L'ACTUALITÉ TAURINE 
(novembre)

AFICION, AFICION…

     1er Novembre: Pouah ! Hiver, premiers frimas, beaucoup d’eau et, dans l’eau, des poubelles qui déversent mille poudres de perlimpinpin et de sirops bien gluants, histoire de ne pas nous laisser inactifs, tout au long de ces longs mois où l’Aficion sommeille. Pourtant, quelques endroits résistent .
     Cela fait 16 ans que Saint Sever  tient sa « semaine taurine ». Toute la petite ville est mobilisée pour parler, exposer, chanter, vivre la culture hispanique, le toreo et la musique flamenca. Certes, la Pena « Jeune Aficion » a pris « de la bouteille », et peut-être, a quelque mal à imaginer mieux, innover plus... Peu importe, la tradition est là, et l’activité, en tout bénévolat, est débordante. Du 2 au 12 Novembre, le cloître des Jacobins résonnera des mille échos de la joie Aficionada et sera le carrefour des passions. Expos, conférences, soirées cinéma, théâtre, se succéderont , avec pour repères, passages obligés, la course landaise, l’encierro, la novillada non piquée du 11 novembre, qui ferme, réellement, la temporada française, et la fiesta campera du 12, con fino y chuletas de cordero. Olé ! Saint-Sever, et bon vent ! (hum !), pour seize ans , encore.
     Saint Sever – Semaine Culturelle Taurine – du 2 au 12 Novembre – Pour tous renseignements : Tel 05 58 76 34 64 
     1er Novembre: Aficion encore, du côté de Mejanes, pour un Festival qui a pratiquement rempli l’arène, au soleil du Midi. Que bien ! Aficion dans les gradins, mais surtout, dans le ruedo , où les toreros, complices, ont  donné le meilleur de leur spontanéité, face à un lot d’Aldeanueva, bajito, flojito, mais de qualité. En vedette, Ortega Cano qui se demande si les trouilles, justifiées par le toro ne valent pas mieux que les affres de la vie madrilène, entouré comme il est  de « sacrés bichos », sous le regard permanent  de « ceux de Gente »… Ortega penserait à revenir « de lumières », d’autant que les figures actuelles ont besoin de « telonero », pour ouvrir cartel. Bien le Cano, à Méjanes, qui coupa deux oreilles, tout comme « El Juli » et Juan Bautista. 
     Le premier est un monstruo !… « El Juli » 18 ans ! Caste, Aficion, talent, force… Un torero dont les aficionados des années 2058 (aficionados cybernétiques !) parleront comme nous parlons, nous, de Gallito ! Debout, à genoux, en tous terrains, le Juli dessine capotazos, banderille (toujours par la droite, d’accord), temple ses muletazos et estoque « à coups de canon ». Histoire de s’amuser taurinement, il monte sur le cheval et joue aussi les picadors. Deux oreilles et un sourire « de là... à là », sur tous les visages. Sacré bonhomme, ce Juli. La seule chose dont « no ha sido capaz », comme a dit monsieur Fernando Fernandez Roman, avec beaucoup d’élégance, au même moment, à « Tendido Cero », c’est de réussir son permis de conduire, du premier coup. Faut bien un petit échec, de temps en temps. Le Julian souriait, malin, et parlait de sa saison, comme un « vieux grognard du toreo ». 18 ans… Y’a plus d’enfants !
     Juan Bautista, plus sobre, plus classique, auréolé de son presque succès de Mexico, s’est accroché sérieux et a, lui aussi triomphé « a lo alto » - deux oreilles. Stéphane Fernandez Meca a donné vuelta, toréant avec alegria, mais terminant sin suerte - Vicente Barrera est en train de chauffer les moteurs pour un retour que l’on prévoit « dur dur ». Il fut « lui-même , banderilla aussi, et coupa une oreille – même récompense au jeune Giron qui n’a pas explosé comme il aurait du, en cette première temporada. A suivre.
     En tous cas, ceux de Méjanes « lo pasaron bomba » et les résultats, espérons-le, seront favorables aux « Abeilles », institution au profit de laquelle se donnait le Festival. Aficion et solidarité… encore une fois. Monterazo !
     1er Novembre – Lima (Pérou) – Troisième novillada de feria. Aficion aussi, mais « en entrée réduite » et avec beaucoup de patience. Le novillos de Roca Rey n’ont pas donné facilité et les toreros ont fait le possible. La seule oreille de la journée pour le mexicain Antonio Bricio, aux portes de l’alternative - Rafael de Julia, a limité la casse et Rafaela Sanchez Pulido, donné une vuelta au dernier. Novillada à Lima, le 1er Novembre, pas de quoi relever les morts, même pour tout l’or du Pérou…   

 

« IMPRESSIONS » SUR LA TEMPORADA  2000 (suite)

     Quatrième et cinquième au classement des matadores : « Finito de Cordoba » et Miguel Abellan. Un ancien et un « tout jeune »… Curieusement, mais pour des raisons distinctes, les deux laissent l’impression d’une saison inachevée, surtout Abellan. Partis comme des fusées, ils se sont un peu dilués, par le suite, avec, cependant , de grandes choses à leur actif, en particulier pour ce qui est du cordouan.
    
Juan Serrano « FINITO DE CORDOBA »
(85 corridas – 92 oreilles – 1 rabo) est un habitué des parcours « yoyo ». Tombé très très bas, il y a deux ans, il a senti « le boulet du canon… » et, fin 99, a donné le grand coup de rein nécéssaire. Cela s’est passé aux amériques (Equateur et Vénézuela).
    
Rien de mieux pour relancer le moral. Alors, le physique suit, et tout à coup arrive la chance. Un début de saison tonitruant, avec un  festival télévisé, à Cordoue ;  un toro gracié, à Huelva ; une magnifique feria de Séville, avec, en particulier une grande actuacion  devant le toro de Juan Pedro « Opiparo »; Un énorme triomphe à Barcelona, grâciant un nouveau toro, cette fois de Torrealta ; Une bonne prestation à Pamplona. Des triomphes qui prédisent un final de rêve, confirmé par sa magnifique sortie, durant la feria de Dax, coupant trois oreilles  aux toros du Marquis. Une « sortie » qui le fait définitivement « entrer en France ».
    
Malheureusement, Madrid se refusa, le rabroua. La San Isidro fut pour lui un parcours du combattant, plein de hargne et d’incompréhension. C’est le seul gros point noir de la saison du Finito, qui aurait pu faire quelqu’effort de plus, lors de la corrida télévisée de Bilbao. La télévision n’est elle pas « la plus grande plaza du monde ? » Certes, il y eut la faena de San Sebastian et « le capote de Zaragoza », mais le petit écran n’a pu entièrement répercuter la qualité, le coulé, la grande esthétique du toreo de Juan Serrano. Dommage !
    
L’an prochain, que va t’il se passer ? Aïe ! ! Reviendra t’il à ses vieux démons ? Continuera t’il sur la pente ascendante ? On le lui souhaite, on « nous » le souhaite… Mais… Que se passe t’il, quand un yoyo « est en haut » ?
    
MIGUEL ABELLAN
(75 corridas – 77 oreilles) : Il fut novillero, « à l’ombre du Juli ». Ses triomphes madrilènes, avec un toreo de qualité, son alternative prometteuse, le fait qu’il soit apodéré par des grands, « disaient tout », en sa faveur.
    
De fait, la temporada débuta bien… à l’arraché, mais bien. A hombros, aux Fallas, à grands coups de caste lors de la corrida de Torrealta, à Séville, Abellan fit surtout « exploser Madrid », lors de sa corrida-odyssée, face aux toros de Garcigrande. Cardiaques s’abstenir.. et sortie A hombros.
    
Mais voilà… Triomphes, à chaque fois arrachés, volés au toro. Le torero de qualité que l’on pressentait se transforme en une sorte de « pegabuenospases », mais « pegapases », tout de même. Certes, il y eut des choses, des relents de classe. Bayonne en vit l’ébauche, face à un toro de Chopera. Mais pour le reste, ce fut du toreo « à la photocopieuse », qui lui valut, certes des oreilles, certes des triomphes, mais ne confirma pas les espoirs que l’on mettait en lui. S’il on ajoute à cela quelques passages à vide, ou coups de blues, comme pour la feria de Bilbao… Conséquence : le moral en prend un coup, l’effort coûte, chaque fois plus, et on ne supporte plus la moindre critique, considérée comme totale injustice, alors que justement, on est au maximum.
    
Le grave incident de Logrono sera le gros point noir de la saison, dont on ne calcule pas encore la portée. Agresser un revistero peut vous suivre longtemps, et, malgré excuses, malgré toute la grande volonté pour se faire pardonner, en automne, par la plaza de Madrid, les faits sont là, comme un boulet. Le corporatisme journalistique fera le reste, et le public, longtemps, entendra parler  « del Senor Abellan »… Que sera t’il de sa saison 2001 ? Les Chopera, qui sont tout, sauf de poètes, le garderont ils ? Où pourra t’il reconquérir l’Aficion, et avec quoi ? Deux réponses : Où ? A Madrid, et seulement Madrid. Avec quoi ? Avec une paire de c..onvictions qui lui feront gagner à la fois le public et la presse. « Pero lo tiene dificil ! »

 

LOS CUENTOS (…Y LAS CUENTAS…) DE « DON EDUARDITO »… 

     3 Novembre : Don Eduardo Canorea, empresa de Séville par la grâce de son père, est inconsolable. Vous pensez, lui, le premier supporter de Curro, lui qui a pleuré des larmes de sang, lorsque le maestro a décidé sa retirada, l’autre dimanche, aura bien du mal à nous faire avaler ces couleuvres. Un cuento !
    
En fait, le Curro lui a fait « un quite » de première, lui évitant une grosse bagarre à l’heure de monter sa prochaine feria. Suite à l’algarade liée au festival de ANDEX, et à l’élégante décision du Canoreita de ne pas prêter la Maestranza pour le mano a mano Curro/Morante, il fallait bien se douter que « les négociations d’avril » allaient être serrées et qu’à la fin, l’aficion Sevillana étant « mas Currista que nunca », quelqu’un allait perdre la face, derrière sa barbe et ses lunettes… Vous devinez qui ?
     
Curro « out », l’empresario reprend de l’assurance, tout en écrasanrt une dernière larme de crocodile. Morante n’a qu’à bien se tenir. Attention, Curro parti, l’Aficion Sevillana va , peut-être, se retrouver sur un autre torero, et Morante pourrait bien être celui-là, comme digne successeur de Romero.
    
En attendant, Don Eduardito claironne et décide. Cuentos y cuentas…Le plus important : le tiroir-caisse. Donc, l’an prochain, à Séville, plus de « corrida de la resaca », le lundi suivant la clôture de la feria d’Avril. Tous les étrangers sont repartis, et le lundi n’est plus férié à Séville, donc… « vous irez passer votre gueule de bois, ailleurs ». En fait, peu d’imagination, peu d’initiative pour monter quelque chose, au lendemain de la feria, date souvent historique par le passé, en particulier grâce aux Maria Luisa, qui, traditionnellement, y faisaient briller quelque torero. Il est vrai que cela avait un peu baissé, depuis quelque temps. Mais, la corrida étant souvent télévisée, l’empresa n’allait pas nous faire pleurer, avec sa « demi-plaza ». O sea… Un cuento !
    
Autre décision : On va « ouvrir » le panel des ganaderias annoncées à la Feria. On sait que Don Diodoro montait toujours sa feria sur la base des encastes Domecq, et que souvent, cela avait provoqué quelques vagues. Eduardo, le fin, a donc beau jeu de se déclarer plus démocrate, voire plus aficionado que son père. Donc, l’an prochain, c’est déjà signé, on verra des toros du Pilar, du Puerto San Lorenzo, de Garcigrande. Mais, par contre, « le Victorino » restera dans les gradins. Canorea profite t’il déjà de la faiblesse des deux derniers lots de Galapagar, pour taper en touche ? Ou, sort il ce cuento, « pa que le salgan las cuentas ?… » On le saura très vite. Mais, il est certain, d’ores et déjà, que le montage de la prochaine feria d’avril, en bord de Guadalquivir, va faire couler beaucoup d’encre, d’autant qu’il veut également élargir l’éventail des toreros engagés. Bien ! mais, il va falloir que l’Aficion suive… A part Jose Tomas, qui « de despenaperros parriba » peut remplir la plaza ? Si, par ailleurs, la feria est télévisée intégralement (et elle le sera, parce qu’il faut, plus que jamais, penser au tiroir caisse), Tomas viendra t’il, perdant ainsi la face ? Combien faudra t’il payer « les têtes de cartels », si on veut compléter par des autres diestros, tout aussi respectables, mais moins taquilleros ? Revient alors le problème Morante. Arrive le problème « Juli », qui, fort de sa saison 2000, va exiger… Difficile, tout ça, senor ! Il convient de prévoir, dès maintenant, une « cargaison d’Upsa ».
    
Grosse partie d’échecs, en perspective, et cela, ce n’est pas « un cuento ».

 

MEXICO : VICTOR PUERTO DEBUTE EN FANFARE.

      Victor Puerto est un torero qui risque de faire « une sacrée tournée américaine ». Fort de sa saison espagnole, torero vibrant, varié, quelquefois très esthétique, Puerto arrive sur le nouveau monde, en pleine confiance, et le toro « de là-bas », qui dure plus, risque de lui donner l’occasion de totalement se livrer. A suivre.
    
Les affaires ont bien débuté pour lui, puisqu’il vient de triompher à sa première sortie, le 1er Novembre, en plaza de Tlaxcala, coupant trois oreilles à des toros de Rancho Seco.
   
A suivre donc la tournée du Victor, qui va se consoler, au soleil d’Amérique, du triste automne que lui a réservé Madrid. Aïeee ! Que haya suerte, torero !

 

AMERICA… WEEK END « D’OUVERTURE »…

     4 Novembre : Il va y avoir de nombreux spectacles, ces deux prochains jours, sur la planète taurine « americana ». A suivre, plus particulièrement, le Mexique, le Pérou, le Venezuela et l’Equateur.
    
Au Mexique, week end « Caballero » !
Le torero d’Albacete, triomphateur de la temporada passée à Mejico, débute aujourd’hui, à Tlaxcala, face à des toros de Reyes Huertas. Mais le « gros rendez-vous » est pour demain, à la monumental de Mexico, en mano a mano, à pied, avec Zotoluco, face à des toros de Xajay. Corrida importante, et ambiance que l’on devine, suite à la bonne campagne espagnole du Zotoluco.
    
Au Pérou, demain, deuxième corrida de la feria de Lima. Cartel totalement Espagnol : Davila Miura (deuxième sortie), Morante de la Puebla et Miguel Abellan (qui se présentent), prendront des Sancho Davila, récemment (trop ?) descendus d’avion. A suivre.
    
Au Venezuela, Mari Paz Vega torée, ce samedi, en plaza de Barcelona. Dimanche 5, en cette même plaza, les toros de Tarapio seront estoqués par Morenito de Maracay, Leonardo Benitez et Chamon Ortega. Un cartel signé…Luis Alvarez. On va « sérieusement » fumer le cigare, dans le callejon ! – Toujours dimanche, mais en plaza de Valencia, El Tato et El Fandi accompagneront Bernardo Valencia, face à des Tierra Blanca.
    
En Equateur, feria de Riobamba, avec la parution, ce samedi, de Gomez Escorial, face à des Santa Marta

 

DIMANCHE MEXICAIN…

     5 novembre : Grande journée taurine en perspective, que ce dimanche à Mexico. Deux mano a mano en feront l’actualité, dans l’ambiance que l’on devine. L’un à la Monumental, l’autre à Monterey. A chaque fois, deux matadors et, devant, histoire de « chauffer les banquettes », un rejoneador.
     
La plaza monumental de Mejico est, justement, cela : un monument. Imaginez un peu : 41262 places payantes ( entre 45 et 48000 personnes quand c’est « comme un œuf ») Le ruedo est au fond d’un cratère dont les pentes montent jusqu’au ciel, en gradins réguliers. Les toreros sont à 20 mètres au dessous du niveau de la rue. D’un diamètre de 43 m, l’arène, vue d’en haut, paraît aussi imposante…qu’un euro !. De la dernière andanada, on voit s’agiter, en bas, quelques fourmis qui brillent au soleil. Au milieu, noire, une plus grosse. Et c’est ainsi depuis l’inauguration, un 5 février 46, où « El Soldado » eut le privilège d’estoquer le premier toro, de San Mateo, qui s’appelait « Jardinero ». Au long des années, la Monumental a acquis ce statut particulier, lié aux grands événements. Elle est le « Las Ventas » de l’Amérique Taurine.
    
Ce dimanche, il y aura foule. Peut-être un llenazo. « El Zotoluco » revient au pays. On le traitera en figura del Toreo. Sa campagne espagnole, certes embellie par la presse, lui vaudra une « standing ovation », au sortir du paseo. Mais après, il va falloir se justifier, d’autant qu’en face, Manolo Caballero, triomphateur total, ici, l’an passé, ne s’en laissera pas compter. Arbitres, les toros de Xaray, et, ouvrant le mano a mano, avec un toro de Rancho Seco, le cavalier en plaza Ricardo Santos. Corrida « de gran expectacion ! »… on ne dira pas la suite.
    
A signaler que Manolo Caballero a débuté en fanfare, sa tournée mexicaine, en sortant, hier, 4 novembre, a hombros de la plaza de Tlaxcala, en compagnie de ces deux collègues  Rafael Ortega et Federico Pizarro. Corrida de Reyes Huertas, pas terrible de présence et de forces, mais dont le cinquième fut un grand toro. Devant une plaza llena (7000 personnes), Caballero lui battit une faena copieuse, bien terminée à l’épée. Deux oreilles, en apéritif a « lo de hoy, en la mejico »…
    
A Monterrey, 12000 personnes suivront avec passion une énorme bagarre : mano a mano entre Eloy Cavazos et Jorge Gutierrez, face à une corrida de Fernando de la Mora, lourde (547 Kgs de moyenne). C’est la revanche de la corrida du 3 septembre, en cette même arène, où Cavazos avait coupé tous les trophées (quatre oreilles et deux rabos), mais d’où tout le monde était sorti en parlant de la faena de Gutierrez  au toro « Mexicano » de Pepe Garfias.
    
Cavazos, 34 ans d’alternative, un vrai tourbillon. Quand le toro ne passe pas, c’est lui qui charge, et « ça fait du bruit… ». Il sera « chez lui », et donc, bénéficiera d’un avantage. Plus sobre, plus classique, Gutierrez, qui a également connu quelques belles heures, en Espagne, vers 1980, a aussi ses fans. Donc, grande ambiance en perspective, d’autant que, devant, sortira Pablo Hermoso de Mendoza, triomphateur, ici, l’an passé.
    
Les corridas débutent à 16 heures, dépêchez-vous, vous avez juste le temps !

 

CORRIDAS DE EXPECTACION…CORRIDAS DE… !

     5 Novembre : Déception sur presque toute la ligne, en ce dimanche « américain » qui, pour les aficionados internautes, aura tourné au « gris-souris ». Au Mexique, le vainqueur du jour est Pablo Hermoso de Mendoza. Au Pérou, le président de Lima doit immédiatement faire changer ses lunettes. Au Venezuela, enfin, le « Fandi » démarre an trombe, et pourrait bien construire là-bas, sa future saison en Europe.
    
5 novembre – Mexico – Plaza Monumental – ¾ d’arène : Malgré ce premier échec, car on aurait pu attendre un lleno total, pour le mano a mano Zotoluco/Caballero, la corrida débuta fort agréablement. Le matador mexicain dut saluer, invitant son picador, Efren Acosta, à l’accompagner sous les ovations. Puis, ce fut Manolo Caballero qui rejoint le triomphal duo. Le premier toro de Xajay  tint toutes ses promesses et le Zotoluco leva les ovations avec cape et muleta. Hélas, le matador mexicain fut catastrophique à l’épée, tuant bas en trois temps, et tout s’envola. En fait, la corrida s’arrêta là. Les toros de Xajay, correctement présentés mais sans caste, ne permirent rien, ou si peu. Zotoluco tenta des choses, comme la larga au troisième, le début de faena, à genoux au centre, face au cinquième, mais en vain. De plus, il tua vraiment mal. (Bilan final:  Silence - Sifflets, avec deux avis – Silence). Manolo Caballero a été « en torero », et a lidié avec volonté trois toros sans fond. On lui vit un grand quite par chicuelinas, et  quelques détails à la muleta, en particulier face à son premier qu’il tua mal. (Bilan final : Ovation – silence – Silence) . En début de Corrida, le Rejoneador, Rodrigo Santos fut spectaculaire, mais a menos (Ovation). A oublier bien vite.
    
5 novembre – Monterrey (Mexique)  - Plaza pleine: Grosse ambiance pour la deuxième rencontre Cavazos/Jorge Gutierrez, d’autant que les accompagnait, à cheval, Pablo Hermoso de Mendoza.  De fait, c’est le rejoneador espagnol qui triompha d’apothéose, multipliant les exploits, en particulier face à son second adversaire, et coupant trois oreilles. La Plaza « Lorenzo Garza » attendait Cavazos, « son » torero. Il fut vibrant, malin, un poil démago et coupa au quatrième, deux oreilles qui divisèrent un peu. Les meilleures choses de la tarde sont au crédit de Gutierrez, encore une fois, qui toréa lent et artiste. Un seule oreille, au troisième. Le dernier ne permit rien, et l’épée « voyagea » mal.
    
5 novembre – Lima (Pérou) – Deuxième corrida de Feria – media plaza : Corrida pour le souvenir, mais  « à l’envers »… Le Lot de Sancho Davila est sorti bien présenté mais faible et soso. Le sixième se montra brave, mais le public n’en fit pas grand cas, scandalisé par ce qui s’était passé au quatrième. Manso et invalide, ce toro fut « soutenu » par la muleta de Davila Miura, qui dut arrêter sa faena, éberlué. Partie d’on ne sait où dans la plaza, une pétition d’indulto fit quelque bruit, et un des seuls à l’entendre fut le président qui, aussitôt, sortit le mouchoir orange. Toro gracié !  Surprise !  On se regarde, on se frotte les yeux. Dans le ruedo, le matador se pose des questions… La division enfle et se transforme en énorme bronca, tandis que le toro est ramené au corral. Il s’appelait « Apartado » - 495 Kgs, et jamais toro gracié ne fut si mal salué. Pobre !. Davila fut bien, mais ne passa pas la rampe – Morante a été très bien avec cape et muleta, tant qu’ont duré ses toros. Mato mal. (Palmas et division) – Miguel Abellan faillit mettre tout le monde d’accord en toréant bien le sixième. On lui applaudit une vuelta. Corrida qui va lever la polémique et une bonne affaire à creuser pour Afflelou : S’installer au Pérou. Il a déjà un client…
    
5 novembre – Valencia – (Venezuela) –  1ère corrida de la Feria de la Naranja - 1/3 de plaza : La corrida de Tierra Blanca est sortie légère, juste de trapio, et noblota. Le fait du jour : gros triomphe du Fandi , face au sixième toro, « Cerrerito » - 463 Kgs, qui montra allant et noblesse, au point qu’il fut gracié. Deux oreilles pour David Fandila, et une entrée fracassante dans « le nouveau monde » où il pourrait bien cimenter son « avenir européen » - El Tato fut solide et tua bien, coupant une oreille, chaque fois – Ouvrant cartel, Bernado Valencia fut terne, écoutant quelques applaudissements.
    
5 novembre – Barcelona (Venezuela) : Toros de Tarapio qui donnèrent du jeu. Bonne sortie de Leonardo Benitez et Chamon Ortega qui, dans des styles différents, coupèrent chacun les deux oreilles de leur premier toro. Morenito de Maracay écouta le silence.

 

« VA T’EN …JE REVIENS ! ! ! »

     6 novembre : Le retour du Jesulin se confirme. Ce sera officiel avant la prochaine lune. Prévisible, également, le « come back » de Jose Ortega Cano. Que pasa ? Le matador s’ennuirait il au foyer ? il est vrai que toujours marcher « deux pas en arrière » quand ronflent les caméras et crépitent les flashes de la presse, à de quoi faire gamberger… au fond, les toros sont moins dangereux que « los bichos que le rodean…»
    
Plus surprenant, le retour de Francisco Ruiz Miguel, pour quelques courses, en particulier de Victorino Martin. Gusanillo, gusanillo ? Le gaditano avait été bien, face au premier toro, un victorino « de dulce », en plaza d’Illumbe, pour la dernière de la Semana Grande de San Sebastian. Bien ! mais c’était un événement. Revenir, de façon plus officielle, « pour quelques dollars de plus », ne met il pas le torero devant un danger double ? Physique, tout d’abord… « Quedan alimanas », chez Victorino ? et ceux-là demandent « d’autres jambes »… Par ailleurs, attention aux Aficionados… Ils ont le souvenir d’un Ruiz Miguel «  guerrier farouche », face à des toros terribles. Le matador ne pourra être « autrement »…, face aux Victorino 2001, et n’aura pas le recours possible de toréer du commercial. Attention alors ! L’aficionado qui aime bien, châtie bien… Un retour à méditer, qui va faire couler beaucoup d’encre…
    
Par ailleurs, on apprend que Miguel Rodriguez et Jose Antonio Iniesta ne sont plus apodérés par Luis Alvarez. Rupture en toute amitié, comme de bien entendu. Don Luis a probablement tout fait pour eux, mais les résultats ne furent pas à la hauteur. Miguel Rodriguez a baissé de pied, cette année, et Iniesta, auquel Alvarez croyait dur comme fer, « n’a jamais décollé ». Est arrivé Antonio Ferrera, et  Luis Alvarez va en faire une vedette. Par ailleurs, les choses marchent bien pour son cavalier Leonardo Hernandez. Asi que, « Adios, muy buenas ! ». Un apoderado peut tout faire, sauf triompher dans le ruedo. A suivre avec attention. Ces indépendants ont toujours des idées, des trouvailles. Il y sont obligés, pour vivre ou survivre. Dans le cas de Luis Alvarez, qui connaît le mundillo mieux que sa poche, il y a aussi un mot qui prime: Aficion .

 

LE « RAP » DES MENUISIERS…

      7 novembre : Allons-y, faisons nous plaisir ! Dorénavant, on peut, officiellement, se moquer du monde, fouler aux pieds quelques principes, voire quelques commandements du genre « Tu ne voleras point » ou « tu ne mentiras pas », puisque, même la Justice, à grands effets de manche, clôt ses réquisitoires à coups de « Il (ou elle) a menti, a volé… mais, pas plus que les autres… ». A l’heure où se termine le procès de Lille, à l’heure où, dans cette même ville, un père de 23 ans se  fait assassiner, sous les yeux de sa fille, par des « morpions »  de 16 et 13 ans, la question posée est « Où allons-nous ? Que faisons-nous ? Qu’attendons-nous ? »
     Les assassinats, les violences, le manque de repères des jeunes commencent  par le manque d’exemples, et par l’absolution complice de toutes les fautes et corruptions de ceux qu’ils devraient pouvoir admirer. Tel chanteur est shooté à mort, sur scène, crache et insulte… « Ouais…Cool ! ». Tel cycliste « à 700000frs par mois » se charge à mort pour garder son statut de champion. Relaxé ! A quand donc la Légion d’honneur pour Virenque ?.
     Voleurs de rêve. Tueurs de dignité… ils sont une poignée, et la Société en fait des héros et des nantis. Comment s’étonner ensuite, que des gamins sans foi ni loi, parce que l’on fait tout pour, règnent par la force, sur ceux qui, simplement, marchent dans la rue en disant « Bonjour ! ; s’il vous plaît ! ; merci… », ces mots tout simples qui traduisent respect et ouverture aux autres.
     Alors, on se fait plaisir. A grands coups de médias, on dit « Enfin, la vérité ! »… et  encore une fois, au nom de l’on ne sait quel principe, au nom de quel vice de procédure, on relâche, on libère, on applaudit presque. Et pour faire passer le tout, on vous « rebalance » à coups de millions, l’intégralité « du procès historique ». Il ne faut pas oublier. Jamais ! Mais, quand Justice, la vraie, est passée, il faut continuer de l’avant, en essayant de ne pas tomber dans les mêmes trous. Combien aimerions nous, chacun d’entre nous, pouvoir admirer, applaudir, écouter, suivre peut-être de vrais « chevaliers », de vrais « Cyranos », de vrais sincères … qui « se prennent des roustes », certes, mais qui peuvent marcher la tête haute, et qu’on a plaisir à saluer ?  Monsieur Virenque signera encore beaucoup d’autographes, gagnera encore beaucoup de millions, et des enfants diront « Moi, plus tard, je veux être comme lui ! ». Bel avenir !
     « Mais…où il va ? », vous direz-vous ? Oh, un tout simple coup de rogne, en lisant le compte rendu de la 25 eme  Assemblée Générale de l’ANDA, et de la distribution des fameux trophées, « les Egoïnes » et les « Rapes ». Nous y voilà ! Vous y êtes ? 
     Chaque année, l’Association des Aficionados « Ya qu’à » distribue ses prix et allume à tout va. Ils ont raison, mais pour quel résultat ? Se faire plaisir en criant tout haut « Hoouuu ! le vilain afeiteur ! », tout à fait d’accord, mais pour quel résultat ? Le Tour de France 2000 était « plus chargé » que jamais, dit on… Dans les plazas, d’Espagne et de France, les toros étaient plus afeités que jamais, dit-on…et pourtant, plus de monde que jamais dans les tendidos, tandis qu’autorités et des vétérinaires se retrouvent allègrement à la « bamboche d’après corrida »… 
     Alors, « le Rap » des menuisiers… A quoi sert-il ? Certes, il faut dénoncer, critiquer, mais aussi construire et convaincre. La corrida va, chaque jour davantage, vers le « descafeinado », et pour un lot qui sort « de caste » (même afeité !), combien de « que no han servido » (même astifinos) ? Il est là, le problème, et personne ne veut le prendre en main, parce que le « Système » est comme une vis sans fin… fait d’impératifs économiques qui régissent la vie, et parfois la survie, de milliers de personnes, « profesionales de eso ! », de centaines d’entreprises, de dizaines de communes. Nous, aficionados, le savons, et  nous en sommes tous complices.
     Donc…Faisons-nous plaisir ! Les trophées 2000 de l’ANDA, sont les suivants :
     « Egoïne d’or » à Dax, pour la corrida de Torrestrella qui ouvrait feria, le 12 Août.
     « Egoïne d’argent » pour Bayonne, et sa corrida du Puerto San Lorenzo, le 13 Août
     « Rape d’argent » à la corrida de Juan Pedro Domecq, de Beziers, le 12 Août
     Sacré week end ! On ne peut qu’acquiescer, tout en se disant que… ailleurs, aussi, bon ! et tout ce que l’on ne sait pas, tout ce que l’on court voir et applaudir en se disant « Vaya toros ! », comme des milliers d’autres aficionados sont allés voir le « Tour 2000 », net, propre et tout et tout…Enfin !
     Justice est de dire qu’il y a, aussi, le palmares  des bravos…
     Arles reçoit le maillot jaune du meilleur lot sorti en France, celui de Baltasar Iban, le 22 avril. Céret se voit honoré de la même distinction, pour ses novillos de Hubert Yonnet, le 17 septembre. Enhorabuena !
     Dax est applaudi pour avoir organisé une corrida concours qui se tenait. Par les temps qui courent, et à cette date, c’est, en effet, un joli challenge, réussi.
     Parentis devient, de plus en plus, l’arène, (ou la reine) des novilladas.
     Abraham Barragan se fait taper sur les doigts pour avoir fait massacrer un novillo du Palmeral, le 1er juillet, en Arles. Muy mal !
     Et puis, Stéphane Fernandez Meca, qui remporte, en toute justice le prix Claude Popelin 2000, après une temporada exemplaire de courage et toreria, de totale gentillesse et d’aficion. Mais, pour telle récompense, point ne fallait de grands effets de manches. Le public, ici souverain, avait déjà fait son choix. Certes le trophée est important, mais, (anecdote !), bien plus importante est l’ovation spontanée du public bayonnais reconnaissant le torero, au brindis d’un novillero,  le matin de sa superbe Victorinada 2000, à Lachepaillet. « Este si, era un premio ! »
     La vie continue, la tauromachie aussi. Dans la rue, on « rape », comme on peut. Dans les ruedos, on va guetter le moindre souffle d’émotion, pour réchauffer notre Aficion ! Pendant ce temps, les menuisiers vont continuer à manier l’égoïne. Eux seuls savent à quoi elle sert vraiment. C’est la vie ! 
     Au fait, quand les locations pour Dax et Bayonne ouvrent t’elles donc ? Après le Tour de France, bien sûr !

 

« IMPRESSIONS » SUR LA TEMPORADA 2000 (suite II)

     Au sixième et septième rangs de l’escalafon de matadors, Manolo Caballero et Morante de la Puebla. Deux toreros dont on attendait mieux, en cette temporada où les jeunes « devaient enterrer » les plus anciens. Curieusement, mais pour des raisons diverses, Manolo Caballero et le Morante ont eu une temporada similaire, parce que se déroulant en deux périodes bien distinctes, coupées par un événement « déstabilisateur ! ».
     Bien sûr, on le niera. Bien sûr, on prouvera par a+b que « cela n’a rien à voir » et que le torero a été « muy bien ! ». Certes, les événements en question sont de nature différente, et peuvent constituer une excuse (les toreros étant, avant tout, des hommes), mais l’impression est que, pour ces deux diestros, il y eut le « avant » et le « après ». Voyons plutôt…
     MANOLO CABALLERO - (72 corridas – 99 oreilles – 2 rabos) : L’albaceteno a débuté la temporada en trombe. Arrivant triomphant du Mexique, Caballero est en plénitude. Il triomphe aux Fallas, et par deux fois fait vibrer Séville, au début de sa faena au cinquième Torrestrella et avec le corrida de Torrealta, où il frôlera Porte du Prince. On se dit qu’on est parti pour une grosse temporada, où il va tout casser, tout renverser sur son chemin. Madrid doit confirmer cela, d’autant que tout est fait dans cette perspective. C’est la plaza de son renouveau, il est apodéré par l’empresa, qui l’a bien colloqué en quatre corridas (3 dans le Feria, plus la Bienfaisance). Il a toutes les chances de sortir vainqueur de « sa » feria.  Et c’est là que se produit « la cassure ». Il ne coupe aucune oreille en trois courses, bon. Mais surtout, il voit passer plusieurs toros de triomphe, et fracasse, en particulier avec un grand toro d’Alcurrucen « Ringollano », le 31 mai. On le voit professionnel, vibrant, mais « de mas a menos », essayant de cacher derrière la quantité, la qualité défaillante de sa muleta. On avait eu déjà du mal à ne pas râler quand il se trouva face à « Aviador », un toro vibrant de Adolfo Martin, mais le torero avait quelques excuses. C’est « une impression » mais le toro d’Alcurrucen lui a fait mal, car il n’a pas compris pourquoi « il n’a pas triomphé »… La corrida de Victorino , dans des conditions météo néfastes, ne lui a pas permis de sauver sa feria . Restait la Bienfaisance. Elle fut catastrophique, on le sait. Seul le Juli, à la dernière minute. Mais, il y eut aussi ce premier toro, de Victoriano del Rio. Un toro qui permettait et venait fort. Une fois de plus, Caballero « coinça », échangeant pour du silence, les deux oreilles que lui offrait le bicho.
     La cassure était consommée. La temporada de Caballero changea, à partir de ce début Juin. Celui qui devait, partout, montrer poder, facilité lidiadora, toreria, en un mot, celui qui devait être un triomphateur total de la saison 2000 (n’oublions pas que bien peu pariaient sur le Juli), parcourut la planète toros en « péguant  des passes », parfois très bonnes, mais sans réellement « cuajar » un toro, de façon indiscutable, dans une grande occasion. Il coupa beaucoup d’oreille, certes, mais pour trois raisons : la quantité, le « métrage » de ses faenas, les bravades et autres desplantes qui enveloppent bien la marchandise (et séduit la gent féminine), et, surtout, l’efficacité de son épée. Trasera et tendida, son estocade n’est pas très orthodoxe, mais elle roule trois toros sur cinq. Alors, les oreilles tombent. Certes, il y eut de très bonnes choses, en particulier en septembre (Murcia, Albacete, Salamanca, entre autres) mais…cette régularité-là, n’est pas la bonne, car en demi teinte, « tapandose »…
     Reste le problème des toros choisis. Caballero est « un musclé », un puissant, presque un laborieux. Le toro commercial ne lui va pas, car il ne peut pas le soutenir artistiquement. Il lui faut « poder al toro », le réduire, le vaincre. Là est son domaine. Que se passera t’il en 2001 ? Rien… Fort de son « bilan  2000 », toujours apodéré par les mêmes, Caballero va toréer les mêmes ganaderias, couper les oreilles et gagner de l’argent. Mais nous… nous serons passés à côté d’un grand torero, et nous l’aurons vu !
     MORANTE DE LA PUEBLA  - (71 corridas – 38 oreilles – 1 rabo) : Il a été l’espoir de beaucoup, et, à n’en pas douter, il le reste, après une temporada décevante. 2000 sera pour le Morante, la saison « chunga », où tout est sorti à l’envers, malgré le jeu qu’il avait en main, au mois de mars.
     Sortant de quatre mois de convalescence, suite à sa lésion vertébrale de septembre 99, il était un point d’interrogation pour beaucoup : Allait il « être le même ? » « Cette lésion n’allait elle pas lui empoisonner la vie, au moment de « quebrar la cintura ? ». Autant de questions qui trouvèrent rapide réponse, dès les premières sorties. Sur « le tapis vert », le Morante avait signé une exclusive millionnaire avec Diodoro Canorea, empresa de Sévilla et amoureux du Toreo de Arte. Tout allait donc pour le mieux.
     Hélas, le destin, en deux coups, deux seuls, malmena l’entreprise et transforma ce qui devait être une voix royale, en un dur chemin de croix. Don Diodoro s’endort pour toujours, le 28 janvier. Son fils prend la suite. On saura, un peu plus tard, qu’il n’a pas le même « romantisme » que son illustre père (« pas vrai, Don Eduardito ? »). Le torero et le nouvel homme d’affaires ne s’entendent pas, et l’exclusive tombe, avec toutes ses garanties. Peu importe, les cartels de Séville étaient déjà bouclés et de son côté, le torero commençait la temporada avec une réussite et une facilité insolentes. De bonnes choses à Valencia et Castellon, malgré des sorts contraires, mais surtout des moments de grandeur torera exceptionnels, le diestro voyant les choses et les toros, clairs, dès les premiers capotazos. Ses premières sorties sont constellées de véroniques « con duende », de naturelles « con empaque », d’estocades recibiendo, et même de poses de banderilles, y compris « al quiebro ». Sommet de ce début , la faena  au toro « Ingenuo », de Jandilla, le 26 Mars, en plaza d’Olivenza. Deux oreilles et un rabo. Le torero est totalement « embalado », et l’on attend Séville où la Feria est « faite pour lui » : Trois corridas durant le cycle, plus le dimanche de Pâques. Don Diodoro avait bien fait les choses.
     En fait, c’est sur l’albero de la Maestranza que va se produire la fameuse rupture, qui va précipiter Jose Antonio Morante de la Puebla, de l’état de grâce au long et laborieux parcours qui va suivre la date du 29 Avril.
     Ce jour là, il va toucher le ciel, et connaître l’enfer, en l’espace d’une heure. Toros de Victoriano del Rio, et deux oreilles de son premier, « Jabaleno », après une faena où le torero se livre, plus qu’il ne se libère. Une estocade recibiendo, énorme, et le public de Sevilla font le reste : Triomphe. A la sortie du sixième bis, « Barbiano », la Porte du Prince est à demi ouverte. Morante attaque fort et débute sa faena par la passe du cartucho de pescao. La maestranza vacille, Pepe Luis sourit. Mais sur le retour du toro, le destin frappe. Pris de plein fouet en une horrible voltige, le Morante reçoit une blessure très grave qui frappe de stupeur le mundillo et les aficionados.  Adieu feria, adieu saison triomphale. Que mala suerte…
      29Avril, le tournant. Morante « va tarder à se remettre », retardant son retour. Attention, « tarder » se rapporte seulement au contexte taurin, car le commun des mortels mettrait huit mois à se remettre d’un tel choc, et ne voudrait sûrement plus voir un toro …« ni en foto ! ».
      Morante ne mettra pas un mois. L’oreille coupée à Cordoue semble rassurer tout le monde. Mais Madrid le fera tomber. Le public n’acceptera pas les bonnes choses faites au toro « Ballester » et la rupture sera consommée. La corrida de bienfaisance, où le Morante revêt un costume de velours noir et or, magnifique, marquera l’enterrement du torero de la « Puebla del Rio, à Las Ventas.
     A partir de là, tout ne sera que demi-teinte et soubresauts. Adieu duende, adieu quiebros.  Le torero que tout le monde attend et espère, va de feria en feria, de plaza en plaza, à la recherche de la facilité perdue. « Tempête sous un crâne »... Et bien entendu, c’est à ce moment que les tirages au sort « se mettent en grève ». C’est toujours comme cela. « Un toro lui a quitté le sitio, un toro le lui rendra… »  Oui , mais quand ? Alors, on attend, on espère. On sursaute à la moindre demi véronique « abandonnée ». Mais il manque toujours quelque chose. Pourtant, à chaque fois, tant à la cape qu’à la muleta, de bonnes choses disent que…patience !
     L’oreille , à la télévisée de Pamplona, fait un bien fou, à tous. Mont de Marsan nous le montre « presque radieux », mais l’épée se refuse, vilainement. Puis la grande faena de Vitoria - enfin ! - suivie d’une nocturne de rêve, au Puerto Santa Maria. Superbe ! Oui, mais Malaga et Almeria, où il prend une sale voltige, passent en blanc. Elles étaient ses « bastions 99 ». Bilbao fait la moue. Le torero a de bonnes choses, mais va toujours de mas a menos. C’est dans la tête que cela se passe. En France, ça ne veut pas sourire, non plus, et Bayonne le siffle.
      Et puis Palencia. Allez savoir pourquoi, chaque torero a sa plaza, celle où il se sent bien, où tout sourit. Le Morante y est sensationnel en début septembre, et de nouveau, on soupire d’aise. Hélas, vient la blessure d’Albacete, dont il tardera à se remettre, beaucoup trop, aux dires de Don Eduardito Canorea, qui  ne lui pardonnera pas de le lâcher, la veille de la San Miguel, en plaza de Séville. Scandale, repris dans le paresse madrilène par un autre « fils à papa », qui se voit vite remis à la place qui est sienne, c’est à dire six étages en dessous de « ce que fut son père ». Morante terminera la saison en triomphant à Zafra, mais la cause était entendue : 71 corridas, 142 toros  et 38 oreilles, sur les 284  possibles.
     La saison est un échec. Cet échec a une excuse, une date, une raison. Mais attention, la blessure de Séville n’explique pas tout. Morante de la Puebla est il un torerazo, avec « un moteur » pour 80 corridas ? Est il un torero d’inspiration, ce qui implique un nombre raisonnable de courses, mais surtout pas « un marathon artistique » ?  Morante de la Puebla est il un « torerito de detalles bonitos », mais court de technique et de cœur ? Voilà toutes les questions que se posent certains, et qui devront avoir réponse dès les premiers feux de la saison 2001. En attendant, le torero de la Puebla est en Amérique du Sud, et on attend sa confirmation d’alternative, un peu plus haut, à Mexico. Il peut en revenir, radieux, et on efface tout. Il peut en revenir « en demie teinte » et là, les choses se compliqueront pour lui, même à Séville. Mais, ce n’est qu’une impression…
     A suivre, l’an prochain, avec beaucoup d’intérêt…et beaucoup d’espoir.

 

JESULIN ROMPT AVEC LE PASSE…

     9 novembre : « Il » va revenir, c’est sûr. Mais il veut le faire « en figura », et rompre avec le passé. Adieu « la tortilla », adieu la corridas pour « que des femmes ! ! », adieu braguitas ! On range la collection, et on s’y met sérieusement.
      Et pour commencer, surprise ! On pensait revoir la même équipe, même cuadrilla, même apoderado. Morilla lui-même, avait pris des contacts et des dates pour la réapparition du « petit Jésus de Ubrique ». Le torero en a décidé autrement, qui est en train de consulter de « grosses pointures » de l’apoderamiento, et voir qui serait susceptible de relancer le « Jesulin nouveau ». Il y a du monde au balcon, et l’on sait que Pepe Luis Segura, Justo Ojeda, Jose Luis Marca, Emilio Miranda sont sur les rangs. Mais il y a aussi la casa Balana , avec l’inévitable Matilla, qui pourrait bien « enlever » le morceau. Et quel morceau !. 
     Donc, attente et poussée de fièvre, chez certains. Jesulin de Ubrique revient. Il souhaite le faire « au plus haut », et aura donc un autre apoderado, à moins que tout cela soit une grande saga du style « les feux de l’amour », et qu’à la fin, on arrive  à une conférence de presse « zézaillante »  pour s’entendre dire: «  Z’ai cherché, beaucoup consulté. Z’ai réfléchi, beaucoup réfléchi, et ze suis arrivé à la conclusion qu’il n’y avait, pour moi, meilleur apoderado que mon ami Manolo Morilla » .
     Vaya corte ! mais aussi « Vaya quite » ! !… A suivre.

 

MANUEL SAN ROMAN VEND TOUT.

     9 novembre : On apprend, de Salamanque, que Manuel San Roman vient de vendre sa ganaderia. Les nouveaux acquéreurs sont José Maria et Manolo Munoz qui vont lidier sous le nom de « Vellosillo ». Cepen,dant, cette nouvelle appellation montera au cartel que dans deux ans, puisqu’il y a, au campo,  encore dix corridas au nom de Don Manuel San Roman Valdes.
     La ganaderia a une ancienneté datant de 1947. Manuel San Roman la racheta à Francisco Escudero Muriel, en 1970,  supprima toutes « les racines », et relança le tout avec « sementales y vacas » de Antonio Arribas, qui est du pur Domecq. Un deuxième apport de la même souche, eut lieu en 1980 . 
     Manuel San Roman a lidié deux toros, cette année, en plazas de première catégorie.

 

LUIS ALVAREZ « ENTRE » A LA MAESTRANZA…

     10 novembre : Et pourquoi pas, un jour ?… Oui mais voilà, il y a, aussi, « une autre » Maestranza…
Pour le moment, celui que tout le monde appelle « Don Luis » va pouvoir développer ses idées et projets, à la tête de l’Empresa de la plaza de Maracay, au Venezuela.  On sait le lien qu’a toujours eu Luis Alvarez  avec la tauromachie d’Amérique latine. Il n’est que de rappeler la grande trajectoire professionnelle menée avec Cesar Rincon et, plus en arrière, avec Morenito de Maracay, entre autres.
    
Luis Alvarez, un apoderado indépendant, que la revue 6toros6 vient de primer comme « le meilleur apoderado 2000 », connaît son affaire sur le bout des doigts. Travailleur, passionné, aficionado avant tout, excellent communicateur, Don Luis est un des « personnages » de la tauromachie des années 2000.
    
Il sera intéressant de suivre sa trajectoire à la tête de la société qui va gérer la « Maestranza de Maracay », deuxième plaza du Venezuela, justement en compagnie de « Nelo », le Morenito de Maracay, en espérant qu’il y aura là , un tremplin pour, un jour, conquérir d’autres plazas, de par le monde.
    
En attendant, il est probable que l’apoderado pourra utiliser cette « piste d’envol », importante, pour ses toreros : Leonardo Benitez,  l’explosif venezuelien, et Antonio Ferrera, qu’on ne présente plus. Manque un troisième qui pourrait « rematar » un grand cartel banderillero. L’expérience Coelho ayant avorté, don Luis va continuer à chercher. Il doit déjà avoir « quelqu’as » dans sa manche... Un torero vibrant, complet et, bien sûr banderillero « tous terrains », du style… « el Fandi », par exemple… A suivre.

 

LIMA : REGLEMENT ! REGLEMENT !… « APARTADO » A ETE PUNTILLE…

     10 Novembre : On se souvient de la polémique soulevée, dimanche dernier, en plaza de Acho, à Lima, par l’indulto du quatrième toro « Apartado » de Sancho Davila.
    
Forte division d’opinion dans le monde aficionado et professionnel, le ganadero soutenant, bien sûr, la valeur de son toro, qui alla a mas, sous la muleta de Davila Miura. L’éleveur, lui-même, demanda la grâce en agitant son mouchoir, depuis la barrière. Bref ! si, non ! si, non !, le toro est gracié, et l’intention est de le ramener en Espagne, ce qui est logique..
    
Oui, mais voilà. Réglementation oblige, gérée par un service du Ministère de l’Agriculture, le Senasa, il a fallu respecter  les normes en vigueur : « le toro, qui n’a pas subi la quarantaine obligatoire, sera incinéré, immédiatement après sa lidia et mise à mort ».
    
Grâce à une dérogation spéciale, la corrida de Sancho Davila était arrivée d’Espagne, le lundi précédent la corrida, et donc, n’avait pas respecté la quarantaine, imposée à tout ganado, arrivé d’ailleurs. Malheureusement, cette facilité a joué un bien mauvais tour au ganadero, puisque…gracié, le dimanche, le toro « Apartado » a été puntillé, dans les corrales, le lundi.
    
Vraiment… de grâce ! ! !

 

« Y’A PAS D’HELICE , HELAS… »

     11 novembre : Feu Bourvil et Gérard Oury nous pardonneront de leur emprunter cette célèbre réplique de « la Grande Vadrouille ». Mais avouez qu’elle tombe à pic. Là-bas, au large des Bermudes, le célèbre  porte avions, fleuron de la technologie française, porte drapeau de notre Royale, a perdu  un bout d’hélice, et rentre… à la godille. Pauvre Charles De Gaulle… « Vous m’avez compris ! ! » .

     Plus près, nous qui sommes habitués à « bouffer de la vache enragée », voilà que l’on ne peut plus manger un steack tranquille. Dans les cantines, les cuisiniers sont habillés en chirurgiens, et réunissent une « cellule de crise », pour voir « Qu’est-ce que l’on va bien pouvoir leur donner à manger ? ». Sortez les éprouvettes et les règles à calculer. Pendant ce temps, les anciens contemplent avec nostalgie, les photos jaunies de leur époque, vous savez, celle des batailles de petits pois et de yaourts, au temps des réfectoires. Cela durait un moment, et tout à coup, sortait une bonne brave cuisinière, style « Mère Denis », qui poussait un coup de gueule, et repartait vers ses fourneaux en se grattant la tête, ou le bas du dos...

     USA, mère de toutes les libertés et de toutes les démocraties, déesse du progrès et de la technologie.. Aïe ! Ils ont des satellites qui sont capables de lire une plaque d’immatriculation sur la seule voiture qui roule sur la Place Rouge, mais, ils sont incapables, trois jours après, de dire qui a gagné la présidentielle, et vous font avaler, très sérieusement, que le futur patron n’est pas forcément celui qui a rallié le plus grands nombre de bulletins. Well ! !  

     Pendant ce temps, Nice prépare un nouveau « Sommet Européen » et  ressort les anciens plans du « Mur de l’Atlantique » pour préparer la protection de ses invités. Côté mer, on comptait sur la puissance de feu du Charles De Gaulle, mais…il sera un peu en retard…, alors on arme trois pédalos, à la hâte. Biarritz, de loin, compatit, et envoie un message de solidarité  aux citoyens niçois. Patience, amis, on a connu ça !

     Y’a pas à dire, et pour rester dans le thème  marin…« On est mal barrés ! »

     Dans le Mundillo Taurino, on connaît aussi quelques vagues, parfois une sacrée houle. Mais le cap reste le même et les devises flottent fièrement au mât: « Celui qui vaut le coup…vaut le coup ! » et « Le plus de fric en un minimum de temps »… A partir de là, les conflits ne durent guère, tranchés à la hache. Des fois, ça gicle un peu, mais tout finit par des abrazos, et on repart, habillé d’or et de lumières…

     On ne croyait pas si bien dire, le 2 novembre, dans nos « impressions de la temporada 2000 » en faisant le bilan de Miguel Abellan. Hier, a été annoncée sa rupture, en toute amitié, bien sûr, avec la Casa Chopera… « Non, non, aucun problème, mais, Gerardo Roa, qui l’accompagnait, va avoir d’autres choses à faire, alors, vous comprenez… » Au fond, les « impressions » n’étaient peut-être pas si mauvaises, et surtout… l’Histoire, les archives de la Grande Maison, avaient déjà prévu ce nouveau chapître. Triomphe à Madrid, puis une espèce de demie teinte, avec des coups de blues et des coups de gueule, certains « trop appuyés »… Stop !, mais, tu reviens quand tu veux… Miguel Abellan, très fier et sûr de lui, dit « qu’ils sont en train de se battre » pour prendre la suite. En est il vraiment sûr ?

     Du côté de Queretaro, le Senor Martin Arranz, apoderado du génial cavalier navarrais, Pablo Hermoso de Mendoza, veut construire la feria et imposer sa loi, même pour ce qui est des matadors « à pieds ». Ils veulent interdire Andy Cartagena. Bon, c’est pas « élégant, élégant », mais c’est presque de bonne guerre ! Mais, de là à  vouloir imposer Jorge Gutierrez et « barrer » deux jeunes diestros mexicains qui commencent à faire du bruit, il y a une limite. Pablo Hermoso de Mendoza, ne serait-il pas, par hasard, en train de perdre « los estribos » ? Y a t’il en Navarre une nouvelle culture du « Melon » ? On ne sait, mais, l’Empresa Dorna va trancher dans le vif. Elle veut rester « maître chez elle », et le glorieux Navarrais risque d’aller bâtir ses caprices, ailleurs… A suivre.

     Pendant ce temps, Mexico n’arrête pas de ruminer sur sa gestion du ganado et de la réglementation à monter et surtout…respecter. La corrida de dimanche, où Eugenio De Mora confirme son alternative (attention à celui là, là bas) a été changée, et on apprend que le lot de la Cardenilla,  prévue pour la quatrième corrida de la saison ne pourra être lidié, suite à plusieurs décrets, mais aussi, à la suite des accords de 96 : Réciprocité entre Mexique et Espagne/Portugal. Pas de toros mexicains en Europe, pas de Cardenilla à Mejico ! Claro.

     Du côté de Lima, on prépare la troisième de Feria : Un cartelazo ! Capea est arrivé avec un corridon sous le bras. A l’affiche : Finito de Cordoba et Caballero « qui entrent dans la Feria », et Morante, qui répète, espérons-le, dans un meilleur climat que dimanche dernier. Lourds, les Murube, de la « Famille Capea » : 586, 616, 545, 597, 595 et 555 Kgs. Ca fait beaucoup, pour « là-haut ». A suivre, avec un gros intérêt. La feria démarre lentement, et il y a mauvaise humeur, parce qu’aucun torero « de la terre » n’est engagé. Aussi, les figures vont devoir s’accrocher, à un moment ou un autre. Pourquoi pas ce dimanche, avec les toros de celui qui a déjà remporté « deux scapulaires d’or », mais comme matador de toros ? Après le scandale de dimanche dernier, avec l’indulto « indu » de ce pauvre « Apartado », (qui le fut, définitivement, 24 heures plus tard), Lima doit retrouver ses bases et son image. Pour le moment, et pour rester à flots, disons que…ça rame !

     Chez nous…Bien, merci ! Ce soir, une vague de pirates noirs va déferler sur Saint-Denis. Quinze, exactement ! Il crient fort, d’un air méchant, et ils sont aussi lourds « que ceux de Capea »…. Aïe ! ! « Habra que lidiarlos, castigarlos,  doblarse por bajo con ellos… Pero aun asi… Qu’est-ce qu’on va prendre ! ».  A demain. 
 

« LE PUNTILLAZO »… A TOUTES LES ILLUSIONS

     12 novembre : « Qu’est ce qu’ils nous ont mis ! ». Les hommes  en noir  ont crié fort, d’un air méchant, et ont déferlé telle une vague de l’Erika sur la mer bleue. Certes, les marins ont écopé, mais la vague, insidieuse est quand même passée. Les All Blacks ont battu le quinze Français, noyant nos illusions. Rien à dire !

     A Toulouse, les Verts « s’engueulent » allègrement, avec des arguments qui frisent parfois la vulgarité et le scatologique… La presse télévisée, bien sûr,  ne manque pas de répercuter tout cela, à l’heure du repas…merci bien ! Mais, à coup sûr, la photo finale montrera la réconciliation et le sourire béât de tous ces « grands intellectuels » qui, du coin de l’œil, continueront pourtant à travailler le « Pousse toi de là, que je m’y mette »… Pitoyable !

     Un grand homme est mort. Il avait été un héros, quand il le fallait. Fidèle à ses idées et à ses amis, il faisait l’unanimité, dans les rues de Bordeaux. Lui qui avait grimpé, quatre à quatre, les marches de l’Histoire, est parti  doucement, discrètement, mais forçant l’hommage de tous… y compris de ceux qui lui avaient donné « la puntilla », en 74. Au revoir, Monsieur Chaban.

     En parlant de « Puntilla », on est mal.. La crise de la vache folle  fait peur à tous. Aussi, les responsables européens se penchent ils sur ce problème en multipliant les décrets et  réglementations destinés à prévenir, mais peut-être pas guérir…La dernière « normativa » touche la tauromachie et va poser un sacré problème au déroulement de la corrida. On va vers l’interdiction de la puntilla et du descabello , à partir du 1er Janvier 2001… But de la manœuvre : éviter tout contact avec cervelle, rachis cervical, moelle épinière du toro. Certes, tout à fait dans la  logique de ce qui est appliqué, à tout niveau, pour éviter contact avec la « maldita ESB »…Cela va poser un certain nombre de problèmes et, en Espagne, on s’y penche déjà sérieusement, tant du côté Autorités que de celui des professionnels du Toreo. On parle déjà de puntillas « jetables », que l’on n’utilise qu’une fois. Mais on a un problème avec le descabello…  Par ailleurs, que va t’il se passer, si un puyazo ou un pinchazo touchent la moelle épinière du toro ? Estocada « descordando », qué ? On n’a pas fini ! En fait, tout ce remue méninges, probablement justifié, risque bien de porter « le puntillazo »... à nos illusions d’Aficionados. De quoi devenir enragé !

 

« DIMANCHE AMERICAIN »: DE MORA VA CONFIRMER…

     12 novembre : L’actualité du jour va se concentrer sur deux plazas : Mexico, et Lima, au Pérou, où le Capea va lidier ses Murube. A n’en pas douter, la présentation sera au rendez-vous, et le ganadero vient pour remporter le trophée de la feria . On le lui souhaite, mais on sait déjà qu’il n’y aura pas d’indulto possible, les toros étant arrivés trop tard pour respecter la quarantaine obligatoire. Coté toreros, le Morante se doit de marquer son passage, en plaza de Acho. Une des étapes primordiales, pour préparer la saison prochaine en Espagne. Finito et Caballero seront dans un autre registre, mais ils ne laisseront pas passer l’occasion, à coup sûr. Corrida importante et lleno probable, malgré la cherté des entrées.

     A Mexico, on ramasse les morceaux, on rafistole un règlement, on recolle des morceaux  de fonctionnement…C’est dans cette ambiance et, probablement, devant une pauvre entrée, que Eugenio de Mora va  confirmer, ce jour, son alternative, à la monumental de Mejico. Grand jour, pour tout matador… Le toros de Javier Garfias  remplaceront le lot prévu de San Mateo. Au cartel, un matador un peu « enveloppé », mais parfois talentueux, Manolo Mejias, et un jeune qu’il faut suivre, Ignacio Garibay. Ils seront parrain et témoin de Eugenio de Mora qui pourrait bien surprendre les mexicains, et poser un problème à quelques empresas espagnoles en 2001… De Mora manque un peu de personnalité, certes, mais, il a en lui le secret du temple et du toreo lento, con empaque…Si le toro « dure », on peut arriver à des sommets. On l’a vu à Madrid. On l’a surtout vu, cette année à Séville, où il se présenta avec succès, frôlant « la Porte » et posant un problème à l’empresa qui ne voulut pas le répéter, fort injustement, sur l’un des remplacements durant les farolillos. Imaginez qu’il confirme sa prestation face aux  Manolo Gonzalez… Sa temporada aurait été toute autre. Mexico est une nouvelle opportunité, et le toro mexicain, qui, en principe dure plus longtemps et va a mas, pourrait bien l’aider à  entrer fort dans « le nouveau monde », avec répercution probable…sur le vieux continent.  A suivre
 

MORANTE ET EUGENIO DE MORA « N’ONT PAS FAIT SEMBLANT »….

     13 Novembre :   Là-bas, aux USA, on fait semblant d’être serein, mais on a de plus en plus de mal à cacher un des plus grands scandales du siècle. Même en Corse, les élections sont plus claires. A Toulouse, « les Verts » ont fait semblant d’être d’accord, mais c’est pas demain qu’on va s’embrasser sur la bouche. Pouah ! ! Avec tout ce qui traîne, restons écologique.  Au ministère des armées, on fait semblant de ne pas dramatiser la « croisière » du Charles de Gaulle. Plouf ! En terre d’ovalie, on est presque vainqueur moral des blacks. Allons donc ! Les belles paroles ne suffisent pas, et dans peu de temps, on ne fera plus semblant…

     Côté taurin, c’est beaucoup plus clair. C’est devant le toro que ça se passe, et c’est lui qui met les choses à leur place. Hier, deux toreros ont triomphé « de verdad », dans de lointains ruedos américains.  Morante de la Puebla a entamé « la reconquista » au Pérou, et Eugenio de Mora, quoique blessé à la main, est entré « du bon pied » au Mexique. Super !  Pablo Hermosos de Mendoza est plus beau « à cheval », que dans les despachos, et c’est ainsi que cela doit être.

     De leur côté, des matadors préparent leur retour. Certains font semblant d’y croire. A n’en pas douter, il y aura des hauts et de bas, mais au moins, les choses seront claires .

     12 Novembre - Mexico – Plaza Monumental – 19000 spectateurs (sur 42000)   : Très brillante confirmation d’alternative d’Eugenio de Mora qui coupe la première oreille de la temporada et donne une vuelta acclamée à son second adversaire. On disait, hier, que son toreo pouvait séduire l’Aficion aztèquze. C’est exactement ce qui s’est produit. Vêtu d’ivoire et or, Eugenio de Mora a confirmé son alternative devant le toro « Tinterillo » - 515 kgs, de Javier Garfias. Excellentes chicuelinas  à la réception et faena templada, composée de longs muletazos cadencés et profonds. Bonne estocade et oreille forte. Il fut encore meilleur face au cinquième, levant le public à plusieurs reprises. Enorme au capote, il toréa à la perfection mais tua mal. Grosse vuelta al ruedo, le torero partant à l’infirmerie où il fut soigné d’une cornada à la main droite nécessitant 14 points de suture. Manolo Mejia, le parrain, fut contesté toute l’après midi et Ignacio Garibay ne put que se montrer vaillant. Les toros de Javier Garfias, furent bien présentés et, à part le 3ème, donnèrent bon jeu, au point que les 2 et 5ème furent salués « d’un arrastre lent ». Grande présentation de Eugenio de Mora qui reviendra en janvier.

     12 Novembre – Guadalajara ( Mexique) – Plaza du Nuevo Progreso – Lleno : Gros triomphe de Pablo Hermosos de Mendoza, qui remplit la plaza et arma un taco, face à ses deux toros de Montecristo. Echec à la mort, à son premier, mais rejonazo terrible au second, après une faena que le public a vécue, debout. Deux oreilles et gros week end du navarrais, qui avait déjà triomphé la veille à Pachuca - En lidia normale, Oscar San Roman torea très bien, mais tua mal. Oreille de son second - El Cuate joua la carte du courage. Grosse voltige au sixième où il se joua la vie. Grande ovation pour être ressorti de l’infirmerie, le temps d’un gros coup d’épée.

     12 Novembre – Lima (Pérou)  - Troisième corrida de feria -  Un peu plus de 9000 personnes (sur 13700) : Jose Antonio Morante de la  Puebla est sorti a hombros de la plaza de Acho, après un faenon au sixième toro, estoqué recibiendo. Le sévillan n’avait rien pu faire face au troisième de la tarde. Par contre, le toro « Culebro »  - 610 kgs  - de Carmen Lorenzo,  transmit beaucoup au gradin et alla a mas. Très importante faena du Morante qui put totalement s’exprimer, et tira de magnifiques naturelles. Empaque, toreria et grosse estocade « au recibir ». Deux oreilles sans contestation. C’est bon pour le moral – On donna la vuelta au toro, qui fut le seul des Murube de Capea à montrer de la résistance. La corrida fut bien présentée, en général noble, mais faible. Le cinquième fut remplacé par un toro de Roberto Puga – Finito de Cordoba n’eut pas de chance au sorteo, écoutant le silence – Manolo Caballero se montra sérieux, recueillant deux ovations.

     12 novembre - Valencia  (Venezuela)  - ¼ de plaza : Gros succès de Victor Puerto qui ne coupe qu’une oreille, mais écoute la pétition « pour trois », après ses deux faenas face à des toros de Cruz del Hierro, de bon jeu. Présidence dure avec le diestro espagnol, mais gros succès populaire. Cerajilla, le vénézuelien et Davila Miura n’ont rien dit.
 

ORTEGA CANO REVIENT…

     13 Novembre : On entendait quelques bruits. Deux festivals brillants, une vie « à l’ombre de sa moitié », les péripéties feuilletonesques de sa belle fille…  Pobre Jose. Tout ça ne pouvait aboutir qu’à une décision, et une seule. Ortega Cano va reprendre l’épée et sera mené par l’Empresa de Séville. Mais oui, vous savez bien … Eduardito, celui qui…. Bueno ! Celui ci venait négocier une novillada pour Séville, et repartit avec un contrat d’apoderamiento, histoire d’avoir une tête de cartel pour la prochaine feria de Abril, maintenant que Curro s’est mis en retraite. Ortega Cano veut toréer une quarantaine de corridas, dans les grandes ferias. A ver lo que pasa… - De son côté, Ruiz Miguel semble parti pour prendre toute la camada de Victorino Martin, soit une douzaine de corridas, dont la plupart seraient télévisées. Dur challenge !

     De son côté, Jesulin réflêchit et fait de sages déclarations : « A 27 ans, je pense avoir des choses à dire dans le ruedo -  Je ne reviens pas pour l’argent, quoique cela motive – Je ne veux pas toréer plus de 40/50 corridas. Je voudrais entrer dans les grandes ferias, avec deux corridas chaque fois – Et puis, reste le problème de Madrid. En 18 tardes, je n’ai pu que donner un tour de piste. Je veux convaincre Las Ventas ». Hombre ! preguntaselo a Emilio Munoz ! Madrid est dure lorsque le torero arrive « autrement vêtu » que de torero. Mais si elle « se rend », alors, elle vous emmène au ciel…  

     Pendant ce temps, Miguel Abellan laisse entendre que plusieurs apoderados sont sur les rangs, pour diriger sa prochaine temporada. On murmure, « et on ne fait pas semblant », que Jose Luis Marca tiendrait la corde.   
 

« LE GRAND AMOUR… »

     14 novembre :  Aïïïeeee ! Faut voir comme ils s’aiment... En politique, on les voit. Ils se sourient, ils s’embrassent, font semblant de s’écouter. « Chut ! Sois sage, on nous regarde… ». Touchant !  Mais, quand ils sortent, ils sont « tout verts ». Dans le sport, « tres cuartos de lo mismo ! »… Tiens ! au fait, on ne parle plus de Mari Jo ! Pourtant, qu’est-ce qu’on l’aimait !
     Dans les toros, "ça flashe dur", aussi, le temps d’une valse, le temps « d’un tour de temporada ». Le dernier coup de foudre réunit Miguel Abellan, récemment divorcé des Choperas, et Jose Luis Marca, qui rongeait sa solitude, depuis un moment, après quelque fiancaille avortée. L’ex apoderado de Paco Ojeda, Finito, Cordobes, Morante, entre autres, vient d’avouer sa flamme pour le madrilène, et donc, ils s’uniront pour le pire et le meilleur, en 2001.
     Non, sérieusement, Marca a déclaré qu’il connaissait et appréciait Abellan, depuis un bon moment, et qu’ils s’étaient rapidement mis d’accord. Il est même probable que le torero avait déjà son nouvel apoderado, avant de rompre avec les précédents. On n’a même pas eu le temps d’essuyer une larme ! Pas de contrat entre les deux hommes ! tout est clair, et pour longtemps… « Trente ans et un jour », dit le torero …On parie ? Mais, pour le moment, tout le monde est heureux, alors, félicitations au nouveau couple…
     Quand à Jesulin, qu’est ce qu’ils l’aiment… Ils sont tous là, les prétendants. Même les Rois Mages (qui sont en train de préparer leur temporada) n’ont pas autant de présents à offrir. Jesulin les reçoit, les écoute, soupèse les offres. A n’en pas douter, le résultat final sera digne des « Feux de l’Amour »… C’est pour cette semaine, dit on, et l’heureux élu serait Teodoro Matilla. Felicidades !
     Deux qui ne s’aiment pas, « qui se le disent et se le prouvent », ce sont Pablo Hermoso de Mendoza et Andy Cartagena. Bien sûr, ils ont presque les mêmes appâts : Le beau, le génial, l’émouvant, le passionnant… Alors, cela ne pouvait faire que des étincelles. Et ça part de tous les côtés, là-bas, au Mexique. L’un triomphe, l’autre réplique. Le premier veut fermer les portes, l’autre ouvre toutes les fenêtres. Ca promet, pour la temporada 2001 dans le Rejoneo… A moins que… Les deux ennemis se sentent soudain une tendresse aussi folle que soudaine, dès le pied posé sur le sol maternel, et ne veuillent plus se séparer, toréant en pareja, créant la passion, remplissant les plazas, engrangeant « lo suyo », raflant toutes les mises, et laissant les autres… « cocus » ! Cosas del Amor !
      Plus raisonnable, mais plus passionnel encore, l’amour du public. Il est vrai, même s’il ne dure pas forcément longtemps. Le public se donne à celui « qui donne tout »… Les derniers « élus » sont Eugenio de Mora, qui a vraiment conquis les mexicains, et Morante de la Puebla, qui a enchanté les péruviens. Voilà qui fait plaisir à voir. Mais, pour une fois, on souhaite quelques infidélités… Le Morante risque bien, si la réussite s’y met, de conquérir d’autres cœurs, du côté de Colombie, d’Equateur, du Mexique… Et, pour une fois, personne ne s’en scandalisera. Veinard, va !

 

« IMPRESSIONS » SUR LA TEMPORADA 2000  (Suite III)

     Il y a toujours eu, dans l’Escalafon,  les figuras, qui, soient parce qu’elles ont une personnalité, un talent et  une régularité, tels qu’elles peuvent « fonctionner » tout au long de la saison, soit parce qu’elles sont portées par une « grande Maison » qui, quel que soit leur rendement, leur assurera un grand nombre de courses. C’est bien le diable si, sur ce parcours, elles ne justifient pas ce statut privilégié, sauvant ainsi le saison , et se replaçant dans les mêmes perspectives pour la prochaines saison. Puis, il y a les toreros « normaux », propres mais « sans génie », qui sont un jour arrivés très haut, allez savoir comment, et qui ont eu les portes grandes ouvertes. Seulement voilà, le courage, l’intelligence lidiadora sont une chose, le talent, la personnalité et la toreria en sont une autre. Aussi, ces bons toreros, à qui il manque cependant quelque chose, rejoindront ils rapidement le « entre deux eaux », après quelque coup de génie passager, qui leur aura valu un rang, qui n’était pas forcément le leur. Sans leur faire injure, et avec un énorme respect, on peut ranger El Tato et Davila Miura, respectivement huitième et neuvième du classement 2000, dans cette catégorie.
     RAUL GRACIA « EL TATO » – (68 corridas – 61 oreilles) :  Curieusement, « El Tato », torero puissant, « musculeux », à l’esthétique un peu « rurale », a été, durant deux ans, porté aux nues par Séville, reine du toreo en dentelle. La porte du Prince s’est ouverte pour lui, et l’aficion, grâce à « Dame Télévision », a pu vivre de grandes choses, face aux Victorino, sur l’albero de la Maestranza. Transfiguré, le Tato, triompha pleinement, et avec la manière. Du coup, la cote s’envola, et l’on attendit partout, ce « Tato-là », alliant puissance et « presqu’élégance »…
     Un sale virus lui fit perdre le fil du triomphe, il y a deux ans, et depuis, le torero est revenu au rang qui est le sien. Cette année 2000 peut encore faire illusion, au vu du classement, mais, elle est la probable porte d’entrée vers la cave, même si c’est celle où l’on garde le bon vin. 68 corridas, dont 61% dans des arènes de troisième catégorie, 61 oreilles coupées en 137 toros, (soient 61 oreilles sur 274 possibles), disent le manque de réussite de l’aragonais.
     Pourtant, il débuta bien, à Castellon, mais après, passa sans rien dire à Séville, sa plaza, et Madrid, par trois fois, laissant  échapper un bon lot de Guardiola, à la San Isidro. La temporada coula doucement, avec plus de gris que de bleu ciel, et ce n’est pas « sa » Zaragoza qui sauva le tout, malgré une bonne prestation, devant les Cebada. A n’en pas douter, c’est en France, à Mont de Marsan, que l’aragonais montra sa meilleure facette, lors de l’inoubliable corrida de Victorino Martin. Ce jour-là, il fut un grand torero, lidiador serein et courageux, muletero puissant et formidable estoqueador. A n’en pas douter, une telle actuacion, dans une feria de première importance, pouvait totalement relancer sa carrière. Ce grand souvenir laisse donc un espoir, celui de voir el Tato, convaincre à nouveau Séville ou Madrid. S’il y passe « à vide », en début 2001, il en sera malheureusement fini des premiers rangs. Telle est la loi du marché. Il est sans pitié, et les hommes d’affaires ne font qu’exploiter les goûts du public…
     EDUARDO DAVILA MIURA – (66 corridas – 55 oreilles) : Il porte un nom et un prénom qui sonnent fort. Jusque-là, on pensait que le statut dont il jouissait, leur était dû. Torero de qualité, certes, baissant beaucoup la main, bon tueur, mais « uno mas »… Cependant, le « uno mas » entrait dans les grandes ferias, et arrivait à se justifier, par-çi, par-là…On souriait, l’air entendu…Hombre, cosas de despacho ! Puis arriva la 1er mai 2000.
     Ce jour-là, la plaza de Séville sursaute devant l’horrible voltige d’Emilio Munoz. Tous, sur les gradins et devant leur télé, retiennent leur souffle. On craint l’éventration. Moins grave, heureusement. Ouf ! !  Alors, dans une ambiance « soleil et pluie », la corrida de Nunez del Cuvillo va nous donner de quoi passer les tertulias d’hiver, et la rencontre de Davila Miura avec le sixième «  Cubierto », de quoi remplir les journaux spécialisés. Grosse faena à un toro très encasté. Magnifique le torero, au beau milieu de la Maestranza,. Moment rare, estampe taurine. Ce jour-là, Davila Miura, transfiguré, toucha le ciel. Il avait déjà « été bien » à Castellon, rectifiant vite la grisaille de Valencia. Séville, « Cubierto » et la Télé, lui avaient ouvert en grand les portes du succès définitif.
     Oui mais voilà : « On est ce qu’on est » et le diestro reprit sa route, en gris souris, en demi teinte, en bon laborieux. Le sourire de Séville avait été un éclair dans un ciel de traîne. 66 corridas, sur la lancée ; 57% en plazas de troisième catégorie ; 55 oreilles en 135 toros, (soient 55 sur 270 possibles). Pas beaucoup. Certes, le nord, en particulier, salua son honnêteté (Pamplona, Vitoria, Bilbao). Certes, il eut de bonnes choses à la San Miguel, à Séville. Mais, cela semble un peu court, aux yeux des aficionados, et le diestro restera un complément de cartel dont on n’attend que peu de chose, à moins que, tout à coup,  ne revienne « le sourire du 1er mai 2000 ». On le lui souhaite…et surtout, on « nous » le souhaite !

 

HEUREUX…JESULIN PREND SON TEMPS.

     15 novembre : Ca fait plaisir à voir, un père qui tient son enfant dans ses bras. Qu’il soit pauvre comme Job, ou riche à millions, un père a probablement toujours ce sourire-là, lorsqu’il a, contre lui, son bébé… Alors, imaginez si une caméra, un appareil photo, un micro, passent par là…à ce moment-là ! Cela ne fait rien. Jesulin de Ubrique, qui a su lidier, avec succès, des centaines et des centaines de novillos et toros, « no pudo con el bicho aquel », et ne doit qu’à une cuadrilla d’avocats, sûrement plus payés qu’au tarif syndical, la joie de pouvoir enfin profiter de bons moments, en plein air, à côté de son enfant. Super, pour les deux !
     Cependant, les affaires sont les affaires, et le matador prépare son retour. On espère seulement que ce « come back », n’est pas seulement lié à la « milionada » soutirée par son ex, mais bien par les mots « Aficion » et « soy torero ! ». Pour le moment, le diestro consulte tout le monde. A voir qui lui présente le meilleur projet. A n’en pas douter, les chiffres doivent valser, et avec beaucoup de zéros… On pense que Matilla tient la corde, mais les Choperitas ont eu rendez-vous, depuis. Justo Ojeda fera t’il le poids ? Hombre !
     A suivre… Matilla tient la corde, mais, si cela se trouve, il ne lui restera qu’un bout de ficelle…

 

« LA BONNE OCCASION DE SE TAIRE »…

     15 novembre : Décidément, et comme par plaisir, Victor Puerto a le don pour casser, d’un coup, les magnifiques châteaux de cartes qu’il construit avec cape et muleta. On se rappelle de son coup de tête, en pleine San Isidro 98, du style : « Vous n’avez rien compris à ce que j’ai fait devant mon premier, alors, je me cale la montera sur la tête, et je démolis le second en trois muletazos. Allez vous faire voir… »

Ca lui a coûté deux ans de purgatoire, mais il est revenu, et tout le monde l’en félicite. Du coup, grande projection pour 2001 et, bien sûr, tournée en Amérique du Sud. Tout doit se passer « comme sur des roulettes » et, effectivement, cela commence bien. Victor Puerto va confirmer son alternative dimanche, en la plaza Mexico, devant un corrida de « Los Martinez », qui viennent de passer sans problèmes l’examen vétérinaire. Tout est donc « OK »

     Oui mais voilà : Cela risque de chauffer dur pour le torero, suite à un incident survenu , il y a quelque jours, à Valencia, au Venezuela, répercuté par le quotidien « Notitarde ». Incident qui risque de faire des vagues, car repris par la presse mexicaine, juste avant le premier paseo de Puerto a la Monumental 

                Classique : Quelques jours avant la corrida, un « représentant » du torero arrive à la plaza et découvre la corrida à toréer. Impressionné par la présence du lot, il « aurait », immédiatement, contacté le père du torero, et  « aurait » éxigé que l’on afeite les toros en arguant, que « c’était là une corrida pour Madrid, et dans ce cas, il fallait payer le double, ou alors… ». Sinon, le diestro ne venait pas. 

     Les choses s’envenimant, il y eut quelques échanges  verbaux , au cours desquels, organisateurs et aficion du Venezuela se firent traiter « d’indiens », et ça…ils n’ont pas aimé. Victor Puerto arrive donc a Mexico, dans une ambiance qui sent le souffre. Il a exactement 48 heures pour rectifier le tir… d’abord dans la presse, puis, dans la plaza. Il doit faire vite, car on risque de lui faire la vie impossible, dès le paseo. Tout cela parce que quelqu’un, le représentant, a perdu une bonne occasion de se taire…

 

DAVILA MIURA ET DIEGO ROBLES : LA RUPTURE

     15 novembre : « Lorsque les choses ne vont pas, mieux vaut couper là ». Déclarations de Diego Robles, hier, officialisant ainsi la rupture « amistosa », bien sûr, d’avec Eduardo Davila Miura.

     Classique : Le matador reproche à l’apoderado de n’avoir pas assez valorisé et monnayé son triomphe de Séville. L’apoderado, reprochera au torero, en sourdine, de n’avoir pas été à la hauteur, dans les corridas qu’il lui a signées, au cours de la saison. Et si l’on regarde le classement et les quelques « impressions » relevées hier dans cette même page, on peut se dire que… « quelque chose n’a pas fonctionné », et, à priori, ce fut le torero. Certes, on peut aussi penser que, déçu de la maigre amélioration de son statut, suite à l’apothéose sévillane, le diestro, espérant toréer « meilleur ganado » et « plus cher payé », en a conçu quelque ressentiment et n’a pas donné le meilleur de lui-même… Probablement faux.

     Diego Robles, on le sait, est un mentor exigeant, tant sur le plan physique qu’artistique. On connaît sa façon de préparer les toreros, là-bas, sur la plage de Sanlucar. On sait sa conception du Toreo, et certains n’ont pas à s’en plaindre. On se souvient du grand duo Tato-Liria, au cours de la feria de Séville 1996, qui doit être considéré, un peu, comme « le » triomphe d’un apoderado…

     Si le torero se justifie dans la plaza, l’apoderado peut se battre, peut exiger. Sinon…  Les regards en coin et les reproches  arrivent alors… Le divorce est consommé, par consentement mutuel et « en toute amitié », bien entendu.

 

TOROS ET SOLIDARITE… GROS CHALLENGE, LE 30 NOVEMBRE, A MEXICO

     15 novembre : Les toreros sont généreux. Bien sûr, il ne faut pas trop gratter sur les frais souvent présentés, après un festival « bénéfique »… Mais, outre cela, ils savent utiliser ces événements pour « asseoir » des stratégies et travailler leur image. Ca fait souvent mouche, et, au fond, c’est très bien ainsi. « Les autres n’ont qu’à faire pareil… »

     Le 30 Novembre aura lieu dans la Monumental de Mejico, un festival monstre, au bénéfice du « Téléton », mexicain. Au cartel trois diestros mexicains, et non des moindres : Eloy Cavazos, Curro Rivera et Guillermo Capetillo… et trois espagnols : Jose Ortega Cano, « El Juli » et, à cheval, Andy Cartagena.

     A n’en pas douter, une grande occasion pour les trois vedettes de vouloir « régler quelques affaires » : Une apothéose devant la Mejico pleine, peut bien lancer Ortega Cano, à la veille de son retour.  Andy Cartagena peut trouver là une grande occasion de remplacer, dans le cœur des mexicains, un navarrais du nom de Pablo Hermoso de Mendoza, « qui n’arrête pas de l’embêter… ».

     Quand au Juli, c’est pour lui, une occasion de « reconquérir » un public qui l’a porté au plus haut, mais qui lui a fait quelques misères, l’an passé. Mais là, le problème est infime, et le diestro, à n’en pas douter, n’aura guère besoin d’artifices, pour démontrer qu’il est « au top », au cours de la courte temporada programmée au Mexique : 14 Janvier : Mejico – 21 : Guadalajara – 27 : Querétaro – 3 février : San Luis Potosi – 4 : Guadalajara et 13 février : Morella.

     Festival du Teleton, le 30 Novembre, en la plaza Mejico…Le principal : « que se llene », que les toros chargent, que chacun s’amuse et que le résultat financier soit « géant » !

 

A QUI VONT-ILS FAIRE CROIRE CELA ?

     16 Novembre : « Il  n’est plus mon ami »… Au moins, c’est clair. Le « culebron » de l’hiver, à Paris, promet d’être « musclé »… Et au RPR, et chez les Verts, et à l’OM… 

     Mais pourquoi donc faut-il que les toreros et leurs apoderados  se quittent toujours « en toute amitié » ? S’ils se séparent, c’est que chacun à quelque chose à reprocher à l’autre. « Pas assez de contrats », dit le torero qui sue sang et eau, à la limite de la cassure de son talent et de son courage. « Pas assez payé ! avec tous les efforts que je fais »… et puis « Où a t’il été chercher ces toros-là ? Et le veedor, qu’est ce qu’il maquille ? Non mais tu as vu les cornes ?  Astifinisimas ! » …

     De l’autre côté du burladero, mâchonnant son cigare ou son chewing gum (cela dépend des générations), l’apoderado fait semblant d’être calme « Mais laisse donc cette jambe, avance la muleta, tu n’y arrives donc plus ? Que veux tu que je négocie ? Je t’ai fait Madrid, trois fois, Séville, à un bonne date. J’ai pu te faire entrer en France… pero « ni fu, ni fa ». Et maintenant, que fait on ? Moi, je n’ai pas que ça à faire.. j’ai découvert un petit jeune « qui est une bombe », qui avance loin la muleta et qui charge la suerte, et avec l’épée, je ne te dis pas… Tiens, un peu comme toi, il y a deux ans »…

     Alors arrivent les regards en coin, les repas en silence, au fond de la salle de restaurant. L’apoderado, « qui était toujours là », passe de plus en plus de temps dans sa chambre, pendant que le torero s’enivre des derniers abrazos, dans le hall de l’hôtel. Le ressort est cassé. La fatigue s’installe. La peur, aussi, peut être. Peur du prochain toro, peur du lendemain…Et puis un jour, il y a réunion. On prend son courage à deux mains, comme dans les vieux couples, et on décide d’arrêter là. Des fois, il y a des cris, mais en général, pas forcément sûr qu’on a fait le maximum, on se sépare « por las buenas », et le communiqué de presse fera part de la rupture « en toute amitié ». Peut-être faut il reposer la question, quelques mois plus tard…

    Avant hier, Miguel Abellan ! Hier, Eduardo Davila Miura ! Aujourd’hui, c’est Jose Antonio Canales Rivera, qui rompt « en toute amitié » avec Javier Martinez Chopera. La saison n’a pas été bonne. A qui la faute ? Non, non ! Posez leur la question dans trois mois, quand le torero aura trouvé un nouveau mentor, et l’apoderado, une nouvelle « bombe ».  Pour le moment…« Il est toujours mon ami ! »…
 

« DE CI …PAR LA… »

     18 Novembre : la Terre ne cesse de tourner. Chaque jour un peu plus, les USA  et leur pseudo démocratie sombre dans le ridicule, comptant et recomptant les « boletos de leur triste Sorteo » … Un Président « à pile ou face »… En France, on range peu à peu les fleurets mouchetés, et l’on prépare l’artillerie lourde. Dans quelques temps, les accrochages, au plus haut niveau, feront couler beaucoup d’encre, et l’expression reine, d’exaspération ou d’admiration, sera : « la Vache ! » .

La planète « Toros », elle aussi, poursuit sa route, faite de petites choses qui font sourire ou dresser le sourcil. Déjà, toreros et empresas fourbissent leurs armes pour la prochaine temporada et, de temps en temps, tombe une nouvelle qui étonne ou indigne, rendant à cette douce torpeur hivernale,  tout le sérieux  de ce monde à part, où  qu’on le veuille ou non, des hommes jouent leur vie.

                - Jose Ortega Cano a composé sa cuadrilla. On pourra la voir « sous deux angles ». Les premières courses définiront le qualificatif exact à appliquer à cette équipe : Avec admiration, on dira, « de grands professionnels, d’expérience ! »… Avec un sourire en coin, on dira « la Cuadrilla de l’Age d’or ». Le vétéran maestro  a choisi pour l’appuyer : Curro Cruz  et José  Castilla, qu’accompagnera le jeune Jose Maria Tejero. Les picadors seront le vétéran Aurelio Garcia, et Pedro Genil. Le mozo de espada sera « celui de toujours »… Victorino Pena.  Salut les anciens, et …bonne route !

                - Beaucoup plus sérieux et un peu révoltant : Le tribunal suprême d’Andalousie vient, en appel, de condamner Cesar Rincon à cinq millions de pesetas, pour être tombé du cartel de sa corrida de présentation à Séville, le 4 octobre 1991, quelques heures avant le paseo, sous prétexte que l’on avait changé les toros, après une formidable valse des chiqueros. Espartaco avait fait de même, et cette fameuse « corrida de la Expo 92 » avait été annulée. Cela avait fait grand bruit, et de ce fait, Séville avait toujours « gardé une dent » contre le Colombien. Un première condamnation était tombée. Appel avait été interjeté, et la sanction vient de tomber, 9 ans plus tard , (malgré qu’il soit reconnu, pâle consolation, que le diestro voulait arranger les choses et toréer). Cinq millions de pesetas… une paille ! A n’en pas douter, un coup au moral  pour Cesar, qui n’avait pas besoin de ça, même s’il supporte un peu mieux son traitement. Pas loin, Joselito, Jose Tomas et Abellan sourient béatement…La même histoire leur est arrivée, cette année, à Guadaljara… et, protégés par le règlement actuel, ils courent encore ! Les temps changent.

                - L’empresa de Valencia,  el senor Espinosa, a déjà pris son bâton de pèlerin et prépare ses prochaines Fallas. Il y aura sept corridas, deux novilladas et une de rejones.  D’ores et déjà, on peut dire qu’il y aura une corrida du Capea et  une du Puerto San Lorenzo. Pour le reste, on peut supposer que Cuadri et Alcurrucen, pour diverses raisons, sont incontournables. Victorino Martin aura t il une corrida pour mars ? Sûr ! Son zambombazo  de Juillet lui ouvre toutes grandes, les portes des Fallas. Ortega Cano voudrait toréer, et placer une de ses trois corridas de Guardiola, pour effacer le souvenir de sa dernière « triste » novillada, dans le plaza de la Calle de Jativa.  

 

AMERICA… CEST AU VENEZUELA QUE CELA SE PASSE     

18 novembre : Il a le teint cuivré des indiens de là-bas. Il est matador de toros… On l’appelle  « Nelo ». Il est  la gentillesse même. Morenito de Maracay fête, ce week-end, ses 22 ans d’alternative. Il le fera, dans « sa » Maestranza Cesar Giron, en deux étapes.  Ce jour, en corrida formelle, Morenito donnera l’alternative à son compatriote Edgar Pena. Le témoin sera Rivera Ordonez. Les toros, de La Cruz de Hierro, portent des noms curieux : « Triste nuit », « Fleur de lune », « Vent de la Mer », « Cri guerrier », « Souviens toi toujours de moi » et « Larme noire », qui remplace « Rêve de moi », pour qui ce fut un cauchemar, puisqu’il fut tué, dans les corrales, par un supposé « copain ». La corrida fait 472 Kgs de moyenne (Le plus lourd fait 533Kgs, et le plus « light », 425, tout mouillé)

La fête se poursuivra demain dimanche, avec un festival hommage au Morenito, où interviendront, aux côtés de Nelo, Antonete, Ortega Cano, le novillero « El Pino » et les cavaliers Javier et Jose Luis Rodriguez. Les toros seront de Tarapio.

A signaler de même, pour ce week end,  le retour aux ruedos de deux diestros malmenés cette année par les toros : Vicente Barrera, pris en avril en plaza de Mora de Toledo, et qui, « le bras en l’air », a passé toute le saison « en blanc ». Dur retour en perspective, pour le Valenciano, qui reprend l’épée, ce jour, en plaza de Maracaibo, face à des toros d’Hugo Molina. De son côté, Manuel Diaz « El Cordobes », en fera de même, en plaza de Valencia (Venezuela) avec de toros del Capiro. Le blond torero est arrêté, on le sait, depuis le 14 août, surpris, en plaza de Dax, par un toro de Marquis de Domecq. Cette saison 2000, aura vu  le Cordobes accumuler les cogidas, cornadas et lésions. Une année « gafe ! », à oublier bien vite.

 

WEEK END AMERICAIN…

     « Ils » ont gaaagné, ils ont gaaagné ! ! » Bon ! Cela a été juste, mais la botte secrète de Lamaison a sauvé la France, encore une fois. Alors ! Champagne, et oublions nos idées noires. La All Blacks restent des géants, mais qui ont plutôt tourné au « gris foncé », semble t’il ! La roue tourne, même en rugby.

     « Il »a gaaagné, il a gaaagné ! ! » Oui ? Non ? Quand ? Le saura t’on un jour ? Les USA n’arrêtent pas de se perdre dans leur comptes. C’est ça le progrès. Tout se fait tellement automatiquement, làbas qu’ils ne savent plus comment faire une addition. Allons, allons, ne rions pas trop…Vous savez, vous, faire une division « avec deux chiffres derrière la virgule », sans calculette ? Lointains souvenirs… Sergent Major, au secours !

     Les toros sortent toujours,  eux , avec quatre pattes, une paire de cornes et des idées noires. Pas de surprises ! Et ce week end, bien entendu, centre tout notre attention sur trois pays taurins, de l’autre côté du Charco : Méxique, Venezuela et Pérou.

     Au Mexique, on fête le 90ème anniversaire de « la Révolution ». Va y avoir du pétard et de la viande saoûle ! L’actualité se centrera sur la Monumental de Mexico, avec ce dimanche, la confirmation d’alternative de Victor Puerto et, lundi, la présence au cartel du Tato, et surtout, la deuxième sortie de Andy Cartagena, dont on sait le duel, à distance, avec Pablo Hermoso de Mendoza. Nouvelle manche disputée cette semaine, sur le tapis vert, le Navarrais étant exclu des cartels de Queretaro, pour avoir mis trop de pression, visant à exclure Cartagena de la feria. Triste feuilleton que l’aficion suit cependant avec passion, et qui aura des conséquences sur la prochaine saison de rejoneo, en Espagne. Mais, laissons plutôt le toro mettre chacun à sa place :

     18 Novembre – Juriquilla  (Mexique) : La plaza était pleine, cinq jours avant la course. Pablo Hermoso de Mendoza aura fait suer ses montures pour arracher une oreille au toro sobrero, de Santiago, qu’il dut offrir. Oreille, malgré plusieurs descabellos. Les chevaux ont brillé et tous, « Cagancho », « Chicuelo », « Quechua », Albaicin », « Viti et « Borba »  sont en grande forme. Le reste de la corrida a vu Oscar San Roman et Ignacio Garibay, couper chacun une oreille à une mansada de Ordaz.

     Dans cette même plaza, ce dimanche, deuxième corrida avec un cartelazo : Aloy Cavazos, Zotoluco et Morante de la Puebla, face à un lot de Barralva. Pablo Hermoso sera du côté de Puebla, et lundi 20, le jeune salmantino Domingo Lopez Chaves fera le paseo à Jiquilpan. 

     18 Novembre – Tlaxcala (Mexique) - Lleno : Eloy Cavazos a concédé la 52ème alternative de sa carrière, au local Jose Luis Angelino, face à des petits toros de Arturo Huerta. Le nouveau matador a un peu cafouillé au toro de la cérémonie, mais a coupé tous les trophées du dernier. Olé ! Cavazos, a mis le feu, au quatrième, passant tout son répertoire pueblerino et tuant bas. Dos orejas y rabo ! Quand au témoin, Jose Daniel Ayala, il fut volontaire avec un lot adverse et ne put que donner une vuelta. Pobre !

     18 novembre – Maracaibo (Venezuela) - 2ème de la « Feria de la Chinita » – lleno (14500) : Beaucoup de vent, qui a gêné les lidiadores. Toros de El Prado, justes en tout. Caballero monte une grande faena au quatrième, coupant deux oreilles, avec pétition de rabo. Leonardo Benitez s’accroche, mais ne peut couper. Cependant, l’intérêt de la course reposait sur la réapparition de Vicente Barrera, 6 mois après sa lésion de Mora de Toledo. Il a été bien, coupant une oreille à son premier, et toréant a gusto, dans son style, malgré le vent. Maintenant, « à récupérer le temps et le rang perdus ! »

     18 novembre – Maracay (Venezuela) –  lleno : Corrida anniversaire de l’alternative de Morenito de Maracay. Les toros de Cruz de Hierro n’ont pas donné tout le jeu souhaité. Morenito a été fêté toute la tarde, coupant une oreille au quatième. Rivera Ordonez a conquis les venezuelien(e)s… Une oreille. Quant au jeune Edgar Pena, qui prenait l’alternative, ce fut pour lui « cal y arena » : Vuelta au toro de la cérémonie, et … 3 avis au sixième. Une petite révision s’impose.

     18 novembre – Guayaquil (Equateur) : Débuts de Manolo Martin, à la tête de l’Empresa. Le catalan part bien puique, malgré un tiers de plaza, la corrida a connu grand succès avec l’indulto d’un toro de « Piedras Negras », qui portait le nom de Salmoncito » -520  Kgs. Il fut lidié en troisième lieu et Antonio Campana lui coupa , symboliquement, tous les trophées. Ricardo Ortiz coupa une oreille, tout comme le cavalier Borja Baena. Cela se passa moins bien pour le salmantino Andres Sanchez, mal remis de sa cornada d’il y a une semaine, et boitant bas.

      Ce dimanche 19 novembre à Lima (Pérou) : Septième de feria – 4ème corrida : Toros espagnols de Arauz de Robles, arrivés bien tard, pour : Finito de Cordoba, El califa et Miguel Abellan. Une terna qui va mettre la pression pour triompher et disputer le scapulaire à Morante qui tient la tête, au classement général .

     Autre point fort, ce jour, la confirmation d’alternative de Victor Puerto, en, plaza de Mejico, face à des toros de « Los Martinez », qui remplacent les « Cardenilla », (refusés pour cause de « politicaille taurine »). Le parrain sera Mariano Ramos, et le témoin, Rafael Ortega. A tous les coups, il va se passer quelque chose, et Victor Puerto peut « impacter » Mexico ! A ver lo que pasa !
 

ELLE TOURNE, TOURNE, LA PLANETE TAURINE…

     20 novembre :  Le monde peut se battre ou s’endormir tout autour, la planète taurine n’arrête pas de tourner, faite de gloire et parfois d’ombre, d’or et souvent de « gris-noir », d’abrazos et de coups de jarnac. Le bluff y est souvent de mise, et l’on aime à s’y regarder « d’un air entendu ». Cependant, quand sort le toro, tous attentifs, et tous au quite. C’est peut-être la différence d’avec « l’autre monde » où l’on manie la puntilla et le descabello, beaucoup plus sûrement que dans les plazas de première.

     Pour revenir à ce dimanche 19 novembre, c’est Jesulin de Ubrique qui tient la une. Enfin, il a désigné un apoderado et, surprise, c’est un indépendant qui décroche la timbale :Pepe Luis Segura, déjà mentor de Padilla, et en route, de même, pour gérer le retour de Ruiz Miguel. On a même murmuré qu’il allait apodérer Jose Tomas. Mais tout à été démenti , et Tomas semble vouloir rester dans l’équipe Martin Arranz, maintenant sa position, vis à vis de la Télévision.

     Pour en revenir à Jesulin, son choix est une surprise, car, après maintes réunions le torero d’Ubrique a éludé des propositions très flatteuses, dont celle d’une grande chaîne de télévision. (« Cela commence à bien faire ». La Télévision prend une part de plus en plus prépondérante dans le monde taurin et « va falloir réagir ! ») - Joselito et Jose Tomas auraient ils donc raison ? Toujours est il que Pepe Luis Segura va prendre un peu plus de force s’il arrive à bien placer son torero dans les premières ferias, et…si le torero triomphe pleinement. A suivre avec le plus grand intérêt, car, loin des grands consortiums qui lui auraient garanti « tant de corridas », quoiqu’il fasse, Jesulin va jouer le « challenge », avec, bien entendu, quelques bonne cartes maîtresses dans la manche. Mais, sort le toro , et alors…
 

AMERICA : LE DIMANCHE DANS LES RUEDOS

Le dimanche 19 novembre aura été marqué par plusieurs noms : Victor Puerto qui confirme à la Mejico ; Morante qui triomphe en province; Finito de Cordoba, auteur d’un faenon à Lima ; Mari Paz Vega, en apothéose au Venezuela, et Antonete qui, grippé, s’est fait salement bousculer, à Maracay . « Aficion tremenda » que la sienne, mais, vraiment, il faudrait penser, maintenant à raccrocher, avant que n’arrive un gros problème. Cela dit avec tout le respect et l’admiration que l’on doit à un grand maestro.

                19 Novembre – Plaza Mejico – 10 000 personnes environ : Echec d’assistance pour cette 4ème corrida de la temporada, en la capitale mexicaine. La corrida de Los Martinez est sortie bien présentée, toréable en général, sauf le lot de Puerto. Le deuxième « Jaime », fut un grand toro, auquel Mariano Ramos monta une belle faena, hélas gâchée par quatre pinchazos. Le vétéran (29 ans d’alternative – bonne temporada européenne en 1974) donna une grande vuelta. Rafael Ortega ne put faire grand chose face au troisième, mais coupa une oreile du cinq, « Juanelo », devant lequel il mit toute le pression, dès les banderilles. Quand à Victor Puerto, il confirma son alternative devant un manso nommé « Jacinto », et se montra brillant, décidé et imaginatif devant le sixième. On l’applaudit fort, par deux fois, et l’on retiendra une trouvaille à surveiller : un nouveau quite, alliant « cape dans le dos » et serpentinas. Juli n’a qu’à bien se tenir !

19 novembre – Juriquilla (Mexique) : Triomphe du Morante de la Puebla, qui coupe deux oreilles, tandis que Zotoluco obtient un trophée, et que Cavazos erre, dans un jour « sans » .

19 novembre – Lima  (Pérou) – Media plaza : La 4ème corrida de la feria de Lima s’est déroulée dans un climat politique lourd, fait d’incrédulité et d’attente. Le Président Fujimori, démissionne, depuis le Japon. On dit qu’il a demandé un passeport Japonais, espérant ainsi échapper à quelque problème judiciaire. La nation est actuellement « un bateau sans gouvernail », et la réaction du public a été de chanter l’hymne national au début de la corrida. Les 5 toros de Javier Arauz de Robles sont sortis petits et sans grande caste. Il a fallu un grand  toro de Rafael Puga, sorti bien présenté et brave, pour que Finito montre aux péruviens quel torerazo il est. Grosse faena et deux oreilles pour le cordouan – Califa et Abellan se sont bien battus, coupant une oreille à leur premier adversaire.

19 Novembre – Maracaibo (Venezuela) – Dernière de la Feria de la Chinita : Apothéose pour une torera. Mari Paz Vega coupe quatre oreilles et remporte le « Rosario de Oro », de la Chinita. Monterazo, senorita torera ! Les toros de Hugo Domingo Molina ont donné grand jeu, mais la torera s’est montée à la hauteur, notamment avec la main gauche – El Marabino et l’espagnol Antonio Barrera obtinrent les deux oreilles de leur premier, mais le public sortit de la plaza avec un seul nom sur les lèvres : Mari Paz Vega..

19 Novembre – Maracay (Venezuela) – Plaza « Maestranza Cesar Giron » - Un tiers de plaza seulement, pour le festival hommage au Morenito de Maracay. Toritos de Rancho Grande y Tarapio, qui ont permis à Ortega Cano et Morenito de couper  deux oreilles, tandis que les cavaliers Javier Rodriguez  et Favio Grisolia couraient des fortunes diverses. La vedette de ce festival, hélas, fut Antonete. Hélas, parce que le vétéran connut de gros problèmes qui firent craindre pour lui. Arrivé, fortement grippé, Antonete dut recevoir une grosse bouffée d’oxygène, à l’infirmerie, avant le paseo. Son toro ne lui permit que deux grandes véroniques avant de s’arrêter complètement. Dans un moment de distraction, avant de cadrer le bicho, le torero se fit surprendre, recevant une vilaine voltereta. On le porta à l’infirmerie, manquant d’air, et se plaignant de la hanche. On connaît la fragilité d’Antonete, sur le plan osseux, son histoire professionnelle étant semée de fractures et lésions innombrables. Maestro ! por favor …!

19 Novembre – Valencia (Venezuela)  Mansada totale du  Capiro. Toros colombiens, petits, vilains et avec des idées noires. Le premier se cassa le patte en sortant du cheval. Malchance pour le local Jose Antonio Valencia qui n’entendit que le silence et quelques bravos au sobrero qu’il offrit – El Cordobes réapparut, et fit ce qu’il pouvait pour animer la corrida. Il donna vuelta au cinquième – Quant à Sebastien Castella, l’histoire retiendra qu’il fit sa présentation dans le nouveau monde, avec un toro appelé « Comanche » et qu’il entendit une ovation au sixième. Nada Mas ! 

 

ET MAINTENANT … LA PORTESINA !

     21 novembre : On pourrait penser qu’en Tauromachie, tout a été inventé, et qu’aujourd’hui, le moindre novillero torée mieux que les maestros d’antan. Pourtant, chaque année, il y a du nouveau. Parfois arrive un phénomène, un nouveau torero, qui surprend, qui captive : l’an 2000  vit avec le Juli.. Parfois, il arrive aussi que là-bas, aux fins fonds du campo, un torero s’essaie à de nouvelles suertes, à coup d’imagination de vista…et de volteretas. Un nouvel enchaînement, avec la muleta, un nouveau quite, avec le capote. Il y eut la chicuelina de Chicuelo, la gallosina de Galloso, reprise par Joselito ; il y a, plus près de nous, la lopesina, avec pour géniteur El Juli.

     Voilà qu’arrive sur le marché la « Portesina », quite avec lequel Victor Puerto a levé le public, dimanche, à la Monumental de Mexico. Cité cape dans le dos, ce quite de son invention enchaîne, semble t’il , gaonera, serpentina, avec un remate spectaculaire, le torero s’enroulant dans sa cape, au passage du bicho. A suivre donc, cette dernière trouvaille, que les toreros aiment à essayer aux amériques, histoire de roder les mécanismes, avant de les placer au cours d’une grosse feria, en Espagne ou en France. On se rappelle du fameux quite d’Ortega Cano, qu’il révéla en Colombie… et que l’on ne vit que très peu, plus tard. A n’en pas douter, Victor Puerto, qui sait allier technique, temple, parfois profondeur, mais toujours spectaculaire, ne manquera pas de diffuser généreusement sa trouvaille, dans les ruedos du 2001.

     C’est ainsi que l’Histoire avance. Chacun veut marquer son passage, chacun veut « sa page au Cossio », et c’est très bien ainsi.

 

LE « DIA DE LA REVOLUCION »… SOUS LA DOUCHE…

     Le Mexique a vécu hier son anniversaire de la Révolution ! On imagine aisément les gens en blanc, les clochers des églises sonnant à toute volée, sous un soleil de plomb. Fiestas, Mariachis, et toute le panoplie, bien arrosée de tequila…ou de coca cola ! Viva Mejico, Viva la revolucion ! Ayyy, que calor !

     Et bien, non ! Il est tombé hier à Mexico city assez d’eau pour rendre jaloux le pays Basque, qui n’était d’ailleurs pas mieux loti. La corrida de ce 20 novembre fut suspendue pendant une heure, après le quatrième toro

De ce fait, Andy Cartagena ne put lidier son deuxième adversaire. Dommage, car, à part deux quiebros super, le jeune cavalier n’avait pas totalement convaincu, devant un premier toro de Villar de Aguila, qui était allé « a mas ».

     En lidia normale, le ganado de San Lucas n’a pas valu triplette, manquant de présence, de force et de caste.  El Tato toréa sous la douche, devant les quelques 500 personnes restées, stoïques, dans le tendido. Le septième toro lui permit une faena solide, bien conclue à l’épée, et l’aragonais coupa une juste oreille. Mission accomplie - Chez les nationaux, Mario del Olmo revenait à la monumental, après deux grosses blessures. Son lot ne lui permit que quelques détails - L’autre triomphateur de la soirée fut Alfredo Gutierrez, qui obtint un trophée dit-on généreux, surtout pour l’estocade au dernier toro du triste jour. Les 10000 spectateurs sont rentrés chez eux, trempés et transis. Bon prétexte pour un double « tequila-grog » ! Y viva la Revolucion ! Hips ! !

 

LES SOUVENIRS DU « TOREO DE TOUJOURS »…

     Le passage du Morante à Juriquilla a laissé, dans la presse mexicaine, une large emprunte. La corrida coulait lentement dans l’ennui, les toros de Barralva ne donnant pas le jeu attendu. Sortit alors le sixième « Chuchupeto », qui permit au Morante d’ouvrir, tant au capote qu’à la muleta, le flacon aux parfums rares. L’ombre de la Giralda se pencha soudain sur ce pueblo du Mexique, et tous se mirent à danser la Sevillana.  Grosse faena du Morante, qui est en train de se reconstruire et dont la cible probable est … Cuajar un toro, « en la Mejico. ». A suivre.

     L’autre grand souvenir du Week end est le faenon de Finito de Cordoba, en plaza de Lima, face à un magnifique burraco de Roberto Puga, appelé « Bodeguero ». Le toro est sorti sin fijeza, mais peu à peu, se livra à la muleta du Finito. Débutée en puissance, la faena s’en fut vers « les chemins de la tendresse », le cordouan se relâchant, s’abandonnant dans de longues naturelles, de soie. Estoconazo définitif, que tout le monde poussa avec le torero, et deux oreilles «a ley ». Finito de Cordoba sortit à hombros, remporta le « trophée de la presse », et se trouve en bonne position pour obtenir le scapulaire d’or, que lui dispute, pour le moment, Morante de la Puebla.

     A noter le geste du Finito qui, en hommage à l’Aficion Limena, a fait don du costume porté ce jour, au Musée Taurin de Acho. Ce costume aubergine et or, l’a vu triompher à Séville et à Barcelone, le jour où le cordouan « indulta » le toro Zafiro, de Torrealta. Bonito el gesto ! Enhorabuena !

 

« CICATRICES DE LA VIE »… PEDRIN BENJUMEA S’EST SUICIDE.

     Mardi 21 novembre, sur le coup de 10h15, un garde forestier à découvert le corps d’un homme, pendu à la poutrelle métallique d’une bicoque abandonnée, non loin du circuit automobile du Jarama, à la sortie de Madrid, direction Burgos. L’homme y était arrivé dans sa voiture, l’avait fermée à clef, et était parti vers son destin.. Il n’y avait aucun trace de violence.

     Triste relation d’un tragique fait divers qui traduit mal  la souffrance, la solitude, la désespérance, mais à la fois le courage, face à sa propre mort que l’on construit, seconde après seconde, à partir du moment où « la » décision a été prise.

     Cela aurait pu rester un tragique fait divers, oublié après quatre lignes dans les journaux. Mais quand le disparu est un torero connu,  on s’arrête, on se surprend et on se souvient.

     Hier, 21 novembre 2000 , le matador de toros Pedrin Benjumea a mis fin à ces jours. Il allait faire 55 ans, il était marié, avait quatre enfants, dont le dernier veut être torero. Il était apprécié de ses amis, ne semblait pas avoir de difficultés particulières, vivant à Alcobendas et possédant une grande finca d’orangers, près de Séville. En septembre, nous avions relaté la cogida dont il avait été victime, dans une becerrada, le 18, à Casarrubio del Monte. La lésion cervicale l’avait secoué, et il avait du mal, semble t’il, à s’en remettre, tant physiquement que moralement.

     Cicatrices de la vie… Pedrin Benjumea avait été un véritable cyclone, en 1967. Monté très haut, il ne put se maintenir, et les toros se chargèrent de lui faire très mal. Les hommes ne le manquèrent pas, eux non plus, ce qui lui valut de faire un autre acte désespéré, le diestro sautant d’espontanéo à un toro de Palomo Linares, le 26 avril 1974, en pleine feria de Séville. Il avait été arrêté, et son carnet professionnel lui avait été retiré pendant deux ans. La suite était faite de quelques tentatives de réapparition avortées, et sa dernière course avait eu lieu, sans succès, le 31 Août 1993, à San Sebastian de los Reyes, sa plaza.

     Pedrin Benjumea était né le 29 novembre 1945 à Herrerias, près de Séville, mais sa famille était immédiatement partie vers Palma del Rio, où son père était le mayoral de Moreno de la Cova. Toute l’enfance parmi le toros, et, bien sûr…

     Le jeune porta son premier costume de lumières, le 11 juin 64, à Arevalo (Avila). Après seulement quelques non piquées, il se présenta, avec picadores, le 23 Août 1964, à San Sebastian de Los Reyes. Sa carrière de novillero fut impressionnante, le jeune coupant trois oreilles, pour sa présentation à Las Ventas, le 12 septembre 1964. Un météore, le deuxième cyclone de Palma del Rio. Allant de triomphe en triomphe, recevant les toros, à genoux au centre de la plaza, le montera posée sur les talons, toréant ultra serré, stoïque, Benjumea était « un trémendiste classique » qui pouvait faire hurler d’admiration et de peur, ou ennuyer un peu, lorsque cela ne voulait pas sourire. Il était aussi un énorme estoqueador.

     Il reçut l’alternative le 27 février 1967, en plaza de Castellon de la Plana, où Julio Aparicio  lui céda le toro « Saleroso », du Duque de Pinohermoso, en présence de Palomo Linares. Engagé deux fois aux Fallas de Valencia, il fait tout exploser, coupant six oreilles et deux queues à des Branco Nuncio et des Pinohermoso. Il triomphe partout, mais prend aussi de solides raclées, comme à Tolède, Arles, entre autres. La confirmation d’alternative a lieu le 19 mai 1967. Julio Aparicio est toujours le parrain, et El Viti le témoin, face à des Baltasar Iban retors. Cette San Isidro sera pour lui un échec. 1967 le verra se produire dans toutes les ferias, avec des fortunes diverses, Valencia restant sa plaza. Le Sud ouest français ne le verra que « peu brillant » : une oreille, à Dax, en trois corridas. En Amérique du Sud, Lima le fêtera, et Cali le verra triompher au prix d’une grave blessure.

     Très vite, l’étoile va pâlir, les cornadas n’arrangeant pas les choses. Une terrible voltige, à Madrid, le 17 mai 1970, par un toro de Cuadri lui fera très mal (Voir la rubrique « Les toros, il y a  30 ans » - San Isidro 1970), et Benjumea  disparaîtra peu à peu des chroniques, jusqu’à son « coup de blues » de Séville, en 1974, sautant dans la Maestranza, en civil, avec une muleta armée d’un parapluie.

     Cicatrices de la Vie…Le visage buriné, la joue droite traversée d’une profonde balafre, Benjumea avait « une gueule », comme on dit. En 1967, le  cinéaste Pedro Lazaga  avait fait un film dont il était la vedette. Le titre…peut-être prémonitoire : « Cicatrices »…

     Qu’il rencontre la Paix, le torero oublié !

Quelques dates de Pedrin Benjumea, matador de toros, en France :

27 Mars 1967 : Présentation en France, en plaza d’Arles. Deux oreilles à des Pinohermoso, et une cornada.

Et dans le Sud-Ouest :

23 Juillet 1967 : Mont de Marsan – Toros de Bohorquez, aux côtés de Antonete et Angel Teruel – (Il sera sifflé)

6 Août 1967 : Bayonne – Toros du Marquis de Domecq, avec Fuentes et Paquirri – (nouvel échec)

22 Août 1967 : Dax – Toros de Galache, en compagnie de Puerta et Bejarano – (une oreille à son premier)
 

« EL FUNDI » SE SEPARE…

     21 Novembre: Pas content le Fundi, qui prend un coup de rogne et se sépare de son apoderado, Jose Felix Gonzalez. Jose Pedro Prados, dont on sait les qualités toreras… et le caractère, ne semble pas satisfait de la gestion de sa carrière par Jose Felix Gonzalez. Celui-ci, empresa de plusieurs plazas, apoderado de David Luguillano et, il y a peu, d’El Renco, ne lui consacre ni le temps ni l’attention désirés. En conséquence, on se serre la main, amicalement, (en principe), et ...tchao !

     Lendemains difficiles à prévoir pour le Fundi qui est déjà « sur la route », depuis longtemps, et n’a pu rester en haut de l’affiche, même au niveau des corridas dures. Par ailleurs, ses relations « musclées », avec le public de Madrid n’ont pas arrangé les choses. A suivre. Suerte !

 

LES PETITES « BATAILLES » DU MONDE TAURIN…

     23 Novembre :  Tout n’est pas qu’or et argent, on le sait. Tandis que les USA se crèvent les yeux à vérifier leurs bulletins de vote; tandis que la France découvre les envolées lyriques d’un candidat (battant …et battu !) aux futures présidentielles ; tandis qu’on négocie la paix de millions de gens à coups de bombes et de roquettes, le monde taurin résonne de ces quelques batailles qui y font, parfois, beaucoup de bruit, mais ne tue jamais personne. Aussi, pour violent et assassin que certains le disent, il est beaucoup plus digne et propre que certains couloirs  de républiques à la démocratie « musclée ».

     En voilà une bien bonne !Voilà que l’empresario de Séville se fait, là en-bas, quelques solides inimitiés, et va se voir défendu par des salmantinos… La meilleure de l’année ! Pauvre Eduardito… Il a le chic pour ramer à contre courant. De continuer ainsi, il a intérêt à négocier la triple retransmission télévisée du moindre de ses spectacles, afin que les droits Télé compensent le maigres entrées à prévoir.

     Il ne s’est pas fait des copains, avec l’histoire de festival de Andex (qui, soit dit en passant, a rapporté 22 millions de pesetas  aux enfants malades… Et vous, Don Eduardito…que leur avez vous apporté ?).

     Voilà maintenant qu’il va se mettre « à dos » tout le clan Domecq, parce qu’il a eu l’audace  « d’ouvrir » la future feria d’avril, et d’y faire entrer plusieurs ganaderias du Campo Charro. Ce qui, reconnaissons le, est tout à son honneur. Mais là , il y a un « hic »… Traditionnellement, depuis des lustres, la feria de Séville était pratiquement construite « que » sur la base des encastes Domecq, purs ou dérivés. Alors, sacrilège ! Hors d’ici , les « étrangers du dehors » !

     La grande et surpuissante famille jerezana tient les Maestrantes  dans sa main, et fait, dit-on, feu de tout bois pour empêcher les intrus, les infidèles du nord, d’entrer dans « son » bastion Sévillan. Du coup, les Salmantinos se déchaînent à leur tour, et, forts des résultats de leurs ganaderias « porte fanion 2000 », apportent à grand cris, tout leur soutien à Eduardito Canorea…Le monde à l’envers…Pauvre Diodoro Padre, il doit faire des bonds dans sa tombe… « ezo no pue seee ! ». Petites batailles qui, en fait, fera couler beaucoup d’encre, et dessinera quelque sourire aux yeux des aficionados. Muy bueno !

     Cela dit, si les cartels sont bas, à cause d’absence de quelque figure (Curro, pour la raison que l’on sait ;  Morante pour quelques probables difficultés à l’heure des négociations, Jose Tomas et Joselito, qui semblent continuer ensemble et ne peuvent perdre la face en changeant leur position vis à vis de la Télévision ;  Ajoutons à cela l’absence des sympatisants de ANDEX, la moindre participation des aficionados français qui, une fois pour toutes, sont plus toreristas que toristas, ça fait beaucoup de monde en moins. Et c’est pas la famille désunie d’Ortega Cano qui va « faire volume » !… Si, de plus, la famille Domecq, avec tous ses sujets et vassaux, décident de bouder… on va être « à l’aise », en avril, sur les gradins de la Maestranza. On y trouvera plus de place libre qu’à un concert d’I Muvrini !

Petites batailles. Elle font beaucoup de bruit, mais ne tuent jamais personne. Et c’est très bien ainsi !

 

AU VENEZUELA, CEST « REGLEMENT, REGLEMENT ! »

     23 Novembre : Bon anniversaire, Monsieur Nelo !  23 ans d’alternative, ça se trinque ! Mais, ce n’est pas une raison pour mettre le public « contre » la commission taurine de Maracay, au cours de la corrida de Samedi. Du coup… 360 000 bolivares d’amende. Bonne anniversaire Morenito de Maracay ! En passant, les autorités ont aussi fait « la fête », à plusieurs subalternes : à tel picador, pour avoir piqué après la sonnerie ; à plusieurs banderilleros, dont Curro Cruz, pour avoir lourdement incité le public à réclamer le rabo, à la fin de la faena de son maestro Ortega Cano. 40 000 pesos, pour « la ramener », et même pas un ragoût, à la fin…De quoi devenir fou… Au fait, le rabo de toro…on peut ?

 

TORERO, MEME EN HIVER…

     24 novembre : Ils allaient, dans le temps, impeccablement vêtus, marchant d’un pas fier, le regard haut, comme pour un paseo. « Regardez, c’est un torero ! », disait-on sur leur passage. Le regard des femmes s’allumait, les hommes crevaient de jalousie. Les enfants voletaient autour de la silhouette qui s’estompait au bout de la rue. « Regardez, c’est un torero ! »

     Les temps changent. Aujourd’hui, hirsute, « barbu de six jours », vêtu d’un méchant blue jean, le maestro passe, faisant presque attention à passer inaperçu… « Regardez, c’est untel, le torero ! » - « Aaah bon ? Tiens, je le croyais plus grand… ». Et chacun de commenter le paradoxe entre ce « passant qui passe » et celui qui a coupé deux oreilles, il  y a peu , en plaza de Madrid, mettant le monde à ses genoux. Mais déjà , l’homme s’est engouffré dans son 4x4, et se faufile dans le trafic, le volant d’une main, le portable de l’autre. Les temps changent.

     « Et pourtant, elle tourne », la planète taurine. Tout comme avant, les vedettes se reposent et tuent le gusanillo, en passe temps tout aussi cruels, aux yeux de certains, mais qui représentent aussi des challenges. On sait la grande aficion  de certaines vedettes, à la chasse. Les anciens, habillés de frais, alignaient au sol, les dépouilles de leurs bruyantes estocades, toujours sin puntilla. La cour applaudissait. Aujourd’hui, le Juli, Enrique Ponce réunissent leurs copains et vont s’oxygéner, aux frais de quelques lièvres, quelques faisants. A n’en pas douter, ils ne connaissent pas les finesses de la chasse à la bartavelle. Jose Tomas, lui, prend sa canne, son pliant, et s’en va philosopher, au bord d’une plage d’Estepona. « Ca mord ? Don José »…Et pour bien prouver qu’il est vraiment « à part », lui qui a refusé toute caméra de télé, dans le cadre d’une arène, il s’est laisser « téléviser », regardant son bouchon danser au fil de l’onde. « Ay, pescadou ! Pardon… « Ay ,Torero ! »

     Et pourtant, elle tourne, la planète taurine… Partout, on s’affaire. Hier, un matador a élu un nouveau mentor (à moins que ce ne soit le contraire). Eduardo Davila Miura sera, l’an prochain, apodéré par Paco Dorado. « Ils sont d’accord sur tout ». Ils l’ont dit, et tout le monde les croit – Plus près de nous, un matador espoir français a pris un mauvais coup de corne, en tuant un toro d’Aldeanueva, a puerta cerrada, à Méjanes. La corne était afeitée, certes, mais le coup est douloureux, et sur 8 cms, « au mauvais endroit ». Et « ils » disent que ce n’est rien !- Dans les Ganaderias, on fait ses comptes, on compulse les livres, on fait des prévisions. Déjà des lots pour les grandes plazas de la prochaine saison. Les Pablo Romero du Partido de Resina sortiront quatre fois. La première, c’est presque fait, aux « Fallas de Valencia »; Option  ferme, prise par Madrid et Arles. La qutrième, quant à elle « recompte ses bulletins »… Ce sera Malaga, Gijon  ou San Sebastian de los Reyes.

     Elle tourne, pourtant… Galillée en serait écoeuré ! Un coup d’avion, et hop, on va confirmer son alternative à Mexico. Rivera Ordonez, torée dimanche à la Monumental. Evènement important… Le fils, sur les traces de son père, Paquirri.. Beau gosse et grand d’Espagne, il a tout pour réussir… à condition que l’épée « voyage aussi ». Ici, on siffle au premier pinchazo, alors…

     Pourtant, comme avant, des toreros s’en vont. Avant, c’était peut-être par la faute d’une fille ou d’une partie de cartes perdue, d’une mauvaise querelle. Aujourd’hui, le torero, rangé, marié, avec de beaux enfants, s’en va tout seul, au petit matin, range sa voiture, et se pend…La désespérance n’a pas d’époque. Les cendres de Pedrin Benjumea ont été dispersées  hier, dans la finca « La Barqueta », à Palma del Rio, près de Cordoue. Il y avait rêvé un jour, d’être Torero pour l’Histoire, torero pour toujours !
 

« IMPRESSIONS » SUR LA TEMPORADA 2000  (SUITE IV)

     On ne peut envisager un bilan 2000 sans un chapitre entièrement consacré aux deux « enfants terribles » de l’escalafon, même s’ils ne se suivent pas au classement, et même s’ils ont eu un comportement et des résultats surprenants. Respectivement 10ème et 12ème, Joselito et José Tomas  auront marqué la temporada, tout d’abord en s’unissant sous la même bannière, brandie par Martin Arranz, et en faisant front commun contre la propension qu’avaient les grandes empresas à systématiquement imposer « la télévision en direct » dans les grandes ferias.

     Criant haut, fort et parfois, à la limite de l’insulte et du mépris, comme lors de la fameuse conférence de presse de Madrid, par la voix de leur apoderado, les deux diestros, qui savent pourtant ce qu’elles doivent, elles aussi à la télé, ont fait appel à la dignité et l’honneur de la personne et du professionnel que l’on met devant le fait accompli. « Donc, pas de télé, ou on ne torée pas ». Et l’erreur a été de croire qu’ils étaient indispensables, incontournables, et que Séville ou Madrid plieraient à leurs exigences. Ils se sont trompés. Les grandes ferias se sont passées d’eux, ont rempli leurs plazas, ont récupéré « l’argent de la télé », et les ont laissés passer leur chemin, avec des résultats divers. Et qu’ils ne viennent pas dire qu’il n’y a pas eu tentative de solution : Ne pas oublier que Madrid offrait sa plaza pour deux corridas, en fin de San Isidro, fuera de abono et donc, non télévisées… mais avec le toro de Madrid. Les deux « figures » n’ont pas voulu courir le risque… Dont acte.

     La deuxième erreur, c’est de n’avoir pas triomphé, « cassé la baraque », partout. Ceci est surtout valable pour Joselito, dont on se demande pourquoi il est revenu. En 1969, le Cordobes et Palomo Linares se mirent en guerre contre les empresas. Cela alla très loin puisqu’il montèrent leur propre circuit, à coups d’événementiels et de plazas portatives, coupant des tonnes d’oreilles. Certes, les temps sont différents, mais on ne peut « faire la guerre » dans une plaza et s’embrasser dans l’autre. On ne peut laisser les copains s’envoyer les toros de Madrid Pamplona et Bilbao, et venir « faire le beau » à Palma ou à Cuenca. On est « ou dedans, ou dehors ». Maintenant, si l’Aficion et les copains toreros l’acceptent ainsi… Deo gracias… Cependant, et quel que soit le résultat statistique des deux diestros…cette temporada est un point noir dans leur carrière.

     JOSELITO  (65 corridas – 47 oreilles en 130 toros ). Pour quelqu’un qui revenait « avec l’envie », on peut dire que Jose Miguel Arroyo n’a rien montré au cours de cette saison, si ce n’est sa tristesse, son indifférence, sa fadeur, et même une baisse de régime à l’épée, cette épée qui l’avait tant de fois fait triompher, même aux moments sombres. 47 oreilles, sur 260 « coupables », il n’y a vraiment pas de quoi se relever la nuit, et qu’on le tourne comme on le veut, cette temporada de Joselito est, artistiquement, un désastre.

     Sur le plan « politique » et financier… à voir. Se sachant « limite », que Joselito ait voulu naviguer « à l’ombre » de Jose Tomas, et de plus, inspirant cette révolte contre la télé, il ait d’une pierre deux coups, évité les grosses plazas et donc les grosses responsabilités…soit.  Mais qu’il ait, de même, muselé un concurrent direct en lui faisant épouser le même cause, faut le faire !. Tout cela bien sûr, n’est que pure supposition. Cependant, les résultats sont là : Joselito a beaucoup toréé « dans le sillage » de Jose Tomas, a du exiger « lo suyo », au plan financier, mais n’a pu supporter la comparaison, toréant du bout des lèvres, d’un air boudeur, l’imagination et le pundonor en berne. Certes, les gestes de qualité, la cadence, réapparaissent de temps en temps, surtout si le public n’attend que cela, mais vite on retombe dans la langueur et la longueur. Et ce ne sont pas les quelques grandes actuaciones de Granada, Malaga, Almeria, Madrid Vista Alegre et autres Cuenca, qui vont faire passer la pilule. L’espoir suscité par la première de Castellon s’est vite envolé. Ne parlons pas de la France, où Joselito est passé sur la pointe des pieds, finissant sifflé à Dax, une de « ses » plazas.

     Que se passera t il l’an prochain ? Tout dépend de José Tomas. Va t’il rompre le tandem et la stratégie ? Si non, on continue. Pas de raisons de s’en faire. Par contre, si Jose Tomas rompt, s’en va de son côté, accepte la télévision et rentre dans « le grand circuit », Joselito va se trouver seul, avec sa mine triste. Ou il se réveille, ou il « s’endort à jamais », professionnellement parlant, bien sûr. Mais… ce n’est qu’une impression ! 

     JOSE TOMAS  (55 corridas – 95 oreilles et un rabo, en 109 toros) : Une impression… Un figuron, mais un sacré cabochard qui ne veut pas faire face à ses responsabilités de figuron. Quand on torée, comme il torée, (avec quelques bémols sur « l’admirable »), on n’a pas le droit de s’offrir des caprices qui donnent lieu à critique, et critique justifiée. Une figura del toreo ne peut se prétendre N°1, et ne pas toréer dans les ferias clef de la saison, que sont Madrid, Sévilla, Pamplona, Bilbao, qu’accompagnent, à un degré moindre, Valencia et Zaragoza. Ou on veut être le N°1, (et ils le veulent tous, même s’ils ne le disent pas) et on commande… Ou on se promène entre deux eaux, fort de son passé récent, de sa personnalité et de son pouvoir d’attraction. Cela peut fonctionner quand le marché est maigre, mais cela ne peut durer, le public étant versatile et surtout, impatient. Mais, de toutes façons, on ne commande rien du tout, même si l’on torée à merveille.

     Jose Tomas « vient d’ailleurs » et il y retourne, dès la corrida terminée. Bon, s’il en est ainsi, bravo, mais…dommage. Maintenant, s’il aspire vraiment à « peser » sur ce circuit, alors il devra changer sa stratégie, car personne, même pas une grande revue taurine à sa dévotion, ne pourra le sortir de l’ornière, surtout avec des coups de tête « un peu curieux », comme celui de Salamanca, le 18 septembre, où il attendit, comme absent, que sonnent les trois avis. Inconcevable, inacceptable ! Cela a « un peu » scandalisé… Cela aurait du se terminer « au violon », comme avant. Là aussi, le torero profite du laxisme et du manque de pundonor ambiant, chez les autorités, les empresas, et le public.

     Pour ce qui est du torero, il est admirable au capote, et a « son » toreo, «sa » faena, à la muleta. Si le Toro vient fort, on attaque d’entrée la symphonie, par statuaires au centre, et on aligne les séries, droit comme un piquet, axe d’un vrai « tiovivo » torero. Quand le toro ralentit ou s’arrête, on prend son temps et on cite, très réuni, cambré, tragique, la muleta derrière, soudain présentée d’un coup de poignet  inimitable. Les passes sont courtes, mais intenses. La faena se termine souvent par des manoletinas, alliant stoïcisme et spectaculaire. L’épée, en général, fonctionne bien, sincèrement.

     Si le toro est plus retord ou plus mou, on va le faire passer longuement, réitérativement, souvent de façon « despegada », jusqu’à l’amener au point où on va « placer son numéro ». Cela a marché avec le Cordobes padre, avec Paco Ojeda. Cela marche, de même, avec Jose Tomas. Et cela a surtout l’avantage de marcher sur le « tout public », tandis que l’aficionado se gratte la tête, mi admiratif, mi sceptique.

     Sa grande victoire, cette saison, est d’avoir rendu l’aficion à Barcelone, d’avoir refait de la ville condale, un ville taurine. Certes, il y a encore du travail, mais, Jose Tomas, idole du public catalan, mérite une statue sur las Ramblas.

     Pour le reste, beaucoup de triomphes, beaucoup d’oreilles et de sorties « à hombros », fruits d’autant de grandes faenas. Mais aussi, beaucoup d’avis (28) et de volteretas : blessures à Zaragoza, Algesiras, Linares, Salamanca, et un certain nombre de voltiges impressionnantes, dont le torero se relève comme si de rien n’était.

     Jose Tomas, le torero qui « vient d’ailleurs ». Bien !  Le problème, c’est qu’on a du mal à le suivre. Alors, de quoi sera fait l’avenir ? La question aura sa réponse l’an prochain. Tomas va t’il changer de stratégie ? On murmure un changement d’apoderado, aussitôt démenti par le torero.  Verra t’on le diestro de Galapagar, en 2001, dans les grandes ferias ? Si oui, il y triomphera et pourra mettre tout le monde « à dix pas ». Sinon, il continuera en demi teinte, provoquant ce « oui, mais ! » qui peut durer un temps, mais ne fera pas de lui, une « grande figure du toreo ». Au fait, le veut il, lui ?  Encore une fois, ce n’est qu’une impression.

 

DIMANCHE D’AMERIQUE…

     26 novembre: La vie continue. La pluie tombe. Ras le bol ! Les USA perdent tout crédit, sur le plan « démocratie », et méritent les trois avis et « le toro al corral ». En France, une bombe explose et tue un homme. La nouvelle ne prend pas grand place et est annoncée, bien après « le grand événement »… la sortie de la nouvelle console de jeux video  « Machin »… mais  oui, vous savez, « celle qui a la nouvelle petite puce, là ». Un homme est mort, sans savoir pourquoi, mais on préfère s’esbaudir sur les milliers de corniauds, dont la plupart, adultes, qui ont passé la nuit à attendre le marchand de rêve, et donc, de renoncement. La…men…table !

     Les Aficionados eux, regarderont vers le soleil…Mejico et Lima. Oh, la politique n’y doit pas être plus reluisante, mais au moins, en général, il y fait soleil. C’est toujours mieux, pour le moral…

     Ce dimanche, la Monumental de Mexico risque de se remplir, pour deux raisons : Le « fils de Paquirri » y confirme son alternative, et le parrain en sera Eloy Cavazos, idole du grand public mariachi.

     Francisco Rivera Ordonez  va fouler le ruedo qui a vu son père triompher au Mexique, comme grand rival de la Figure d’époque, qu’était Manolo Martinez et il est probable qu’un petit pincement lui secouera le cœur, au moment du paseo. Dur challenge pour Fran, le « fils des son père », dont la saison n’a guère été brillante, en Espagne, et dont on sait l’irrégularité, avec l’épée. Cela peut soulever les passions, et, à n’en pas douter, il n’y aura pas de demi mesure. Eloy Cavazos est une référence. Il a toréé avec Ordonez, avec Paquirri,et, aujourd’hui, avec son fils. Heureusement que l’enfant de Fran est une fille, sinon… Cavazos semble incombustible. Visage poupin, malin comme un singe, il connaît tous les secrets pour couper les trophées. Le témoin sera Manuel Martinez Ibarguengoytia. Pas de souche bretonne dans ce torero, fils du « Torero de oro », qui bénéficia, au début, de l’appui de Cavazos. Depuis, cela à tourné « au pilent d’Espelette » et les comptes vont se régler… dans le ruedo. Pour des raisons diverses donc, les trois diestros prient pour que les toros de Téofilo Gomez, chargent fort et droit.

     Mexique, toujours, mais du côté de Guadalajara - plaza du Nuevo Progreso - où  Miguel « Armillita », fêtera son 23ème anniversaire d’alternative  (26 novembre 77) en compagnie du Morante de la Puebla, qui monte en puissance jusqu’au 25 décembre, où il confirmera à Mexico, et Ignacio Garibay, jeune diestro à suivre. Les toros seront de Pepe Garfias. On prête à Armillita, l’intention de venir « faire temporada 2001 » en Espagne, où il serait mené par Jose Felix Gonzalez.

     A Lima, au Pérou… On ferme ! La feria du Senor de Milagros célébrera sa dernière corrida, avec au cartel, face à des toros de Juan Pedro Domecq, Enrique Ponce, Manolo Caballero, pour son deuxième contrat, et la présentation de David Luguillano. Actuellement, « le Scapulaire d’Or 2000 », est en dispute entre Morante et Finito de Cordoba, qui tient la corde… ou plutôt, dans ce cas, le cordon.

     Mais, attention… En une actuacion, Ponce peut mettre tout le monde d’accord. Il arrive, il sait ce qu’il s’est passé, et pour peu que « serve » un toro…. Manolo Caballero  aura plus de difficultés à convaincre, parce qu’il ne peut plus surprendre. Restent… la quantité et l’intensité ! Quant à David Luguillano, il arrive et se présente, avec son toreo baroque et son enthousiasme communicatif… Il peut surprendre.

     Ainsi se terminera la feria de Lima 2000, instituée en 1947, et qui, depuis, a attribué son fameux Scapulaire d’Or aux plus grandes figures du toreo, le cinq derniers vainqueurs étant : Enrique Ponce, en 1995 ; Vicente Barrera (96) ; Rafael Gastaneta (97) ; El Juli, en 98, et Manolo Caballero, l’an dernier. Qui, ce soir ?
 
 

ENRIQUE PONCE MET TOUT LE MONDE D’ACCORD…

     27 Novembre : Il n’y a pas de secret : « les bons… restent bons », même si des plus jeunes viennent les titiller, de plus en plus fort, de plus en plus près.

     Enrique Ponce a connu une saison 2000 plus difficile. Déjà, bien des aficionados, bien des revisteros ont entamé le deuil du Valenciano. « Vous pensez : il n’a rien coupé, dans sa plaza, ciment de sa saison… »,ou encore, « Vous l’avez vu avec les Samuel, à Illumbe ? c’est fini ! ». Et puis deux ou  trois « gros moments », et deux toros graciés, en passant. Pas si mal !

     L’hiver arrive et les « jeunes chiens » s’en vont guerroyer aux Amériques. Lima est un premier théâtre d’opérations. L’ambiance n’est pas terrible, politique oblige. Cependant, on y voit de bonnes choses. Ponce se repose et se prépare, observant du coin de l’œil, ce qui se passe. Il arrive, le dernier jour. Un seul contrat. La suite est simple… « Ponce est venu, a vu, a… ». Vous connaissez déjà le reste, on vous l’avait dit, hier...

     Pendant ce temps, au Mexique, Fran Rivera Ordonez confirmait, selon ses moyens ; Morante sculptait le toreo, et les deux cavaliers continuaient leur duel, à distance. Pendant ce temps, au Venezuela, Sebastian Castella triomphait fort, tuant superbement.

     Et « Chez nous », les vétérinaires terminaient leur congrès, en Arles, dont les conclusions sont une sorte de « On nous cache tout, ou nous dit rien ; Plus on apprend, plus on ne sait rien ». Du côté de Madrid, la grogne, la rogne sont immenses, suite à la suspension de Ibertoro (3ème salon du Toro Bravo), car les gratte papiers de la Comunidad de Madrid n’ont pas trouvé d’article « les protégeant », dans le règlement régissant les spectacles, concernant le déroulement de tientas, dans une placita portative construite là… « au milieu du Salon ». Annulé, l’apéro taurin…

      26 Novembre – Lima (Pérou) – Dernière corrida de la Feria du Cristo de los Milagros - ¾ d’entrée : Enrique Ponce, engagé une fois dans la feria, le dernier jour, est arrivé et « a démontré que…. ». Magnifique faena, relachée, abandonnée, mais également vibrante, à un bon toro de Parladé, nommé « Halcon », à qui on donna vuelta posthume. Ponce, malgré une épée un poil desprendida, mais immédiate, coupa les deux oreilles et la queue, obtenant un triomphe pour l’Histoire. Son premier de Juan Pedro ne lui avait rien permis – Il y eut trois de Juan Pedro Domecq et trois de Parladé (4,5,6). Bonne présentation et jeu divers, tirant à bon – Manolo Caballero fit dans la vaillance et l’abondance, mais pincha son premier, et dut constater l’immobilisme du cinquième – David Luguillano eut une bonne présentation, mais perdit tout à l’épée. On le vit virevoltant, un peu accéléré, mais plein de volonté de plaire, en particulier à son premier, où il se permit  le « desplante du téléphone »( c’est bien, mais, à l’heure des portables ?)

     Cela sera confirmé dans 48 heures, mais il n’y a pas de doute : Enrique Ponce remporte « Le Scapulaire d’Or » de la feria de Lima 2000, et, probablement, Capea se verra décerner le Scapulaire d’Argent, au meilleur ganadero . Chapeau, les « Anciens » !

     26 Novembre – Mexico – Plaza Monumental – un peu plus de media plaza : Que paso ? Demi arène pour un cartel comme celui-là ? Impossible. De fait, il pleuvait, d’une part. Et puis, surtout, il y eut un épouvantable embouteillage dans les avenues menant à la plaza, suite à une cavalcade Disney, préparant Noël. Beaucoup de spectateurs arrivèrent, en rogne, jusqu’à la sortie du troisième toro. D’autres n’arrivèrent jamais. D’autres encore, renoncèrent d’entrée. Les toros de Teofilo Gomez ont peu brillé. Présentation correcte, tenue correcte sous le fer, mais faiblesse et fadeur générales.

     Vêtu de turquoise et or, Rivera Ordonez a confirmé son alternative, a bien torée au capote, s’est arrimé devant ses deux adversaires, tant qu’il y eut quelque chose à tirer. Ovation au premier, quelques bravos au sixième qu’il pincha deux fois. Il revient le 10 décembre – Eloy Cavazos est ici une super vedette. Son retour faisait vibrer la presse et l’aficion. Rien de spécial au premier, et faena droitière en mettant «les guitares et les violons », face au quatrième. Grosse ovation, pétition que le juge accepte, accordant une oreille aussitôt protestée. Un poil provocateur, Cavazos donna la vuelta, ne lâchant pas le trophée, ce qui déclencha un sacré bordée de sifflets – Manolo Martinez junior laissa passer un grand cinquième toro et fracassa au descabello (entre 16 et 20, selon les chroniques). Deux avis et bronca. Eloy Cavazos se fit un plaisir de venir aider son jeune collègue, avec qui les relations sont, on le sait, un peu tendues. De bonne guerre.

     26 novembre – Guadalajara ( Mexique) – Media plaza – Le Morante de la Puebla a monté une grande faena à un toro de Pepe Garfias, ne lui coupant qu’une oreille, pour avoir pinché deux fois, recibiendo. Lastima ! Mais, c’est clair, la forme revient. La chronique parle de « toreo como los angeles ! » - Armillita réapparaissait, ce fut terne - Quant à Ignacio Garibay, on le vit très vaillant, coupant un trophée de son premier –  Les toros de Garfias, nobles, en général. - A suivre, plus que jamais, la trajectoire du Morante. La prochaine : 1er décembre à Quito (Equateur)

     26 Novembre – Mexique : Pablo Hermoso de Mendoza et Andy Cartagena continuent leur « duel à distance » et occupent les colonnes des journaux. Le Navarrais a triomphé, samedi, à Merida, dans le Yucatan. Le jeune Catagena a fait parler de lui en toréant un toro en fête privée, dans le ranch San Cristobal, du président de la République, Vicente Fox. Bon pour la pub ! Plus sérieusement, il a coupé deux oreilles, dimanche, en plaza de Cadereyta. A suivre, le 30, sa participation au « festival du Teleton », à Mexico.

     26 Novembre – Maracay (Venezuela) – ¾ de plaza : Gros triomphe de Sebastian Castella face à son premier toro du Capiro. Bonne faena, très bonne estocade, et deux oreilles « fortes ». Le cinquième était « le » garbanzo, et le jeune s’en sortit très vaillamment. Deux vueltas, au quatrième,  pour Erik Cortes  et une oreille pour le début du jeune Juan Jose Giron dans la « Maestranza Cesar Giron ».
 

TOREROS,TOROS, CHEVAUX… TOUT LE MONDE A L’HONNEUR

     28 Novembre : La fin de l’année approche. Les enfants sortent leur plus belle écriture pour commander au Père Noël, qui le dernier Escobator intergalactique, qui la dernière poupée « barbiegrunge », celle qui parle et réclame à grands cris son tampax . En un mot, rien que de très classe et de très reposant. Manque plus que la panoplie du spécialiste du piercing, sponsorisée par Black et Deker, et voilà les chers parents tout émus devant leurs rejetons : « Tu te rends compte, il a déjà anéanti trois cohortes de chiracosaures, d’un seul coup de joystick…Ce gosse ira loin » !

     Chez nous, on est plus sages. Le cadeaux existent, les trophées pleuvent, en fin de saison. Des sculptures taurines, souvent magnifiques; des tableaux, quelquefois un peu niais ; des plateaux en argent, ou des plaques, finement ciselées, selon la formule consacrée. Ceux qui les reçoivent savent les efforts et les sueurs que ces trophées leur ont coûtés. Ici, il n’y a pas de cadeaux ! Aussi, tout le monde est franchement heureux, et les tapes dans le dos font grand bruit : « Enhorabuena, se lo merecio ! ». Alors, ces hommes que l’on pourrait croire rudes, parfois rustres, prennent la parole et souvent, démontrent classe et sincérité, les mêmes dont ils ont fait preuve devant le toro. Este mundo, de verdad, es diferente !

     Au Pérou, tout l’or du monde pour Ponce… Le Diestro de Chiva s’est vu attribuer, comme prévu, le Scapulaire d’Or  de la Feria de Lima 2000. L’argent est parti pour Salamanca, avec Le Capea, dont le toro  « Culebro », Murubeno de Carmen Lorenzo, remporte le prix au Toro de la Feria. Institués, cette année, les trophées « Zeno Manué » ont été attribués à Sancho Davila, pour l’encierro le plus complet, et à Rafael de Julia, comme vainqueur, chez les novilleros.

     Du côté de Cuenca, la pena Sergio Galan, de Tarancon, a monté un joli palmarès. Original et attachant. De plus, un palmarès juste et mérité. Aficionada al Rejoneo, cette pena a désigné ceux qui lui ont paru être les meilleurs chevaux de Rejoneo de la temporada 2000. Ce n’est que justice, au moment où le Rejoneo prend des allures de batailles rangées, dans les ruedos et les despachos. Ce n’est que mérité, quand on voit les risques encourus par ces magnifiques étalons, qui ont, cette année, payé un cher tribu à l’art de leurs maîtres.

Le palmarès est donc le suivant :

     Le plus beau au paseo : « Albaicin », de Pablo Hermoso de Mendoza

                Le meilleur, à la réception du toro : « Labrit », du même Mendoza

                Le meilleur aux banderilles : « Guitarra », de Andy Cartagena

                Le Meilleur au dernier tiers : « Canario », de Fermin Bohorquez

                Le meilleur en tout, le plus beau et le plus complet : « Cagancho », de « qui vous savez ! »

Enfin, le cheval  « révélation 2000 » : « Montoliu », de Sergio Galan.

L’histoire ne dit pas si les destriers seront invités et se verront remettre ces trophées, en public, au cours d’un repas où ils seront invités à prendre la parole. Mais, avouez que ce palmarès « a de la gueule », et que, monter cette manifestation pour des chevaux… « fallait l’fer ! » 
 

PAS DE PREUVE … PAS DE FAUTE…

     29 Novembre : Sur la branche d’un arbre de la lointaine Afrique, trois singes de race indéfinie font de drôles de mimiques. De leurs paluches poilues, ils cachent, l’un, ses yeux… l’autre, sa bouche… le troisième, ses oreilles… Pas vu , pas pris !

     En haut, « là-haut », on absout, on relaxe… On désaxe ! Comment veut on donner des « valeurs » à des jeunes, sans espoir, « sin ilusion », parce que justement, sans repères. Comment ceux qui justement doivent être « des phares dans la nuit et la tempête » peuvent ils ainsi avoir le front de s’auto-absoudre, et de marcher la tête haute et le sourire en coin, dans nos rues, dans nos jardins. Comment veut on entendre les mots « écoute, droit, démocratie », quand chaque apparition du « verde bigotudo » transpire la haine et l’intolérance ?  Manque plus que le « poussez-vous, manants ! » pour que le tableau moyenâgeux  soit complet.

     Non, décidément, il manque un singe sur la branche, là bas. Celui qui se bouche les narines !

     En Espagne, on se gratte la tête, « là-haut », et on se dit que… on va peut-être modifier « quelque article qui gêne », dans le règlement taurin… En effet, le Ministère de l’intérieur songe à « améliorer » l’article 48, dans le sens suivant : Un toro dont les cornes sont légèrement astillées, ne serait pas forcément rejeté à l’examen vétérinaire préalable (reconocimiento previo). Si le défaut est léger, on pourra laisser le toro sortir « tel quel » au ruedo… Sinon, et sous contrôle vétérinaire, on pourra procéder au « nettoyage des astillas », dans les corrales . S’il s’avère que, malgré cela, la corne est par trop « vilaine », alors le toro sera refusé. Ce sera à l’évaluation du Président et du vétérinaire.

     Bien ! Que fait-on, alors, de certaines déclarations péremptoires  affirmant que « toute corne en possession intégrale de son diamant, ne s’astille pas ! » ? – Pourquoi ne protège t’on pas les intérêts du public en ajoutant : toute corne, ainsi repérée, nettoyée ou sortie « telle quelle » au ruedo, sera automatiquement envoyée pour analyse post mortem ? – L’autorise t’on à « essayer »  de payer ses entrées en fausse monnaie ? - Comment évaluera t’on le degré de dégradation « légère » du piton ? -  Un toro astillado « nettoyé » ne risque t’il pas de s’éclater la corne au premier contact (burladero, peto, capote). Cette modification veut-elle dire : « Peu importe, puisqu’il est sorti limpio…ou limpiado ! ».  

     A l’heure où l’on parle de produits anti-inflammatoires qui ressemblent bougrement à du dopant, à l’heure  où certains observent qu’il n’y a jamais eu autant de toros astifinos, avançant une théorie de l’afeitado « en plus aigu », ne voilà t’il pas que l’on va remplacer le serrucho par le taille-crayon, au vu et au su de tous, règlement en main ?

    Là-bas, sur leur arbre, les quatre singes se consultent : « On devrait déposer le brevet, j’te jure, on peut se faire des tonnes de cacahuètes »… Mais, Chhhttt… Pas vu, pas pris !
 

LE CŒUR DES TOREROS…

     30 Novembre : L’année s’en va. Dans un mois, champagne ! Les uns vont pleurer « l’An 2000 », les autres vont brailler le début du nouveau siècle. Pour autant, dans les rues, parfois trop près de nous, certains auront faim et froid. Dans les longs couloirs silencieux des hôpitaux, la gentillesse des professionnels, les beaux  yeux des infirmières estomperont un peu la fièvre des malades, l’angoisse de leurs proches. Une chandelle de couleur éclairera un peu plus la solitude de nos Anciens…

     Pendant ce temps, dans les hautes sphères, on refera le monde, le petit doigt en l’air, à grands coups de « ya qu’à !» et de « faut qu’on !». C’est ainsi. Ca l’a été au cours des siècles, et le progrès n’a rien arrangé. Peut-être même au contraire…

     Peut-être parce qu’ils sont conscients, à la fois, « de la chance et de la douleur », les toreros ont le cœur grand. La chance d’avoir la santé pour exercer ce métier de fou ou de héros…. La douleur, physique et mentale, le doute, la peur, il connaissent aussi. Comment peuvent ils donc « aguanter » cela ?

     Alors, ils donnent. Rarement le gros chèque, car ils savent ce que leur a coûté la moindre peseta, le moindre franc, le moindre dollar, pour arriver jusque là. Ils donnent leur temps, leur force, leur talent. Les toreros ont toujours répondu présents lorsque la cause était belle, juste. L’Histoire est replète de ces gestes, parfois fugaces, jamais futiles. Des gestes de vrais hommes !

     Ce soir, là-bas, dans la monumental de Mexico, qu’on espère pleine, un festival monstre va se dérouler au bénéfice des enfants malades. Tous, avons entendu parler du Téléton. Trois vedettes mexicaines, Eloy Cavazos, Curro Rivera et Guillermo  Capetillo entreront en saine compétition avec les trois  espagnols Ortega Cano, El Juli et le cavalier en plaza Andy Cartagena. Ensemble, ils partent pour écrire une nouvelle page du « Toreo ». Le ganado sera de Arroyo Zarco. Il faut espérer que lui aussi saura se montrer généreux.

     Mais, pour autant, « les affaires restent les affaires » et chacun, ce soir, jouera quelque chose. Des petites choses, certes, mais…

     Eloy Cavazos, reste et restera le préféré de tous, même s’il a été contesté, dimanche dernier. Un cœur « comme ça », une carrière pleine de geste et de générosité. Hier, on a  dévoilé son buste en bronze, à l’Hôpital Universitaire de Mexico. Il a organisé plusieurs corridas à son bénéfice, comme pour celui de Monterrey. Una Figura.

     Curro Rivera tente le « come back ». Longue carrière de celui qui fit de grandes choses en Europe, vers 1971/72. Les montois se souviendront du seul torero barbu ayant foulé Plumacon… Guillermo Capetillo essaiera de dedorer un blason éblouissant, un soir de 97, un peu terni, depuis..

     Chez « les ibères », Andy Cartagena joue une grosse carte. En guerre personnelle avec Mendoza, il fait exploser le province, mais coince un peu dans la capitale qui, pourtant, a entrevu son potentiel et ne s’y trompe pas. Ortega Cano va venir chercher un sauve-conduit pour son prochain retour au plus haut niveau… Quand au Juli, il revient a la monumental, après un certain 9 janvier 2000, où 40 000 personnes le traitèrent de novillero, devant l’insignifiance du ganado de Garfias, ce jour-là. Le Juli part « reconquérir » le Mexique, et cela a débuté hier, par la visite aux enfants malades du centre de réhabilitation Téléton de Tlalnepantla.

    Hauts les cœurs … y a torear ! Au fait, le festival de ANDEX avait rapporté 22 millions de pesetas aux enfants malades. On ignore encore si « Don Eduardito » a, de son côté, fait un geste…
 

QUITO OUVRE SA FERIA

     1er Décembre : Une plaza qui rugit plus fort que les avions qui la frôlent. Quelle idée de construire une arène en bout de piste, à moins que cela soit le contraire. Ils passent si près que, même afeitées, les cornes des toros pourraient « trouer la carlingue » !

     Entre deux boeings, 16000 poitrines vibrent au chant de l’hymne national équatorien. Aficion vibrante, bariolée, sincère, entière. Ici, sous le volcan qui menace, dans l’attente de la traditionnelle et incontournable ondée de l’après-midi, on consomme la corrida à l’heure de l’apéro. Le soleil cogne dur, et il n’y a pas que du coca cola dans les tendidos. C’est Quito, c’est  «la Feria du Jesus del Gran Poder ». C’est parti !

     30 novembre : Quito (Equateur) – 1ère de feria – No hay billetes : Ambiance inimitable pour cette première de feria. Pourtant, les toros, faibles et sosos, vont décevoir. Cinq de Mirafuente (procédance Torreon ) et un de Triana, ne vont pas favoriser les toreros.

     Alternative du local Mariano Cruz Ordonez. Elle sera un grand jour pour lui, sur le calendrier de sa vie, mais un triste souvenir, car il subira un échec. Pour la statistique et l’éphéméride, le toro de la cérémonie , de Mirafuente s’appelait « Estanquero » - 488 Kgs. Et le torero « se quedo estancado ». Silence et Palmas.

     Parrain de l’alternative, et décidé à marquer son unique passage dans la feria, Enrique Ponce a essayé en vain de corriger son premier, tuant de trois quarts de lame, écoutant une ovation. Par contre, il intéressa peu a peu le quatrième, « Peluso » - 475 Kgs, et lui coupa la première oreille de la feria – Victor Puerto débute sa première faena par deux changées dans le dos, et met toute la vapeur, en vain. Il y aura une légère pétition d’oreille, et le torero refusera de donner la vuelta. Bien mieux face au meilleur cinquième «  Panoli » - 472 Kgs, toréé avec verve et coupant une oreille.

    Aux banderilles, s’illustra , face au sixième, ce « petit-grand homme » qu’est le fameux « Tortuga ».
 

EL JULI « RECONQUIERT » LE MEXIQUE…

     Il fallait s’y attendre, Julian Lopez n’allait pas laisser passer l’occasion de « marquer son arrivée » au Méxique, qui lui a tant donné, mais aussi , tant fait de misères, l’an passé. Enorme triomphe du Juli, hier, 30 novembre, à l’occasion du festival du Téléthon, en plaza monumental de Mexico: Deux oreilles et la queue du sixième après avoir tout cassé avec capote et banderilles, et toréé remarquablement de muleta. Il fallait triompher…C’est fait ! – L’autre triomphateur fut Curro Rivera qui coupa deux oreilles, pour une bonne faena, liée sur les deux mains – Un seul trophée pour Cavazos qui toréa main droite et « se fit ramasser », sans mal – Par contre, le mexicain Guillermo Capetillo et Jose Ortega Cano sont rentrés « à vide ». Pas bon, ça.

     Au fur et à mesure des chroniques, on apprend la grande actuacion de Andy Cartagena, qui a fait exploser la plaza, à plusieurs reprises, coupant deux oreilles et remportant « un grand bon point » dans son duel avec Mendoza.

     40 000 spectateurs et des moments « de chair de poule ». Des enfants malades ont rejoint les toreros dans la plaza. Dans leurs yeux , un instant de rêve, l’oubli de tant de douleur, l’espace d’un sourire. Enhorabuena, toreros !

     Il faudra attendre les chroniques complètes – Andy Cartagena a été bien, mais sans couper, sans faire exploser la plaza.

     Des enfants malades ont rejoint les toreros dans la plaza. Dans leurs yeux , un instant de rêve, l’oubli de tant de douleur, l’espace d’un instant. Enhorabuena, toreros !