l’accrocha, provoquant quelques contusions de plus à la cuisse et au visage. Le torero sortit de l’infirmerie, pour la photo a hombros. - Enrique Ponce se montra longuet face au premier, et termina, a gusto, la faena au quatrième, coupant une oreille qui ne sera pas à encadrer – Guillermo Marin débuta genoux en terre, une première faena volontaire. On le vit très bien au capote, face au sixième, face auquel il donna les meilleurs muletazos de la tarde. Ovationné par deux fois, le salmantino, dans le style campero qu’on lui connaît, a laissé un bon souvenir.
    
14 septembre – Guadalajara2ème de feria – moins de ½ arène : On attendait la corrida de Cebada Gago, vedette du cycle. Elle sortit, très inégale de présentation et d’armures, avec un comportement encasté ,  pour trois d’entre eux - Triomphe musclé de Padilla qui sort a hombros, après avoir coupé une oreille de chaque, fait de tout, dans les trois tiers, et pris une bonne rouste - Zotoluco se montra un peu balourd et Tato écouta une ovation au cinquième, pour une faena  mi-engagée, mi-ventajista…Ni fu, ni fa. Reste la volonté, parfois brouillone, de Padilla qui, aujourd’hui, voulut effacer, à tous points de vue, les tristes chroniques d’hier.

 

NIMES FAIT L’AFFICHE… 

     15 septembre : Aujourd’hui débute la feria des Vendanges 2000. Avez-vous vu l’affiche ? Où « l’Art » va t’il donc se cacher ? On pourrait croire au résultat d’un concours de dessins dans une classe de CM1. Non, non, c’est le fruit d’une inspiration, peut-être venue d’ailleurs, d’une transe soudaine de l’artiste, qui a voulu, ici, exprimer … Exprimer quoi, au fait ? Bon, cela ne fait rien. Au fond, ce n’est pas lui qui a fait le choix de cette « œuvre » pour porter la feria de vendanges 2000, en plaza de Nîmes. Une feria qui, se cachant derrière le qualificatif de « Torista », n’attire pas le regard, en comparaison aux grands événements des deux décades précédentes. Pas facile de trouver des toreros, face aux ganaderias affichées… Peut-être. Espérons que ce n’est pas un prétexte.
    
La feria débute par une corrida de Samuel Flores. Mauvaise saison pour Don Samuel, excepté…en France (Dax et Arles). Que cela continue. Finito est remplacé par Castella, qui va rencontrer Bautista, en présence d’Abellan – On attend la corrida de Palha, samedi, avec le cartel « de Tyrosse ». A suivre, en souhaitant le même résultat – Dimanche, les Dolores Aguirre feront l’affiche. A voir le cartel, la corrida doit être « terrorifica » - Ce même jour, en matinée, il faudra apporter beaucoup de café pour la corrida mixte affichant les Veiga Teixeira – Ne pas oublier la « sans piquée » de samedi matin, qui permettra de mesurer le progrès de Julien Miletto, au cours de cet été, qui l’a vu beaucoup toréer, notamment dans le Sud-ouest.
    
En un mot, une feria qui, sur le papier, « ressemble » plus à Vic, qu’à Séville. Cela peut avoir son charme, à condition que les toros affichent plumage...  et ramage…
    
Nîmes – Vendanges 2000 – Voir le détail dans la rubrique « Carteles »

 

COMME UN CHEVAL EMBALLE…

     15 septembre: L’histoire du toreo est pleine de ces pages de gloire, où l’on suit, pas à pas, la trajectoire ascendante d’un torero à qui, soudain, tout réussit, parce qu’il a fait les efforts de « construire sa chance », parce que tout lui paraît facile, parce qu’on le voit « a gusto » dans la plaza, avec les idées et le courage clairs devant chaque toro. On dit le torero «embalado », emballé. Victor Puerto est actuellement dans une phase enthousiaste, et enthousiasmante, de sa carrière. Tombé très bas en 98, il a su se reconstruire et remonter la pente de remarquable façon, au point de triompher partout, malgré l’ostracisme des empresas, qui n’y ont pas cru, alors que, dès Valdemorrillo, en février, le Victor Puerto nouveau avait fait feu de tous bois, confirmant ce grand come back à  la  San Isisdro, même sans couper d’oreilles, et dans les grosses ferias du nord. Attention ! Si Victor Puerto triomphe, et il triomphera, à Séville et pour son « Unico espada » de Madrid, certains vont avoir des problèmes et les empresas, espagnoles et françaises devront sortir le tapis rouge, en se courbant bien bas, à la veille de la temporada 2001. Après, il faudra durer. Mais cela, c’est une autre histoire. En attendant, entré par la petite porte, il vient de sortir, par la grande, à Salamanca.
    
15 septembre – Salamanca – 3ème corrida – 2/3 de plaza : Les resenas ont été terribles sur la prestation de Joselito. Ne parlons pas de Navalon qui garde cette plume de venin, tout en restant, peut-être, le plus juste, et le plus aficionado. Parlons de l’ensemble de la critique qui souligne le caractère provocateur qui marque maintenant, chaque sortie du madrilène. Aboulique, triste, forcé, fuera de cacho, insolent, mauvais compagnon dans le ruedo… tout y passe. A Salamanca, une de « ses » plazas, Joselito a coupé une petite oreille de son premier, toute petite. Le quatrième était plus sérieux. A l’invective d’un spectateur, lui demandant s’il pouvait aussi couper une oreille à celui-là, Joselito vint aussitôt à la barrière, insultant le public, et changea l’épée, pour un attentat prémédité. Joselito ! à ce train-là…rideau ! - Toros de Garcigrande et Domingo Hernandez, correctement présentés et donnant quelque jeu, le troisième excepté – Victor Puerto remplaçait Castano. On le vit très torero, plein de technique, de clairvoyance, de courage et de superbe. Faena variée à son premier, débutée par cambio et derechazos à genoux, au centre. Séries sur les deux mains et final par manoletinas à genoux. Faena vibrante un peu gâchée par une épée, malencontreusement basse, en entrant fort. Ovation. Excellente prestation face au cinquième, basée sur main gauche, avec de grandes naturelles et une épée puissante. Deux oreilles et un triomphe de plus pour le frisé torero, qu’il va falloir surveiller en fin de mois, à Séville et Madrid. Il triomphera -
Juan Diego remplaçait le Morante, arrêté quelques jours , après la cornadita d’Albacete. Emule de Julio Robles, on le vit très bien à la cape, face au troisième qui ne permit rien. Jolie faena au sixième, sérieuse, castillane, et une oreille, qu’il devra confirmer, lundi.
    
15 septembre – Valladolid – 6ème corrida – ¾ de plaza : Les Atanasio sortent très mal, cette année. C’est peut-être « la moins mauvaise », qui est sortie, ce jour, à Zorilla. Curro Vazquez remplaçait Manzanares. Il toucha un lot infâme et se mit sur la défense. David Luguillano perdit un gros triomphe avec l’épée. Jolie faena, très personnelle, au troisième, dont il ne coupa qu’une oreille. Il donnera la vuelta après le sixième, laissant sortir a hombros Enrique Ponce, auteur d’une véritable leçon de temple et de bon goût devant le cinquième. Deux oreilles, le valenciano tuant recibiendo, au centre du ruedo.
    
15 septembre – Albacete – corrida de rejoneo – lleno total : Grand triomphe des cavaliers, devant une corrida de Fermin Bohorquez. Oreille pour Bohorquez, Salgueiro, Luis Domecq et Andy Cartagena (qui va faire campagne au Mexique. Attention à celui-là !) – Superbe actuacion de Pablo Hermoso de Mendoza, Antonio Domecq résistant avec caste. Il coupèrent chacun, deux oreilles. Superbe !
    
15 septembre – Guadalajara
– 3ème de feria – plein : Coup de rogne du Juli qui vit le sixième changé, remplacé par un sobrero, très pointu, de 670 Kgs. Madre mia ! Le diestro se rendit compte que le toro « servait », et « lui monta un tabac », tuant un poil bas. Une seule oreille et « re-rogne » du Juli. Casta ! - La corrida ne valut pas triplette : 4 Atanasio, un Montalvo et un Jandilla – Rivera Ordonez toucha le mauvais carton et passa calvaire avec la tizona – Celui qui, doucement, coupe les oreilles, tarde tras tarde, c’est le Califa, dont le toreo main basse et lié, surprend et marque des points, malgré un petit manque de personnalité de l’artiste. Oreille et vuelta. A suivre, avec intérêt, lors de la feria d’automne, à Madrid.
    
15 septembre – Nîmes –1ère  des Vendanges – presque ¾ de plaza : Déception causée par la présentation et le jeu des Samuel Flores, faibles et sosos. Sortit en cinquième un Carlos Nunez de 5ans et demi, « de mala madre » - Public de mauvaise humeur, protestant, parfois, à tort et à travers. Signe des temps, ou  protestation orchestrée devant la faiblesse de la feria ? A suivre – Abellan a été contesté. A signaler qu’il s’est légèrement blessé avec son épée – Juan Bautista débuta fort, puis les choses se gâtèrent. Le cinquième le prit méchamment. Ovation et silence – Sebastian Castella écouta le silence face à son premier. La corrida partait en déroute. Tout le mérite d’un final honorable revint au biterrois qui fit de bonnes chose face au dernier, retournant le public et coupant une bonne oreille. Chapeau ! Mais, ça part mal.
    
15 septembre – Dans les autres plazas : Fuenlabrada (Madrid) - La corrida de Marcos Nunez a permis un gros succès de Fundi et Fandi (trois oreilles et un rabo chacun), accompagnés de Miguel Rodriguez (deux trophées) – Mostoles (Madrid) : Grande corrida de Loreto Charro (vuelta au 4ème). Zotoluco et Gomez Escorial coupent deux à leur premier adversaire. Bote rentre à vide – Villacarrillo : Gros scandale, les toros de Jodar de Ruchena (et un Rocio) se traînent au sol ; le « quart de plaza » se fâche tout rouge. Liria, De Mora et Vilarino se font tout petits – Antonio Ferrera fait « plein panier » à Piedra Buena. Quatre et un rabo, à des toros de Antonio Mendez – Uceda Leal a coupé trois oreilles à des AP, près de Ségovie. Pas de blessure à déplorer.

 

GROSSES INQUIETUDES SUR L’ETAT DE JAIME REYES

     16 septembre : Les médecins et l’entourage sont des plus inquiets sur l’état de la jambe de Jaime Reyes,  terriblement blessé, le 7 Août. Cinquième opération et l’infection qui continue. Chaque jour, chaque opération, voient disparaître un peu plus de masse musculaire. On ne parle pas encore de gangrène, mais on a peur de devoir penser à l’amputation. Terrible destin de ce jeune torero qui débuta, plein d’illusion et de promesses, le 16 Août 99 en plaza de Madrid, et dont la carrière, forcément, s’arrête là . Il est un de ceux qui ont payé le lourd tribut à la Fiesta Brava. C’est ainsi…Ombres et lumières d’un monde à part, où le toro est le principal protagoniste, dit-on, face à ces chevaliers, simples hommes qui s’habillent de soie et d’or, pour la gloire... et notre plaisir.

 

LE « TRIOMPHAL ECHEC »…

     16 septembre : La corrida est avant tout « Emotion ». Emotion à Nîmes, quand deux toreros versent leur sang devant des toros  pleins d’incertaine mobilité. Emotion à Valladolid, quand Tomas se la joue devant un lot impossible. C’est l’émotion du moment, le flash de peur, la montée d’adrénaline devant la cogida ou l’apothéose. L’émotion autre, raisonnable, c’est, à la lecture des cartels, ce petit pincement qui dit que l’on va participer à un grand événement. On parle du « runrun » dans la plaza. Et bien évidemment, la plaza est pleine…
    
Manolo Caballero, base de la feria, dans sa plaza d’Albacete, avec le public conquis, s’est enfermé avec six toros, au meilleur jour du cycle, coupant cinq oreilles… mais ne rassemblant que 2/3 de plaza. Voilà un triomphe qui dit bien l’état actuel de la Fiesta, et de la toreria. Un triomphe qui restera dans la mémoire de certains, comme un gros échec…
   
16 septembre – Albacete – 9ème de feria – 6ème corrida formelle – 2/3 de plaza : Manolo Caballero toréait sa sixième corrida « en unico espada ». Qu’il soit capable de le faire, aucun doute là-dessus. Et même deux en un seul jour. Qu’il soit capable d’y imprimer la variété et le crescendo nécessaires à ce style de prestation, ça, c’est une autre histoire. C’est peut-être la raison pour laquelle il resta quelque ciment vide dans « sa » plaza. Cependant, le torero a été en professionnel, devant une corrida  composée de cinq ganaderias distinctes, Alcurrucen sortant deux toros. Les autres provenaient de Santiago Domecq, Torrealta. On gardera  en mémoire le troisième, de Victorino, toro encasté et tobillero, et le violent sixième, de Daniel Ruiz, qui blessera légèrement le diestro, au cours de la faena. Caballero fut ovationné aux deux premiers, coupa une oreille des trois suivants. Son triomphe, jusque-là en demi teinte, monta d’un cran face au  difficile sixième. Caballero sortit la caste et  lui coupa les deux oreilles, sortant a hombros de ses partisans.
    
16 septembre – Salamanca – 4ème corrida – Lleno : Désastre ganadero signé Montalvo, à l’occasion du mano a mano  Abellan/Juli, décidé suite à la cogida du Morante. Toros irrégulièrement présentés, arrêtés ou sosos. Abellan sortit « infiltré » suite aux voltiges et coups reçus les jours précédents. Il coupa une oreille du cinquième - Le Juli se présentait ici. Mal servi, il dut vite jeter l’oreille du premier – Deux moments à retenir : Un « duel » de quites, au cinquième : Chicuelinas à genoux d’Abellan ; réponse du Juli, par lopesinas ; réplique immédiate de Miguel par gaoneras. Superbe…et trop rare. L’autre  instant de semi émotion fut l’irruption dans le ruedo d’un espontanéo, au moment de changer le quatrième. Il s’appelle Chucho Cayuela, a déjà « un certain âge », est bien connu  sur toutes les tapias du coin, pour faire « le tumbao » devant les vaches braves. Il avait déjà sauté, il y a trois ans. En fait, il espérait bien qu’on arriverait à l’attraper avant d’arriver au toro… Ce qui fut fait. Triste et heureux, à la fois.
    
16 septembre – Valladolid – 7ème de feria – plein : La corrida de Juan Pedro Domecq a été intégralement  refusée par les autorités. La remplaça un lot de Gavira, manso décasté – José Tomas  s’est montré remarquable face au mauvais lot, coupant une oreille au troisième, avec forte pétition pour la deuxième – Joselito fit une « sorte d’effort », coupant une oreille au quatrième – Rivera Ordonez se battit en vain.
    
16 septembre – Guadalajara
– 4ème de feria – ¾ de plaza : On assista « à la ronde des camions ». Pas de toros ! La veille, il y avait eu de l’ambiance, et le staff du Juli avait « cassé » la corrida d’Atanasio. Lio gordo ! Ce jour est donc sorti un « éventail de toros », avec pour base, trois de Los Bayones. Corrida désastreuse, chaque toro faisant assaut de faiblesse et de manque de race – Curro Vazquez a fait les meilleures choses de l’après-midi, au quatrième, tant à la cape qu’à la muleta. Véroniques et naturelles « para el recuerdo ». Hélas, il tua mal. A souligner la mauvaise éducation, le mauvais comportement du maestro et de certains subalternes, vis à vis du public – Ponce a surnagé, face à tant de fadeur, toréant bien le cinquième. La seule oreille du jour, au dernier moment, pour David Luguillano, auteur d’un trasteo vaillant et enlevé. L’aficion de Guadalajara, n’est pas très contente de son empresa… un certain Balana.
    
16 septembre – Nîmes – 2ème des « vendanges » - ¾ du cirque romain : Corrida d’émotion, où, selon notre correspondante, la présidence et le public « perdirent les papiers », n’arrivant pas à se comprendre sur la distribution des trophées. Se coupèrent sept oreilles, dont certaines parurent très excessives. Cependant, devant une corrida de Palha, très mobile, dont la caste, pour certains, cacha quelques défauts de présentation et de vraie bravoure. Cependant, on fit  une grande fête au Mayoral de Palha -  Les toreros ont fait assaut de volonté de triompher, chacun selon sa personnalité. Tous auraient pu, à divers degré, sortir a hombros. Il n’en fut rien, puisqu’Antonio Ferrera reçut une grave blessure au ventre, en estoquant le troisième, auquel il coupa deux oreilles – Fernandez Meca, sérieux chef de lidia, partit deux fois a portagayola, et reçut une oreille à chacun des siens. Malheureusement, il se fit également blesser, au bas ventre, par le sixième qu’il prit en place de Ferrera. Nouveau trophée et nouvelle douleur –Reste seul en piste Padilla, auquel le public ne permettra pas la sortie triomphale, malgré deux trophées accordés à son premier toro. Générosité à la hauteur de l’effort du Jerezano qui « fit toute la lidia », montant sur le cheval et donnant deux puyazos diversement appréciés. Cape, banderilles, épée, maintenant la pique… un exploit qui n’a rien de nouveau, Dominguin, Paquirri, Palomo, Jesulin, entre autres, et même Pepin Jimenez, il y a peu, s’y étant exercés. Anecdotique, et peu esthétique. Rien ne vaut une grande lidia, avec une « vraie grande » cuadrilla – Corrida d’émotion, avec des coups de rogne et malheureusement, une blessure grave d’Antonio Ferrera, pour la deuxième fois, dans ces mêmes arènes, avec ces mêmes toros. Blessure à l’aine, qui remonte vers l’abdomen, en trois trajectoires de 25, 15 et 8 cms, dont une dissèque l’artère illiaque. Grave et spectaculaire, mais qui ne met pas en danger, heureusement, la vie du torero.
     16 septembre – Dans les autres plazas : Jesulin de Ubrique peut revenir quand il le veut… C’est le bilan de la corrida d’hier, en inauguration officielle de la plaza de son village blanc. Temple, ligazon, toréant a gusto. Trois oreilles au total, et grand succès pour le diestro, qui « y pense… ». Corrida de Tornay, correcte. Triomphe du petit frère, Victor Janeiro, avec deux pavillons. Cepeda, remplaçant Espartaco, fut mieux au toro où il ne coupa rien  - Triomphe du Califa en plaza d’Aranda de Duero : deux oreilles au dernier Torrestrella – Cascante, en Navarre, a fêté Sebastian Castella, avec trois oreilles, devant des toros de la famille Peralta – A surveiller le retour possible des Concha y Sierra, dont un lot est bien sorti hier à Bargas (Tolède) On donna la vuelta au sixième. Si seulement on pouvait retrouver cette ganaderia mythique, massacrée au fil des ans, par ses propriétaires successifs. Fandi triompha, Espla se promena, et Jose Ignacio Ramos …coinça – Succès de la terna, à Cadalso de los Vidrios (Madrid). Tato et Jesus Millan accompagnent un Mariano Jimenez triomphant, avec trois oreilles – Près de Ciudad Real, à Almodovar del Campo, Liria et Victor Puerto ont été bien devant des Guadiama – Côté novilladas, excellents Baltasar Iban, tant en présence que comportement, à Galapagar. Triomphe de Javier Valverde et sortie a hombros du Mayoral – La lésion du jour : Abraham Barragan qui se fait marcher sur le pied droit par un novillo d’Indarte, à Majadahonda. Fissure, plâtre…Saison terminée ?

 

CESAR RINCON…LA SOUFFRANCE D’UN TORERO.

     16 septembre – Le mundillo, et les amis du diestro, sont très inquiets de l’état de Cesar Rincon, qui subit actuellement, un très cruel traitement à l’interferon, pour combattre l’hépatite C qui le mine depuis plusieurs années. Le torero colombien, connaissant les très lourds effets secondaires de ce traitement, n’avait pas voulu l’adopter tant qu’il était en activité, ce qui a aggravé son état, et n’a pas facilité sa fin de parcours. Ceci explique, peut-être, cela.

     4 novembre 1990 : Un toro de Ambalo, « Baratero », blesse très grièvement Cesar, au moment de l’épée, en plaza de Palmira (Colombie). Gros affolement, énorme perte de sang et transfusion en masse. C’est là qu’est peut-être entrée la « diabolique maladie ». On connaît la suite. 1991 voit l’extraordinaire irruption du diestro Colombie, sur la planète européenne, en particulier grâce à ses historiques sorties des 21 et 22 mai, à Madrid. Cette saison sera triomphale, précédant un incroyable parcours du combattant, le torero devant maintenir son rang, ici, et satisfaire le public sud américain, enchaînant les rendez-vous les plus importants, sur les deux continents. La maladie se déclara, fin 1992, et le diestro dut se battre contre elle depuis tout ce temps, tout en toréant le nombre de corridas que l’on sait, jusqu’à octobre 1999, où il décida de couper sa carrière et de se consacrer à la ganaderia du Torreon, rachetée à Felipe Lafita.
    
Cesar Rincon a entamé cet été son plus dur combat, avec la caste et le pundonor qu’on lui connaît. Encore une fois il suscite le respect, l’admiration et l’amitié. A n’en pas douter il en sortira, encore une fois, « par la Grande Porte... »

     Si vous désirez apporter amitié et encouragements à Cesar Rincon, n’hésitez pas, envoyez-nous vos messages, qui seront acheminés vers le torero ami - Merci
 

PAS DE L’OR, TOUT CE QUI BRILLE…

     17 septembre : A Sydney, la flamme brille. Des centaines de jeunes gens, sains de corps et d’esprit, en principe, luttent pour l’or. Il y mettent tout leur cœur, leur hargne, et parfois, une sorte d’hystérie. Le matin, ils ne sont rien. Le soir, ils sont des dieux. Alors, ils entrent dans un autre monde, et la pression mine quelquefois leurs faiblesses. Du coup, la plus admirable des athlètes devient une capricieuse imbuvable, mauvaise camarade et championne déchue, même avant de concourir.
    
Dans tous les ruedos du monde, ils sortent, habillés d’or et de lumières. Sains de corps et d’esprit, en principe, ils vont combattre la mort. Ils y mettent tout leur cœur, leur honneur….Mais parfois, l’or pâlit… Apparaît alors une nature compliquée, tourmentée. Il faut se battre dans un milieu torve, sournois, où l’on ne doit pas « gratter trop profond »… Alors on apprend que tel maestro, superbe de vaillance, va rosser un journaliste, au fond d’une ruelle, ou souhaiter, en public, un coup de corne à un collègue. Alors, on apprend que trois vedettes font un caprice, et s’en vont de concert, parce qu’on a refusé des toros « préparés » à leur intention. Patatras… Adieu admiration ! Les toreros sont de simples hommes, pleins de peur et de doute, pris dans le tourbillon des intérêts, des combines de despachos, des échanges et montages divers. Ils portent, sous l’or de leurs habits, les médailles olympiques de l’asservissement et de la dépendance. C’est ainsi.
    
17 Septembre – Guadalajara
– dernière de feria – casi lleno : Les vétérinaires ont trouvé que la corrida de Jandilla avaient « de drôles de cornes ». Ils n’ont pas aimé. Comme en plus, le malin de Juli avait piqué dans le lot, trois jours avant, les Jandilla se sont retrouvés deux à l’appel, accompagnés de deux de Martelilla et deux Tornay. Ce que voyant, Joselito, José Tomas et Miguel Abellan ont décidé de faire grève. « Le lot prévu, ou rien ». Ce fut rien ! Ils eurent tort, car il y eut du monde dans la plaza, les toros ont servi et les trois diestros, appelés en urgence à une heure de l’après midi, ont connu le succès. Frascuelo et Javier Vazquez ont coupé un trophée, laissant le triomphe au Renco, auteur d’une bonne faena au sixième – deux oreilles.
    
17 septembre – Albacete
– dernière de feria – No hay billetes : Mansada de Jandilla, renforcée d’un Alcurrucen, sorti deuxième. Ponce toucha deux mules. Il laissa faire le premier, et s’accrocha face au quatrième. Faena de technique, hélas gâchée par un bajonazo « de première ». Silence partout – Juli a rempli la plaza, s’est accroché gaillardement au sixième, un vilain violent, le plus armé de la feria. Tout y est passé, mais quatre pinchazos ont tout réduit à presque zéro – Triomphateur incontestable, auteur des meilleurs muletazos de la feria, alliant inspiration, esthétique, sentiment, Manolo Amador a, devant le meilleur lot, toréé magnifiquement, et tué comme un…. Le public et le président lui accordèrent deux oreilles au cinquième, et au fond, c’est bien ainsi.
    
17 septembre – Salamanca
– 6ème corrida – moins d’une demi arène : La feria est un désastre. A part la corrida du Puerto San Lorenzo, il y a eu « défilé de mansos décastés, faibles et moches ». Les cinq d’Aldeanueva se sont mis au diapason. Le sobrero de San Roman a surnagé. Un grand quite par véroniques et une demie, bilan un peu maigre pour Curro Vazquez qui remplaçait le Finito. On le siffla gentiment – Andres Sanchez dut se protéger des cornes et des ruades de ses deux mansos – Eugenio de Mora attaqua le sixième, les deux genoux en terre. Le toro fit de même. Quelques bons moments du toledano, applaudi.
    
17 septembre – Nîmes
– (de notre correspondante) : Double session, double « toston » : Le matin, rien…avec les Vega Teixeira. Vu le cartel, que prévoir d’autre ? Seul le sourire de Patricia Pellen a fait illusion et réveillé le pauvre public. Vuelta. – Le soir, triste et fade corrida de Dolores Aguirre… y nada ! Millan s’est accroché et a bien tué le quatrième coupant la seule oreille sur les 24 possibles en ce dernier jour de tristes vendanges – Les paris étaient ouverts…  Entrées faibles, corridas décevantes, à part le moment de folie collective du samedi. Fernandez Meca et Antonio Ferrera se remettent de leurs blessure. Padilla est reparti, « habillé pour l’hiver ». Son attitude, hors du toro, risque de lui valoir quelques désagréments. Une feria à oublier bien vite. Espérons que le vin sera meilleur…
    
17 septembre, dans les autres plazas 
: A Barcelone, 4 Palha ont été refusés pour « imprésentables ». Tiens ! Il y eut remiendo par trois Criado Holgado et un Peralta. Rien de spécial, excepté une bonne faena du Cid, hélas gâchée à l’épée - Les Diego Puerta sont sortis faibles, à Lorca – Les Guardiolas, mauvais à Almodovar del Campo – Il ne s’est « rien coupé » dans ces plazas. A Valladolid, on a clos la feria avec une corrida de rejoneo qui a vu « les jeunes » triompher : Sortie a hombros pour Sergio Vega et Diego Ventura – A Murcia, Mendoza et Cartagena ont fait assaut, devant une corrida de Bohorquez. Cartagena sort avec quatre oreilles et un rabo.
    
Canales Rivera a bien toréé des Gavira près de Jaen (présentation à Séville, prochainement) – Espla a coupé trois oreilles à des Garcigrande, à Fuenlabrada. C’est rare. On donna vuelta posthume au troisième. Davila Miura et le Javi ont accompagné l’alicantino dans le triomphe – Bonne corrida de San Roman à San Agustin de Guadalix, avec trois oreilles pour Jesus Millan, Zotoluco et Uceda Leal étant également fêtés – Bon succès de Encabo devant des Conde de la Maza, à Yepes (Tolède).
    
Pour ce qui est des novilladas, on note la blessure légère, malgré deux trajectoires de 10 cms à la cuisse gauche, d’Alberto Martin. La course se change en mano a mano face à un lot d’Alejandro Vazquez, renforcé d’un d’ « el Serrano ».Novillada de trapio, mais sans bravoure et « tardeando ». Jose Montes et Luis Gonzalez ont  essayé.  – A Valencia, gros incident, avec tentative d’agression envers la présidente. Le sixième novillo, de Roman Sorando, était un manso terrible, et la dame changea trop tôt le tercio, oubliant de même de faire banderiller de noir. Se Armo la marimorena ! Toro intoréable, échu au jeune Jose Casanova… qui se présentait en piquée. Trois avis ! L’empresa calma ses voisins venus l’encourager en régalant le sobrero , mais le jeune, mal remis de ses émotions, ne put briller. Drôle de souvenir, pour sa première. Alors, en plus, si les femmes s’y mettent ! ! ! ! 

 

LES DEUX HYSTERIES…

     18 septembre : On dit que le mot « Hystérie » ne peut s’appliquer qu’au genre féminin. Pardon, mesdames, c’est l’Académie qui le dit. Je m’inscris en faux. Tombé par hasard devant mon téléviseur au moment de la finale olympique, à l’épée masculine par équipe, j’ai voulu, ayant pratiqué, jadis, ce vrai « noble » art qu’était alors l’escrime, suivre la compétition entre les Italiens et les Français.
    
J’ai été, non pas surpris, parce qu’il y a longtemps que c’est de mode, mais écoeuré par le manque de tenue, de classe, et par les regards hystériques jetés par certains champions au moment de toucher l’adversaire ou de prendre la touche fatale. Les yeux qui sortent de la tête (même Emilio Munoz n’a jamais pu atteindre cette expression paroxysmique…et pourtant ! ) des hurlements de bête, des interjections de folie…l’envie soudaine de « bouffer la terre entière ». Je ne parle pas de cet écroulement spectaculaire, au moment de recevoir « la » touche, qui ne donnait que l’argent, au lieu de l’or. Où allons-nous ? Le stress, la tension, la libération soudaine? je veux bien. L’importance du combat, la rage de vaincre à tout prix, « les intérêts economico-politico-culturo-socio-sportifs » engagés ? Pauvre Coubertin ! Dans un temps « pas si éloigné », on se battait dignement, on voulait gagner, mais on « rendait les touches », on remerciait l’adversaire d’une touche brillante, on serrait la main « les yeux dans les yeux »,en fin d’assaut. Là, on pleure, répandu sur le tapis, lamentable, sans honneur, à la grande joie des cameramen du monde entier « qui tiennent le scoop ». Triste!
    
Si l’on transpose cela au monde des toros, que devraient dire, que devraient faire des toreros, qui se jouent vraiment la peau, après avoir cloué un quiebro à un astifino, ou roulé d’un recibir un mastodonte de 700 Kilos ? Dieu sait s’ils auraient d’autres raisons de soudain libérer la charge d’adrénaline… Cela arrive quelquefois, mais le contexte est différent. Dans ce monde particulier, l’homme, encerclé de passion, de fureur, joue vraiment sa vie, quelle que soit la corne du toro… Aussi, on peut comprendre certains débordements, où l’homme, en même temps que sa joie, libère sa peur. Normal et humain.

     Mais il est « une autre hystérie », intérieure, muette, complètement enfermée. Elle est, à la limite beaucoup plus nocive, car ne laissant au public aucune explication possible, palpable, qui puisse satisfaire ses questionnements, voire calmer sa colère. Ce jour, en plaza de Salamanca, au beau milieu d’une feria importante, Jose Tomas a délibérément choisi d’écouter les trois avis, restant, impavide, loin du toro moribond, totalement étranger à la bronca qu’il provoquait. Quel soudain « coup de stromboli », comme on dit chez nous… Quelle mouche l’a donc piqué ? 

     Inexplicable et scandaleux. Ne parlons pas du manque total de professionnalisme, de respect du public et du toro. Les deux le font vivre grassement, et en aucun cas, ce geste, jadis sanctionné d’un tour « au calabozo », n’est pardonnable. La presse, d’ailleurs, tombe à bras raccourcis sur le Madrilène, qui suscite autant de haine que d’admiration, ce qui, à la veille de son retour dans le circuit des grandes ferias, en 2001, n’augure rien de bon. Jose Tomas torée pour lui… C’est à la fois admirable et désolant. Qu’il décide de laisser un poisson vivant, lorsqu’il pêche sur la plage d’Estepona, pas de problème. Mais qu’il touche de millions pour organiser un tel spectacle…
    
18 septembre – Salamanca – 6ème corrida – presque plein : Toros de la Famille Capea. Les Murubenos sont sortis « comme ça », lourds, nobles, sans caste et faibles. Loin de la corrida de Pamplona – Enrique Ponce s’est montré « professionnel » face au faible premier. Longue et élégante faena au quatrième, égrenant les séries sans porter l’émotion. Avis avant d’entrer a matar. Deux oreilles – Jose Tomas a divisé, d’entrée, le public et la critique. Certains l’ont trouvé majestueux, d’autres pesant et plein d’affectation. Dans son monde…Quatre pinchazos, une entière tendida et en arrière… et on attend, sans bouger un sourcil, à vingt mètres du toro. Un avis, deux avis, l’incrédulité dans les gradins, et la colère qui monte…Tomas, totalement étranger au toro et à la furie du public, laissa sonner le troisième avis, et entra au callejon. Le toro, ne voulant pas rentrer, fut achevé depuis le callejon, par le puntillero de la plaza. La bronca fut monumentale, reprenant à chaque apparition du torero dans le ruedo. Que le paso ? Il essaya bien de se racheter au cinquième, toréa avec hauteur, longuement, écoutant un avis avant de porter l’épée, coupant une oreille que le public ne lui permit pas de promener. José Tomas torée aujourd’hui, 19, sa deuxième corrida à Salamanque, avec Caballero et le Juli. Attention… Triomphe épique, ou re-scandale majeur… Réponse demain – Triomphe de Juan Diego, auteur d’une grande faena (la faena de la feria, jusqu’à présent) au troisième de la tarde. Elégance, profondeur, réelle qualité artistique. Tout y était…sauf l’épée. Le salmantino tua en quatre entrées, perdant tout, mais donnant une vuelta majeure. Il fut également brillant face au dernier, coupant une oreille « de compensation », qui ne fera en rien oublier son premier récital.
    
18 septembre – Bargas (Tolède) : La corrida aurait eu un compte rendu « normal », si l’on y avait enregistré la blessure de Victor Puerto, en entrant a matar à son deuxième adversaire de Nunez del Cuvillo. Deux trajectoires de 12 et 5 cms,  en arrière de la cuisse droite. Pronostic : peu grave. Le plus ennuyeux : la gamberge… avant deux gros rendez-vous : Séville et Madrid – La corrida, par ailleurs a été triomphale : Quatre oreilles pour Puerto, trois pour Rivera et le mexicain Garibay .
    
Triomphe de la terna, à Cazorla, où les toros de Jodar y Ruchena laissent neuf oreilles à Tato, Abellan et surtout, Fandi (4)- A Villaviciosa de Odon, le seul trophée  pour Davila Miura – Toros de Carmen et Araceli Perez. Le Bote « a flotté »… ce qui est logique !
    
A signaler : Corrida télévisée, ce mardi 19, à 18h sur TVE1 : Corrida de ANDE, en honneur du Troisième Age, en plaza de Madrid, organisée par Sebastian Palomo Linares : Toros de Joao Moura, pour « Dinastia »,  Miguel Martin et « El Cid ». La plaza sera emplie d’un public âgé, festif, tout heureux d’être invité à « sa » corrida. Il y aura donc, si les toros le permettent, des oreilles coupées, même si elles ne sont pas « de San Isidro ».

 

LA FETE, ROUGIE DE SANG…

     19 septembre : les circonvolutions de la temporada ont voulu que ce 19 septembre marque une date importante  dans le tournée du « Toros circus 2000 ». La veille, Jose Tomas avait pégué le plus gros pétard de sa carrière en plaza de Salamanque. Il y faisait son deuxième paseo. Qu’allait-il se passer ? Triomphe ? Scandale ? ou…une autre sortie ? A Madrid, en honneur des Anciens, l’association ANDE a invité toute la plaza. Dans la joie et la bonne humeur, on vit les oreilles tomber, jusqu’au moment où le toro a dit « je suis là ! ». Tant à Madrid qu’à Salamanque, la fête fut belle. Seules, deux cornadas l’ont un peu gachée.
  
  19 septembre – Salamanca – 7èmecorrida – No hay billetes – pluie : Jose Tomas a pris une cornadita, Caballero et Juli ont coupé le oreilles, mais c’est Moises Fraile qui a triomphé. Après la grande corrida de son frère Lorenzo, ses toros du Pilar sont sortis bien présentés, prompts et braves au cheval, fixes sous le fer, nobles à la muleta, avec quelques rares points de faiblesse. Seul le cinquième ne suivit pas cette ligne.
   
 Jose Tomas a été reçu par quelques sifflets, mais eut tôt fait de retourner un public généreux, ou innocent, alors que la presse n’a pas mordu d u tout. Quatre statuaires au centre ont déclenché les ovations, puis, avec beaucoup de pauses, très « intériorisé », Tomas a continué sa faena, toréant à bout portant un toro encasté qui serait venu de loin. De bonnes naturelles furent le point fort de la faena, mais celle-ci tourna court en citant sur une passe inversée. Sèche cogida, par derrière. Le torero se relève et poursuit comme si de rien n’était. Manoletinas (des milliers, cette année) et une épée qui mettra un temps fou à rouler l’animal. Comme hier, le diestro attendra, sans vouloir descabeller. Tombera un avis, mais, à la chute du toro, le public demandera deux oreilles, une seule étant concédée. Jose Tomas s’en fut à l’infirmerie : Cornadita légère sur 15 cms à l’intérieur de la cuisse droite,  contusionnant les adducteurs. Des coups au visage et une grosse coupure à la main gauche, provoquée par le harpon d’une banderille. Rien de grave, le torero repartant à l’hôtel . La versatilité du public étant ce qu’elle est, on parle de « cornada du pardon ». La critique « ne mord pas », et l’on risque de parler longtemps des « 48 heures de José Tomas », à Guadalajara et Salamanque
 
     Sous la pluie, Manolo Caballero a pris trois toros, a coupé une oreille chaque fois, de divers calibre. En résumé, une actuacion puissante, avec beaucoup de quantité, du lié, et de bons coups d’épée – « El Juli » s’est montré complet face au troisième qui aurait mérité vuelta posthume. Brillant à la cape, c’est à la muleta qu’il a conquis les deux oreilles du noble toro, toréant relâché et profond. Il fut ovationné au sixième, recevant un avis pour trois descabellos.
    
Les corridas formelles sont terminées. La feria se clôt jeudi, avec des cavaliers Triomphatrice: la Famille Fraile, les frères Lorenzo et Moises, dont les toros ont ravi public et presse. Côté toreros, peu de choses à croquer. Reste dans le souvenir le toreo d’un salmantino, Juan Diego, en espérant que d’autres plazas le découvriront.
    19 septembre – Madrid – Corrida de ANDE – Plein  - Entrées gratuites pour le Troisième Age : « Un sacré poullailler », mais qui fait plaisir à voir. Sur les gradins des milliers de pages, au grand livre de la vie, des tonnes de soucis, des fleuves de rides… Et pourtant, le sourire dans les yeux, le geste alerte et la parole vive … « Oreja, oreja ! ! ! Oreille pour tous, c’est la fête. C’est notre fête ! ». Dans ce sympathique tohu-bohu, défilèrent quatre toros de Moura non dénués de noblesse, escortes de deux sobreros de Nunez et Astolfi, beaucoup moins démonstratifs – Le colombien Dinastia tua trois toros. On le vit volontaire et professionnel, bien au premier , donnant vuelta al ruedo – Le président, qui s’était fait gaillardement gronder par les papis et mamies,  pour ne pas avoir accordé l’oreille à l’indien, s’en alla de ses deux mouchoirs pour le torero spectaculaire de Miguel Martin, face au deuxième,  illustré d’un gros coup d’épée. Sortie a hombros un peu « descafeinada », mais qui servira à la pub – Le triomphateur du jour fut le « Cid ». Oreille du troisième pour son concept du toreo pur, en particulier sur main gauche. Le sévillan partait pour une seconde oreille, et « la porte grande », quand le sixième visa droit à  la jambe, sur un début de naturelle. Voltereta peu spectaculaire, et pourtant, 20 cms à l’intérieur et en haut de la cuisse gauche, provoquant de gros détgâts musculaires, avec contusion de l’artère fémorale. « Pobrecito, con lo guapo que era ! » se lamentait la petite vieille.

 

FLOIRAC : LE BAROQUE ET L’HISTORIQUE…

     Quand, le 25 octobre 1987,  nous cheminions entre deux rangées de CRS, vers « cet échafaudage »,  dressé entre quatre tours HLM, qui portait le nom de « plaza de toros », bien peu d’entre nous pensions que, tant d’années après, il  s’y donnerait rendez-vous régulier « pour y courir Toros… ». Ce jour-là, dans la grisaille d’un ciel bordelais, Floirac inaugurait ses arènes. L’histoire taurine reprenait, en rive de Garonne. Les « antis » s’époumonaient dehors. Des actes répréhensibles s’étaient amoncelés. La violence était chez les pseudo-pacifistes, tolérants, épouvantés par le sang, révoltés par ces sadiques qui vont voir tuer les toros… Surpris mais euphoriques, Ruiz Miguel et Nimeno avaient, pour la première fois, passé « la grande porte », a hombros… en se baissant un peu, de peur de se cogner la tête dans une poutre maîtresse, et de réduire à néant « le grand meccano ». L’Histoire était en marche.
    
Durant des années, on parla de Floirac, avec un petit sourire.. Certes, les efforts étaient salués…mais le sourire demeurait. « Floirac, la corrida pastis, la corrida merguez ! Floirac ? Quel public ! Entre « la Haute » qui vient se faire voir, et la vieille colonie espagnole qui demande la musique au moment du descabello… c’est pas triste ». Et pourtant… Chaque année, en particulier depuis qu’Alain Lartigue a pris les choses  en mains, la plaza a gravi un degré dans le sérieux, dans l’imaginatif, l’original. La plaza se couvre bien, à l’appel de cartels forts, ou rendus attractifs par « la trouvaille » interdite dans les plazas  condamnées au bénéfice, car régies par les municipalités. Ici, « empresa privée » : « Les risques…pour moi ! » dit Lartigue. Que le succès soit aussi pour lui. Qu’on lui reconnaisse le mérite d’avoir amené dans « son rond de ferraille », comme ils disent, les principales figuras de l’escalafon, en particulier « le Juli », et des toros pas plus moches, ou « desmochados » que dans d’autres plazas « que yo me sé »…Total, un immense mérite, et un sacré bon point, vu le lieu, vu les circontances, sur un CV d’organisateur, au moment d’ouvrir les « vraies » lettres de candidatures, au cours de « vrais » concours pour la gestion future de certaine grande plaza.
    
La corrida de dimanche prochain avait plusieurs points d’attraction : Des taurins, et, depuis samedi, d’autres qui l’étaient moins. Toros de Fraile ! Le nom fait frémir les anciens qui les virent débouler à Bayonne, dans les années 83/84/85. Vaya ! !  Claude Pelletier les a chantés, avec la verve, le talent qu’on lui connaissait, jamais retrouvé depuis… Ils ont enchanté ! Ils ont scandalisé ! n’ont laissé personne indifférents. Depuis, un ganadero est parti, ses toros se sont assagis, sans pour autant s’en laisser compter. Donc, les Fraile à Floirac…Certains vont surveiller cela de près.
    
En Face, une femme, une vraie ! Un torero, un Vrai de vrai ! Mari Paz Vega, loin de la presse bonbon, loin des caméras qui guettent « le moindre gramme de cellulite », cette fille-là en a vraiment… du courage et du talent. A coups de corne et à coups de canon, elle gravit la pente qui la mène à une totale reconnaissance. Elle sera le point de mire de beaucoup d’aficionados « et das », guettant, qui le « Sacrée fille, j’en étais sûr », qui le « Je vous l’avais bien dit. Une femme…Jamais ! »
    
L’autre point d’attaque était la rencontre Padilla-Ferrera, rendue encore plus « aigre-douce » depuis l’algarade, à la limite de la bonne éducation taurine » de samedi dernier, en plaza de Nîmes. La grave blessure d’Antonio Ferrera nous évitera un autre règlement de comptes, mais fera peser sur Padilla la lourde responsabilité de se montrer au pplus haut de son courage et de sa vérité. Sinon, à n’en pas douter, il va entendre chanter Manon… et en espagnol ! Antonio Ferrera absent, qui sera le troisième ? A coup sûr, un autre « encasté »… On le saura aujourd’hui.  Si le Fandi, qui triomphe partout, avait la bonne idée de ne pas toréer ce jour-là… S’il acceptait, s’il était accepté… On ne verrait pas de la dentelle de Calais, pour sûr ! On s’en moque, l’Histoire taurine s’arrête… à la Garonne.
    
On verra bien. En tous cas, une course qui vaut le déplacement, parce que, malgré la ferraille, « l’ambiance pastis- merguez » et petit doigt en l’air… elle est promesse d’émotions, fortes et vraies.
   
FLOIRAC – 24  Septembre – 17 heures – Corrida du Cep d’or 2000 : Six de Jose Luis Fraile, pour Juan Jose Padilla, Mari Paz Vega et… le remplaçant d’Antonio Ferrera. Infos et location : 05 56 40 90 18.
Dernière minute(20 septembre 17h): C'est LUIS MIGUEL ENCABO qui remplacera, dimanche Antonio Ferrera, aux côtés de Juan Jose Padilla et Mari Paz Vega. Torero d'école, complet dans les trois tiers, Encabo, depuis sa blessure, triomphe dans toutes ses sorties, avec, en particulier, une excellente prestation le 3 septembre dernier, à Barcelone

 

COURAGE…FUYONS ! ! ! !

     21 septembre : On parlait, l’autre jour, d’hystérie…On ne croyait pas tomber si juste ! Partie, envolée, tristement battue, sans combattre… Alors, pendant des jours et des jours, on  va spéculer, enquêter, nous rabattre les oreilles sur la pression, les circonstances, le harcèlement moral, etc… Pendant des heures et sur des kilomètres de papier, on refera le parcours de la championne,  on analysera les « non-raisons » qui l’ont poussée à prendre ses jambes à son cou, mais pas dans la bonne direction. Courage… fuyons ! Les sponsors et autres hommes d’affaires peuvent se gratter la tête. Qu’est-ce qui va encore baisser plus que l’Euro ? Les actions de la Pérec…Et, au rythme où vont les rumeurs et la hargne de tous ceux qui croyaient en elle… « y’a intérêt à courir vite ! ». Triste, d’autant qu’avec le mépris affiché pour tous, fédération, incapable de lui imposer une discipline faite pour tous, pour ses collègues athlètes, pour le public, pour la presse… cela risque d’être féroce ! Mais peut-être que  « El Senor Chirac » lui fera le quite !
    
Pérec « est tombée du cartel »… Il y en a d’autres, mais pour des raisons différentes, même si derrière ces retraites, il y a toujours une histoire « d’image » et de fric… Manolo Diaz  « El Cordobes » coupe sa temporada. Non remis de sa luxation du coude à Dax, le 14 août, il arrête là et se soigne. Saison terrible pour le chevelu qui s’est fait rouer de coups et a perdu partie du crédit ouvert. Cependant, André Viard révèle dans son éditorial que le torero aurait souscrit une assurance garantissant chacun de ses cachets, même s’il ne toréait pas. J’espère qu’il aura passé le tuyau à Marie-Jo ! Asi, cualquiera ! Espérons qu’elle garantit également les émoluments de sa cuadrilla, difficilement « re-colocable », depuis le coup de fouet de Dax.
    
De son côté, José Tomas, vient aussi d’annoncer qu’il coupait la temporada. La cornadita de Salamanque va le bloquer pour une grosse semaine, et comme il avait ses futurs contrats dans les 10 jours, en particulier Barcelone, toute acquise, mais aussi Logrono, (et là, c’était autre chose), Tomas à décidé de couper court. De longues heures de réflexion l’attendent, au bord de la plage d’Estepona. Les poissons  vont pouvoir manger tranquilles à l’hameçon. Tempête sous un crâne… à moins que ! Normalement constitué, Jose Tomas  devrait se dire que le bilan de sa temporada est à la fois glorieux et désastreux. On ne parle pas du compte en banque, mais de la façon dont il s’est fait avoir, et de l’occasion perdue de s’ériger, dès cette année, en N°1, incontestable, du toreo actuel. Les caprices, les reculades, les coups de tête du style « Salamanca », vont peser lourd dans le bilan final, sans parler de la présentation de ¾ des toros combattus cette année, volontairement, sous un prétexte minable,  hors des grosses plazas.  Si l’on ajoute à cela la « guerre des presse taurines », avec pour généraux, d’autres caractériels… Si l’on ajoute à cela les spéculations sur la future administration du torero de Galapagar, vous pouvez laisser tomber et France Dimanche, et votre abonnement à France Loisirs, parce que vous allez avoir de la lecture pour cet hiver. Madame sera contente…ou pas, cela dépend !
    
Tout cela est bien long, direz-vous ! Indigeste peut-être… Certes, mais vous aurez remarqué que dans ce fleuve de banalités, un mot manque à l’appel :  le mot Honneur ! ! ! !

 

LE DESTIN A ENCORE FRAPPE…

     21 septembre : On vient d’apprendre le tragique décès de Rafael Roca, ex-matador devenu empresario, hier, au moment d’embarquer des novillos pour une novillada à Vera, non loin d’Almeria. L’accident classique : des corrales et des installations souvent sommaires, des galeries sans protection, des planches, des rambardes branlantes… Rafael Roca a glissé, est tombé dans l’étroit enclos, et le novillo l’a massacré. Les hommes ont essayé d’agir au plus vite, mais le mal était fait : pas de cornadas, mais des coups terribles, à la poitrine et à la tête. Juste quelques mots, dans les bras de son ami Pepe Marquez, et la mort, sur le chemin de l’hôpital très proche. Le novillo était de Rivera Ordonez. Il  faisait partie du lot qui allait être combattu vendredi, entre autres, par le propre fils de Rafael Roca.
    
Agé de 57 ans, Rafael Roca avait fait son chemin dans les affaires. Il avait notamment mené la destinée des arènes de Burgos et de Malaga, dans les années 80. Son nom avait brillé, comme novillero. Torero classique, sérieux, on aura le souvenir de son passage à Hagetmau, en 1967. Sa carrière de matador ne fut pas à la hauteur des espoirs conçus, et sa vie prit une autre route. Cette vie vient de s’arrêter là, un 20 septembre 2000, sur la terre battue d’un corral lointain. Le Destin…

 

LOGRONO… LA DERNIERE SAN MATEO DE « LA MANZANERA »

     21 septembre : Logrono … La Rioja… Vino  y toros ! San Mateo 2000 débute aujourd’hui. Outre le caractère spécifique de cette féria, qui réunit des toros souvent très sérieux, face aux premiers de l’Escalafon, la feria revêt cette année une importance toute particulière: ce sera la dernière feria dans l’actuelle plaza de la Manzanera. L’année prochaine, il y aura une nouvelle arène, de 11046 places, moderne, couverte, du style Illumbe.
    
Séville à sa Maestranza. Logrono a sa « Manzanera »… Suite à l’incendie de l’ancienne plaza, le 9 juillet 1914, il fut érigé, en 104 jours, une plaza de toros, de style mudejar, d’une contenance de 9726 spectateurs. Construite par l’architecte Fermin Alamo, elle coûta 195 000 pesetas, et fut inaugurée le 21 septembre 1915. Au cartel : Gallito et Belmonte, qui touchèrent chacun un cachet de 7500 pesetas. Le troisième, Saleri II, ne reçut que 1750 pesetes, mais c’est à lui  que revint l’honneur de couper la première oreille, au sixième toro du Duc de Veragua, dont la corrida avait été payée 10000 pesetas. A l’époque, la barrera sombra coûtait 15 pesetas, et le tendido sol, 4. Mais l’histoire ne dit pas combien coûtait la baguette de pain…
    
Depuis 1949, la destinée de la plaza est entre les mains de la Casa Chopera. Don Pablo prit les choses en mains, puis vinrent « Don Jesus » et Manuel. Aujourd’hui, les fils  de ce dernier vont fermer la page, et ouvrir un nouveau livre. Un vraie saga !
    
La feria 2000 comptera 6 corridas, et débutera ce jour,  par un lot de Cebada Gago, combattu par Tato, Liria et Padilla…C’est le cartel de la Victorinade historique de Mont de Marsan. A n’en pas douter, le public aficionado, très exigent, de Logrono le sait. « Apretarse los machos, senores Toreros ! »…

 

QUAND LA FETE DEBUTE EN SILENCE…

     21 septembre : On a encore tué un homme, là-bas, près de Barcelone. A n’en pas douter, le parabelum est plus sûr qu’une estocade dans tout le haut. Le monde taurin, si trouble, parfois, respecte avant tout la noblesse, qu’elle soit du toro, ou du torero. Aussi, il ne peut accepter que l’on tue un homme, sans défense et dans le dos. Logrono, qui fête la vendimia, qui danse sur le paseo de l’Espolon, Logrono a fait silence hier au début de son premier paseo, un silence de douleur et d’horreur, un silence d’honneur également, pour ce garçon « qui n’a pas donné son sang », mais « dont on a volé le sang », peut-être comme cela, au hasard, par ce qu’il représentait « l’autre bord », et que, loin des cibles très protégées, lui était là, simple citoyen sans défense, encore heureux avec les siens, une minute avant son destin. On appelle cela… la lâcheté…
    
21 septembre – Logrono – 1ère de San Mateo – 2/3 de plaza : La corrida de Cebada Gago s’est sauvée au dernier moment, grâce à « Trianito », magnifique sixième toro, et au tourbillon soudain ralenti, nommé Juan Jose Padilla. La corrida, jusque-là, s’était traînée dans la torpeur, les toros ne donnant pas le jeu escompté, les toreros ne passant pas la surmultipliée. Les Cebada Gago étaient sortis beaux et pointus, mais sans grand fond. Le troisième s’était montré brave, le lot de Tato permettait plus, peut-être. Liria, quant à lui, avait touché le mauvais carton, d’autant que le cinquième sortit « descordinado », chavirant de tous côtés comme un festayre à quatre heures du matin, avant de s’effondrer définitivement. Il fut remplacé par un Jandilla de cinq ans ¾, « pas très sympa ». Déboula alors « Trianito », qui joua son rôle face aux chevaux, mais surtout manifesta une incommensurable envie de charger, droit et long. On le fêta longuement, au cours de la vuelta al ruedo.
    
Tato, propre, mais sans personnalité,  et Liria,  qui a besoin de longues vacances, écoutèrent le silence, avec un avis à leur second adversaire. Restait Padilla qui essaya tout, réussit beaucoup, coupa trois oreilles, sortit a hombros et se gagna le remplacement de José Tomas, le dernier jour. Sacrée soirée… Vibrant au troisième, qu’il toréa « de medio capote » dans un quite, il donna une faena rapide, en puissance et coupa la première oreille de la feria, après une « sacrée rapière »... Nouvelle portagayola au sixième, bien à la véronique, et tout le registre aux banderilles : « la moviola », « le molinillo », la paire « al violin ». Ouf ! On partait pour une autre charge, style « 18ème dragon ». Et là, surprise ! le Trianito lui dit qu’il pouvait se calmer, parce qu’il pouvait compter sur sa noblesse. Alors, on vit Padilla toréer reposé, templé, lié, presqu’avec profondeur. Bien sûr, le final visa le spectaculaire, mais, on avait vu « un autre Padilla ». Grosse épée, en puissance, et deux oreilles, sans contestation.
    
21 septembre – Salamanca - Ultime – casi lleno : Pablo Hermoso a lidié deux toros, ne connaissant la réussite qu’en toréant avec « Cagancho ». Il fut applaudi – Le lot de Barcial fut aussi beau de présence que dur de comportement. Rui Bento Vasques faisait ses adieux. Il aurait souhaité plus triomphale despedida. Menacé par son second, il le fit piquer « vilain », et son public de Salamanca repoussa son dernier brindis – Domingo Lopez Chaves, faillit bien se faire couper en deux par son premier. Le Jeune revint à la charge, bravement et coupa une oreille. Vuelta au cinquième, le président refusant l’oreille que beaucoup, plus un, demandaient. Bonne sortie du Salmantino, en espérant que quelques contrats « sortiront » de cette vaillante prestation – Alvaro de la Calle est tout jeune « sorti du rang ». On le vit un peu tendre, mais volontaire. Il coupa une oreille du troisième.
    
22 septembre
 : A signaler que Victor Puerto, qui a coupé hier trois oreilles à des Jaralta, en plaza de Pozoblanco, va remplacer Finito de Cordoba, aujourd’hui, à Logrono, avec Juli et Abellan – Par ailleurs, Joselito remplacera Tomas, pour le grand rendez-vous, prévu dimanche à Barcelona, avec Ponce et Juli .
    
La feria de San Miguel est totalement chamboulée : Six postes, trois retraits, un incertain. Munoz et Manzanares ont arrêté, Rivera Ordonez s’est fait mal à une main. Défection. Morante de la Puebla, veut réapparaître, après sa blessure d’Albacete. Les cartels donc, seraient les suivants :
    
Samedi 23 – Toros de Pereda  pour Curro Romero – Pepe Luis Vazquez et Morante, en principe.
    
Dimanche 24 – Toros de Gavira pour Juan Mora - Victor Puerto et le remplaçant de Rivera.
Idiot, mais comme ça ! L'empresa sévillane fait ses contrats « en bloc », dès mars, et la feria de septembre fait partie des « négociations » avec les toreros. Elle se heurte donc à des chamboulements inévitables, dûs à des lésions ou des passages à vide. En fait, l’empresa aurait mieux fait d’afficher deux fois Curro en « unico espada », ce qui aurait « tout rempli », la plaza, les coffres et les gazettes…

 

MONSIEUR CHOPERA, POURQUOI « A LOGRONO, OUI… ET A BAYONNE, NON ! » ?

     23 septembre : Tandis qu’à Sydney, le tatami résonne encore du « combat de géants » dont est sorti vainqueur un champion, mais avant tout, un homme – Este, si, es torero ! – la France s’apprête à suivre avec délectation un nouveau feuilleton politico-financier, à condamner une pauvre fille dont tout l’or passé a fondu en une nuit, à  ne pas faire son devoir de citoyen, non pour suivre les indications philosophico-vaseuses des partis bouffons, mais tout simplement, parce qu’elle ne croit plus en rien, n’a plus « d’illusion », n’a plus de regard dans lequel se plonger, n’entend plus les mots dont elle a besoin, simples, vrais, sincères. David Douillet, au sortir d’une apothéose totale, a démontré qu’il était «137 Kgs de cœur et de tête ». Là où les autres  sanglotent sans pouvoir articuler mot, cet homme-là manifeste une totale humanité. A n’en pas douter, il a rallié tous les suffrages, hier, en disant simplement les mots que certains ont voulu bannir : Famille, Patrie, Travail… dans l’ordre que vous souhaitez ! Monterazo, Monsieur !
    
Pendant ce temps, il sort à Logrono  les toros le mieux présentés de la terre. Peut-on demander à Monsieur Chopera et rejetons, comment se fait-il que dans « sa » Logrono, les toros sortent « comme ça », et que dans « sa » Bayonne, les toros sont sortis « comme ci » ? Pour référence, les Cebada  Gago, les Puerto San Lornzo, les Matinez Elizondo… Logrono paie t’il plus cher ses toros ? Bien sûr que non ! Qui achète les camadas entières ? Qui fait les lots, selon les plazas ? Qui organise tout, régente tout, en faisant semblant de laisser la responsabilité aux locaux ? Un éternel feuilleton, encore moins palpitant que « les feux de l’amour », c’est tout dire. Enfin !
    
22 septembre – Logrono  - 2ème de feria – Lleno : Corrida, très bien présentée et très pointue, du Marquis de Domecq. Toros encastés, avec un poil de faiblesse, pour certains, qui méritaient beaucoup plus que ce qu’ont fait les maestros. Victor Puerto a écouté le silence, après deux prestations allant à menos. De plus, il a tué « regular ». La cornada de l’autre jour est mal tombée, de celles qui peuvent vous faire perdre le sitio, l’espace de quelques jours. Ce serait vraiment dommage, à la veille de Séville et Madrid – Mal, comme absent, Miguel Abellan . Silence partout ! Attention, le torero ne progresse pas, et ne peut que difficilement cacher son manque de personnalité. Il lui faut « un gros coup » à Madrid, dans son prochain mano a mano avec Califa, sinon…  - Juli a triomphé, puis est sorti sous la bronca et les coussins. Vaya ! Julian Lopez a coupé au troisième la seule oreille du jour. Un trophée normal, sans grande histoire. Le sixième était « un armé large et très pointu », qui renversa Salvador Herrero à la première pique, sautant par-dessus l’équipage à terre. Ambiance dans la plaza, mais qui tourna vite au vinaigre quand le Juli refusa de banderiller, et estoqua le manso en quelques minutes. La bronca fut majuscule et les coussins accompagnèrent le torero qui refusa l’appui de la police. A t’il été désastreux ? Non, mais il a trop vite vu qu’il ne pourrait rien faire, et cela n’a pas plu aux riojanos qui on la tête près du bonnet, comme beaucoup : « Pour quatorze « kilos », il se doit de faire plus »… on en connaît d’autres.
    
Par ailleurs, on apprend que Jose Tomas sera, aujourd’hui remplacé par…Jose Luis Bote. Ca, par exemple ! Avec tout le respect que l’on doit au Bote, on peut supposer que l’empresa, ici, « se paso, un Kilo, tambien ! »
    
22 septembre – Talavera – ¾ de plaza : Enième bonne corrida de Zalduendo, présentée bonita, un peu faible, donnant du jeu, malgré certaine mansedumbre. On donna la vuelta posthume au bon sixième. Curro Vazquez a eu d’énormes détails de classe, face au premier, dont il obtint une oreille. Joselito se trouva soudain a gusto, dans une bonne faena, très coulée, devant le cinquième. Deux oreilles. Même triomphe pour Enrique Ponce, toréant supérieurement le sixième. Joselito et Ponce sortirent à hombros… Une image un peu rare, cette année, qui nous ramène quatre temporadas en arrière.
    
23 septembre : La San Miguel de Séville (suite) : Le feuilleton continue. Aujourd’hui, Morante ne va pas toréer. Son remplaçant sera Fernando Cepeda. Attention à celui-là ! On sait sa classe, et le moral semble revenu. Si le cœur et les tripes pouvaient suivre… A ses côtés, Curro et Pepe Luis – Demain dimanche, c’est Davila Miura qui remplacera Rivera Ordonez, face aux Gavira. Normal, pour l’auteur de la vraie faena à un vrai toro, lors de la dernière feria d’Avril . A ses côtés, Juan Mora et  Victor Puerto. Aïe, l’entrée…

 

ET MAL ELEVES, EN PLUS…

     23 septembre : De tous temps, les toreros ont eu quelques « divergences d’opinions », avec les critiques taurins. On peut comprendre que, bon ou mauvais, un torero, seul devant le toro, puisse mal digérer les quolibets d’un monsieur, presque confortablement assis dans le tendido, qui, en quelques lignes, va démolir ses vains efforts. Cependant, tout homme public s’expose à cela ; les mêmes critiques taurins portent aux quatre vents les vrais triomphes, et là, les toreros ne viennent que très rarement leur en faire reproche ; par ailleurs, quand un critique en veut systématiquement à un torero, cela se sait, et en général, les autres comptes rendus remettent les choses à leur place. L’histoire est pleine de ces « rencontres musclées », où le « maestro » se fait plaisir, une minute, et passe quelques semaines à regretter…
    
Ce samedi, sur l’heure du repas, dans le hall de l’hôtel de Logrono,  Monsieur Miguel Abellan, accompagné de son père et de toute la cuadrilla , ont « lidié, fortement chatié, banderillé de très noir, doublé par coups bas, et massacré a bajonazos », Javier Villan, critique taurin du Journal  « El Mundo », excellent aficionado, revistero plaisant, compétent et ne mâchant pas ses mots, sans pour autant manquer de respect. Miguel Abellan ayant mal vécu la resena de la veille, a commencé à provoquer, à insulter. Le père du torero (ils sont redoutables, en général) est passé de la parole au geste, frappant le journaliste, avec le courageux appui de deux membres de la cuadrilla. La directrice de l’hôtel et quelques aficionados présents vinrent au quite, et tout cela se termina par plainte déposée en bonne et due forme. Bien entendu, Abellan, qui toréait le soir, eut droit à une resena salée, où il se faisait traiter de « Senor Abellan », à chaque phrase. En fait, le « senor Abellan », s’est comporté, à Logrono… comme « un senorito »… c’est à dire : un tout petit, petit, petit monsieur !
    
23 Septembre – Logrono
 - 3ème de feria – 2/3 de plaza : La corrida de Zalduendo est sortie bien présentée et astifina. Cependant elle ne donna pas grand jeu. A noter cependant, le second, très agressif. Deux toros de Algarra, sortis en trois et cinq, ne dirent pas un mot plus haut que l’autre. Monsieur Abellan se permit un affrontement avec le président. Décidément, une journée débutée du pied gauche ! Silence et ovation – Bote, qui remplaçait Jose Tomas, donna les meilleurs muletazos de la tarde, perdus dans beaucoup de doutes et de fadeur. Applaudissements et ovation – Manolo Caballero s’est colleté au méchant second, parvenant presque à l’amadouer. Sans être le Caballero puissant que l’on voit  parfois, le torero d’Albacete fut « en brave », et méritait plus que les applaudissements – Une journée à oublier bien vite, dont le fait marquant relève du « fait divers »… Triste !
    
23 septembre – Séville
– 1ère de la San Miguel : Au cartel initial : Curro, Manzanares et Morante. A l’arrivée… Personne ! Vaya ! Manzanares se plaint de l’estomac et des reins, Morante de sa jambe, et à la dernière minute, Curro Romero dit qu’il s’est fait un tour de rein, en apprenant que la corrida était astifina, et que le sobrero était armé « comme ça » ! Pouah ! Total : abstention complète (déjà !) et un cartel remodelé à la hâte. Tout cela fit scandale dans les gazettes et dans les cercles aficionados. De ce fait, il n’y eut qu’un peu plus de mi plaza, pour une corrida, noircie à l’avance... Les toros de la  Dehesilla, accompagnés de trois Gabriel Rojas, n’ont donné que le  triste spectacle du descastamiento. Un toro dut être puntillé dans le ruedo ; un autre, rentré. Nada ! – Pepe Luis Vazquez continue à aller au toro « en lui demandant pardon », place deux muletazos sans le déranger, et arrête là sa douce mélopée campera, dans le silence général – Cepeda sort la classe dans quelques véroniques, a de très bons moments, muleta en mains, face au cinquième, mais, ne passe pas la rampe définitive. Silence et ovation – Appelé en urgence, Juan Bautista tomba sur deux mulets, bouscula trop l’un, arriva presque à convaincre le dernier, en douceur. Mais, peine perdue ! On l’applaudit . Qu’allait-il donc faire dans cette galère ?
    
23 septembre, dans les autres plazas
 : Rien de trop spécial, à part un triomphe de Jesus Millan à Talavera, face à des Cortijoliva – Juli sort a hombros de Lorca – Bonne faena de Ponce à un toro de los Eulogios, en plaza de Consuegra – L’anecdote du jour étant les trois avis pour Javier Conde, à Pozoblanco, qui n’efface pas, cependant, les bonnes sorties d’Uceda Leal et Jose Luis Moreno, face à des Rubio Martinez.

 

FLOIRAC : ABSTENTION …

     24 Septembre : Jour de référendum ! 70% d’abstention ! « C’est un succès… » dirait Cyrano ! Pendant ce temps, les 55% présents sur les gradins de Floirac ont eu à décider. 

Aux questions posées, ils ont répondu :
-          La corrida de Fraile a t’elle été une « grande corrida » ? 20 % ont répondu oui, 20% ont dit non, et 60 % ont dit « bof ! »
-          Juan Jose Padilla a t’il été « le cyclone » dont on nous parle, depuis Jerez ? 60% ont dit non. Le reste s’est abstenu.
-          Luis Miguel Encabo est il promis à un grand avenir ? Beaucoup ne se sont pas prononcés, d’autres ont acquiescé, immédiatement contrés par l’opposition. 
-          Mari Paz Vega a t’elle convaincu que « la femme » peut être torero ? Probable ballottage, les votants se partageant entre l’admiration amicale, et le scepticisme compréhensif.
Résultat final : Nous voilà bien avancés ! Cependant, les politiques ayant un véritable talent pour transformer en apothéose, la plus grande déculottée, on essaiera de commenter ces divers résultats, sans talent, peut-être, mais beaucoup plus honnêtement.
    
La corrida de Fraile n’a pas été une grande corrida. Elle est sortie, par contre, « super bien » présentée, pour ce ruedo. Elle est sortie très mobile, sans la faiblesse que l’on pouvait craindre après cinq jours dans la boue des corrales de Mont de Marsan, après les averses de mardi. Elle est sortie « mansa con casta », sans fixité, attaquant le piquero, mais faisant le tour, tappant plus que poussant, se montrant violente en certaines charges désordonnées. Les troisième et cinquième furent les meilleurs. Il aurait fallu voir le quatrième en d’autres mains . La corrida de Fraile a t’elle été une grande corrida ?  On s’abstiendra.
   
 Padilla a t’il été le Cyclone attendu ?  Un pâle zéphyr, tout au plus. Il s’était fait secouer la veille, non par un journaliste salmantino revanchard, mais par un Cortijoliva. Padilla s’est montré pâle, indécis, imprécis, quêtant l’applaudissement facile, et pressé d’en finir. Son premier blessa très grièvement le cheval de Bonijol. Il fut impossible à banderiller, et sortit de chaque muletazo, la tête aux nuages, se demandant « où il est , l’autre, avec ses rouflaquettes ! attends, si je l’attrape… ». On ne se prononcera pas sur l’épée, très basse, après  quatre vilains pinchazos . Il aurait peut-être coupé une oreille minoritaire face au quatrième qu’il toréa sur la droite, parfois crispé, parfois relâché, enfin en regardant le public. Le début de faena promettait plus. Deux descabellos réduiront le succès à …une abstention. 
    
Luis Miguel Encabo est il promis à un grand avenir ? Beaucoup ne savent pas, et n’en n’ont cure. Certes, il est petit, rondelet, n’a pas de cou, et ne paraît pas avoir le sourire ravageur du « tombeur de ces dames ». Bon ! Cependant, il est torero, et, à part avec l’épée, il a fait les choses les plus toreras de la tarde : A la cape dans ses véroniques d’accueil et dans ses deux quites au toro de Padilla, où il est entré, selon son droit, malgré des votes « contre ». Aux banderilles, il n’est pas Gaona, mais son « por dentro » au cinquième, mérite un coup de béret, car le bicho venait violent et comme tous les autres, avec tendance aux planches. Il y eut, dans ses deux faenas, de très bonnes séquences, que l’on sent, hélas, apprises à l’école, et non inspirées par le cantaor du fin fond de la basse Andalousie. On retiendra plusieurs derechazos au cinquième et les passes d’adorno en fin de ses deux faenas. A l’épée, il vécut un désastre face au deuxième, mais rectifia le tir, après pinchazo, face au cinquième, auquel il coupa une oreille « de fort ballottage », certains électeurs demandant que l’ont recompte les bulletins.
    
Mari Paz Vega a t’elle convaincu qu’une femme peut-être torero ? On ne répondra pas, parce que c’est (« là aussi » !), une mauvaise question. Elle est torero ! Elle n’a pas pu triomphé, a été « un peu juste », comme d’autres l’auraient été en de pareilles circonstances. Un peu bousculée par la force du troisième, elle n’a pu sortir tout le possible du côté gauche, non sans donner trois naturelles très potables. A l’épée, ce fut la San Quintin, et la présidence s’abstint de compter les minutes. C’était le jour ! Le sixième regardait ses cuisses à mi-passe, avec une insistance déplacée. La torera n’a pas apprécié, et on la comprend.
    
A la fin de la corrida, Padilla et le Mangui se donnèrent « un gros bisou », avant d’aller « serrer la paluche à Mari »… Vous voudrez bien vous abstenir de tout commentaire…au moins pour  70%  d’entre vous!

 

VICTOR PUERTO REMPORTE LE PREMIER TOUR…

     24 septembre : On sait que le mundillo regarde avec attention, et les empresas  avec quelque probable inquiétude, « la dernière ligne droite 2000 » de Victor Puerto qui, après une saison impressionnante de régularité et de qualité, joue son va-tout sur deux tardes très importantes : Séville, où on le regardait « comme ci, comme ça » et Madrid, qui n’avait pas hésiter à sanctionner très méchamment ses sautes d’humeur et quelques vulgarités.. .Victor Puerto vient de remporter son premier pari, sur l’albero de la Real Maestranza . A n’en pas douter, il triomphera à Las Ventas, dans son « un contre six » du 7 octobre.
    
24 septembre – Sevilla – 2ème de San Miguel – Media plaza : Une grande première moitié de corrida de Gavira., très bien présentée, très armée, donnant du jeu, en particulier les deux premiers. Quelque faiblesse dans le lot de Davila. Faena exemplaire de Victor Puerto, au deuxième de la tarde, toute de toreria, d’intelligence et de technique. Le torero va soumettre le bicho, avant de sortir plusieurs séries sur les deux mains, dont une, énorme, de naturelles liées en harmonie. Bonne épée, et deux oreilles, sans discussion. La porte du Prince s’entrouvrait…Hélas, le cinquième ne dura pas, et le torero essaya d’en tirer le maximum. Le public le comprit ainsi, qui l’ovationna fortement. La porte glorieuse s’était, certes, refermée, mais Victor Puerto « était entré » à Seville. - Juan Mora, fut, à l’habitude volontaire et dispersé, alliant jolis moments d’esthétique, et passage forcés, décousus. Il entendit le silence à ses deux, mais son premier fut fortement ovationné à l’arrastre. N’a pas du aimer ça, le Mora !- Le meilleur de Davila Miura… sa cuadrilla. Séville fit une ovation de gala à Juan Montiel, dont les cheveux gris ne parviendront jamais à cacher l’aficion et la toreria. Précieux à la brega, et aux palos. Davila Miura navigua entre volonté et sustos, face à un lot faiblard et sans grandes possibilités. 
    
24 septembre - Logrono – 4ème de feria – plus de moitié arène : Corrida de Valdefresno, renforcée d’un Fraile. Corrida d’une grande présence, mais manifestant, à divers degré, mansedumbre et falta de raza. Le troisième fut un toro important, très bien compris et exploité par son matador. Califa est resté « en-dedans ». Son premier étant un manso, ruant allègrement. Le calife essaya de parer le tout. Petite porfia, en vain, face au quatrième, et à d’autres choses ! – De Mora a supporté le regard malin et les charges inopinées du deuxième. Il l’a bien tué, étant ovationné. Pas grand-chose à faire, en dernier lieu et tout le monde s’est tu – Le triomphateur, encore un fois, fut Diego Urdiales, qui a coupé deux oreilles au troisième, sans que cela soit dû au fait qu’il est d’ici. Bonne faena, décidée, claire, parfois relâchée. Un triomphe de mérite, pour un torero qui n’a pas beaucoup de contrats et va sortir, pour la deuxième année, triomphateur de « sa » feria .
 
    24 septembre – Barcelona – presque plein : Le cartel était royal, pour la clôture de la saison. Hélas, « un seul être vous manque, et…. ».  Jose Tomas, idole de Barcelone est blessé. Finie, la fête ! La corrida pourtant sera excellente, grâce, en particulier à un bon lot de Torrealta, nobles. Joselito n’eut que le temps de donner une larga à genoux au premier, avant qu’il ne fut changé, pour faiblesse. Bonne faena au remplaçant, presque « a gusto », terminant d’une bonne épée. Oreille. Il fut « un ton au-dessous », face au quatrième, que l’on surveillait, car il était frère du « Zafiro », toro gracié en juin, ici, par Finito de Cordoba – Ponce a bien failli couper deux oreilles à son premier, pour une faena tout en galbe et toreria. L’épée lui en fit perdre une – Juli montra deux facettes : puissance avec son premier, qui chargeait de trente mètres, et profondeur avec le dernier, de dulce. Quatre descabellos lui firent manquer l’oreille de l’un, mais pas de l’autre. Vuelta, oreille et grande corrida, dans cette Barcelone à l’espoir aficionado retrouvé. 
    
Dans les autres plazas : Rien de bien spécial , dans les plazas d’Oviedo, Lorca, Munera, Frenegal de la Sierra. Par contre, Madrid semble avoir découvert une nouveau novillero, excellent muletero, qui a triomphé face à une importante novillada de Nazaro Ibanez. Son nom : Gregorio Alcaniz. A suivre. Toute la presse a commenté ce jour, sa forme de toréer, classique, liée, empreinte de grande classe. Vuelta et oreille, ce jour, pour sa présentation à Las Ventas. A suivre, de près.
    
Novillada « accidentée », à Consuegra : Le novillero Pablo Lazaro s’est blessé avec sa propre épée, en estoquant  son premier adversaire de Hermanas Martin. Antonio Bricio, prit toute la novillada, et triompha. Le banderillero Antonio Briceno, s’est fait prendre à son tour, et gravement  blesser au niveau de l’oreille.

 

HOSTAL « LOS GODOS »  -  HABITACION 307 … QUI S’EN SOUVIENT ?

     16 ans déjà. La vie a continué, dans le valle de los Pedroches, comme elle a continué partout, sur les lieux de toutes les guerres, de toutes les pires catastrophes. Assommée de soleil, Pozoblanco  a continué, tranquille, le chemin du destin. 

     A l’entrée de la petite ville, un hôtel, blanc, propre, tout simple. Au dernier étage, une chambre, double, la 307. Elle ressemble à toutes les chambres de tous les hôtels de bords de route. Pourtant, elle est historique. Ici, le 26 septembre 1984, un torero s’est vêtu de lumières, tranquillement, avant une corrida, supposée facile. Le matador aux yeux de turquoise s’en alla au combat, presque joyeux. C’était la dernière corrida d’une dure saison. Quand il sortit de la chambre 307, il était  « una figura del Toreo ». Trois heures après, il entrait dans la légende…
    
Se souvient t’on de Pozoblanco ? Ce soir-là, un petit toro astifino, de 420 Kgs, trancha le destin d’un torero qui, au long de sa carrière avait vaillamment combattu des centaines de toros, de toutes catégories, de tous poids et d’armures. « Avispado », quatrième toro de Sayalero y Bandres, était faible. Ce n’était pas un toro assassin. Il prit le torero, trop confiant, et sa corne pénétra le haut de la cuisse. Le toro, par plusieurs coups de tête, essaya de se libérer du poids qui encombrait sa corne droite. La foule hurlait. Le torero faisait de vains efforts pour se libérer, lui aussi, du terrible yatagan. Peine perdue. Le petit toro ne put jeter au loin le corps du diestro. Vint alors le quite, puis le chemin vers l’infirmerie, cette caméra qui, sans le savoir, va tourner le video qui va rendre au costume de lumières toute sa grandeur, tout son honneur. Une video qui va parcourir le monde et le laisser pantois d’admiration et de tristesse. « Docteur, j’ai à vous parler.  La cornada est « très forte ». Elle a, au moins, deux trajectoires, une par ici, l’autre vers là-bas. Ouvrez tout ce qu’il y a à ouvrir, le reste est entre vos mains… mais eh ! Tranquilo ! ». L’espace d’un éclair, les yeux turqoises ont peut-être entrevu l’affolement du médecin en découvrant la cuisse explosée, un carnage. Puis, le voyage en ambulance vers la capitale, Cordoue, vers la vie. A 22h30, un homme mourrait, à l’entrée d’un hôpital militaire. Agenouillé sur le trottoir, un maletilla en pleurs, priait. 26 septembre 1984, les yeux turquoises ne pouvaient plus sourire, éteints à jamais par un petit toro de 420 Kgs. Paquirri, torero au destin de roman, devenait  une idole de légende.
    
A Pozoblanco, il fait toujours aussi chaud. A l’hostal « Los Godos », la chambre 307 est, depuis, restée vide.

 

PLUIE A LOGRONO…

      26 septembre : Décidément, la temporada de Joselito n’aura pas été des plus brillante. Le madrilène, retiré depuis un an, s’était soudain senti une envie de « toréer à nouveau ». Qu’en aurait il été s’il n’avait pas eu envie ? La saison du retour de Jose  Miguel Arroyo est clairement, dramatiquement, catastrophique. Le bilan risque d’être très dur pour le matador et son staff, coupables d’avoir monté un show « non télévisé », pour pouvoir, hors tous témoins, toréer « a modo », ce que bon leur semblait, où bon leur semblait, à l’ombre et à la remorque d’un grand torero que l’on a, au passage, muselé, et qui a rempli les plazas... En demie teinte dans le plupart des arènes, joselito se sauvait par sa facilité et l’épée, demeurée son point fort. Il y a deux ans, jour pour jour, Joselito, les yeux dans le vague, au milieu de la Maestranza brindait un dernier toro à son apoderado. « Plus envie, fatigue, j’arrête ! ». Peut-être, aujourd’hui, lui brindera t’il un autre toro, en lui disanrt : « On les a bien eus, hein ? »
    
25 septembre – Logrono  - 5ème de feria  - presque ¾ de plaza : Corrida-scandale, corrida-désastre, qui se termina par une pluie de coussins, visant à tir tendu, Joselito et Juan Mora, au sortir de la plaza. Seul fut respecté Uceda Leal, torero en plusieurs passages de ses faenas.
    
Corrida imprésentable de Jose Manuel Criado, décastée, invalide. Le sixième fut remplacé par un du Capea , qui se montra, au moins, un toro – Juan Mora se comporta comme à l’habitude, cachant quelques vérités derrière beaucoup de mensonges, le tout bien enveloppé de félicitations par une cuadrilla bien orchestrée par son frère. Et ça marche, la plupart du temps… sauf à Logrono – Joselito fut long, long avec son premier, dans la torpeur générale. Ennui et bâillements. Par contre, cela fut vite réglé au cinquième : Un extrano du bicho, et une minute plus tard, un golletazo de haut vol faisait l’affaire. La bronca fut monumentale, et tout le monde resta dans la plaza pour dire à Joselito ce qu’on pensait de sa conduite. Et ce n’est pas fini, puisque Joselito torée, ce 26 septembre, la dernière corrida de feria, et dernière corrida en cette plaza, qui fut inaugurée par un autre Joselito, qui semblait avoir …un autre pundonor !
    
A signaler que les vétérinaires ont fait envoyer à Madrid, les cornes des deux toros d’Algarra lidiés samedi par Abellan et Caballero, en troisième et cinquième position pour forte présomption de….Vous savez ! Par ailleurs, on a egalement expédié cervelle et viscères du Cebada Gago, qui sortit compétement « descoordinado », le premier jour.
    
25 septembre, dans les autres plazas : Victor Puerto a coupé trois oreilles à Vera, près d’Almeria, à des toros de Benitez Cubero. On attend maintenant « le Grand Rendez-vous » : 7 octobre, Madrid-Las Ventas, en unico espada . Un autre rendez-vous, fixé le 21 octobre : Curro Romero et Morante de la Puebla vont toréer en mano a mano un festival « de lujo », en plaza de Séville, au profit des enfants malades soutenus par l’Association « Andex » . Un geste qui a pour but de redorer une image un peu ternie par les vilaines escapades « d’il y a 48 heures »… Bon ! Le festival sera télévisé en direct. Re-bon !

 

« ADIOS,  LOGRONO…CON EL CORAZON … »

     26 septembre : A la fin de la corrida, le public est resté pour saluer « la vieille dame ». 85 années de bons et loyaux services, en général, cela ne s’oublie pas. Alors, un chant s’éleva, à la fois grave et joyeux, « Adios, con el corazon ». C’est avec le cœur que le public de Logrono a dit adieu à sa vieille Plaza de Toros de la Manzanera. Déjà, dehors, les bulldozers et autres marteaux-piqueurs préparent leur paseo, pour lidier et mettre à mort les vieux murs. Déjà, un peu plus loin, on prépare la feria 2001, dans la nouvelle arène, à construire en moins d’un an. « Adieu, de tout cœur », à  la vieille dame qui a si bien participé à l’histoire du toreo.
    
26 septembre – Logrono – Dernière de feria – casi lleno : La corrida d’Aldeanueva avait été, pour moitié, refusée par les vétérinaires. Le premier fut renvoyé au corral, et à la fin, il se lidia quatre toros de Victoriano del Rio, bien, ou très bien, présentés, et deux Aldeanueva rescapés, baissant de ton. Les Victoriano, en général encastés, marquèrent des points, grâce au superbe et très armé sobrero sorti premier, et au cinquième, d’une noblesse remarquable. Le lot de Diego Urdiales fut champion du calamocheo.
    
On attendait Joselito, après le scandale de la veille. On sait son caractère, son orgueil et sa fierté. Joselito s’est montré, ce jour, très décidé, très torero. Il s’est montré tel que tous aurions aimé le retrouver, dans toutes les plazas, l’année de son retour. Excellent et majestueux à la cape, il toréa sobrement et vaillamment un immense et super armé toro de Victoriano. Le public le respecta, mais l’ovationna trop chichement. Recevant le quatrième par larga à genoux, Joselito va se battre, en torero, connaissant un gros problème à la mort. Poursuivi sur un pinchazo, le matador dut sauter au callejon, pas assez vite au goût du toro, qui l’aida de la corne, heureusement sans mal. Deux ovations pour Joselito qui fit honneur à son nom, au moment de fermer le plaza inaugurée jadis par son célèbre homonyme – Juan Jose Padilla est, lui, sorti a hombros, pour la deuxième fois dans cette feria, après avoir coupé les deux oreilles de l’excellent cinquième toro. Il avait perdu, à l’épée, un trophée de son premier adversaire, mais se montra très torero devant son dernier, calme, dans une faena reposée, lente, templée, presque majestueuse. Le diestro de Jerez se fit prendre sèchement dans un « pase de las flores », et vilainement chercher au sol. Mais il revint calmement et tua « tel un coup de canon ». Deux oreilles, et le trophée de la feria – Diego Urdiales tomba sur deux toros difficiles, faiblotes, se défendant de la tête. Il fut bien à son premier, qu’il tua mal, et se désola de ne pouvoir triompher devant le dernier de la corrida, dernier de la feria, et dernier de l’histoire de cette plaza. Le toro, de Victoriano del Rio, s’appelait « Jugosillo » - N°66 – 510 Kgs. Adios, avec le cœur, Logrono… Adieu Manzanera ! Du haut du ciel, des yeux turquoises ont souri, et Paquirri a salué de la main la vieille plaza et tous ceux qui se sont souvenus de lui, juste 16 ans après Pozoblanco. « Hasta luego, Paco, con el corazon… ! »

 

QU’AVAIT-IL A Y GAGNER ?

     27 septembre : Il est de tradition de frapper un homme à terre. C’est humain, pas très noble, pour le moins, mais c’est ainsi. Abondamment orchestrées par la presse « qui massacre allègrement », mais qui râle quand elle prend une paire de baffes, les nouvelles, accompagnées de commentaires acidulés, vont vite, et les passions se déchaînent. Alors vient le scandale.
    
En 1991, la presse et l’aficion sévillane étaient tombées à bras raccourcis sur Espartaco et Rincon, au sujet d’une corrida de la San Miguel. Espartaco, chez lui, avait pu rectifier le tir, l’année suivante. Rincon, lui, malgré son courage, son talent et son sang versé, n’était jamais « entré » à Séville, parce qu’on ne lui avait jamais pardonné « lo del 91 ».
    
Aujourd’hui, le scandale se répète avec Curro Romero et Morante de la Puebla, tombés du cartel, juste avant la corrida de samedi, soit disant parce qu’ils avaient eu peur d’un sobrero très armé. Allons donc ! Comme à  chaque fois, il  y a une question à se poser : Ici, « Qu’avait à gagner le Morante, en tombant du cartel ? »
    
Laissons de côté Curro, qui fait chez lui ce qui lui plaît, avec la totale complicité des Sévillans. La situation est la suivante: Le Morante de la Puebla débute la saison comme un météore. Il torée comme un prince, tue comme un dieu, et se permet, à l’occasion, de banderiller au quiebro. « Papa habemus » ! ! Hélas, un toro le blesse salement à la feria de Séville, où il est adulé, tel digne successeur de Pepe Luis et Curro. Le torero met du temps à comprendre comment et  pourquoi il s’est fait prendre. Il perd le sitio et enchaîne les sorties en demie-teinte. Madrid lui met le moral à zéro, sèchement, et le Morante va vivre une saison d’enfer, noire-noire, avec quelques brillants éclairs, tels Tolède, Vitoria, Le Puerto, Palencia. Deux nouvelles cogidas vont l’arrêter un moment, dont la dernière, le 14 septembre, à Albacete. Cornada légère dans la cuisse, en estoquant.
    
Le diestro se fait prendre le 14. Il tombe du cartel, le 23, parce qu’insuffisamment remis, selon son opinion. Vu la saison difficile qu’il  a vécue, pourquoi le Morante aurait-il refusé de toréer dans « sa » plaza, devant un public « a favor », avec une chance d’y obtenir un triomphe qui, d’un coup, pouvait entrouvrir le ciel gris ? Qu’avait-il  à gagner, en se « tombant du cartel » ? Au contraire, le torero a essayé de « se mettre au top », jusqu’au dernier moment, et constatant que des problèmes subsistaient, au plan physique, et donc moral, il a préféré renoncer, ne voulant pas sortir « à 50% », parce qu’il avait besoin de cette corrida, besoin de ce triomphe.
    
Alors, on dit que… Alors, on tombe dessus. Classique ! Paquirri avait « eu peur » d’un petit Buendia , à Bayonne, vers 81. On en a fait des tonnes ! « Tu leur diras, que des « comme ça », je m’en fais tous les jours au petit déjeuner ! », m’avait-il dit en riant. Allons-donc ! Tout comme Paquirri, tout comme Rincon, le Morante pouvait prendre la corrida, la tuer, et « en paz ». Mais il avait besoin, absolument, d’un triomphe. Voyant qu’il n’était pas à 100%, il a renoncé. Il l’a fait un peu tard, c’est vrai, mais, dans ces conditions, il ne pouvait le faire huit jours avant. Le fait de s’annoncer à un festival « de luxe », le 21 octobre, a suscité une levée de boucliers, de la part de certains « amargaos ». Un : cela s’est toujours fait. Deux : un succès, en festival, reste « un succès, en festival ». Trois : Si le lleno, prévisible, permet à des enfants malades de mieux  supporter leur malheur, on ne va tout de même pas s’en plaindre… Alors, sachons raison garder. Il est bien d’autres scandales, beaucoup plus graves pour notre liberté, notre vie « de citoyens », et … beaucoup moins loin qu’à Séville. Non ?

 

MADRID : L’AUTOMNE DE TOUS LES DANGERS

     28 septembre : Longtemps, la feria d’Automne de Madrid a été une feria, où certes, il fallait être bien, mais qui n’avait guère de poids sur la future temporada. C’est à partir de 1991, et du phénomène Rincon, que cette feria prit un relief particulier. Le Colombien, on se le rappelle, « rejoua » sa chance, après trois sorties a hombros  de cette plaza de Las Ventas. Tombant sur un « terrible » de Joao Moura, Rincon triompha et ouvrit, à nouveau, la grande porte de Madrid. Unique dans l’Histoire. Il aurait pu fracasser et ainsi « rendre », les triomphes passés. Formidable pari, et récompense à la caste, au courage et à la toreria du petit colombien, pour qui  la « Feria d’Automne » fut synonyme de consécration.
     Madrid – Feria d’automne : On va y faire un pari : Ratifier le « bon moment », ou essayer d’un seul coup, de reprendre pied, relancer la machine, confirmer les espoirs soulevés par des exploits passés, mais pas tout à fait suivis d’effets, tant au plan artistique que commercial.
     En cette année 2000, Madrid verra les deux facettes de ce challenge. Un torero, Victor Puerto, va y défiler, seul, et montrer à tous le grand moment professionnel dans lequel y se trouve actuellement. A l’inverse, deux autres matadors vont s’y battre, le couteau entre les dents, avec un seul objectif : montrer que « le triomphe de mai » n’était pas un hasard. Ils ont noms « El Califa » et Abellan. Le reste de la feria (une novillada, une de rejoneo et trois corridas formelles) ne sera qu’anecdote, même si l’on trouve à l’affiche, une corrida de Victorino Martin, toujours importante à Madrid.
     La feria débute demain, 29 septembre, par une novillada de Jose Vazquez : On y surveillera Luis Vilches, qui a fait grosse impression, cet été. Ce sera un apéritif à la corrida du 30 septembre, samedi : Face à des toros d’Alcurrucen, dont on sait à quel point certains peuvent sortir « de dulce », et certains autres, très encastés (Caballero en sait quelque chose, lui qui se fit malmener par l’un d’eux, à la San Isidro), Califa et Abellan vont jouer leur carte, en mano a mano. A priori, les forces se nivellent, au départ : Califa a moins de « force », commercialement parlant, mais il ne doit rien à personne. Gros triomphateur de la San Isidro, pour son épique sortie devant les Aguirre, il n’a pu qu’incomplètement se justifier par la suite, gêné par une sale blessure à la main qui le fit hésiter beaucoup, jusqu’à Août. Torero de vérité, il crée l’émotion, mais n’a pas une grande personnalité, et ne sait pas « taparse » si les choses tournent mal. Il aura, à priori, les faveurs du public. Abellan est plus protégé, par une grande maison, a plus toréé, de façon continue et « plus facile ». Pourtant, il est en danger, et les derniers incidents de Logrono ne plaident pas en sa faveur, même si son père prend à sa charge, tous les torts.  La presse ne manquera pas de « prédisposer » le public, et pour peu qu’il patine un peu, Abellan a intérêt à se mettre des boules aux oreilles. Son succès doit beaucoup à Madrid, et il devra, encore une fois, y relancer la machine. Situation peu enviable. Un mano a mano « qui sent la poudre », et dont le mundillo suivra les conclusions, le stylo et le chéquier à la main. Danger !
     1er Octobre, on ne parie pas trop sur la corrida de Sanchez Ibarguen. Certes il y aura de la présence, mais… forces et race ?  Bote risque de « pleurer encore un peu », Davila Miura montrera encore une fois ce qu’il est : un torero sans personnalité, mais propre et bon tueur, sauvé par son nom de famille. La feria reprendra le 6, avec une corrida de rejoneo. Moura, Hernandez et Bohorquez « feront le spectacle », mais maintenant, « le grand duel » se jouera à Mexico, entre Hermoso de Mendoza et Andy Cartagena, prélude, on peut l’espérer, à un mano a mano, lors de la prochaine San Isisdro.
     Samedi 7 Octobre : Victor Puerto prendra, seul, six toros de divers élevages. Un gros pari, mais aussi, la meilleure chance de terminer en beauté une saison superbe : 85 corridas, 65 sorties a hombros, 201 oreilles et 20 rabos. C’est tout dire. Mais, plus que les trophées coupés, plus que les points marqués, c’est la manière avec laquelle le torero a parcouru la saison, que ce soit dans les plazas de moindre catégorie, ou dans les grandes ferias. Son dernier triomphe de Séville est sans appel : Toreo d’amplitude, de lenteur, technique épurée, intelligence dans la lidia et même une certaine expression artistique, que seule, la France, n’a pas voulu voir. Victor Puerto, jeté aux orties, au soir d’une San Isidro funeste, est revenu, seul, et dit aujourd’hui à Madrid : « Voilà, j’ai fait tous les efforts, et je veux vous montrer où j’en suis ». Rien que pour cela, il a déjà triomphé. Le nombre des trophées coupés au cours de cette corrida conditionnera « la grosseur du chèque », pour 2001. Alors, la France…paiera. 
     Dimanche 8 octobre : Les Victorinos. Tiens ! Le ganadero n’est-il donc plus sûr de son pouvoir de convocation, pour profiter ainsi du meilleur jour de la semaine ? A voir ! Cependant, la corrida de Victorino est toujours un événement, surtout après les grandes choses vécues cette année, en particulier à Mont-de-Marsan et surtout à Valencia, en juillet. San Isidro n’avait pu « voir » les Victorino, à cause du vent. Espérons que, cette fois, Eole se montrera, aussi, Aficionado. Au cartel : Espla, de retour à Madrid, après sa cogida de mai ; Zotoluco, un Mexicain qui a réussi, bon gré, mal gré, à se faire une place dans l’escalafon… et Jose Luis Moreno, qui a su « devenir » un lidiador artiste, spécialiste des Victorinos.
     La feria se terminera le 12 octobre, jour de « La Hispanidad ». Place sera faite aux espoirs qui se sont justifiés au cours de la saison, quand la plaza était vide : El Renco et El Cid seront accompagnés de Pauloba, éternel espoir, durement châtié par le toro.
     La « Feria d’Automne 2000 », à Madrid, représentera de durs challenges pour beaucoup de monde. Il conviendra de la suivre avec attention, ce que nous pourrons faire, grâce à la télévision, Via Digital retransmettant, en direct, toutes les courses, qui commenceront à 17h30. A vos magnétoscopes… et bonne feria ! ! !  

 

CULEBRON ! CULEBRON !…ON PREPARE « LE FEUILLETON DE L’HIVER »…

     29 septembre : Un revistero salmantino qui se fait agresser dans un coin sombre, un autre « qui en prend deux » dans le hall d’un hôtel, et voilà maintenant que ce pauvre Zabala de la Serna, critique taurin de ABC, qui n’a d’autre talent que d’être le fils de son père, vient de recevoir des menaces par téléphone. Décidément, l’hiver sera chaud ! De quoi faire passer «ceux de la ETA », pour des enfants de choeur…
    
De tous temps, la Presse et les professionnels « qui se mettent devant » ont eu des rapports, disons, musclés. Tout comme un fameux critique peut , ou pouvait, vous démolir une pièce de théâtre, dans « sa » colonne d’un grand quotidien parisien, les revisteros de renom ont souvent fait et défait certaines carrières, surtout quand les moyens audiovisuels n’existaient pas. Ceux d’aujourd’hui ne doivent pas beaucoup aimer que les grandes ferias soient intégralement télévisées en direct, car cela permet à l’aficionado de faire sa propre opinion sur les actuaciones des toreros, mais également sur la qualité des critiques lues le lendemain dans leur canard.
    
Auparavant, il y avait de grandes figures du toreo, des seigneurs, mais qui savaient également être, parfois, de tout petits messieurs. En face, il y avait, de même, de grands critiques taurins. Certains étaient de véritables écrivains, et chacune de leurs resenas était « une tranche de vie », qu’on allait lire avec délectation. Qui n’a pas apprécié les chroniques de Diaz Canabate ? Mais il existait, existe, et existera toujours, les « trincones », qui, contre espèces sonnantes et trébuchantes, encensent à mort, gomment les défauts, accentuent les qualités.
    
Seulement voilà, la télévision est arrivée. Le spectateur voit la corrida. On ne peut plus raconter n’importe quoi. Donc, on va chercher en marge, là où l’on ne peut vérifier. Comme, par ailleurs, le public est de plus en plus friand de ces anecdotes plus ou moins troubles et salées, qui entourent « les fameux », on a très vite fait de partir vers des zones « glauques-glauques ». Et, de la même façon qu’un politique déclare sereinement : « Messieurs, je ne dirai pas qu’untel est cocu, je ne dirai pas que tel autre est un pourri, non, je ne le dirai pas… » (mais en fait, il l’a dit), le critique taurin peut suggérer, invectiver, salir à souhait, sans autre difficulté que de se heurter, parfois à un coup de poing « qui passait par là, par hasard ».
    
La critique taurine a eu de ces figures à la plume sulfureuse, alliant à un immense savoir taurin quelqu’ambition plus trouble que l’on appelle « afan de protagonismo »… devenir une vedette, sur le dos des autres. Certain chroniqueur salmantino, fameux dans les années 70, a eu quelques problèmes avec, entre autres Ordonez, Manzanares, Paco Alcalde, pour des chroniques « bien en-dessous de la ceinture ». Cependant, ils avaient une réelle personnalité, et le vrai aficionado savait, dans leur chronique, distinguer le bon grain de l’ivraie. D’autres démontraient classe et bonne éducation, tout en disant clairement « las cosas como fueron ! ». Vicente Zabala , père, fut un de ceux-là. Il était, pour cela respecté, et il fut pour cela, pleuré, lorsque son avion alla s’écraser sur une montagne colombienne.
    
Vicente Zabala de la Serna, son fils, a pris la suite, dans les colonnes de ABC, et dans l’édito de « Aplausos », le grand hebdomadaire taurin, en grande concurrence avec  « 6Toros6 », l’autre grand hebdomadaire taurin. Entre eux, beaucoup de « guerre souterraine », en particulier autour de la rupture annoncée de José Tomas avec Martin Arranz, et de la  future équipe administrant le torero. Tous les coups sont bons, et comme à la boxe, à Sydney, chaque coup porté marque un point… Alors, on marque, on cumule les points, on totalise.
    
Vicente Zabala de la Serna accuse, soyons clair, l’entourage de Morante de la Puebla, de menaces de mort, et porte plainte contre X. « Il aurait mieux valu que tu y restes, dans l’avion, avec ton père… La prochaine fois que je te vois…te parto la cara »…Le tout, dit « avec un fort accent andalou », reçu au téléphone. Tels sont les faits…invérifiables ! (Les coups reçus par Javier Villan, à Logrono, avaient des témoins). Alors, pendant des semaines, chacun va accuser l’autre. Pendant des semaines, la presse va se solidariser avec « celui qui a pris le sillage de celui qui a pris la baffe… ». Bien joué ! Et pendant des semaines, nous allons acheter du papier, pour connaître le prochain épisode. C’est le « culebron », le feuilleton de l’hiver. Il vient d’être lancé. « Les feux de l’Amour » n’ont qu’à bien se tenir. Personnellement, je préfère la véronique et la trinchera du Morante de la Puebla, même si monsieur Zabala écrit que « d’autres l’appellent « le coquin »…

 

AN 2000 : LE DESERT DES NOVILLEROS…

     29 septembre : Quelque chose ne va pas ! Pouvez-vous, là, dans l’instant, dire qui est en tête du classement des novilleros ? Attention, sans tricher…
    
Septembre est le mois de la grande revue des effectifs « Novillerils ». Du côté de Valencia, Algemesi transforme, depuis des lustres, sa place et ses balcons, en une feria de novilladas de renom : Arène rectangulaire, public bon enfant, mais aussi critique et aficionados avisés, ganado « de garantie », et les premiers noms de l’escalafon… Du côté de la Rioja, Arnedo donne la 27ème édition de son trophée « Le Zapato de Oro », reproduction en or massif dune chaussure, symbole de quelqu’activité fameuse de la zone. Dans la plaza de 2800 places, inaugurée le 27 septembre 1903, sortent des novilladas fortes, pour les meilleurs novilleros de l’année.
    
« Algemesi 2000 » se termine, Arnedo passe, aujourd’hui, son « équateur », et pratiquement rien ne s’est passé. Rafael de Julia a été bien sur la grande place du « village Valencia ». C’est tout. C’est peu… Hier, Luis Vital Procuna y a pris un coup de corne, pas trop grave, et Cesar Giron, resté seul en piste, a été incapable de « mettre le paquet »…  En Arnedo, ce sont les novillos de « la Quinta » et de Fraile, qui ont été « au-dessus » des  novilleros. Même le « Maripinar », au nom prédisposé pour triompher dans la Rioja (hum !), n’a pu que balbutier quelques bribes de toreo. On attend l’arrivée des Vilches, Barragan, Bricio et Ricardo Torres, avec quelque espoir, mais…on est loin des novilleros d’antan, qui se battaient en tête de l’escalafon, renversaient tout sur leur passage… les Miguel Marquez, les Capea, les Robles, les Currillo, les Soro, même les Pedro Castillo. Certains « ne valaient rien », d’autres valaient peu, d’autres furent des figures. Mais ils existaient, toréaient, se battaient, amenaient du monde à la plaza, et on surveillait avec attention leur alternative…Aujourd’hui, Qui ?

 

 DEUX QUI ONT DU « MAL DORMIR » …

     30 septembre : Le public de Madrid-Las Ventas se prépare. La feria d’Automne débute, enchâssée sur deux week-end. Elle n’a pas l’importance de la San Isidro, mais le public est le même, celui de abonnés, qu’ils soient « de clavel » ou du Tendido 7. En été, les toreros se jouent les fémorales devant un quart de plaza, dont la moitié de japonais, mais, hier, pour l’ouverture de la feria…trois quarts d’entrée, et un public aussi froid que le vent de le sierra.
    
Ce public a suivi  la novillada d’ouverture d’un air compassé, préparant arc et flèches pour la corrida de ce jour : le fameux mano a mano Califa /Abellan  face aux Alcurrucen, une corrida qui sent la poudre, (ce qui est bien), ou le chloroforme (ce qui le serait beaucoup moins). Pour des raisons diverses, les deux toreros vont « se la jouer », et il ne leur sera pas facile de convaincre un public prédisposé par une presse qui met la pression. Califa va vouloir « vraiment » sortir pas la grande porte, après son apothéose avortée de San Isidro.  De son côté, Abellan a deux sorties possibles : Ou il a la classe pour, faisant fi des quolibets, sculpter des faenas du style de celles qui l’ont projeté en tête des novilleros, en 97/98 ; ou il ne peut plus rester « aussi majestueux », et il se la jouera à coups de canon et de volteretas, comme au mois de mai. Ce qui est certain : Voilà deux hommes qui doivent dormir bien mal depuis plusieurs jours…Souhaitons qu’ils dorment mieux, et... chez eux, ce soir.
    
29 septembre – Madrid/Las Ventas
- Première de la feria de Otono - Trois quarts de plaza - Froid : La novillada d’ouverture a souligné la qualité du toreo de Luis Vilches, en particulier sur la main gauche, les naturelles au quatrième ayant rallié tous les suffrages. Il aurait du mieux tuer – Fernandez Pineda, se montra vert, essayant de faire les choses « bien », mais restant un peu court. Le sobrero d’Alejandro Vazquez le prit vilainement, et c’est tout à l’honneur du jeune diestro de rester là, et repartir au combat après une telle rouste. Ces toreros sont vraiment faits d’un autre bois – Rafael de Julia faisait son 9ème paseo à Las Ventas. Hélas pour lui, celui-là aura un goût amer, le public lui reprochant, avec indifférence, d’avoir laissé passer un grand toro, celui dont on dit « qu’il porte un cortijo sur chaque corne ». Le torero n’a pas perçu cette qualité, et s’est emmêlé les idées. Dommage !  La novillada de José Vazquez, renforcée d’un sobrero d’Alejandro Vazquez  et de deux Felix Hernandez, mansos, (5 et 6ème), est sortie bien présentée, mais avec quelque faiblesse. A souligner, l’excellent troisième, noble et encasté. 
    
29 septembre : Zafra
(Badajoz) – Bonne corrida de Diego Puerta, avec un sixième, extraordinaire. La corrida vit tomber un déluge à partir du quatrième, mais ne fut pas suspendue, grâce à Victor Puerto et au Juli, qui ont décidé de continuer dans un  incroyable bourbier. Pedrito de Portugal fut comme d’habitude, discret – Victor Puerto est vraiment dans une forme étincelante. Seul « un gros rhume » pourrait l’empêcher de triompher à Madrid,samedi prochain. Oreille chaque fois – Le Juli, qui bafouilla son descabello au troisième, toréa supérieurement « Rajador », sixième, magnifique de noblesse, auquel on donna vuelta posthume. Deux oreilles et la queue pour le Juli, dont on vante de plus en plus les qualités à la muleta, surtout de la main gauche. Puerto et Juli, trempés comme des soupes, sont sortis a hombros du public enthousiaste et reconnaissant. Toreros…
    
29 septembre, dans les autres plazas
 : Les Pereda sont sortis faibles à Ubeda. Ponce et Caballero ont triomphé – A Corella, c’est Rivera Ordonez qui a du bien tuer, coupant une oreille à chacun de ses Martin Lorca – Du côté novilladas, c’est toujours la traversée du désert, que l’on aille à Arnedo, où les toreros auraient du se montrer  bien plus ambitieux, face aux Cebada, ou en place publique d’Algemesi, qui a vu Julio Pedro Saavedra couper trois oreilles totalement déplacées, aux dires de notre correspondant valenciano. Les novillos étaient de Salvador Domecq et un Sanchez Arjona. C’est en fait le cavalier, Andy Cartagena, qui fut le mieux, coupant le seul trophée mérité du jour.

 

ENFER PAVE DE BONNES INTENTIONS…

     30 septembre : Sydney se termine. Des images magnifiques, gravées à jamais dans les mémoires. « On » a quelque médaille de plus que la dernière fois. L’honneur est sauf !. Pourtant, « on » ne peut s’empêcher de se poser quelques questions  devant les hurlements hystériques d’un boxeur victorieux, ou les déclarations embrumées d’une championne, déchue sans combattre. Un vrai champion, c’est autre chose que cela. Voir Douillet… Imaginons un instant un torero qui, après un faenon et une estocade inouïe, grimpe sur la barrière en hurlant, les yeux fous, pleins de fureur, déchargeant d’un coup sa peur ou sa haine. Malaise ! On pourrait presque l’accepter de la part de celui qui vient de jouer sa vie. Beaucoup plus difficile à vivre quand on ne joue « que » le prestige d’être le meilleur, et quelques milliers d’euros…
    
A Madrid, deux hommes ont, hier, vécu l’enfer. Ils l’ont vécu dignement et méritent, pour cela, respect et coup de chapeau. Cela dit, des questions se posent : On aurait voulu couler les triomphateurs de la San Isidro passée, que l’on n’aurait pas agi autrement. Face à une mansada de luxe, appartenant à « l'Empresa de Madrid », les deux prétendants ont coulé, corps et biens, sous les yeux de « l’Empresa de Madrid », qui, tranquillement, a pu ranger son chéquier, avec un petit sourire en coin. La corrida fut un enfer, sous les yeux d’un public goguenard, dont l’indifférence frisa parfois le mépris. Califa et Abellan ont vécu l’enfer, se jouant la peau  pour rien , avec « des fortunes diverses »…
    
30 septembre – Madrid/Las Ventas – 2ème de Feria de otono – ¾ de plaza – Vent et ciel bleu : Un désastre, le mano a mano Califa/Abellan. Désastre parce que le ganado d’Alcurrucen fut un ensemble de mansos dangereux ; Un désastre parce que les toreros n’ont pas su les lidier ; Un désastre parce que le public n’a pas voulu voir les efforts des hommes. Rarement, les Alcurrucen sont sortis aussi fous, aussi violents, aussi désordonnés dans leur comportement. Caste ? Non. Genio ? Non. Sentido ? Non. Une espèce de double personnalité du style « Jekill et Hyde », qui fait que celui qui vous sautait à la tête, il y a une seconde, prend tout à coup deux muletazos en mettant la tête, pour soudain décocher un coup de poignard dans le dos. Pour arranger le tout, un super manso de Sanchez Arjona sorti cinquième, qui aurait bien mérité les banderilles noires, histoire de porter le deuil de nos illusions…Una mansada totale qui devait être lidiée, et non toréee, « à la mode de chez nous ». Ici, pas de longues séries reposées, templées, liées. Ici, réduire le toro, régler la tête et tuer vaillamment. Les toreros n’ont pas su ou pas voulu le faire. Le public, d’ailleurs, l’aurait-il accepté ? Certain toro démontrant quelque mobilité désordonnée, on pourra penser que peut-être, le Califa, en particulier, aurait pu  « rester là » et convaincre l’animal. Peut-être. On ne le saura jamais.

     Ce que l’on sait… c’est que les deux matadors ont écouté six fois le silence, après avoir vécu six fois l’enfer du doute et de la déception. Abellan a tout tenté, jusqu’à l’inconscience apparente, jusqu’au suicidaire : Trois toros, trois fois à portagayola. Le torero, vêtu de blanc et argent, lié de ces horribles ceinture et cravate roses, s’est battu avec un calme apparent, terminant ses combats, le regard vide. En cette occasion, le torero n’a rien à se reprocher, et s’acharner sur lui ne serait que mauvaise foi – Califa est ainsi : « no sabe taparse ». Il ne sait pas dissimuler son échec derrière quelque attitude trompeuse, faussement torera, faisant croire que l’on est maître de la situation. Il a essayé, s’est fait contrer vilainement, et du coup, a erré, les yeux dans le vague, tuant le premier en véritable catastrophe. Gros échec pour le guerrier de Juin, qui devra repasser son examen, l’an prochain. Triste bilan pour ces hommes pétris de bonnes intentions, mais qui ont vécu l’enfer.
    
30 septembre – Zafra (Badajoz)  - La corrida de Jandilla  se laisse faire, un peu désordonnée. Joselito coupe une petite oreille, comme ça – Ferrera réapparaît, douloureusement. Deux oreilles pour le valiente – Morante fait de même, après la « cornada de la polémique », se laisse aller « au toréo de soupir », coupant trois oreilles. Aïeeee ! De quoi raviver les regrets et relancer la dite polémique. 
    
30 septembre, dans les autres plazas :   A Corella, en Navarre, Ponce, Finito et Marquitos sortent a hombros, ayant coupé quelques trophées  à des Gabriel Rojas et Pereda – A Olmedo (Valladolid ) Un lot de Montalvo laisse neuf oreilles et un rabo à Manolo Sanchez, Higares et Victor Puerto (ce dernier, triomphateur total) – Corrida de toros… à Cabeza de Buey. Bon ! C’est du côté de Badajoz. Un torero vient d’y prendre l’alternative, devant une corrida d’Antonio Arribas. Bienvenu au nouveau matador, Juan Jose Giron. Et maintenant ?
    
Le concours des Novilleros a encore tourné court, tant à Algemesi, où le triomphateur fut encore le cavalier (cette fois, Alvaro Montes), qu’à Arnedo, où les toreros auraient dû être « beaucoup mieux » devant un lot du Pilar. Seul Matias Tejela s’est justifié, avec toreria, coupant une des rares oreilles de la feria.