L'ACTUALITÉ TAURINE
(décembre)

MIGUEL ABELLAN SEDUIT LES BELLES EQUATORIENNES

     Elles ont le teint cuivré, les yeux noirs, et ...d’autres atouts. A midi, la plaza d’Inaquito regorge de ces belles aficionadas, dames « de la haute », ou jeunes filles en fleur, qui, toujours bien accompagnées, viennent peupler les tendidos de leur beauté et de leur alegria. Quito est une feria joyeuse. On y vient applaudir le torero, et pour peu qu’il soit « mignon »…Sacré Abellan. Il a mis tout le monde dans sa poche, hier, à Quito, alliant joli minois, vaillance et intelligence. Hélas, l’épée lui a joué un tour. Mais il est le clair triomphateur de cette deuxième de feria. Dans les gradins, mille bouches, bien entendu pulpeuses, ont crié son nom. Veinard !

     1er décembre – Quito – 2ème corrida de Feria – casi lleno : Les tors de Carlos Manuel Cobo, disparates de poids (de 442 à 520 Kgs), mais relativement bien présentés, ont manqué de forces et de caste, le tout accompagné d’une relative faiblesse – Le matador Paco Barona toréait sa dernière corrida dans la capitale. Ce vétéran, originaire d’Ambato,  a eu le mérite de se faire un nom chez lui, mais son talent ne lui a jamais permis de passer les frontières. Triste despedida que la sienne, car il fut copieusement sifflé à la fin de ses deux prestations. Ses toros ne valaient certes pas grand chose, mais il ne fit pas l’effort nécessaire, et les belles quitenas firent la moue, pendant que les copains râlaient – Morante de la Puebla signa les plus beaux capotazos de la matinée. Bien à la véronique et medias « de cartel ». Il fit trop piquer son premier, et le toro, après deux bons derechazos, décida de rentrer près de la barrière et de n’en plus bouger. Deux pinchazos et division dans les gradins. Très bons détails au cinquième, rapidement éteint. Petite ovation – Le clair triomphateur de cette corrida fut Miguel Abellan : Dynamique, vaillant et malin, il n’eut pas de mal, à coup de largas à genoux ; de véroniques en regardant les belles ; de passes changées dans le dos, en début de faena; de derechazos à genoux , de leur mettre le feu au …tendido. Un peu le Miguel de Tolosa, en juin. Si cela marche… Hélas, trois descabellos au troisième et deux  autres coups, après une atravesada recibiendo, au sixième, le privèrent de tout trophée, mais non d’une chaude vuelta al ruedo, chaque fois – Bref, une sortie sympathique, mais une corrida que l’on oubliera bien vite.
 

DE CI… PAR LA…

     2 Décembre : Le matador cordouan Jose Luis Moreno vient de rompre avec Enrique Paton et Simon Casas. Il semble qu’il va  rejoindre Diego Robles, récemment séparé de Davila Miura. Faut suivre !

     Dans le monde du Rejoneo, c’est, actuellement la grande redistribution. A n’en pas douter, le joute « à mort » qui se déroule actuellement au Mexique, entre Mendoza et Cartagena, fait beaucoup gamberger les copains… « Et si c’était un montage ? - Et s’ils reviennent et, ensemble, « trustent tout », l’année prochaine ?…on seraient mal ! Méfions-nous ». Alors, les apoderados valsent, chez Bohorquez, chez les frères Domecq. De son côté, Javier Buendia dit qu’il a mal au dos, et qu’il se retire. Avec ce qui se profile à l’horizon, pas besoin, en plus du dos, de se casser la tête…

     Au Mexique, le festival de Mexico a satisfait public et organisateurs. Le Juli est le grand vainqueur prévu, et les enfants ont eu de grandes joies.  Maintenant, on va parler de Enrique Ponce, qui vient de débarquer à Mexico et qui torée, ce samedi, à Monterrey, une grande corrida au profit de l’Hôpital Universitaire. Face à des toros de Vicky de la Mora, Cavazos, Ponce, Jorge Gutierrez, El Cuate et Jose Manuel Ayala vont donner leur courage et leur talent « pour que vivent les hommes… »

     Dimanche, la « Mejico » va raisonner de mille voix, car le cartel est monstre : « Armillita », Zotoluco  et Ponce vont défiler face à des toros de los Encinos. Un cartelazo, pour cette 7ème de temporada, dans la capitale Mejicana. A suivre.

 

QUAND GRONDE LE PICHINCHA…

     Sympa… la presse équatorienne. Parmi ses multiples rubriques, elle en comporte une, quotidienne,  que les quitenos doivent surveiller du coin de l’œil : l’état d’alerte concernant le volcan qui domine la ville. Le  Pichincha est un méchant, qui gronde tout le temps. Il râle, mais n’explose pas souvent. La dernière fois, c’était le  27 octobre 1660. En ce moment, alerte jaune… On a le temps. Quand cela passe à orange, on se prépare. Au rouge, on est déjà parti. En ce moment donc, c’est un peu comme à l’Elysée, selon les derniers relevés sismographiques…

     Mais bon, pour le moment, la fête continue… Quito, qui célébrait hier, le 466ème anniversaire de sa fondation, connut bailes, defilés, farandoles, et le Pichincha donna deux petits coups de cymbales, pour accompagner. Dans le plaza, pleine, pour une novillada, les deux espagnols ont vécu l’alerte rouge, écoutant chacun trois avis. L’éruption, de joie, cette fois, a été pour le local  Diego Rivas, qui a connu un triomphe… volcanique.

     2 décembre – Quito (Equateur) – 3ème de feria –  Plaza pleine : Quelle chance pour une empresa, remplir ses arènes pour une novillada. De quoi en faire râler plus d’un… Lot composé de trois novillos de Santa Rosa et trois de El Pinar. Tous ont eu du nerf et de la résistance. Deux ressortirent du lot, le bon premier, un castano du nom de « Perdiguero », et l’excellent troisième, « Favorito », del Pinar, à qui l’on donna vuelta posthume

     Gros triomphe de Diego Rivas qui aurait pu couper trois oreilles, sans la dureté de la présidence, devant la pétition au 6ème. Toréant spectaculaire le « Favorito » à la cape, tant par largas et véroniques, que par lopecinas, au quite, le jeune équatorien banderilla bien et monta une faena droitière, vibrante et liée, bien conclue d’un grande épée. Deux oreilles et le feu sur les gradins. Ce public l’encouragea fort, face au sixième, où les choses n’eurent pas la même ampleur. Cependant, il tua vite et la pétition fut majoritaire. Le président qui dit « non », entendit chanter Manon – Jose Luis Trivino, qui ouvrait cartel, a montré caste et temple. Une oreille face au bon premier, reçu à genoux. Faena débutée par un cambio de rodillas, et longues séries, lentes et cadencées. Par contre, le quatrième « Sevillano », le plus costaud, lui en fit voir, au point de le prendre et de lui piétiner le dos. Endolori, ayant retiré sa chaquetilla, le torero en vit de dures pour tuer, et le toro ne se coucha que lorsque sonna le troisième avis. Ouf ! – Julio Pedro Saavedra connut moins de chance, touchant le mauvais lot, gêné par le vent, et ne pouvant donner toute sa mesure, malgré la qualité de son toreo. Catastrophe à son premier, qui ne veut pas tomber. Impossible à descabeller, et il s’appelait « Intocable » : Trois avis. La vache ! Par contre, il tua bien le cinquième, et le public l’applaudit. Donc, pour Saavedra, ce souvenir de l’Equateur restera…moyen !

     2 Décembre – Mexique : C’est le jeune Jose daniel Ayala qui a pleinement triomphé, lors de la corrida au profit de l’Hôpital Universitaire de Monterrey. Deux oreilles et la queue du sixième toro de Vicky de la Mora, « Educado ». Que bien ! – Cavazos et El Cuate ont coupé une oreille – Ponce est resté « en dedans » -

     A Queretaro, on donnait la première corrida de la feria de Navidad. Triomphateur total : Andy Cartagena, qui marque des points, en ce moment. Deux grosses oreilles du cinquième. A pied, les toros de Venta del Refugio n’ont rien donné. Ortega a été ovationné ; le Jeronimo a coupé une oreille. Battu du jour, malgré la volonté et le sobrero offert, Francisco Rivera Ordonez

     On attend aujourd’hui, la 7ème corrida de la saison dans la monumental de Mejico, et cette fois, la plaza devrait se remplir. Au cartel : Armillita, Zotoluco et Ponce, face à un joli lot de Encinas. Un cartelazo. Et puis… Ponce, à Mexico !
 

PALHA… BIEN PRESENT, L’AN PROCHAIN

    3 décembre : Le célèbre ganadero Portugais vient de déclarer six corridas pour la temporada 2001. En Espagne, seule Castellon  recevra un lot, et Zaragoza comptera un toro pour la concours. La fidélité, du côté Paton et Casas. Le reste de la camada sera lidié en France. On parle de deux  lots pour Nîmes, un pour Tyrosse, un pour Vic… On annoncerait également un lot pour Aire sur Adour, le 1er Mai. Tout cela est très normal, Tyrosse et Aire ayant pour empresa… le ganadero, lui-même !  Mais, « pas fou », on va lidier la corrida pour la fête des « Arsouillos ». Par contre, et très intéressant, si cela se confirme, le lot de ce 1er Mai 2001, à Aire, serait pris, en « unico espada », par Stéphane Fernandez Meca. A suivre.
 

APOTHEOSE A LA MONUMENTAL DE MEXICO…

     Voilà qui doit valoir la peine d’être vécu. Un de ces moments rares, dans un cadre grandiose. Un de ces moments où les yeux ne savent plus où regarder, où les oreilles ne savent plus à quel commentaire, à quelle rumeur porter attention. Un de ces moments où tout est sourire, où votre voisin inconnu devient, tout à coup, un ami de longue date. L’émotion qu’on partage est le meilleur lien entre les hommes. On vit cela dans le sport, dans la musique, dans la tauromachie. Loin des grands rendez-vous organisés, loin des grandes messes artificielles, loin des « sommets » artificiels et perdus d’avance, à Biarritz ou à Nice, des milliers de cœurs se réunissent et, tout à coup, chantent la grande rencontre de l’homme et du toro. Mexico l’a vécue hier,  3 décembre 2000. Triomphe d’apothéose pour Ponce, pourtant grippé, et le moment rare, l’indulto d’un toro, le 17ème de l’histoire de la plaza.

     3 décembre –  Monumental de Mexico  7ème de la temporada – 41200 spectateurs : Grande corrida, enfin ! Le cartel était « de luxe », et pourtant, la plaza ne s’emplit pas. Enorme triomphe du Zotoluco, qui gracie un toro, et de Ponce qui coupe quatre oreilles. Miguel Espinosa, Armillita, malgré quelques détails, resta à la traîne, et le public lui montra quelque froideur. La corrida de los  Encinos, fut correctement présentée mais, à part le deuxième, se révéla mansita, quoique mobile.

     La corrida connut un premier sommet avec le deuxième toro « Romerito » N°115, 485 Kgs, qui se révéla un brave et noble, chargeant sans arrêt, avec rythme et temple. Un toro en or, devant lequel le Zotoluco monta une grande faena, liée, templée, avec quelques moments de réelle profondeur. Le public se levait dans les gradins et la rumeur enfla. Indulto ! Le président, ici « Juez de Plaza », concéda la grâce, que certains trouvèrent un peu exagérée. Deux oreilles pour le Zotoluco qui dut attendre vingt minutes avant de donner sa vuelta, le « Romerito » refusant de rentrer. Vaillant devant le cinquième, le torero dut saluer une ovation.     

     Petite division d’opinions quand Ponce reçut les deux oreilles de son premier toro « Vinatero ». Le valenciano avait été bien, très technique, face à un toro mansito et rajado, qu’il avait entrepris aux tablas, et devant lequel il dut veiller, à force de temple, à ce que le bicho ne s’arrête pas. Le public ne comprit peut-être pas complètement l’exploit, et protesta un peu le second trophée. Par contre, la monumental suivit avec passion la faena au sixième toro « Peluquin », qui ne disait rien de bon, au départ, et que Ponce « construisit », le transformant en un toro qui alla a mas, mis en confiance, et transforma le trasteo en un faenon. Ponce pincha une fois, et perdit le rabo. La folie s’empara du public : deux nouvelles oreilles pour Ponce, après le lent arrastre du toro, et les deux toreros vainqueurs furent hissés à hombros. Petite anecdote : La sortie fut bousculée, et Ponce ne put retrouver sa camionnette. C’est dans la voiture d’un particulier, inconnu, que le valenciano regagna son hôtel.  

     3 décembre – Quito (Equateur) – 4ème de Feria – 4ème lleno : Le public sort de plus en plus désenchanté de la plaza. Il est là, avec son envie d’applaudir, son aficion. Mais, pour la quatrième fois, le spectacle est décevant, par la faute du ganado. Quoique bien présentés, les toros de Campo Bravo n’ont pas permis le grand frisson. En face, les toreros ont essayé des choses, puis ont laissé tomber.

     Le premier toro se provoqua une grave lésion vertébrale, avec le harpon d’une banderille, dans une vuelta de campana, et ne servit à rien. Ruiz Manuel dut abréger. Face au quatrième, le torero d’Almeria, triomphateur ici, l’an passé, s’accrocha, et se fit accrocher, dans une naturelle, recevant un puntazo au mollet droit. Il resta dans le ruedo, mais tua mal, se faisant siffler. Malchance noire ! - Miguel Abellan  a donné une vuelta  « motu propio » après son premier combat. Valiente, vibrant, mais pas convainquant. Rien de spécial au cinquième, et le chouchou de ces dames termina sa feria, en silence – Le torero de Guayaquil, Guillermo Alban, débuta fort bien, donnant vuelta au troisième, mais se fit dépasser par les événements, face au dernier, et on le siffla – Malgré la proximité de l’aéroport, la feria de Quito « ne décolle pas ».
 

VICTORINO FAIT SON PREVISIONNEL

     4 décembre : Vu le programme, on peut penser que Victorino Martin va encore « engranger les devises », l’an prochain. Il vient d’annoncer 15 corridas pour la temporada 2001. Certaines sont déjà achetées, bien rangées. Elles iront à Castellon, Badajoz, Bilbao, Murcia. Il y aura trois corridas de Victorino à Madrid : San Isidro, feria d’Automne et … la Bienfaisance. Nîmes est déjà au cartel. Cela fait donc huit lots.

     Où donc iront les autres ?  Valencia, à coup sûr - Mont de Marsan ? Incontournable - Bayonne ? Probablement – San Sebastian/Illumbe, à tous coups. Ca fait douze. Santander, Teruel, Azpeitia ? Des habituées, au passage… (Vu les résultats 2000, ils n’iront pas a Cordoba, Vic, Zaragoza – sauf un toro, pour la corrida concours). Par ailleurs, on sait que « Don Eduardito », roi de la bourse plate, veut « ouvrir » sa Feria de Séville, mais pas au point de casser sa tirelire. « Pas fous, non ? » . Asi que… pas de Victorino, une fois de plus, dans la Maestranza.

     La temporada de Victorino s’est terminée en vrille. Madrid et surtout Zaragoza ont vu « tomber ses toros ». A n’en pas douter, le ganadero de Galapagar va mettre un point d’honneur à « montrer sa différence », et remettre les choses à leur place. Castellon sera important pour son image et la suite de la temporada.  A suivre.

 

QUITO: CRISE DE L’ACIER…

     5 décembre : Vraiment, çà allait mieux du temps du « pony express »… On écrivait sa lettre d’amour, son message « au secours ». On prenait le temps de bien rouler ses phrases, en soupirant… ou on griffonnait un « Help », en hâte, tandis que les flèches sifflaient alentour. On Confiait le tout à un fier cavalier qui filait au galop, avec ses deux chevaux, et au bout de 15 jours, c’est sûr, vous aviez votre promise dans les bras, ou la cavalerie arrivait, un peu poussiéreuse, sauver ce qui restait de votre scalp… Bon !

     On m’avait dit « Tu verras… Internet, c’est génial ! Un clic, et ta prose part sur la planète entière, instantanément ». Génial ! c’est vrai… à condition que cela marche…

     Se lever matin…(mais, ce qui s’appelle: vraiment matin !), aller chercher sur toutes les presses de la planète, cheminer, râler, trouver l’information.. Ouf ! Puis, composer, rédiger son article pour qu’à telle heure…Un clic  et…rien ! « Ca passe pas ! Le moteur est grippé, le serveur est en grève, on pédale pour rien… » Vous connaissez, tous, cela…Frustrant, « n’est il pas… ? » 

     C’est ce qui nous est arrivé hier. Du temps du « pony express », les proches voisins auraient appris au bout de quelques jours que Ponce avait coupé quatre oreilles à la Mexico. Vous qui habitez de l’autre côté de la planète, vous ne l’avez su qu’à l’heure du repas (ça dépend à quelle heure vous mangez !). Et pourtant, nous sommes déçus, confus. On ne peut même pas vous promettre que cela ne se reproduira pas. C’est cela, le progrès… C’est un peu comme à Quito, hier. La corrida a été bonne, mais il y eut « crise générale de l’acier ». On devrait essayer le tungstène…

     4 décembre – Quito (Equateur) – 5ème de feria – Plein (16000 personnes) : La corrida avait été chamboulée, les vétérinaires s’étant montrés inflexibles. Du coup, le ganado lidié se composa d’un « panachage », qui se révéla intéressant : Trois toros de Huagrahuasi (3,4,5ème), braves (vuelta au troisième) ; deux de Atocha (2, 6ème), mansos ; et un, bon,  de Mirafuente, (le 1). Corrida, dans l’ensemble, très intéressante, la lidia étant un peu gênée par le vent. De plus, les trois toreros connurent, pour diverses raisons, une poisse noire avec l’épée.

     Grande actuacion de Finito de Cordoba… qui a perdu trois oreilles. Très bien face au bon premier, on le vit supérieur, « gustandose », dans une grande faena, au quatrième. Hélas, il lui fallut trois voyages avec l’estoc, pour chaque toro… et ici, on n’aime pas cela. Enorme ovation, le torero, dépité, refusant poliment de donner la vuelta – Morante de la Puebla a connu une mauvaise journée. Bien au capote, il laissa trop vite tomber, muleta en main, et tua comme un… Son premier était, certes, manso, mais il en a vu d’autres…. Le vent l’a gêné, certes, face au cinquième, mais il devait s’accrocher plus. Pitos y bronca ! – Gros triomphe populaire pour Cruz Ordonez, diestro local, qui mit tout son honneur à lever un public qui ne demandait que cela. Vaillant, bullidor, il reçut ses deux toros « a portagayola », ce qui lui valut une sérieuse voltige par le sixième, qui freina sec, au passage. Très valeureuse faena à l’éxcellent troisième, « Localeno », aux cris de « Ecuador, Ecuador ! ». Grosse ambiance et bon toreo du jeune diestro, qui se fit prendre, sans mal. Estocade à fond, triomphe assuré, et … le toro résiste, se pone amorcillado, ne bouge plus, debout. Echec au descabello, et tout bascule : deux avis et silence. Adieu les deux oreilles.  Quel dommage ! Et en plus, on donna la vuelta au toro… La mésaventure se répétera au sixième, le torero, gêné par le vent, ne pouvant se livrer totalement. Et, encore une fois, le descabello lui jouera un mauvais tour

    Ainsi se termina cette cinquième de feria, qui vit un très bon toreo, et de très mauvaises conclusions avec l’épée. « Manana, otro dia ! Allez… à demain ! Je vous envoie la cavalerie ».
 

« VIVA CURRO ! ! ! ! ! »

     6 Décembre : Franchement, quelle idée ! On sait que les britanniques sont les cabochards de l’Europe, voir les mauvais élèves. Une dame de fer montra la route, et maintenant, tout sourire et tout sucre, le premier ministre dit « attention ! A condition que… ». Et comme pour lui donner le beau rôle, ou faciliter les calembours faciles, on invite tout ce joli monde…à Nice. On voit d’avance les manchettes des journaux « L’anglais s’est promené... », « l’Europe à Nice,  quelle salade… », « Carnaval en décembre… », et j’en passe de meilleures.

     Ceux qui rigolent beaucoup moins, et combien les biarrots compatissent, ce sont les Niçois. Mesures de sécurité obligent, il ne fera pas bon se promener par là, ces jours ci. Il semblent même que les riverains soient obligés de rester « volets clos », durant les allées et venues des cortèges officiels. La ville blanche est donc condamnée à rester « dans le noir », au passage de ces « lumières »… Paradoxal, non ? Pourquoi donc se cache t’on pour discuter d’un montage politico économique qui faisait, paraît il, l’unanimité et donc, devrait susciter félicitations, bravos, fleurs et tambours ? La lidia serait elle plus difficile que prévue ? Le toro  « Europe » est il donc plus « manso huidoso pegando coces », que fier et brave, rassemblant toutes ses forces pour faire briller sa devise ? Les cuadrillas se regardent, apeurées, se grattent la tête et se poussent du coude : « vas-y, toi ! ». Pourtant, un de leurs chefs a fait « la tournée de hôtels », avant la corrida… « Il faut, à tout prix, couper les oreilles, sinon on va avoir l’air de « … » et après, ils sont capables de nous sonner les avis et il va falloir encore sortir par le callejon…, comme Curro »

     Un qui ne se pose plus cette question, c’est Curro, justement. Maintenant, à 67 ans, il va pouvoir déambuler  d’un pas tranquille dans « sa Séville », (ce qu’il faisait d’ailleurs, même quand « cela tournait court », sur le sable de la Maestranza). Aujourd’hui, Curro Romero est en paix, et demain, il pourra passer devant sa statue…au coin de la Porte du Prince. La commission « pro monumento a Curro » vient de donner son verdict. Il y avait trois sculpteurs en lisse : deux sévillans et un madrilène. Le pauvre ! C’est, ô surprise, le Sévillan Santos Calero qui vient d’être désigné, et sa statue, montrant le pharaon dans son célèbre desplante, sera inaugurée le dimanche de Pâques. Pourvu que l’attitude plaise à Curro… Il serait bien capable de revenir, rien que pour montrer comment était, vraiment, « un desplante de Curro, yendose del toro »…

     Nos politiques auront ils donc leur statue, et de leur vivant, qui plus est ? C’est toute la différence…

     5 décembre – Quito (Equateur) – Deuxième novillada de feria – Plein : La plaza de Inaquito a vibré à la lidia de six novillos de Triana, appartenant à Jose Luis Cobo. Bien présentés, ils ont, à part le manso sixième, donné du jeu, manifestant mobilité et noblesse. Les jeunes se sont bien battus, avec des fortunes diverses, et le public qui , encore une fois, remplissait la plaza a pu scander « Ecuador ! Ecuador ! » aux exploits du jeune torero de Riobamba, Juan Pablo Diaz, qui sort grand triomphateur, avec trois oreilles concédées. S’il fut intéressant et vibrant face à son premier, c’est devant le magnifique quatrième, « Gitanillo », qu’il donna toute sa mesure, dans les trois tiers. Portagayola et deux largas à genoux, un quite capote plié en deux, dans le dos; paires de banderilles en puissance, et faena alliant le spectaculaire et le reposé. A un moment, le public demanda l’indulto du novillo. La fin fut dramatique. Grosse épée en se faisant salement accrocher. Tandis que les ovations éclatent, le torero récupère difficilement et on l’enlève vers l’infirmerie. Abraham Barragan donne le descabello final, et « Giotanillo » est honoré de la vuelta posthume. Au moment où la cuadrilla allait faire le tour, avec les deux oreilles coupées par le jeune maestro, celui-ci réapparut, et on vous laisse imaginer l’apothéose. « Muy bien, Ecuador ! »

     Le reste de la course fut plus mesuré, plus conventionnel. Le dénominateur commun des trois toreros fut une propension à recevoir les toros à genoux. Abraham Barragan en est coutumier. On le vit sérieux et torero, toréant juste et élégant. Vuelta à l’un, oreille à l’autre. Bonne sortie, mais…- Julio Pedro Saavedra, encore une fois, fut mal servi et malchanceux. En un mot, ça s’est mal passé. Débutant, également, par trois largas et véroniques,  les deux genoux en terre, le meilleur novillero espagnol de l’escalafon 2000 se fit ovationner, avec le capote. Mais, cela sera de courte durée. Au cours de la faena, il trébuche et se fait mal à une jambe. Il en souffrira tout au long de la course. Ajoutez à cela un sixième toro à vocation de « garbanzo negro », et le résultat sera décevant, à la suite d’un si long voyage : Silence et Palmas. Que mala pata !
 

LE GRAND POUVOIR DE JESUS…

     Ils se signent plusieurs fois, au moment du paseo ou avant que ne sorte le toro. De même, au moment de sortir « a hombros »  par la grande porte. Dans leur chambre d’hôtel, une petite flamme veille sur les images pieuses devant lesquelles ils se sont longuement recueillis, vêtus de lumières, avant de partir au combat. A la plaza, juste avant la messe païenne, un petite chapelle les attendait, où une vierge de bonté veillait sur eux.

     Les toreros sont ils donc de vrais dévots ? Jesus et la Vierge sont ils donc aficionados ? Autant de questions idiotes servant de prétexte à introduire la conclusion de la Feria du « Jesus del Gran Poder », de Quito, en Equateur. Cependant, un argument que l’on pourrait rétorquer à ces anti corridas, « rois de tolérance et de bonté », en majeur partie pieux pratiquants, ce qui est tout à leur honneur . « Comment se fait il que les toreros, assassins en puissance, soient, en permanence, entourés d’images pieuses, et ne soient ni excommuniés, ni transformés en statue de sel ? – Pourquoi des chapelles dans les plazas, lieux où des crimes sont perpétrés, régulièrement ? – Pouquoi le Très Haut tolère t’il ce que de simples hommes veulent interdire ?…»… Autant de questions idiotes, je le confesse, correspondant à autant d’arguments idiots.

     A Séville, la Macarena continue à couver de son tendre regard tous les toreros de la Terre. Le Jesus du Grand Poder souffre et peine avec eux. La peur, la peine, le doute , il connaît… « pourquoi m’avez vous abandonné ? ». Tout au long de la saison, la Vierge du Pilar viendra au quite, et protégera, de son beau manteau quotidiennement renouvelé, toute le gent taurine. En Equateur, o sacrilège suprême, des toreros ont fait assaut de bravoure et de talent, au nom du Jesus del Gran Poder… Avouez que d’autres, pour moins que cela, se virent transformés en statues de sel ? Arguments fallacieux, j’en conviens… mais arguments correspondant à d’autres…de mauvaise foi !

     6 Décembre – Quito (Equateur) – Dernière corrida de « la Feria du Jesus del Gran Poder » - Plus un seul billet : Deux faenas du Finito de Cordoba, la vaillance de Victor Puerto et l’explosion de talent du jeune Guillermo Alban, sont les arguments de cette dernière de feria.

     Les toros de Huagrahuasi, bien présentés, sauf le cinquième, ont permis le succès des toreros, quoique mansotes et faibles, à divers degrés. Le second  fut remplacé par San Luis, faible – Finito de Cordoba a, probablement,  dessiné le plus beau toreo de la Feria, mais l’épée n’a pas fonctionné et les conclusions lentes l’ont  privé de tous les trophées. Hier encore, excellente prestation, toreo profond, moelleux, accompagné de longs pases de pecho, enroulés vers l’épaule contraire. Enorme ! Le toreo de toujours…Pero, no mato ! Ay, senor ! - Victor Puerto « mit ce que ses toros n’avaient pas… (« los cataplines », comme dirait Espla) ». Faenas de porfia, à bout portant, essayant d’arracher les passes, et se la jouant à chaque pas. Le toreo qui rentre dans le cœur et le ventre du public. Oreille chaque fois, et a hombros – Mais c’est le jeune Guillermo Alban qui a totalement triomphé, coupant une oreille au troisième et montant un véritable « tabac », devant « Rotenito », le dernier toro de la Feria. Grosse faena, brindée aux compagnons du cartel, et très jolis passages toreros, poussés à fond par le public. « Ecuador ! Ecuador ! ». Le garçon part pour un grand coup d’épée, et d’un.
 

LES TROPHEES DE LA FERIA DE QUITO

     7 Décembre : Le jury s’est réuni, la dernière corrida à peine terminée. Sa tâche fut facile et son verdict porte haut les couleurs locales. Il est le suivant :

Trophée du « Jesus du Gran Poder » au triomphateur de la feria 2000 : Guillermo Alban (Equateur)

Tophée au « Toro de la Feria » : « Localeno », de Huagrahuasi (Equateur) lidié le 4 décembre, par Mariano Cruz Ordonez

Trophée au meilleur novillero : Juan Pablo Diaz (Equateur)

Meilleur Banderillero : Milton Calahorrano (Equateur)

Meilleur picador : Braulio Almeida (devinez…) 

     Ainsi se termine une feria de Quito qui a montré la grande aficion du public, qui a tous les jours, rempli la plaza, mais dont les résultats artistiques sont «moyens ». C’est normal, puisque nous étions… en Equateur !
 

«VRAI FAUX PASSEPORT » POUR L’AFICIONADO…

     8 décembre :  Ay Senores, qu’est devenu le monde ? Nice s’est tout à coup transformée en camp retranché, certaines de ses rues en « Parte Vieja » de San Sebastian . Qui l’eut cru ? Les Anglais qui se promenaient sont « shocking ».  Partout, on parle de sommes astronomiques qui volent de comptes en comptes, à coups de marchés occultes et de « vrais faux passeports ». Alors, on fait sa salade, à Nice ou ailleurs, et « pour faire taire la piétaille », on décide, royalement, « 50 frs de plus », ici ou là . Ay, Senores ! On ne peut même plus s’exclamer « la vache ! », tellement elle aussi, est devenue folle.

     Le mundillo taurin  n’est pas plus clair, mais il y a une vérité, une seule : C’est dans le ruedo qu’elle éclate, toujours. Ici aussi, les millions circulent, à certains nivaux. Ici aussi, la Loi de 33%, ou de « los ponedores » pue à plein nez. Ici aussi, le « Je te quitte, mais… qu’est ce que tu étais bien », ne trompe personne. Cependant, quand le toro sort, le silence se fait, pour quelques minutes…puis !

     C’est un  « Senor Toro », d’apparence forte, avec du trapio et des pitones. Mais, que se passe t’il ? Après deux courses, le voilà brinquebalant, comme ivre. Le plus fier des lutteurs tangue méchamment, comme un fêtard qui recherche sa rue. On le dit « descordinado ». Mot scientifique et pudique pour signifie qu’il a « les idées et les pattes qui se croisent les bras ». Que s’est il donc passé ? Aurait on « un peu » forcé sur les « anti inflammatoires » ? Et il continue son combat, rentrant dans le cheval qui, parfois s’écroule tout seul, ou s’en va en goguette, son cavalier tentant ridiculement de reprendre le bon cap. « Trop chargé », le canasson ? Le toro pousse et s’endort. Quand il sort, un de ses pitones a éclaté. Que paso ? Aurait on trop forcé, côté « lime à ongles » ?

     Le Torero est là, beau comme un dieu. Il a changé d’apoderado. Il était bien avec le précédent. « Ils s’aimaient beaucoup, mais… ». Alors, un nouveau est arrivé, qui, d’ailleurs, venait de rompre avec au autre diestro…  Quelques instants de cette nouvelle administration, de ces illusions retrouvés et, patatras… c’est dans le ruedo que cela se passe… Malgré millions et déclarations, le maestro torée toujours « encorbado », et reste le grand adepte du « pasito atras ».

     En un mot, malgré tous les artifices, la réalité du ruedo est incontournable. On l’accepte ou on ne l’accepte pas. Mais au moins, on est vraiment libre de dire « Bon, maintenant ça suffit ! L’afeitado et la seringue, c’est fini ! »… L’aficionado est un passionné, un rêveur, pacifique et libre. Lui seul peut décider « d’être cocu »… et fier de l’être. Enfin, presque… Deux exemples :

     « Rêveurs et … », les Bayonnais  qui crient bien haut leur indépendance, mais qui apprennent que Manuel Chopera vient d’engager Victor Puerto, pour la saison 2001, dans « ses » plazas… Bilbao, San Sebastian, Almeria, Mont de Marsan, Bayonne… « En que quedamos ? ». On est heureux de voir le Puerto nouveau à Lachepaillet. On aurait préféré le voir cette année, plutôt.  La question n’est pas là. Qui décide ? Qui choisit ?  « Autorités et CTEM » vont-elles arriver, encore, à nous faire croire, en avril et en mai, qu’elles ont décidé d’engager tel ou tel torero, alors qu’il a déjà « son hôtel réservé » depuis décembre précédent. Hombre !

     «Rêveurs et … », les toristas de verdad. Ils entendent de molles protestations au sujet des « toros chargés ».  Vrai ou pas ? Comment se fait il que, depuis qu’on en parle, toutes ses penas que l’on dit fières et intègres (ce qui est d’ailleurs vrai), ne se sont elles pas réunies sous un même drapeau pour exiger, systématiquement,  « le contrôle anti dopage », après la corrida ? Avec ce que cela coûterait, les multas seraient solides, et passeraient aux escrocs l’envie de recommencer. Igual pour l’afeitado ! Mais, on va, on continue. On râle, on peste, on gesticule. Mais on va… Donc, une conclusion s’impose : « Nous sommes tous toreristas… ».

     Jean Cau écrivait que « l’Aficionado croit au père Noël, tous les soirs, sur le coup de cinq heures… » mais c’est bien vrai !
 

LE GRAND DEFILE…

     9 Décembre ! Noël allume ses premiers chandelles électriques dans les rues d’hiver. « Brrr ! Pas chaud, ce matin ». Moufles et écharpes sont de sortie. A Bayonne, elles devront être toutes blanches, pour aller brailler  « C’est à Ba Ba, c’est à Yoyo … », dans la rue Pannecau. Noël, fête de douceur et de Paix. Tu parles ! Allez donc le dire en Palestine, en Colombie. Cette année encore, le Père Noël fera mieux de se mettre en treillis, histoire de passer inaperçu, au détour de quelque cheminée. La terre tourne, et pas trop rond.

     Mais décembre, c’est aussi le mois des défilés. « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », pour le Téléthon, « les Restau du Cœur ». Bravo les citoyens ! Honte à l’Etat, qui amasse… et laisse les cœurs généreux nourrir ceux qui ont faim, soigner ceux qui ont mal, consoler ceux qui pleurent. Vrai faux passeport pour l’indifférence de ceux qui dirigent, « gèrent »…

     Plus légèrement, décembre, c’est le mois de l’élection de « Miss France ».  Aaaah ! Pour un moment, nous voilà tous, qui la bave aux lèvres, qui un rictus dédaigneux que dément un œil « bien allumé », qui, encore, la critique acerbe de nos moitiés, qui ne manquent jamais de mettre le doigt « là où ça coince ». « Non mais t’as vu ?- Pas de hanches, pas de fesses, des planches à pain » Tout y passe, tandis que défilent les belles au sourire figé. Et de continuer, presque convaincues : « Je suis mieux , non ? ». Et c’est parfois vrai ! (je vous le souhaite, messieurs !). Les filles sont magnifiques, leur émotion est « palpable » (hum !). Il faudra une gagnante ! On espère que cela ira plus vite qu’en Floride ! Alors, déboulera du fin fond des âges, un célèbre chapeau, qui accompagné d’un non moins célèbre sourire, clôturera l’irrespirable suspense. Déjà, une chandelle sera éteinte au sapin, jusqu’à décembre prochain. Une « sacrée soirée ! »

     Dans l’actualité taurine aussi, on défile. A Vista Alegre, la « couverte » de Madrid, on a réinventé le concours de opportunités. Sebastian Palomo Linares était né de ces éliminatoires, là bas, vers les années 60. Des gosses dépenaillés et crevant de faim, se la jouaient devant de méchants novillotes, et c’est ainsi que le gavroche en blanc et argent avait crevé l’écran. Aujourd’hui, ce concours a le mérite d’exister. Eliminatoires, demi finales, finale…comme à Wimbledon. Sauf qu’il pleut pas ! Devant de pâles assistances, les novilleros toréent mieux que jamais, mettent « tous la hanche », coincent tous à l’heure de l’épée, et donnent des vueltas, euphoriques comme le commandant du « Charles De Gaulle », attendant le prochain « petit bruit »… A suivre, quand même, en espérant « l’oiseau rare ! »

     A Séville aussi, on va défiler. Côté  « Toros », cette fois-ci. Don Eduardo Canorea vient d’annoncer les ganaderias élues pour la prochaine feria d’Avril. Il y aura du Salmantino : El Pilar, Puerto San Lorenzo, Garcigrande. Bien ! - Il y aura, bien sûr, de l’Andalou : Juan Pedro, Torrealta, Nunez del Cuvillo, vainqueurs de l’an passé. Normal ! - Torrestrella, Antonio Gavira, Cebada Gago. Bueno ! - Miura. Incontournable ! - Au banc des absents, Jandilla et Zalduendo. Vont faire la tête ! - Maria Luis est privée de « gueule de bois », Eduardito, dont on connaît la sobriété, surtout côté porte-monnaie, ayant décidé de ne plus rincer gratis, pour la corrida de la resaca. Jo ! - Pour ce qui est des hommes, il est prévu que les figuras toréent  trois corridas, chacune. Bien ! Mais, cela dépendra sûrement de la télé. La grande partie d’échec va débuter. Eduardito a dans ses mains la carte Ortega Cano ! Segura piaffe d’impatience avec Jesulin ! Morante n’a qu’à bien se tenir… Souviens toi de la San Miguel ! Et pendant ce temps, à l’ombre de sa statue, Curro joue tranquillement aux dominos.

     A Medellin, (Colombie), on défile aussi : Premier congrès des journalistes taurins. Les érudits feront assaut de talent, d’humour et de savoir, au cours de multiples interventions, parfumées des saveurs antioquenas. Superbe ! Pour la France, c’est Zocato qui procède. Il connaît bien la Colombie, sait en apprécier chaque moment, chaque sourire, chaque regard. Que suerte tienes, Vicente ! Mais, travail, travail ! Tout ce joli monde se retrouvera à la Macarena, cet après midi, pour la deuxième corrida où, à côté de Cesar Camacho et Manuel Caballero, face à des toros de la Carolina, Vicente Barrera « repassera l’examen d’entrée », après son année « en blanc ». Corrida importante pour lui, dans la mesure où sa prestation, bonne ou mauvaise, sera répercutée aux quatre coins de la planète taurine par la fine fleur de la critique. Hier, une ovation a salué un homme, dans le callejon, Cesar Rincon. Dans ses yeux fatigués, la joie de retrouver la chaleur des siens, et la peine de voir ses toros sortir sans la caste qu’il a si souvent montrée, vêtu de lumières.

     8 décembre – Medellin (Colombie) – Plaza de la Macarena – Petite entrée (6000 personnes) : La Temporada de Navidad vient de s’ouvrir à Medellin. Corridas en fin de semaine (vendredi, samedi), et, en général, tout le monde se retrouve dans le même avion, pour aller toréer, le dimanche, à Bogota. Grande ambiance, sur le vol d’Avianca. Il en sera ainsi, jusqu’en Février. Un peu plus de media plaza, pour cette première corrida qui n’a presque rien donné. Le lot de « Las Ventas del Espiritu Santo », devise jaune, bleue et rouge, de Cesar Rincon, est sorti bien présenté, mais falto de casta, manso, arrêté. Seuls se sauvent premiers et cinquième. Victor Puerto a donné vuelta après chaque combat. Il y eut forte pétition au quatrième, toro manso qui l’entraîna dans des terrains impossibles et lui infligea une sale voltereta dont il sortit entier, mais roué de coups – Abellan  a donné une vuelta au cinquième, et Paquito Perlaza, n’eut pas matière première pour quelque succès. On l’applaudit, au sixième. Otro dia sera ! Tant d’efforts, tant d’espoir qui tombent à « presque zéro », quand les mansos, eux aussi…se mettent à défiler.
 

MANOLO CABALLERO TRIOMPHE A MEDELLIN

     La Colombie n’en finit pas de compter ses morts. Chaque heure de radio relate de nouvelles embuscades, de nouvelles batailles. La guerilla, les paramilitaires, les forces nationales…toutes redoublent de hargne et de cruauté, au nom de l’on ne sait quel futur de Paix. Hier, il y a eu bataille rangée entre deux sections des forces nationales. Des frères d’armes, entre eux. Des gosses qui se sont affolés. Des civils ont encore une fois, payé de leur vie, cette folle escalade. Et pourtant… Il n’y a pas plus doux, plus chaleureux, plus accueillant que le peuple colombien. L’économie bat de l’aile, la monnaie, de même. La crise est patente. A Medellin, le prix des billets de corrida a baissé de presque 40%, et malgré cela, le cartel d’hier dans la capitale antioquena, n’a rassemblé que 4 à 5000 personnes.

     9 décembre – Medellin (Colombie) – moins de media plaza : Gros triomphe de Manolo Caballero devant une bonne corrida de La Carolina, bien présentée, qui a , en partie, permit le toreo. Les meilleurs : 5 et 6ème ; et, à un degré moindre, le premier. Le garbanzo : le quatrième - Manolo Caballero a touché deux toros distincts. On l’a vu très templé au capote, et suave, dans sa premières faena. Oreille. Il fut très important au cinquième, toro désordonné, qu’il dut peu à peu convaincre et dominer. Final par redondos, « à l’endroit et à l’envers ». Pinchazo et une entière qui roule le bicho. Deux oreilles et sortie à hombros pour l’albaceteno, très aimé, ici – Vicente Barrera a fait son grand retour. Pas grand chose à tirer de son premier devant lequel il se montra froid. Il coupa l’oreille du bon sixième, restant un peu en dessous de la qualité du toro – Cesar Camacho donna vuelta face au premier, mais ne se risqua guère devant le mauvais quatrième. Peut-être la présence dans les gradins des journalistes taurins de tous pays, aurait elle mérité « un arrimon » susceptible de faire parler de lui et relancer sa carrière, par delà la Colombie. Dommage.
 

LE « TORERO DE NAVARRE » EST PARTI.

     9 décembre : Julian Marin, torero navarrais, est décédé, ce jour , à l’âge de 81 ans, dans une maison de retraite  de San Adrian. Son nom était une référence, dans l’Histoire de la Navarre taurine.

     Né le 14 octobre 1919 à Tudela, Marin se présenta à Madrid, le 17 Août 41. C’est en plaza de Pamplona, bien sûr, qu’il reçut l’alternative, le 7 juillet 43, face à des toros de Samuel Hermanos. Alternative « de lujo », le parrain étant Pepe Bienvenida, le témoin, Manolete. 

     Carrière courte, le torero se retirant en 1953, après avoir toréé 234 corridas. Son toreo était …comme sa terre. Il n’était pas un artiste, plutôt un rugueux, qui passait en force. Dur au mal, il reçut de nombreux coups.

Ainsi s’est refermée, hier, une page au grand livre de cette rude Navarre, terre du courage et du toro.

 

DIMANCHE MEXICAIN

     10 décembre :  On surveillera, aujourd’hui, trois corridas de grand intérêt, en trois plazas  importantes du chaud Mexique : La Monumental de Mejico, Guadalajara et Monterrey.

     A Mexico, Francisco Rivera Ordonez, tentera de conforter la bonne impression donnée au cous de sa confirmation d’alternative. Il avait été bien, mais… manquait quelque chose, comme d’habitude. A ses côtés Federico Pizarro et Manolo Mejias essaieront de redorer leur blason. Dur pari, le train les ayant laissé quelque peu sur le quai. Les toros seront de Marco Garfias.

     A Guadalajara, Alternative de grand luxe pour Antonio Bricio. Vainqueur aux points de l’escalafon novilleril 2000 en Europe, il a démontré goût et solidité, non dépourvus de profondeur, au cours des 51 novilladas torées, en « toutes catégories ». Torero sérieux, qui peut fonctionner, avec le toro.  Aujourd’hui, le grand jour, face à des toros de Vistahermosa. Le Parrain sera Eloy Cavazos, le témoin, Enrique Ponce. A n’en pas douter, l’événement du jour.

    A Monterrey, le Zotoluco arrivera, auréolé de son grand triomphe de Mexico, dimanche dernier, avec l’indulto du toro « Romerito », de los Encinos. A ses côtés, Armillita a besoin d’un succès, pour relancer la machine. Le troisième sera un espagnol, « afincado alli », et qui fait bonne campagne, Antonio Barrera. Les toros seront de Begona. « Suerte pa todos !»
 
ENRIQUE PONCE, « CHAMPIOND’AUTOMNE »…

     11 décembre : A  n’en pas douter, ceux qui avaient sauté sur quelqu’occasion  d’enterrer Enrique Ponce, lors de la dernière temporada, en sont quittes pour revoir leur copie et ranger leur venin. Certes, le saison 2000 fut moins limpide que les sept précédentes. Certes le peu de réussite à Valencia, Séville, Madrid ; certes, le coup de rogne de San Sebastian avaient de quoi sonner quelqu’alarme, mais en aucun cas le tocsin. Et, tandis que les vainqueurs 2000 prenaient un repos bien mérité, Enrique Ponce décidait d’occuper, sagement, le terrain : une dizaine de corridas, dans des endroits clef, avec un maximum de répercution, au Pérou, en Equateur, au Mexique. Le résultat ne pouvait être plus éloquent : Triomphateur de la Feria de Lima, excellent à Quito, phénoménal à Mexico, le Valenciano a encore triomphé hier, à Guadalajara, revenant tranquillement en Espagne pour quelque repos, ô combien mérité. Fabuleuse maturité d’une grande figure du Toreo, qui, malgré la concurrence et les années, tient son rang et torée mieux que jamais.

     

     L’autre commentaire suscité par la journée taurine du 10 décembre, en Amérique du Sud, concerne la crise économique qui y règne, et provoque des entrées catastrophiques, ici et là, exception faite de Quito qui remplit sa plaza , malgré que la monnaie équatorienne, le sucre, soit rangée aux oubliettes. La plaza d’Armenia, en Colombie, a dû annuler hier sa corrida. Seules 500 personnes avaient réservé leur billet. Pourtant, le cartel était important : Dinastia et Paco Perlaza, encadraient Victor Puerto, une des grandes vedettes de la saison Espagnole. 500 personnes !  A Medellin, ce ne fut pas brillant. A voir ce qui se passera à Cali… Au Vénézuela, la corrida en honneur de forces Aériennes  attire ¼ de plaza, à Maracay. De deux choses l’une, ou il y a peu d’avions, et les trois pilotes, plus leur familles, occupent trois rangs de tendidos, ou l’argent se fait rare et l’aficionado « se lo piensa ». Que dire de la Mejico, qui  voit défiler Rivera Ordonez, devant 3000 spectateurs… sur 45000 possibles. Crise économique ? Crise liée à l’absence de vraies vedettes ?  Probablement « un peu des deux »…

     10 Décembre – Mexico – Plaza Monumental – Entrée désolante – Toros de Marco Garfias, mous et sosos, excepté le troisième. Le sixième fut très protesté pour son manque de trapio, et le président attendit la fin du tiers de piques pour ordonner son changement, ce qui redoubla la protestation. (C’est à dire que les 3000 spectateurs présents « braillèrent » comme 6000 !) – Manolo Mejia n’intéresse plus personne, et ce n’est pas le brindis à Miguel Bose qui arrangea les choses. Il refusa de banderiller et le public le lui fit vertement reproche lorsqu’il voulut lui offir le quatrième – Federico Pizarro fut aussi contesté. On le vit bien au capote et très irrégulier à la muleta, intercalant, dans ses faenas, quelques séries potables et des guignolades à genoux qui n’amusèrent personne – Rivera Ordonez fut bien à son premier, reçu a portagayola et bien toréé. Vuelta « chaleureuse », malgré le ciment vide. Le sixième bis le prit violemment, à la cape, au niveau du mollet, le leva très haut, le torero retombant mal. Très secoué, le fils de Paquirri restera dans le ruedo, mais devra abréger. Triste journée, à de nombreux points de vue.

     10 Décembre – Guadalajara (Mexique) – Plaza Nuevo Progreso – Presque plein : Grand cartel, grande entrée. Alternative d’Antonio Bricio, en présence d’Eloy Cavazos et Enrique Ponce. Le nouveau matador toucha le mauvais lot d’une corrida faible et compliquée de Vistahermosa. On le vit calme et centré, mais sans réussite : Ovation et palmas – Eloy Cavazos concéda la 54 ème alternative de sa carrière. Ce fut la seule éphéméride à retenir. Cavazos, de plus en plus contesté, fut sifflé. On n’est pas loin d’une décision finale, ce qui serait logique, respectable et méritoire – Quant à Enrique Ponce, il fut « au top », toréant bien le troisième et l’estoquant formidablement. Deux oreilles et sortie a hombros. Une de plus.  

     10 Décembre – Monterrey (Mexique) – Plaza Lorenzo Garcia – Bonne entrée : Bonne corrida de Begona - Armillita se fit ovationner, et de même Zotoluco, qui perdit à l’épée l’occasion de couper quelque trophée – Cependant, le grand triomphateur de la journée, sur tout le Mexique, est l’espagnol Antonio Barrera. Bonne faena au troisième, coupant deux oreilles, et « grande épopée torera » au sixième. Alors qu’il était en train de toréer supérieurement, le matador se fit accrocher dramatiquement, recevant une grave cornada dans la cuisse droite. Saignant abondamment, le torero resta sur place, et dans un climat de terrible tension, se jeta dans les cornes pour une estocade définitive. Emotion suprême dans les gradins et deux oreilles et la queue pour le héros meurtri, emporté en hâte vers l’infirmerie. Cornada forte, mais limpia, et gros impact provoqué par ce Barrera qu’il va falloir bientôt prendre au sérieux, y compris en Espagne.

     10 Décembre - Maracay (Venezuela) – Pour faire un facile calembour, on dira que la corrida hommage aux 80 ans de l’Aviation Militaire Vénézuelienne, « n’a pas volé bien haut ». (Certains oseront même  le méchant «… a pris du plomb dans l’aile ! » - Nous, non !). ¼ de plaza et des résultats bien ternes, à cause des toros de Laguna Blanca, mal présentés, mansos, sosos – Jose Luis Bote n’a pas décollé (Silence et Palmas) – Le vénézuelien Manuel Zapata a connu quelques turbulences (palmas et silence) – Seule la torera Mari Paz Vega mit la pression, donnant, au cinquième, la seule vuelta de la journée. Mais vraiment… pas de quoi « s’envoyer en l’air » !
 

EUROPE /ETATS UNIS :  0 – 0

     12 décembre :  Quel spectacle éloquent ! Nice a retrouvé la paix et le soleil. Les « encapuchados » sont partis « cocktail molotové » ailleurs… Les grands seigneurs (ou grands saigneurs ?) de l’Europe sont repartis en maugréant un accord « a minima », histoire de ne pas paraître trop  ridicules devant les médias. Après Biarritz, Nice, où se passera donc le prochain sommet ? Les peuples regardent cela de loin, tristes, indifférents, résignés à voir « nivelés vers le bas » les acquis négociés par leurs aînés. Chaque commerçant, chaque agriculteur, chaque artisan doit déjà compulser la bible des « normes européennes » avant d’oser vendre une asperge, récolter un épi de maïs, planter un clou… Politica…politiqueo ! Les énarques ont pris le pouvoir. Mais au fait… savent ils ce qu’est une  asperge, un épi de maïs ? Ont ils déjà planté un clou ?

     Aux Etats Unis, le feuilleton  continue. Même les auteurs de « Dallas » n’auraient pas osé de tels méandres judiciaires, de telles circonvolutions autour d’une élection qui, pour démocratique qu’elle soit,  va  conduire le futur président à un super casse-tête. A intérêt à préparer une cargaison d’Upsa, le futur boss ! Inlidiable , le toro  « USA », qui va finir par sortir, dans quelques heures…en principe !

     Tout cela, espérons le, n’empêchera pas la tradition et le bon sens, de poursuivre leur route, pour quelque sourire des hommes, de toutes conditions, de toutes couleurs, de toutes latitudes. Le jour où la pipérade, la bouillabaisse, le gazpacho et la paella ont le même goût… l’Europe aura fait un grand pas…et nous serons dans notre tombeau,  mais un tombeau…aux normes !

     Au mot de « paella », pour le moment, on pense immédiatement…Valencia ! On a déjà avancé dans la construction des carteles des prochaines Fallas. Là aussi, il y a « cuisine ». Là aussi, il y a tractations. L'empresa, étranglé par son pliego, doit monter sa saison en fonction de ce qu’il a proposé dans le concours pour remporter le plaza. Il doit apporter à la Comunidad la somme qu’il a garantie, chaque année, et, si tout se passe bien, il garde quelques pesetas pour lui, à la fin. Maintenant, s’il fait preuve de force, d’imagination, s’il veut bien s’adapter à une région très difficile, taurinement parlant, et… s’il a de la chance, alors, il peut se faire riche ! Valencia est une plaza où beaucoup se sont cassé les dents.

     Déjà, on parle « toros » pour les Fallas 2001 : Déjà, les Pablo Romero du Partido de Resina, les Murube du Capea et le Puerto San Lorenzo , ont leur corral attitré. Cuadri, Guardiola, Juan Pedro Domecq, et Alcurrucen, sont « en réservation ». Et on murmure que Victorino… Ce serait normal, vu que le ganadero de Galapagar a lidié, en juillet, une des corridas les plus grandioses de toute la saison.

     Victorino aux Fallas, cela s’est déjà vu. Reste à voir qui se mettra en face. Allez ! Un petit pari : Un maestro, une figura, qui les a déjà pris, avec succès… Un valenciano, de Chiva, qui n’a pu triompher l’an passé, dans « sa » plaza. Hein ? En deuxième, un autre valenciano, qui les a aussi déjà pris, avec succès, dans ce même ruedo, un avocat « qui n’a pas plaidé » depuis un an, et qui a besoin d’une « affaire sérieuse » pour  relancer son cabinet…Non ?  Puis, en trois, un jeune freluquet, qui a mis tout le monde à genoux, l’an passé, sauf à Valencia où il n’a pu se produire :  un torerazo qui n’a pas eu peur de débuter sa saison 2000, justement avec des Victorinos, à Castellon… Pas mal, non ? Toros de Victorino Martin pour Ponce, Barrera et Juli. Voilà qui ne serait peut-être pas « aux normes européennes », mais qui aurait du goût, de la gueule ! Pas vrai, les énarques ?

 

SORTEZ VOS CALENDRIERS…

     13 décembre : Ca y est,  à moins d’un revirement  de dernière minute, les Américains vont enfin avoir un Président. Stratégies et tapis vert auront, pendant plus d’un mois, dirigé « la grande Démocratie ». Pour la « bonne bouche », vont se révéler maintenant certaines anecdotes, sûrement moins croustillantes que par le passé, mais tout aussi scabreuses, qui risquent  d’empoisonner les premiers mois du nouveau locataire de la grande maison. En France, après Biarritz, Nice a vécu son « grand flop ». On comprend, maintenant, pourquoi on célèbre toujours les sommets européens… au bord de la mer ! Les médias nous rabattent les oreilles avec les dernières philosophie de l’homme tronc : « pour vivre heureux, vivons cachés, vivons bourrés ». Superbe ! Bref, tout va bien dans le meilleur des mondes, et l’on peut envisager avec sérénité, l’année qui vient…Du moins, certains d’entre nous… toujours les mêmes.

     Sortez plannings et calendriers. Il y a quelques jours, vient de paraître le programme officiel des corridas 2001 dans les plazas du Sud Ouest. Pas de grand changement, bien sûr, sinon le grand éclatement confirmé du calendrier Bayonnais.

     En bord d’Adour, Bayonne présentera Novillada, le 14 juillet ; puis corrida, le lendemain 15 juillet – Pour les fêtes : Corrida de Rejoneo , le 4 Août, et corrida formelle, le 5 – La feria de l’Assomption a vécu : Corrida , le 12…et le 15 Août – Enfin, feria de l’Atlantique : Corridas , les 1er et 2 septembre. Bien sûr, Bayonne se pose en gestionnaire, et elle a raison. Cependant, la « première ville » taurine amène son pavillon, devant Dax et San Sebastian. C’est clair, et toutes les arguties n’y changeront rien . Certes, ce n’est pas facile, et seule une entreprise privée pourrait tenter le diable, à monter, à ses risques, une vraie feria de Bayonne. Cependant, le « prestataire » actuel à tout intérêt à laisser faire, lui qui mène sa propre feria, au même moment, à 40 kilomètres de là…avec des toros, parfois…différemment présentés. Des bruits, d’ailleurs, circulent, qui font état d’un projet « lusitain »… une nouvelle empresa , avec un ganadero « très présent », déjà, dans le Sud Ouest, et un matador retiré, aimé des foules et grand communicateur. « Tu comprends ? ». A suivre…

    Mont de Marsan fêtera Madeleine du 22 au 26 juillet. Dax jouera sa Feria du 11 au 15 Août, et dansera « salsa », les 8 et 9 septembre. Concrets, compacts, les deux programmes parlent clairement de « Ferias », ce qui favorise des déplacements organisés, bien structurés, visant à voir un maximum de spectacles en un minimum de jours, sur un minimum de déplacement. Bayonne a choisi une autre formule, commandée par le calendrier. Elle devra compenser par l’imagination, pour séduire.

    Vic Fezensac donnera quatre corridas, du 2 au 4 juin. Floirac jouera Toros, les 20 mai, et 23 septembre. Aire sur Adour et ses Arsouillos monteront corrida le 1er mai : Fernandez Meca « unico espada, avec des Palha ? », puis sa feria le 23 et 24 Juin. Ces dates sont un peu délicates pour Aficiondos et Empresas : 23 et 24 juin… Corridas ou novilladas à Aire, St Sever, Gimont , La Brède… « Demasiado mucho, no ? » - 8 juillet, on va tous manger à Eauze, « chez Pierrot », et, le 30 juillet, Tyrosse et Orthez poursuivront leur partie d’échecs. Attention au « mat ! », un jour.

    Côté novilladas, Mugron, le lundi de Pâques - Parentis, les 4 et 5 Août – Hagetmau, les 5 et 6 du même- Roquefort qui donnera deux novilladas « des siennes », les 12 et 15 Août.

     Tout cela semble très intéressant, à une époque où, paraît il, l’argent foisonne et les plazas se remplissent. Cependant, c’est du côté « imagination » que l’on se penche, en espérant « le grand lendemain ». Mais là…

 

SEVILLA… « PAN SUR LES DOIGTS ! ! »

     15 décembre : La délégation gouvernementale d’Andalousie vient de produire un bilan des spectacles taurins sur la région, et plus particulièrement sur la plaza de Sévilla. On note une baisse de 27% des spectacles taurins, en particulier, sur les corridas de toros.

     Pour ce qui est de Séville, Eduardo Canorea , le célèbre « Don Eduardito » a du souci à se faire pour son image, et un sérieux coup de gouvernail à donner pour redorer un blason (qu’il n’a jamais eu), auprès de  aficionados et des professionnels, tous domaines et toutes catégories confondues.

     Diodoro Canorea, légendaire Empresario de la Maestranza a eu la mauvaise idée de partir, à l’aube de l’an 2000, laissant tout le monde, attristé. Maintenant, autre style, autres mœurs, don Eduardo est aux manettes. On a vite fait la différence. Diplomatie et générosité ne sont pas ses qualités premières. On attend les autres…

     Pour le moment, le bilan 2000 de Séville est le suivant :  19 corridas en 2000, contre 23 en 1999. Par contre, le nombre de novilladas (19) a augmenté, ce qui est un bien, mais qui est aussi sujet à question : Dans quelles conditions, ces novilladas ont été données ? On peut vouloir promouvoir la novillada, et donc monter ces spectacles, en sachant que l’on va perdre de l’argent… A priori, ce n’est pas le style de la maison. Donc, la question se pose : A quelles conditions, pour les toreros, les novilladas de Séville ont elles été montées, cette année ?  Le 33% a t’il été inscrit en lettres d’or au fronton de la Maestranza ? A t’on trouvé « autre subterfuge » ? Toujours est il que «Don Eduardito » peut se faire un quite facile : « Moins de corridas, d’accord, mais j’ai donné plus de novilladas, oeuvrant ainsi pour l’avenir »…Tu parles !

     Côté corridas, pour 19 corridas, il a fallu voir se présenter 218 toros, au « reconocimiento previo ». 57 ont été refusés, pour « manque de trapio », d’autres ne donnaient pas le poids. Valse des  camions…

     Pour autant, les résultats artistiques ne sont pas « super super ! » : 19 corridas, 114 toros lidiés,  soient 228 oreilles « à couper ». 32 matadores de toros ont fait le paseo, et, en fait, 19 oreilles furent attribuées. Au tableau d’honneur : Victor Puerto, Morante, Davila Miura, Finito, Caballero et Eugenio de Mora qui sont les auteurs de superbes moments, dont, on l’espère, Don Eduardito saura leur tenir gré.

     Tout cela n’est guère brillant pour le nouvel empresa de Séville dont on n’évaluera jamais le taux de responsabilité dans la retirada de Curro Romero. Pure conjecture, bien sûr, mais l’enfrentamiento  public, au sujet du Festival de Andex, et les conséquences possibles sur « la contratacion 2001 » du Camero, sont autant d’éléments qui peuvent faire penser à une sortie prématurée du Pharaon, dans des conditions autres que celles qu’ il méritait. Par ailleurs, l’annonce de la suppression de « la corrida de la Resaca », à la prochaine feria d’avril, sous prétexte qu’elle perd de l’argent, amène à penser que Canorea fait entrer Séville dans une nouvelle étape… qui n’a plus rien de romantique.
 

LES TOREROS ET L’HUMANITAIRE

     16 décembre : On a déjà parlé de la générosité des toreros. La page « Toros et Solidarités » vous en montre un exemples, et en contera d’autres, bien sûr. Ce week-end, il y aura des festivals importants, dont un en plaza de Castellon.

     Par ailleurs,  la chaîne de Télé, Antena3, à laquelle va se joindre « mundotoro.com », vont mettre à enchères, ce dimanche, plusieurs objets ou vêtements ayant appartenu à des vedettes, le tout au bénéfice de l’association « Mensajero por la Paz ». Vous qui avez consulté la page « 1967 » de notre rubrique « Histoires de Billets », nous vous conseillons d’aller voir le costume de velours « pourpre, noir et or », que porta Curro Romero, lors de sa corrida en unico espada, en septembre 67 à Las Ventas, au bénéfice de la lutte contre le cancer. Vous pouvez voir ce costume et l’explicatif de cette opération, sur le site www.mundotoro.com, en date du 13 décembre, rubrique « novedades » intitulée : « Mundotoro colabora con Antena 3 en el Telemaraton ».  Allez voir cette page. Outre ce beau geste à découvrir, vous pourrez vérifier qu’à « Toros 2000 », on…bataille beaucoup, mais on ne vous raconte pas de balivernes…

     De son côté, Manuel Diaz « El Cordobes », prête son image à une jolie campagne, en continu, en faveur de la Fondation IUVE, portant le titre de « Un Kilo de Ayuda – Ano 2001 », au bénéfice des pays en grosses difficultés.

    Les toreros, qui ont un cœur « gros comme ça » dans la plaza, sont aussi des généreux dans la vie. Pas tous, mais beaucoup… « Monterazo, caballeros ! »
 

ALLEZ VOIR AILLEURS…

      17 décembre : Franchement, c’est fatiguant ! Dorénavant, il serait souhaitable que la Télé se passe de nous ressasser ses débats « pour ou contre la corrida », quelle que soit la qualité et l’impartialité des images qui les précèdent. Les débats en question ne font rien avancer, marquant, souvent de façon brutale, le profond fossé entre deux mondes qui n’ont aucune chance de se rejoindre un jour. Inviter « des mules » pour parler de toros, essayer d’en interdire les combats, invectiver avec brutalité les acteurs et promoteurs de cette violence organisée… Pouah ! Quelle horreur.  En face, à chaque fois, les taurins se montrent bien éduqués, tolérants, et simples dans leur raisonnement. Pourtant, bloqués dans leur rôle préétabli de « méchants », aucun n’ose dire : « Mais enfin, monsieur, si je n’aime pas quelque chose, je le dis, tranquillement, et je vais voir ailleurs, mais je n’essaie pas de l’interdire, sous prétexte que je n’aime pas. Vous savez, chez les grecs, on a une certaine façon de cuire les œufs… Et si vous y alliez voir ! »

     Oui, je sais, c’est un peu radical et limité, comme argument, mais au moins, il a l’avantage d’être court et précis. Parce si « on va voir ailleurs », par exemple, à la Télé, justement, un samedi soir, sur  une grande chaîne à une heure de grande écoute, on a le droit, également, d’être écoeuré par le comportement de certaines  pseudo vedettes, qui sont invitées partout, empochant au passage quelques juteux cachets, pour soit disant, nous faire rire… Ainsi, le vulgaire, le graveleux  « pour tout public » sont bien plus violents et dangereux, que  le combat d’un homme et d’un toro, dans un lieu fermé où l’on a pris le décision de payer son droit d’entrée. L’humour « pipi caca » qui fait tant rire public et présentateurs, n’a rien à voir avec l’irrévérencieux, le coquin, le libertin.   Que tel  pseudo humoriste fasse rire en s’exclamant « faut que j’aille pisser », en pleine émission, ou que tel autre, systématiquement, martèle ses sketches et interventions publics à grands coups d’insanités et grossièretés  peut paraître plus violent et dangereux que ce torero qui se la joue dans le ruedo, quelquefois à ses frais. La jeunesse d’aujourd’hui manque assez de repères… Autant donc lui en donner d’autres que ses mots qui sont, justement, déjà la base de l’intolérance, le ciment de la violence… et que ceux qui ne l’entendent pas ainsi, pour rester dans le ton, aillent se faire em…pailler !

     Et si on allait voir ailleurs…

     A Madrid, par exemple. Ce dimanche, à midi, heure peu taurine, va avoir lieu en plaza de Vista Alegre, la finale du concours de  novilleros que l’on a suivi avec attention, mais sans passion, depuis novembre. Face à du ganado de los Guateles, les trois finalistes, vainqueurs des séries et des demi finales, s’affronteront, chacun dans son style. Reyes Ramon et Miguel Angel Canas sont de Madrid. L’un torée classique, l’autre met le feu. Représentant Salamanca, Francisco Javier démontrera un métier déjà bien appris. On ne sait… Dans deux ans, peut-être, ils nous feront courir, cinq minutes avant la corrida, à la recherche d’un maudit billet… C’est ce qu’on leur souhaite.

     Et si on allait voir, par exemple…au Mexique. Hier, la deuxième de feria de Queretaro n’a rien donné. Certes, les trois maestros ont mis la volonté, le métier, la soif de triomphe, mais le ganado, quoique bien présenté, s’est montré sans classe, sans race ni mobilité. Pouah ! Les toros étaient de Lebrija, et les maestros Zotoluco, Garibay  et Bricio.

     Et si on allait voir, du côté de « Mexico Capital »… Ce soir, 9ème corrida de la temporada dans le plaza monumental. Quelle entrée y aura t’il ? On se souvient des 3000 personnes « se serrant » sur les tristes gradins, il y a peu… Aujourd’hui, face à du bétail de Carranco, trois artistes, dont l’un devrait, depuis longtemps, être « le » torero de Mejico : Finito de Cordoba. Il a tout pour lever une foule ultra sensible, capable d’exploser sur deux véroniques ou un trincherazo. Juan Serrano, en pleine possession de son talent, est, depuis le début 2000, « hecho un torerazo ». Il revient aujourd’hui, après plusieurs années d’absence. On peut parier sur un triomphe, en espérant qu’il y aura foule pour en être le témoin. L’accompagneront deux autres toreros artistes, mexicains : Oscar San Roman, de Queretaro, qui sort de blessure; et Jeronimo, de Puebla, torero longiligne, dont on vit quelques bonnes choses, en Espagne, lorsqu’il s’y présenta en compagnie du Cuate .
 

VRAIMENT PAS LE « GROS MORAL »…

     18 Décembre : Que voulez vous, l’hiver nous porte à la nostalgie, à la mélancolie … bouahhh ! ! Avant, on sortait moufles et cache nez et l’on partait allègrement construire des bonhommes de neige comme autant de châteaux en Espagne. Avant, l’hiver, c’était l’hiver… et non cette brouillasse infecte, cette grisaille aussi triste et  ratatinée que l’imagination de tous les partis politiques confondus. Avant, l’hiver, c’était la neige, l’été, la plage. Avant, la gauche, c’était la gauche , et… Bon ! Aujourd’hui, 20° sur la côte basque, et une France qui ne croit plus en rien. Les jeux de hasard n’ont jamais aussi bien marché, au point qu’il s’en crée de nouveaux , presque chaque semaine. « C’est votre dernier mot ? » est devenu l’expression à la mode, celle qui fait rire tout le monde, lorsqu’elle tombe au bon moment. « Quel humour, quel à propos ! ». Et dire que PPDA a loupé ça, l’autre jeudi, à la télé... « y’avait pourtant de quoi … »

     Pas le moral, non plus,  « dans les toros »… Que l’on regarde vers l’Espagne ou le nouveau monde, il n’y a pas de quoi pavoiser. Même en non piquée, les novillos tombent ; même en festival bénéfique, le public fait la moue ; même au Mexique, les entrées sont catastrophiques. Pero, aqui que pasa ? On roule dans la grisaille, à l’aveuglette et on attend demain. Comme en politique « manana sera otro dia »… où on recommencera la même chose.

     Un qui n’a pas eu peur de changer les bonnes habitudes du style « rupture en toute amitié », c’est le novillero Luis Vilches qui vient de rompre sèchement avec son apoderado  Juan Manuel Rodriguez, après deux ans de contrat. « Nous n’avons vraiment pas les mêmes vues » a déclaré le torero qui a quelques « munitions » pour trouver un nouveau mentor. Triomphateur à Madrid, vainqueur du Zapato de Oro d’Arnedo, Vilches peut se permettre quelqu’écart de langage, d’autant que son apoderado n’était pas « un grand ». Cependant, un contrat reste un contrat, et il va falloir négocier et monnayer la rupture. Enfin, au moins, les choses sont claires.

                Pour ce qui est de l’actualité du dimanche :

     17 Décembre – Madrid – Plaza de Vista Alegre : 9000 personnes pour assister à la finale du concours « la Oportunidad », créée par l’Empresa Palumi, qui a fait preuve, ici, d’imagination et de courage. Trois novilleros en finale et du ganado de garantie. Autant les novilladas précédentes avaient montré de la caste, autant les Guateles de cette finale, nobles pour la plupart, ont fait preuve de soseria et de faiblesse. On ne parle plus ici de poids ou de châtiment excessifs. Novillada sin picar ! Les toreros ont été bien, mais sans faire hurler. L’importance du résultat, peut être ! C’est là, toute la différence entre les novilleros « d’école », et les maletillas d’antan, qui couraient le monde, en voulant « tout bouffer » !

     Reyes Ramon a coupé une oreille à chacun. Il toucha le meilleur lot. On le vit clair dans sa tête, toréant reposé en de longues séries, mais baissant peu la main, ce qui s’imposait devant le quatrième. Entrant fort avec l’épée, il traversa son premier, mais triompha fort logiquement – Miguel Angel Canas l’accompagna, coupant également un trophée chaque fois, avec un avis au cinquième. Débutant vibrant, on le vit bien aux banderilles, et à menos avec la muleta. Torero vaillant, avec propension à toréer pieds joints – Pas de chance au sorteo pour Francisco Javier, qui touche les deux retords, et se fait prendre en début de sa première faena. Les idées « à l’envers », il fit front, et tua mal. Avis chaque fois, et vuelta au sixième. Bien ! Et maintenant ? Que fait on pour eux ? Combien de spectateurs attireront ils, comme l’ont fait, avant eux, Palomo, Curro Vazquez ? On leur souhaite autant de chance et autant de talent, autant de réussite aussi, pero…

     17 décembre – Castellon de la Plana : Un peu plus d’une demi arène pour le Festival au bénéfice de « SOS Children ». Six novillos de ganaderias différentes pour Leonardo Hernandez (une oreille), Antonete (une oreille), Vicente Barrera (deux oreilles fortes), Victor Puerto (deux oreilles), Jose Luis Moreno et Alberto Ramirez (ovations). Bonne ambiance, en espérant que le résultat économique de ce festival sera à la hauteur des espoirs de organisateurs et des enfants malades.

     17 décembre – Mexico (Plaza Monumental) – Entrée désolante : La corrida de Carranco n’a pas tenu sur ses jambes, et le spectacle a navigué entre deux eaux - Finito de Cordoba en fut la principale victime. On le vit énorme au capote, face à son premier. Hélas, la faena, comportant d’excellents détails, fut entrecoupée par les agenouillements du toro. Le public protesta fortemnt le quatrième « por chico », et ne voulut pas tenir compte des bons moments du cordouan (ovation et silence) – Triomphateur de la corrida, avec une oreille à chacun, Oscar San Roman, torero de Queretaro. Bonne faena à son premier, avec d’excellentes naturelles. Trasteo plus tirebouchonné au cinquième, avec une grande estocade, qui décroche le triomphe. A noter qu’il faillit se faire prendre dans un chicuelina, suerte qu’il ne domine pas. Sa dernière blessure, grave, était déjà due à un mauvais placement sur cette passe – Jeronimo est arrivé avec plus d’humilité que lors de sa présentation, l’an passé, et le public lui applaudit une certaine profondeur dans sa première faena. Mais il tua mal, et écouta un avis, sous l’ovation. Les choses se compliquèrent au sixième, et on le siffla un peu.

     Vivement Noël ! Vivement le Juli à Mexico ! Vivement le début de saison… pour de nouveaux espoirs, pour… un  nouveau moral ! 
 

DE CI, PAR LA…MARCHE DE NOEL…

     19 décembre : N’allez pas vous faire offrir une télé pour Navidad, en espérant déguster, bien calé au fond de votre fauteuil, toutes les corridas des ferias 2001, grâce à l’abonnement à Via digital, laborieusement négocié avec votre épouse. Un conseil : prenez trois maîtresses. Oui, bien sûr…il faut avoir la santé ! Mais au moins, si vous jouez fin, vous pourrez avoir quelque chance de suivre la saison, de Olivenza  à Jaen, en direct sur le petit écran. En effet, rien moins que trois télés privées vont se disputer les retransmissions en direct, l’an prochain : « Via Digital », « Canal Plus » et « Yo quiero », nouvelle venue, moins puissante mais ambitieuse. La première de TVE gardera quelques miettes et, du coup, il faudra « avoir les moyens » pour voir toutes les ferias. D’où le stratagème des trois coquines. Dépêchez vous, il semble que « Yo quiero » télévise le grand retour de Jesulin et Ortega Cano, en février  à Olivenza, et essaie d’avoir l’exclusivité des Fallas. « Canal plus » va vouloir récupérer la paternité des intégrales et annonce déjà qu’elle télévisera tout le Puerto Santa Maria. A priori, elle ne s’arrêtera pas là. Via Digital gardera t’elle les grands cycles, comme Séville, Madrid, Pamplona ? A voir !

     Toujours est il que vous voilà, (nous voilà…) en situation délicate. Alors… trois maîtresses, l’une pour « yo quiero » (à un mot près, c’est facile) ; une deuxième pour la printemps (Ah, Avril à Séville !) ; et une, plus chaude, pour l’été (pobre de mi !). Un conseil, tâchez qu’elles soient Aficionadas, sinon, vous allez finir crevés, et vous n’aurez  quand même pas vu les corridas… A la maison, soyez sages, gardez la première de TVE 1. Au fond, si ça se trouve, vous y aurez les meilleurs moments… à tous égards. Et puis, tout bien considéré, vous abonner partout  vous coûtera moins cher qu’un bon procès pour faute… Alors, soyez sages, attendez le début de saison et les divers accords et contrats « Télévisés », et en attendant, souriez gentiment en recevant le cadeau que vous fait votre moitié, pour Noël… une écharpe, comme l’année dernière, ou cette eau de toilette, que vous détestez, mais qu’elle adore ! Ah, l’amour…

     En attendant, les empresas se bougent et réservent leurs lots de toros, et les annoncent :

     Castellon, qui fêtera la Magdalena du 18 au 25 mars, annonce, sûr, Victorino, Palha, Cuadri. Les trois autres corridas seront choisies entre : Parladé, Fuente Ymbro (Jandilla), El Torero et Luis Algarra.  La novillada sera de Jandilla et la corrida de rejoneo de Los Espartales.

    Bilbao n’est pas en reste, qui vient de dresser la liste de ces lots de toros, lidiés du 18 au 26 août : Retour de Miura et Victorino, qu’accompagneront Cebada, Dolores Aguirre, Atanasio, Torrealta, Zalduendo et El Pilar. La corrida de rejoneo pourrait être de Benitez Cubero.
 

L’ENIGME JOSE TOMAS…

     Ne dit on pas qu’il est parti, les cheveux peinturlurés comme un sioux, méditer au Tibet ? On espère simplement qu’il n’avait pas emporté son estoque, ou les yacks n’avaient qu’à bien se tenir.

     Enigme permanente que ce Jose Tomas, dont tout le monde attend, pour l’année prochaine, une attitude de vraie figura, voire de vrai N°1. Sa position est intenable, mais par ailleurs, il ne pourra, dans l’affaire «Télévision », faire du rétro, sans perdre la face. Accepter de se faire téléviser en 2001 est avouer le grand coup commercial tenté en 2000, coup qui a dû coûter plus qu’il n’a rapporté. Refuser de se laisser prendre sous tous les angles en 2001, est  se condamner à la critique de tous, à la désaffection et à l’indifférence finale.

     Sous la houlette de Monsieur Martin Arranz, et trompé par Joselito qui navigua  « a su sombra », Tomas « a sauvé les meubles », cette année. Cela ne se passera pas ainsi, l’an prochain. D’ailleurs, on parle de lui pour deux corridas à Séville, dont celle de Pâques. C’est une ouverture « télévisée », et les autres empresas auront beau jeu de se précipiter. Par ailleurs, Jose Tomas n’a pas besoin de ces subterfuges, il est suffisamment « grandiose torero » pour  triompher  sous les yeux de tous, empochant des millions mérités, et gagnant la vraie popularité. Il n’y tient peut-être pas, mais le chemin du destin est incontournable, et José Tomas, sorte de « Manolete des années 2000 » est un des éléments qui peut rendre quelque dorure, au blason de la tauromachie actuelle, fané par tant de descastamiento, voire quelques artifices « seringués », qui donnent à croire que les toros ne sont plus  « de combat »…ce qui est une ineptie.

     A suivre donc, dans les prochaines semaines, le « feuilleton Jose Tomas ». Tous attendent. Changera t’il d’apoderado, et enfin libre, abandonnera t’il un combat qui ne fut pas le sien, et qu’il défendit si faiblement, devant les micros ? Restera t’il  sur le même radeau ?  Beaucoup en seraient…médusés !

 

2001, SAISON DE « VACHES MAIGRES » ?

     20 décembre : Elles étaient déjà folles, voilà qu’elles n’auront peut être que « peau sur les os »… Plusieurs ganaderos, et non des moindres, annoncent cette année, des camadas plus courtes.  Faut il y voir le résultat d’une sélection plus accentuée ? Faut il y soupçonner une difficulté supplémentaire à atteindre le trapio et le poids qu’exigent aujourd’hui la plupart des plazas ? S’agit il simplement d’une coïncidence liée à des accidents dans les ganaderias, comme l’avance, pour sa part, Samuel Flores ? Toujours est il que les empresas se dépêchent de faire leur marché de Noël, réservant, d’ores et déjà, les lots pour leurs prochaines ferias. Ainsi, on peut voir se profiler quelques affiches, à l’horizon de nos plazas.

     Celui qui ne se pose pas de problèmes, c’est Victorino : Début à Castellon, trois corridas à Madrid (San Isidro, Bienfaisance, Otono), tout va bien… sauf si ses pupilles lui font « le coup de Zaragoza », dès le mois de mars. Saison primordiale pour le ganadero de Galapagar.

     Miura annonce six corridas, peut-être sept : Sevilla, Pamplona, le retour à Bilbao ; et, en France, Arles et Beziers. Où ira la sixième ?

     Samuel Flores sera court, cette année : Madrid, deux à Albacete (Asprona et septembre), Bilbao (hors feria, à priori. Peut être « la Presse » ?) et Dax. Qui dit Samuel, dit Ponce au cartel.

     Cesar Rincon avance sagement. Fort de ses succès 2000, il va lidier six corridas et, pour le moment, une novillada. Vu le triomphe de l’an passé, la novillada sortira à San Isidro. Pour ce qui est des corridas : un lot sera lidié à Alicante, et deux ont été réservés par la casa Chopera. A ver : Mont de Marsan répetera t’il le Torreon ? Le lot de la Madeleine n’avait pas entièrement satisfait l’Aficion. Où, alors ? Illumbe ? Almeria ? Bayonne ? A moins qu’il n’y ait plus d’armagnac dans la cave, et qu’un des lots s’en aille du côté de « chez Pierre », là-bas, à Eauze. A suivre. Les trois autres lots iront dans des plazas de moindre catégorie. La sagesse et la patience, toute colombiennes, d’un Rincon qui semble mieux supporter le dur traitement médical que lui impose sa maladie. Ce dont tout le monde se réjouit. Feliz Navidad, Torero.

     Casse tête pour les ganaderos. Il y a nivellement par le bas. « Aujourd’hui, si Algimia de Almonacid exige le même trapio que Las Ventas, « casi ! », qu’est ce que je fais de mes « biscornus ? ». Avec, en plus, le problème de la faiblesse, de la caste disparue, des contrôles anti dopage…, ce métier devient impossible. Autant se reconvertir dans l’apiculture… Pas folle, la guêpe ! C’est bien la seule… ».
 

ENHORABUENA, « DON RAFAEL »…TORERO !

     21 décembre : Jerez de la Frontera vient de rendre un vibrant et émouvant hommage à Rafael de Paula. Plus de 600 aficionados et une multitude de personnalités liées au monde taurin, et à celui des arts, se sont retrouvés autour du fameux torero gitano, pour un grand témoignage d’admiration et d’amitié envers celui qui a su si bien chanter « la musica callada del toreo », et prétend vouloir en jouer encore quelques mesures.

     Parmi la foule, « el Juli », Jose Tomas, jeunes loups, héritiers de gloire, étaient là pour dire au maestro « chapeau, senor ! ». De même Julio Aparicio padre qui, un 9 septembre 1960, en plaza de Ronda, donnait l’alternative à un torero différent, qui affronte les toros comme on ressent, dans la pénombre d’un tablao, le plus profond des cantes jondos.

     Depuis, Rafael de Paula, fidèle à sa conception du toreo, a suivi le chemin tortueux des génies, celui ou deux et deux ne font pas forcément quatre, ou alors, après un long moment…L’histoire du toreo des années 70/90 est pleine de ces moments de rêve où de cauchemar, dont le protagoniste, souvent vêtu d’azabache, enleva le public vers des sommets d’extase …ou de furie.

     Paula « duende »; Paula « passion »; Paula «folie »… que n’a t’on pas dit, écrit au sujet du célèbre gitan. Faut dire qu’il n’a pas manqué de défrayer la chronique avec de sacrés coups de tonnerre, tant dans le ruedos que dans sa vie privée. On se souvient de certain toro qu’il refusa de toréer, digne descendant del Gallo, ou Cagancho. Ortega Cano n’aura pas oublié son « renvoi à dix mètres », un soir de feria d’Avril, en pleine plaza de Séville, alors qu’il prétendait venir aider le gitano, en train de vilainement bafouiller son descabello. Ceux du callejon de Jerez doivent encore avoir quelque cheveu dressé sur la tête au souvenir de cette épée qui vient se planter, à quelques centimètres de leur tête, dans le bois de la contre barrière, lancée par le gitan, furieux des sifflets qui venaient de fuser. Cette année encore, tandis que Curro et son petit duende  entonnaient leur symphonie, Paula, de rage, arrachait sa coleta, et la jetait loin, comme pour un adieu. De fait, il vient de préciser que ce n’était que cela… un moment de rage, et que l’an prochain, on allait voir ce qu’on allait voir ! Emouvant, terriblement torero.

     Nul n’a oublié les cimes sur lesquelles Paula nous a emportés. Bien sûr, tout le monde parle de Vista Alegre, ce 5 octobre 74, avec le Bohorquez ; ou Jerez, ou Madrid, avec le sobrero de Benavides, « Corchero ». La « musica callada del toreo », selon Bergamin.

     Mais le Sud Ouest Français se souvient aussi, doublement, de Rafael. Et, depuis « ces lignes électroniques », qu’il soit permis de lui envoyer un salut très spécial pour les moments, trop rares, qu’il lui a donnés. Vêtu de lumières et de noir, en plaza du Plumacon, un soir de 75, ou de traje campero, pour le festival de Villeneuve, Paula arrêta le temps, l’espace de quelques véroniques, de quelques muletazos  de rêve. Et puis, la otra cara, le début de la fin, cette sale lésion au genou, à Bayonne, en 78. L’œil noir, le mal fario…il fallait que cela soit « chez nous »…Depuis, les opérations ont succédé aux lésions, et Rafael est allé, titubant son toreo, maugréant son infortune. Parfois, un toro lui a dit « va doucement, je t’attends, torée-moi comme tu l’entends »… Alors, la silhouette s’est redressée, et le menton a plongé dans le jabot de la chemise torera. Alors, la véronique ou la demie ont sculpté l’éternité ; alors, la naturelle a traîné sans fin, nous laissant à cours de souffle , sur le «ôôôô !», du olé… Alors, même le plus « ignare des ignares », le plus « anti des antis », a ressenti, au fond de lui, cette vague qui le prenait, comme une fièvre : l’admiration, l’émotion, le bonheur du beau.

     Don Rafael, « d’ici ou de là », recevez un gran abrazo,  fort et  simple comme un merci. Ne faites pas de folie. Il est vrai que le petit « duende » qui accompagnait Curro, est actuellement sans patron. Alors, peut-être, cette année, comme vous l’avez dit, hier, à Jerez. Mais, vous savez, même « de salon », loin du toro, nous serons toujours là pour hurler, à votre véronique, le « olé, callado, del toreo de siempre »… Que esté muy bien, Don Rafaé !

 

QUI, CETTE ANNEE, « EN TETE DE CARTEL » ?

     23 Décembre : A peine on prépare les balcons ou le tisons, à peine la sapin allume t’il ses bougies que déjà, on parle de « la prochaine ». Dans les souvenirs des aficionados, oubliées les rages et les déceptions de l’an passé. On attend la prochaine temporada « con ilusion ! »…

     Déjà, les empresas  laissent échapper quelques ébauches de leurs futures ferias. Les stratégies se mettent en place. Les figures et leurs représentants, selon leur rang, selon leur  force, vont négocier, exiger, murmurer quelque secret veto… Cela s’est toujours passé ainsi…

     El Juli ira à Valencia. Histoire de faire de l’ombre au copain Ponce, il se produira, à la même heure, le 19 mars, date phare, à Castellon, à moins de 100 Kilomètres. Tout cela se fait « très amicalement », mais, si on peut remplir, alors qu’ « Enrique ne fait que casi lleno, chez lui », c’est bon pour le moral.

     Mais une autre question se pose: Qui ira « de telonero », cette année ? On sait que les vedettes n’aiment pas cela. Ouvrir une corrida, toréer le premier toro alors que le public n’est pas chaud, c’est un peu comme passer en vedette américaine à un concert des Stones. De plus, chef de lidia ! Bof…

     Bien sûr, les années ne passent pas en vain et, par la force des choses, on se retrouve en tête de cartel. Joselito, Ponce en font l’expérience, sans trop rechigner. Mais quand même, on préférerait « aller en second », bien aropado. Moins de préoccupation à la lidia, plus de quites, moins de problèmes si le petit dernier se fait prendre… Et puis, au milieu, on voit les choses, et on touche le cinquième… Y, « como dicen que nunca sale malo ! » Tout cela compte.

     Alors on cherche. Un ancien, bon, si possible, mais « pas un qui aille nous casser la baraque », comme Antonete, quand il est revenu, la dernière fois, et qu’il a toréé comme un prince. Non. Un bon, « una figura… de ayer ». Un qui revient, ou un autre qui va partir…

     Cette année, Espartaco va ouvrir quelques corridas d’adieux. « Un respeto para el maestro », et surtout une grande bonne chance pour ce torero et ce grand compagnon. Todo un torerazo ! Ortega Cano et Curro Vazquez reviennent, à des degrés divers. L’un, à l’ombre de l’empresa de Séville, chacun faisant un quite à l’autre. Curro, l’autre, après deux faenas fameuses en 2000, à Vista Alegre et Palencia. Tous deux ont encore des choses à dire, et peuvent marcher en tête de « sacrées soirées » ! Mais cela sera dur, car les collègues appuieront fort, et leur souffle risque d’être court. Luis Francisco Espla continuera, à doses homéopathiques, ses cours de lidia, tout droit sortis des anciennes lithos. Listo !

     En France, Richard Millan ouvrira plusieurs bals. Ne fait il pas, actuellement, la tournée des popotes, histoire de remplir son carnet de commandes ? Tournée d’adieux pour Richard, après 20 ans « de durs services ». Fernandez Meca, normalement, devrait souvent ouvrir cartel « des deux côtés de la frontière ». Torero lidiador, il a gagné sa place, et Victorino va le pousser, car il pense que c’est un des toreros qui comprend le mieux ses toros. Ruiz Miguel revient. « Pa que ? » Certes, le toro de Illumbe lui a donné des ailes, l’espace d’une lidia parfaite. Certes, il est suffisamment torero et malin pour donner le change. Mais on voudrait garder le souvenir du gladiateur et non d’un vieux lion, qui, forcément, à un moment, coincera… Pensarselo… d’autant que l’œil de la caméra veille.

     Qui d’autre ? Vous avez votre idée… A n’en pas douter, cette lutte sera l’une des « intéressantes », en l’an 2001. Mais, au train où vont les choses, un jour viendra, rapidement, où le Juli ouvrira cartel, lui aussi… et, alors,  nous aurons tous pris… un coup de vieux !

 

CELESTINO CUADRI, LUI AUSSI, PLUS COURT EN 2001…

     23 décembre : Comme nombre de ces collègues, Celestino Cuadri annonce une camada plus courte pour 2001: 5 corridas seulement, qui seront lidiées dans la première partie de la temporada. Valencia et Castellon, comme l’an passé, risquent de nous mettre « l’eau à la bouche ». Puis viendra Madrid, qui fut le grand regret du ganadero, l’an passé. Les deux autres corridas sortiront à Valverde del Camino, près de Huelva, et Huesca.
 

ANTONIO BARRERA : RETOUR REPOUSSE

     23 décembre : L’aficion suit avec intérêt le parcours mexicain d’Antonio Barrera, ce sévillan qui a préféré « faire ses armes » et une réputation « là-bas », afin de revenir, un jour, plus fort, sur sa terre. Il est en train de réussir son pari, ayant toréé près de trente corridas en terre mexicaine, triomphant pratiquement partout, coupant les oreilles, faisant la pige aux grandes vedettes.

     Né le 9 février 1975 à Las Navas de la Concepcion (Séville), Antonio Barrera a pris l’alternative le 11 juillet 1999, en plaza d’Avila, des mains du Cordobes, en présence de Javier Conde. Le toro, de Juan Albarran, s’appelait « Barrigon ». Le nouveau matador coupa quatre oreilles, ce jour là, et a toreé 10 corridas en 1999, avec grand succès puisqu’il obtint 32 oreilles et 4 rabos.

     Cependant, on sait ce qu’est le mundillo et le « marché ». Aussi, le pari fut pris d’aller sur le Mexique, de s’y installer et d’y essayer une percée. Le résultat dépasse toutes les espérances, puisque le diestro est en train de faire grand bruit dans toutes les plazas « mariachis ». Malheureusement, son dernier grand triomphe, en plaza de Monterrey,  le 10 décembre, s’est soldé par une grosse cornada avec quatre trajectoires, qui « grandit », encore plus, son apothéose : quatre oreilles et une queue, à des toros de Begona.

     Cornada limpia, heureusement, dont le torero se remet à toute vitesse, mais insuffisamment pourtant,  pour pouvoir toréer le jour de Noël, à Queretaro.

    A suivre la dernière ligne droite, en terre mexicaine, de ce torero classique et vaillant, qui connecte rapidement avec le public, et qui pourrait faire quelque bruit, si on lui ouvre les portes, à son retour dans ses terres d'Espagne.

 

LES TOREROS, CES HEROS SI PROFONDEMENT HUMAINS

     24 décembre : Noël ! Au-dessus de la Provence, l’ange Boufaréou ne sait plus où donner de la trompette. De partout, les santons descendent  pour fêter « le niston » qui vient de naître. Au fond d’une méchante étable balayée par le mistral, un bœuf et un âne soufflent fort pour réchauffer l’enfant.

     Le bœuf se dit qu’au fond, par les temps qui courent, il vaut mieux être bœuf anonyme que vache ou taureau. L’une, malgré ses doux yeux, est devenue complètement folle ; l’autre fait le malin pendant quatre ans, mais il en bave à la fin, et des fois, en plus, on lui coupe la queue. Lui le bœuf, est tranquille, toute l’année, mais chaque fois, décembre est  moment de gloire. Alors il est heureux. Il soupire d’aise, et ça réchauffe ce petit qui vient pour sauver le monde… Et il va avoir du boulot.

     L’âne est philosophe. Dans le monde entier, on le voit, sur de mauvaises routes, porter dix fois son poids. On dit « qu’il est un âne », mais au fond, il se sent moins bête que tous ses êtres que l’on voit à la télé. On les appelle, les hommes…

     Ils courent partout en faisant de grands gestes, en hurlant des « il n’y a qu’à… », ou des « il faut qu’on… ». Certains se grattent la tête devant de drôles de télévisions pleines de chiffres et de graphiques. « Pas terrible, le programme, ce soir… ». Plus loin, ils ont construit de drôles de cocottes minute. L’âne se souvient. Il avait un copain, là-bas, il y a dix ans. Il l’a revu, mais ne l’a pas reconnu: ses oreilles étaient minuscules, et il était tout vert… Ah, les hommes ! D’autres se battent, à coups de cailloux ou de fusil. D’autres encore, plus fauves que les fauves, déchirent, assassinent lâchement, au bord d’une autoroute, au coin d’une rue, ou au petit matin, sur une avenue de Barcelone… Fauves dans la rue, fauves dans le stade. Pour le sport, paraît il, des hommes se battent entre eux, pour une médaille, pour un trophée. Dans leur regard, parfois, l’hystérie et la haine. Du sport, ça ? Certains ont peur, alors ils ont inventé des potions magiques qui sont loin de valoir une bonne avoine et un peu d’eau claire. Au fond, il vaut mieux être un âne… « tout le monde vous aime, et quand on passe à la télé, tout le monde vous trouve beau ! »

     L’enfant est là, tout rose. La vierge est plus belle jamais. Joseph, le charpentier s’inquiète, et regarde comment il pourrait arranger l’étable sans « se faire bouffer » par le TVA. Le « ravi » lève les bras au ciel. L’aveugle suit la scène et sourit de bonheur, son chien dans les bras. Le voleur et le gendarme sont là aussi, figés «Ce soir, c’est Noël… on se poursuivra, demain ! »

     Ils sont là. Loin du canon, loin de l’argent, ils savent que cette nuit  « est très spéciale ». Ca fait 2000 ans qu’il en est ainsi. Oh bien sûr, les temps ont changé…Les fuseaux horaires, Internet, l’Euro, « tous ces machins »… Et pourtant, parfois, le bateau coule, l’avion tombe, et le métro va tout droit… Et pourtant, chaque année, les vaisseaux du désert « partent à l’heure », et les rois mages arrivent toujours à bon port, le jour dit .

     Parmi toute cette foule qui court dans tous les sens pour acheter le dernier cadeau ou le condiment qui manque, pour le « plat vedette » de la soirée, sans pour autant se rendre compte « qu’ils font bosser les gens, le dimanche », il est des hommes dont le courage et le talent en ont fait des héros. Ils sont « Toreros ».

     Toute l’année, ils vont, vêtus d’or et d’argent et, comme des chevaliers, comme Saint Georges, ils combattent quelque dragon. On pourrait les croire hautains et inaccessibles. On pourrait les croire tellement riches et fiers qu’ils pourraient tout écraser, d’un regard ou d’un claquement de doigts. En fait, ces héros sont des hommes, parfois des enfants, qui connaissent les affres de la peur, après avoir connu, parfois, celles de la faim. Ils savent, mieux que personne, ce qu’est le doute, la pression, la responsabilité. Mais eux ne s’échappent jamais, la veille de la compétition… Ils sont des champions, des vedettes, mais plus que personne, ils savent être des hommes, car, aujourd’hui, « ils sont tout ». Demain, peut-être, au détour de quelque derechazo, ils ne seront plus rien.

     Alors, ils sont des hommes et restent des enfants. Alors, ils sont des pères de famille, dont le cœur d’acier fond en regardant les gamins ouvrir les paquets. Alors, comme le Juli, ils passent Noël en famille, et chantent des villancicos. Alors, comme Cesar Rincon, ils ont monté la crèche, avec amour. Alors, comme Espartaco, Ponce, Pepin Liria, ils seront là, avec les leurs, au coin du sapin et du feu. Aucune autre préoccupation que les yeux doux d’une femme, les regards émerveillés d’un enfant. Que bueno !

     Pour d’autres, les armes seront prêtes, pour demain. Morante de la Puebla confirme à Mexico, le jour de Noël. Du coup, il y a amené toute sa famille, pour un repas mariachi, simple et moins décontracté que par le passé. Un coupe de champagne californien, peut-être, et puis « au lit ! ».

     Padilla, Cordobes, Califa sont là, aussi, mais, dans leur poche, un billet cartonné leur rappelle que demain, on prend l’avion pour Cali, en Colombie. Comme une gigantesque coupe de champagne, la plaza de Canaveralejo  les attend. Ce soir, ils trinqueront, mais quelque ride de souci barrera leur front. Tous sont des héros, mais tellement hommes.

     Voilà ! En Andalousie comme en Provence, douze coups sonneront à quelque petite chapelle. Partout, ils sonneront et tous, comme des santons ravis, nous serons là, le coude en l’air, le temps de quelques bulles, et dans toutes les langues du monde, un regard de paix, enfin, dans les yeux, tous ensemble, nous murmurerons la phrase magique de l'ange Boufaréou: 

     "Allez, Joyeux Noël à tous ! Portez vous bien, et…Paix sur la terre, aux hommes de bonne volonté »…
 

NOEL, A LA POINTE DE L’EPEE…

     25 Décembre : Joyeux Noël ! Feliz Navidad ! Les regards sont un peu glauques, les têtes un peu lourdes et l’estomac… En fait, tout allait bien… mais c’est les huîtres au chocolat que vous n’avez pas passées. Bon ! Cela ne fait rien… Aujourd’hui, diète ! Un cassoulet ou une choucroute, pas plus ! Non vraiment ! Pour arroser le tout, un fond de champagne, bien tiède… à moins que, une tequila, bien frappée…

     Tequila, oui, c’est mieux, et c’est en accord avec l’actualité. Aujourd’hui, tout se passe au Mexique. Et on dit qu’il ne sont pas vaillants ! Aujourd’hui, 25 décembre, jour de Noël, sponsorisé par Alka Selzer, pas moins de huit plazas  mariachis vont ouvrir leurs portes devant des cuadrillas bien alignées, et des matadors, disposés au triomphe. Même les femmes s’y mettront, puisque Mari Paz Vega fera aussi le paseo. Les villes de Queretaro, Aizaco, Loquitlan, Jalpa (avec la torera), Celaya, Uriangato et Chilpancingo donneront corrida de toros, la dernière avec au cartel un torero d’inspiration, qui donna quelque espoir, en son temps, Martin Pareja Obregon.

     Mais c’est à Mexico Capital que va se jouer l’acte principal de ce que l’on espère un beau conte, comme on les aime. La plaza Monumental de la capitale aztèque donne, aujourd’hui, la 10ème corrida de sa temporada : Toros de Julio Delgado, pour Armillita chico, le vétéran qui recherche « son énième souffle », Ignacio Garibay, un jeune aux dents longues, pas maladroit du tout et, enchâssé entre les deux mexicains, Morante de la Puebla, qui confirme son alternative.

     Gros challenge pour le sévillan, en espérant qu’il y aura un peu de monde dans la plaza, car jusqu’à présent, les entrées sont calamiteuses. Le Morante, on le sait, n’a pas eu la temporada 2000 qu’il souhaitait, en Europe. Le mauvais coup de Séville a stoppé net son envol. Aussi, décision a été prise de « faire l’Amérique », histoire de revoir les fondamentaux, de retrouver le sitio, avant de se relâcher complètement, cape ou muleta en mains. Pour le moment, à part à Quito, tout se passe bien, et tant au Pérou qu’au Mexique, on chante son toreo. Reste « le gros coup de cymbale » à donner, et la confirmation « en la Mejico » est cette occasion-là, celle qu’il ne faut pas laisser passer. On sait l’aficion Capitalina, capable de s’enflammer sur une véronique, sur un muletazo. Il faudra beaucoup plus au Morante de la Puebla, pour triompher et convaincre totalement ceux qui, de ce côté de l’océan, l’attendent avec scepticisme ou espoir, avec bienveillance ou… « le fusil chargé ». Corrida très importante pour le Morante, qui sait qu’il ne peut, aujourd’hui, se contenter de détails. Suerte, torero !

     Ce sera l’événement du jour, puis, la tequila digérée, on partira tous pour Cali. La grande feria colombienne débute demain. Soyez  en forme, parce qu’en Colombie, on boit de l’aguardiente, et croyez moi… c’est du raide ! Joyeux Noël…hips ! Que esten todos muy bien !

 

NOEL AU BALCON…

     Vous savez la suite ! Ceux qui vont, vers Pâques, rendre visite à don Eduardito, du côté de Séville, peuvent d’ores et déjà prévoir, vestes, écharpes, K-ways, etc…

     Ce 25 décembre ne laissera pas grand souvenir, sinon le goût amer de la constatation, une fois de plus, que les hommes ne sont rien devant le destin qui est marqué, là, quelque part. On brûle encore des églises, à l’aube du 21ème siècle, et on continue d’assassiner, au nom de l’on ne sait quel Dieu que l’on dit grand, ou bon. Plus près de nous, et plus simplement, plus « horriblement simplement », le feu embrase une petite maison et huit vies s’arrêtent là, étouffées, tandis que les jouets n’ont pas encore été distribués aux enfants. Allez donc croire en quelque dieu, après de telles injustices...

     A Mexico, il y a, quand même quelques questions à se poser… 8000 personnes dans la plaza monumental, hier, ça fait quand même 33200 places assises, vides… Aqui que pasa ? La crise économique, bon ! Le manque total de confiance de l’aficion, envers l’empresa et les autorités, d’accord. Mais il doit y avoir autre chose…Les cartels sont intéressants, les toros sont…ce qu’ils sont, comme partout. Bien sûr, il n’y a plus de figuron del toreo, car les anciens, comme Cavazos, Armillita, Ramos, se font vieux et « ont les articulations qui coincent ». Mais quand même ! Curieux et désolant de se jouer la peau devant une montagne de béton gris.

     Autre élément qui pose question, sur le sérieux de la fiesta, là-bas : Comment le ganadero Julio Delgado savait il, il y a quatre ans, qu’il allait lidier une corrida le 25 décembre, jour de Noël 2000 ? S’il s’agit d’une coïncidence, il lui faut immédiatement jouer au loto pour la prochaine « super cagnotte » hebdomadaire. Jugez plutôt : ses toros s’appelaient : Navideno, Pavoreal, Regalito, Canelo, Avellano, Nochebuena. Pas mal, non ? Il est vrai que si sa corrida était sortie en Août, il aurait eu l’air d’un fada. Mais, quand même ! Total : Une crise sans précédent, dans le mundillo mexicain, qui n’a pas, pour seule raison, que la crise économique.

     25 Décembre – Monumental de Mexico – 10ème corrida de la saison – 8000 spectateurs : On a coupé quatre oreilles et un matador est sorti a hombros. Cependant, cette corrida laisse le goût amer d’une entrée lamentable, encore une fois, et du triste comportement des toros de Julio Delgado, faibles et décastés. Deux des trois maestros ont tout donné pour « sortir de l’eau de ces puits secs », et leur succès n’en est que plus méritoire.    

     Jose Antonio « Morante de la Puebla » confirmait son alternative en « la Mejico ». Il fut le plus mal servi, mais s’en sortit avec tous les honneurs. Il toréa fort bien « Canelo »- 482Kgs- avec le capote, surtout dans un quite qui leva les présents. Confirmation par Armillita, en présence de Garibay, et faena  de gusto à un toro qui freina et s’arrêta finalement, ne l’aidant absolument pas, au moment de l’épée. Deux pinchazos hondos, une demie, un descabello. Adieu ! On l’applaudit, cependant. Le sévillan s’accrocha comme un perdu devant le cinquième « Avellano », qui commença, bloqué. Morante, peu à peu, l’amena à charger, mais le toro ne se livra jamais. Quelques éclairs esthétiques du torero qui ne put jamais se relâcher totalement. Six fois, il cita au recibir, pour que le toro charge enfin sur une estocade. Un avis et une oreille méritée, parce que « suée à fond ». Ce n’est pas le grand triomphe, mais un succès réel, avec la conscience tranquille, pour le torero de La Puebla del Rio.

     Armillita Chico fait partie du glorieux passé. Certes, il coupa une oreille à son premier, pour une bonne estocade. Mais, ce trophée(le premier, pour lui, ici, depuis 1996), ne doit cacher ni ses doutes, ni ses limites physiques, comme il le démontra face au quatrième, un sérieux et mal embouché, de 569Kgs, portant le nom de « Pavo Real ». Un toro qui fit mordre la poussière au grand picador Efren Acosta, le laissant endolori. Armillita patina un peu, et le public divisa son verdict…« Unos se metian con mi madre, los otros, con mi padre ! ». On a du mal a voir l’intérêt d’une saison en Espagne de ce torero qui, en toute sa carrière, a déçu plus de monde, qu’il n’en a conquis – Du coup, c’est le petit nouveau, Ignacio Garibay, qui s’est battu avec sa jeunesse, sa vaillance et un certain savoir. Oreille chaque fois, en toréant en puissance et inventant quelque vibration devant « Regalito » et « Nochebuena », deux toros  prédestinés à lui faire passer un joyeux Noël. Deux oreilles et sortie à Hombros, pour Garibay, ce qui fera bien sur son curriculum…Dommage qu’il n’y ait pas eu plus de témoins  

     Et maintenant, chemisette, chapeau et une bouteille de postobon ! (Oui… ne commencez pas ! L’aguardiente, ce sera pour « après la corrida »…). On part pour Cali, en Colombie.

     La 43ème feria débute aujourd’hui. 18000 personnes, chaque jour, dans la plaza de Canaveralejo. On parle cependant de récession économique et de quelques difficultés à la réservation. Seulement 70% de l’abonnement a été réalisé, ce qui est inédit. Il est vrai que les figures sont absentes, à part le Juli. 10 corridas, une novillada et un festival se succéderont, du 26 décembre au 5 janvier. Les ganaderias, contrairement aux années précédentes, seront nationales. Le toril s’ouvrira sur des lots de : « Clara Sierra », Salento, Ernesto Gonzalez Caïcedo, « Puerta de Hierro », Ambalo, Fuentelapena, Paisbamba, Achurryviejo, Guachicono et « El Paraiso ». A suivre, cette feria terriblement colorée, vibrante et torera, spectaculaire en diable. Si dans le ruedo, la course est fade, retournez vous, juste un peu… et vous verrez les plus belles filles du monde. Aguardiente colombiano, puro !

Feria de Cali – Voir rubrique « carteles » - Colombie

 

« BONNE PRESSE » POUR MORANTE DE LA PUEBLA

     27 décembre : Malgré la petite entrée à la Monumental, malgré le comportement, pour le moins inégal, des toros de Julio Delgado, la critique taurine mexicaine est unanime à saluer les bonnes manières et la casta torera de Jose Antonio « Morante de la Puebla » qui, comme elle le signale en plusieurs reprises « cayo de pie en la Mejico », ce qui peut se traduire, plus ou moins par « a conquis le public de la capitale ».

     Cette critique, qui a salué la grande estocade d’Armillita, à son premier, et le triomphe de Garibay, a souligné les grands moments du sévillan au capote, face au toro de la confirmation (toro qui s’est éteint par la suite). De même, la faena au cinquième, faite à la fois de force et de délicatesse, avec un animal qui ne s’est jamais livré. Comme d’habitude, petite division des revisteros à l’heure de qualifier l’estocade: citant six fois au recibir, Morante porta pour les uns, un recibir ; pour d’autres, une épée aguantando, ou al encuentro ; pour d’autres encore, une entière « a un tiempo », un peu trasera.  Mais tous sont d’accord pour parler d’une oreille très méritée et d’un torero à revoir absolument dans la capitale. Une question est même posée : Pourquoi pas un cartel Ponce, Morante, Juli ? Et pourquoi pas ?  Peut-être une suggestion à faire également à Don Eduardito, du côté d’avril, à Séville…

     Toujours est il que le Morante peut être satisfait, même s’il aurait préféré, à tous coups, promener ce trophée dans une plaza pleine, histoire de voir l’effet que produisent 42000 personnes qui l’ovationnent. Ce sera, peut-être, pour la prochaine fois.

     Pour les amateurs de faits statistiques et biographiques, Jose Antonio Morante de la Puebla, vêtu d’un costume de velours, rouge et or, a confirmé son alternative en plaza de Mexico, le 25 décembre 2000, des mains de Miguel « Armillita Chico », en présence de Ignacio Garibay. Le toro de la cérémonie, de Julio Delgado, s’appelait « Canelo » - N°363 – 482 Kgs – castaño. (Le torero fut applaudi, coupant une oreille à son second).

 

LA FERIA DE CALI A DEBUTE « EN SOURDINE »…

     27 décembre : En fait, un titre qui ne se rapporte qu’au résultat de la novillada d’ouverture, parce que, pour ce qui est du reste, faites leur confiance pour faire du bruit… La 43ème feria de Cali a débuté par une immense cabalgata, avec 4500 cavaliers, des milliers de danseurs et danseuses, ces dernières « à vous damner les plus bigots », et tout ce joli monde ondule allègrement aux son de rumbas et salsas. Y olé !

     Dans la plaza, ce fut moins passionnant. Novillada d’ouverture, avec six produits de ganaderias différentes, exemplaires des fers qui vont se succéder, au cours de cette feria. Et ce fut un fiasco ganadero, seul le Guachicono se sortant avec les honneurs. Côté novilleros, ils ont fait le possible, et , si on coupa une oreille, ce fut plutôt « una tarde de avisos »

     26 décembre – Cali (Colombie) – Novillada de Feria – 15000 spectateurs : Six fers différents et un comportement, en général, dépourvu de race. Inquiétant.  Dans l’ordre, sont sortis : un Puerta de Hierro (sans classe) ; un Ambalo (aucune charge) ; un Paisbamba (manso) ; un Ernesto Gonzalez (court de charge) ; un Salento (qui se mit en grève) ; et, enfin, un Guachicono, bien présenté et de bon jeu, qui permit enfin au public de se divertir.

     Les novilleros ont multiplié les efforts, souvent en vain. Hernando Rodriguez Silva « Procuna » a écouté le silence par deux fois, avec un avis au quatrième. Le Jalisco, novillero mexicain, a reçu en silence, un et deux avis, respectivement. Et c’est le « Guerrita Chico », qui coupe, au sixième, la première oreille de la feria, après avoir entendu deux avis, face à son premier. Ouf! On attend des jours meilleurs.

 

1er AVRIL, UN 28 DECEMBRE…

     Ne serions nous pas « El dia de los inocentes » ? Il semble bien que oui ! Cette tradition de monter des canulars remonte à la nuit des temps… le jour où un certain « grand patron » créa l’homme. Mais bon ! Si toutes les traditions étaient aussi plaisantes… Donc, aujourd’hui, du côté Espagne, faites attention à ce que l’on vous raconte. Pour vous faire une idée… allez voir du côté d’un certain « burladero », et vous serez édifiés… Sympa ! Mais un rapide calcul  fera vite tourner cette histoire de jambon…en eau de boudin…

     Plus sérieusement, « de çi, de là », il semble que Javier Castaño prendra l’alternative, en plaza de Valencia, le 16 mars, des mains de Enrique Ponce, en présence du Juli. Les toros seront de Juan Pedro Domecq. Le novillero salmantino qui, ont le sait avait eu sa saison 2000 stoppée net par une grave lésion du pied, en juillet, à Valence, se voit donc offrir une alternative « de lujo », à l’aube de la nouvelle temporada. Comment ce dur passage se fera t’il ? Castano pourra t’il, avec le toro, réitérer son toreo que l’on pourrait assimiler à celui de Damaso ? Castano a t il la personnalité liée à ce torero mi classique, mi baroque ? On sera vite fixé. 

     Daniel Ruiz va lidier  huit corridas l’an prochain : Castellon (Bienfaisance), Madrid/Vista Alegre, Valencia (hors Fallas), Santander, Albacete, Salamanca et deux plazas de la Casa Lozano, hors Madrid/Las Ventas.

      27 Décembre – Cali (Colombie) – 1ère corrida de Feria – ¾ de plaza (14000spectateurs) : Corrida intéressante, grace à un lot bien présenté mais au comportement inégal d’Ernesto Gutierrez Arango (procédance Murube). Les 3,4 et 5 ont démontré bravoure et mobilité, alors que les autres ont eu quelques mauvaises idées. Un cartel compsé de deuc matadors et d’un cavalier, tous trois colombiens, a rempli les ¾ de la plaza de Cañaveralejo, à la veille de l’entrée en piste des diestros espagnols, en particulier, Padilla, (qui risque de mettre le feu…en ce jour des innocents) – Mauvaise sortie pour Juan Pablo Buitrago, qui ne dit rien, et se fit fortement houspiller, au quatrième. Lisez : Bronca - Paquito Perlaza fut applaudi face au second qui « s’arrêta très vite », et coupa une oreille après une bonne faena un peu cafouillée à l’épée. Perlaza est une des promesses du toreo colombien, qui a besoin de triompher sur ses terres, cette année. Sinon… - Le cavalier en plaza Fernando Lopez Diaz écouta un avis, face à son premier, qu’il avait bien toréé, mais mal tué. Il coupa une oreille au dernier, mais on est loin du niveau du rejoneo européen.

    Ce 28 décembre : Toros de Salento, pour Pepe Manrique, torero colombiano qui, à un moment, suivait les traces d’un certain Rincon;  le « typhon » Padilla, qui se présente à Cali (et « a porta gayola », s’il vous plaît !) et Davila Miura, qui essaiera de calmer un peu tout cela… 
 

RIEN NE VA PLUS…IL PLEUT A CALI

     29 Décembre : « Mon pauv monsieur ! avec tous leurs spoutniks, ils nous ont tout détraqué… ». Avec son accent de titi parisien, ce vieux caleño  un peu déphasé s’en  va, d’un pas qui traîne, en maugréant. Les touristes qui attendaient tout de la feria de Cali, se disent qu’ils ont déjà entendu cela quelque part, et  se retrouvent dans une ambiance de métro à six heures d’un soir de grève, du style « Bon, qu’est ce qu’on fait ? ».

     Il pleut à Cali.  Sur une estrade, quelque beauté tropicale essaie de se protéger le nombril, entre autres, en attendant la prochaine salsa. Les yeux continuent à sourire, les hanches à rouler, mais …Que lastima, no ? Seuls des gamins s’amusent, sautillant de flaque en flaque… « Il pleut, il mouille, c’est la fête à la…. »

     Il y a des lustres que Cali n’a pas connu cela. Dans la plaza, on repoussé le début de la corrida, en attendant la fin de l’averse. On verra plus tard. Les toreros sont dans leur coin, perdus dans leurs pensées. On tue le temps comme on peut. On fait semblant de s’intéresser aux conversations. On rigole, un peu forcé, tout en jetant un œil scrutateur au ciel et au ruedo. On serait mieux à l’hôtel… Le président de la corrida est là. Il interroge, d’un air navré. Lui aussi, préférerait être ailleurs. Heureusement, les alguaciles sont juste à côté, pour lui remonter le moral. N’allez pas croire que le président à des mœurs bizarres… Ici, à Cali, les alguaciles sont des filles, de vrais top models dont les yeux et le sourire, entre autres, font oublier la pluie… Son lindisimas ! Il pleut toujours… Même à Cali, décidément, c’est plus comme avant ! Ay senor !

     28 Décembre – Cali (Colombie) – 2ème corrida de feria – 14000 spectateurs : La corrida a été retardée d’une heure à cause due grosse averse, puis s’est déroulée sous une pluie fine faisant plus penser à Bilbao  qu’à une de ces contrées tropicales où les seuls liquides entre aperçus sont la sueur et le wisky . On n’a jamais vu cela, à Cali. Les toros de Salento, souche Santa Coloma, ont ajouté quelque grisaille au panorama. Présentation inégale, jeu, inégal. Tout cela pour dire que certains étaient vraiment petits, et que la corrida a tourné au manso et descastado. Seul le premier a fait honneur à la devise - Pepe Manrique a bien failli lui couper une oreille, toréant sobrement, proprement, affichant métier et vaillance. Bonne faena, mal rematée à l’épée: cinq pinchazos. Dios ! Il y eut un avis, et les opinions se divisèrent. Par contre, il pataugea un peu face au quatrième, faiblard – Juan José Padilla, affublé de rouflaquettes dignes d’un Ténardier, n’a pas tout à fait réussi à vendre sa marchandise. Ovationné après deux pinchazos, au toro de sa présentation, il coupa une oreille au cinquième à force de vibration et de desplantes que certaine critique qualifia de grotesques – Quand à Davila Miura, il donna les moments de classe, mais sombra vite dans la soseria des ses adversaires. De plus, il tua laborieusement : six entrées au troisième, écoutant deux avis, et deux vilaines rapières au dernier. Mais là, beaucoup étaient déjà partis. Corrida à oublier bien vite. « Mañana sera otro dia… en principe ! »

    Ce 29 décembre, Jean Luc Jalabert, qui fit un tabac, ici, l’an passé, rentre dans la feria, en compagnie du  Cordobes et de Ramiro Cadena, qui reçoit l’alternative. Les toros seront de Gonzalez Caicedo. A ver lo que pasa en Cali !